En cours au Siège de l'ONU

DH/5092

L’Instance permanente débat du concept de souveraineté alimentaire et des modalités de la future Conférence mondiale sur les peuples autochtones

14/05/2012
Conseil économique et socialDH/5092
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Instance permanente sur les questions autochtones

Onzième session

9e et 10e séances - matin et après-midi


L’INSTANCE PERMANENTE DÉBAT DU CONCEPT DE SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE ET DES MODALITÉS

DE LA FUTURE CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES


Parvenue à la dernière semaine de sa session de 2012, l’Instance permanente sur les questions autochtones a tenu aujourd’hui des débats sur le droit des peuples autochtones à l’alimentation et à la souveraineté alimentaire, et sur les préparatifs et modalités de participation à la Conférence mondiale sur les peuples autochtones prévue en 2014.


Complémentaire du concept de sécurité alimentaire qui concerne la quantité d’aliments disponibles, la souveraineté alimentaire, abordée pour la première fois lors du Sommet de l’alimentation de 1996 à Rome, accorde une importance aux conditions sociales et environnementales de production des aliments.  Elle prône un accès plus équitable à la terre pour les paysans pauvres au moyen, si nécessaire, de réformes agraires et de la sécurisation des droits fonciers.


Dans ce contexte, la plupart des intervenants, dont le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, ont salué l’adoption vendredi dernier, des « Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale », après cinq ans de négociations menées avec la pleine participation des peuples autochtones.  Le chapitre 9 reconnait les peuples autochtones et les autres communautés dotés de systèmes de régimes fonciers coutumiers et fait une référence expresse à la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones.


Si les représentants du Brésil, du Mexique, de la Bolivie, de l’Équateur et du Nicaragua ont adhéré, exemples nationaux à l’appui, au concept de souveraineté alimentaire, leur homologue argentin a préféré rester à celui de sécurité alimentaire.


La représentante du Comité international de la planification de la souveraineté alimentaire a rétorqué que la souveraineté alimentaire est tout simplement le droit des peuples autochtones, paysans, pêcheurs artisanaux, petits producteurs et bergers nomades de produire, échanger et consommer des aliments selon des pratiques définies par des valeurs culturelles et spirituelles, des savoirs traditionnels, des croyances et des rituels, sans obstacle ni pression politique, économique ou militaire.     


Les pratiques et sagesse empiriques des peuples autochtones méritent d’être étudiées, a tranché le représentant du mouvement « Slow Food », en estimant que la nouvelle discipline de « l’agroécologie » n’est rien moins que la proposition d’un dialogue entre les dépositaires du savoir traditionnel et la communauté scientifique.  Il a prévenu que jamais auparavant, la nécessité d’un changement radical dans un système alimentaire qui détruit l’environnement et la dignité des terres et des exploitants agricoles n’a été si criante. 


Après ce débat, une trentaine d’intervenants ont discuté de l’organisation de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones prévue pour 2014.  Si les représentants de la Bolivie et de l’Équateur ont recommandé une conférence de deux jours à New York, au mois de septembre, pour profiter de la présence des chefs d’État et de gouvernement, celle des États-Unis a souhaité fixer cette réunion au printemps, juste avant ou après la session annuelle de l’Instance permanente, afin de faciliter la participation des représentants des peuples autochtones.  Le représentant du Caucus mondial des jeunes autochtones a souhaité, pour sa part, que la Conférence se tienne dans un territoire autochtone, et pourquoi pas chez les Samis de la Norvège, comme cela a été proposé.


La Conférence devrait être l’occasion d’examiner la mise en œuvre de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones et de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones.  S’agissant des réunions préparatoires, le Ministre de la culture du Guatemala et son homologue guyanais des affaires amérindiennes ont chacun offert d’accueillir une réunion régionale.


Enfin, de nombreux intervenants ont salué la nomination par le Président de l’Assemblée générale de deux Cofacilitateurs pour l’organisation de la Conférence, à savoir le Représentant permanent du Mexique auprès des Nations Unies, M. Luis Alfonso de Alba,et celui du Parlement sami de la Norvège et membre de l’Instance permanente, M. John Henriksen.


