En cours au Siège de l'ONU

FEM/1944

Des obstacles importants entravent les efforts de prévention de la violence à l’encontre des femmes et des filles en Afrique, soulignent de nombreux ministres

06/03/2013
Assemblée généraleFEM/1944
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-septième session

5e & 6e séances – matin & après-midi


DES OBSTACLES IMPORTANTS ENTRAVENT LES EFFORTS DE PRÉVENTION DE LA VIOLENCE À L’ENCONTRE DES FEMMES

ET DES FILLES EN AFRIQUE, SOULIGNENT DE NOMBREUX MINISTRES


« Les stratégies de prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles, notamment de la violence sexuelle, en temps de conflit devraient se donner pour but de mettre fin à l’impunité et d’œuvrer en faveur de la tolérance zéro », précise le rapport du Secrétaire général dont était saisie cette semaine la Commission de la condition de la femme.  En Afrique, ont souligné de nombreuses délégations ministérielles de pays de la région, au cours de ce troisième jour de débat général, les conflits armés, le taux élevé de prévalence du VIH/sida, la pauvreté ou encore l’impact des pratiques traditionnelles ou religieuses limitent sérieusement l’action des gouvernements.


« Au Mali, des groupes armés rebelles, terroristes et « narco-jihadistes » sèment la peur dans les régions septentrionales du pays en se livrant notamment à des viols collectifs et à des lapidations à mort.  Ils imposent le port forcé du tchador et détruisent les infrastructures sanitaires et scolaires. »  C’est le constat qu’a fait la Ministre malienne de la famille, de la promotion de la femme et de l’enfant de ce pays, Mme Ichata Sahi Alwata, en expliquant que les moyens de prévention étaient limités et se résumaient à la diffusion de messages clefs à l’endroit des communautés et à la formation des forces armées et de sécurité sur la sécurité des femmes et des enfants en situation de conflit.


Intervenant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Ministre des femmes, des enfants et du bien-être social du Malawi, Mme Anita Kalinde, s’est inquiétée du taux élevé d’abus sexuels perpétrés en République démocratique du Congo (RDC).  La Ministre du genre, de la famille et de l’enfant de ce pays, Mme Geneviève Inagosi-Bulo Ibambi Kassongo, a reconnu que la RDC continuait à vivre un drame humanitaire dans sa partie est, du fait des conflits armés et de la cohorte des violences.  Mettant l’accent sur l’urgence de la prévention dans ce domaine, elle a salué l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, signé le 24 février dernier, qui confirme l’engagement du Président congolais d’œuvrer pour le rétablissement rapide de la paix et de prévenir de ce fait les violences liées à la guerre. 


Au Libéria, les 14 années de guerre civile ont donné lieu à une culture de la violence, a expliqué la Ministre libérienne de la parité et du développement.  Malgré les interventions du Gouvernement et de ses partenaires pour prévenir la violence sexiste, il y a encore un nombre très élevé de viols, a-t-elle déploré.


Les mutilations génitales féminines et les mariages forcés touchent beaucoup les filles et les femmes africaines, ont aussi noté les délégations de ce continent.  En Guinée, 96% des femmes et des filles subissent des mutilations génitales féminines, a reconnu la Ministre des affaires sociales, de la promotion de la condition des femmes et de l’enfance, Mme Diaka Diakite.  Elle a aussi déploré un taux élevé de mariages précoces, en précisant que 3 filles sur 5 étaient mariées avant l’âge de 17 ans.  La Ministre des affaires sociales, de l’enfance et de la famille de la Mauritanie, Mme Moulaty Mint El Moctar, a assuré que son gouvernement n’acceptait en aucun cas les pratiques traditionnelles préjudiciables aux femmes et aux filles.  De même, la Ministre des femmes, des enfants et de l’entreprenariat des femmes du Sénégal, Mme Mariama Sarr, a invoqué les dispositions législatives qui interdisent les mutilations génitales féminines et les mariages précoces. 


Beaucoup ont par ailleurs reconnu les graves effets de la pandémie de VIH/sida sur les femmes et les filles.  La violence à l’encontre des femmes et le VIH/sida demeurent des défis énormes au Botswana, a indiqué le Ministre du travail et des affaires intérieures, M. Edwin Jenamiso Batshu.  Au-delà des questions de santé, cette pandémie empêche les femmes de se développer sur les plans social et familial, a expliqué la Conseillère pour les questions des femmes, de la jeunesse, des sports et des loisirs du Lesotho, Mme Ralebitso Tebello.  C’est pourquoi, elle a lancé un appel à la communauté internationale pour accélérer les efforts en vue d’améliorer l’accès à des traitements antirétroviraux abordables.


Au cours de la table ronde de l’après midi, quatre expertes ont présenté des initiatives de prévention et de traitement de la violence à l’encontre des femmes dans leurs pays: des équipes spécialisées dans la violence domestique en Argentine, des thérapies individuelles et de groupe au Royaume-Uni, la coordination des services intersectoriels en Zambie et un programme de service médicolégal au Timor-Leste.  En outre, la Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes, Mme Rashida Manjoo, a présenté des observations sur les améliorations à apporter aux services de police pour qu’ils soient mieux à même d’assister les femmes victimes de violences. 


En début de matinée, la Présidente de la Commission, Mme Marjon Kamara, a adressé ses condoléances au peuple du Venezuela après le décès, hier, du Président Hugo Chavez.


La prochaine séance plénière de la Commission de la condition de la femme aura lieu demain, jeudi 7 mars, à 10 heures.


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »


a) Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives


Suite du débat général


Mme ANITA KALINDE, Ministre des femmes, des enfants et du bien-être social du Malawi, intervenant au nom de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), a indiqué que malgré les efforts déployés, les États membres de la SADC enregistraient toujours des taux élevés de violence à l’encontre des femmes et des filles, notamment à cause de la pauvreté, du VIH/sida et des conflits armés.  Elle s’est notamment inquiétée du taux élevé d’abus sexuels perpétrés en République démocratique du Congo et a appelé le Conseil de sécurité à accélérer le déploiement d’une brigade pour mettre un terme à la violence dans ce pays.  Parmi les autres défis, Mme Kalinde a également souligné la faible représentation des femmes en politique et le travail non rémunéré.  Elle a ensuite indiqué que les États membres de la SADC appuyaient l’adoption de lois destinées à combattre la violence faite aux femmes et la violence domestique.  Des campagnes de sensibilisation lancées et des plans d’action nationaux avaient été mis en place, a-t-elle ajouté.  Mme Kalinde a insisté sur la nécessité de renforcer le suivi des engagements pris sur les plans national, régional et international pour éliminer les pratiques préjudiciables aux femmes.


Les gouvernements doivent accorder la priorité à l’autonomisation économique des femmes afin de réduire leur dépendance économique sur les hommes et leurs vulnérabilités.  Elle a ensuite expliqué que les pays de la SADC accordaient une attention accrue à l’allocation de ressources et à l’appui psychologique des services de santé, notamment dans la lutte contre le VIH/sida.  Mme Kalinde a également indiqué que les pays de la région avaient déployé de nombreux efforts pour mettre sur pied des programmes afin d’aider les hommes et les garçons à avoir un comportement positif à l’égard des femmes, à avoir une bonne santé sexuelle et à participer au partage des tâches domestiques.  L’implication des hommes dans l’octroi des soins et l’appui des personnes atteintes du VIH/sida, ainsi que l’adoption de politiques de « salaire égal pour travail égal » doivent être définis comme des priorités, a-t-elle estimé.  Mme Kalinde a aussi indiqué que la région d’Afrique australe privilégiait l’intégration d’une perspective de la parité dans tous les programmes et politiques de lutte contre les changements climatiques.  Elle a précisé que les femmes et les filles étaient plus vulnérables aux conséquences de ce phénomène.


S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, la Ministre des femmes, des enfants et du bien être social du Malawi, a indiqué que son pays avait incorporé dans son droit interne les instruments internationaux de promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.  Elle a cité en particulier une loi de 2006 sur la prévention de la violence domestique et une loi de protection de l’enfance promulguée en 2010.  De nombreux magistrats et travailleurs sociaux ont bénéficié, en 2012, d’une formation sur l’application des lois relatives au genre, a-t-elle ajouté.  En outre, le Parlement du Malawi a adopté, la semaine dernière, une loi sur l’égalité des sexes afin de renforcer l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, a précisé Mme Kalinde.  La Stratégie de croissance et de développement du Malawi a intégré les questions de parité, a-t-elle souligné.  La Ministre a fait savoir que son pays apportait un appui aux victimes de la violence, par le biais notamment d’unités spéciales dans les commissariats de police et des centres spécialisés dans les hôpitaux. 


