Le Département de l’information et l’UNESCO placent la Journée mondiale de la liberté de la presse sous le signe des médias sociaux « force transformatrice des sociétés »
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Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Commémoration de la Journée mondiale
de la liberté de la presse
matin
LE DÉPARTEMENT DE L’INFORMATION ET L’UNESCO PLACENT LA JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
SOUS LE SIGNE DES MÉDIAS SOCIAUX « FORCE TRANSFORMATRICE DES SOCIÉTÉS »
Pour célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Département de l’information et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont organisé, ce matin, une Réunion de haut niveau surle thème « Les nouvelles voix: La liberté des médias aide à transformer les sociétés ». Cette Réunion, tenue en présence du Président de l’Irlande et du Secrétaire général de l’ONU, a reconnu le pouvoir des médias sociaux et leur force transformatrice comme l’a si bien illustré « le printemps arabe ».
Les évènements historiques qui se déroulent dans le monde arabe n’auraient pas été possibles sans l’émergence de ces nouvelles voix rendues fortes par les nouveaux médias, a déclaré le Président de l’Assemblée générale, de nationalité qatarie. Nous sommes témoins, a-t-il dit, d’une utilisation accrue de nouvelles plateformes médiatiques qui mobilisent des millions de personnes autour de la démocratie, des droits de l’homme et de la liberté d’expression.
Internet, a renchéri un journaliste de « Huffington Post », est devenu le moyen d’expression privilégié des jeunes de moins de 30 ans qui représentent 70% de la population arabe. Selon les grands médias, comme CNN, entre 20 et 30% des images de la Syrie sont envoyées par des citoyens qui s’improvisent journalistes, a indiqué le représentant de AVAAZ, « mouvement mondial en ligne qui donne aux citoyens les moyens de peser sur les décisions politiques partout dans le monde ».
« Penser, montrer, dire et publier peuvent se fusionner en un seul acte immédiat avec un dispositif sans fil qui échappe aux contrôles et aux contraintes traditionnelles », s’est félicité le Président du Comité de l’information.
Aujourd’hui, a ironisé la représentante de « Reporters sans frontières », on ne torture plus tellement pour connaître les noms des complices mais pour obtenir les mots de passe sur Facebook ou autres réseaux sociaux. Elle a ajouté qu’en 2011, près de 200 bloggeurs ont été emprisonnés car malheureusement, les gouvernements ont accès à la technologie qui permet de localiser les voix dissidentes.
S’il ne s’est pas porté au secours de ces régimes, le Président de l’Irlande et ancien journaliste lui-même, a prévenu qu’avec les libertés, viennent les responsabilités. Il a souhaité que s’appliquent aux internautes les mêmes règles que celles auxquelles est soumise la presse traditionnelle. La question de l’exactitude et de la fiabilité des informations reçues du grand public a d’ailleurs été largement commentée au cours de la Réunion de haut niveau.
Cette année encore, les intervenants ont dû se plier à la tradition du décompte macabre. Le Président de l’Association des journalistes accrédités auprès de l’ONU (UNCA) a donné lecture d’une liste de 63 de ses collègues morts dans l’exercice de leurs fonctions au cours des 12 derniers mois. Depuis quatre ans, s’est-il désolé, je lis une liste de plus en plus longue.
En 2011, a ajouté le Secrétaire général de l’ONU, 179 journalistes ont été placés en détention, soit 20% de plus que l’année précédente et le nombre le plus élevé depuis les années 90. Il a rappelé qu’en septembre dernier, l’ONU a tenu sa toute première réunion interinstitutions sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, laquelle a donné lieu à un Plan d’action complet.
Ce Plan vient d’être approuvé par le Conseil d’administration de l’UNESCO, a indiqué un des directeurs de cette Organisation qui a aussi annoncé l’attribution aujourd’hui même, en Tunisie, du prix mondial de la liberté de la presse Guillermo Cano, à Eynulla Fatullayev, journaliste azerbaïdjanais.
