SOC/4787

La Commission du développement social ouvre sa session annuelle sur le thème prioritaire de l’élimination de la pauvreté

01/02/2012
Conseil économique et socialSOC/4787
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement social                         

Cinquantième session                                       

2e & 3e séances – matin & après-midi      


LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL OUVRE SA SESSION ANNUELLE

SUR LE THÈME PRIORITAIRE DE L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ


La pauvreté qui affecte plus particulièrement les familles, les personnes

handicapées, les personnes âgées et les jeunes sera au cœur des discussions


Alors qu’on atteindra dans trois ans la date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), « nous devons tout faire pour accélérer les progrès et tenir nos promesses à l’égard des plus pauvres et des plus vulnérables dans le monde », a déclaré ce matin la Vice-Secrétaire générale de l’ONU à l’ouverture de la cinquantième session de la Commission du développement social, qui se tient au Siège de l’ONU à New York, du 1er au 10 février 2012.


Parmi la population active dans le monde, une personne sur trois est sans emploi ou vit dans la pauvreté, soit un total de plus d’un milliard de personnes, a déploré Mme Asha-Rose Migiro.  Dans son rapport* sur l’élimination de la pauvreté, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, prévient qu’au rythme actuel des efforts entrepris, il faudra encore 88 ans pour éliminer la pauvreté.


Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, s’est montré plus positif en mettant l’accent sur les efforts qui ont contribué à réduire le taux de pauvreté au cours de ces dernières années.  Il a toutefois reconnu que ces efforts étaient freinés par les conséquences dévastatrices des changements climatiques et la dégradation de l’environnement.


La question de l’élimination de la pauvreté, qui constitue un « défi moral » pour l’humanité, sera le thème prioritaire de la présente session, a indiqué le Président de la Commission, M. Jorge Valero Briceño, du Venezuela.


La cinquantième session se déroule dans une atmosphère marquée par les préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), qui se tiendra du 20 au 22 juin prochain.  À l’instar du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, qui assumera les fonctions de Secrétaire général de cette Conférence, plusieurs délégations ont souhaité que la Commission du développement social contribue au document final de la Conférence en ce qui concerne l’aspect social du développement durable.


De son côté, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Miloš Koterec, a souligné le lien direct qui existe entre l’ordre du jour de la Commission et les travaux du prochain segment de haut niveau du Conseil, dont le thème sera « la promotion de la capacité productive, l’emploi et le travail décent pour éliminer la pauvreté ».


Les rapports** du Secrétaire général sur les questions de la famille, des personnes handicapées, des personnes âgées ou les aspects sociaux du développement de l’Afrique, points à l’ordre du jour de cette session, ont été présentés par la Directrice de la Division des politiques sociales et du développement social au Département des affaires économiques et sociales, Mme Daniela Bas. 


Mme Bas a également présenté une note du Secrétariat sur le thème « Jeunesse: pauvreté et chômage », qui fait le point sur une problématique nouvelle dans de nombreux pays.


Au cours du débat général, des délégations ont estimé que pour contribuer à réduire la pauvreté, la croissance devrait profiter au plus grand nombre.  Mais les crises économique et financière mondiales ou les changements climatiques ont contribué à accroître les inégalités dans le monde, y compris dans des pays ou régions qui y étaient jusqu’ici épargnés.  Certains intervenants ont présenté les mesures prises pour combattre la pauvreté.  L’Union européenne, où 116 millions de personnes risquent d’être victimes de la pauvreté ou de l’exclusion sociale, a adopté la Stratégie « Europe 2020 » qui a pour objectif de faire baisser ce chiffre d’au moins 20 millions d’ici à la fin de la décennie, a indiqué la représentante du Danemark, qui prenait la parole au nom de l’Union.


De son côté, le représentant de l’Algérie, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a appelé à renforcer la coopération internationale, à garantir le respect des engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et d’élimination de la dette, et à favoriser les transferts de technologie pour aider les pays en développement à éradiquer la pauvreté.


Comme la Présidente du Comité des organisations non gouvernementales pour le développement social, qui présentait à la Commission les conclusions du Forum de la société civile réuni hier au Siège de l’ONU à New York, plusieurs délégations ont mis l’accent sur la nécessité de fournir à tous un accès aux services de base de protection sociale.  Le représentant des Pays-Bas a renchéri en déclarant que « la meilleure forme de sécurité sociale, c’est d’assurer un emploi décent ».


Au cours de la table ronde organisée dans l’après-midi sur le thème prioritaire, le Premier Secrétaire au Ministère des affaires sociales du Danemark a lui aussi souligné l’importance du socle de protection sociale, un outil utile pour aider les pays à développer des systèmes de sécurité sociale.  Il s’est félicité du large consensus observé au sein de la communauté internationale en faveur de cette approche.


Ce matin, la Commission a adopté l’ordre du jour*** de sa présente session, tel qu’oralement amendé, et élu deux vice-présidents en remplacement de M. Eduardo Meñez, des Philippines, et de Mme Najla Abdelrahman, du Soudan, qui ont démissionné. 


Les quatre Vice-Présidents de la Commission sont donc Mmes Olisa Cifligu (Albanie), Susanne Fries-Gaier (Allemagne), Ana Marie Hernando (Philippines) et M. Mohamed Ibrahim Elbahi (Soudan).  C’est Mme Cifligu qui assumera les fonctions de Rapporteur de la Commission.


La Commission poursuivra son débat général demain, jeudi 2 février, à partir de 10 heures.


*     E/CN.5/2012/3

**    E/CN.5/2012/2, E/CN.5/2012/4, E/CN.5/2012/5, E/CN.5/2012/6, E/CN.5/2012/7, E/CN.5/2012/8

***   E/CN.5/2012/1



SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET A LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2012/2)


a) Thème prioritaire: élimination de la pauvreté (E/CN.5/2012/3)


b) Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux (A/67/61–E/2012/3, E/CN.5/2012/5, E/CN.5/2012/6 et E/CN.5/2012/7)


c) Questions nouvelles: jeunesse: pauvreté et chômage (E/CN.5/2012/8)


i) Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées


ii) Programme d’action mondial pour la jeunesse


iii) Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement, 2002


iv) Questions, politiques et programmes relatifs à la famille


Documentation


Rapport du Secrétaire général sur « Les aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » ( E/CN.5/2012/2 )


Le présent rapport porte sur les progrès accomplis et les difficultés rencontrées dans l’amélioration de la gouvernance, l’élimination de la pauvreté, la création d’emplois décents et l’investissement dans la mise en valeur des ressources humaines, la sécurité alimentaire et l’infrastructure, comme le prévoit le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  Il examine également les mécanismes de financement du développement social et les principales solutions qui permettront de poursuivre et de consolider les avancées du développement social en Afrique.