Mme SUSAN TRUPPE (Canada)  a assuré que son gouvernement œuvrait pour assister les femmes les plus vulnérables de la société canadienne, à savoir les femmes autochtones, les femmes migrantes et celles qui vivent dans la pauvreté.  Elle a ensuite fait observer que les immigrées sont plus susceptibles de vivre dans l’isolement du fait de barrières linguistiques et culturelles.  Pour éliminer ses obstacles et pour trouver une solution à des pratiques culturelles préjudiciables, Mme Truppe a appuyé la mobilisation des organismes communautaires et le milieu juridique, médical et policier. 


Mme Truppe a également indiqué que son gouvernement a lancé un appel à l’étendue du pays pour demander aux hommes et aux garçons de prendre position afin de faire partie de la solution à la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Elle a précisé que ce plan visait à améliorer la sécurité et la justice pour les femmes et les filles touchées par la violence.  Elle a ensuite insisté pour que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes fassent partie intégrante du nouveau cadre de développement pour l’après-2015.


Mme JULIA DUNCAN-CASSELL, Ministre de la parité et du développement du Libéria, a expliqué que les 14 années de guerre civile dans son pays avaient entraîné une culture de la violence.  Malgré les interventions du Gouvernement et de ses partenaires pour traiter de la violence sexiste, il y a encore un nombre très élevé de viols, a-t-elle déploré.  Ainsi, 200 à 220 cas de violence à l’encontre des femmes et des filles sont dénoncés chaque mois, dont 15 à 20% ont trait à la violence domestique.  Elle a précisé que 20% des auteurs de cette violence étaient des amis ou des voisins, 20% des conjoints ou partenaires intimes, 20% des membres de la famille et 5% des inconnus.  Parmi les instances créées pour faire face à ce problème, la Ministre a cité notamment une unité chargée des crimes sexuels, établie au sein du Ministère de la justice, et une cour pénale spécialisée sur cette question. 


Mme Duncan-Cassell a aussi mentionné les dispositions législatives sur la propriété, le mariage et la cohabitation, qui sont respectueuses du droit des femmes et des filles.  Le mariage coutumier a aussi été règlementé en vue de mieux protéger les femmes.  En ce qui concerne les mécanismes mis en place pour faciliter l’application de ces lois, elle a souligné l’existence d’un guichet unique qui garantit une protection des femmes victimes de violence et des soins médicaux et psychologiques.  Des mesures ont aussi été prises afin de faire participer les hommes à ces efforts.  Avant de conclure, la Ministre a fait part des efforts entrepris par son pays pour éliminer les pratiques nuisibles comme le mariage précoce et les mutilations génitales féminines.


Mme DIAKA DIAKITE, Ministre des affaires sociales, de la promotion de la condition des femmes et de l’enfance de la Guinée, a rappelé les résultats de l’enquête nationale sur les violences basées sur le genre qui avait été menée en 2009, grâce à l’appui des Nations Unies.  Il en ressort que les violences se manifestent sous différentes formes dont les pires sont les mutilations génitales féminines avec un taux de prévalence de 96%, le mariage précoce avec 3 filles sur 5 mariées avant l’âge de 17 ans, les violences domestiques avec un taux de prévalence de 85%, les violences en milieu scolaire qui touchent 77% des filles scolarisées et les violences sexuelles qui sont de l’ordre de 49,7%.  Pour juguler le phénomène de la violence, Mme Diakite a indiqué que son ministère a élaboré une stratégie nationale de lutte contre ce phénomène en 2010 avec l’aide de différentes institutions des Nations Unies.  La mise en œuvre de cette stratégie se fait à travers la prévention, la prise en charge psychosociale et médicale des victimes et les poursuites judiciaires contre les auteurs de la violence, la réinsertion économique et sociale des victimes, la recherche opérationnelle sur les violences et le renforcement des mécanismes de coordination et de suivi, a expliqué la Ministre. 


Depuis sa mise en œuvre en 2010, cette stratégie commence à porter ses fruits notamment sur le plan institutionnel, avec la création de son ministère en 2012, de l’Office national pour la protection des femmes, de l’enfance et des mœurs au sein du Ministère de la santé et l’Observatoire national de lutte contre les violences basées sur le genre en 2011, a assuré la Ministre.  Sur le plan juridique, le législateur a élaboré des textes de loi, tels que le Code pénal, le Code de procédure pénale, le Code civil, le Code de l’enfant et la loi sur la santé reproductive qui constituent tous de véritables instruments de lutte contre les exactions et atteintes à l’intégrité physique des femmes et des filles, a-t-elle précisé.  La Guinée, a-t-elle dit, soutient le Plan d’action francophone sur les violences faites aux femmes et aux filles qui a été élaboré cette année grâce à la collaboration avec ONU-Femmes.


Mme MOULATY MINT EL MOCTAR, Ministre des affaires sociales, des enfants et de la famille de la Mauritanie, a indiqué que son gouvernement avait adopté plusieurs mesures législatives pour promouvoir l’égalité entre les sexes et mettre un terme à la violence à l’encontre des femmes.  L’autonomisation économique des femmes est appuyée grâce à une politique permettant de les aider financièrement à créer des entreprises, a-t-elle assuré.  De nombreuses bourses pour l’éducation sont versées aux jeunes femmes, a-t-elle ajouté.  La Ministre a ensuite indiqué que les services de santé génésique bénéficiaient d’un appui substantiel de la part du Gouvernement lequel, a-t-elle soutenu, n’accepte en aucun cas les pratiques traditionnelles nuisibles aux femmes et aux filles.  La Ministre a assuré que son gouvernement est engagé à mettre en œuvre toutes les conventions auxquelles il est partie, notamment la Déclaration d’Addis-Abeba.


Mme LULAMA XINGWANA, Ministre des affaires des femmes, des enfants et des personnes handicapées de l’Afrique du Sud, a expliqué que la Constitution de son pays et le cadre législatif traitent efficacement du fléau de la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Le Gouvernement sud-africain cherche notamment à mettre un terme au modèle patriarcal qui est encore responsable d’un haut niveau de violence dans le pays.  L’Afrique du Sud a fait de grands progrès dans la représentation des femmes à des postes politiques, avec actuellement 44% de femmes au Parlement et 43% au Gouvernement. 


Parmi les outils de lutte contre la violence à l’encontre des femmes, la Ministre a mentionné la loi sur la traite des êtres humains et la création d’un comité interministériel sur les causes de cette violence.  Dans les commissariats de police, un service de protection spécialisé dans les délits sexuels a été mis en place, ainsi que des lieux d’accueil des victimes.  Le Président de l’Afrique du Sud a en outre lancé une campagne pour mettre fin au viol qui prévoit d’éduquer les enfants sur ce problème dans le cadre scolaire.  En ce qui concerne la transmission du VIH/sida, Mme Xingwana a parlé d’un programme de prévention, grâce au traitement antirétroviral.  La Ministre a assuré que son gouvernement condamnait les attaques dont est victime la communauté des lesbiennes, homosexuels, bisexuels et transsexuels (LGBT), notamment les viols collectifs et les meurtres basés sur cette discrimination.


M. TOLOFUAIVALELEI FALEMOE LEIATAUA, Ministre des femmes, de la communauté et du développement social de Samoa, a indiqué que son pays avait été le premier État insulaire du Pacifique à achever une étude sur la prévalence de la violence dans sa société.  Cette étude a conclu qu’une femme sur trois avait été victime d’une des diverses formes de violence, a-t-il indiqué.  Sur la base de ces conclusions, le Gouvernement de Samoa a déposé un projet de loi devant le Parlement, lequel vient d’achever la deuxième lecture du texte, en vue de criminaliser le viol conjugal et le harcèlement sexuel, a indiqué le Ministre.  Il a ajouté que des lois sur la protection de l’enfant étaient en cours d’élaboration.  M. Leiataua a aussi expliqué que le plan national d’action en faveur des femmes pour la période 2010-2015 prévoyait, pour la toute première fois, un cadre de travail pour l’autonomisation des femmes.  Une association d’hommes contre la violence a également été créée dans le but de sensibiliser les dirigeants des villages sur la nécessité d’assurer la protection des femmes et des filles, et de promouvoir la création de foyers et de communautés libres de violence, a-t-il fait savoir.