L’Instance permanente poursuivra ses travaux demain, mardi 15 mai, à partir de 10 heures.  



DÉBAT D’UNE DEMI-JOURNÉE SUR LE DROIT DES PEUPLES AUTOCHTONES À L’ALIMENTATION ET À LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE


Étude sur la culture itinérante et l’intégrité socioculturelle des peuples autochtones (EC.19/2012/8)


Cette étude, sollicitée par l’Instance en 2011, évalue le rôle que jouent les traditions, pratiques et usages de la culture itinérante dans diverses régions du monde pour le maintien et la protection de l’intégrité socioculturelle des peuples autochtones, notamment de certains aspects de leur identité qui les distinguent des autres peuples, compte tenu de leur spiritualité, de leur histoire, des traditions, des règles démocratiques régissant la prise de décisions, de leur unité sociale, des pratiques d’entraide communautaire, de leur littérature, leur musique, leurs danses et des aspects multiples de leur culture qui sont intimement liés aux traditions et pratiques de la culture itinérante.


Ces considérations sont essentielles non seulement pour protéger leurs droits sociaux et culturels, mais sont également étroitement reliées à leurs droits économiques, civils et politiques.


Dans un contexte plus large, la culture itinérante est également étroitement liée à la protection et à la gestion durable des forêts, à la protection des bassins versants, à la conservation des sources des cours d’eau et des rivières et au maintien de la diversité biologique et linguistique.


Il ressort de l’étude que la culture itinérante doit être poursuivie, renforcée et favorisée dans ses formes durables, conformément aux droits consacrés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, la Convention de 1989 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) concernant les peuples indigènes et tribaux dans les pays indépendants (Convention no 169), la Convention de l’OIT concernant la protection et l’intégration des populations aborigènes et autres populations tribales et semi-tribales dans les pays indépendants (Convention no 107) de 1957, et la recommandation no 104 de l’OIT et la Convention de l’OIT concernant la discrimination en matière d’emploi et de profession (Convention no 111).


´     L’étude s’efforce également de traiter certains mythes, informations mensongères, et idées erronées, qui ont été associés à la pratique de la culture itinérante et qui découlent d’un manque de compréhension des différences subtiles dans la manière dont cette méthode a été et est encore pratiquée aujourd’hui en Amérique centrale, en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie.


Déclarations


M. SAUL VICENTE VAZQUEZ, membre de l’Instance permanente, a souligné d’emblée que nier le droit des peuples autochtones à l’alimentation et à la souveraineté alimentaire revient à nier l’existence mêmes de ces peuples.


Par vidéoconférence à partir du Canada, M. OLIVER DE SCHUTTER, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, s’est dit préoccupé par les pressions entourant les terres des peuples autochtones, lesquelles s’intensifient, dans les pays en développement, à cause des biocarburants.  Il a épinglé d’autres raisons de ces pressions dont certains projets de développement qui ont un impact direct sur l’accès à l’eau et à la terre.  En conséquence, les peuples autochtones souffrent de la « transition nutritionnelle » qui les fait passer d’un régime alimentaire à un autre sans avoir les moyens de la contrôler.  Cette transition sous-tend souvent l’irruption du cancer et des maladies du tube digestif et cardiovasculaires. 


Pour y faire face, il faut faire respecter le droit à l’alimentation, a souligné le Rapporteur spécial, en expliquant que cela implique que les gouvernements interviennent directement auprès des populations.  Il a attiré l’attention sur les « directives volontaires » adoptées par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur le droit à l’alimentation.  Ces directives renforcent le droit des populations vulnérables aux ressources, à l’eau et à la terre. 


Le droit à l’alimentation est un droit collectif, a-t-il insisté, qui vise à protéger les modes de production et de consommation des peuples autochtones.  Ce droit inclut un aspect culturel qui consacre le droit des peuples autochtones de garder leur régime alimentaire traditionnel.  Le Rapporteur spécial s’est dit optimiste face à la tendance des gouvernements à accorder plus d’attention à l’agriculture traditionnelle, et à la protection des forêts et des terres, enjeu majeur du développement durable.


