En cours au Siège de l'ONU

FEM/1897

Commission de la condition de la femme: le débat général s’achève par un appel à la participation des femmes aux prises de décisions politiques et socioéconomiques

5/03/2012
Conseil économique et socialFEM/1897
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme                     

Cinquante-sixième session                                  

12e et 13e séances – matin et après-midi


COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: LE DÉBAT GÉNÉRAL S’ACHÈVE PAR UN APPEL À LA PARTICIPATION

DES FEMMES AUX PRISES DE DÉCISIONS POLITIQUES ET SOCIOÉCONOMIQUES


La Commission de la condition de la femme a conclu, cet après-midi, son débat général en appelant à la pleine participation des femmes, en particulier des femmes rurales, aux processus de prise de décisions politiques, économiques et environnementales.


Cette dernière séance du débat général a été ainsi l’occasion pour plusieurs représentantes de pays et d’entités de l’espace arabe de souligner le rôle joué par leurs consœurs, au cours de l’année écoulée qui a vu des changements importants se produire dans un certain nombre d’États arabes.  Elles ont invité les femmes, actrices de ces changements majeurs, à revendiquer leur pleine participation aux décisions politiques qui décideront de l’avenir de ces pays qui ont connu de véritables révolutions. 


« La femme arabe a participé de façon fondamentale et efficace aux transformations du monde arabe », s’est félicitée la représentante de la Ligue des États arabes, tandis que sa collègue de la Libye a dit espérer que les femmes de son pays rejetteraient toute loi qui chercherait à marginaliser leur rôle au sein de la nouvelle société libyenne.


De son côté, la représentante de l’Union interparlementaire (UIP) a mis l’accent sur la participation des femmes aux gouvernements locaux et a invité les partis politiques à inclure des femmes sur les listes électorales dans les districts ruraux. 


Plusieurs délégations ont ensuite mis l’accent sur les défis qui se posent à chaque pays et à la communauté internationale en général pour parvenir à l’autonomisation économique des femmes rurales, notamment en ce qui concerne leur accès équitable à la propriété, aux crédits, à l’éducation et aux soins de santé.


Face à de telles contraintes, la migration vers la ville est souvent la seule option pour ces zones, ont alors fait remarquer plusieurs observateurs, dont la Conseillère du Saint-Siège, ainsi que les représentants d’ONU-Habitat et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et des ONG.  Mais migrer est une décision qui peut rendre les femmes rurales soit plus autonomes, soit au contraire, plus vulnérables, car elles peuvent devenir victimes d’escroquerie à la migration ou devenir les cibles de trafics humains, ont averti les intervenants.


Constatant les effets néfastes des changements climatiques, dont la multiplication des catastrophes naturelles, des délégations ont estimé que la communauté internationale doit s’assurer que les femmes, en particulier les femmes rurales, participent au processus de prise de décisions dans la gestion des effets de ces catastrophes.  Ceci a notamment été souligné par les délégations de petits États insulaires en développement (PEID), dont celles des Bahamas et des Comores.  « Les femmes et les enfants courent 14 fois plus que les hommes le risque de mourir à la suite d’une telle catastrophe », a rappelé la représentante de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.  « C’est pourquoi, elles doivent être impliquées dans la préparation de la réponse non seulement en tant que bénéficiaires des éventuels secours, mais aussi en tant que participantes à part entière à ces efforts », a-t-elle conclu.


La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, mardi 6 mars, à partir de 10 heures.


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »


Suite et fin du débat général


Mme PARIKHAN SHAWKY (Iraq) a déclaré que, conformément à la Constitution iraquienne de 2005 et aux principes d’égalité, les efforts de son gouvernement avaient visé l’égalité et l’autonomisation des femmes.  Le Gouvernement iraquien a notamment fait de sa priorité l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes rurales et le déploiement d’efforts en vue d’accroître leurs compétences, a-t-elle expliqué.  Elle a souligné qu’une Division des femmes rurales avait été créée au sein du Ministère de l’agriculture et que des programmes de sensibilisation avaient été mis sur pied.  Divers ateliers ont ainsi abordé des questions environnementales, la production agricole, les soins de santé, les nouvelles technologies et l’environnement, ainsi que les maladies transmissibles des animaux à l’homme.  Mme Shawky a ajouté que le plan de développement national, en vigueur jusqu’en 2014, accordait aussi une attention particulière à l’accès à l’eau, en particulier pour les femmes rurales. 


Mme TRAN BICH LOAN (Viet Nam) a indiqué que dans son pays, les femmes rurales représentent 50,5% de la force de travail rurale, dont 68% dans le domaine de l’agriculture.  Le Viet Nam s’est doté d’une Stratégie nationale pour l’égalité entre les sexes pour la période 2011-2015, ainsi que d’un projet pour la formation professionnelle des travailleurs ruraux.  L’accès des femmes rurales aux crédits a été amélioré, notamment pour les femmes vivant dans des zones reculées.  Mme Loan a précisé que plus de 83% des ménages pauvres ayant obtenu un crédit auprès de la Banque de politique sociale du Viet Nam étaient dirigés par des femmes.  De plus, entre 2006 et 2010, plus de 800 000 ménages ont réussi à échapper à la pauvreté, et l’éducation des femmes et des fillettes bénéficie d’une attention accrue.  La représentante a cependant indiqué que les femmes rurales continuent de confronter d’importants défis, notamment en ce qui concerne leur participation aux affaires communales et au processus de prise de décisions.