Le Ministre a ensuite indiqué que le manque de ressources financières et humaines entrave l’octroi de services adéquats destinés aux femmes et filles victimes de violence.  Il a souhaité que son pays bénéficie de l’appui de ses partenaires pour le développement et que le bureau de l’ONU pour les femmes de Samoa et de la région dispose des ressources adéquates.  Il a également fait savoir que les femmes et les filles étaient extrêmement vulnérables aux conséquences des changements climatiques.  Le Ministre s’est dit convaincu que l’autonomisation économique des femmes devrait permettre d’améliorer leur capacité de résistance à ce phénomène.  La réalisation de cet objectif, a-t-il rappelé, exige l’appui de la communauté internationale.  M. Leiataua a par ailleurs estimé que l’Agenda pour le développement post-2015 devrait mettre l’accent sur l’égalité entre les sexes.


Mme MARCIA RAMIREZ MERCADO (Nicaragua) a indiqué que son pays comptait, en 2012, 55,6% de femmes ministres, 40,2% de femmes parlementaires et, selon des statistiques de 2010, 30% de femmes magistrates.  Ceci a été rendu possible grâce à la loi sur l’égalité des chances et à la loi 779 qui consacre 50% des postes électifs aux femmes et qui assure aux femmes le droit de vivre sans violence.  Depuis l’adoption de cette dernière loi, la politique de l’État sur la violence à l’encontre des femmes, des enfants et des adolescents a été développée.  D’autres mesures ont ainsi été prises comme l’augmentation du nombre de commissariats de police pour les femmes qui sont passés de 32 en 2007 à 63 en 2013.  Mme Ramírez Mercado a indiqué que le modèle du Nicaragua s’inspirait des valeurs chrétiennes, des idéaux du socialisme et des pratiques de la solidarité. 


L’initiative « Faim tolérance zéro » a pour objectif de renforcer la capacité productive des femmes en zones rurales et urbaines, d’augmenter la responsabilité des familles en matière de santé et d’éducation.  Des mécanismes de prévention, de détection précoce et de traitement de la violence font partie du modèle engagé par les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.  Le Nicaragua compte aussi sur un système de prise en charge globale pour combattre les violences à l’encontre des femmes.  Ce système est mis en œuvre dans sa phase pilote à Managua et à Costa Caribe.  La Ministre a également indiqué qu’un comité national interinstitutions a été mis en place pour examiner et recommander les mesures de prévention des violences à l’encontre des femmes et des filles.  Avant de conclure, Mme Ramírez Mercado a énuméré les défis et les obstacles à la lutte contre les violences à l’encontre des femmes, en citant notamment la transformation de la culture patriarcale, le renforcement des capacités, l’octroi de ressources suffisantes.


Mme RALEBITSO TEBELLO, Conseillère pour les questions des femmes, de la jeunesse, des sports et des loisirs du Lesotho, a indiqué que son pays s’attachait à analyser les causes de la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Elle a cité plusieurs lois qui visent à prévenir cette violence, en particulier la loi de 2003 sur le VIH/sida, la loi sur la capacité juridique des personnes mariées et celle sur la traite des êtres humains.  En ce qui concerne la nomination de femmes à des postes de décision, la Ministre s’est félicitée que les mesures prises, notamment la création d’un quota de 30%, aient conduit à la présence de 26% de femmes actuellement au Parlement.  Elle a par ailleurs reconnu les graves effets de la pandémie de VIH/sida sur les femmes et les filles.  Au-delà des questions de santé, cette pandémie empêche les femmes de se développer sur les plans social et familial, a-t-elle expliqué.  C’est pourquoi nous demandons à la communauté internationale d’accélérer ses efforts pour améliorer l’accès à des médicaments abordables.  Mme Ralebitso a aussi regretté qu’à ce jour, le Programme d’action de Beijing ne soit pas encore complètement mis en œuvre.


M. EDWIN JENAMISO BATSHU, Ministre du travail et des affaires intérieures du Botswana, a souligné que, dans son pays, le double fléau de la violence à l’encontre des femmes et du VIH/sida demeurait des défis énormes qui font obstacle à la mise en œuvre de la Vision nationale 2016 et des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Selon les dernières études de 2012, a fait remarquer le Ministre, 67,3% des femmes sont victimes de la violence dont 62,3% causées par le conjoint. 


Le Gouvernement du Botswana a adopté une politique nationale visant à améliorer la formation des officiers de l’ordre.  Le Ministère de la santé a pris des mesures et lancé des campagnes de sensibilisation et un comité chargé de la question des femmes au sein des communautés a été créé.  Les tribunaux coutumiers participent à ces efforts, a assuré M. Batshu.  Sachant que les femmes indépendantes sont mieux armées pour se protéger de la violence, le Président du Botswana a décidé de consacrer 5% de la taxe sur l’alcool à des programmes d’autonomisation des femmes. 


M. LORD VAEA, Ministre des affaires internes des Tonga, a appelé à gérer la violence à l’encontre des femmes à tous les niveaux.  Il s’agit d’un risque pour la sécurité humaine, a-t-il fait observer.  Le Ministre a passé en revue les efforts menés par son gouvernement pour protéger et promouvoir les droits des femmes dans son pays.  À cet égard, il a mentionné la création d’un groupe de travail sur cette question.  En 2012, nous avons révisé notre politique de protection des femmes, a-t-il indiqué.  Le Ministre a aussi exprimé l’intention de son gouvernement de renforcer l’accès aux services d’aide aux victimes de cette violence.  Il a aussi parlé des efforts menés pour inclure les garçons dans la lutte contre la violence à l’encontre des femmes, afin de garantir aux femmes et aux filles une vie à l’abri des violences.  Il a aussi assuré que tout est fait pour que les femmes soient associées aux processus de prise de décisions.  Avant de conclure, le Ministre a remercié tous les partenaires pour le développement et les organisations non gouvernementales qui contribuent à la lutte contre la violence à l’encontre des femmes dans son pays.


Mme ROSALIA NGHIDINWA, Ministre de l’égalité du genre et du bien-être de l’enfance de la Namibie, a estimé que pour mettre un terme à la violence faite aux femmes, il était important de remédier aux causes profondes de ce fléau, en particulier certaines traditions et croyances, l’inégalité entre les sexes, la pauvreté, le chômage, la dépendance économique ainsi que les conflits armés.  Elle a indiqué que son gouvernement avait promulgué diverses lois pour améliorer la condition des femmes, éliminer l’injustice et lutter contre toutes les formes de discrimination.  Un comité consultatif national contre la violence fondée sur le sexe a également été mis sur pied et des unités de protection des femmes et des enfants ont été déployées dans 13 régions du pays. 


La Ministre a aussi parlé de la tenue, en 2007, de la première Conférence nationale sur la violence à l’encontre des femmes, laquelle a débouché sur l’adoption de plusieurs mesures et recommandations axées sur l’action.  Des programmes de sensibilisation ont également été établis pour informer les citoyens de leurs droits et responsabilités et inciter les hommes à modifier leur comportement.  Mme Nghidinwa a ensuite indiqué que les capacités limitées du Gouvernement de la Namibie ne permettaient pas de conduire efficacement les enquêtes et de traduire en justice les auteurs d’actes de violence en raison de l’absence de preuves.


Mme MAKIBI KADIDJATOU DANDOBI, Ministre de la population, de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant du Niger, a expliqué combien les femmes de son pays étaient confrontées à la pauvreté.  Malgré un système de quotas, les femmes sont encore sous-représentées dans les processus décisionnels, a-t-elle regretté.  Elle a également déploré le fort niveau d’abus et de violences à l’encontre des enfants et des femmes.  Le statut assigné aux femmes les expose à des violences de toutes sortes, a-t-elle fait observer.  Les auteurs de ces actes sont souvent des hommes mariés et leurs victimes sont des femmes mariées âgées de moins de 25 ans et sans aucun niveau d’instruction. 


La Ministre a dénoncé la légitimation de ces violences par la coutume et l’interprétation erronée des préceptes religieux.  Elle a constaté la difficulté d’accès des femmes aux services judiciaires, leur dépendance économique et leur analphabétisme.  Le Gouvernement du Niger a adopté une stratégie d’intervention sur la violence à l’encontre des femmes basée sur une approche intégrée qui mobilise toutes les parties prenantes et intervient aux niveaux législatif, institutionnel, de la communication, de la recherche et de la formation.  La Ministre a estimé qu’il faudrait assurer une plus grande sécurité juridique et un niveau plus élevé d’instruction aux femmes.  Le Niger envisage notamment la création d’un observatoire national des questions des femmes, a-t-elle annoncé.


