En cours au Siège de l'ONU

FEM/1940

« La Commission de la condition de la femme est notre leader dans la lutte mondiale pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes », déclare le Vice-Secrétaire général

04/03/2013
Assemblée généraleFEM/1940
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-septième session

1re & 2e séances – matin & après-midi


« LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME EST NOTRE LEADER DANS LA LUTTE MONDIALE POUR L’ÉGALITÉ ENTRE

LES SEXES ET L’AUTONOMISATION DES FEMMES », DÉCLARE LE VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


Ministres et responsables des entités du système des Nations Unies appellent

à agir collectivement et individuellement pour éliminer la violence à l’encontre des femmes


« Trouver ensemble les moyens de faire changer les choses pour éliminer la violence à l’égard des femmes » est la mission que s’est donnée la Commission de la condition de la femme, qui a ouvert, ce matin au Siège de l’ONU à New York, sa cinquante-septième session dont le thème prioritaire porte sur l’« élimination et la prévention de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles ».


La Commission de la condition de la femme est « notre leader dans la lutte mondiale pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes », a déclaré le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson.  Pour la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Michelle Bachelet, la participation de plus de 6 000 représentants de la société civile à la présente session marque un précédent dans l’histoire de la Commission. 


« Nous devons réagir à cette violence en tout lieu et à tous les niveaux », a lancé le Vice-Secrétaire général qui a insisté sur la responsabilité de chacun.  « Il n’est pas nécessaire d’être un responsable politique ou un personnage connu pour inspirer ses compatriotes », a-t-il fait remarquer. 


Cette session, qui se tiendra jusqu’au 15 mars, permettra de partager des expériences et des bonnes pratiques, de souligner les résultats positifs et de parler franchement des lacunes et des défis qu’il reste à surmonter en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes, a expliqué la Présidente de la Commission, Mme Marjon Kamara, du Libéria.


Près de 7 femmes sur 10 dans le monde disent avoir été battues, violées, maltraitées ou avoir subi une mutilation au moins une fois dans leur vie, indique le Secrétaire général dans son rapport sur le thème prioritaire, en soulignant ainsi que la violence contre les femmes est un problème universel, qui existe dans tous les pays et parmi toutes les couches sociales.  La Directrice exécutive d’ONU-Femmes en a fait la preuve en citant des cas allant des États-Unis au Mali, en passant par la République de Moldova ou encore le Pakistan où l’histoire de la jeune Malala est « une source d’inspiration ».  Chaque jour, des femmes sont battues par leur conjoint, on leur jette de l’acide au visage, elles sont violées dans les parcs ou sur le chemin du marché, a décrit M. Eliasson.


Selon le même rapport, 140 millions de femmes ont souffert de mutilations génitales et des millions femmes ou de filles sont victimes de trafic d’êtres humains.  Le viol sert souvent comme tactique de guerre, a ajouté Mme Bachelet.  « Pour mettre fin à cette violence, il faudrait établir une chaîne de justice efficace et mettre l’accent sur la primauté de droit », a-t-elle insisté, en notant que 160 pays avaient adopté des lois spéciales en la matière.  Il faut aussi éliminer toutes les barrières d’accès à la justice, a relevé la Ministre des femmes et du bien-être social de Fidji, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.


Se plaçant aussi sur le plan juridique, la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a confirmé le caractère discriminatoire de la violence de genre, au sens de l’article 1 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Le Comité travaille sur de futures recommandations relatives à l’accès à la justice, aux femmes rurales et aux femmes demandeuses d’asile, a-t-elle indiqué.


Il faut aller au-delà de l’application de dispositions juridiques, a prôné de son côté la Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes en appelant les États à respecter concrètement leurs engagements à protéger les femmes.  Elle a attiré l’attention notamment sur les meurtres de femmes et de filles.


Les représentants des différents groupes régionaux ont exprimé, ce matin, leur engagement en faveur des femmes.  « Bien que la marginalisation des femmes africaines soit enracinée dans le contexte historique, politique, socioéconomique et culturel du continent, les droits des femmes constituent une priorité en Afrique », a affirmé le représentant du Tchad, qui prenait la parole au nom du Groupe des États d’Afrique.


Beaucoup d’intervenants ont mis l’accent sur le volet « prévention » qui exige l’engagement de tous les secteurs de la société, en particulier des hommes et des garçons qui sont invités à aller au-delà des stéréotypes.  Par ailleurs, plusieurs délégations, comme celle de l’Irlande qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, ont insisté sur la nécessité de garantir les droits à la santé reproductive pour parvenir à l’égalité entre les sexes.  L’ensemble des orateurs s’est aussi félicité de la campagne mondiale de l’ONU pour l’élimination de la violence contre les femmes (UNiTE), qui s’achèvera en 2015.


Ils ont aussi invité à examiner les questions d’égalité dans la perspective de l’après-2015.  L’égalité entre les hommes et les femmes et l’autonomisation des femmes sont des aspects centraux du développement des sociétés, a assuré le représentant de l’Uruguay, au nom des États du MERCOSUR.


Le thème prioritaire de la session sera discuté au cours d’un débat général et de quatre tables rondes de haut niveau organisées cette semaine, dont deux ont eu lieu cet après-midi.  « L’essentiel est de s’assurer que nos déclarations se traduisent par des actions systématiques sur le terrain, qui donneront lieu à des changements réels en faveur des femmes et des filles », a insisté la Présidente.


Au cours des deux tables rondes de l’après-midi, de nombreux ministres et responsables de programmes de lutte contre les violences à l’encontre des femmes ont partagé les défis qu’ils ont pu surmonter et ceux auxquels ils doivent encore faire face.  Ils ont notamment détaillé les mesures prises en matière de sensibilisation des hommes, des communautés rurales, des journalistes, des chefs traditionnels, des enseignants et de la police.  Les participants se sont aussi interrogés sur le meilleur moyen de réduire la vulnérabilité des femmes et des filles, de mettre un terme à la stigmatisation des victimes et de lutter contre l’impunité dont bénéficient les auteurs.


En début de séance ce matin, la Commission a adopté son ordre du jour provisoire*.  Le thème de l’évaluation qu’elle doit effectuer cette année porte sur « le partage équitable des responsabilités entre les femmes et les hommes, notamment en ce qui concerne les soins dans le contexte du VIH/sida ».  Les questions clefs d’égalité des sexes à inscrire dans le cadre de développement durable pour l’après-2015 seront abordées par la Commission au titre des « Questions nouvelles, tendances et approches novatrices des problèmes ayant des répercussions négatives sur la situation des femmes ou sur l’égalité des sexes ».  Au cours de la session, la Commission abordera aussi la question de la transversalisation de la problématique hommes-femmes.


La Commission de la condition de la femme poursuivra son débat général de haut niveau, demain, mardi 5 mars, à partir de 10 heures.



SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »


Déclarations liminaires


Mme MARJON V. KAMARA (Libéria), Présidente de la cinquante-septième session de la Commission de la condition de la femme, a d’abord salué le nombre de ministres, de hauts fonctionnaires et d’experts qui sont venus à New York pour participer à cette session annuelle de la Commission.  Elle a indiqué que cette session serait l’occasion d’évaluer l’état d’avancement des travaux en matière d’égalité et d’autonomisation des femmes mais aussi l’occasion de partager des expériences et des bonnes pratiques, de souligner les résultats positifs et de parler franchement des lacunes et des défis qu’il reste à surmonter.  « Le monde nous regarde alors que nous allons nous concentrer sur la prévention et l’élimination de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et des filles », a-t-elle déclaré.  « Des actions claires et spécifiques doivent être mises en œuvre dans nos pays et dans nos régions pour assurer un changement, et des partenariats efficaces doivent être établis pour nous permettre de procéder ensemble à la réalisation d’un objectif commun », a-t-elle souligné.  Elle a ensuite rappelé que la lutte contre les violences faites aux femmes était une question mondiale.  « De telles violences existent et persistent dans tous les pays, dans les villes et dans les petits villages, a-t-elle fait remarquer.  Ces violences, a-t-elle ajouté, affectent tous les âges, toutes les classes économiques, toutes les ethnies, toutes les cultures, toutes les religions et traditions.  C’est pourquoi, a-t-elle insisté, nous avons une responsabilité commune et nous devons agir pour y mettre fin. 


