Conférence de presse du Président de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremic
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, M. VUK JEREMIĆ
Au cours d’une conférence de presse donnée cet après-midi au Siège de l’ONU, le Président de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremić, de la Serbie, a présenté le programme de travail de l’Assemblée générale pour les prochains mois et dressé le bilan de ses dernières réunions, fournissant notamment de longues explications sur la controverse qui a entouré le débat sur la justice pénale internationale, tenu le 10 avril. Il a assuré qu’il n’y avait eu aucun parti pris de sa part dans l’organisation de ce débat de haut niveau.
Parmi les réunions marquantes de ces dernières semaines, le Président de l’Assemblée a parlé de l’avancée décisive que constitue l’adoption par l’Assemblée générale du Traité sur le commerce des armes. Par ailleurs, l’Assemblée travaille beaucoup sur le programme de développement post-2015, qui est sa tâche la plus importante à l’heure actuelle et pour les 1 000 prochains jours, a estimé M. Jeremić qui a participé à la première session du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, qui a eu lieu à Bali, en Indonésie, les 14 et 15 mars derniers. La délégation de l’Indonésie fera rapport à l’Assemblée générale de ces travaux au mois de mai, a-t-il ajouté.
Le Président a en outre indiqué qu’il a nommé deux facilitateurs, les représentants de la Norvège et du Kazakhstan, pour assister le groupe de trois experts chargés d’élaborer une stratégie sur le financement du développement durable. Deux autres délégations d’États Membres, le Brésil et l’Italie, travaillent sur le forum de haut niveau qui remplacera la Commission du développement durable. M. Jeremić a aussi indiqué que l’Irlande et l’Afrique du Sud préparaient une manifestation sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui sera la dernière de ce type avant 2015.
M. Jeremić a ensuite parlé des débats thématiques organisés dans le cadre de l’Assemblée générale, après avoir rappelé qu’il lui appartenait de choisir les thèmes de ces réunions. Le débat du 22 mars dernier a eu pour thème la coopération dans le domaine de l’eau, en même temps que se tenait un autre évènement sur cette question à La Haye et en pleine Année internationale de l’eau, a-t-il indiqué.
La semaine dernière, le 10 avril, c’est le « rôle de la justice pénale internationale dans la réconciliation » qui a été le thème d’un débat thématique organisé à l’Assemblée générale. C’était la première fois que ce format de réunion plénière thématique était utilisé pour discuter de ce sujet, a précisé M. Jeremić. En outre, cela a été le plus grand évènement jamais organisé sur cette question en termes de participation, a-t-il ajouté, indiquant que 82 États Membres s’y étaient inscrits.
« Environ 10 ans après l’entrée en vigueur de la Cour pénale internationale (CPI), j’ai pensé que le moment était venu d’examiner le système de justice pénale internationale et d’en tirer des enseignements », a poursuivi le Président de l’Assemblée, afin de s’assurer que ce système serait perfectionné à l’avenir. M. Jeremić a reconnu que le fait de débattre de cette question en plénière avait mis à mal certains pays ou personnes. Il ne doit cependant pas y avoir de sujet tabou, en particulier à l’Assemblée générale où tous les pays sont représentés de manière égale, a-t-il estimé. Il a mentionné les tentatives menées pour inciter au boycott de cette séance, tout en soulignant qu’elles n’avaient néanmoins pas empêché qu’elle soit la plus grande réunion thématique tenue sur ce sujet.
Un autre débat thématique a eu lieu, hier, sur le rôle des Nations Unies dans la gouvernance économique mondiale, a poursuivi M. Jeremić. C’est un débat qui s’est concentré sur les liens entre l’ONU et le G-20, puisque « les décisions prises par le G-20 affectent le développement socioéconomique de tous les États Membres », a-t-il dit. « Les institutions de Bretton Woods n’offrent pas la même représentativité que l’Assemblée générale », a-t-il observé. Il s’est félicité de la participation de haut niveau qu’a connue cette réunion, notamment avec les présences de M. José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, de plusieurs ministres, et de Mme Ksenia Yudaeva, Sherpa de la Fédération de Russie au G-20.
Plus tard au cours du mois d’avril se tiendra un débat thématique sur le règlement pacifique des conflits en Afrique, plus précisément sur les liens entre développement et sécurité, a ensuite annoncé M. Jeremić. Cette discussion coïncidera avec le cinquantième anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), et plusieurs ministres y participeront. « Nous n’essayons pas d’empiéter sur la compétence du Conseil de sécurité dans ce domaine », a-t-il assuré, car nous sommes orientés vers le développement.
Par ailleurs, la question des changements climatiques doit être discutée dans le cadre de l’Assemblée générale, a-t-il ensuite annoncé, même s’il existe un cadre pour les négociations sur cette question, qui est celui offert par la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques. « Il est important de discuter de ces questions aux Nations Unies », a néanmoins souligné le Président de l’Assemblée.
En juin, a annoncé M. Jeremić, aura lieu un débat sur la culture et son lien avec le développement durable, réunion à laquelle participera l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Puis, en juillet, se tiendra un débat de l’Assemblée sur l’égalité sociale, avec la participation de l’Organisation des États américains, ainsi qu’une manifestation spéciale sur l’éducation et son rôle dans le futur programme de développement post-2015, à laquelle participera l’ancien Premier Ministre britannique, M. Gordon Brown.