Mme JET BUSSEMAKER, Ministre de l’éducation, de la culture et de la science des Pays-Bas, a souligné l’ampleur du problème des violences dont sont victimes les femmes dans le monde, en rappelant que dans son pays 84% des jeunes femmes font toujours l’objet de harcèlement sexuel et que les lesbiennes, transsexuelles et bisexuelles sont particulièrement exposées au risque de discrimination et de violence.  « Partout où il existe une forme d’inégalité entre hommes et femmes, la violence contre les femmes se manifestera », a-t-elle dit.  Cela commence à la maison et dans les relations de couple, mais cela peut également être utilisé comme une arme de guerre dans les conflits armés et guerres civiles, a-t-elle fait remarquer, en ajoutant que la violence contre les femmes mine les sociétés tout entières. 


C’est pourquoi, il est urgent que les gouvernements s’attaquent à ce phénomène de manière déterminée et constructive en tandem avec les organisations communautaires et les assistants sociaux.  Pour la Ministre, les traités internationaux, comme la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et la violence domestique, que les Pays-Bas vont signer en 2013, peuvent jouer un rôle de catalyseur important.  Elle est pourtant consciente du fait qu’il ne sera pas possible de combattre cette forme de violence uniquement par des traités et des lois et qu’il va falloir s’attaquer aux causes profondes de ce fléau et aux systèmes qui facilitent cette forme de violence, comme la dépendance financière et sociale des femmes, leurs difficultés d’accès à l’éducation et les mariages forcés. 


La Ministre a également fait observer que trop souvent, les femmes « n’osent pas parler de ce qui leur est arrivé ».  Aucun pays ne doit ignorer le problème de la violence contre les femmes en invoquant des prétextes culturels, religieux ou économiques, a-t-elle insisté.  Pour la Ministre, l’égalité entre les hommes et les femmes en termes économiques, politiques, sociaux et sexuels est essentielle pour combattre cette violence.  Cela passe forcément par un travail de sensibilisation pour combattre les stéréotypes négatifs.  Dans ce contexte, a-t-elle indiqué, les Pays-Bas organisent cette année une conférence internationale sur les femmes et les médias.  La Ministre a émis l’espoir que cette session des travaux de la Commission de la condition de la femme débouchera sur le consensus international tant attendu pour pousser les politiques et les activistes de la société civile à agir contre la discrimination et la violence à l’encontre des femmes et des filles dans leurs pays respectifs.


Mme YINA QUINTANA, Présidente de la Commission nationale de transition de l’Équateur, a indiqué que son gouvernement avait déployé de nombreux efforts pour assurer de meilleures conditions de vie aux femmes et aux filles en érigeant la reconnaissance de l’égalité entre les sexes comme principe directeur de l’État.  Elle a ajouté que le rôle prépondérant des femmes autochtones, d’origine africaine et montubias ainsi que des femmes ayant une autre identité ou orientation sexuelle avait permis l’élaboration de la Constitution que l’Équateur avait adoptée en 2008.


Mme Quintana a ensuite souligné la mise en place d’un programme sur la gestion du machisme violent ainsi que la création de plusieurs unités de protection et de promotion des femmes au sein de différents ministères du pays.  Une campagne de partage de tâches domestiques a été lancée, de même qu’un programme de santé qui veille au respect des pratiques culturelles autochtones, a-t-elle ajouté.  Mme Quintana a également cité la Stratégie nationale intersectorielle de planification familiale et de prévention des grossesses qui met l’accent sur la protection et la promotion de la santé génésique des adolescentes.  Elle a aussi fait savoir que son gouvernement œuvrait pour faire changer la culture familiale en vue d’éliminer les tabous liés à la sexualité.


Mme CLOTILDE NIRAGIRA, Ministre de la solidarité nationale, des droits de la personne humaine et du genre du Burundi, a rappelé les différentes mesures prises par son gouvernement en faveur de la condition de la femme, citant la signature de l’engagement de mars 2013 pour mettre fin aux violences faites aux femmes, conformément à la campagne lancée par le Secrétaire général des Nations Unies, ainsi que la Déclaration de Kampala sur les violences à l’encontre des femmes et des filles, publiée par les chefs d’État participant à la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).  Elle a également cité l’adoption d’une stratégie nationale de lutte contre ces violences qui se traduit concrètement par des plans d’actions opérationnels comme celui de la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité. 


Parmi les instruments majeurs du dispositif de répression des violences à l’encontre des femmes et des filles, la Ministre a souligné l’adoption d’un Code pénal qui réprime sévèrement la traite des femmes et des filles ainsi que l’exploitation et la prostitution; l’élaboration d’un projet de loi sur la procédure pénale comportant des dispositions permettant aux associations de défense des droits fondamentaux de porter plainte avec l’accord des victimes ou encore la mise en place de points focaux dans les postes de police et dans les parquets et tribunaux de première instance pour les violences à l’encontre des femmes et des filles.  Toutefois, des défis subsistent comme la faiblesse des mécanismes communautaires de lutte contre ce type de violence et les faibles capacités des auteurs, a reconnu la Ministre.


Mme GENEVIÈVE INAGOSI-BULO IBAMBI KASSONGO, Ministre du genre, de la famille et de l’enfant de la République démocratique du Congo (RDC), a souligné que son pays continuait à vivre un drame humanitaire dans sa partie est, du fait des conflits armés et de la cohorte des violences.  Le droit à la vie est méconnu, s’est-elle alarmée, en affirmant que son pays comptait aujourd’hui plus de sept millions de victimes directes et indirectes des conflits armés similaires à « un génocide silencieux » et plus de deux millions de personnes déplacées.  Sur plus de 80 000 cas rapportés de violences sexuelles, plus de 70% se trouvent à l’est de la RDC, a précisé la Ministre.


Trop c’est trop, a-t-elle martelé.  Il est temps, a-t-elle insisté, de quitter les discours, d’adapter les réponses pour produire des résultats et répondre aux besoins réels des femmes et des filles.  L’Accord-cadre d’Addis-Abeba, signé le 24 février dernier, confirme l’engagement du Président congolais d’œuvrer pour le rétablissement rapide de la paix et de prévenir de ce fait les violences liées à la guerre, a fait observer la Ministre.  Elle a conclu en appelant à une résolution condamnant les viols utilisés comme armes de guerre et réclamant aussi bien la sanction des auteurs que la réparation des préjudices causés aux victimes.  Elle a aussi demandé au Conseil de sécurité d’accélérer le déploiement de la brigade d’intervention en vue de neutraliser toutes les forces négatives dont le M23 « qui tue et viole les femmes dans l’est de la RDC ».


Mme KHEMPHENG PHOLSENA, Ministre et Présidente de la Commission nationale de la promotion des femmes de la République démocratique populaire lao, a énuméré les quatre priorités en matière d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes dans son pays, à savoir un cadre juridique approprié; un cadre institutionnel opérationnel; une politique cohérente et un contexte stratégique couvrant tous les secteurs; ainsi qu’une amélioration de la gouvernance générale.  Ce qui manque, a indiqué Mme Pholsena, est la capacité des institutions à mettre en œuvre et à faire respecter les lois en vigueur.  La République démocratique populaire lao a établi la Stratégie nationale pour la promotion de la femme pour 2011-2015, axée sur la prévention, la poursuite des auteurs d’actes de violence et l’appui aux victimes. 


La participation des femmes à la vie publique et politique est aussi une des priorités du pays, a poursuivi Mme Pholsena.  Des progrès ont été réalisés puisque un quart des membres de l’Assemblée nationale sont des femmes.  D’autres mesures doivent être prises pour réduire la vulnérabilité des femmes liée aux défis auxquels le pays est confronté, comme l’intégration régionale, la traite des personnes, les abus sexuels, les nouvelles pathologies, y compris la drogue et les maladies sexuellement transmissibles.  À ces problèmes, s’ajoutent les changements climatiques et les catastrophes naturelles, a-t-elle fait remarquer.  C’est pourquoi, le pays doit améliorer l’accès à la justice, aux ressources, aux technologies, aux marchés et au service public pour optimiser l’autonomisation économique des femmes, a estimé Mme Pholsena.   


Mme MARLENE COUDRAY, Ministre des questions de la parité, de la jeunesse et de l’enfant de Trinité–et-Tobago, a expliqué que la détermination de son gouvernement à lutter contre la violence à l’encontre des femmes et en faveur de leur autonomisation se traduisait notamment par le fait qu’il avait ratifié les différents instruments internationaux en la matière et les avait incorporés dans son droit interne.  À cet égard, elle a cité la loi sur la réconciliation matrimoniale qui garantit les mêmes droits de propriété aux deux époux ; le droit de la femme à signer des contrats sans l’autorisation de son mari ainsi que le soutien immédiat aux victimes de violence domestique. 


D’autres lois assurent désormais la protection des femmes qui vivent en union libre depuis plus de cinq ans et ou qui ont des enfants dans ce type de relation, ainsi que la réparation pour les victimes de viol et les peines prises contre les auteurs de ces actes.  Les forces de police du pays sont maintenant formées pour mieux faire face aux cas de violence domestique et autres formes de violence à l’encontre des femmes.  Par ailleurs des programmes télévisés et radiophoniques visent à sensibiliser toute la population aux questions des femmes et à changer les mentalités et stéréotypes négatifs.  Les femmes bénéficient en outre de programmes de formation technique pour remédier à leur précarité économique en leur assurant des formations adéquates pour un emploi, ainsi que des soins de santé et des services juridiques gratuits, a précisé la Ministre.


Mme INONGE WINA, Ministre des femmes et du développement de l’enfant de la Zambie, a indiqué que le projet de constitution prévoyait la création d’une commission sur la parité.  Elle a assuré qu’une fois adoptée, la nouvelle constitution devrait contribuer de manière notable à éliminer la violence faite aux femmes et aux filles et promouvoir l’égalité entre les sexes.  Le Gouvernement de la Zambie a également promulgué diverses lois pour enrayer la violence dont sont victimes les femmes et les filles.  Un texte de 2012 prévoit notamment la création de plusieurs centres d’accueil pour les victimes de violence, ainsi que l’imposition de mesures de protection.  Une campagne de tolérance zéro a été lancée sur l’ensemble du pays.  Au titre des défis qui persistent, la Ministre a cité le manque de données et de ressources, notamment en ce qui concerne les LGBT.  Les abris de protection ne sont pas suffisamment sûrs et le pays connaît par ailleurs un déficit en matériel spécialisé, a–t-elle indiqué.


Mme ELIZABETH QUIROA CUELLAR, Ministre du Secrétariat présidentiel de la femme (SEPREM) du Guatemala, a présenté quelques mesures que son pays a prises pour lutter contre la violence à l’encontre des femmes, notamment une loi contre les meurtres de femmes, une commission juridique spécialisée et un secrétariat chargé des questions des femmes au sein du Gouvernement.  Le Guatemala a aussi désigné une femme à la vice-présidence du pays.  Elle travaille sur la question particulière des grossesses des filles résultant d’un viol.  En 2012, 1 505 plaintes pour mauvais traitements ont été reçues par son ministère, a-t-elle indiqué. 


Mme Quiroa a expliqué que les femmes et les filles autochtones souffraient non seulement de la violence de leurs agresseurs mais aussi de la violence institutionnelle.  Outre l’aide qui leur est fournie pour les protéger contre ces violences, elle a mentionné les efforts entrepris pour élever leur niveau d’instruction.  Le Guatemala prend des mesures visant l’élimination de la violence à l’encontre des femmes, en encourageant les communautés à abandonner la notion de la subordination des femmes aux hommes, a indiqué la Ministre.  Son ministère a mis en place un plan stratégique intitulé « Pacte pour la sécurité des femmes », a indiqué Mme Quiroa.  La Ministre a aussi mentionné le plan « Faim tolérance zéro » qui tend à l’autonomisation des femmes.  Le Guatemala appuie aussi le projet régional de lutte contre la violence, qui est en cours d’adoption.


Mme OLIVIA N. MUCHENA, Ministre des affaires féminines, du genre et du développement communautaire du Zimbabwe, a indiqué que son pays envisageait d’organiser au cours du mois de mars un référendum pour traiter des causes profondes de l’inégalité entre les sexes, dans les domaines économique et social.  Elle a également indiqué que le projet de constitution en cours de rédaction prévoyait de consacrer le principe d’égalité entre les sexes.  Elle a aussi fait savoir qu’une politique de quotas réservait aux femmes 60 sièges au sein de l’Assemblée nationale.


Une structure nationale pour la paix a également été mise sur pied pour répondre au problème des violences sexistes, a ajouté Mme Muchena qui s’est ensuite félicitée de l’adoption, en 2007, d’un texte de loi qui criminalise la violence domestique.  La Ministre a émis l’espoir que les efforts du Gouvernement zimbabwéen permettront de mettre un terme à la culture du silence qui entoure la violence domestique.  Un cadre de lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles vise à faciliter la participation de ces dernières aux secteurs clefs de la société.  Mme Muchena a par ailleurs assuré que les hommes de son pays jouaient un rôle de chef de file pour promouvoir une image positive de la masculinité et mettre un terme aux aspects préjudiciables de la culture patriarcale.


M. SODNOMZUNDUI ERDENE, Ministre pour le développement de la population et de la protection sociale de la Mongolie, a déclaré que son pays avait réalisé quelques progrès en créant un cadre juridique pour mettre un terme aux violences à l’encontre des femmes et des filles.  Cependant, les défis en matière de violence à l’encontre des femmes, le harcèlement sexuel et la traite des personnes persistent.  M. Erdene a indiqué que les violences à l’encontre des femmes et des filles résultant de facteurs économiques ont tendance à s’accroître.  Les violences domestiques représentent 6% des crimes, a-t-il dit, en faisant remarquer que le nombre des femmes et des enfants victimes de violences domestiques avait augmenté au cours de ces trois dernières années.  C’est pourquoi, le Gouvernement a décidé de formuler et de mettre en œuvre des politiques et programmes de prévention, de prendre des mesures pour remédier aux causes de ces violences et pour assurer la protection et la réhabilitation psychologique des victimes.  Le Ministère du développement de la population et de la protection sociale avait été créé en 2012 après les élections législatives en Mongolie, a rappelé M. Erdene.  La mise en place de ce Ministère a conduit à la création de la structure nationale pour le développement de la population qui est chargée des questions relatives au développement de la famille et de la reformulation de la politique nationale sur le développement de la population.  Actuellement, le Gouvernement de la Mongolie a lancé une série d’amendements à la législation et engagé des consultations nationales sur la politique de développement de la femme en février dernier, a indiqué le Ministre.  Ces consultations ont pour objectif l’amélioration de la situation des ménages et la sensibilisation de chaque membre de la société à la violence domestique.  


Mme MARIAMA SARR, Ministre des femmes, des enfants et de l’entreprenariat des femmes du Sénégal, a assuré que la Constitution sénégalaise de 2001 reconnaissait clairement les droits des femmes et des filles.  Le Sénégal a érigé au rang constitutionnel le caractère sacré de la personne et l’interdiction de violer son intégrité sexuelle.  La Ministre a indiqué les différentes dispositions législatives qui vont en ce sens pour interdire des pratiques nuisibles aux femmes comme les mutilations génitales féminines et les mariages précoces.  Le Sénégal a mené des études sur les violences à l’encontre des femmes dans huit régions du pays et sur la violence en milieu scolaire. 


La Ministre a fait part des différentes mesures prises pour renforcer la lutte contre la violence à l’encontre des femmes, comme les campagnes d’information et de communication du public et dans les écoles.  Il faut renforcer ces acquis pour appliquer le principe de tolérance zéro, a-t-elle dit, avant d’indiquer que le Gouvernement sénégalais allait mettre en œuvre un programme national pour éliminer les violences à l’encontre des femmes et garantir une prise en charge psychosociale des victimes.  Il envisage aussi d’établir d’ici à la fin de 2013 un cadre national dans ce domaine qui réunira tous les acteurs étatiques et non étatiques.  Avant de conclure, la Ministre a enfin exprimé sa compassion vis-à-vis des femmes du nord du Mali qui subissent actuellement ces violences.


« Les droits de ma fille sont aussi réels que les droits de mon fils », a déclaré d’emblée Mme SUSAN RICE (États-Unis) pour qui on ne peut prétendre vivre dans une société réellement libre et ouverte si les opportunités ne sont pas offertes de manière équitable à toutes les femmes et filles.  La représentante a souligné les importantes contributions des femmes à l’économie mondiale, avant de passer en revue les diverses initiatives lancées au niveau international pour mettre un terme à la violence domestique et à l’utilisation du viol comme arme de guerre.  Il reste cependant encore beaucoup de travail à faire dans ce domaine car, a-t-elle fait remarquer, une femme sur trois risque d’être victime de viol ou de mauvais traitements, commis souvent par leur partenaire ou conjoint.  Mme Rice a dénoncé le fait que dans de nombreux pays, la violence domestique n’était toujours pas criminalisée et que 60 millions de filles étaient harcelées sur le chemin de l’école.  