Saluant le travail réalisé par les différentes parties prenantes pour préparer cette cinquante-septième session, la Présidente de la Commission a notamment souligné la tenue de réunions régionales et sous-régionales ministérielles et la mobilisation des organisations non gouvernementales afin de pousser les gouvernements à trouver des solutions.  Elle a aussi rappelé qu’en décembre dernier, un forum s’était réuni, au Siège de l’Organisation, à New York.  « De toutes ces réunions, nous avons reçu un message clair », a-t-elle indiqué: « nous devons trouver ensemble les moyens de faire changer les choses.  Des progrès ont été enregistrés mais il reste beaucoup à faire.  C’est la raison pour laquelle nous allons examiner, au cours de la présente session, différentes mesures qui permettront de prévenir et de condamner de manière efficace cette violence ».  Cela se fera au cours d’un débat général, des différentes tables rondes de haut niveau et des discussions interactives, a-t-elle précisé.  « Mais, l’essentiel est de s’assurer que nos déclarations se traduisent par des actions systématiques sur le terrain, qui donneront lieu à des changements réels en faveur des femmes et des filles », a-t-elle insisté. 


Avant de conclure, la Présidente de la Commission a mis l’accent une nouvelle fois sur la nécessité, au cours des débats, d’examiner les questions d’égalité dans la perspective de l’après-2015.  « Tandis que nous nous concentrons déjà sur l’après-2015, nous devons aussi accélérer les efforts en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement en faveur des femmes et des filles », a-t-elle ajouté.  « Nous devons faire davantage pour évaluer les progrès engrangés en la matière et accroître la responsabilité des différents acteurs concernés », a-t-elle souligné.  Cette question, qui sera au centre des travaux de la session, portera en particulier sur les progrès enregistrés en matière de partage des responsabilités entre les hommes et les femmes et de lutte contre le VIH/sida.  Elle s’est dite convaincue que les États Membres renouvelleront leur intention et leur détermination à lutter contre les attitudes discriminatoires et les stéréotypes.


M. FERIT HOXHA (Albanie) Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que les efforts pour promouvoir l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes restaient au centre du développement économique et social et qu’il existait des liens étroits entre cette égalité et le respect des droits de l’homme, la réalisation des objectifs de développement, et l’instauration de la paix et de la sécurité.  Notre travail dans ces domaines ne pourra être couronné de succès tant que les engagements pris par les États Membres ne seront pas mis en œuvre de manière plus déterminée, proactive et durable, a-t-il souligné.  À partir de cette année, l’ECOSOC accordera une attention particulière à l’examen et à l’évaluation de la mise en œuvre des dispositions de la résolution sur l’examen triennal complet des activités opérationnelles des Nations Unies, y compris celles qui ont trait à l’amélioration de l’intégration de la question de l’égalité entre les sexes et au sein des mécanismes de l’ONU, et de l’amélioration de la responsabilisation institutionnelle pour assurer un suivi plus cohérent, précis et efficace, l’évaluation et la communication des résultats de l’égalité des sexes, a ajouté M. Hoxha.  Il est aussi important que nous ne perdions pas de vue l’achèvement des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015, a-t-il poursuivi. 


Le travail essentiel de la présente session de la Commission de la condition de la femme doit porter sur l’élimination et la prévention de toutes formes de violence contre les femmes et les enfants, a souligné le Vice-Président de l’ECOSOC.  Les trois piliers des objectifs du développement durable sont influencés négativement par les violences contre les femmes et les filles.  C’est pourquoi, il faudrait mieux cibler les efforts pour prévenir plus efficacement les violences à l’encontre des femmes.  S’agissant des activités de l’ECOSOC, M. Hoxha a exprimé sa position sur le processus de renforcement du Conseil et la pertinence du processus pour l’ensemble de l’ECOSOC, le fonctionnement des comités et des autres organes.  « Le renforcement de l’ECOSOC devrait avoir des thèmes spécifiques par secteur et puiser dans les connaissances et l’expertise de ses commissions et des institutions spécialisées.  Le Conseil économique et social pourrait examiner le travail des commissions techniques en vue de l’intégration des trois dimensions du développement durable, telles que définies par la Conférence Rio+20.  Le renforcement de l’ECOSOC devrait se traduire par un dialogue régulier entre les différents organes de l’ECOSOC.  Cela pourrait signifier une implication plus systématique des présidents dans les réunions intergouvernementales et des réunions conjointes des commissions techniques », a-t-il suggéré.  Avant de conclure, M. Hoxha a indiqué que ces propositions seront discutées à la réunion conjointe du Bureau de l’ECOSOC et des présidents des organes subsidiaires à la fin de ce mois.


M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a souligné que la Commission de la condition de la femme était « notre leader dans la lutte mondiale pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ».  « L’entité ONU-Femmes est le bras droit de la famille de l’ONU qui œuvre constamment en faveur de ces droits », a-t-il ajouté.  Il a rappelé que, pour la première fois en Asie du Nord, une femme avait été élue Présidente de son pays, la République de Corée.  Beaucoup d’entre vous dans cette salle sont des vétérans de la lutte en faveur des droits de la femme, a-t-il fait remarquer, en assurant les participants que le Secrétaire général était fier d’être à leurs côtés.  M. Eliasson a lancé un appel pour que davantage soit fait afin de prévenir et lutter efficacement contre la violence à l’égard des femmes.  Des millions de femmes et de filles souffrent de ce fléau mondial.  « Je les ai rencontrées dans les camps de réfugiés, dans les hôpitaux, a-t-il témoigné, en assurant que ces femmes ne se laissaient pas abattre ».  Le 14 février dernier, a poursuivi M. Eliasson, « j’ai fait partie du mouvement pour mettre fin à la violence contre les femmes ».  Chaque jour, des femmes sont battues par leur conjoint, on leur jette de l’acide au visage, elles sont violées dans les parcs ou le chemin du marché, a-t-il rappelé.  M. Eliasson a exhorté à mettre fin à ces manifestations de violence et de brutalité, en trouvant des solutions en matière de conseil et de ressources, en aidant les victimes et en poursuivant les criminels.  Il a salué, à cet égard, les travaux juridiques menés par les experts du Comité pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes.


Le Vice-Secrétaire général a appelé à lutter à tous les niveaux.  Il faudrait, notamment, encourager les hommes et les garçons à contribuer à ces efforts, en les invitant à aller au-delà des stéréotypes habituels, a-t-il dit.  Chacun a une responsabilité, a-t-il rappelé, en faisant remarquer qu’il n’était pas nécessaire d’être un responsable politique ou un personnage connu pour inspirer ses compatriotes.  Il a salué les progrès accomplis grâce à la campagne du Secrétaire général « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ».  Le Vice-Secrétaire général a souligné que la lutte contre la violence à l’encontre des femmes était également essentielle pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  « Nous sommes encore très loin des objectifs en matière d’assainissement », a-t-il regretté, en rappelant qu’un milliard et demi de personnes dans le monde n’avaient toujours pas accès à des toilettes.  La campagne en faveur des OMD et la lutte contre la violence à l’encontre des femmes se renforcent mutuellement, a-t-il estimé.  M. Eliasson a aussi appelé à lutter contre la violence sexuelle dans les conflits armés.  « Les femmes qui subissent la violence font partie de notre famille humaine et nous souffrons avec elles », a assuré le Vice-Secrétaire général.  « Nous sommes ici pour déclarer que chaque femme et chaque fille ont le droit de vivre dans la dignité et sans violence ».


Mme MICHELLE BACHELET, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a noté une sensibilisation croissante et une dynamique importante à l’égard de la lutte contre les violences faites aux femmes avec, a-t-elle dit, ces derniers mois, de nombreux hommes et femmes qui sont descendus dans la rue pour demander justice pour des jeunes femmes victimes de viol ou de violence.  «  Chaque personne a le droit de vivre sans violence et sans discrimination et le monde ne peut plus se permettre les conséquences sociales et économiques de ces souffrances faites aux femmes », a-t-elle dit.  Elle a ensuite cité plusieurs témoignages de femmes et le sort qui leur a été réservé par des hommes.  Elle a parlé d’une jeune fille de 20 ans, violée aux États-Unis, et qui avait mis fin à ses jours cinq mois après cet acte car elle ne pouvait plus supporter la douleur et l’humiliation dont elle avait été victime et qu’elle avait décrite dans son journal intime.  Elle a aussi cité le témoignage d’une jeune femme, dans le nord du Mali, enlevée par des rebelles, puis violée durant une nuit entière.  Elle a aussi cité le cas d’une femme de 44 ans, battue par son mari, et celui d’une jeune femme de Moldova, victime de la traite des êtres humains.  « Cela doit cesser!  Nous devons nous engager fermement à prévenir et lutter contre ces cas », a-t-elle insisté.


Mme Bachelet a rappelé que, depuis plusieurs dizaines d’années, la Commission de la condition de la femme a documenté le sort des femmes et promu leurs droits fondamentaux en contribuant, notamment, à l’adoption de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de violence faite aux femmes.  La Commission a également reçu des groupes de femmes et des ONG.  Cette année, la participation de la société civile aux travaux de la cinquante-septième session, avec plus de 6 000 représentants enregistrés, a battu tous les records, s’est-elle réjouie.  « Cette session a une importance historique », a souligné la Directrice exécutive.  « C’est la plus grande réunion internationale jamais tenue sur l’élimination de la violence à l’encontre des femmes », a-t-elle affirmé. 


Elle a ensuite souligné que cette forme de violence demeurait très répandue et que l’impunité des auteurs d’actes de violence à l’encontre des femmes était toujours la norme.  « C’est pourquoi nous devons relever le défi en assurant la mise en œuvre des engagements pris et en agissant de manière déterminée », a-t-elle ajouté.  Plus de 70% des femmes dans le monde avaient été confrontées, au cours de leur vie, à la violence physique ou sexuelle.  On estime à 140 millions le nombre de femmes qui ont souffert de mutilations génitales et à des millions le nombre de femmes ou de filles qui sont victimes de trafic d’êtres humains.  Le viol sert souvent comme tactique de guerre, a-t-elle ajouté. 


« Pour mettre fin à cette violence, il faudrait établir une chaîne de justice efficace et mettre l’accent sur la primauté de droit », a-t-elle insisté, en notant que 160 pays avait adopté des lois spéciales en la matière.  « Toutefois, trop souvent, les femmes sont rendues responsables de la violence dont elles ont souffert et, trop souvent, elles sont tenues coupables », a-t-elle regretté.  Mme Bachelet a ensuite cité le cas, au Pakistan, de la jeune Malala, âgée de 15 ans et victime d’une attaque brutale parce qu’elle défendait le droit à l’éducation.  « Elle avait déclaré qu’elle devait sa survie aux prières des gens.  Son histoire est une source d’inspiration pour nous tous.  C’est pour cette jeune fille que nous devons parvenir à un accord ferme pour prévenir et mettre fin à la violence à l’encontre des femmes », a-t-elle dit. 


À cet égard, Mme Bachelet a mis l’accent sur différents domaines d’action.  Il faudrait renforcer les politiques et les lois pour lutter contre les responsables de cette violence.  Elle a mis l’accent sur les progrès réalisés dans la mise en place de services d’accueil et de services de réponse, tout en notant que cette mise en œuvre était inégale.  Beaucoup de systèmes de justice sont faibles à cet égard, notamment en ce qui concerne la formation du personnel de justice ou médical.  Elle a aussi rappelé que la prévention exigeait l’engagement de tous les secteurs de la société, en particulier des hommes et des garçons en tant que partenaires de l’égalité et du respect.  Elle a, à cet égard, cité en exemple le modèle mis en place en El Salvador où les politiques visent à assurer des services aux femmes, notamment dans les domaines de la santé et de l’aide juridique.  « C’est l’approche qui doit être adoptée pour riposter contre la violence à l’encontre des femmes », a-t-elle dit.  Une attention particulière doit aussi être accordée à cet égard sur les périodes d’après-conflit où les femmes victimes d’actes ciblés et où les services sont rares. 


Avant de conclure, Mme Bachelet a souligné que les États Membres ne pouvaient pas se permettre un désaccord sur ces questions, et c’est pourquoi elle les a encouragés à ce que les Nations Unies soient capables de faire respecter les droits de la personne et la dignité des femmes.


Mme NICOLE AMELINE (France), Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a souligné les grands progrès accomplis dans le monde en termes d’égalité hommes-femmes grâce à l’engagement des États parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  La lutte contre la violence à l’encontre des femmes et des filles est une des raisons d’être de cette Convention, a-t-elle rappelé, en citant la recommandation générale No 19, adoptée par le Comité en 1992, qui constitue un guide sur cette question.  Ce texte affirme le caractère discriminatoire de la violence de genre, au sens de l’article 1 de la Convention.  Le Comité établit aussi des communications individuelles qui ont pour objet la violence à l’encontre des femmes et qui influencent la jurisprudence internationale.  La Convention non seulement exige que les États protègent les femmes contre la violence et la discrimination, mais aussi qu’ils dépassent les stéréotypes et promeuvent l’autonomisation des femmes afin qu’elles s’émancipent et prennent le rôle de dirigeantes dans les processus de paix, de démocratisation et de développement. 


L’adoption de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes a été une étape cruciale dans la promotion des droits des femmes, a rappelé Mme Ameline.  Cet instrument crée des obligations très claires pour les 187 États parties afin qu’ils adoptent des mesures visant l’élimination de toute discrimination à l’encontre des femmes.  La Convention appelle aussi à renforcer l’autonomisation de la femme et l’égalité hommes-femmes.  Mme Ameline a rappelé que le Comité était engagé dans la rationalisation de ses travaux, notamment en élaborant de nouvelles recommandations générales.  Elle a cité celle qui concerne les conséquences économiques du divorce, du mariage et des relations familiales.  La Présidente du Comité, Mme Ameline, a remercié ONU-Femmes pour le soutien inconditionnel qu’apporte l’Entité à ses travaux.  « Nous avons déjà intégré les recommandations qui visent à simplifier notre travail mais nous devons pouvoir disposer d’un peu plus de temps et de moyens », a-t-elle expliqué.  « Nous restons toutefois soucieux de ne pas multiplier les instruments normatifs puisque la Convention couvre l’intégralité des droits des femmes », a-t-elle assuré.


Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes avait reçu plus de 400 rapports et adopté 29 recommandations générales.  Les prochaines recommandations porteront sur l’accès à la justice, les pratiques néfastes, les femmes rurales et encore sur les femmes demandeuses d’asile.  Elle a remercié les organisations non gouvernementales et les institutions nationales des droits fondamentaux pour leurs efforts, en ajoutant que le Comité travaille avec ses partenaires pour promouvoir les droits des femmes.  « Nous devons être unis pour lutter contre la violence et faire de l’égalité un principe réel », a-t-elle insisté avant de conclure son intervention.


Mme RASHIDA MANJOO, Rapporteure spéciale sur la violence à l’encontre des femmes, ses causes et ses conséquences, a relevé les défis importants qui persistent dans la lutte en faveur des droits des femmes.  Les inégalités et les discriminations de genre doivent être une des premières priorités du développement après 2015, a-t-elle souligné.  Citant son rapport sur les différentes formes de discrimination à l’encontre des femmes, présenté en 2011, Mme Manjoo a rappelé que ce document soulignait que la violence quotidienne devenait moins visible.  Elle avait aussi analysé dans ce rapport les écarts économiques et sociaux qui existent entre les femmes et les hommes.  La Rapporteure spéciale a ensuite mentionné un autre rapport, également présenté en 2011, dans lequel elle avait appelé les États à se pencher sur les différentes manifestations de la violence à l’encontre des femmes et de la discrimination.  Dans son rapport de 2012, elle avait alerté contre les meurtres de femmes, phénomène qui a pris une proportion très importante, a-t-elle indiqué.  Ces meurtres sont parfois ancrés culturellement, ce qui souligne l’obligation pour les États de lutter contre, a-t-elle expliqué.  Ce rapport aborde aussi la question des infanticides et le problème de l’absence de poursuites judiciaires dans tous ces cas de violence contre les femmes.  Le droit à un procès équitable est une obligation à la charge des États qui doivent ainsi garantir la poursuite en justice des auteurs de ces actes ainsi que les procédures permettant aux victimes d’obtenir réparation pour le préjudice subi. 