La réalisation des objectifs prévus par le volet social du NEPAD garantira à l’Afrique un avenir économique et une stabilité politique fondés sur l’égalité des chances, la cohésion sociale et un niveau de vie décent pour tous, assure le Secrétaire général.  La transformation économique et sociale de l’Afrique est également liée à la gouvernance économique mondiale.  Mais l’architecture actuelle du pouvoir économique dans le monde empêche les pays africains de réaliser pleinement le potentiel de développement.  Ces pays, déjà pénalisés par divers régimes de subventions agricoles, de quotas et de barrières tarifaires, ne prennent qu’une part limitée à l’établissement de normes et à des décisions sur les politiques internationales.


Il est donc impératif, comme le demandent les chefs d’État et de Gouvernement du Comité des chefs d’État et de gouvernement chargé de l’orientation du NEPAD, que les pays africains soient suffisamment représentés dans tous les groupements mondiaux, y compris le G-20, au risque de marginaliser le continent dans la gouvernance économique mondiale.  Les pays africains doivent s’efforcer de transformer les systèmes politiques de la région pour passer de systèmes privilégiant la recherche de l’avantage personnel à des systèmes favorisant le développement.  Cela nécessite que les pays restructurent leur économie de façon à garantir la diversification durable de la production et des exportations.


Le Secrétaire général recommande que le NEPAD donne la priorité à la création d’emplois productifs et de conditions d’emploi décentes et harmonise les politiques macroéconomiques et politiques sociales pour éviter qu’elles n’exercent des effets divergents sur l’emploi et la productivité.  Les pays africains doivent s’intéresser de près à la composition et à la durabilité de la croissance, à la mesure dans laquelle elle est créatrice d’emplois dans les secteurs, ainsi qu’à sa contribution potentielle à la réduction des inégalités et à l’accroissement du revenu réel par habitant, dans les zones tant urbaines que rurales.  Des efforts concertés sont nécessaires pour accroître la productivité agricole dans le but de faire progresser les revenus des ruraux et d’abaisser le prix des denrées alimentaires.  Les gouvernements des pays africains et leurs institutions régionales et sous-régionales devraient continuer de jouer le premier rôle dans la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre des programmes du NEPAD.


La mise en œuvre du volet social du NEPAD exige que les pays agissent de concert pour préserver et poursuivre les investissements sociaux destinés à parer aux conséquences de multiples crises mondiales alimentaire, énergétique, financière, économique et aux effets des changements climatiques.  Les donateurs doivent honorer leurs engagements de consacrer 0,7% de leur revenu national à l’APD.  Il est indispensable de promouvoir le bénéfice universel d’un minimum de protection sociale et de services sociaux de base afin de briser le cercle vicieux de la pauvreté, des inégalités et de l’exclusion sociale.  Il faut redoubler d’efforts pour réduire les taux de chômage élevés constatés chez les jeunes en faisant bénéficier ceux-ci de programmes d’éducation et de formation qui mettent l’accent sur l’aptitude à l’emploi et les capacités et facilitent le passage de l’école à la vie active et en élargissent les programmes garantissant l’emploi, en particulier pour les jeunes défavorisés des zones rurales et urbaines.


Pour faire en sorte que les stratégies et politiques nationales de développement et l’affectation des ressources intérieures de pays favorisent effectivement le développement social, il faut redoubler d’efforts pour développer la concertation avec les parties prenantes, leur accorder un rôle plus important et améliorer la gouvernance, mieux faire respecter le principe de responsabilité et accroître la transparence.


Rapport du Secrétaire général sur l’élimination de la pauvreté ( E/CN.5/2012/3 )


Ce rapport examine les difficultés rencontrées dans la lutte contre la pauvreté et analyse les principales méthodes d’action appliquées dans ce domaine.  Pour que la croissance économique contribue à la réduction de la pauvreté, il faut axer les politiques macroéconomiques et sociales sur la création d’emplois, la réduction des inégalités et la protection sociale.  Il faut également investir dans l’agriculture, le développement rural et les mesures d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de ses effets si l’on veut améliorer la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté.


C’est en Asie de l’Est, en particulier en Chine, que la lutte contre l’extrême pauvreté a le plus progressé, note le Secrétaire général.  D’autres régions ont eu moins de réussite, comme l’Afrique subsaharienne où il est prévu que 36% de la population vivra en dessous du seuil de la pauvreté (1,25 dollar par jour) en 2015.


Le Secrétaire général recommande à la Commission du développement social que l’instauration du plein emploi productif et du travail décent pour tous soit au centre des politiques visant une croissance soutenue, partagée et équitable.  À cet égard, les pays sont encouragés à suivre les principes et objectifs du Pacte mondial pour l’emploi et à réorienter leur politique macroéconomique vers la création d’emplois meilleurs.  Les pays qui ont un secteur agricole important doivent s’attacher à augmenter durablement la productivité et la qualité des produits des petits exploitants agricoles.  Pour que ces derniers puissent augmenter leur productivité, il faut leur donner accès aux engrais, aux semences à haut rendement, aux infrastructures, à l’information et aux marchés.  Promouvoir les petites et moyennes entreprises, en particulier en milieu rural, peut, de surcroît, favoriser la diversification à partir de l’agriculture vers d’autres activités rurales contribuant à l’élimination de la pauvreté.


S’ils reconnaissent que l’accès universel à une couverture sociale de base est indispensable pour rompre le cycle de la pauvreté et réduire les inégalités, les gouvernements pourraient envisager d’instaurer une protection sociale minimum, respectant les priorités et particularités nationales.  Dans leurs efforts visant à renforcer les systèmes de protection sociale et réduire la transmission intergénérationnelle de la pauvreté, les gouvernements doivent activement chercher à mettre en place des programmes de transferts sociaux favorisant les familles, et tout particulièrement les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées et les populations autochtones.


Les pays doivent en outre s’attaquer aux structures d’inégalité et de discrimination sociale et économique qui traversent l’ensemble de la société, en garantissant aux femmes et hommes démunis l’accès à la terre, au crédit et à d’autres ressources productives, au logement, à des droits de succession équitables et à la justice, et en veillant à ce que tous les secteurs de la société participent au processus de prise de décisions.  La communauté internationale, estime le Secrétaire général, doit soutenir les actions nationales tendant à éliminer la pauvreté, en créant un environnement international favorable et en assurant une plus grande cohérence entre les politiques macroéconomiques, commerciales et sociales.


