La Commission de la population et du développement examine la contribution des questions de population à l’examen ministériel annuel de l’ECOSOC
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Commission de la population et du développement
Quarante-sixième session
8e séance - matin
LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT EXAMINE LA CONTRIBUTION DES QUESTIONS DE POPULATION
À L’EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL DE L’ECOSOC
La Commission de la population et du développement a examiné, ce matin, la contribution des questions de population et de développement au thème retenu pour l’examen ministériel annuel (EMA) du Conseil économique et social (ECOSOC): « Science, technologie et innovation et le potentiel de la culture dans la promotion du développement durable et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement ».
La Commission a pour fonction d’étudier les changements démographiques et leurs effets sur le développement économique et social et d’en informer l’ECOSOC.
Cette matinée a également été l’occasion pour les délégations de débattre de l’exécution du programme et du futur programme de travail du Secrétariat de l’ONU dans le domaine de la population.
Dans son allocution, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Masood Khan, a mis en avant les innovations qui ont permis d’améliorer l’hygiène personnelle et la santé publique et entraîné une réduction sensible des taux de mortalité, notamment l’introduction d’antibiotiques, les vaccins à faible coût et les programmes d’immunisation.
Il a également fait observer que la plus grande disponibilité des méthodes contraceptives, en particulier les méthodes modernes rendues possibles par des avancées scientifiques et techniques, avait permis de réduire plus efficacement la fertilité et d’améliorer la vie des mères et des enfants.
Le Directeur de la Division de la population et du développement du Département des affaires économiques et sociales (DAES), M. Jorge Bravo, a, quant à lui, parlé des microbases de données qui ont permis d’élaborer les estimations les plus fiables qui soient sur la migration interne dans 70 pays, lesquels représentent plus de 70% de la population mondiale. Il a salué les progrès techniques, notamment la télévision satellite et l’Internet, qui permettent de renforcer les liens entre les diasporas et leur famille et pays d’origine.
Les délégations ont ensuite examiné le rapport du Secrétaire général sur les activités menées en 2012 par la Division de la population.
Le représentant de la Norvège a constaté qu’alors que la Division prend en compte, dans ses perspectives démographiques mondiales, les incertitudes découlant des taux de fertilité et de mortalité à venir, pour de nombreux pays, la principale incertitude en matière d’évolution de la population est en fait la migration.
Le Chef des Services des études démographiques de la Division de la population et du développement, M. Barney Cohen, l’a reconnu. La migration, a-t-il concédé, n’apparait guère dans les prévisions, car, a-t-il expliqué, elle est très difficile à établir. « La migration est le mauvais élève de la démocratie. » Le représentant de l’Indonésie a fait des commentaires.
La Commission était également saisie du projet de programme de travail de la Division de la population pour la période 2014-2015*. Elle se réunira demain vendredi 26 avril, à partir de 15 heures pour achever les travaux de cette quarante-sixième session.
* E/CN.9/2013/CRP.1
DÉBAT GÉNÉRAL SUR LA CONTRIBUTION DES QUESTIONS DE POPULATION ET DE DÉVELOPPEMENT AU THÈME RETENU POUR L’EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL DE 2013
Déclarations liminaires suivi du débat général
M. MASOOD KHAN (Pakistan) Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), qui intervenait au nom du Président de l’ECOSOC, M. NÉSTOR OSORIO (Colombie), a rappelé que le thème retenu pour l’examen ministériel annuel de 2013 était: « Science, technologie et innovation et le potentiel de la culture dans la promotion du développement durable et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement ».
Le Vice-Président de l’ECOSOC a expliqué qu’au cours des dernières décennies, les innovations qui ont permis d’améliorer l’hygiène personnelle et la santé publique, comme l’introduction des antibiotiques, les vaccins à faible coût et les programmes d’immunisation, avaient entraîné une réduction sensible des taux de mortalité.
Selon les données de la Division de la population des Nations Unies, entre 1970 et aujourd’hui, l’espérance de vie est passée de 55 à 67 ans dans les pays en développement, et de 71 à 78 ans dans les pays et régions les plus développés.