La Rapporteure spéciale a aussi mentionné le rapport sur la violence à l’encontre des femmes handicapées, qu’elle avait présenté en 2012.  Les femmes handicapées sont davantage victimes de ces violences, a-t-elle fait remarquer.  Mme Manjoo a appelé les États à adopter des mesures de prévention renforcées dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes handicapées.  Elle a ensuite rappelé qu’elle avait effectué une visite en Jordanie, Italie et Somalie en 2012.  Elle a indiqué qu’elle avait été invitée à se rendre en Inde en 2013 et sans doute aussi en Afrique du Sud, en Azerbaïdjan et au Bangladesh.  Elle a émis l’espoir qu’elle pourrait se rendre en Colombie l’an prochain.  Elle a souhaité que ses demandes de visite à Cuba, en Israël, dans l’État de Palestine et au Venezuela seront accueillies favorablement.  Avant de conclure, elle a appelé les États à respecter leurs engagements à protéger les femmes, en prenant des mesures qui vont au-delà de l’application de dispositions juridiques.


Débat général


Mme JIKO LUVENI, Ministre des femmes et du bien-être social de Fidji, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a plaidé pour une meilleure coordination de tous les acteurs de la société afin de mieux contribuer à prévenir et à lutter contre les violences faites aux femmes.  « Rappelant que 7 femmes sur 10 dans le monde étaient victimes de violence physique ou sexuelle dans leur vie, elle a souligné que l’on ne pouvait pas ignorer les effets dévastateurs et les coûts économiques et sociaux de cette violence et c’est pourquoi, il faudrait agir contre les causes profondes de cette violence », a-t-elle déclaré.  Elle a ensuite rappelé que l’éradication de la pauvreté était le premier défi mondial à relever dans le contexte des efforts en faveur des femmes et des filles.  « Une croissance inclusive est essentielle pour éradiquer la pauvreté et la faim dans les pays en développement », a-t-elle souligné.  Une véritable coopération internationale est également nécessaire pour atteindre les objectifs fixés dans ce domaine.  Mme Luveni a également insisté sur la nécessité de renforcer les capacités des femmes afin de leur permettre d’augmenter leurs revenus et de participer plus activement au développement économique et social de leur pays.  C’est pourquoi, a-t-elle insisté, l’autonomisation des femmes et la garantie de leur participation totale à la société sont fondamentales.  Il faudrait en outre promouvoir leur participation à la vie publique et politique et dans les processus décisionnels.


La Ministre a ensuite souligné qu’il était important de partager les expériences nationales pour stimuler les progrès en matière de lutte contre la violence à l’encontre des femmes et des filles.  « Il est nécessaire d’explorer les moyens permettant d’éliminer la discrimination et la violence à l’encontre des femmes migrantes, des femmes qui vivent dans les régions rurales et des femmes autochtones », a-t-elle souligné.  Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité d’éliminer les obstacles qui empêchent les femmes d’avoir accès à la justice et de fournir une protection égale à l’ensemble des citoyens.  Elle a aussi insisté sur la nécessité de remédier aux causes profondes de la pauvreté au niveau international en luttant contre les nombreux obstacles auxquels sont confrontés les pays en développement, notamment dans la mise en œuvre de stratégies en matière d’éradication de la pauvreté, d’accès à la santé, à l’éducation et à l’emploi.  Notant l’absence de progrès en matière d’égalité entre hommes et femmes et de lutte contre le VIH/sida, elle a plaidé pour l’élaboration de stratégies de développement équitable qui permettent de combler les fossés dans ces domaines.  Elle a une nouvelle fois insisté sur l’importance d’améliorer le partenariat au niveau international, notamment en ce qui concerne la réalisation des engagements en faveur de l’aide au développement, de l’assistance technique et de l’accès aux marchés.  Avant de conclure, elle a souligné l’urgence d’une action collective en faveur des femmes et des filles qui vivent sous occupation.


M. AHMED ALLAM-MI (Tchad), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a précisé la position du Groupe concernant la violence contre les femmes et les filles.  Pour le Groupe africain, la pauvreté des femmes et leur manque d’autonomisation, ainsi que leur marginalisation qui résulte de leur exclusion des programmes sociaux, économiques et politiques et du bénéfice de l’éducation et du développement durable, les exposent à la violence.  Cette violence contre les femmes, a-t-il précisé, entrave les efforts entrepris pour le développement social et économique des communautés et des États, ainsi que la réalisation des objectifs de développement internationalement convenus, dont les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Bien que la marginalisation des femmes africaines soit enracinée dans le contexte historique, politique, socioéconomique et culturel du continent, les droits des femmes constituent une priorité en Afrique, a assuré M. Allam-Mi, en précisant que l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine s’était placée en première ligne de la promotion de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes et avait adopté des dispositions et des statuts qui feront date.


M. Allam-mi a en outre affirmé que le Groupe des États d’Afrique reconnaissait que tous les droits de l’homme étaient universels, indivisibles et interdépendants, ceux-ci devant être traités par la communauté internationale de façon globale, juste et équilibrée, en tenant compte des particularités nationales et régionales et des différents contextes historiques, culturels et religieux.  En d’autres termes, a-t-il ajouté, les efforts en vue d’éliminer la violence contre les femmes et les filles, la discrimination de genre et les inégalités devraient comprendre des mesures visant à garantir que tous les enfants, en particulier les filles, puissent bénéficier d’un accès égal, libre et total à une éducation primaire de qualité.  Il a, de même, mis l’accent sur la nécessité de renouveler les efforts en vue d’améliorer l’éducation des filles à tous les niveaux, y compris secondaire et universitaire, et d’encourager les femmes à accéder au marché du travail.


Avant de conclure, le représentant a indiqué que le Groupe des États d’Afrique appelait à la mise en œuvre des engagements faits par la communauté internationale sur les questions de développement, y compris le transfert de l’aide publique au développement (APD), le transfert de technologie et l’accès aux marchés, ainsi l’égalité entre les sexes et des droits des femmes.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, Mme KATHLEEN LYNCH, Ministre d’État chargée des personnes handicapées, de l’égalité entre les sexes, de la santé mentale et des personnes âgées de l’Irlande, a réaffirmé que son gouvernement était pleinement engagé à mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing.  Elle a demandé que la Commission de la condition de la femme continue à jouer un rôle important dans l’examen des étapes de la mise en œuvre de ce Programme.  Elle a en outre demandé à tous les pays qui ne l’ont pas encore fait de ratifier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et son Protocole facultatif.  Mme Lynch a aussi appuyé les mesures clefs du Programme d’action, adopté par la Conférence internationale sur la population et le développement au Caire, en 1994.  L’égalité entre les sexes ne peut se réaliser tant que les droits à la santé reproductive ne sont pas garantis, a-t-elle souligné.  L’Union européenne examine tous les deux ans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.  En 2012, elle avait examiné la violence contre les femmes en mettant l’accent sur les services de soutien.  Tout en notant les améliorations, le rapport établi sur cette question a conclu que les États membres de l’Union européenne devraient accélérer les efforts pour développer des services spécialisés de soutien et ainsi que des programmes spécifiques.


La Ministre a ensuite rappelé qu’il incombait aux États d’assurer la protection des droits des femmes, avant de rendre hommage à tous les acteurs qui interviennent dans ce domaine.  Cette protection passe notamment par une meilleure formation des fonctionnaires, a-t-elle indiqué.  L’Union européenne œuvre également en faveur de la promotion du rôle des femmes dans la paix et la sécurité.  La lutte contre la violence sexuelle et pour l’élimination de l’impunité demeure une de nos grandes priorités, a-t-elle ajouté.  Mme Lynch a indiqué qu’ONU-Femmes et l’Union européenne avaient signé un accord de coopération en 2012 pour renforcer la lutte dans plusieurs de ces domaines.  Elle a appelé tous les gouvernements à promouvoir l’égalité des sexes et à lutter contre la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Elle a aussi souligné qu’il était important de s’attaquer aux causes profondes de l’inégalité entre les hommes et les femmes.  Les hommes et les garçons doivent jouer un rôle actif dans cette lutte, a-t-elle ajouté.  La Ministre a ensuite mentionné les stratégies complètes adoptées par les 27 États membres de l’Union européenne pour lutter contre la violence à l’encontre des femmes.  Avant de conclure, Mme Lynch a salué la contribution précieuse des organisations non gouvernementales dans ce domaine et indiqué que l’Union européenne appuyait financièrement la réalisation de 200 projets dans différentes régions du monde.