Rapport du Secrétaire général sur le deuxième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement ( E/CN.5/2012/5 )


Dans ce rapport, le Secrétaire général donne des informations relatives aux préparatifs régionaux du deuxième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement et sur les mesures prises aux échelons régional et national dans le prolongement du premier cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action (2007-2009).


Il mentionne ainsi l’organisation par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) d’un atelier de formation régional, en novembre 2011, tandis que la Commission économique pour l’Europe (CEE) a créé un groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement.  De son côté, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) organise des réunions préparatoires en vue de l’examen et de l’évaluation de la stratégie régionale d’application, en Amérique latine et dans les Caraïbes, du Plan d’action de Madrid et de la Déclaration de Brasilia.


Pour sa part, la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) mène une enquête régionale parmi les États Membres afin d’évaluer les mesures et programmes mis en œuvre dans ce domaine.  Enfin, la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) a procédé au deuxième cycle d’examen et d’évaluation régional du Plan d’action de Madrid lors d’une réunion qui s’est tenue du 7 au 9 décembre 2011.


En ce qui concerne la participation active des personnes âgées à la société et au développement, il apparait que, depuis 2007, plusieurs pays ont adopté une nouvelle législation pour lutter contre la discrimination fondée sur l’âge et défendre les droits des personnes âgées.  Certains programmes encouragent les personnes âgées à participer à la vie politique, sociale et économique, comme le plan stratégique national d’Arabie saoudite pour des personnes âgées en bonne santé (2010-2015).


Un autre principe central du Plan d’action de Madrid est le maintien de la présence des personnes âgées parmi la population active aussi longtemps qu’elles le souhaitent et qu’elles sont en mesure d’exercer une activité productive.  De plus en plus de pays adoptent ainsi des lois dans ce sens, comme l’Uruguay qui a promulgué la loi « monotributo » en 2007.


Par ailleurs, le Plan d’action de Madrid appelle les gouvernements à prendre en compte les tendances démographiques des zones rurales lorsqu’ils élaborent et exécutent des programmes axés sur la sécurité alimentaire et la production agricole, mais rares encore sont les pays qui ont mis en œuvre des politiques et des programmes dans ce sens, alors que la population rurale est vieillissante.


Conformément au Plan d’action de Madrid qui appelle les gouvernements à appuyer et faciliter l’accès des personnes âgées au savoir, à l’éducation et à la formation, on constate souvent qu’il existe des universités du « troisième âge », notamment en Argentine, au Canada, en Chine et en Serbie.  Le Plan d’action de Madrid demande aussi que les gouvernements assument la responsabilité de promouvoir une société pour tous les âges, qui passe par la solidarité entre les générations.  Le Secrétaire général cite l’Afrique du Sud, qui offre un bon exemple de la manière dont les générations peuvent s’unir pour partager leur patrimoine culturel, ainsi que les États-Unis d’Amérique qui ont dégagé des ressources grâce à l’Older Americans Act.


En ce qui concerne l’élimination de la pauvreté, certains pays, comme le Belize, le Cambodge, le Mozambique et la Serbie intègrent les besoins des personnes âgées dans leurs stratégies nationales de réduction de la pauvreté.


Comme l’absence de protection sociale et de sécurité du revenu demeure un problème insurmontable pour un grand nombre d’individus âgés, une série d’initiatives a été prise récemment dans plusieurs pays d’Afrique et de la région Amérique latine et Caraïbes, visant à assurer un certain degré de protection sociale.  Pour faire face aux situations d’urgence, dans lesquelles on néglige en général les besoins spécifiques des personnes âgées, le Plan d’action de Madrid appelle l’attention des gouvernements sur la vulnérabilité des personnes âgées, mais les initiatives en la matière ont été rares.


Le Secrétaire général note aussi que plusieurs pays ont mis en œuvre des programmes visant la préservation de la santé au fil du vieillissement et ont pris des initiatives visant à prévenir sur le long terme les maladies chroniques.  En 2008, l’Afrique du Sud a institué la Journée africaine des modes de vie sains, avant de lancer le programme pour le vieillissement actif (2009-2010).  D’autres mesures ont été prises pour fournir aux personnes âgées un accès universel et équitable aux services de santé et pour les intégrer à l’action menée au titre du VIH/sida.


En matière de santé mentale, les initiatives existantes ne suffisent pas pour atteindre l’objectif du Plan, à savoir la mise en place de services psychiatriques complets pour les personnes âgées.  Par ailleurs, un certain nombre de pays développés ont mis en place des politiques et des programmes ciblant les personnes âgées souffrant d’un handicap.  Au Canada, par exemple, le programme d’adaptation du domicile pour assurer l’indépendance des personnes âgées propose une assistance financière pour des modifications mineures au domicile des personnes âgées de 65 ans et plus.  D’autres pays ont pris des mesures pour prévenir le délaissement, les mauvais traitements et la violence aux personnes âgées, comme le Mexique qui a mis en place un système très complet.  Au Mozambique aussi, le plan quinquennal pour 2010-2014 prévoit des mesures de lutte contre les mauvais traitements physiques et sexuels infligés aux personnes âgées.


Rapport du Secrétaire général sur l’intégration de la question des personnes handicapées à l’ordre du jour du développement ( E/CN.5/2012/6 )


Par son soutien aux gouvernements et à la communauté internationale, et notamment ses études et analyses sur le handicap en tant que question de développement transversale, le système des Nations Unies a accompli des progrès remarquables dans la voie de l’intégration de la question des personnes handicapées dans les programmes de développement.  Il a également accru ses efforts pour intégrer la question du handicap dans les politiques et programmes de ses différentes entités.  En outre, le rôle que joue le système des Nations Unies dans la constitution de nouvelles formes de partenariats avec une grande diversité de parties prenantes, et en particulier avec les organisations de personnes handicapées, ouvre de nouvelles possibilités pour promouvoir les liens entre le handicap et les programmes de développement en général.


Le Secrétaire général insiste pour que la communauté internationale saisisse toutes les occasions d’inclure le handicap en tant que question de développement transversale dans les programmes mondiaux de développement.  Cette inclusion devrait être assurée dans tous les aspects du cadre de développement de l’après-2015, ainsi que dans les concertations et résultats des conférences pertinentes des Nations Unies sur le développement, y compris la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, qui doit se tenir à Rio de Janeiro en juin 2012 (Rio+20).