Enfin, le Rapporteur spécial a appelé la communauté internationale à garantir la participation des peuples autochtones à l’élaboration des stratégies liées à la sécurité alimentaire.    


M. JOSÉ GRAZIANO DA SILVA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a mis l’accent sur l’importance de la gouvernance responsable face aux questions de propriété foncière, de gestion des pêches et des forêts.  Il a jugé indispensable de consolider et élargir la participation des autochtones dans toutes les instances de concertations relatives à l’agriculture et à l’alimentation.


Mme MARCELLA VILLAREAL, point focal « égalité entre les sexes » de la FAO, s’est félicité de l’adoption, vendredi 11 mai 2012, des « Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale » après cinq ans de négociations avec la pleine participation des peuples autochtones et d’autres parties de la société civile.  Elle a mis l’accent sur le chapitre 9 de ce document qui se penche sur les droits des peuples autochtones, en soulignant l’importance du respect des droits fonciers légitimes des populations ancestrales et des valeurs spirituelles.  Elle a dit qu’il s’agissait du premier instrument abordant les droits fonciers sous l’angle des droits de l’homme.


Mme SAUDATA ABOUBACRINE, Comité international de la planification de la souveraineté alimentaire, a rappelé la référence que constitue le Sommet mondial de l’alimentation qui s’est tenu en 1996, avec la participation de 500 ONG et des représentants de 80 pays.  Elle a mis l’accent sur les valeurs, savoirs et connaissances traditionnels pour promouvoir une alimentation saine et nutritive.  Elle a déclaré que la souveraineté alimentaire est le droit des peuples autochtones, paysans, pêcheurs artisanaux, petits producteurs et bergers nomades de produire, échanger et consommer des aliments selon des pratiques qui sont définies par des valeurs culturelles et spirituelles, des savoirs traditionnels, des croyances et des rituels appartenant à leur culture, sans obstacle ni pression politique, économique ou militaire.     


En 2010, a été initiée une nouvelle politique de la FAO mettant l’accent sur l’autodétermination, le développement identitaire, le consentement libre, préalable et informé, la participation et l’inclusion, les droits à la terre, les droits collectifs et les droits à l’égalité de genre, conformément aux dispositions de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones.  Elle a précisé que lors du processus de réforme de la FAO, les mouvements sociaux réunis au sein du Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire ont voulu former la nouvelle structure du Comité pour la sécurité alimentaire.  En octobre 2011, a-t-elle dit, nous avons créé le Mécanisme de la société civile (MSC) après deux ans de consultations avec les ONG, les mouvements sociaux et le Caucus autochtone.  Elle a précise que le Comité de la sécurité alimentaire était la seule instance de l’ONU dans laquelle la société civile, les gouvernements, le secteur privé, la Banque mondiale et les fonds et programmes de l’ONU débattent de sujets aussi sensibles que la volatilité des prix des denrées alimentaires, des changements climatiques, de l’élaboration d’un cadre stratégique mondial pour la sécurité alimentaire, de la protection sociale, des investissements agricoles ou encore des Directives volontaires sur les régimes fonciers.


En conclusion, elle a exhorté l’ONU à apporter une assistance appropriée aux populations du Sahel, en tenant compte des spécificités des autochtones et des éleveurs.


Mme JOAN CARLING, Secrétaire générale du Pacte des peuples Autochtones d’Asie, a mis en exergue les valeurs sous-jacentes de la production alimentaire des peuples dans la région.  Ces valeurs comprennent mêmes des aspects spirituels, a-t-elle dit.  En Asie, la production agricole se décline en différentes approches en fonction des peuples autochtones et des pays.  Mais partout, elle rencontre des problèmes identiques, à savoir l’industrie extractive, les changements climatiques et les conflits armés.  Elle a donné l’exemple de la production industrielle de certains produits comme l’huile de palme en Malaisie et de la construction d’infrastructures au Pakistan, au Bangladesh et en Chine.  Elle a aussi cité l’exemple de paysans jetés en prison, en Thaïlande, pour avoir pratiqué la culture itinérante.