Mme JENNIFER INGRID MARIE WEBSTER, Ministre des services sociaux et de la sécurité sociale du Guyana, s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a considéré que le thème de cette session était hautement prioritaire dans la région des Caraïbes.  « Les femmes apportent en effet une contribution importante au développement socioéconomique et politique, ainsi qu’à la stabilité de la région des Caraïbes », a-t-elle expliqué.  Réaffirmant l’engagement de longue date des États de la CARICOM en faveur des engagements pris lors de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, ainsi qu’en faveur de la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la CARICOM estime toutefois qu’il est nécessaire d’enregistrer davantage de progrès en faveur des femmes et des jeunes filles.  « Les estimations selon lesquelles 7 femmes sur 10 connaissent des violences dans leur vie montrent tristement que la mise en œuvre des mesures adoptées demeure insuffisante », a-t-elle constaté, en plaidant pour une accélération de la mise en œuvre de cadres juridiques complets afin de lutter efficacement contre ces souffrances.


Mme Webster s’est ensuite dite particulièrement préoccupée par la violence conjugale et a estimé que celle-ci exigeait des stratégies complètes et à tous les niveaux.  Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité de lutter efficacement contre la traite des femmes et des filles, en notant que, dans la région des Caraïbes, les acteurs de cette traite ciblaient les filles sur Internet.  « La lutte contre ce fléau va nécessiter des efforts importants, ainsi que des connaissances et des données adéquates », a-t-elle affirmé, en mettant en évidence le manque de ressources dont dispose sa région pour effectuer des recherches sur cette problématique.


Elle a ensuite insisté sur l’inclusion des hommes et des garçons dans les stratégies qui visent à mettre à mal les stéréotypes et la discrimination, en citant différentes mesures prises à cet égard au niveau régional.  Elle a notamment expliqué que le 8 mars 2012, date de la Journée internationale de la femme, la CARICOM avait lancé plusieurs campagnes destinées à lutter contre la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Cette campagne avait été développée en collaboration avec une quinzaine d’artistes de la région des Caraïbes.  Au niveau national, diverses campagnes avaient été lancées pour lutter contre les violences basées sur le sexe, a-t-elle indiqué, en remerciant ONU-Femmes pour le soutien apporté à leur mise en œuvre.


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay), s’exprimant au nom des États du Marché commun du Sud (MERCOSUR) et des États associés, a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de l’application des obligations de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la Convention interaméricaine sur la question, ainsi que des Programmes d’action adoptés au Caire et à Beijing.  L’égalité entre les hommes et les femmes ainsi que l’autonomisation des femmes sont des aspects centraux du développement des sociétés, a-t-il noté.  Le Ministre a encouragé la participation des femmes à tous les niveaux de la société, en assurant que le MERCOSUR continuait à travailler dans ce sens.  Il a illustré cette affirmation en rappelant que des femmes avaient été élues à la présidence en Argentine, au Brésil et au Chili.


Le MERCOSUR est très préoccupé par la situation des femmes migrantes et par l’accès des femmes aux services de santé, notamment la santé sexuelle et génésique.  Le représentant a aussi plaidé en faveur de l’élimination des obstacles que rencontrent les femmes sur le marché du travail.  Il a salué le thème prioritaire de la session de la Commission et s’est félicité de la campagne lancée par le Secrétaire général sur cette question intitulée « Unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ».  La Déclaration de Beijing identifie la violence contre les femmes au titre d’une des 12 sources de préoccupation, a rappelé M. Cancela.  Il a cité les questions les plus préoccupantes dans ce domaine, comme la traite des femmes ou la féminisation de la pauvreté et du VIH/sida.  « La violence contre les femmes est la facette la plus cruelle de la discrimination contre les femmes et les filles », a-t-il dit, avant d’inviter à mettre en œuvre des actions concrètes en vue de prévenir et de mettre fin à ce fléau, comme les États du MERCOSUR s’y sont engagés.


Mme MAUREEN CLARKE, Ministre de la condition de la femmes du Costa Rica et Présidente du Conseil des ministres de la femme d’Amérique centrale, s’exprimant au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), a indiqué que sa délégation privilégiait l’adoption d’une stratégie durable en matière de parité dont l’objectif ultime, a-t-elle précisé, est de garantir le bien-être et de consolider la démocratisation dans la région.  Elle a indiqué que le plan stratégique 2009-2013 de la SICA mettait l’accent sur l’autonomisation économique des femmes, leur participation politique ainsi que sur le renforcement de l’institutionnalisation des politiques du genre.  Mme Clarke s’est également félicitée du fait que la région d’Amérique centrale avait été « pionnière » pour l’élaboration de politiques visant à éliminer la violence faite aux femmes, à commencer par l’adoption, en 1994, de la Convention de Belém do Pará.


Malgré les grands progrès réalisés sur le plan régional, a fait remarquer la Ministre, des défis notables persistent, notamment les cas de meurtre de femmes, de violence domestique ou encore de traite des êtres humains.  Elle a fait observer que les femmes autochtones étaient particulièrement vulnérables.  Elle a également dénoncé l’impunité des auteurs de ces actes et souligné l’importance de renforcer le cadre juridique en vigueur au niveau national pour y mettre fin.  Pour Mme Clarke, les mesures préventives en matière de violence à l’encontre des femmes et des filles doivent mettre l’accent sur la participation des femmes à la vie publique et politique, l’accès gratuit à l’éducation, aux services de santé, une bonne alimentation ainsi que l’accès à la science et la technologie.  Il importe également d’éradiquer les modèles sociaux stéréotypés, a-t-elle ajouté.


M. RODOLFO REYES (Cuba), intervenant au nom de la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé l’importance pour les États de respecter leurs obligations internationales en matière de lutte contre les discriminations à l’encontre des femmes et, en particulier, contre la violence dont elles sont victimes.  L’autonomisation de la femme est importante pour le développement et la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il rappelé.  Pour parvenir à une véritable démocratie, il faudrait assurer au préalable l’égalité entre les hommes et les femmes, a souligné le représentant.  Les femmes doivent, a-t-il dit, accéder à des postes de décision aux niveaux les plus élevés.  Le représentant a assuré que les États membres de la CELAC avaient pris des initiatives nationales pour promouvoir l’autonomisation de la femme, tout en continuant d’adopter des lois dans ce domaine.  Il a aussi salué les travaux d’ONU-Femmes et les mesures prises par l’entité pour garantir son bon fonctionnement.


M. Reyes a noté qu’il restait encore beaucoup à faire dans ce domaine, comme la lutte contre la féminisation de la pauvreté et les maladies non transmissibles dont les femmes sont atteintes.  Il a également cité les problèmes particuliers des femmes handicapées, des femmes autochtones et des femmes migrantes.  Il faudrait aussi éliminer les obstacles que rencontrent les femmes dans l’accès à la santé sexuelle et génésique.  Le représentant a plaidé en outre pour un partage équitable des tâches domestiques et pour un meilleur accès des femmes au marché du travail.  Il a parlé du Consensus de Brasilia, adopté en 2010, qui constitue, a-t-il dit, un bon point de départ en matière de droits des femmes.  Ce texte prône l’autonomisation économique des femmes, leur participation au processus politique et l’élimination de toutes les formes de violence à leur égard.  M. Reyes a souhaité aussi que l’accent soit mis sur la prévention et sur la réparation pour les femmes qui sont reconnues victimes par la justice. 


Le représentant a aussi parlé de la Conférence sur la prévention et l’élimination de la violence à l’encontre des femmes, qui s’est déroulée à El Salvador, en février dernier.  Il a souligné que les pays de la région avaient été les premiers à élaborer des instruments régionaux pour permettre aux femmes de jouir de leurs droits.  Il faudrait, a-t-il estimé, renforcer l’accès des femmes aux services d’éducation et de santé ainsi qu’à l’emploi.  De même, il faudrait lutter contre les causes structurelles de l’inégalité économique, notamment pour les femmes rurales.  Les questions relatives à la situation des femmes devraient être intégrées au programme de développement pour l’après-2015, a-t-il souhaité en conclusion.


Mme LINDA AMALIA SARI, Ministre de l’autonomisation des femmes et de la protection de l’enfant de l’Indonésie, s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a rappelé que malgré des progrès enregistrés en faveur de la promotion des droits des femmes, un grand nombre d’entre elles continuaient de subir chaque jour la violence au sein de leur foyer ou sur un lieu public.  À cet égard, elle a rappelé le ferme engagement des États membres de l’ASEAN.  C’est un engagement, a-t-elle dit, qui a démarré en 1975 avec l’organisation de la Conférence des femmes dirigeantes de l’ASEAN et qui a, une nouvelle fois, été réaffirmé, en 2009, lors de la formation de la Commission de l’ASEAN sur la promotion et la protection des femmes et des enfants.  L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est soutient la mise en œuvre de politiques et de programmes au niveau national, qui s’inscrit, a précisé la Ministre, dans une démarche intégrée et holistique visant à renforcer la promotion de l’égalité des sexes et la lutte contre les violences à l’encontre des femmes telle que définie dans la Déclaration pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes, adoptée par l’ASEAN en 2004.


Parmi les différents efforts mis en œuvre par les pays de l’ASEAN, la Ministre a souligné quatre domaines d’action: fournir des services aux victimes des actes de violence; formuler des réponses et prendre des mesures à l’encontre des auteurs de ces actes; comprendre les causes profondes et la nature de cette violence; et encourager un changement sociétal, ainsi qu’un changement de comportement.  La Ministre a affirmé que les pays de l’ASEAN étaient déterminés à préparer une feuille de route claire afin d’atteindre l’objectif de « zéro contamination, zéro discrimination et zéro décès lié au VIH/sida » tel qu’adopté lors du dix-neuvième Sommet de Bali, en novembre 2011.  Avant de conclure, Mme Sari a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre la pauvreté.  Elle a fait remarquer que la pauvreté aggravait les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes.


Mme AJARATOU ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente de la Gambie, a indiqué que son gouvernement ne disposait pas de données précises en matière de violence faite aux femmes, essentiellement en raison du fait que les actes de violence dont sont victimes les femmes sont rarement dénoncés.  Elle a également rapporté qu’une étude récente avait révélé que 52,4% des femmes acceptent et expliquent la violence de leur partenaire « par le fait qu’elles négligent l’éducation de leurs enfants ».  Consciente des conséquences négatives de la violence faite aux femmes, la Gambie a créé des cadres politique et juridique pour assurer la protection des droits des femmes et des filles.  Des lois ont notamment été promulguées pour combattre les actes de discrimination et de violence domestique et pour réprimer « les délits touristiques ».  Un cadre institutionnel approprié a également été mis sur pied, dont la création du Conseil national des femmes et de la Fédération des femmes de la Gambie, a indiqué la Vice-Présidente.  La Gambie fait néanmoins face à de nombreux défis, liés au manque de ressources et aux contraintes socioéconomiques qui sont, a-t-elle reconnu, contraires au bien-être des femmes et des filles.  Mme Njie-Saidy a appelé les partenaires pour le développement de la Gambie à continuer d’appuyer les efforts déployés par le Gouvernement pour combattre la violence faite aux femmes et aux filles.


Mme JOËLLE MILQUET, Vice-Premier Ministre et Ministre de l’intérieur et d’égalité des chances de la Belgique, a affirmé que la violence à l’égard des femmes était « un des plus grands échecs de nos sociétés ».  Pour la combattre, il faudrait, a-t-elle souligné, une fermeté renouvelée, des méthodes renforcées, une unité d’action nouvelle, des discours de dénonciation et des initiatives de prévention et de répression plus fortes.  Pour Mme Milquet, la violence à l’égard des femmes est « l’autre urgence planétaire » qui doit « désormais être imposée avec un nouveau volontarisme à l’agenda de la gouvernance mondiale ».  Elle a estimé que la lutte contre cette violence devrait se faire « idéalement » au niveau national selon une approche globale, coordonnée et multisectorielle via un plan d’action national transversal impliquant notamment tous les niveaux de pouvoirs de l’État.  La Vice-Premier Ministre a indiqué que la Belgique avait élaboré un plan d’action national pluriannuel associant l’État fédéral, les communautés et les régions en coopération avec la société civile.  Elle a précisé que ce plan comporte 120 mesures allant de l’éducation des enfants et la sensibilisation du grand public, à l’intensification des mesures de répression en passant par la question des mariages forcés, des violences liées à l’honneur et des mutilations génitales féminines, entre autres.


Mme Milquet a ensuite exhorté les États Membres à imposer la lutte contre la violence à l’égard des femmes comme une priorité « claire et contraignante » de leurs politiques étrangères et de coopération.  Elle a également appelé les responsables politiques à se mobiliser de manière plus organisée et ferme avec l’aide de la Commission de la condition de la femme pour dénoncer et condamner les « situations inacceptables » que connaissent de nombreux pays où les femmes, a-t-elle dénoncé, sont « violées, battues, tuées, niées, lapidées, insultées, discriminées, traitées comme des esclaves, utilisées comme des armes de guerre ou comme objet de trafic ou objets sexuels ».  La Vice-Premier Ministre a également estimé que « Beijing+20 » doit être un moment clef pour contrer les régressions générales des droits des femmes de ces dernières années et a appelé les délégations à en faire un « moment majeur de politique mondiale ».


Mme PAKINAM ELSHARKAWY, Vice-Premier Ministre et Assistante spéciale du Président de l’Égypte chargée des affaires politiques, a relevé que la femme égyptienne avait été et restait très présente dans la révolution égyptienne.  Elle est aussi active dans le processus de démocratisation, l’édification des institutions et la création de partis, a-t-elle assuré.  L’Égypte postrévolutionnaire s’engage à protéger les acquis des femmes tout au long de son histoire, a assuré la Vice-Premier Ministre.  Toute forme de discrimination à l’égard des femmes est interdite en Égypte aux termes de la Constitution de 2012, a-t-elle indiqué.  Le nouveau cadre mis en place a permis aux femmes de se libérer de toute tutelle politique, leur permettant de mieux participer à la vie culturelle.  Elle s’est félicitée de la présence du Bureau d’ONU-Femmes au Caire.  L’Égypte accueille aussi le siège de l’Organisation de la femme arabe et a accepté d’accueillir les bureaux de la femme établis par l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et le Mouvement des pays non alignés.


Dans les stratégies nationales de lutte contre la discrimination et la violence aux femmes, la Vice-Premier Ministre a demandé de tenir compte de la famille qui est le principal pilier de la lutte contre la violence.  Elle a aussi prôné un équilibre entre les valeurs mondiales de la société et les spécificités culturelles des pays.  Mme Elsharkawy a espéré que les conclusions de la session de la Commission de la condition de la femme tiendraient compte de cet équilibre sans essayer d’imposer des concepts et des définitions qui ne font pas l’objet d’un accord et qui vont au-delà de l’objet de la session.  Elle a aussi insisté sur la nécessité d’apporter un soutien aux femmes palestiniennes afin de leur permettre de vivre une vie décente.


Table ronde A: « Élimination et prévention de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles »


Cette première table ronde de haut niveau a été l’occasion pour les délégations de partager leurs expériences et bonnes pratiques, mais également les défis qu’elles rencontrent pour enrayer le fléau de la violence faite aux femmes.  Elles se sont notamment interrogées sur le meilleur moyen de mobiliser les hommes pour y mettre un terme, de réduire la vulnérabilité des femmes et des fillettes, de mettre fin à la stigmatisation des victimes et de lutter contre l’impunité dont bénéficient les auteurs.


Dans ses remarques liminaires, Mme MARJON V. KAMARA (Libéria) Présidente de la Commission de la condition de la femme, a déclaré que la violence contre les femmes et les filles était une des violations flagrantes de leurs droits fondamentaux, qui, de surcroit, engendre des coûts élevés sur les plans social, économique et en matière de productivité pour les pays et, en particulier, pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Pour Mme Kamara, l’élimination de la violence faite aux femmes doit continuer d’être un élément central de l’Agenda pour le développement durable post-2015.  Elle s’est dite très préoccupée par le fait qu’en dépit des importants progrès réalisés par les gouvernements, société civile et organisations de défense des droits des femmes, les engagements pris en faveur des femmes et des filles « partout dans le monde » sont loin d’être mis en œuvre pour leur permettre de vivre une vie sans violence, abus ou discrimination.