Il recommande que les États Membres, le système des Nations Unies et les autres parties concernées accélèrent leurs efforts pour appliquer les directives, principes et méthodologies recommandés sur le plan international pour la collecte et l’analyse des données et statistiques sur la situation des personnes handicapées dans le développement économique et social.  En s’appuyant sur ces données et statistiques et ses nombreuses décennies d’expérience en matière de suivi et d’évaluation des questions de développement, le système des Nations Unies devra à son tour élaborer, sous forme de publication officielle, un rapport périodique mondial sur la situation des personnes handicapées dans les processus de développement.


Il faudrait aussi élaborer et mettre en œuvre, tant au siège des différentes institutions que dans leurs bureaux régionaux et de pays ainsi que parmi les partenaires d’exécution, des modules et ateliers de formation sur l’inclusion du handicap et des personnes handicapées dans les programmes de développement du système des Nations Unies.


Le Secrétaire général recommande en outre de renforcer la capacité de la communauté de développement afin de promouvoir une meilleure compréhension de la situation économique et sociale des handicapés et des obstacles auxquels ils se heurtent dans le cadre des processus de développement.  À cet égard, les gouvernements et le système des Nations Unies devraient veiller à ce que les handicapés et leurs organisations représentatives participent à la conception, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des politiques et programmes de développement.


L’intégration du handicap apparaît de plus en plus comme une priorité importante pour de nombreux partenaires de développement.  Le système des Nations Unies devrait continuer de jouer son rôle dans la coordination des efforts entrepris aux niveaux national et régional pour accélérer la mise en place de partenariats de coopération internationale avec les organisations régionales et sous-régionales.  Le renforcement des partenariats pour l’intégration des personnes handicapées pourrait dégager de nouvelles possibilités et approches pour la promotion d’un développement sans exclusion.  Il conviendrait d’explorer plus avant le rôle du secteur privé dans le cadre des partenariats avec le système des Nations Unies afin de réaliser les objectifs mondiaux de développement, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement, pour les personnes handicapées.


Enfin, le Secrétaire général estime que les gouvernements et le système des Nations Unies devraient accélérer les efforts visant à assurer l’accessibilité aux environnements physiques et aux technologies de l’information et des communications (TIC), l’élaboration de politiques et la mise en œuvre de mesures pour l’élimination progressive des obstacles au profit de tous les membres de la société.  Ces efforts devraient être menés de pair avec des politiques et des mesures d’autonomisation des personnes handicapées.


Rapport du Rapporteur spécial de la Commission du développement social chargé d’étudier la situation des handicapés sur le suivi de l’application des Règles pour l’égalisation des chances des handicapés ( E/CN.5/2012/7)


Dans ce rapport, le Rapporteur spécial constate que la question du handicap est toujours marginale dans les programmes de développement mondial, malgré des activités encourageantes, comme le séminaire organisé par l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD) en février 2011 et la manifestation périphérique de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) en novembre 2011 lors du quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) à Busan, en République de Corée.  Il se félicite également du fait qu’à la suite des recommandations formulées dans son précédent rapport, l’UNICEF et le PNUD ont nommé des coordonnateurs pour les questions de handicap.


Le Rapporteur spécial recommande aux États Membres d’appuyer au plus haut niveau la réunion de haut niveau sur le handicap, proposée pour la soixante-septième session de l’Assemblée générale.  Il estime aussi qu’une attention accrue devrait être prêtée aux perspectives situées au-delà des Objectifs du Millénaire pour le développement et à la prise en compte transversale de la perspective du handicap dans le programme de développement mondial.


Le handicap, estime-t-il, devrait faire partie intégrante des programmes des organismes voués au développement, qu’ils soient donateurs ou bénéficiaires.  De plus, les organismes de développement et les organisations de personnes handicapées devraient renforcer leur coopération et le dialogue, de manière à favoriser la sensibilisation aux besoins des personnes handicapées et à partager connaissances et informations.  Le Rapporteur spécial engage par ailleurs les États Membres à appuyer le Partenariat des Nations Unies pour la promotion des droits des personnes handicapées: un fonds d’affectation spéciale multidonateurs et ses objectifs.


Déclarations liminaires


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela), Président de la Commission du développement social, a souligné l’importance des politiques de justice et de protection sociale, en vue de surmonter les inégalités.  Il a rappelé les principes directeurs adoptés lors du Sommet mondial sur le développement social, à Copenhague en 1995, comme le développement axé sur les populations, la justice sociale et l’élimination de la pauvreté.  Il a souligné l’importance de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier celui visant l’élimination de la pauvreté.  C’est pourquoi, en raison de l’impact de la crise financière et économique, nous devons redoubler d’efforts pour combattre les inégalités et assurer une justice pour tous, a-t-il dit.  Il faut trouver des solutions durables, en plaçant les peuples au cœur du développement social.


La présente session abordera de façon prioritaire la question de l’élimination de la pauvreté, qui constitue un « défi moral » pour l’humanité, a indiqué le Président.  Il a aussi rappelé que les membres de la Commission allaient discuter de la célébration du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille, en 2014, des aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et de l’intégration de la question des personnes handicapées à l’ordre du jour du développement.  Elle sera aussi saisie d’un rapport sur le deuxième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international sur le vieillissement, adopté à Madrid en 2002.  Cette session sera également l’occasion de contribuer au programme d’action du développement qui résultera de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20).


M. Valero Briceño a aussi rappelé l’importance du financement dans la mise en œuvre des engagements pris lors des conférences internationales en matière de développement social.  La Commission a, à cet égard, la mission d’organiser avec l’Assemblée générale une manifestation spéciale sur le financement du développement social en 2012.  Avant de conclure, le Président a émis l’espoir que la Commission pourra adopter des résolutions positives, notamment sur la question de l’élimination de la pauvreté, en se concentrant sur l’intérêt supérieur des peuples.


M. MILOŠ KOTEREC (Slovaquie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a affirmé qu’il y aura, cette année, des synergies particulièrement fortes entre le travail de la Commission du développement social et le segment de haut niveau de l’ECOSOC.  L’Examen ministériel annuel concentrera ses travaux sur la promotion de la capacité productive, l’emploi et le travail décent pour éliminer la pauvreté dans le contexte d’une croissance économique inclusive, durable et équitable à tous les niveaux en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Ce thème, a-t-il ajouté, est lié directement à celui de la Commission du développement social en ce qui concerne l’élimination de la pauvreté.