Après ces annonces, M. Jeremić a répondu à plusieurs questions portant sur la controverse qui a surgi à l’occasion du débat du 10 avril. Il a donné des explications détaillées, fondées sur divers documents, afin de démontrer l’absence de parti pris de sa part quant à l’organisation de cet évènement. Il a d’abord tenu à dire que c’était un « sujet d’une importance immense » pour la communauté internationale. En ce qui concerne les États Membres, ils peuvent difficilement prétendre, a-t-il estimé, que la structure du débat était biaisée, car ils ont tous le même droit de parole à l’Assemblée.
M. Jeremić a ensuite pris le soin de lire la liste des 11 experts invités officiellement à cette réunion, ainsi que la correspondance y afférente échangée avec les États Membres, des documents qu’il a dit être prêt à mettre à la disposition des journalistes si les personnes concernées sont d’accord. Les experts invités étaient les Présidents de la CPI et des Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et pour le Rwanda (TPIR), l’ancien Président du TPIY, le Directeur de Human Rights Watch, l’avocat d’un général croate poursuivi par le TPIY, la Présidente de l’Assemblée des États parties à la CPI, l’ancienne Procureure au TPIY, le Président du Center for Transitional Justice, la Secrétaire générale adjointe de l’ONU aux affaires juridiques, ainsi que le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide. Certains ont confirmé leur participation, mais d’autres ont annulé leur engagement, a relevé le Président de l’Assemblée. En ce qui concerne les deux derniers invités, il a précisé qu’il n’y avait pas de trace écrite de l’invitation à eux adressée, car tout s’est passé par échange verbal.
On s’attendait à un fort soutien de la part de ces experts vis-à-vis de la justice pénale internationale, a dit le Président qui a assuré malgré tout ne pas avoir été intimidé par les désistements. « J’ai eu le souci de garantir un équilibre des débats, mais le désistement de certains invités ne l’a pas permis. Nous avons dû travailler avec ceux qui avaient répondu positivement, car nous ne voulions pas annuler le débat », a-t-il indiqué.
Le Représentant permanent de la Jordanie a demandé à de nombreux pays de ne pas participer à ce débat, mais il n’a pas été vraiment entendu, a constaté M. Jeremić. « Je n’accepte pas les pressions destinées à me faire renoncer à un échange libre et démocratique », a-t-il dit. Il a assuré que tous les pays avaient été invités de la même façon. Deux pays ont envoyé leurs chefs d’État, la Bosnie et la Serbie, et deux autres ont envoyé des ministres, le Rwanda et la Namibie.
Le Président de l’Assemblée générale a également répondu à des questions sur le massacre de Srebrenica. Il a rappelé que le Parlement serbe avait adopté, en 2010, une résolution solennelle contenant des excuses pour les crimes commis, la Serbie ayant été le premier pays en Europe à formuler une telle demande de pardon.
M. Jeremić a voulu ensuite répondre aux accusations de la Présidente de l’Association « Les Mères de Srebrenica », faites à l’occasion de la conférence de presse organisée par les délégations du Luxembourg et de la Jordanie, le 10 avril, en marge du débat. Il a réfuté l’argument selon lequel il aurait entravé la participation des victimes des crimes dont sont saisis les tribunaux internationaux. Il a indiqué les avoir inclues dans la réunion en tant qu’invitées spéciales du Président de l’Assemblée générale. Il a en outre souligné qu’il s’agissait d’un débat entre experts en justice pénale internationale et que ces victimes ne pouvaient pas être considérées comme telles. Il a aussi fait valoir qu’il aurait été impossible de donner la parole à tous les groupes de victimes de tous les pays concernés.
Le Président a regretté un incident survenu au cours de la séance, quelqu’un ayant été prié de quitter la salle après avoir essayé d’afficher un poster, ce qui est interdit par le Règlement des Nations Unies. M. Jeremić s’est également dit personnellement très offensé par les propos de certains qui ont dit qu’il était « le prolongement de l’ancien Président serbe, Slobodan Milosevic ».
Ce débat a été annoncé dès novembre 2012, a-t-il rappelé, mais deux États Membres qui avaient confirmé leur participation longtemps à l’avance se sont finalement désistés. C’est là que les désistements ont commencé, à partir du mois de mars 2013, a-t-il rappelé. Il a aussi regretté l’absence du Président du TPIY, qui a dit ouvertement ne pas vouloir participer à la réunion. Je ne crois pas que les tribunaux internationaux puissent refuser de participer à une telle réunion organisée à l’ONU, ni d’ailleurs un Secrétaire général adjoint, a-t-il commenté.
M. Jeremić s’est aussi expliqué sur le chant entonné par une chorale serbe lors du concert donné aux Nations Unies en janvier dernier, qui est un chant de guerre de la Première Guerre mondiale, mais qui a été également chanté en 1993 lors des viols commis par des Serbes. « La Première Guerre mondiale est une période importante de l’histoire serbe, au cours de laquelle un quart des hommes serbes ont péri », a-t-il expliqué. « Ce chant symbolise notre sacrifice pour la liberté! », a souligné M. Jeremić.
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