M. CARLOS PETRINI, du Mouvement Slow Food, a jugé qu’il serait inutile de défendre la biodiversité sans défendre, dans le même temps, la diversité culturelle des peuples et leur droit de gérer leur propre territoire.  Le droit des peuples à contrôler leur terre, à cultiver, à chasser et à pêcher, conformément à leurs besoins et à leurs décisions, est inaliénable, a-t-il insisté.  Cette diversité est la plus grande force créatrice sur terre, la seule manière possible de maintenir et de transmettre l’héritage remarquable des connaissances. 


Slow Food, a-t-il expliqué, se fonde sur ces principes et les concrétisent à travers un réseau de communautés qui s’étend désormais dans plus de 170 pays.  Le réseau, intitulé « Terra Madre », est né en 2004.  En 2011, Le premier congrès des peuples autochtones de « Terra Madre » a eu lieu à Jokmokk, en Suède, en territoire sami.


Réfléchissant au monde actuel, M. Petrini a estimé que l’obésité et la faim sont les deux faces d’une même pièce.  Elles sont le symbole de l’échec d’un système alimentaire mondial fondé sur une production industrielle qui est elle-même fondée sur l’énergie fossile.  Jamais auparavant, la nécessité d’un changement radical dans un système alimentaire qui détruit l’environnement et la dignité des terres et des exploitants agricoles n’a été si criante.


De manière arrogante et insolente, a-t-il poursuivi, l’humanité a nourri l’idée d’un développement et d’un progrès basés sur la conviction que les ressources de la planète sont illimitées et que la domination de l’homme sur la nature est éternelle.  Toute la tragédie du monde moderne se révèle pour ce qu’elle est, à savoir que « la marche glorieuse » du progrès est au bord du précipice et que la crise actuelle n’est que le fruit de l’appât du gain et de l’ignorance.  Pour s’en sortir, a-t-il prévenu, nous allons dépendre de la sensibilité et du pragmatisme des femmes, de la sagesse et de la mémoire des anciens.  Nous allons réaliser que ce sont les peuples autochtones qui tiennent la clef d’une approche plus viable du droit à l’alimentation. 


M. Petrini a aussi appelé le monde à mettre fin à l’acquisition effrénée de terres dans certains endroits de la planète, en particulier en Afrique. Ce phénomène est nocif pour le droit à l’alimentation et la capacité de subsistance des peuples autochtones et des exploitants agricoles.  Beaucoup de pratiques et de sagesse empiriques des peuples autochtones méritent d’être étudiées, a-t-il estimé.  Dans le domaine de l’agriculture, la nouvelle discipline de « l’agroécologie » n’est rien moins que la proposition d’un dialogue entre les dépositaires du savoir traditionnel et la communauté scientifique.  Les peuples autochtones savent comment préserver la fertilité des sols en utilisant des ressources naturelles.  Ils savent comment améliorer la qualité des engrais, a insisté M. Petrini, qui a aussi dit suivre attentivement le travail du « Partenariat autochtone pour l’agrobiodiversité » sur la promotion de la souveraineté alimentaire et la production agricole locale. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a réitéré l’engagement du Brésil en faveur des travaux de l’Instance permanente, avant de présenter les initiatives de son pays pour promouvoir la sécurité alimentaire des peuples autochtones dans 36 zones autochtones.  Elle a dit que la Conférence Rio+20 sera l’occasion de fixer les priorités de développement durable dans les années à venir, en mettant l’accent sur le droit à l’alimentation et la protection de la souveraineté alimentaire.  Elle a ajouté que le Brésil a mis en place un système national de sécurité alimentaire en collaboration avec la société civile.  Elle a cité le programme Bossa Familia qui est un programme de transfert de fonds offrant des bourses aux familles vivant sous le seuil de pauvreté.   