On ne peut pas parler d’élimination de la pauvreté sans mettre l’accent sur les inégalités sociales et économiques et sur la nécessité d’autonomiser les peuples et de garantir leur participation, a estimé le Président du Conseil économique et social.  Il faut, a-t-il dit, axer les efforts sur des politiques sociales inclusives qui assurent la promotion de l’intégrité sociale et la participation publique, et attacher une attention particulière aux groupes sociaux vulnérables.  M. Koterec a également souligné l’urgence de porter les efforts sur la création d’emplois, en insistant notamment sur la qualité et les conditions de travail.  En ces temps de crise, a-t-il fait remarquer, les mesures de protection sociale sont devenues des instruments qui protègent les pauvres des difficultés économiques et renforcent les ressources humaines pour une croissance future.


Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a affirmé que la mission de la Commission du développement social était aujourd’hui plus importante que jamais.  « Nous vivons des temps incertains », a-t-elle déclaré, en précisant que le monde était confronté à une crise grave de l’emploi.  Les dernières statistiques de l’Organisation internationale du Travail (OIT) montrent que parmi la population active dans le monde, une personne sur trois est sans emploi ou vit dans la pauvreté, soit un total de plus d’un milliard de personnes.  Les jeunes sont particulièrement touchés, a-t-elle poursuivi, en notant que, l’an dernier, près de 75 millions d’entre eux étaient au chômage. 


Le fossé entre les riches et les pauvres s’accroît et s’apparente à un gouffre, de même que le ressentiment qui en découle, a-t-elle fait remarquer.  Les jeunes, qui devraient envisager l’avenir avec espoir, considèrent au contraire leurs perspectives avec désespoir, a ajouté Mme Migiro, en rappelant que dans trois ans, on atteindra la date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  « Nous devons tout faire pour accélérer les progrès et tenir nos promesses à l’égard des plus pauvres et des plus vulnérables dans le monde », a-t-elle déclaré.


La Vice-Secrétaire générale a en outre mis l’accent sur la nécessité d’investir dans la protection sociale, à savoir dans l’alimentation, l’éducation et les services de base, en particulier en faveur des plus pauvres.  Mme Migiro a rappelé, par ailleurs, les enjeux de la Conférence Rio+20.  Le développement ne pourra jamais être durable s’il laisse derrière lui des millions de gens sans emploi, pauvres, affamés et exclus, et si les écosystèmes sont détériorés, a-t-elle dit.  « La Commission sait que l’avenir que nous voulons planifier à la Conférence Rio+20, en juin prochain, est centré sur les gens et doit être inclusif, équitable et durable », a-t-elle assuré, en précisant que les questions inscrites à son ordre du jour demeurent au premier plan du débat mondial.


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que même si les inégalités continuent d’exister entre régions et même au sein des pays, le taux de pauvreté est en déclin au cours de ces dernières années.  Des progrès ont été accomplis, notamment en matière de mortalité infantile et maternelle, ainsi que dans l’autonomisation des femmes, a-t-il précisé.  Cependant, les efforts entrepris pour le développement social sont entravés par les conséquences des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement, qui accentuent les crises sociales.  Il a cité à cet égard la situation dans la corne de l’Afrique.


M. Sha Zukang a rappelé que la présente session devra établir un document sur les mesures à prendre concernant le thème prioritaire, qui est l’élimination de la pauvreté.  Pour promouvoir une croissance inclusive, les pays doivent mettre l’accent sur le développement social, a-t-il dit.  Comme l’année 2012 sera marquée par la Conférence des Nations Unies sur le développement durable -Rio+20– que le Secrétaire général a qualifiée d’« une des conférences les plus importantes dans l’histoire de l’ONU », la Commission devrait mettre l’accent sur le renforcement du pilier social du développement durable, qui couvre les questions des ressources et des opportunités, de la justice sociale et de l’autonomisation, a souligné M. Sha Zukang.  En tant que Secrétaire général de cette Conférence, il a demandé aux États Membres de mettre l’accent sur la manière dont l’économie verte pourrait contribuer à créer des emplois et à éradiquer la pauvreté.  En mettant davantage l’accent sur le renforcement du pilier social du développement durable, les États Membres donneraient ainsi les moyens à la Commission de contribuer à assurer un avenir où la justice sociale dominerait, où chacun pourrait bénéficier de la mondialisation, tout en respectant l’environnement.  « Vous avez un rôle important à jouer dans le renforcement du pilier social du développement durable », a conclu M. Sha Zukang.


Présentation des conclusions du Forum de la société civile


Mme WINIFRED DOHERTY, Présidente du Comité des organisations non gouvernementales (ONG) pour le développement social, qui présentait à la Commission les conclusions du Forum de la société civile, réuni hier au Siège de l’ONU à New York, a souligné que l’élimination de la pauvreté était un élément central tant des politiques nationales que des priorités internationales.  La pauvreté et les inégalités, a-t-elle dit, sont des sources de discrimination liées au sexe et au manque d’accès aux services de base.  Les crises actuelles économique et climatique, accompagnées d’une « militarisation de la société », a-t-elle également expliqué, mettent en péril la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a aussi déploré l’absence d’un cadre des droits de l’homme visant à lutter contre la pauvreté. 


Mme Doherty a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité d’assurer un niveau de base de protection sociale.  Il s’agit, a-t-elle dit, d’une obligation découlant des instruments des droits de l’homme.  Un accès universel aux services de base de protection sociale est indispensable si l’on veut briser le cycle de la pauvreté, a-t-elle précisé.  Elle a notamment recommandé aux gouvernements d’octroyer 4% du PIB de leurs pays pour financer la mise en œuvre de l’initiative « Socle de protection sociale » pour tous leurs citoyens.  Les Nations Unies, a-t-elle souhaité, devraient envisager d’établir un conseil économique mondial, qui serait chargé de dégager un consensus entre les gouvernements et d’assurer une bonne gouvernance économique mondiale.  Mme Doherty s’est également déclarée en faveur d’une taxe sur les transactions financières en tant que source innovante du financement du développement et qui viserait également à encourager les mesures d’adaptation aux changements climatiques.  En matière d’agriculture, elle s’est aussi dite en faveur d’une amélioration des droits de propriété foncière pour les femmes et de l’accès au commerce équitable.  Le développement social dans le monde nécessite que l’on se tourne vers les causes systémiques de la pauvreté et des inégalités, a-t-elle souligné avant de conclure. 