De même, la plus grande disponibilité des méthodes contraceptives, en particulier les méthodes modernes rendues possibles par les avancées scientifiques et techniques du XXe siècle, ont permis de réduire plus efficacement la fertilité et d’améliorer la vie des mères et des enfants. Les données de la Division de la population montrent, a-t-il dit, que l’utilisation de moyens modernes de contraception dans le monde a progressé de moins d’un quart en 1970 à environ 60% aujourd’hui parmi les femmes mariées ou dans une relation stable.
S’agissant de la migration, a poursuivi M. Khan, les progrès et les innovations scientifiques ont contribué à diminuer le temps et les coûts financiers des transports aériens, terrestres et maritimes. En sus de l’élargissement des technologies de l’information et de la communication, ces progrès ont permis de faciliter la migration internationale et de préserver les contacts des migrants avec leurs lieux d’origine.
Pour le Vice-Président de l’ECOSOC, la connaissance scientifique et les innovations technologiques, ainsi que des politiques sociales et économiques appropriées sont essentielles à la réalisation des objectifs du Programme d’action du Caire, des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et d’autres objectifs adoptés au niveau international.
M. Khan a assuré les membres de la Commission que l’ECOSOC continuerait de promouvoir l’intégration de l’évolution de la population dans le programme de développement pour l’après-2015.
M. JORGE BRAVO, Directeur de la Division de la population et du développement du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a indiqué que le Programme d’action du Caire comporte un chapitre consacré à la technologie, à la recherche et au développement. Ce Programme met l’accent sur la nécessité de renforcer la collecte et l’analyse des données, souligne l’importance de mettre la recherche biomédicale et sociale au service de la santé reproductive et réclame davantage d’études pour améliorer les connaissances relatives aux causes et conséquences de la migration et de la mobilité.
Le Directeur a constaté que les innovations scientifiques et techniques avaient un impact sur la fertilité, la mortalité et la migration. Il a expliqué que malgré une forte demande en contraceptifs, les femmes arrêtent encore souvent leur traitement, sans oublier celles qui ne prennent pas la pilule. Cette situation a poussé les chercheurs à créer des méthodes contraceptives qui peuvent être utilisées au cas par cas et protéger à la fois contre les grossesses et le VIH. En outre, les techniques de procréation médicalement assistée jouent un rôle de plus en plus important dans la régulation de la fertilité, principalement en Amérique du Nord et en Europe, mais également dans certains pays en développement.
M. Bravo a passé en revue les nouvelles technologies telles que les ordinateurs portables, les caméras, le système GPS et autres outils de diagnostic, qui permettent d’élargir l’étendue géographique des services de santé, d’améliorer la communication entre le personnel médical et les patients et d’affiner les diagnostics et les traitements. Il a également constaté que les nouvelles technologies de l’information et de la communication permettent de collecter des données plus précises sur la migration, tandis que la télévision satellite et l’Internet renforcent la communication et les liens culturels entre les diasporas et leur pays d’origine. En outre, les systèmes « d’argent mobile » qui existent actuellement aux Philippines permettent de baisser le coût des envois de fonds.
M. Bravo a également parlé de la contribution des innovations scientifiques à la planification du développement. Il a cité en exemple les microbases de données qui permettent des analyses comparatives de la migration interne dans différents pays. Ces données ont ensuite permis d’élaborer les estimations les plus fiables qui soient sur la migration interne dans 70 pays, lesquels représentent plus de 70% de la population mondiale, s’est-il félicité.
Les données sur l’utilisation et la couverture des sols permettent de mieux comprendre les répercussions de la croissance urbaine sur les écosystèmes locaux et régionaux, mais également d’évaluer l’augmentation des établissements humains dans les zones côtières ou forestières, ainsi que la vulnérabilité des populations aux changements climatiques, a-t-il ajouté.
Le Directeur a indiqué que des données plus précises existent sur les transferts de fonds intergénérationnels, ainsi que sur les cycles de vie économiques et les différents moyens par lesquels les différentes générations subviennent à leurs besoins. Il a également expliqué que l’utilisation de modèles stochastiques de fertilité et de mortalité avait permis de faire des calculs de probabilité sur la population.
M. SUDIBYO ALIMOESO (Indonésie) a estimé qu’il était essentiel que les besoins du développement humain soient réalisés grâce à la science et aux innovations. Il a mis l’accent sur la nécessité d’élargir et d’augmenter les capacités qui amélioreront la qualité de vie des personnes, lesquelles pourront ainsi mieux participer au développement durable.
Le Gouvernement indonésien a pris des mesures pour établir une base de données électroniques sur la démographie, avec ventilation par sexe, éducation, etc., des données indispensables pour établir des programmes pertinents répondant aux besoins de la population. Il a rappelé que l’Indonésie était un pays multiethnique et multiculturel, la culture, a-t-il ajouté, étant un catalyseur du développement durable. Il a souligné l’importance d’intégrer la science et la technique dans le cadre du développement durable et de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
EXÉCUTION DU PROGRAMME ET FUTUR PROGRAMME DE TRAVAIL DU SECRÉTARIAT DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION
Rapport du Secrétaire général sur l’exécution du programme et bilan des activités menées dans le domaine de la population en 2012 (E/CN.9/2013/6)
Dans ce rapport, le Secrétaire général dresse le bilan des activités menées en 2012 par la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, qui ont porté sur l’analyse de la fécondité, de la mortalité et des migrations internationales; l’établissement d’estimations et de projections démographiques à l’échelle mondiale; le suivi des politiques démographiques; l’étude des corrélations entre population et développement; et le suivi et la diffusion d’informations sur les questions de population.
S’agissant de la fécondité, la Division de la population cite les études qu’elle a menées et qui montrent que dans presque toutes les sous-régions, à l’exception de celles où le taux d’utilisation de la contraception était déjà élevé en 1990, les besoins non satisfaits de planification familiale ont baissé et le taux d’utilisation de la contraception a augmenté. En 2010, 146 millions de femmes mariées âgées de 15 à 49 ans ou en couple n’avaient pas accès aux contraceptifs dont elles avaient besoin. En chiffres absolus, d’après les projections, le nombre de femmes mariées qui n’utilisent pas de contraceptifs ou n’y ont pas accès bien qu’en ayant besoin augmentera, passant de 900 millions en 2010 à 962 millions en 2015.
Pour ce qui est au cœur du mandat de la Division à savoir les projections démographiques, les études citées indiquent qu’entre 2011 et 2050, la population mondiale devrait augmenter de 2,3 milliards de personnes, passant de 7,0 milliards à 9,3 milliards. Parallèlement, la population urbaine devrait augmenter de 2,6 milliards de personnes, passant ainsi de 3,6 milliards en 2011 à 6,3 milliards en 2050. Les zones urbaines du monde entier devraient donc absorber l’intégralité de la croissance démographique des quatre prochaines décennies tout en attirant une partie de la population rurale.
En conséquence, la population rurale devrait commencer à baisser d’ici à une dizaine d’années et compter 0,3 milliard d’habitants de moins en 2050. De plus, la croissance démographique urbaine se concentrera essentiellement dans les villes des régions les moins avancées. L’Asie, en particulier, devrait voir sa population urbaine augmenter de 1,4 milliard d’habitants, l’Afrique de 0,9 milliard d’habitants, l’Amérique latine et les Caraïbes de 0,2 milliard d’habitants. La croissance démographique devient donc un phénomène principalement urbain, concentré dans les pays en développement.
D’autres études signalent aussi queles personnes âgées qu’on dénombrait à 810 millions en 20l2, constituent le groupe d’âge qui connaît la croissance la plus rapide à l’échelle mondiale; son importance relative augmente donc dans la plupart des pays. Le vieillissement, qui est l’un des traits les plus saillants de l’évolution de la population au XXIe siècle, ouvre des perspectives nouvelles aux sociétés humaines mais leur lance également des défis qui doivent être relevés dans les domaines de la sécurité des revenus, des soins de santé et d’un environnement favorable pour ces personnes.
S’agissant de la dynamique des populations et le Programme d’action en faveur du développement au-delà de 2015, le Secrétaire général décrit le processus de consultation à l’issue duquel un rapport final analysera le pourquoi et le comment de la prise en compte de la dynamique de la population dans le programme de développement pour l’après-2015.
Il décrit aussi le programme de la coopération technique de la Division de la population qui porte essentiellement sur le renforcement de la capacité des pays en développement d’analyser les informations démographiques aux fins de la formulation et de la mise en œuvre de politiques démographiques. Ces activités sont actuellement financées par le Compte de l’ONU pour le développement et par des ressources extrabudgétaires.
