Conférence de presse sur le rapport d’Amnesty International sur les condamnations à mort et exécutions en 2012
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CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE RAPPORT D’AMNESTY INTERNATIONAL
SUR LES CONDAMNATIONS À MORT ET EXÉCUTIONS EN 2012
La Directrice générale chargée des questions relatives au droit international et à la stratégie politique à Amnesty International, Mme Widney Brown, a affirmé, cet après-midi devant la presse, que le rapport 2012 de l’organisation sur les condamnations à mort et exécutions confirmait une tendance générale vers l’abolition de la peine capitale dans le monde, même si des revers étaient enregistrés.
Mme Brown a indiqué, lors d’une conférence de presse conjointe au Siège de l’ONU, à New York, que seulement un pays sur 10 avait procédé à des exécutions l’an dernier. Mais, a-t-elle ajouté, le Japon, la Gambie, l’Inde et le Pakistan ont eu recours aux exécutions capitales après des périodes plus ou moins longues de moratoire.
En outre, dans certains cas récents, les exécutions capitales ont été utilisées à des fins politiques, notamment au Soudan et en Iran.
« La peine de mort est la manifestation de l’échec de la justice », a déclaré le Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, M. Gérard Araud, dont le pays parrainait cette conférence de presse.
Mme Brown a également mis l’accent sur l’accélération alarmante des exécutions judiciaires signalées en Iraq par rapport à 2011, rappelant que ce pays faisait partie des cinq à avoir le nombre le plus élevé d’exécutions, les autres étant la Chine, l’Iran, l’Arabie saoudite et les États-Unis.
Le nombre absolu d’exécutions capitales n’a cependant pas augmenté (682 au minimum) ni le nombre total de pays qui les pratiquent stagnant à 21, même si les pays ont changé, a-t-elle encore précisé.
Pour Amnesty International, le soutien des gouvernements demeure essentiel dans sa lutte pour que la peine de mort ne soit plus un moyen légitime de punition.
Soutenant ce combat, la France « continuera de lutter en faveur de l’abolition universelle de la peine de mort car l’idée que l’on puisse tuer au nom de la justice va à l’encontre de nos valeurs et des valeurs universelles », a assuré M. Araud.
Grace au travail d’organisations comme Amnesty International, la prise de conscience ne cesse de progresser à l’échelle mondiale, et 143 pays ont d’ores et déjà aboli la peine de mort, a-t-il noté, mais, selon lui, le combat reste néanmoins loin d’être gagné.
Le Représentant permanent du Costa Rica, M. Eduardo Ulibarri, a partagé cet avis. Pour lui, « le travail sans relâche d’Amnesty sur cette question difficile a contribué à la promotion d’un dialogue constructif qui se base sur des faits et des chiffres concrets ».
La représentante d’Amnesty a toutefois souligné que ces chiffres étaient « minimaux » car beaucoup de gouvernements ne sont toujours pas transparents dans les chiffres communiqués sur l’application de la peine de mort.
M. Ulibarri, dont le pays a aboli la peine de mort en 1877, a expliqué qu’il n’avait jamais été prouvé que la peine de mort eût un effet plus dissuasif que les peines d’emprisonnement. Son pays, à l’instar de 30 autres États d’Amérique centrale et latine, capitalise davantage sur une approche intégrée de la lutte contre la criminalité et le crime organisé qui se base sur des alternatives à la peine de mort.
Pour le Représentant permanent du Bénin auprès de l’ONU, M. Jean-Francis Régis Zinsou, dont le Gouvernement a ratifié cette année le Protocole additionnel, après une longue période de moratoire, par lequel la peine de mort est aboli, toute la difficulté réside précisément à mettre en place les structures et moyens alternatifs à la peine capitale.
M. Zinsou a mis l’accent sur la nécessité de la réforme du système pénitentiaire d’un côté, et de la crédibilisation de la justice de l’autre. Selon lui, la communauté internationale devrait se mobiliser en ce sens pour éviter que certains pays les moins avancés ne retombent dans la pratique de la peine de mort.
En tant que violation flagrante du droit à la vie et de par son caractère définitif qui empêche tout recours, il ne fait pas de doute, selon lui, que la peine de mort doit être abolie universellement, « mais il faut s’en donner les moyens », a-t-il dit.
Mme Brown a également reconnu le fait que la plupart des pays qui appliquent la peine de mort connaissent des dysfonctionnements de leur système judiciaire, ce qui en soit rend ce châtiment indéfendable.
En réponse aux partisans de la peine de mort qui estiment qu’elle est indispensable pour « protéger la société », elle a répondu qu’une personne emprisonnée ne constituait plus une menace pour la société.
Quant aux Gouvernements qui se cachent derrière cet argument, sous prétexte que le grand public y est favorable, elle a souligné qu’ils avaient la responsabilité de protéger le cadre national et international des droits humains et qu’ils devaient faire preuve de leadership.
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