Débat général


Mme KAREN HAEKKERUP, Ministre des affaires sociales, de la sécurité sociale et de l’intégration du Danemark, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a prévenu que 116 millions de personnes risquaient d’être victimes de la pauvreté ou de l’exclusion sociale en Europe.  Une attention particulière doit être accordée aux jeunes, mais également aux femmes, aux travailleurs migrants, aux personnes âgées et aux personnes handicapées, qui sont plus vulnérables à l’exclusion sociale, a-t-elle souligné.  Les familles nombreuses et les familles monoparentales, a-t-elle ajouté, sont de nouvelles catégories de groupes à risque.  L’emploi et la cohésion sociale doivent être placés au cœur des politiques macroéconomiques, a-t-elle insisté, en assurant que les dirigeants européens prenaient les mesures nécessaires, notamment par le biais de la Stratégie européenne pour 2020.  Celle-ci vise une réduction d’au moins 20 millions, d’ici à 2020, du nombre de personnes risquant de vivre dans la pauvreté ou l’exclusion sociale.


Mme Haekkerup a indiqué que les pays de l’Union européenne redoublaient actuellement d’efforts pour intégrer les groupes minoritaires, comme les Roms, sur les plans économique et social.  Des efforts sont également pris pour réduire les inégalités entre les sexes.  L’année 2012 sera l’Année du vieillissement actif et de la solidarité entre les générations en Europe, a ajouté Mme Haekkerup.  L’Union européenne appuie les pays en développement dans leurs efforts visant l’accès à l’éducation primaire, à l’eau et à un travail décent.  L’Union européenne a adopté, l’an dernier, son Programme d’action pour le changement, qui encourage une participation plus active aux efforts de croissance, car, a-t-elle fait remarquer, les OMD ne peuvent être réalisés que si tous les partenaires font preuve d’un engagement politique fort.  En juin 2010, les membres de l’Union européenne ont réaffirmé leur engagement à verser 0,7% du PIB à l’aide au développement, a-t-elle rappelé.  Mme Haekkerup a aussi souligné la nécessité de trouver des sources de financement novatrices au niveau mondial, tout en développant les capacités des pays à mobiliser leurs propres ressources.  Elle a émis l’espoir que la transition vers une économie verte contribuera à un développement durable, tout en déclarant attendre les résultats de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), qui se tiendra en juin prochain.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de  la Chine, a souligné l’importance de la Conférence Rio+20 en vue de renforcer le développement social et l’élimination de la pauvreté.  Le Groupe des 77 est convaincu de la nécessité de continuer à mettre en œuvre la Déclaration de Copenhague sur le développement social.  Cette mise en œuvre et la réalisation des objectifs de développement internationalement convenus, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), se renforcent mutuellement, a-t-il ajouté, tout en exprimant la préoccupation du Groupe face aux crises multiples actuelles. 


La lutte contre la pauvreté, a-t-il souligné, doit être axée sur le développement, l’établissement d’infrastructures rurales et l’accès aux services de base, aux ressources et aux opportunités.  Par ailleurs, le représentant a indiqué que le Groupe des 77 présentera un projet de résolution pour les préparatifs du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille.  Il a témoigné de l’attachement du Groupe aux questions liées au vieillissement de la population, ainsi qu’aux personnes handicapées, qui représentent près de 15% de la population mondiale, dont 80% vivent dans des pays en développement.  Il est important, a-t-il insisté, d’éliminer les obstacles à la réalisation des droits des peuples à l’autodétermination.  Il est également nécessaire de renforcer le partenariat mondial pour l’élimination de la pauvreté.  Il faudrait en outre renforcer la coopération internationale et garantir le respect des engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et d’élimination de la dette, et favoriser les transferts de technologie.


M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque), intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a assuré que les pays de sa région étaient engagés à lutter en faveur de l’élimination de la pauvreté.  Il a cependant fait remarquer que ces petits États insulaires en développement connaissaient des difficultés liées à leur situation géographique, aux moyens de communication et de transport, à l’absence d’une agriculture diversifiée ou aux changements climatiques.  À cela, s’ajoutent les contraintes imposées par les crises économique et financière mondiales et le taux de prévalence des maladies non transmissibles.


Certains États de la région ont déjà intégré les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans le cadre de leur stratégie nationale pour le développement, d’autres sont en train de le faire, a poursuivi M. Wolfe.  Les progrès sont mitigés, a-t-il reconnu.  Si nous voulons atteindre les objectifs en matière d’élimination de la pauvreté, il faudrait que les engagements pris par tous les États au niveau mondial soient tenus, a-t-il insisté.  M. Wolfe a réaffirmé l’engagement de la CARICOM à travailler en étroite collaboration avec la Commission du développement social et les organismes pertinents des Nations Unies, afin d’atteindre les objectifs fixés dans ce domaine.  « Le débat ne doit pas se perdre en belles paroles, mais se concentrer sur les pauvres, ces individus qui dépendent de nous pour trouver des solutions efficaces », a-t-il dit.


M. MATEO ESTREME (Argentine), qui s’exprimait au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), a rappelé que les peuples de la région avaient souffert directement des politiques axées sur le marché ou l’efficience économique.  Le rôle de l’État ne se limitait alors qu’aux cas d’urgence, a-t-il notamment expliqué.  Aujourd’hui, cette situation a profondément changé, les gouvernements de la région sont attachés au développement humain et placent l’être humain au cœur de leurs politiques nationales.  Le bien-être et l’équité passent par un développement économique équilibré et juste, une répartition équitable permettant le développement humain intégré et reconnaissant les droits de la personne humaine, ainsi qu’une reconnaissance de la diversité, a-t-il déclaré.  Ces axes font du MERCOSUR un espace intégré d’inclusion sociale, politique, économique et culturelle, a-t-il ajouté.


Au niveau national, le représentant a rappelé que son pays avait lancé plusieurs politiques visant à aboutir à l’inclusion et à la protection de la famille.  Des programmes de revenus sociaux ont été mis en place grâce au travail permettant d’aider les personnes vulnérables, a-t-il indiqué.  La protection et la promotion de la famille constituent, a-t-il dit, l’axe fondamental des politiques publiques destinées notamment à favoriser l’intégration sociale et la protection des droits.  Le délégué de l’Argentine a de même souligné que du deuxième semestre 2003 au premier semestre 2011, la pauvreté avait été réduite dans son pays de 82,6%, l’indigence ayant diminué, quant à elle, de 88,3%.  Le taux de chômage est resté, cependant, en dessous de 10%, à 6,7% au dernier trimestre de 2011, soit le taux le plus faible de ces 20 dernières années, s’est-il félicité.