De nombreuses délégations, à l’instar de celles de la Suisse et du Danemark, ont insisté sur la nécessité de s’intéresser davantage aux auteurs des actes de violence et de les aider à modifier leurs comportements dans l’espoir de réduire l’important taux de récidive qui est caractéristique de la violence faite aux femmes.


« C’est à l’idéologie de la supériorité masculine qui légitime la violence et l’oppression des femmes qu’il faut s’attaquer en premier lieu, avant même de se préoccuper de la question de l’autonomisation des femmes », a notamment estimé la représentante de l’Afrique du Sud.  La délégation de la Finlande a, pour sa part, parlé des « maisons pour garçons » qui ont été mises sur pied par son gouvernement dans le but de permettre aux adolescents et jeunes hommes d’envisager leur avenir sans violence.


À ce sujet, le représentant de la Belgique a indiqué que dans son pays, 72% des jeunes avaient admis être violents dans leur relations sentimentales, que ce soit sur le plan physique ou psychologique.  À l’instar de son homologue de la Norvège, la représentante de la France a insisté sur la nécessité de dispenser aux jeunes une éducation sexuelle fondée sur l’égalité.  L’éducation sexuelle se fait encore bien trop souvent à travers des films pornographiques, ce qui renvoie une image déformée des rapports entre les hommes et les femmes, a-t-elle déploré.  La représentante des Philippines a, pour sa part, mis en garde contre le risque pour les jeunes d’être influencés par les messages qui peuvent circuler sur Internet.


À son tour, la représentante de la Turquie a insisté qu’il était également important de faire changer les mentalités de certaines communautés.  Elle a par exemple fait remarquer qu’en Anatolie, 71% des femmes ne remettent jamais en cause le comportement de leur conjoint.


D’aucuns estiment en effet que l’État n’a pas à intervenir dans les cas de violence domestique en se fondant sur une interprétation erronée des textes religieux.  C’est pourquoi, il faudrait accompagner les mesures législatives de campagnes de sensibilisation, a renchéri la représentante du Bahreïn, à l’instar de son homologue du Niger.


La représentante de la Mauritanie a ensuite rappelé que la politique préventive de son gouvernement, qui cible en premier lieu l’élimination des mutilations génitales féminines (MGF), s’était soldée par des déclarations collectives d’abandon dans les régions où elles étaient pratiquées, ainsi que par l’adoption d’une fatwa qui criminalise les MGF.  Cette mesure, a-t-elle fait observer, permet ainsi de souligner que les MGF n’ont aucun fondement religieux.


La question de l’accès des femmes à la justice a également été évoquée.  La représentante de la France a notamment insisté sur la nécessité de lever les contraintes juridiques et de permettre aux juges de prendre des mesures immédiates pour assurer la sécurité´des victimes et de leurs enfants.  En France, seule une femme sur 10 dépose plainte pour violence et nombre d’entre elles les retirent par la suite « car elles se trouvent souvent dans une situation inextricable », s’est inquiétée la déléguée française.  Ce n’est pas tant la création, mais la mise en œuvre des cadres législatifs qui pose problème, a fait observer son homologue de l’Inde.


Le représentant de la Belgique a également parlé du rôle important que sont appelés à jouer les médecins qui sont en première ligne pour détecter les cas de violence domestique.  Les médecins belges sont dorénavant invités à suivre une formation spéciale chaque année et sont dispensés du secret médical lorsqu’ils sont appelés à témoigner dans des cas de violence domestique. 


L’efficacité des lignes téléphoniques d’urgence a également été mise en avant à plusieurs reprises, au cours de cette table ronde.  La représentante du Brésil a indiqué que depuis le lancement d’un tel système en 2006, trois millions d’appels avaient été enregistrés dont 2 000 appels quotidiens pour la seule ville de Brasilia.  La représentante de la République dominicaine s’est, pour sa part, félicitée que la création d’un tel réseau téléphonique avait permis de sauver la vie de 1 000 femmes dans son pays.  La France vient également d’adopter une politique de généralisation d’un téléphone de grand danger qui permettrait une intervention très rapide de la police, a assuré sa représentante.


De son côté, la représentante de l’Espagne a indiqué que son gouvernement avait conclu un pacte avec la société civile pour faire de l’élimination de la violence faite aux femmes sa priorité.  Il faut mettre fin au silence complice, et les médias ont un rôle important à jouer en la matière, a-t-elle ajouté.


Le représentant de l’Union européenne a, quant à lui, appelé les États Membres à travailler avec les ONG qui, a-t-il fait observer, ont un rôle essentiel à jouer et une connaissance intime de la situation sur le terrain.  En la matière, la représentante du Niger a indiqué que son pays avait mis en place un vaste cadre consultatif avec les ONG du pays, tandis que la représentante du Portugal a expliqué que son gouvernement avait tissé de nombreux liens avec des associations de migrants pour combattre les MGF.


La délégation portugaise a également expliqué que les agresseurs sont soumis à un système de surveillance électronique, tandis que la représentante du Brésil a fait savoir que les auteurs de violence sont tenus de rembourser l’État pour les frais encourus.


À l’instar du Kazakhstan et de la Palestine, de nombreuses délégations ont également profité de cette table ronde pour dresser la liste des différentes conventions, qui prévoient des dispositions en faveur des femmes, auxquelles elles sont parties, et ont également mis en avant les différentes lois adoptées dans l’espoir d’enrayer la violence faites aux femmes.  La notion de « fémicide » sera prochainement intégrée au cadre juridique en vigueur du pays, a notamment indiqué la délégation de la République dominicaine, tandis que la représentante de la Jamaïque a parlé de l’équipe spéciale de lutte contre la traite des êtres humains dont s’est doté son gouvernement.


Pour sa part, le représentant de la Fédération internationale de la Croix-Rouge a insisté sur la nécessité de prévenir la violence faite aux femmes suite aux catastrophes naturelles.  La représentante du Conseil de l’Europe a, de son côté, appelé les représentants à mettre en œuvre la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et la violence domestique.


Avant de clore la table ronde, la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes s’est interrogée au sujet du fait que très peu de délégations avaient évoqué l’importance d’adopter des politiques de quotas.


Table ronde B: « Élimination et prévention de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles »


Quelles initiatives faut-il mettre en place pour prévenir et lutter contre les violences à l’encontre des femmes?  Comment englober tous les secteurs de la société, en particulier les hommes?  Comment lutter contre les stéréotypes et les traditions?  Une trentaine de ministres et de responsables nationaux de programmes de lutte contre ces violences ont partagé, cet après-midi, les défis qu’ils ont pu surmonter ou ceux auxquels ils doivent faire face.


Présidant les échanges de cette seconde table ronde, M. Carlos Garcia Gonzalez (El Salvador), Vice-Président de la cinquante-septième session de la Commission de la condition de la femme, a rappelé que les violences à l’encontre des femmes constituaient l’une des violations les plus répandues des droits de l’homme à travers le monde.  Il a souligné que les sociétés payaient un lourd tribut à ces violences et a engagé les participants à attribuer les ressources nécessaires à la lutte contre ces souffrances. 


La représentante du Canada a souhaité connaître les efforts entrepris par d’autres pays en ce qui concerne la sensibilisation des hommes.  Selon une étude réalisée par une ONG canadienne dans le cadre d’une campagne contre les violences conjugales, 54% des hommes au Canada jugent essentiel de dénoncer ce type de violence et 66% estiment qu’ils peuvent faire davantage pour les combattre. 


Au Botswana, un Comité de la prévention de la violence organise des journées de sensibilisation à la violence contre les femmes, a expliqué son Ministre du travail et des affaires intérieures.  Le projet a enregistré des résultats positifs mais l’une des difficultés est d’inclure les chefs traditionnels qui jouent un rôle important dans le système judiciaire du pays, a-t-il reconnu.  Au Cameroun, le Gouvernement a établi un dialogue avec les imams du pays afin de protéger les femmes contre les mutilations génitales féminines.  L’accent est également mis sur l’influence que peuvent exercer les épouses des chefs traditionnels sur ces différentes questions, a précisé la Ministre de la promotion de la femme et de la famille. 