Dialogue


Après ces interventions, les représentants du Mexique et de la Bolivie ont axé leur intervention sur le caractère spirituel de la production agricole autochtone.  La représentante du Mexique a évoqué les efforts de son gouvernement pour réduire l’impact des changements climatiques sur ce type d’agriculture.  Le Mexique, qui préside le G-20 en 2012, a placé la sécurité alimentaire en bonne place sur son agenda.  Pour aller plus vite, la représentante du Caucus mondial des femmes autochtones a recommandé la création d’un mécanisme pour la mise en œuvre de l’article 10 de la Déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones stipulant que les peuples autochtones ne peuvent être enlevés de force de leurs terres ou territoires.  Un tel mécanisme pourrait, a suggéré la représentante du Caucus mondial des femmes autochtones, renforcer le partenariat entre la FAO, les gouvernements et les peuples autochtones, dont les femmes.


L’appui aux méthodes traditionnelles de production agricole permettra non seulement de répondre aux besoins des autochtones mais aussi à ceux des zones urbaines, a renchéri le représentant du Fonds international pour le développent agricole (FIDA).  Mais, celui de l’Argentine a émis des réserves sur le concept de souveraineté alimentaire en préférant parler de sécurité alimentaire axée sur l’accessibilité, la disponibilité et la stabilité de l’accès à la nourriture. 


Débat d’une demi-journée sur la Conférence mondiale sur les peuples autochtones


Mme MYRNA CUNNINGHAM KAIN, membre de l’Instance permanente et point focal de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, a indiqué que l’Instance permanente est engagée dans les préparatifs de la Conférence depuis l’année dernière.  Des réunions ont été tenues avec d’autres mécanismes mentionnés dans la résolution pertinente de l’Assemblée générale et, à cet égard, elle a appelé le Bureau du Président de l’Assemblée générale à rendre compte des résultats de cette table ronde aux États Membres.  L’Instance, a-t-elle poursuivi, occupe une place centrale s’agissant de la Conférence, et elle appelle donc l’Assemblée générale à adopter une résolution sur les modalités de la Conférence avant la fin de cette session. 


En outre, les présidents des deux prochaines sessions de l’Assemblée doivent organiser des auditions pour faciliter l’élaboration du document final de la Conférence qui doit être « concis et orienté vers l’action ».  Mme Cunningham Kain a appelé les participants à cette table ronde à faire des recommandations sur les modalités, les thèmes et les mécanismes propres à promouvoir une participation pleine et entière des peuples autochtones à la Conférence.  Elle a aussi rappelé que le Président de l’Assemblée générale a nommé le Représentant permanent du Mexique auprès des Nations Unies et le Représentant du Parlement sami et membre de l’Instance permanente, M. John Henriksen, comme Cofacilitateurs.


Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a confirmé que le Représentant permanent de son pays a bien été chargé de mener des consultations avec les États membres sur les modalités de la Conférence, y compris pour la participation des peuples autochtones.  Ces dernières semaines, divers contacts ont été pris avec les États membres et les premières consultations ont donné lieu à un accord sur la définition de ces modalités.  Les modalités en question portent sur la date et le lieu de la Conférence, le règlement intérieur, le nombre de sujets à mettre en discussion et les thèmes des tables rondes, le processus préparatoire et l’élaboration d’un document final qui, a-t-elle dit à son tour, doit être « précis et orienté vers l’action ».  Pour le Mexique, cette tale ronde offre une bonne base de discussions et il est à espérer que la coopération se poursuivra avec les autres mécanismes.


Intervenant en sa qualité de Cofacilitateur des préparatifs de la Conférence mondiale, M. JOHN HENRIKSEN a rappelé que l’objectif de cette rencontre est de partager les pratiques exemplaires de la mise en œuvre des droits des peuples autochtones.  Il s’est aussi attardé sur les excellentes consultations qui ont eu lieu, la semaine dernière, avec les représentants des peuples autochtones et les États membres sur les modalités de la Conférence.