Outre le Plan d’action, la représentante de Reporters sans frontières a rappelé la pertinence de la résolution 1738 (2006) du Conseil de sécurité et la nécessité d’en assurer le suivi. La célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse s’est précisément poursuivie avec une table ronde sur le thème « Protéger les journalistes: Les enseignements tirés et les perspectives cinq ans après l’adoption de la résolution 1738 ». La manifestation était organisée par les Missions permanentes de la France et de la Grèce auprès des Nations Unies, en coopération avec l’UNESCO.
Déclarations
M. MAHER NASSER, Directeur par intérim du Département de l’information de l’ONU (DPI), a expliqué que la Journée mondiale de la liberté de la presse avait été lancée, il y a 21 ans, lorsqu’un groupe de journalistes africains, réunis à Windhoek, en Namibie, pour un séminaire organisé par l’UNESCO, avaient signé une Déclaration de principes. La Déclaration de Windhoek plaide ainsi pour l’instauration et la promotion d’une presse indépendante, pluraliste et libre comme outil essentiel de développement et de démocratie. M. Nasser s’est aussi remémoré les évènements de l’an dernier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, qui ont dévoilé le rôle crucial des médias, tant traditionnels que nouveaux. Il a en outre attiré l’attention sur les graves dangers auxquels s’exposent les journalistes en accomplissant leur travail.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a salué la présence du Président de l’Irlande, ancien journaliste et Ministre de la culture et des arts. Il a ensuite rappelé que plus de 60 journalistes ont été tués l’an dernier dans le monde et que de nombreux autres ont été blessés. D’après le Comité pour la protection des journalistes, 179 journalistes ont été placés en détention en 2011, soit 20% de plus que l’année précédente et le nombre le plus élevé depuis les années 90. Bien d’autres ont été réduits au silence ou censurés par des États, des entreprises ou des gens puissants, a aussi déploré le Secrétaire général.
Le Secrétaire général a dénoncé l’impunité dont jouissent ceux qui attaquent ou menacent les journalistes. De telles agressions sont scandaleuses, a-t-il tranché, avant de plaider pour que l’on empêche ces violences et en poursuive les auteurs. Les défenseurs de la liberté de la presse défendent nos droits et nous devons, nous aussi, défendre les leurs, a-t-il dit.
Le Secrétaire général a rappelé qu’en septembre dernier, l’ONU a tenu sa toute première réunion interinstitutions sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité. Cette réunion a donné lieu à un plan d’action complet. Le système des Nations Unies, a-t-il indiqué, se mobilise pour sensibiliser l’opinion à cette question, aider les États Membres à renforcer leur cadre juridique et les encourager à enquêter sur les attaques commises contre les journalistes, a expliqué M. Ban.
La Journée mondiale de la liberté de la presse reconnait cette année le rôle de transformation des nouveaux médias, a poursuivi M. Ban Ki-moon, soulignant ce rôle au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, l’an dernier. Ces nouveaux modes de communication ont aidé des millions de personnes à saisir pour la première fois la chance de participer à la démocratie, a-t-il observé. « Engageons-nous à faire tout notre possible pour que les journalistes, que ce soit dans les médias classiques ou les nouveaux médias, puissent faire leur travail », a lancé le Secrétaire général. Ces efforts sont indispensables pour contribuer à l’avènement d’une société plus forte, plus saine et plus pacifique, a-t-il précisé.
M. MICHAEL HIGGINS, Président de l’Irlande, a mis l’accent sur le rôle fondamental de la liberté d’expression et de la liberté de la presse dans la vie de toute société libre. Cette célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse constitue un acte de solidarité, mais elle doit aussi être un engagement à traduire en actes les aspirations en matière de droits de l’homme. Alors que 60 journalistes sont morts dans l’exercice de leurs fonctions en 2011 et que 14 sont déjà tombés en 2012, il nous faut reconnaître la puissance transformatrice des médias, y compris les nouveaux médias.
Les médias sont le moteur de la reforme des sociétés, un moteur indispensable pour permettre la circulation des idées, cœur de la lutte pour la démocratie. C’est ce qui fait de 2011, a estimé le Président, une année cruciale. Il a salué le travail difficile des journalistes mis en exergue par le Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’homme.
Avec les libertés, a-t-il poursuivi, viennent les responsabilités. Le Président a souhaité que s’appliquent aux internautes les mêmes règles que la presse traditionnelle s’agissant de la réputation des personnes, de la sécurité nationale ou des intérêts publics. Pour lutter contre le fossé numérique et permettre à tous d’accéder à l’Internet, le Président a prôné une approche inclusive et des partenariats entre les gouvernements, les organisations internationales et régionales, la société civile et le secteur privé. Il a salué les efforts de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et du Département de l’information des Nations Unies (DPI).
Au nom du Président de l’Assemblée générale, son Chef de cabinet, M. MUTLAQ AL-QAHTANI, a noté qu’il est largement reconnu aujourd’hui que les évènements historiques qui se déroulent dans le monde arabe, participant du « réveil arabe », n’auraient pas été possibles sans l’émergence de ces nouvelles rendues fortes par les nouveaux médias et les nouvelles technologies. Nous sommes témoins, a-t-il dit, d’une utilisation accrue de nouvelles plateformes médiatiques et technologies qui mobilisent des millions de personnes autour de la démocratie, des droits de l’homme et de la liberté d’expression. Nous voyons, a-t-il poursuivi des nations, des sociétés et des régions entières être transformées par ces nouvelles voix émancipées.
La démocratie et le développement, a-t-il estimé, sont les plus grands bénéficiaires de médias indépendants, pluralistes et libres. Mais, a-t-il reconnu, l’indépendance, la sécurité et la liberté des médias ne sont pas toujours garanties. Après avoir condamné les attaques contre les médias, il a jugé utile de garder à l’esprit que la liberté de la presse s’accompagne d’une série de responsabilités. La vitesse avec laquelle les informations sont partagées place un autre fardeau sur les épaules des médias qui doivent assurer véracité, équilibre et objectivité dans leur travail. Les journalistes ne sont pas seulement ceux qui informent du changement dans les sociétés mais ils sont aussi les agents du changement. Il est donc important que les médias nouveaux et traditionnels ne soient pas utilisés pour propager la haine ou les tensions, et inciter à la violence. Mais, a insisté l’orateur, nous devons travailler pour empêcher toute violence à l’égard des médias. Il est tout aussi important que nous travaillions pour combler le fossé digital. Nous devons faire plus afin que les avantages de la liberté de la presse profitent à tous.
Le Président du Comité de l’information, M. EDUARDO ULIBARRI-BILBAO(Costa Rica), a rappelé que la liberté de la presse était garantie par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il a salué la nouvelle impulsion dont bénéficie la liberté de la presse grâce aux technologies de l’information et de la communication. Il a déploré les entraves politiques, économiques et sociales qui empêchent des millions de personnes de jouir de la liberté de la presse. Il a fustigé les tentatives de certains gouvernements de freiner l’utilisation des médias et d’empêcher les journalistes et les citoyens ordinaires de s’exprimer.
Il a rappelé que 21 journalistes ont été tués en 2012 et que 169 ont été emprisonnés, alors que 121 internautes sont détenus du fait de leurs activités. Les efforts pour garantir la liberté de la presse doivent être constants, a-t-il insisté, en rappelant que cette liberté ne garantit pas seulement l’exercice des droits individuels fondamentaux, mais bénéficie aussi à l’ensemble de la société par son fort potentiel de transformation.
« Grace aux technologies de l’information et de la communication, penser, montrer, dire et publier peuvent se fusionner en un seul acte immédiat avec un dispositif sans fil qui échappe aux contrôles et aux contraintes traditionnelles », a dit le Président du Comité de l’information. Il a exhorté les États Membres à surmonter les défis en matière d’infrastructures des technologies de l’information et de la communication. La fracture numérique ne pourra être réduite que par des mesures d’incitation pour les entreprises et la mise en place d’un cadre juridique propice à la liberté de la presse et des médias.