M. YURY VORONIN, Secrétaire d’État et Vice-Ministre de la santé et du développement social de la Fédération de Russie, a déclaré que les résultats économiques obtenus récemment en Fédération de Russie étaient positifs, même si le pays n’a pas pu retrouver les niveaux antérieurs à la crise économique mondiale.  Grâce aux réserves faites avant la crise, la Fédération de Russie a pu honorer ses obligations sociales à 100%, a-t-il assuré.  « En 2010, nous avons pu augmenter les revenus réels de la population et faire baisser le chômage de 11% », a-t-il ajouté.  « Nous avons aussi rétabli la situation en ce qui concerne le marché de l’emploi ».  La Fédération de Russie dispose d’un indicateur de développement humain élevé, selon les critères de l’ONU, a-t-il dit.


M. Voronin a expliqué que les familles démunies vivent dans des logements fournis par l’État et a assuré qu’il existe très peu de cas d’extrême pauvreté en Fédération de Russie.  Le nombre de personnes sans abri a diminué de moitié par rapport à 2002 et ces personnes ne représentent aujourd’hui que 0,004% de la population.  La Fédération de Russie, qui est engagée à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, a augmenté le salaire minimum en 2011, a indiqué le Vice-Ministre.  Depuis 2010, il existe également un système de prestations sociales pour les retraités qui a bénéficié à 5 millions de personnes.  Pour éliminer la pauvreté d’ici à la fin de la décennie, il a reconnu que la création d’un système efficace de soutien aux groupes vulnérables était nécessaire.  Il a cité à cet égard les mesures prises par son pays, comme la politique pour la réduction du taux de chômage qui prévoit la création d’emplois, ou des projets pilotes d’aide à la population par le biais de l’aide sociale, lancés dans 17 régions de la Fédération de Russie.


M. JARMO VIINANEN  (Finlande) s’est dit en particulier préoccupé par les risques de marginalisation qui découlent du manque de perspectives pour l’avenir.  Des mesures de relance du marché de l’emploi ou de protection sociale doivent prendre en compte la justice sociale et le travail décent, a-t-il souligné, en faisant notamment état de la mise en œuvre, dans son pays, d’un projet de garantie sociale en faveur de l’emploi des jeunes.  L’histoire de la Finlande démontre que l’égalité et une croissance économique solidaire et un développement durable se complètent mutuellement, a-t-il également fait remarquer.


M. LAURIS BEETS, Directeur des affaires internationales au Ministère des affaires sociales et de l’emploi des Pays-Bas, a indiqué que son pays avait réussi à atténuer les principales formes de pauvreté grâce à un système de protection sociale qui empêche les citoyens de tomber dans la pauvreté extrême.  Les salariés bénéficient de ce système de protection sociale en cas de maladie ou de perte d’emploi, a-t-il précisé, en ajoutant que des mesures ont également été prises pour venir en aide à ceux qui ne sont pas couverts par le régime général de sécurité sociale.  Ce système de protection sociale a pu être étendu progressivement, grâce à une augmentation des ressources fiscales, a-t-il expliqué.


Un des moyens de combattre la pauvreté est d’investir dans l’éducation des enfants et dans l’emploi des parents et de leurs enfants adultes, a poursuivi M. Beets.  Le Gouvernement des Pays-Bas est aussi conscient de la nécessité de mettre en place un marché de l’emploi décent, a-t-il dit.  La meilleure forme de sécurité sociale, a-t-il estimé, est d’assurer un emploi décent.  Il a par ailleurs fait remarquer que la création d’un système de protection sociale doit tenir compte des spécificités historiques, économiques et culturelles de chaque pays.  Le représentant a souligné qu’il était essentiel pour les États de tirer des leçons des pratiques et expériences des autres pays, en attirant l’attention sur l’efficacité du mécanisme de coordination et d’examen par les pairs, mis en place au sein de l’Union européenne.  Il a aussi espéré que l’Organisation internationale du Travail (OIT) pourra jouer un rôle accru dans les travaux de la Commission du développement social.


M. JEAN-JACQUES ELMIGER (Suisse) a assuré que l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale et la promotion de leur croissance durable -sociale, économique et écologique– constituaient un but important de la coopération suisse au développement.  Pour contribuer à réduire la pauvreté, la croissance doit profiter au plus grand nombre, a-t-il dit, en ajoutant que le dialogue démocratique et politique devrait conduire à des politiques sociales fortes et efficaces pour accompagner la croissance.  Le dialogue social doit permettre de concilier les intérêts individuels pour assurer une protection sociale performante sur la base d’un large consensus, qui inclut la prise en compte de la protection des minorités.


En outre, a estimé le délégué de la Suisse, les conditions-cadres économiques associées à une politique active du marché du travail doivent favoriser la productivité, l’intégration sur le marché de l’emploi et la recherche de solutions nouvelles orientées vers une économie verte.  Par ailleurs, il a appelé tous les États et les partenaires sociaux à unir leurs forces pour que l’Organisation internationale du Travail (OIT) puisse adopter, en juin prochain, une norme sur un socle minimum de protection sociale.


Mme CHRISTINA GYNNA OGUZ, Directrice au Ministère de la santé et des affaires sociales de la Suède, s’est dite préoccupée par le fait que, selon les prévisions figurant dans le rapport du Secrétaire général, il faudrait encore 88 ans pour éliminer la pauvreté au rythme actuel des efforts entrepris.  Elle a souligné que les efforts en faveur d’un travail productif et d’un emploi décent pour tous doivent être au cœur de l’objectif de croissance équitable.  Elle a également mis l’accent sur l’importance d’assurer la parité entre les sexes, en rappelant qu’aujourd’hui, les femmes représentent 57% des pauvres dans le monde.  Mme Oguz a fait observer que les pays qui investissent dans la promotion des femmes et dans leur participation à la vie économique voient leur pauvreté se réduire.  Elle a expliqué en quoi l’éducation peut contribuer à progresser dans ce sens, pour les femmes comme pour les jeunes qui sont tellement frappés par le chômage.  Elle a salué à cet égard le choix de la question du chômage des jeunes comme thème de la présente session de la Commission.