Représentant le Bureau du Président de l’Assemblée générale, Mme HANIFA MEZOUI, a indiqué que le Président de l’Assemblée participera, le 17 mai, au cinquième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies.  Elle a rappelé la référence que constitue la résolution 65/198 que l’Assemblée a adoptée le 21 décembre 2010, pour convoquer la Conférence mondiale et permettre ainsi un échange de vues sur la réalisation des droits des peuples autochtones.  Elle a ajouté que ce débat n’est que la mise en œuvre d’un texte qui a appelé le Président de l’Assemblée générale à tenir des consultations ouvertes avec les États Membres et l’Instance permanente sur les questions autochtones, ainsi qu’avec le Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones et le Rapporteur spécial, en vue de déterminer les modalités de la Conférence. 


M. CARLOS BATZÍN, Ministre de la culture du Guatemala, a rappelé sa proposition de tenir en décembre prochain, dans son pays, une réunion préparatoire de la Conférence mondiale.  Illustrant les efforts de son pays en faveur des peuples autochtones, il a mis l’accent sur le lancement d’un processus législatif pour offrir à ces peuples les moyens de leur développement économique et social durable.  Nous sommes, en outre, sur la voie d’affirmer le caractère multiculturel de notre pays, a dit M. Batzín. 


Dialogue


Quelle est la date exacte de la Conférence? a demandé une représentante du Groupe de coordination international de la Conférence mondiale, en voulant qu’elle soit coprésidée par des États Membres et des autochtones et qu’elle se penche aussi sur la situation des femmes et des jeunes autochtones.  La Conférence, a-t-elle ajouté, devrait aussi bénéficier de l’apport des fonds et programmes des Nations Unies.  Cette Conférence devrait se dérouler à New York, a suggéré la Ministre des affaires amérindiennes de Guyana, en suggérant un sujet, celui de l’accès à la propriété foncière.   


Il faut y souligner l’aspect environnemental des us et coutumes autochtones, en mettant l’accent sur la contribution potentielle des autochtones à la mise en œuvre du Programme de collaboration des Nations Unies sur la réduction des émissions liées au déboisement et à la dégradation des forêts dans les pays en développement(REDD+), a estimé la représentante de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).  L’ONU, a-t-elle encore suggéré, devrait publier une étude sur la participation des populations autochtones à la gestion de l’environnement qui mettrait en évidence les bons et mauvais exemples et permettrait de formuler des correctives.  La représentante d’UICN a aussi annoncé l’organisation par son Union d’un congrès sur les mesures de conservation des terres des populations autochtones, dans le souci de créer des synergies productives entre les populations autochtones et faire ainsi une contribution au processus préparatoire de la Conférence mondiale. 


Un séminaire international sur les populations autochtones est déjà prévu en juin 2013 en Norvège, pour consolider l’apport des peuples autochtones à la Conférence mondiale, a annoncé, dans sa langue maternelle, le représentant des Samis de la Norvège.  Il a salué l’idée d’auditions interactives pour faciliter l’élaboration du document final.  Soulignant le défi de financer la participation des peuples autochtones au processus préparatoire et à Conférence elle-même, il a demandé aux États Membres et notamment à la Norvège de contribuer au Comité autochtone d’appel de fonds et à toute autre initiative de ce type.  


La représentante de la Fédération de Russie a promis des propositions sur les modalités de la Conférence mondiale, tout en proposant que cette dernière se déroule à Genève.  Une autre proposition est venue du représentant de « Truth and Reconciliation Commission of Canada  », celle d’une troisième Décennie internationale des peuples autochtones placée, cette fois, sous le signe du droit à l’autodétermination.  Il a aussi voulu que ces peuples participent directement à la rédaction du document final de la Conférence mondiale.


Sans s’opposer à cette idée, la représentante de la Bolivie, appuyée par son homologue de l’Équateur, a surtout voulu que la Conférence mondiale se tienne en septembre 2012 pour la faire coïncider avec le débat général annuel de l’Assemblée générale, et profiter ainsi de la présence des chefs d’État et de gouvernement.  Il a prôné deux jours constitués d’un débat général et de tables rondes.  Devant toutes ces propositions, la représentante de « Global indigenous people Caucus  » a souhaité que les Cofacilitateurs rencontrent les membres du Caucus mondial des autochtones pour faire le point sur l’évolution des choses depuis janvier 2012.  