Il s’est inquiété des tentatives de certains pays qui consacrent énormément de ressources pour entraver les médias. Il a indiqué que le Costa Rica a adhéré à la Déclaration finale de la Conférence sur la liberté d’Internet qui s’est tenue à La Haye, le 9 décembre 2011.
M. MORGENS SCHMIDT, Directeur de la coordination sur le terrain pour l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a souligné que les jeunes ont trouvé de nouvelles manières de se faire entendre. Les nouvelles technologies ont fait exploser les anciens cadres de la liberté de la presse et permettent la circulation de l’information à une vitesse inouïe. Il a donné l’exemple des images du Tunisien Mohammed Bouazizi immolé par le feu, qui ont fait le tour du globe. « Le téléphone portable est devenu le porte-voix de toute une génération », a-t-il prévenu.
Pourquoi sommes-nous si attachés à la liberté de la presse? Pourquoi l’ONU a-t-elle une institution spécialisée chargée de promouvoir la liberté des médias? Parce que, a-t-il répondu, la liberté de la presse et la liberté d’expression sont les pierres angulaires de la démocratie. M. Schmidt a appelé à assurer la sécurité des médias, regrettant le nombre encore trop élevé de journalistes tués. Il a cité le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, adopté l’an dernier. Il s’est réjoui que ce Plan vienne d’être approuvé par le Conseil d’administration de l’UNESCO. Il a rendu hommage à Eynulla Fatullayev, journaliste azerbaïdjanais, qui recevra aujourd’hui, en Tunisie, le prix mondial de la liberté de la presse Guillermo Cano, décerné par l’UNESCO.
M. GIANPAOLO PIOLI, Président de l’Association des journalistes accrédités auprès de l’ONU (UNCA), a donné lecture d’une liste de 63 journalistes morts dans l’exercice de leurs fonctions au cours des 12 derniers mois. Depuis quatre ans, je lis une liste de plus en plus longue, a-t-il dit, avant d’exhorter les gouvernements à garantir une réelle liberté de la presse partout dans le monde. Cinq ans après l’adoption de la résolution 1738 du Conseil de sécurité, les États Membres de l’ONU doivent faire plus, a dit M. Pioli, en souhaitant que l’année 2012 devienne l’année de la traduction des engagements en actes.
Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire général adjoint par intérim de l’information, M. Maher Nasser, a rappelé qu’une presse libre est la meilleure garantie pour promouvoir une société saine. C’est pourquoi, il a exhorté les États Membres de veiller à ce que les journalistes bénéficient d’un environnement favorable à l’exercice de leur profession en toute sécurité et en toute liberté.
Table ronde sur le thème « Les nouvelles voix: La liberté des médias aide à transformer les sociétés »
Mme DELPHINE HALGAND, Directrice de « Reporters sans frontières », a parlé du meurtre de deux journalistes au Mexique et au Bahreïn, l’année dernière, qui illustre l’importance des réseaux sociaux et la violence commise à l’égard de ceux qui les utilisent. Près de 200 bloggeurs ont été arrêtés en 2011.
La Chine, la République islamique d’Iran et le Viet Nam détiennent le record en la matière, a-t-il accusé, dénonçant les coupures de signaux comme en Égypte, en Chine ou au Kazakhstan, ou les pressions exercées sur les fournisseurs d’accès. Aujourd’hui, a-t-elle dit, on ne torture plus tellement pour connaitre les noms des complices mais pour obtenir les mots de passe sur Facebook ou autres réseaux sociaux. Saluant la résolution 1738 (2006) du Conseil de sécurité, elle a estimé qu’un rapport d’étape était maintenant nécessaire pour évaluer la situation. L’histoire de Mohammed Bouazizi, a-t-elle prédit, a transformé la société tunisienne et continuera de le faire.
M. IAN BASSIN, Directeur de campagne et Conseiller général de AVAAZ, « mouvement mondial en ligne qui donne aux citoyens les moyens de peser sur les décisions politiques partout dans le monde », a indiqué que selon les grands médias, comme CNN, entre 20 et 30% des images de la Syrie sont envoyées par des citoyens qui s’improvisent journalistes. Nous commençons à voir les premiers effets de ces avancées, a expliqué M. Bassin, donnant l’exemple des téléphones portables qui enregistrent des cas de fraude électorale.