Débat général
M. HELGE BRUNBORG (Norvège) a constaté que les perspectives démographiques mondiales, qui sont élaborées par la Division de la population, étaient utilisées par de nombreuses institutions nationales et internationales voire des individus. Ce quasi monopole exige une méthodologie rigoureuse qui donnera des prévisions réalistes. Le représentant a vu dans les projections stochastiques ou aléatoires une contribution positive aux calculs des perspectives. M. Brunborg a néanmoins fait observer que tous les pays ne sont pas forcément familiers avec l’approche bayésienne, sans parler du fait que certains graphiques présentés sur le site Internet de la Division sont difficiles à interpréter.
Le représentant a salué le fait que la Division ait pris en compte, dans ses projections, les incertitudes des taux de fertilité et de mortalité. Il a cependant fait observer que pour de nombreux pays, dont le sien, la principale incertitude est en fait la migration. La Division, a-t-il demandé, a-t-elle l’intention d’intégrer cette incertitude dans ses prochaines projections. M. Brunborg a également relevé un écart important entre les projections établies de la Division et « Statistics Norway » s’agissant du taux de migration; « Statistics Norway » étant parvenu à un chiffre 3 fois plus élevé que celui de la Division. Depuis quelques années, « Statistics Norway » accorde davantage d’attention aux flux bruts au détriment des flux nets car, a-t-il soutenu, cela permet de dresser un tableau plus réaliste de la migration; le taux au départ étant fortement influencé par le « stock de migrants ».
M. Brunbrog a par ailleurs estimé que les pays à faible taux de fertilité étaient encore loin d’atteindre le niveau de reproduction de 2,1 avancé par la Division. Il a également douté du fait que les femmes européennes auraient, dans la moyenne, plus de deux enfants chacune d’ici à la fin du siècle. En effet, a-t-il commenté, dans les pays nordiques, qui ont un des taux de fertilité les plus élevés du monde développé, une baisse a été enregistrée ces dernières années.
M. THOMAS M. MCDEVITT, Chef du Service des études démographiques d’International Programs Center for Demographic and Economic Studies (États-Unis), a félicité la Division de la population, qui fait un travail essentiel en matière de projections et d’estimations. Mais il a estimé que les changements projetés pour les populations nationales et régionales devraient se fonder davantage sur les données et moins sur les analyses. Il a aussi salué la Division pour ses travaux sur la prévalence des méthodes contraceptives.
Selon M. McDevitt, la mise en place de partenariats, notamment avec des groupes d’experts, des chercheurs, la Banque mondiale ou l’Université des Nations Unies, permet à la Division de la population de contribuer aux travaux de la Commission et d’améliorer la compréhension des questions qu’elle traite. Il a remercié la Division de la population pour son excellent travail dans la préparation de cette quarante-sixième session.
M. DIRK JASPERS-FAIJER, Directeur de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CELAC), a passé en revue les multiples projections établies par la CELAC en matière de population et a évoqué la tenue, en juillet 2012, à Quito, en Équateur, de la réunion du Comité spécial de la CELAC sur la population. Il a indiqué qu’à l’issue de celle-ci, il avait été décidé de transformer le Comité en Conférence régionale sur la population et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes, laquelle se réunira tous les deux ans. Il a précisé que la première réunion était prévue du 12 au 15 août 2013 à Montevideo, en Uruguay, et sera consacrée à l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.
M. Jaspers-Faijer a également annoncé la tenue, au mois de juillet prochain, au Costa Rica, d’une réunion sur le suivi de la Charte de San José sur les droits des personnes âgées. Une réunion d’experts organisée conjointement avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) aura également lieu les 10 et 11 juillet, à Santiago, au Chili, pour préparer le Dialogue de haut niveau sur la migration et le développement que l’Assemblée générale tiendra en octobre prochain.
M. BARNEY COHEN, Chef des Services des études démographiques de la Division de la population et du développement, qui a remercié les délégations pour leurs remarques, a notamment souligné que la Division avait enregistré une hausse de la demande de ses services de consultation technique. Il a mis l’accent sur l’importance des migrations dans le cadre des prévisions futures. La migration est le mauvais élève de la démocratie, a-t-il dit, précisant qu’elle n’apparaissait guère, en effet, dans les prévisions, très difficiles à établir dans ce domaine.
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