Mme Rice s’est ensuite félicitée de la baisse de deux tiers, au cours des 20 dernières années, du taux de la violence domestique du partenaire ou conjoint.  Le viol conjugal est considéré comme un crime au même titre qu’un viol commis par une personne inconnue de la victime, a-t-elle indiqué.  La représentante a ensuite annoncé la signature, demain, par le Président Barack Obama, d’une loi sur la violence faite aux femmes qui, a-t-elle assuré, transformera l’approche adoptée jusqu’à présent par le Gouvernement des États-Unis pour que les auteurs de ces violences soient tenus responsables de leurs actes, pour renforcer l’arsenal dont dispose l’État pour endiguer ce fléau, ainsi que l’appui accordé aux communautés LGBT et autochtones.


Mme ZENEBU TADESSE, Ministre des femmes, des enfants et de la jeunesse de l’Éthiopie, a souligné la grande responsabilité des gouvernements en matière de prévention de la violence à l’encontre des femmes, les invitant à passer des paroles à l’action.  L’Éthiopie a révisé son Code pénal dans ce sens et mené des activités de sensibilisation, a-t-elle indiqué.  Des guichets uniques et des abris ont été mis en place pour les femmes victimes de violence.  L’Éthiopie a aussi adopté un nouveau plan qui vise la réduction du taux de pratiques nuisibles, en vue de parvenir à réaliser l’objectif de tolérance zéro. 


En outre, le Gouvernement éthiopien a adopté des mesures visant à améliorer les compétences des femmes, qui ont abouti à une augmentation du nombre de femmes et de filles scolarisées ou suivant des études supérieures.  Les femmes éthiopiennes ont en outre le droit d’hériter et d’administrer leurs biens, y compris la propriété des terres et autres biens immobiliers.  Elles bénéficient aussi de microfinancements.  La Ministre a insisté sur la création d’un contexte propice permettant aux femmes d’être indépendantes sur le plan économique.  Elle a aussi appelé à changer les attitudes culturelles pour que les femmes puissent réellement contribuer aux progrès de la société. 


Mme ICHATA SAHI ALWATA, Ministre de la famille, de la promotion de la femme et de l’enfant du Mali, a indiqué que des groupes armés rebelles, terroristes et « narco-jihadistes » sèment la peur dans les régions septentrionales du pays en se livrant notamment à des viols collectifs, et à des lapidations à mort et en imposant le port forcé du tchador, sans compter la privation des libertés fondamentales et la destruction d’infrastructures sanitaires et scolaires.  Elle a également précisé que 198 558 personnes avaient été déplacées et que 200 cas de viol avaient été recensés parmi elles.


Mme Alwata a ensuite fait savoir que la crise sécuritaire et humanitaire que connaît le Mali avait abouti à un « bouleversement sociétal ».  Des centres de santé ont été complètement détruits, causant ainsi la mort de plusieurs femmes en couche, a-t-elle déploré, en faisant remarquer que la prise en charge des victimes de violences basées sur le genre restait très limitée.  La Ministre a expliqué qu’au niveau de la prévention, les initiatives du Gouvernement du Mali avaient surtout porté sur l’élaboration et la diffusion de messages clefs « par le sous-cluster violence basée sur le genre (sous-cluster VBG) à l’endroit des communautés » ainsi que sur la formation des forces armées et de sécurité sur la sécurité des femmes et des enfants en situation de conflit.  Le Gouvernement malien a également publié, en octobre 2012, une lettre circulaire engageant les tribunaux à accorder une attention particulière aux dossiers des victimes de violence basée sur le genre.  Une assistance économique a été apportée à près de 20 000 femmes déplacées et/ou retournées pour la réalisation des projets économiques à impact rapide, a fait savoir la Ministre avant de conclure.


Mme HONORINE NZET BITEGUE, Ministre de la famille et des affaires sociales du Gabon, a estimé que l’autonomisation des femmes, le renforcement des capacités des victimes pour les sortir de la pauvreté, ainsi que l’implication des hommes, des médias, des personnels de santé et des religieux constituaient des moyens efficaces de lutte contre le fléau qu’est la violences contre les femmes et les filles.  Elle s’est également félicitée de l’adoption de la résolution 65/189 de l’Assemblée générale qui consacre la Journée internationale des veuves et a souhaité qu’à l’avenir, une attention particulière soit accordée à la situation des veuves dans les pays en conflit.


Mme Bitegue a ensuite indiqué que le cadre juridique du Gabon a été révisé pour éliminer toutes les dispositions discriminatoires, notamment en matière de mariage, de succession, de veuvage et d’accès aux services de base.  Des bureaux d’assistance judiciaire ont été mis en place et un Parquet de la famille a été créé au sein du Tribunal de Libreville pour prendre en charge gracieusement les frais d’examen des dossiers des femmes « économiquement faibles ».  La Ministre a également indiqué que son gouvernement avait initié des activités de formation en milieu jeune en vue de les familiariser aux questions de violence basée sur le genre.  Des mesures ont également été prises afin d’assister les personnes vulnérables, notamment les femmes, les veuves et les enfants et un fonds d’aide social vient d’être mis en place pour un montant global d’environ 10 millions de dollars, a-t-elle fait savoir.


Mme YANICK MEZILE, Ministre de la condition de la femme et des droits des femmes d’Haïti, a indiqué que son gouvernement avait élaboré des politiques et des mécanismes destinés à lutter contre les préjugés et les violences à l’encontre des femmes.  Elle a rappelé que son pays avait ratifié plusieurs instruments juridiques internationaux, comme la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Elle s’est félicitée de la création, en 1994, du Ministère de la condition de la femme, ce qui traduit la volonté de l’État haïtien de respecter les engagements dans ce domaine. 


Le Gouvernement haïtien a aussi engagé une concertation nationale sur la violence à l’encontre des femmes et adopté deux plans nationaux sur la violence à l’encontre des femmes.  Il a promulgué également un décret qui modifie les agressions sexuelles et punit plus gravement le crime de viol.  La Ministre a aussi parlé des mesures prises en vue de renforcer la sensibilisation aux stéréotypes sexistes.  En dépit de limites des ressources humaines et financières et malgré la persistance d’attitudes sexistes, elle a émis l’espoir que la violence à l’encontre des femmes allait continuer de reculer en Haïti.  Elle a parlé des futures mesures que son gouvernement envisageait de prendre, notamment une politique nationale de lutte contre la violence à l’encontre des femmes et une autre sur l’égalité entre les hommes et les femmes.


Mme MARIE THÉRÈSE ABENA ONDOUA, Ministre de la promotion de la femme et de la famille du Cameroun, a indiqué que les pratiques coutumières nuisibles et le manque d’accès aux ressources comptent parmi les raisons de la violence faite aux femmes.  Elle a indiqué que son gouvernement a renforcé les capacités des parties prenantes.  Le Cameroun a également lancé un programme de sensibilisation, dispensé dans les différentes langues du pays, pour informer le public sur les pratiques traditionnelles nuisibles.  Mme Abena Ondoua a aussi indiqué que son gouvernement avait recours aux technologies de l’information et des communications, notamment l’Internet, et qu’il accordait une attention particulière aux femmes et filles de confession musulmane.  Des centres d’appel de détresse ont été créés, de même qu’un réseau d’abris pour les victimes.  Les femmes peuvent également obtenir une aide juridique pour gérer les questions liées à la succession, a-t-elle indiqué.  La Ministre a par ailleurs appelé les États Membres à analyser la question de la violence de manière plus étendue et holistique.


Mme RABIHA DIAB, Ministre des affaires féminines de l’État de Palestine, a cité des études selon lesquelles une femme sur trois était victime de la violence dans le monde.  Elle a déploré que la participation des femmes aux processus décisionnels se heurte encore à des résistances.  Les femmes palestiniennes souffrent non seulement d’une violence sociétale, mais aussi de la violence qui résulte de l’occupation israélienne, s’est-elle indignée.  La Ministre a dénoncé la politique de violence raciale menée par la puissance occupante, qui se traduit par des assassinats, des agressions, la destruction de leurs maisons ou la confiscation de leurs terres, l’installation de postes de contrôle, en violation flagrante du droit international. 


La Ministre a aussi dénoncé l’occupation de la bande de Gaza.  Elle a fait remarquer que toutes ces mesures constituaient des obstacles aux efforts de reconstruction de la Palestine.  Mme Diab a tenu à souligner qu’en dépit de ces difficultés extrêmes, les femmes palestiniennes avaient constamment fait preuve de résistance et qu’elles continuaient de poursuivre leur quête en faveur de la dignité.  La Ministre a ensuite énuméré les mesures prises par l’Autorité palestinienne pour réduire le taux de violence à l’égard des femmes.