Le taux des personnes handicapées représente 20% des pauvres dans le monde, a-t-elle poursuivi, en soulignant le cercle vicieux dans lequel se trouvent les personnes handicapées vivant dans la pauvreté.  Elle a attiré l’attention en particulier sur les femmes et les filles handicapées qui, a-t-elle dit, font l’objet d’une double discrimination.  Elles représentent trois quarts des personnes handicapées dans les pays en développement et elles sont plus vulnérables aux violences sexistes.  Le taux de mortalité des filles handicapées est aussi plus élevé que celui des garçons handicapés.  En outre, 25% des femmes handicapées seulement font partie de la population active, a ajouté Mme Oguz.  Forte de ces constatations, la représentante a demandé aux gouvernements de renforcer le soutien apporté à ces femmes, notamment en intégrant la question des personnes handicapées à la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement.  La Suède, en partenariat avec le Mexique, organise une manifestation parallèle sur ces questions, aujourd’hui à l’heure du déjeuner, a-t-elle indiqué.


Mme MARÍA TERESA MERINO DE HART (Pérou) a affirmé que son pays, qui compte 10 millions de pauvres, avait connu une gestion économique défaillante qui a retardé son développement.  Elle a souligné que le Gouvernement actuel, qui est en place depuis six mois, cherchait un modèle de développement qui permette d’assurer la croissance, tout en répartissant les bénéfices de manière équitable, en luttant contre les inégalités et en protégeant l’environnement.  Elle a notamment fait état de la création d’un Ministère du développement de l’intégration sociale et de la mise en œuvre de plusieurs programmes sociaux.  La représentante a également lancé un appel aux États, à l’ONU et aux organismes financiers internationaux pour qu’ils renforcent la coopération internationale en faveur des pays en développement.


Table ronde sur le « Thème prioritaire: élimination de la pauvreté »


Les conférenciers qui ont participé, cet après-midi, à la table ronde, organisée sur le thème prioritaire de la Commission du développement social et animée par le représentant du Venezuela et Président de la Commission, M. Jorge Valero Briceño, se sont attachés à décrire les défis importants et les orientations des politiques sociales en vue d’éliminer la pauvreté, tandis que les délégations des États Membres ont partagé leurs expériences nationales en matière de réduction de la pauvreté.


« À trois ans seulement de l’échéance de 2015 fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il est nécessaire de se fonder sur les succès obtenus et les leçons apprises », a ainsi souligné M. Valero Briceño, en lançant la discussion.


M. JESPER OESTRUP ZWISLER, Premier Secrétaire au Ministère des affaires sociales du Danemark, qui s’exprimait au nom de la Ministre des affaires sociales, de la sécurité sociale et de l’intégration du Danemark, Mme KAREN HAEKKERUP, a expliqué que le ralentissement économique s’aggravait et affectait de plus en plus de pays en Europe.  L’impact de la crise économique risque de détériorer gravement la situation des citoyens les plus vulnérables.  Mais, a-t-il ajouté, les pires effets de la crise ont été atténués jusqu’ici par différents systèmes de protection sociale.  M. Zwisler a rappelé que l’Union européenne avait fixé l’objectif ambitieux d’éliminer la menace de la pauvreté pour 20 millions de personnes d’ici à 2020.


M. Zwisler a également souligné l’importance du « Socle de protection sociale de l’Organisation internationale du Travail (OIT) », un outil utile pour aider les pays à développer des systèmes de sécurité sociale.  Il a jugé ainsi encourageant le consensus large observé au sein de la communauté internationale en faveur de cette approche.  Dix-sept ans après le Sommet social de Copenhague, a-t-il dit, des efforts résolus ont été entrepris en vue de lutter contre la pauvreté par un large éventail d’initiatives.  Ceci a été réalisé en s’en tenant à des valeurs communes fortes, par exemple la conviction partagée selon laquelle le développement économique et la justice sociale vont de pair.


Mme HODA RASHAD, Directrice de recherche au Centre de recherche social de l’Université américaine du Caire, a notamment souligné que la réduction de la pauvreté était un droit fondamental adopté dans la Déclaration universelle de 1948.  L’échec de l’État à s’acquitter de son obligation peut s’expliquer par un certain nombre de causes génériques qui ne sont pas seulement liées à un manque de volonté ou d’absence de politiques, ou même de faibles ressources économiques.  Elle a mis l’accent sur les cadres de justice sociale, indispensables pour entreprendre des efforts qui dépassent les limites des allocations budgétaires.  Tous les gouvernements peuvent faire mieux si l’équité et les droits de l’homme représentent la pierre angulaire de leurs actions, a-t-elle assuré.


M. ARMANDO BARRIENTOS, Directeur de recherche au Brooks World Poverty Institute, a notamment mis l’accent dans son intervention sur la nécessité de procéder à un renforcement de l’institutionnalisation des programmes en faveur de l’élimination de la pauvreté.  Il y a beaucoup à apprendre de la part de pays à revenus intermédiaires qui ont commencé très tôt dans ce processus.  Il est essentiel également, a-t-il estimé, de combiner la protection sociale avec la croissance économique et la fourniture de service de base.


Mme SU GUOXIA, Directrice adjointe du Département de politique et de règlementation du Groupe directeur du Conseil d’État chargé de la réduction de la pauvreté et du développement en Chine, a estimé qu’une croissance économique rapide était indispensable pour réduire la pauvreté.  Elle a ainsi énuméré certaines des mesures sociales prises, notamment en faveur des pauvres dans les zones rurales défavorisées.  Le Gouvernement a adopté une stratégie régionale de développement pour aider les villages les plus reculés du pays.  La Chine est décidée à institutionnaliser ces programmes de réduction de la pauvreté pour en accentuer l’efficacité, a-t-elle dit.  Des mécanismes de responsabilisation ont été aussi développés à différents échelons, a-t-elle ajouté. 


Lors du débat interactif, la représentante du Mexique a souligné que son pays avait procédé à une évaluation multidimensionnelle de la pauvreté en vue de renforcer l’efficacité des programmes sociaux.  L’institutionnalisation des programmes est importante, a-t-elle fait observer.  La déléguée a également insisté sur l’importance du développement de la coopération entre les pays et des échanges d’expériences réalisées au cours des 20 dernières années.


Son homologue du Botswana a notamment demandé de préciser les avantages des transferts d’aliments plutôt que ceux des transferts de fonds.  Il faudrait surtout pouvoir déterminer si l’aide qui est ainsi apportée aux familles en difficulté constitue un appui direct ou durable, a répondu M. BARRIENTOS.  Celui-ci a également souligné l’importance de la transparence dans les transferts, mais également dans leurs objectifs.


Le délégué du Sri Lanka a fait part des résultats positifs obtenus dans son pays en matière de réduction de la pauvreté, mais a évoqué les conséquences néfastes des crises extérieures qui, a-t-il dit, ont aggravé la situation des pauvres, comme l’insécurité alimentaire ou les problèmes environnementaux.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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