En cours au Siège de l'ONU

Conférence de presse

Conférence de presse sur la publication du premier rapport sur les enfants et le conflit armé au Mali

19/6/2013
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LA PUBLICATION DU PREMIER RAPPORT

SUR LES ENFANTS ET LE CONFLIT ARMÉ AU MALI


Des centaines d’enfants voire beaucoup plus ont été recrutés au Mali dans les rangs d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), d’Ansar Dine, du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA).


C’est ce qu’affirme « Où sont-ils? La situation des enfants dans le conflit armé au Mali », le rapport* du réseau d’ONG « Watchlist on Children and Armed Conflict » qui a été présenté aujourd’hui à la presse, au Siège de l’ONU à New York.  « Des garçons de 7 ans aux uniformes pendouillants sont si petits et frêles qu’ils doivent traîner derrière eux des fusils trop lourds à porter », a constaté Mme Layal Sarrouh, chercheuse à « Watchlist » et auteure du rapport, qui a reconnu la difficulté d’évaluer l’ampleur du phénomène en raison d’un manque de données précises.


« Où sont-ils? La situation des enfants dans le conflit armé au Mali » est le tout premier rapport sur les enfants et le conflit qui a éclaté au Mali, en janvier 2012.  Il recense de nombreux cas d’enrôlement d’enfants, de meurtres, de mutilations, de viols et autres violences sexuelles, sans compter les attaques contre les établissements scolaires.


« Le Mali avait atteint l’Objectif du Millénaire pour le développement relatif à l’éducation, il y a six ans déjà, et maintenant tous les efforts sont annihilés »**, a déploré l’auteure du rapport, qui intervenait aux côtés du représentant de l’Union européenne et d’un des membres de l’ONG « World Vision International ».


Comme c’est le 1er juillet 2013 que doit commencer la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), autorisée par la résolution 2100 (2013) du Conseil de sécurité, le rapport de « Watchlist » lui demande de rectifier le tir car à ce stade une seule personne est prévue pour la protection de l’enfant.


Le rapport fait des recommandations à neuf autres groupes d’acteurs dont le Gouvernement malien, le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale (CPI).  Au Secrétaire général de l’ONU, il recommande d’inscrire Ansar Dine, AQMI, le MUJAO et le MNLA sur la « Liste de la honte »*** et d’exclure les troupes tchadiennes de la Mission de l’ONU tant que le Tchad n’aura pas finalisé son plan d’action relatif aux enfants dans les conflits armés.  Les troupes tchadiennes combattent au Mali depuis la mi-janvier 2013.


Mme Layal Sarrouh a insisté sur la « nécessité absolue » de bien former les troupes de la Mission de l’ONU et d’établir dès maintenant des procédures opérationnelles permanentes traitant de la situation des enfants dans le conflit. 


« Pour l’instant, a-t-elle enchainé, l’Union européenne consacre une heure de temps par bataillon à la question des enfants en situation de conflit armé.  C’est un pas dans la bonne direction, mais il faut beaucoup plus permettre aux troupes de réellement s’acquitter de leur rôle. »


Mais la responsabilité ne devrait pas seulement reposer sur les épaules de la communauté internationale, les autorités maliennes doivent faire leur part, a estimé M. Ioannis Vrailas, de l’Union européenne, principale donatrice humanitaire au Mali.


Outre ses programmes de formation aux droits de l’homme, l’Union européenne, a-t-il indiqué, s’est engagée à financer des spécialistes des droits de l’homme de l’Union africaine et de la société civile.  Elle a également signé un accord sur un projet de deux ans avec la Fédération internationale des droits de l’homme et l’Association malienne des droits de l’homme.


L’auteure du rapport a prévenu que la question de l’endoctrinement est un défi de taille pour la réintégration des enfants soldats au sein de leurs familles et communautés.  De nombreuses familles racontent déjà que plusieurs enfants rapatriés considèrent la musique comme un interdit et croit que tuer un non-musulman est un visa pour le paradis.


« Quelle sera la place de tous ces enfants dans la société malienne? », voilà la question fondamentale à laquelle il faut répondre pour assurer la stabilité du Mali, a averti l’auteure du rapport qui a tenu à souligner que dans ce conflit, les fillettes ne sont pas épargnées, contraintes qu’elles sont de se marier avec des hommes beaucoup plus âgés et de porter leurs enfants, à un âge précoce.


L’auteure du rapport a pointé du doigt le faible niveau des financements.  Le 15 mai dernier, l’Union européenne s’est engagée à verser 520 millions des 3,35 milliards d’euros promis pour financer le développement du Mali.


*     « Watchlist on Children and Armed Conflic » est un réseau d’ONG internationales qui collectent et diffusent des informations sur les violations commises contre les enfants et en saisit le Conseil de sécurité.


**    L’OMD no 2 vise à l’accès universel à l’éducation primaire d’ici à 2015.


***   La « Liste de la honte », qui figure en annexe du rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, recense toutes les parties à un conflit accusées de recruter des enfants soldats et de commettre d’autres violations des droits de l’homme à leur encontre.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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