AHMED SHIHAB-ELDIN, Journaliste à « Huffington Post », a fait projeter une vidéo pour illustrer le potentiel des médias sociaux pour la démocratisation du monde arabe. Il a aussi mis en garde contre « l’autre versant » de ces médias qui permet aux régimes autoritaires d’identifier plus facilement les activités des droits de l’homme et de les localiser. Aujourd’hui, a-t-il dit, l’Internet est devenu le moyen d’expression privilégié des jeunes de moins de 30 ans qui représentent 70% de la population arabe. Face à cela, il faut savoir par exemple, que le Gouvernement syrien utilise aussi ces outils pour réprimer les voix de la dissidence. En Égypte, le nouveau Gouvernement militaire a promulgué des lois d’urgence limitant l’accès aux réseaux sociaux.
Mme AMY GOODMAN, Journaliste primée et auteur de « Democracy-now », a rappelé que des multinationales occidentales ont dû collaborer avec le Gouvernement égyptien pour couper l’Internet et fournir des technologies permettant de lire les messages sur les téléphones portables et de localiser les militants des droits de l’homme. Dans cet ère numérique, il est essentiel que toute la société soit proactive pour protéger les utilisateurs des médias sociaux, a insisté Mme Goodman. Si on a des informations sur les uns et les autres, on apprendra à se connaître et on sera moins tenté de se détruire, a déclaré Mme Goodman.
Si pendant une semaine on pouvait voir les dégâts collatéraux de la guerre en Afghanistan et des attaques de drones au Pakistan et au Yémen, ou encore les images de femmes démembrées par les explosifs, je suis sûre, a-t-elle dit, que le peuple américain plein de compassion dirait non à la guerre.
L’échange qui a suivi les exposés a porté tout d’abord sur la fiabilité des informations reçues par le grand public, mettant en balance l’exactitude des informations publiées par les nouveaux médias, d’une part, et l’influence que subissent certains médias traditionnels, d’autre part.
À cet égard, la Directrice de Reporters sans frontières a souligné la complémentarité des médias traditionnels et des nouveaux médias, car les informations fournies par les journalistes traditionnels peuvent être confirmées ou vérifiées par les nouveaux médias.
De l’autre côté, « il faut absolument vérifier l’exactitude de ce qu’on apprend sur les réseaux sociaux », a décrété la représentante de « Democracy-now », reconnaissant la nécessité de s’assurer de la précision et de l’exactitude des informations livrées par les nouveaux médias. Le site www.democracynow.org parle de toutes ces questions, a-t-elle dit, avant de reconnaître que l’avantage des nouveaux médias est qu’ils permettent de faire entendre la voix de la minorité.
À ce propos, la représentante de la Ligue des électrices aux États-Unis a dénoncé les émissions de Fox News Network et de CNN, qui diffusent des émissions 24 heures sur 24 en essayant d’influencer les téléspectateurs, tandis que le Directeur de campagne et Conseiller général de AVAAZ a rappelé qu’il avait fallu le scandale de « News Corporation » au Royaume-Uni pour qu’on se penche sur la question du monopole dans les médias.
Pour le journaliste du réseau Huffington Post, il est important de mettre au jour la collusion entre les autorités publiques et les grandes entreprises. Or, les médias sociaux sont plus à même de le faire que les médias traditionnels. Il a aussi souligné l’avantage que présente la réactivité des médias sociaux par rapport à la passivité des autres médias tels que la chaîne de télévision CNN qui a récemment perdu 50% de ses téléspectateurs.
Illustrant cette réactivité des nouveaux médias, le Conseiller général de AVAAZ a relevé que les projets de lois aux États-Unis prévoyant de réglementer l’Internet seraient passés inaperçus si les réseaux sociaux n’avaient pas alerté l’opinion et fait signer des pétitions.