Dans la moitié des cas de meurtres de femmes en Italie, l’auteur des faits est le compagnon, a expliqué la Ministre de l’égalité des chances de ce pays.  Malgré l’existence d’une ligne téléphonique spéciale et de campagnes de sensibilisation, de nombreux cas de violence ne sont pas signalés à la police.  Elle a insisté sur la nécessité d’avoir une meilleure connaissance du phénomène.  Le Luxembourg aussi a mis en images une campagne sur le thème: « La violence nuit à toute la famille », a expliqué sa Ministre de l’égalité des chances.  Dans ce pays, une étude nationale est en cours pour mieux connaître les raisons qui poussent les hommes à utiliser la violence contre leur compagne.  La Ministre a assuré qu’elle se rendait régulièrement dans les lycées pour expliquer aux jeunes gens qu’ils ont l’obligation de signaler les violences domestiques dans leur entourage. 


La Ministre des femmes de la Nouvelle-Zélande a fait part d’un programme important qui empêche, dans son pays, les auteurs de violences à l’encontre de femmes d’entrer en contact avec leurs victimes lorsqu’ils sont libérés.


Plusieurs intervenants ont ensuite mis l’accent sur la mobilisation d’autres acteurs.  En Australie, le plan national de lutte contre les violences a été élaboré en étroite consultation avec les organisations de la société civile.  En Angola, le Gouvernement a collaboré avec l’association des avocates pour fournir un accompagnement pro deo aux victimes.


De son côté, la Ministre de la femme, des enfants et des jeunes de l’Éthiopie a présenté différentes initiatives de formation au traitement de ces violences au sein de la police, tandis que le Zimbabwe a insisté sur la nécessité d’expliquer les dispositions de la législation nationale en la matière dans les communautés rurales.  Le rôle des chefs traditionnels et des enseignants pour prévenir et combattre la violence a aussi été souligné par la Ministre chargée de la prévention de la violence conjugale de la Géorgie.  Elle a, en outre, insisté sur la nécessité de prévoir des programmes d’insertion pour les auteurs de violences.


La Ministre du développement social du Panama a insisté sur l’implication des femmes journalistes car les médias, a-t-elle dit, perpétuent une image traditionnelle de la femme.  Le Mozambique a abondé dans ce sens, en insistant aussi sur la participation des communautés religieuses.


Parmi les défis à surmonter, la Ministre de l’égalité des chances de la Pologne a parlé des nombreux mythes qui persistent dans l’esprit des hommes.  « Une femme qui fait carrière, par exemple, ne prend pas soin de sa famille », a-t-elle dit.  C’est la raison pour laquelle la Pologne a également axé sa politique sur des initiatives permettant de concilier vie familiale et vie professionnelle.  « Seule une autonomisation des femmes permettra de vider les centres d’accueil pour les victimes de violences », a-t-elle insisté.


La Présidente du Conseil national des femmes de l’Égypte a rappelé que son pays avait besoin d’un appui international car il est confronté à des difficultés de taille du fait de la révolution.  L’Égypte a créé 32 cellules chargées de l’égalité entre les hommes et les femmes au sein des différents ministères mais, malgré tout, les idées fondamentalistes continuent d’avoir un impact sur la population, a-t-elle dit.


Détaillant différents projets mis en place en Grèce, la Ministre de la promotion de la femme a considéré que la période de crise que traverse le pays risquait de mettre en péril les efforts enregistrés jusqu’ici.


La Ministre des femmes du Maroc a tenu à souligner la nécessité de préserver les traditions de chaque culture.  Ce fut aussi l’avis de son homologue du Bangladesh.  Celui-ci a fait remarquer que les pratiques traditionnelles demeuraient un obstacle omniprésent dans son pays, citant à titre d’exemple les nombreux cas de mariages précoces.


La responsable du Centre pour la femme et les familles de la République islamique d’Iran a fait part de plusieurs succès dans la lutte contre les violences, notamment la création d’un fonds en faveur des victimes et celle d’une ligne téléphonique en cas d’urgence.


La Ministre des femmes du Mexique a insisté sur la protection dont doivent bénéficier les femmes lorsqu’elles dénoncent les crimes de violence.  Face aux nombreux cas de viols, de disparitions et meurtres de femmes que connaît le Mexique, le Gouvernement mexicain a pris des mesures spéciales pour enquêter sur ces crimes.


Les représentants du Chili et de la Bolivie ont ensuite tous les deux insisté sur la participation des femmes aux processus décisionnels, en se félicitant des avancées enregistrées par leurs pays en ces matières.


Des responsables chargés des questions de la condition des femmes ou de l’égalité des chances du Qatar, de la Fédération de Russie, de l’Indonésie, du Costa Rica, de la Zambie, de l’Argentine, du Cambodge, de l’Estonie, de la Thaïlande, du Bélarus, de l’Équateur, du Japon, ainsi qu’une responsable de l’Organisation internationale du Travail (OIT), ont également présenté plusieurs initiatives au cours des échanges.


Avant la clôture de cette table ronde de haut niveau, une responsable de l’association « Women’s Aid Organization » de la Malaisie a estimé qu’il faudrait parvenir à l’égalité entre les hommes et les femmes et tourner la page du patriarcat.  « Il est capital de savoir qu’en tant que femme je peux me rendre dans un commissariat et que l’auteur des violences sera poursuivi », a-t-elle dit.  La Malaisie, a-t-elle dit, a connu une augmentation de 200% des dénonciations à la suite de la promulgation d’une loi ciblant ce type de violences.  Une responsable du Fonds des Nations Unies pour la population a, quant à elle, tenu à souligner que la violence faite aux femmes n’était pas un problème de tradition ou de culture mais une question de souffrance pour ces femmes et de respect de leur dignité humaine.


Composition du Bureau


Le Bureau de la Commission de la condition de la femme étant élu pour un cycle de deux ans, ses quatre vice-présidents sont les mêmes que lors de la précédente session.  Il s’agit de Mme Ana Marie Hernando (Philippines), Mme Irina Velichko (Bélarus), M. Carlos García González (El Salvador) et M.Filippo Cinti (Italie), ce dernier assurant aussi les fonctions de Rapporteur.


Documentation


-          Ordre du jour provisoire et projet d’organisation des travaux de la cinquante-septième session (E/CN.6/2013/1 et E/CN.6/2013/1/Add.1)

-          Rapport de la Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) sur les aspects normatifs de l’activité d’ONU-Femmes (E/CN.6/2013/2)

-          Rapport du Secrétaire général sur les services et mesures multisectoriels en faveur des femmes et des filles qui doivent faire face à la violence (E/CN.6/2013/3)

-          Rapport du Secrétaire général sur la Prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles (E/CN.6/2013/4)

-          Note du Secrétariat intitulée « Guide de discussion pour la table ronde de haut niveau portant sur l’élimination et la prévention de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles » (E/CN.6/2013/5)

-          Rapport du Secrétaire général sur la situation des Palestiniennes et aide à leur apporter (E/CN.6/2013/6)

-          Rapport du Secrétaire général sur les propositions de thèmes prioritaires pour les prochaines sessions de la Commission de la condition de la femme (E/CN.6/2013/7)

-          Note du Secrétaire général intitulée « Rapport de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sur les activités du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de la lutte contre la violence à l’égard des femmes » (E/CN.6/2013/8–A/HRC/23/17)

-          Lettre datée du 29 novembre 2012 adressée à la Présidente de la Commission de la condition de la femme par le Président du Conseil économique et social (E/CN.6/2013/9)

-          Note du Secrétariat intitulée « La science, la technologie et l’innovation, ainsi que les perspectives ouvertes par la culture, au service de la promotion du développement durable et de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement » (E/CN.6/2013/10)


Sites Internet


Le site de la cinquante-septième session de la Commission de la condition de la femme est le suivant: http://www.un.org/womenwatch/daw/csw/csw57/documentation.htm.


Les résumés des tables rondes seront disponibles sur le site d’ONU-Femmes à l’adresse suivante: http://www.unwomen.org/fr/.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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