Mme JULIANA KANTENGWA (Rwanda) a estimé qu’il était important d’intégrer des mesures ciblées dans l’Agenda pour le développement de l’après-2015.  Il faudrait également sanctionner les actes violents à l’égard des femmes, a-t-elle souligné, avant de plaider pour la création d’un centre d’excellence pour mettre un terme à la violence faite aux femmes et aux filles.


La représentante a également souligné l’importance d’adopter des mesures pour prévenir les comportements violents.  Elle a aussi fait observer que le retrait des plaintes, souvent sous la pression de la famille des victimes, ne permettait pas de rendre compte de la réalité du phénomène.  Mme Kantengwa a ensuite indiqué que le Rwanda avait créé un réseau de centres de soins et d’appui juridique qui a permis de venir en aide à 5 000 victimes de violences à l’encontre des femmes et des filles.  Elle a également parlé du rôle crucial que doit jouer la société civile, grâce, notamment, à la participation et à la sensibilisation des hommes et des garçons.  La représentante a aussi insisté sur la nécessité de renforcer la communication au sein des familles.


Mme LOURDES BANDEIRA, Vice-Ministre au Secrétariat des politiques des femmes du Brésil, a parlé du Plan national de politiques pour les femmes adopté par son pays, qui comprend des actions dans les différents domaines de la promotion de l’égalité de genre.  Le Brésil a mis en place 1 000 services d’assistance aux femmes victimes de la violence disséminés dans tout le pays, a-t-elle ajouté.  Mme Bandeira a aussi parlé du soutien que le Gouvernement brésilien apporte aux femmes lesbiennes, transsexuelles, d’ascendance africaine, autochtones, aux femmes dans les milieux rural et urbain, ainsi qu’aux femmes âgées et handicapées.  Le Brésil travaille en étroite coopération avec les autres pays d’Amérique du Sud pour intégrer les questions des femmes dans les programmes de développement.  La Ministre a mis l’accent, avant de conclure, sur la nécessité de développer le cadre juridique mondial sur la violence à l’encontre des femmes et de prendre des mesures spécifiques pour faire face aux problèmes de la traite des femmes.


Thème prioritaire: élimination et prévention de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles


Table ronde 2: Thème ciblé : services multisectoriels et aide aux femmes et aux filles victimes de la violence


Dans un premier temps, le modérateur de cette table ronde, M. FILIPPO CINTI, Vice-Président de la Commission de la condition de la femme, a indiqué que la disponibilité de services plurisectoriels était essentielle pour assurer la pleine guérison des victimes.  Il a indiqué que ces services devraient être appuyés par des textes juridiques exhaustifs et permettre de prendre toute une série de mesures à moyen et à long termes, allant de la création de systèmes d’appui juridique et social à la mise en place de lignes téléphoniques d’urgence.


Mme EVA GIBERTI, Coordonnatrice de programmes sur les victimes de la violence au Ministère de la justice et des droits de l’homme de l’Argentine, a cité une loi très complète adoptée dans son pays pour éliminer la violence à l’encontre des femmes.  Elle a ensuite expliqué le travail qu’accomplissent cinq équipes mandatées par le Ministère de la justice et des droits de l’homme, qui interviennent sur le terrain en cas de violence faite aux femmes et aux filles.  Une première équipe est chargée en particulier des violences conjugales et est disponible 24 heures sur 24.  Ainsi, une femme qui contacte le centre d’appel d’urgence sera immédiatement assistée, si elle le souhaite, par des fonctionnaires de police et un psychologue.  Le problème qui se pose souvent, a souligné l’experte, est la crainte de « représailles » qu’éprouvent les femmes en cas de plainte.  « Nous aidons les femmes dans leurs démarches mais nous ne la forçons pas à porter plainte », a assuré Mme Giberti.  Si la femme appartient à une communauté autochtone ou si elle est migrante, nous encourageons un autre membre de sa famille à l’accueillir.  L’équipe travaille aussi en coopération avec quatre avocates assignées à cette fonction.


Une autre équipe accompagne les victimes de viols.  Si la victime se rend immédiatement au commissariat de police, aucun interrogatoire ne peut avoir lieu avant l’arrivée des membres de l’équipe.  Les membres de l’équipe accompagnent ensuite les victimes à l’hôpital pour qu’elles soient examinées et reçoivent la pilule du lendemain.  La victime n’est jamais laissée seule avec la police, les juges ou le procureur, a précisé Mme Giberti.  Cette procédure a permis de mieux identifier les violeurs et de les arrêter.  « Nous sommes aussi là pour éviter des questions indécentes qui seraient posées par les juges ou le procureur », a-t-elle assuré.  La panéliste a enfin cité les autres équipes de lutte contre la violence à l’encontre des femmes et des filles, dont une s’occupe de l’exploitation des fillettes et une autre du tourisme sexuel des enfants et des adolescents.


Mme AKIMA THOMAS, Directrice des services cliniques de Women and Girls Network -Royaume-Uni, a indiqué dans un premier temps que l’on estime à 40 milliards de livres annuels le coût de la violence faite aux femmes au Royaume-Uni.  Elle s’est inquiétée de ce que le contexte actuel de crise ait entraîné une baisse du financement des services de prévention au profit des interventions d’urgence, ce qui risque, a-t-elle averti, d’encourager une recrudescence des actes de violence. 


La panéliste a ensuite expliqué que des thérapies individuelles et de groupe sont dispensées par son réseau, lequel privilégie une approche globale pour remédier au traumatisme de la violence.  Il faut créer un environnement accessible et privilégier l’autonomisation et l’émancipation, a-t-elle préconisé.  Mme Thomas a aussi expliqué que son réseau avait mis en place un système d’évaluation des capacités des survivantes et qu’il était également respectueux des diversités culturelles.  La panéliste a également insisté sur l’importance de permettre aux victimes de retrouver leur identité et leur assurance.  Il faudrait aussi veiller à la bonne formation des professionnels de la santé et de la justice pénale, a-t-elle ajouté.  Les investissements dans ce domaine pourront, au départ, paraître coûteux, mais les effets à long terme seront inestimables, a-t-elle affirmé.


Mme RASHIDA MANJOO, Rapporteurespéciale sur la violence contre les femmes, a expliqué que malgré les efforts des pays, la violence à l’encontre des femmes et des filles restait courante.  Aucun gouvernement ne peut se targuer d’avoir éliminé le problème, a-t-elle fait observer.  « Certains parlent même d’épidémie », et si c’était un problème médical, on parlerait « d’urgence médicale », a-t-elle dit.  Mme Manjoo a invité à établir des liens entre la violence à l’encontre des femmes et d’autres types d’oppression dans certaines sociétés.  L’approche politique et les mesures législatives ne suffisent pas et c’est pourquoi, il faudrait adopter une stratégie globale qui mette l’accent sur l’autonomisation des femmes, a-t-elle estimé.  L’experte a souligné que le niveau d’éducation, le logement, l’accès à la terre et à l’eau sont des facteurs qui favorisent la violence.  Elle a cité d’autres facteurs, comme, les capacités physiques et intellectuelles, la race et l’orientation sexuelle.  La lutte contre la violence à l’encontre des femmes doit donc tenir compte des facteurs de marginalisation.


La Rapporteure spéciale a invité à examiner la situation globale des femmes pour mieux lutter contre la violence à l’encontre des femmes.  La première étape à suivre pour créer des conditions de sécurité pour les femmes victimes de la violence est de faire changer l’attitude des officiers de police, a-t-elle recommandé.  Mme Manjoo a toutefois souligné les difficultés que rencontre le personnel de police en cas de violence conjugale, notamment en matière de formation et de ressources.  Elle a aussi souligné le rôle important de la police dans le transfert des victimes vers un centre d’accueil ou un hôpital.  Les services sociaux offrent des conseils, notamment pour la réconciliation des familles, sans chercher à poursuivre les auteurs de violence. 


Mme BETTY TIMBA, Coordonnatrice de division au sein des services communautaires de la police de la Zambie, a indiqué que dans le passé, la violence domestique était souvent perçue par la police de son pays comme une affaire familiale.  Depuis la promulgation d’une loi contre la violence à l’encontre des femmes en 2011, et d’une autre interdisant la traite des personnes, les victimes peuvent désormais obtenir un appui juridique et médical dans des centres spécialisés.  Mme Timba a expliqué qu’un projet pilote, dirigé par CARE International, avait été lancé en 2006 pour mieux coordonner les services intersectoriels du pays.  Cette année, deux centres de réponses coordonnées, un en zone urbaine et l’autre en zone rurale, ont été mis en place.  Le projet pilote de 2006 a été étendu à d’autres localités du pays.


