Les victimes de crimes contre l’humanité doivent être entendues lors des débats sur la justice internationale, estiment les représentants de la Jordanie et du Liechtenstein
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LES VICTIMES DE CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ DOIVENT ÊTRE ENTENDUES LORS DES DÉBATS SUR LA JUSTICE INTERNATIONALE,
ESTIMENT LES REPRÉSENTANTS DE LA JORDANIE ET DU LIECHTENSTEIN
« La justice ne peut être servie, ni rendue que si les victimes sont au cœur de nos discussions », a déclaré ce matin le Prince Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein, Représentant permanent de la Jordanie auprès de l’ONU, dans le cadre de la conférence de presse que lui et son homologue du Liechtenstein, M. Christian Wenaweser, ont convoqué en marge du débat thématique de l’Assemblée générale intitulé: « Le rôle de la justice pénale internationale dans la réconciliation ».
Le Prince Zeid, qui est à l’origine d’un mouvement appelant les États Membres à boycotter ce débat thématique de l’Assemblée, a dit qu’il regrettait que le Président de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremić, de la Serbie, ne semble pas partager cet avis puisqu’il a refusé de donner la parole aux principales organisations représentant les victimes de génocides, crimes de guerre et crimes contre l’humanité au cours de ce débat. En dépit de la nature sensible de cette discussion, il aurait été souhaitable, a estimé le Représentant permanent de la Jordanie, que les victimes de ces crimes, dont sont saisis les tribunaux internationaux, soient invitées à participer.
Allant plus loin, M. Wenaweser a souligné que si les notes de concept présentées aux États Membres par le Président de l’Assemblée générale ne mentionnaient nulle part que ce débat allait être axé sur les « Tribunaux de guerre des Nations Unies », son intention était d’orienter les discussions dans ce sens.
« Pour nous, cette conférence de presse est un moyen pour répondre aux attentes des victimes de Srebrenica qui souhaitent s’exprimer devant l’ONU », a expliqué le Prince Zeid avant de donner la parole à Mme Munira Subasic, Présidente de l’Association « Les Mères de Srebrenica »; et à MM. Murat Tahirovic et Nikola Findrik, de l’Association des témoins et survivants du « génocide ».
Mme Munira Subasic s’est déclarée indignée par le « refus du Président de l’Assemblée générale de lui donner la parole », et du fait « qu’on lui ait demandé, dans l’enceinte des Nations Unies, d’être silencieuse ». En geste de protestation, suite à l’intervention du Président de la Serbie devant l’Assemblée générale, « qui a refusé de reconnaitre le génocide de Srebrenica », elle a déclaré qu’elle a enfilé un T-shirt portant l’inscription « La justice est lente mais elle est possible ». Ceci lui a valu d’être escortée en dehors de la salle par les gardes de sécurité, a-t-elle indiqué. « Ce matin, je me suis sentie comme en 1995: sans droits et sans pouvoir », a-t-elle répondu à un journaliste.
Pour elle, ainsi que pour les représentants de l’« Association témoins et survivants du génocide », il ne fait pas de doute que le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie ainsi que la Cour internationale de La Haye ont été essentiels dans la lutte contre l’impunité dans ce conflit. Nous souhaitons d’ailleurs que leur travail se poursuive, a dit Mme Subasic. Face à l’argument avancé par le représentant de la Serbie, qui a accusé le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie d’avoir focalisé ses travaux uniquement sur les Serbes, Mme Subasic a répondu que « personne ne pouvait nier ce qui s’était passé et que tout le monde savait que les autorités serbes en étaient responsables. D’ailleurs leur attitude d’aujourd’hui montre bien qu’elles sont toujours sur la défensive ».
Pour sa part, a-t-elle dit, elle demande simplement que justice soit faite. « Les criminels ont des noms tout comme les victimes ont des noms », a-t-elle dit avec indignation. Toutefois, a-t-elle déclaré, le monde doit savoir tirer les leçons de son histoire et il faut qu’on finisse par respecter et aimer les autres et qu’on s’éloigne de la haine. « J’ai dédié ma vie, en tant que mère et en tant que personne qui a perdu 22 membres de sa famille proche dans ce génocide, à réaliser cet objectif par l’intermédiaire de notre association, qui regroupe des mères serbes, bosniaques et croates. Toute mère qui a perdu un enfant dans un conflit ressent la même douleur et, ensemble nous devons lutter pour que cela ne se reproduise plus », a dit Mme Subasic.
Répondant à une question sur le fait que l’appel au boycott qu’il a lancé n’ait pas reçu de réponse de la part des pays arabes, le Prince Zeid Al-Hussein a précisé que la liste des ambassadeurs qu’il avait sollicités allait bien au-delà des pays arabes, et qu’il s’y était pris trop tard et n’avait peut-être pas su les convaincre du fait que ce débat thématique était motivé par quelque chose de beaucoup plus étroit que son but déclaré, à savoir, attaquer directement le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie ». Il s’est toutefois dit ravi de la décision qu’ont prise aujourd’hui même les États-Unis de se rallier à sa cause.
Pour le représentant du Liechtenstein, il devrait s’agir avant tout de reconnaitre les succès de la justice pénale internationale dans la réconciliation. Le processus peut et doit être amélioré; les procès devraient être moins longs, et tous les responsables n’ont toujours pas comparu devant la justice internationale, mais il n’en demeure pas moins que cela reste la voie à suivre pour faire justice aux victimes et lutter contre l’impunité, a estimé M. Wenaweser.
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