Quoi qu’il arrive, les représentants des peuples autochtones à la Conférence mondiale doivent être sélectionnés par les peuples autochtones eux-mêmes, a jugé la représentante du Caucus mondial des femmes autochtones.  Celui du Caucus mondial des jeunes a demandé que la présence des jeunes soit dûment financée.


Au stade des modalités, l’élément le plus important est de garantir la pleine participation de tous les autochtones, a commenté la représentante de la Nouvelle-Zélande.  Mais à la Conférence proprement dite, toutes les réunions doivent être présidées par des représentants des peuples autochtones, a argué le représentant du Caucus de l’Arctique.  Dans ce cas, a estimé la représentante des États-Unis, la Conférence devrait se tenir au printemps 2014, avant ou après la session de l’Instance permanente pour favoriser une participation aussi large que possible des populations autochtones.  La Conférence, d’une durée de deux jours, pourrait être financée par des contributions volontaires, a-t-elle aussi suggéré.


Pourquoi ne pas accepter la proposition du peuple sami de Norvège d’organiser la Conférence mondiale sur son territoire, s’est interrogée la représentante du Groenland et du Danemark.  Toutes les mesures doivent être prises pour que les fonds et programmes de l’ONU participent au processus préparatoire et à la Conférence elle-même, a insisté la représentante du Caucus asiatique, d’autant plus, a ajouté son homologue du Caucus d’Amérique latine, qu’il faudra bien parler d’économie verte et des droits de la Terre nourricière.


Il faut un processus ouvert et inclusif qui permettra aux peuples autochtones de participer de manière directe à tous les débats et sur toutes les questions, dont celle de l’accès à la propriété et du droit à l’autodétermination, a insisté le représentant du Caucus du Pacifique, soutenu par celle du Costa Rica


La participation des peuples autochtones doit être la même que celle des États et c’est à l’Instance permanente d’arrêter les thèmes de la Conférence, a insisté, à son tour, le représentant de l’Indigenous World Association.  Parmi ces thèmes, son homologue de l’International Indigenous Women’s Forum a cité le renforcement de leadership, en particulier celui des femmes.  La vision globale doit être celle d’une approche spirituelle des relations entre la nature, la terre et les hommes, a argué le représentant du Centro de Estudios Aplicados a los Derechos Economicos Sociales y Culturales.  Pour plus de cohérence, celui de la Confederacion Sindical de Comunidades Interculturales de Bolivia (CSCIB) a proposé la nomination d’un point focal autochtone. 


En tout état de choses, le représentant de l’Association pour l’agrobiodiversité et la souveraineté alimentaire a espéré que l’on donnera à son organisation la chance de démontrer combien les systèmes et pratiques des populations autochtones peuvent contribuer au bien du plus grand nombre en matière d’alimentation.  Au moins, a commenté celui du Nicaragua, que le document final ne soit pas un recul par rapport à la Déclaration des Nations Unies.


Commentaires


Les membres de l’Instance permanente se sont félicités de ce que, dans leurs nombreuses interventions, les États Membres aient souhaité une large participation des peuples autochtones à la Conférence mondiale de 2014.  Ils ont espéré que le Gouvernement américain adhèrera à l’idée selon laquelle la Conférence doit être financée par les ressources existantes.  Ils n’ont pas caché leur étonnement face à une position américaine qui veut limiter le document final au résumé des débats.  L’idée ne tiendrait que si les représentants des peuples autochtones étaient coauteurs du document, ont-ils prévenu, en appelant les États à une « volonté politique sérieuse » pour mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones dans des délais précis.


Il faut un processus préparatoire de qualité, ont poursuivi les membres de l’Instance, en invitant les peuples autochtones à organiser des réunions préparatoires, sans oublier les femmes et les jeunes.  Pour ce qui est de la transparence du processus, le Cofacilitateur a proposé de rencontrer le Caucus des peuples autochtones dès cette semaine.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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