M. PALITHA T.B. KOHONA (Sri Lanka) a estimé que la communauté internationale devait réaffirmer son engagement fort envers les femmes et les filles des zones rurales.  Il a rappelé les contraintes qui pèsent sur elles à travers le monde, y compris dans son pays.  Il a ensuite cité plusieurs réformes entreprises par le Gouvernement du Sri Lanka en vue d’améliorer leurs conditions de vie, des réformes qui se sont notamment attaquées de front à la mortalité infantile et maternelle, à l’alphabétisation et aux investissements dans les infrastructures et l’agriculture, a-t-il souligné.  Cela a permis notamment une baisse de la mortalité, ainsi que des hausses dans la proportion du nombre de femmes qui ont appris à lire et à écrire et jouissent d’une éducation, a-t-il poursuivi, ajoutant que le Sri Lanka se place, dans ces domaines, parmi les pays les plus avancés d’Asie. 


Mme SOFIA BORGES (Timor-Leste) a indiqué que 70% des femmes handicapées du Timor-Leste étaient originaires de zones rurales.  Elle a dit espérer que la Conférence Rio+20 sera l’occasion de mettre l’accent sur le rôle des femmes dans le développement durable.  La représentante a souligné l’importance de « transversaliser » toutes les politiques pertinentes et d’accorder une pleine participation aux femmes dans les secteurs politique et économique de la société.  Elle a ensuite fait savoir que son pays venait d’adopter une loi des quotas pour assurer une bonne représentation des femmes au Parlement.  Le Timor-Leste dispose également d’un plan d’action national pour combattre la violence domestique, et une résolution sur la budgétisation sexospécifique a été approuvée par le Parlement, a indiqué Mme Borges.


Mme MONIA ALSALEH (République arabe syrienne) a regretté que les différents rapports présentés par le Secrétaire général au cours de cette session de la Commission de la condition de la femme ne mentionnent jamais les défis auxquels font face les femmes rurales dans le Golan syrien occupé par Israël.  Elle a souligné que sa délégation avait, à plusieurs reprises, transmis des informations importantes à ce sujet au Secrétaire général.  Cette occupation impose un fardeau économique à ces femmes et en font une couche sociale des plus défavorisées de la population, a-t-elle ajouté.  Elle a ensuite cité plusieurs programmes lancés par le Gouvernement syrien afin d’encourager la présence des femmes dans les processus de prise de décisions, et notamment à leur donner la possibilité d’accéder aux fonctions supérieures du pouvoir. 


Mme MERIAM EL AMIN AHMAD (Libye) a indiqué que la promotion de l’éducation des femmes était essentielle pour aider les femmes à faire valoir leurs droits et les aider à intégrer le marché du travail.  Elle a indiqué que de nombreuses femmes libyennes n’étaient pas conscientes de leurs droits à cause de différentes coutumes traditionnelles qui ne reconnaissent pas le rôle complémentaire que jouent les femmes au sein des foyers.  Elle a évoqué les récents événements qu’a connus son pays et a dit espérer que les femmes libyennes revendiqueront leur pleine participation au processus de prise de décisions, en rejetant notamment toute loi qui chercherait à marginaliser leur rôle au sein de la société.  La représentante a ensuite déploré la marginalisation des femmes rurales, évoquant notamment la difficulté de leurs accès au crédit et à la propriété foncière.


M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a fait remarquer que les deux tiers de la population de son pays vivent dans des zones rurales et que la moitié de cette population est composée de femmes.  Il s’est félicité du fait que les femmes occupent à présent 33% des sièges de l’Assemblée constitutive du Népal.  Il a également exposé différents programmes initiés par son gouvernement en faveur de l’éducation, de la santé, du développement des compétences techniques et de l’accès à la propriété, avec pour cibles les femmes rurales et le renforcement de leur autonomie.  Il a fait remarquer que la coopération avec la société civile, ainsi que des programmes de microcrédit, avaient grandement permis de contribuer aux efforts d’autonomisation des communautés.  Il a ensuite cité plusieurs mesures prises par le Gouvernement népalais, qui sont centrées sur la lutte contre la violence domestique, ainsi que sur la lutte contre la traite des personnes.  M. Acharya a réaffirmé les engagements de sa délégation en faveur des engagements de Beijing, ainsi que le rôle des femmes dans la construction de la paix et d’un monde stable et démocratique.   


Mme PAULETTE A. BETHEL (Bahamas) a indiqué que 15% de la population des Bahamas vivaient dans des communautés rurales et a indiqué que suite à la migration des jeunes, les personnes âgées et les femmes jouaient un rôle important dans ces communautés.  Elle a évoqué les activités de la Corporation des Bahamas pour l’agriculture et l’industrie, qui a récemment appuyé deux jeunes femmes qui ont choisi de quitter la capitale pour s’établir dans la communauté de Family Island pour créer une entreprise dans le domaine de la culture des agrumes.  Mme Bethel a également indiqué que les femmes rurales avaient accès à des programmes de formation dans le domaine de la fabrication de souvenirs.  Plus de 3 000 femmes ont été formées à ce jour, a-t-elle précisé.  La représentante a ensuite parlé des défis structurels que connaissent les Bahamas à cause de leur géographie.  Le Gouvernement a donc lancé plusieurs projets de renforcement des infrastructures, notamment dans les domaines de l’éducation, des transports, de l’énergie et des services.  Cependant, a-t-elle déploré, des contraintes d’ordre budgétaire et les doubles emplois entravent souvent la bonne mise en œuvre des politiques gouvernementales.


M. EDUARDO ULIBARRI (Costa Rica) a fait observer que traiter de façon appropriée et approfondie de la situation des femmes rurales est une question liée aux droits de l’homme et à la justice.  Il a rappelé que les indicateurs sur la disparité entre hommes et femmes, ainsi que ceux sur la violence sexiste, la mortalité maternelle ou les mariages forcés étaient bien pires dans les zones rurales.  Or, les femmes rurales possèdent des connaissances importantes en matière de sécurité alimentaire, a-t-il précisé, appelant les États Membres à se faire l’écho de leur voix lors de la Conférence pour le développement durable de Rio+20.  Il a également plaidé pour une distribution équitable des ressources entre hommes et femmes et un accès équitable à l’éducation, ainsi qu’aux services de soins.  À cet égard, il a souligné que l’une des priorités de la Présidente du Costa Rica avait été de créer un réseau de structures de soins maternels et infantiles privés et publics. 


M. HERMÉNÉGILDE NIYONZIMA (Burundi) a indiqué que son gouvernement avait lancé un Plan sectoriel de développement de l’éducation et de la formation pour la période 2006-2015 et que 2 500 écoles ont été construites en zone rurale.  Il a précisé que 90% de la population du Burundi vivent de l’agriculture et que 5,2% de la population active féminine évoluent dans le secteur agricole.  Il a indiqué que le Gouvernement compte initier une politique de crédit au niveau de la microfinance et d’autres types de financement innovateurs.  Il a parlé de la vision « Burundi 2025 », qui est une politique volontariste de promotion de la femme.  Il a expliqué que pour opérationnaliser cette vision, le Burundi venait de se doter d’un document de deuxième génération de « Cadre stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté ».  Pour soutenir les femmes rurales, le représentant a dit que le Burundi a mis l’accent sur l’importance de la mise en place d’un dispositif efficace de services financiers, sur la formation des filles et des femmes dans des métiers non traditionnels et sur la promotion du partenariat chez les femmes rurales et entrepreneures.


M. RAFAEL ARCHONDO (Bolivie) a souligné que 62% de la population de son pays sont composés de peuples autochtones tandis que les femmes vivant en zones rurales représentent plus de 50% de cette population.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, le Gouvernement a garanti l’accès à la propriété et l’accès aux marchés de semences.  Une nouvelle loi sur l’éducation prévoit un accès à des bourses universitaires pour les jeunes femmes autochtones.  Il a précisé que des programmes de semences et de citoyenneté avaient aussi permis un accès à la terre et aux capitaux dans tout le pays.  Plus de 724 000 familles ont maintenant un titre de propriété foncier et, en cas de mariage, le nom de la femme apparaît sur ce titre de propriété afin de lui en garantir l’héritage, a-t-il ajouté.


M. MOSES RUGEMA (Rwanda) a indiqué que le Gouvernement rwandais s’était engagé à garantir l’égalité hommes-femmes, et que les instruments destinés à cet effet sont en train d’être mis en œuvre.  Il a expliqué que le secteur agricole du pays générait 37% du PIB du Rwanda et assurait un emploi à de nombreuses femmes.  Le Gouvernement entend veiller à l’accès égal à la terre et il existe des programmes pour faciliter l’accès aux crédits des foyers ruraux.  L’achat des semences et des engrais est subventionné par le Gouvernement et ce dernier accorde également une attention particulière à l’accès des femmes entrepreneures aux crédits, a-t-il fait savoir.  M. Rugema a cependant indiqué que des défis persistaient du fait du manque d’accès aux bonnes techniques d’exploitation agricole.


Mme FATIMA ALFEINE (Comores) a fait remarquer que les femmes contrôlent 48% des actifs du secteur agricole dans son pays mais demeurent handicapées par le manque d’éducation ou sont confinées dans des tâches secondaires.  Conscient de ces défis, le Gouvernement comorien a adopté plusieurs mesures favorisant leur autonomisation, comme par exemple, des projets permettant le financement des activités agricoles rurales à travers la création de mutuelles de crédits, a-t-elle précisé.  Des formations ont été organisées afin de réduire les écarts entre hommes et femmes, et ce, sous l’égide du Commissariat à l’appui du genre, a-t-elle précisé.  Elle a ensuite mis l’accent sur les difficultés d’accès à la propriété, notamment en raison de l’absence de cadastre, ce qui ne permet pas à ces femmes de disposer de la terre ou de l’utiliser en vue d’obtenir des crédits.


Mme DIANNE WILLMAN, Conseillère auprès de la Mission d’observation du Saint-Siège, a observé que la migration des campagnes vers les villes était souvent la seule option pour de nombreuses femmes rurales.  Cet exode rural peut ouvrir de véritables perspectives pour certaines ou au contraire en rendre d’autres victimes d’exploitation et d’abus du fait de leur statut de migrantes.  La représentante a de plus observé que ces défis entravaient la capacité de ces femmes à s’occuper de leurs enfants et de leur famille.  Cette négligence des enfants nés et « non nés » ainsi que des familles a des conséquences importantes, a-t-elle notamment averti.  Mme Willman a ensuite mis l’accent sur l’importance de l’éducation et de la formation, pour souligner ensuite que la coopération et l’implication des hommes étaient essentielles à toute approche visant l’amélioration de la condition féminine centrée sur la valorisation de l’être humain.


Mme KAMALA CHANDRAKIRANA, Groupe de travail sur la discrimination contre les femmes dans le droit et la pratique, a indiqué que depuis le 1er mai 2011, les membres du Groupe de travail s’étaient réunis à trois reprises et qu’ils avaient lancé une étude sur le moyen de coopérer avec les États pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes.  Le Groupe se rendra sur le terrain deux à trois fois par an pour collecter des informations et examinera par ailleurs la situation des femmes en période de transition politique, a dit Mme Chandrakirana.  Elle a indiqué qu’une mission avait été récemment effectuée au Maroc au cours de laquelle les membres du Groupe de travail ont pu s’entretenir avec les dirigeantes rurales.  La représentante a ensuite fait savoir qu’en 2013, une attention particulière sera accordée aux efforts faits dans le contexte de la crise économique actuelle.


Mme ANNE CHRISTENSEN (Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge), a estimé qu’il fallait s’assurer que l’égalité des sexes demeure au centre des engagements de développement durable, à l’heure où la communauté internationale prépare Rio+20 et l’après-2015.  Elle a estimé que l’un des plus grands défis posés à la communauté internationale résidait dans le domaine de la santé, où une attention particulière doit être portée aux plus vulnérables, c’est-à-dire aux femmes et aux enfants.  Les femmes, les mères, les adolescentes et les filles sont encore trop souvent victimes de discriminations et stigmatisées dans l’accès aux soins de base, a-t-elle expliqué.  Elle a souligné que les 187 membres de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge travaillaient à la réduction de ces inégalités en matière de soins.  Elle a noté que le travail avec des volontaires, hommes et femmes, pouvait sensibiliser à cette question sur le terrain.  Elle a cité, à titre d’exemple de bonnes pratiques, un programme sanitaire public communautaire mené en ce moment par les Îles Salomon.  Mme Christensen s’est ensuite félicitée de l’initiative prise par le Japon, qui présentera cette année un projet de résolution centré sur les femmes et leur rôle dans la prévention et la gestion des catastrophes naturelles.  Elle a souligné que, statistiquement, les femmes et les enfants couraient 14 fois plus que les hommes le risque de mourir à la suite d’une catastrophe naturelle.  Dans ce contexte, elle a considéré que la communauté internationale devait s’assurer que les femmes participent au processus de prise de décisions dans la préparation et la réponse aux catastrophes naturelles, non seulement en tant que bénéficiaires, mais aussi en tant que participantes à ces processus, a-t-elle insisté.  Elle a ensuite invité les États à approfondir leur coopération avec les acteurs humanitaires et de développement.  


Mme MARIA DEL ROCIÓ GARCIA GAYTÁN, Présidente de la Commission interaméricaine pour les femmes de l’Organisation des États américains (OEA), a indiqué que la prochaine session de l’Assemblée générale de l’OEA, qui se déroulera au mois de juin à Cochabamba, en Bolivie, sera consacrée à « la sécurité alimentaire en souveraineté ».  À l’instar du rapport du Secrétaire général, elle a insisté sur la nécessité d’assurer la sexospécificité des politiques de développement agricole, d’améliorer les conditions de transport des femmes rurales, et d’aider ces dernières à obtenir des titres fonciers et à avoir accès aux ressources naturelles et à des services de financement.


Mme FIAMMA ARDITI MANZO (Ordre souverain de Malte) a dénoncé le fait que 99% des décès maternels se produisaient dans les pays en développement.  Elle a indiqué que l’Ordre souverain de Malte avait récemment ouvert une clinique néonatale et prénatale dans une zone rurale du Pakistan, et qu’il dirige également de nombreuses cliniques pour les mères et les enfants dans des régions appauvries d’Haïti, du Mexique, du Congo et du Soudan du Sud, entre autres.  Un projet de protection des mères et des enfants existe également à Bab Toumah et à Damas, en Syrie et les victimes de violence sexuelle en République démocratique du Congo ont accès aux services d’appui psychologique et médical de l’Ordre.  La représentante a ensuite passé en revue différents projets de formation professionnelle créés par l’Ordre de Malte au Viet Nam, en Namibie et au Soudan du Sud.


Mme MENSAH-WILLIAMS (Union interparlementaire (UIP) a présenté les conclusions de la réunion parlementaire annuelle de l’UIP, qui a eu lieu la semaine dernière.  Elle a souligné que celle-ci s’était concentrée sur deux questions: l’autonomisation des femmes rurales, d’une part, et d’autre part, leur participation à la vie parlementaire locale.  Cette réunion a réaffirmé que les femmes en zones rurales jouent un rôle charnière dans le développement et a noté que des lois et des pratiques discriminatoires limitent leur accès aux terres, aux crédits et aux autres actifs importants, a-t-elle rappelé.  Dans ce contexte, les membres de l’UIP ont considéré que les gouvernements devaient s’assurer que les lois nationales respectent les instruments internationaux, comme la CEDAW, en la matière.  Rappelant également que les femmes rurales ne constituent pas un groupe homogène, l’UIP a réaffirmé la nécessité de disposer des données précises et ventilées sur leurs diverses situations.  « Sans une idée précise de la réalité sur le terrain, nous risquons de mettre en place des stratégies et des politiques qui ne satisferont pas les femmes rurales », a déclaré la représentante de l’UIP.  Entre autres priorités, elle a encore noté que l’Union interparlementaire avait mis l’accent sur la participation des femmes rurales aux gouvernements locaux et que ses membres s’étaient dits favorables à l’adoption de quotas en la matière.  Elle a aussi mis l’accent sur le rôle des partis dans l’inclusion des femmes sur les listes électorales, en particulier dans les districts ruraux. 


M. RODNEY CHARLES (Trinité-et-Tobago) a indiqué que différentes initiatives avaient été mises en place pour appuyer les femmes rurales du pays, lesquelles mettent notamment l’accent sur la parité.  Trinité-et-Tobago va collecter des données ventilées par sexe sur la propriété foncière et le Gouvernement a pu réduire la vulnérabilité des femmes à la violence conjugale, en zone rurale notamment, s’est-il félicité.  Le représentant a également parlé des programmes de formation professionnelle et entrepreneuriale du pays, pour ensuite évoquer les défis considérables que connaissent les femmes rurales chefs de famille.  Des services de soins de santé mobiles sont disponibles, de même que des services d’éducation et de formation.  Un réseau d’ONG appuie, par ailleurs, les associations de femmes locales, a-t-il indiqué.


Mme MICHELE KLEIN SOLOMON (Organisation internationale pour les migrations - OIM), a indiqué que la migration pouvait rendre les femmes rurales soit plus autonomes, suite par exemple à la migration de leur conjoint ou au contraire plus vulnérables.  Elle a observé que les contributions financières des femmes migrantes étaient significatives.  Par ailleurs, dans les pays où la liberté de mouvement des femmes est limitée, le fait même de migrer est autonomisant.  La représentante a donc estimé qu’aucun effort ne devait être épargné pour optimiser les effets positifs de la migration volontaire des femmes.  La représentante a cependant observé que les femmes rurales devenaient souvent plus vulnérables en cas de migration de leur conjoint.  Leur charge de travail augmente et leurs perspectives économiques deviennent limitées du fait de l’absence des hommes, les rendant alors susceptibles de sombrer dans la pauvreté et fortement dépendantes à l’égard des renvois de fonds de leur époux. 


Le représentant a insisté sur l’importance pour les femmes rurales migrantes d’avoir accès à l’information, observant qu’elles pouvaient devenir victimes d’agences non réglementées ou plus susceptibles de se lancer dans des mariages transnationaux.  De nombreuses jeunes femmes épousent un conjoint étranger sans savoir grand-chose sur lui, et ce manque d’information peut avoir des conséquences dramatiques sur leur avenir, a-t-il notamment indiqué.  Il a par ailleurs observé que l’accès limité des femmes rurales aux ressources productives entravait leur capacité à épargner et à investir les envois de fonds qu’elles reçoivent.  Des conseils ciblés en matière de finances s’imposent, a-t-il notamment estimé.  Le représentant de l’OIM a aussi constaté que du fait des changements climatiques et des difficultés croissantes en matière d’approvisionnement en eau, la charge de travail des femmes travaillant dans l’agriculture de subsistance augmentera.


Mme WADOUDA BADRAN (Ligue des États arabes) a souligné le caractère spécial de cette session de la Commission, alors que « la femme arabe a participé de façon fondamentale et efficace aux transformations du monde arabe », a-t-elle dit.  Elle a expliqué que la Ligue arabe avait adopté un projet de rapport sur la situation des femmes dans les États qui ont connu des changements récents et que cet examen avait abouti à la création d’une organisation de la femme chargée de la coordination des efforts de promotion des femmes.  Cette organisation prévoit une stratégie régionale, qui comprend également une stratégie pour la jeunesse et une stratégie pour la femme, la sécurité et la paix conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, a-t-elle souligné.  Elle a noté que cette organisation coopérait avec plusieurs autres organisations régionales pour établir, entre autres, une stratégie de lutte contre l’analphabétisme et en faveur de la formation professionnelle.  Parmi ces institutions, elle a notamment cité l’Organisation arabe pour la culture, l’éducation et les sciences. 


Mme LITHA MUSYIMI-OGANA (Union africaine) a indiqué que les femmes rurales représentaient plus de 50% de la population rurale de l’Afrique.  Elle a ensuite déploré le peu de progrès réalisés pour leur permettre de vivre une vie sans pauvreté, sans faim et débarassée des maux du sous-développement.  Elle a indiqué que la célébration, le 15 octobre 2010, de la Journée internationale de la femme rurale avait été l’occasion de lancer la Décennie de la femme africaine 2010-2020, et a précisé qu’en 2012, la Décennie accorderait une attention particulière à l’agriculture et à la sécurité alimentaire.  Un dialogue ministériel sur ce thème a également eu lieu le 3 mars, auquel ont participé les ministres du genre, des affaires féminines et des femmes rurales.


Mme Musyimi-Ogana a ensuite fait savoir qu’en 2011, la Commission de l’Union africaine avait reçu 105 propositions de projets ruraux sur la santé maternelle et que la moitié d’entre eux avaient obtenu un financement.  Un appel semblable sera lancé sur le thème de l’agriculture et de la sécurité alimentaire en 2012, a-t-elle ajouté.


Mme AISA KIRABO KACYIRA (ONU-Habitat) a fait remarquer que le concept de développement rural ne pouvait plus être considéré comme distinct du développement urbain.  Elle a estimé qu’il était avant tout important de mettre en place une stratégie globale, qui tente de mieux comprendre comment les hommes et les femmes surviennent à leurs besoins, ainsi que l’influence des mouvements de populations dans ce domaine.  Elle a fait observer que le nombre d’habitants dans les zones urbaines devrait considérablement augmenter dans les pays en développement au cours des années à venir et, par exemple, tripler en Afrique d’ici à 2050.  Elle a souligné les privations et les exclusions multiples qui affectent les femmes et les filles dans les villes et a rappelé qu’ONU-Habitat agissait surtout dans les quartiers urbains défavorisés.  Elle a considéré que les gouvernements et les législateurs ne répondaient pas de manière adéquate aux besoins des femmes et des filles dans les villes, en particulier dans les grandes agglomérations.  Elle a ensuite demandé à la Commission, ainsi qu’aux États Membres et aux organisations de femmes, d’assurer la participation des femmes à la gouvernance et à la planification des villes et communes; d’améliorer leur participation à la planification des réponses aux catastrophes; et de les intégrer dans les programmes qui bénéficient à leurs communautés, notamment les programmes de santé, d’assainissement de l’eau, ou ceux portant sur les lois relatives à la propriété immobilière et foncière.


Mme CHERYL MORDEN (Fonds international de développement agricole (FIDA) a passé en revue différentes initiatives lancées par cette agence pour sensibiliser les communautés rurales à l’importance de la parité, notamment dans l’est du Soudan, en Ouganda et au Pérou.  Le FIDA vient par ailleurs de mettre sur pied une nouvelle politique du genre qui sera présentée à son Conseil d’administration en avril 2012.  La représentante a également fait savoir que pour le FIDA, la promotion de l’autonomisation économique des femmes rurales est un objectif stratégique clef.  Elle a ensuite estimé qu’à l’avenir, il conviendrait d’augmenter les investissements dans le développement rural, d’élargir l’accès des femmes rurales aux ressources productives, aux financements et à la propriété, et de maintenir l’attention sur l’autonomisation économique de ces dernières lors de la Conférence Rio+20 et après la date butoir de 2015.


Mme ELAWADI (Commissions régionales des Nations Unies) a rappelé que le mandat des Commissions régionales en faveur des femmes était guidé par la Déclaration et le Programme d’action de Beijing.  Elle a souligné que les Commissions continuaient de suivre les progrès de la mise en application au niveau régional de ces engagements et qu’elles offraient également leurs services et conseils aux États Membres pour la pleine application de la CEDAW.  Elle a ensuite cité plusieurs exemples de cette aide, notamment en Amérique latine et aux Caraïbes où la CEPALC aide à la collecte des données pour suivre la situation des femmes rurales, y compris celles qui n’ont pas de revenus par elles-mêmes.  En Asie et dans le Pacifique, la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) appuie la mise en place de la Déclaration de Bangkok dans le cadre de Beijing +15, tandis qu’en Afrique, la Communauté économique africaine (CEA) aide les États à faire face aux défis qui se posent dans le domaine foncier.  La représentante a, au nom des cinq Commissions régionales de l’ONU, réaffirmé leur engagement à coopérer avec toutes les organisations et entités du système onusien, en particulier l’ONU-Femmes. 


M. KEVIN CASSIDY (Organisation internationale du Travail – OIT) a parlé de l’agenda pour un travail décent lancé par l’OIT, qui met l’accent sur la création d’emplois et d’entreprises, ainsi que sur la croissance rurale durable, l’élargissement de la couverture sociale à toutes les catégories d’employés ruraux, le respect des droits des travailleurs et la promotion d’un dialogue social.  Les autorités pertinentes sont par ailleurs incitées à concevoir des programmes sur le rôle des femmes rurales, mais également à fournir des services de qualité et abordables.


M. BERTIL LINDBLAD (ONUSIDA) a indiqué que dans les pays en développement, seuls 33% des jeunes hommes et 20% des jeunes femmes étaient correctement informés au sujet du VIH/sida et que les jeunes femmes des zones rurales avaient encore moins accès aux informations et aux méthodes de prévention du VIH/sida.  Il a indiqué que le VIH/sida représentait un défi considérable pour le développement des zones rurales.  Dans certaines régions, a-t-il précisé, il est possible de faire le lien entre la vulnérabilité au VIH et la chute de la production agricole et l’insécurité alimentaire.  Le représentant a ensuite fait part de sa préoccupation au sujet de la chute de 10% qu’ont enregistrée les ressources mises à la disposition de la lutte contre le VIH/sida, lesquelles sont passées de 7,6 milliards de dollars en 2009 à 6,9 milliards de dollars en 2010.


M. MOHAMED ELKEIY (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement - CNUCED) a réaffirmé le rôle clef joué par les femmes dans l’économie, en particulier dans l’agriculture.  Il a expliqué que les petits producteurs dans les pays en développement, en particulier les femmes, faisaient face à un manque d’approvisionnement et d’information sur les prix et rencontrent aussi des difficultés à atteindre les standards de production imposés au niveau international pour pouvoir accéder aux marchés.  Dans le cas des femmes, ces contraintes sont exacerbées par les inégalités entre les sexes ou, parfois, par des mesures légales.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, la CNUCED a adopté une stratégie complète à travers trois composantes clefs: l’information sur les marchés, les renseignements du marché et les services aux marchés.  Il s’agit, par exemple, de rassembler et disséminer des informations sur les marchés, a-t-il expliqué, citant certains projets pilotes dans ce domaine menés au Cameroun et dans les Caraïbes.  Il a également cité la mise en place de partenariats privés-publics qui permettent aux petits producteurs, en particulier aux femmes, d’avoir accès au marché.  Il a aussi expliqué que la CNUCED avait également financé plusieurs initiatives telles que des entrepôts pour améliorer les capacités du secteur agricole.  Il a cité le cas du Bhoutan, où les producteurs font face à des exigences juridiques et techniques imposées par les pays importateurs et où la CNUCED a créé un système garantissant un acheteur.  Il a également rappelé que la CNUCED tiendrait sa treizième Conférence ministérielle à Doha, au Qatar, en avril prochain et que la date du 23 avril avait été dédiée à une réunion sur les femmes dans le développement.


Mme SYLVIE NDONGMO, Association des femmes africaines pour la recherche et le développement, a constaté qu’un nombre trop important de femmes ne jouissaient pas de la liberté de choix et s’est préoccupée de leur manque de représentation au sein des organes de prise de décisions.  Elle a indiqué que les femmes rurales étaient souvent dépossédées de leurs terres au profit des investisseurs étrangers.  Elle a engagé les partenaires au développement à appuyer les initiatives de création d’emplois pour les femmes rurales, entre autres.  Elle a rappelé le rôle clef que jouent les ONG et a appelé au renforcement des partenariats avec les femmes rurales.


Droit de réponse


Réagissant aux propos de la délégation de la Syrie, la représentante d’Israël a déclaré que « le régime syrien avait assassiné des milliers de personnes, en particulier des femmes, et que ces actes se poursuivaient à l’heure actuelle.  Ce régime cherche à distraire notre attention de ces massacres à l’heure où l’accès aux convois humanitaires est toujours bloqué », a-t-elle ajouté.  Elle a dit que les propos de la délégation de la Syrie n’avaient aucun intérêt dans ce débat, face à la charge de travail de cette Commission.


Suite du débat général


Mme MARIE CARMELLE LAFONTANT (Haïti) a expliqué qu’à travers son Plan global de développement conçu autour de cinq axes, le Gouvernement haïtien entendait accorder une place de choix à l’autonomisation financière des femmes pour parvenir à la réduction de la pauvreté, qui est le lot de 52% de la population haïtienne.  Elle a souligné que, du 6 au 8 mars prochain, le Ministère de la condition féminine organisait un « Forum national des femmes haïtiennes », qui réunira 625 délégués représentant les organisations féminines qui œuvrent dans les 10 départements du pays.  Elle a ensuite expliqué que son gouvernement avait adopté, en 2009, une loi sur la violence sexuelle à l’égard des femmes et des jeunes filles, qui est accompagnée de sanctions pénales.  Elle a ensuite cité les 36 microprojets mis en œuvre par le Gouvernement au cours de la seconde phase du projet d’appui aux initiatives productrices en milieu rural.  « À ce jour, la comptabilisation des bénéficiaires hommes/femmes donne respectivement 10,955 femmes pour 15,166 hommes », s’est–elle félicitée.


Mme CHANTAL KAMBIWA (Lobby des femmes africaines) a regretté la lenteur de la mise en application des engagements pris par les États envers la Décennie de la femme africaine.  Elle a réclamé l’application concrète de la résolution 62/136 de l’Assemblée générale ainsi que l’élaboration d’un nouveau contrat social qui place la couche laborieuse au cœur des politiques de développement.  Elle a également insisté sur l’importance de la disponibilité, au niveau des gouvernements, des données désagrégées par sexe dans le secteur rural.  Il faut aussi garantir aux femmes rurales un accès total aux services de santé et créer des mesures leur permettant de participer aux prises de décisions à tous les niveaux.  La représentante a également réclamé la mise en œuvre effective de la Déclaration de Maputo, pour ensuite engager ONU-Femmes à s’assurer de la présence de femmes rurales dans la composition des cellules de conseillers qui vont se mettre en place dans les semaines à venir.


Mme PANNA SOK, Forum de l’Asie et du Pacifique sur le droit, la paix et le développement, a rappelé combien l’accès à la propriété était un élément clef de l’autonomisation économique des femmes rurales et a appelé les gouvernements à appuyer les petites exploitations agricoles plutôt que l’agroalimentaire à large échelle, qui réduit l’accès à la terre pour les femmes rurales.  Elle a ensuite mis l’accent sur la violence dont sont encore victimes de nombreuses femmes dans le monde et a invité les États à prendre en compte les besoins des femmes rurales à cet égard, en particulier en prévision de la session de 2013 de la Commission qui aura cette question pour thème prioritaire.  Elle a ensuite rappelé que le droit à l’éducation, ainsi que le droit à la santé reproductive demeuraient deux domaines d’action qui avaient besoin de davantage de ressources financières, humaines et techniques de la part des gouvernements.  Enfin, elle s’est dite grandement préoccupée par le faible taux de représentation et de participation des femmes aux processus politiques locaux, ainsi qu’à la vie publique dans de nombreuses sociétés et a appelé à une meilleure représentation des femmes autochtones dans les processus de prise de décisions.


Mme CAROLE SHAW, Caucus régional Asie-pacifique, a estimé que le temps était venu de réévaluer les stratégies d’autonomisation des femmes de la région Asie-Pacifique.  Elle a dénoncé les inégalités et la discrimination dont sont victimes les femmes et les fillettes, notamment en matière d’accès à l’éducation, aux services de santé reproductive et sexuelle et aux ressources naturelles, entre autres.  Outre les problèmes posés par la pauvreté, qui est concentrée dans les zones rurales, la représentante a signalé que la situation des femmes âgées était souvent ignorée, malgré le fait qu’elles représentent la majorité des femmes rurales pauvres de la région.  Elle a ensuite fait part d’une augmentation des cas de mutilations génitales féminines dans la région Asie-Pacifique, ainsi que des meurtres liés aux accusations de sorcellerie, des cas de chasse à la sorcière, des crimes d’honneurs, des jets d’acide sur le visage de certaines femmes accusées d’avoir déshonoré leurs familles, des attaques homophobes, des mariages d’enfants, des viols en tant qu’instrument de guerre et de la traite.  Elle a ensuite engagé les États Membres à reconnaitre les contributions essentielles des femmes au développement rural.


Mme ELIZABETH NEWMAN, Conseil international des femmes, a exhorté la Commission à tenir compte des recommandations de cette session et a mis l’accent sur cinq priorités.  Tout d’abord, elle a cité la lutte contre la violence et la discrimination à l’égard des femmes dans les zones rurales.  Pour y mettre fin, elle a appelé à l’inclusion des hommes et des garçons dans les programmes de formation.  Ensuite, elle a parlé de l’accès à l’éducation, à la propriété, au crédit et aux technologiques de l’information pour ces femmes.  Enfin, rappelant qu’en raison des changements climatiques, les catastrophes naturelles et la montée des eaux allaient croissantes, elle a invité tous les Etats Membres à prévoir des possibilités de réinstallation pour les populations qui en seront les principales victimes, c’est-à-dire les femmes et les enfants vivant dans les zones rurales, a-t-elle conclu.  « Les familles rurales sont les plus touchées parce qu’elles perdent leurs terres », a-t-elle conclu. 


Mme ADWOA SAKYI, Confédération syndicale internationale – (CSI), a engagé les États Membres à s’assurer que les concepts d’emploi décent et de création d’emplois décents soient intégrés dans les stratégies de développement rural.  Elle les a également appelé à investir dans le renforcement des infrastructures sociales et à assurer la bonne mise en œuvre des éléments de législation nationale qui concernent les travailleurs agricoles de sexe féminin et à adopter une politique de budgétisation sexospécifique.  Mme Sakyi a également insisté sur l’importance d’une éducation gratuite et de qualité, et a recommandé aux États Membres de fournir des incitations aux femmes enseignantes et professionnelles du domaine de la santé pour qu’elles travaillent en zones rurales.  Elle a aussi appelé à la création de programmes de formation professionnelle dans les zones rurales et à l’établissement d’un processus consultatif pour permettre aux femmes rurales de participer au processus de prise de décisions.


Mme ENGUASE MWALE, Comité de coordination des ONG de la Zambie, a indiqué que dans son pays, les femmes ont du mal à obtenir des crédits et que malgré les initiatives destinées à inciter leur participation à différents programmes de développement, elles demeurent isolées.  La représentante a exhorté la cinquante-sixième session de la Commission de la condition de la femme à faire le lien entre les discussions et la situation des femmes sur le terrain.  Elle a ensuite appelé les gouvernements à concevoir des politiques et programmes destinés à autonomiser les femmes en accélérant notamment le respect du droit à la propriété et en appuyant les initiatives locales qui impliquent les femmes rurales comme, par exemple, l’accès aux microcrédits et aux marchés.  Les gouvernements doivent également créer de véritables partenariats pour favoriser l’accès des femmes aux services d’appui agricole et aux techniques de culture durable.  Ils doivent également élaborer des stratégies pour mettre un terme à la dépossession d’importantes parcelles de terres suite à des investissements commerciaux en appliquant des stratégies de gestion durables des terres, a recommandé la représentante.


Mme NADÈGE CHELL, ONG Réso-Femmes, a expliqué que cette ONG suisse, qui a débuté ses activités par un projet pilote au Mali en 2005, tentait d’améliorer la visibilité des femmes rurales et des groupes régionaux isolés de femmes afin qu’elles se structurent en mouvement civil et démocratique.  Huit projets spécifiques ont ainsi été intégrés dans le programme baptisé « Égalité des sexes, parité et autonomisation », qui vise à améliorer l’accès des femmes rurales aux ressources, a indiqué la représentante.  Elle a également souligné que, sur la base de cette expérience au Mali, l’ONG avait constaté que, d’une part, les organisations internationales ne comprennent pas souvent les processus de participation au niveau local et que, d’autres parts, les femmes rurales devaient être formées tandis que des outils innovants devaient être mis en place pour promouvoir l’égalité hommes/femmes dans les processus de prise de décisions.  Elle a ensuite exprimé le souhait de pouvoir bénéficier d’un appui accru des Nations Unies -en particulier d’ONU-Femmes- pour les membres du réseau de l’ONG, notamment ceux qui sont actifs en Afrique de l’Ouest.  


Mme BISI OLATERU-OLAGBEGI, Consortium des femmes du Nigéria, s’est préoccupée du fait que les engagements pris n’avaient pas encore eu un impact sur la vie des femmes rurales et a dénoncé le manque de financement des structures chargées de leur mise en œuvre.  Elle a réclamé une évaluation régulière de l’application, dans les faits, des programmes qui ciblent les femmes rurales.  Il faut s’assurer que ceux-ci bénéficient d’une allocation budgétaire suffisante et que les zones rurales disposent de surcroit des services et infrastructures de base, a-t-elle souligné.  Elle a estimé que les femmes rurales devaient participer à l’élaboration des stratégies de lutte contre la pauvreté.  Il revient également aux gouvernements de s’assurer que ces dernières ont accès aux technologies de l’information et de les protéger de la violence sexiste et de la discrimination,  a préconisé Mme Olateru-Olagbegi.


Mme MARNIE GROGAN, Caucus des jeunes femmes, a réaffirmé la nécessité pour les femmes et les filles d’accéder à une éducation de qualité.  Parmi les entraves à l’autonomisation des femmes, elle a cité les mariages forcés, qui sont une pratique qui peut être contrée à travers une bonne éducation, a-t-elle ajouté.  Elle a invité les Gouvernement à investir davantage dans les infrastructures scolaires, ainsi que dans des structures de soins de qualité.  Elle a ensuite mis l’accent sur l’amélioration de la participation des femmes à tous les processus de prise de décisionS.  Il faut qu’elles soient prises en compte en tant que dirigeantes et pas seulement en tant que récipiendaires d’aide, a-t-elle souligné.  Elle a d’autre part demandé à ce que des stratégies d’implication soient mises en place pour inclure les femmes et les jeunes filles dans les processus de prise de décisions.


Mme JOCELYNNE SCUTT, Caucus européen et nord américain, a estimé qu’il y avait urgence et que l’autonomisation des femmes ne pourrait être atteinte qu’avec la pleine réalisation de leurs droits sous l’angle du concept de droits de l’homme.  Elle a souligné que le statut civil des femmes et le veuvage avaient encore un effet sur les femmes et que cela pouvait mettre à mal la réalisation de leurs droits.  Elle a ensuite rappelé les défis qui attendaient les femmes en matière de changement climatique et a mis l’accent sur l’exploitation et les abus commis par des Etats, par des multinationales et des sociétés privées, notamment en s’appropriant les génomes de créatures animales ou de plantes à des fins purement commerciales.  Elle a ensuite appelé à des politiques de lutte contre le changement climatique en concertation avec la société civile et les différents organes des Nations Unies.


M. TOM OLIVA, Groupe de travail sur les fillettes, a aussi pris la parole au nom du grand Groupe des jeunes hommes de la cinquante-sixième session de la Commission de la condition de la femme, et a réclamé l’inclusion des jeunes hommes aux discussions concernant le respect des droits des femmes et des jeunes filles sur le plan international.  Il faut redéfinir la question de la situation des femmes en une question sur la situation de l’être humain où tous pourront participer au redressement de cette injustice évidente, s’est-il expliqué.  Nous voulons nous faire entendre et voulons être pris au sérieux et refusons d’être écartés du débat.  Si on ne se bat pas de manière proactive pour atteindre la justice et l’égalité entre les sexes, a-t-il ajouté, on devient complice d’un système de discrimination.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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