Mme Timba a expliqué que la police devrait être en mesure de prendre conscience de l’étendue du traumatisme qu’a connu la victime.  Elle peut obtenir gratuitement la pilule du lendemain et être conduite dans un hôpital.  Une fois l’examen médical terminé, la victime est dirigée vers des services sociaux, et pendant ce temps, la police procède à la collecte de preuves.  Elle a indiqué qu’un manque de moyens de transport adéquats vers les centres de réponses coordonnées pose problème, de même que le manque de places.  En outre, un expert médical n’est pas toujours disponible sur place, a-t-elle fait remarquer.  Pour faire face à ces défis, a estimé la panéliste, il faudrait faire participer tous les partenaires dès l’étape conceptuelle de la création de ces services, et assurer une formation adéquate au personnel concerné.  Il faut également impliquer les parlementaires pour que de nouvelles lois en la matière soient adoptées, a suggéré Mme Timba qui a par ailleurs appelé à lever le silence sur les violences à l’encontre des femmes et des filles.


Mme LUISA MARCAL, Coordonnatrice du programme « Fatin Hakmatek » du centre de services psychosocial PRADET au Timor-Leste, a indiqué que 33% des femmes de ce pays avaient fait l’expérience de la violence après l’âge de 15 ans.  En outre, 29% ont indiqué croire que le viol marital était admis et seulement 24% ont demandé de l’aide lorsqu’elles avaient été victimes de violence.  Mme Marcal a ensuite présenté le programme Fatin Hakmatek (« lieu sûr » en timorais).  Depuis son ouverture en 2002 et jusqu’en 2012, ce programme a fourni des services à 1 544 victimes.  « En application de ce programme, nous offrons des conseils gratuits, des traitements médicaux et des dépistages de problèmes mentaux.  Nous réunissons des preuves et fournissons vêtements et nourriture aux victimes, ainsi qu’un logement d’urgence », a assuré Mme Marcal.  Ce centre, situé à l’hôpital de Dili, jouit d’un haut niveau de sécurité tout en étant accueillant, a précisé Mme Marcal.


En 2004, le PRADET avait mis au point un protocole médical pour la collecte des preuves des violences, qui a obtenu le soutien de plusieurs ministères, dont celui de la police et de la justice.  Le PRADET dispense une formation au personnel médical et lui offre un appui constant.  En outre, il fournit aux victimes une assistance juridique, des soins de santé et une assistance financière.  Le PRADET assure également un suivi des victimes, surtout en matière de logement.  La prévention est un autre domaine d’intervention de cet organisme qui cherche à sensibiliser les hommes, a ajouté Mme Marcal.


Échange interactif


Au cours de l’échange de vues, les délégations ont réfléchi aux moyens concrets de mettre en place une approche multisectorielle pour enrayer la violence contre les femmes et pallier les inévitables défaillances.


« Ce n’est qu’en travaillant en étroite collaboration avec la société civile que l’on peut espérer réaliser un changement notable », a déclaré la représentante du Canada.  Il faudrait faire participer davantage les organisations gouvernementales et non gouvernementales, a-t-elle suggéré.  L’expertise des ONG qui travaillent sur le terrain est inestimable, a renchéri la représentante des Philippines.


Il faut établir des liens et non pas dresser des obstacles, mettre au point un nouvelle forme de coopération et non pas s’engager dans la confrontation, a commenté de son côté la représentante de l’ONG Mujerpara la mujer, qui a également insisté sur l’importance de l’éducation.


La représentante de la Chine a appelé à l’adoption de mesures juridiques d’envergure pour empêcher des violences massives et mettre en place des mécanismes d’appui aux victimes.  Elle a également attiré l’attention sur l’importance de soigner non seulement les blessures physiques des victimes mais également leurs souffrances psychologiques.


La représentante de l’Indonésie a insisté sur l’importance que revêtent les normes internationales, tandis que son homologue de la Fédération de Russie a insisté sur la nécessité d’établir des systèmes de réaction rapide lorsqu’un cas de violence a été identifié.  La représentante du Brésil a souligné, pour sa part, l’importance de l’engagement des juges et des tribunaux en général.  L’État, a-t-elle rappelé, doit protéger la victime.


L’efficacité des initiatives multisectorielles ne peut être assurée qu’en tenant compte de la convergence et de la territorialisation de l’octroi des services, a fait remarquer la représentante du Maroc.


Son homologue du Mexique a constaté, pour sa part, que la coordination interinstitutionnelle ne fonctionne pas toujours.  C’est pourquoi, il est important d’inviter un organe extérieur au Gouvernement pour évaluer les dispositifs mis en place.


Tout en partageant cet avis, la représentante de la République de Corée a rappelé que c’est aux experts d’exercer cette compétence multisectorielle.  Elle a par ailleurs insisté sur l’importance de renforcer la compréhension mutuelle entre les différents secteurs impliqués afin de pallier toute absence de communication.


Reprenant la parole, la délégation mexicaine a également fait observer que les services médicaux poussaient souvent les victimes à porter plainte et que nombre d’entre elles mettaient ainsi leur vie en péril.  Comment faire pour que les services médicaux répertorient tous les cas de violence et identifient les auteurs sans pour autant exposer à des risques la vie des victimes? s’est-elle interrogée.


La création d’un système de justice plus robuste devrait permettre de mieux protéger les femmes de toutes représailles et de tenir responsables les auteurs d’actes de violence, a répondu la représentante de Womenand Girl Network.


Comment modifier le manque de réaction des forces de police, s’est interrogée, de son côté, la représentante de l’Islande, tandis que celle de l’Union européenne a dénoncé le silence qui entoure la violence faite aux femmes.  Quels conseils peut-on alors donner aux femmes qui gardent le silence par peur de perdre leurs enfants? a demandé la représentante de la Guinée équatoriale.


Répondant à ces commentaires, la Rapporteure sur la violence contre les femmes a souligné l’importance de bien former les forces de police qui, a-t-elle affirmé, considèrent souvent que les violences faites aux femmes ne sont pas une véritable facette du travail de la police et que ces cas ne peuvent donc pas appuyer l’évolution de leur carrière.


Il faudrait, a préconisé la représentante de l’Inde, l’élaboration de protocoles d’action précis à l’intention des forces de la police.


La panéliste de la Zambie a souligné l’importance d’informer les femmes de leurs droits et de mettre en place des mécanismes efficaces pour leur permettre de les faire valoir.  Elle a également parlé des défis que présentent les témoignages d’enfants qui risquent d’être déboutés à cause d’une description des faits considérée comme inexacte aux yeux de la justice.


La représentante de l’Italie a insisté sur l’importance de mettre au point un mécanisme régulier de notification au niveau local pour éviter tout manquement dans la protection des victimes, tandis que son homologue du Paraguay a souligné les mérites des espaces de réinsertion.


La déléguée du Botswana a souligné les mérites des systèmes de notification d’incidents ainsi que la nécessité d’impliquer les décideurs traditionnels.  Elle a également constaté que le suivi de la mise en œuvre des protocoles d’engagement pose parfois problème. 


Pour confronter le problème du meurtre des femmes, le représentant de l’Espagne a souhaité l’élaboration d’un protocole pour les services de sécurité et de justice pour faire face à ce fléau.


En la matière, la panéliste de l’Argentine a rapporté que les femmes tuées délibérément par le feu avaient augmenté de manière significative dans son pays depuis 2010, date à laquelle une femme avait été immolée par son conjoint, un musicien célèbre en Argentine.  Elle a par ailleurs évoqué les problèmes cliniques graves que le « féminicide » cause aux enfants des victimes.


Outre la prise en charge des victimes, il faudrait aussi pouvoir faire face au taux extrêmement élevé de récidives qui caractérise la violence à l’encontre des femmes et des filles, a insisté la représentante de la Suisse, qui a souhaité des recommandations sur les mesures qui pourraient être prises pour prévenir la récidive des auteurs d’actes de violence.  Poursuivant sur ce thème, la représentante d’Israël a expliqué que, dans son pays, les hommes violents avaient désormais accès à des soins thérapeutiques.


La représentante des États-Unis a insisté, quant à elle, sur un engagement plurisectoriel d’envergure.  Enfin, la représentante du Soudan a voulu savoir de son côté s’il existe un mécanisme d’appui financier élaboré au niveau international pour appuyer les initiatives multisectorielles des pays.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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