Conférence de presse de Margaret Vogt, Représentante spéciale et Chef du BINUCA, sur la situation en République centrafricaine
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
CONFÉRENCE DE PRESSE DE MARGARET VOGT, REPRÉSENTANTE SPÉCIALE ET CHEF DU BINUCA,
SUR LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Après la prorogation du mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA) jusqu’au 31 janvier 2014, décidée ce matin par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2088 (2013), Mme Margaret Vogt, qui est à la tête du BINUCA, a donné cet après-midi une conférence de presse par visioconférence pour faire le point de la situation en République centrafricaine (RCA).
La Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine avait déjà présenté au Conseil de sécurité un aperçu de la situation en République centrafricaine (RCA) le 11 janvier dernier, par visioconférence depuis Libreville, au Gabon, où se sont tenus les récents pourparlers de paix qui ont abouti à la signature de trois accords le même jour. Mme Vogt est revenue aujourd’hui sur le contexte et sur les évènements qui se sont récemment produits en RCA à la suite du soulèvement armé de la coalition de rebelles « Séléka », avant d’énumérer les difficultés à surmonter dans la phase d’application de ces accords.
Les groupes rebelles qui ont signé l’Accord de paix de Libreville en 2008 ont lancé une offensive militaire contre les forces du Gouvernement centrafricain le 10 décembre 2012, a rappelé Mme Vogt. Alors que nous suivions de près leurs activités depuis un certains temps, a-t-elle assuré, nous avons cependant été surpris par la vitesse avec laquelle la coalition Séléka a pris le contrôle de 12 villes et localités du nord et du nord-est de la RCA, entre le 10 et le 23 décembre 2012.
Mme Vogt a parlé de situation de « panique » lorsqu’il est apparu que la coalition avait l’intention de poursuivre son offensive jusqu’à Bangui, la capitale, en particulier quand les combattants de la « Séléka » se sont emparés de la deuxième ville du pays. C’est dans ce contexte que le Gouvernement tchadien a décidé de déployer des troupes à Sibut. Mais ces forces n’ont pas pu empêcher que cette ville tombe entre les mains de la coalition. Sibut étant située à seulement 60 kilomètres de Bangui, les Nations Unies ont décidé d’évacuer les membres du personnel de l’ONU et leurs familles se trouvant dans la capitale centrafricaine, a indiqué Mme Vogt.
Ces évènements ont eu lieu alors que des progrès avaient été accomplis en RCA, a relevé la Représentante spéciale. Elle a rappelé que le Gouvernement centrafricain avait décidé, avec les autres parties, de mener à son terme la réforme électorale, chacune des parties semblant satisfaite de l’accord trouvé dans ce cadre. En outre, la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), seul mouvement rebelle qui ne l’avait pas encore fait, avait juste décidé d’approuver l’Accord de Libreville de 2008, a relevé le Chef du BINUCA. Ce geste ouvrait la voie au lancement du processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR), même si le financement nécessaire faisait toujours défaut. À cette période cruciale, le Gouvernement centrafricain avait aussi conclu un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), a indiqué Mme Vogt.
Margaret Vogt a déclaré qu’elle avait été impressionnée par la façon dont les dirigeants de la région d’Afrique centrale ont réagi peu après la chute de Sibut. Les pourparlers ont été menés à Libreville, malgré la période des fêtes de noël et du jour de l’an, sous la médiation du Président de la République du Congo, M. Denis Sassou Nguessou, a-t-elle indiqué. Elle a également salué l’engagement des troupes régionales pour sauver Bangui, avec le déploiement rapide de contingents venus du Cameroun, de la République du Congo et du Gabon, qui ont rejoint les forces tchadiennes déjà présentes en RCA. La France et l’Afrique du Sud ont aussi contribué à cet effort, a-t-elle souligné.
La Représentante spéciale du Secrétaire général a présenté les trois accords qui ont été signés le 11 janvier 2013: une déclaration de principe visant à résoudre la crise politique et sécuritaire en RCA, un accord de cessez-le-feu, et un accord politique qui définit les modalités du partage du pouvoir et de gestion de la période de transition.
Le mouvement des rebelles était basé sur la conviction que le Président de la RCA avait perdu toute légitimité, mais les chefs d’État de la région n’ont pas accepté cette revendication, sachant que le Président centrafricain, François Bozizé, avait été élu démocratiquement. D’un autre côté, ils ont obtenu l’accord du Président Bozizé pour qu’il partage le pouvoir. L’accord politique prévoit donc que le Président de la RCA restera au pouvoir jusqu’à la fin de son mandat en 2016, mais qu’un premier ministre issu de l’opposition sera nommé et qu’un gouvernement d’unité nationale sera constitué, pour une période d’un an. Le gouvernement aura comme mission de restaurer la sécurité, d’organiser des élections législatives, de procéder aux réformes des secteurs judiciaire, économique et social, et de mettre en œuvre le programme de DDR.
En ce qui concerne l’accord de cessez-le-feu, il exige le retrait de toutes les troupes de la coalition Séléka, la cessation des hostilités et la libération des prisonniers de guerre. Mme Vogt a dit qu’elle espérait que le retrait des combattants de la Séléka permettrait de donner aux organisations d’aide un accès humanitaire aux populations affectées. L’accord de cessez-le-feu appelle aussi à faire cesser la violence sexuelle et le recrutement d’enfants soldats, a-t-elle souligné.
Mme Vogt a indiqué qu’un Comité de suivi de ces accords avait été constitué. Les Nations Unies ont préparé le terrain pour surveiller la pleine mise en œuvre des accords, a-t-elle assuré. Elle a aussi expliqué que la coalition Séléka se demandait ce qui allait arriver à ses militants. En outre, la Représentante spéciale a indiqué que le processus de DDR allait coûter plus cher que prévu. Nous devons également impliquer les pays de la région, car beaucoup, parmi les affrontements qui se sont produits, sont dus à des groupes venant d’autres pays, a-t-elle remarqué, en indiquant qu’elle comptait aussi sur le soutien de la communauté internationale.
Interrogée sur les informations faisant état de pillages dans les hôpitaux, Mme Vogt a indiqué qu’un message clair avait été envoyé pour expliquer que cela n’était pas tolérable. En ce qui concerne les enlèvements, nous prévoyons d’envoyer une mission d’établissement des faits pour mener une enquête, a-t-elle déclaré en répondant aux correspondants de presse.
Répondant à une question sur la controverse qui existerait sur le déploiement des troupes sud-africaines en RCA, elle a exprimé sa satisfaction d’avoir des troupes de la région en renfort en RCA. La coalition de la Séléka était tout près de prendre Bangui, a-t-elle rappelé. Elle a aussi rejeté l’idée que les pays de la région puissent retirer leurs troupes pour les envoyer au Mali.
Mme Vogt a également confirmé que le BINUCA travaillait avec les organisations non gouvernementales nationales et internationales, tout en précisant que la situation sécuritaire avait affecté leur travail. Les déplacements sont devenus difficiles dans le pays, a-t-elle expliqué.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel