Conférence de presse de Sheila B. Keetharuth, Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l’homme en Érythrée
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE SHEILA B. KEETHARUTH, RAPPORTEURE SPÉCIALE SUR
LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME EN ÉRYTHRÉE
La Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l’homme en Érythrée, Mme Sheila B. Keetharuth, a présenté aujourd’hui au cours d’une conférence de presse au Siège de l’ONU à New York, les conclusions de son premier rapport sur la situation des droits de l’homme dans ce pays. Ce rapport repose sur ses observations et les informations recueillies auprès de diverses sources, y compris les réfugiés érythréens interrogés lors des missions dans les pays voisins.
En effet, n’ayant pas accès au pays depuis son entrée en fonctions en octobre 2012, Mme Keetharuth a tenu à réitérer son appel au Gouvernement de l’Érythrée pour lui permettre de se rendre sur place afin qu’elle puisse remplir son mandat. « Cela permettra d’établir un dialogue franc et ouvert sur la situation des droits de l’homme avec les autorités », a-t-elle plaidé. Elle a toutefois affirmé maintenir un dialogue continu avec des diplomates érythréens, dont le dernier s’est déroulé hier au Siège de l’ONU, à New York, sur la situation des droits de l’homme.
Ce dialogue devrait porter sur l’état de droit, le droit à des procès équitables, l’indépendance de la presse, la liberté d’opinion, de religion et d’association, le respect des droits de l’homme par le Gouvernement et la lutte contre l’impunité, a-t-elle énuméré.
S’agissant de la situation des droits de l’homme, les préoccupations de Mme Keetharuth portent sur le problème posé par le changement de la durée du service national qui est passée de 18 mois à un « service national sans limite de temps ». Cette « conscription à durée indéterminée » touche tous les jeunes érythréens de 18 ans et plus, a-t-elle précisé. Dans la foulée, elle a dénoncé la « militarisation excessive » du pays, une politique qui dérive de la situation de « Ni guerre, ni paix » actuellement en cours en Érythrée. Cette politique a pour conséquence de détruire le tissu social, et plus particulièrement la famille, s’est alarmée la Rapporteure spéciale. Le « service national sans limite de temps » prive les femmes et les hommes de leurs années les plus productives tandis qu’un appareil coercitif est en place pour conserver la conscription, générant par conséquent une atmosphère de peur et de méfiance, a-t-elle déploré.
Elle a également dénoncé le problème des détentions prolongées et des arrestations arbitraires, qui semblent être la norme, non l’exception, a dit Mme Keetharuth, expliquant que la détention au secret semblait être utilisée en Érythrée comme une technique pour obtenir des informations ou comme une punition. Elle a noté, toujours à ce propos, que les détenus étaient particulièrement vulnérables aux abus dans des circonstances où la protection et les procédures, y compris l’accès aux membres de la famille, aux médecins, aux avocats et aux juges, font défaut.
C’est la combinaison de ces situations qui fait fuir les Érythréens de leur pays, a estimé Mme Keetharuth. « En dépit de la tactique de tirer pour tuer, ciblant ceux qui tentent de s’enfuir, des milliers d’Érythréens ont fui leur pays au cours de la dernière décennie », a-t-elle indiqué. L’an dernier, 305 723 personnes ont quitté l’Érythrée et actuellement, entre 2 000 à 3 000 Érythréens par mois partent, dont un grand nombre d’enfants non accompagnés.
Elle s’est également dite attristée du récent naufrage de deux bateaux au large des côtes italiennes et maltaises faisant 350 victimes dont de nombreux Érythréens. Selon elle, la situation alarmante des droits de l’homme en Érythrée a été le déclenchement d’un flux constant de réfugiés vers les pays voisins et au-delà. Ces violations des droits de l’homme vont des cas d’exécutions extrajudiciaires aux disparitions forcées et de détentions au secret, en passant par des arrestations et détentions arbitraires, la torture, des conditions carcérales brutales, le service national sans limite de temps, et l’absence de liberté d’expression, d’opinion, de réunion, d’associations et de croyance religieuse, a-t-elle indiqué.
Dans ces conditions, la Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l’homme en Érythrée a réitéré son appel à la communauté internationale de suivre de près la situation des droits de l’homme dans ce pays pour protéger les réfugiés érythréens, en particulier les nombreux enfants non accompagnés, lors de leur périlleuse recherche de la sécurité.
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