Outre l’influence des autorités et des grandes entreprises, les médias traditionnels peuvent être influencés par la publicité, qui joue un rôle si important dans les médias américains, a relevé la représentante de Green Panthers.
Dans les pays en développement, les médias sociaux et les téléphones mobiles portent en eux un grand potentiel de développement, a relevé le représentant d’Avocats sans frontières, mais l’accès à l’Internet reste très difficile dans certains de ces pays, a indiqué la Directrice de Reporters sans frontières, soulignant le rôle d’autant plus important de la téléphonie mobile.
Parallèlement, ces médias sont facilement accessibles aux enfants dans le monde développé, a relevé la représentante de l’organisation Operation Peace for Unity. À cet égard, le représentant de l’UNESCO a expliqué que cette organisation avait lancé un projet d’apprentissage des médias à l’intention des enfants.
Si le représentant de l’UNESCO a signalé l’existence d’un système de localisation géographique des images reçues sur les nouveaux médias, utile pour vérifier les informations, le journaliste du Huffington Post a suggéré de bien former les utilisateurs de ces médias pour éviter qu’ils ne tombent entre les mains de ceux qui cherchent à les réprimer.
Le débat s’est d’ailleurs poursuivi sur le terrain de la sécurité des journalistes. La Directrice de Reporters sans frontières a reconnu que les gouvernements devaient agir davantage pour garantir la protection de ces professionnels. Reporters sans frontières a établi un bilan des mesures prises pour appliquer la résolution 1738 du Conseil de sécurité, a-t-elle indiqué à cet égard. Notant que les représentants d’ONG sont parfois dans une situation encore plus dangereuse que celle des journalistes, elle a attiré aussi l’attention sur la sécurité des chauffeurs et des interprètes qui accompagnent les journalistes dans leur travail.
Le représentant de l’UNESCO a affirmé l’importance de la résolution 1738, estimant qu’il fallait déjà bien la mettre en œuvre avant d’envisager d’autres instruments juridiques. C’est une question que l’UNESCO va examiner dans la mise en œuvre du Plan d’action sur la question, a-t-il annoncé.
Pour sa part, l’auteur de « Democracy-now » a avoué être très préoccupée de la situation aux États-Unis. Elle a rappelé l’existence d’une loi qui interdit aux soldats de descendre dans la rue mais a souligné que la police américaine à tendance à se militariser. Elle a relaté de façon détaillée des incidents violents avec des unités de police qu’elle avait vécus lors d’une manifestation.
Sur le plan juridique, la représentante de Light Millenium Organization a indiqué que la promotion de l’accès du grand public aux moyens de télédiffusion est une liberté prise en compte par la Constitution des États-Unis. Elle a souhaité que l’ONU agisse dans le même sens et s’est étonnée que cela ne soit pas un des buts des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Enfin, la représentante de Media Global News a regretté que les intervenants du début de la réunion n’aient pas participé au débat interactif avec des journalistes militants, mais ils en étaient empêchés pour des raisons d’emploi du temps, a expliqué le représentant de l’UNESCO.
Dans les remarques de clôture, le représentant d’AVAAZ a déclaré qu’il avait tendance à faire plus confiance aux vidéos provenant du terrain qu’aux reporters qui se trouvent à des milliers de kilomètres de l’action. De son côté, le journaliste du Huffington Post, notant que 76 journalistes ont été arrêtés dans des pays démocratiques, a jugé que ce serait une erreur de se concentrer sur une seule partie du monde. Il faut aussi, a-t-il ajouté, s’intéresser aux informations diffusées par ceux qui ne sont pas d’accord avec nous. Dressant un parallèle avec la peinture murale qui orne la salle du Conseil de sécurité, la représentante de « Democracy-now » a dit qu’il était de notre devoir de mettre en lumière tous les « tableaux de Guernica » pour montrer la réalité de la guerre partout dans le monde, sans embellir ni occulter. Enfin, la représentante de Reporters sans frontières a souligné que nos voix pouvaient transformer nos sociétés et empêcher les sociétés démocratiques de vendre aux pays autoritaires la technologie pour étouffer la voix des défenseurs de la démocratie.
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