Le Conseil de sécurité examine la situation au Libéria qui, malgré des défis institutionnels, est sur la voie de devenir « un véritable succès »
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Conseil de sécurité
6830e séance – après-midi
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE LA SITUATION AU LIBÉRIA QUI, MALGRÉ DES DÉFIS
INSTITUTIONNELS, EST SUR LA VOIE DE DEVENIR « UN VÉRITABLE SUCCÈS »
« Le Libéria est passé d’un État en déliquescence à un État engagé sur la voie de la
démocratie qui peut songer à exploiter son potentiel économique », selon Mme Landgren
« Depuis 2003, le Libéria est passé d’un État en déliquescence à un État engagé sur la voie de la démocratie et de la paix durable, qui peut désormais songer à exploiter son potentiel économique », a déclaré, cet après-midi, au Conseil de sécurité des Nations Unies, Mme Karin Landgren, Représentante spéciale du Secrétaire général et Coordonnatrice des opérations des Nations Unies au Libéria (MINUL).
Présentant le vingt-quatrième rapport* périodique du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), Mme Landgren a estimé que le Libéria est en train de devenir « un véritable succès » et que la MINULdevait maintenant trouver un équilibre entre son retrait progressif et la nécessité de continuer son appui au Libéria dans des domaines cruciaux.
Aux côtés de Mme Landgren, intervenaient aussi le Président de la configuration Libéria de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Staffan Tillander de la Suède, et la Représentante permanente du Libéria auprès des Nations Unies, Mme Marjon Kamara. Cette dernière a exprimé la volonté du Gouvernement libérien d’accélérer les progrès à réaliser en vue de satisfaire l’attente de la communauté internationale, en insistant que la présence de l’ONU continuait d’être essentielle pour le développement et la stabilité du pays.
Mme Landgren a prévenu les membres du Conseil que les mesures de sécurité à elles seules ne créeront pas de stabilité s’il n’y a pas de réconciliation nationale et de changements structurels pour faire face aux causes profondes du conflit que le Libéria a connu dans le passé. Notant que les institutions nationales ne sont pas encore en mesure d’assurer une véritable stabilité sans l’appui de la MINUL, elle a, à l’instar de M. Tillander, souligné combien il est important de mettre l’accent sur la réconciliation, la création d’un climat de confiance, le développement, et le renforcement de l’autorité publique dans les régions frontalières.
« Une réconciliation nationale cohérente et inclusive doit être au centre du processus de paix libérien; c’est une priorité en matière de consolidation de la paix qui figure dans la Déclaration d’engagements mutuels, le pacte entre la CCP et le Gouvernement du Libéria », a insisté M. Tillander. Il a ajouté que l’un des principaux défis qui se posent à ce jour au processus de réconciliation est d’assurer une approche globale et coordonnée, tout en soulignant la nécessité d’examiner les moyens de garantir la mise en œuvre de la feuille de route sur la réconciliation.
Avec un budget annuel de 672 millions de dollars pour l’exercice annuel 2011-2012, soit une augmentation de 25% par rapport à l’année précédente, le Libéria est sur le point de trouver les ressources nécessaires pour financer son secteur de la sécurité. Mais une récente étude de la MINUL et de la Banque mondiale sur les dépenses publiques du Libéria, montre qu’il faudra encore six à sept ans pour permettre au Libéria de prendre en charge les coûts de ses dépenses publiques, a noté Mme Landgren.
De son côté, M. Tillander a mis l’accent sur le renforcement de l’état de droit et la réforme du secteur de la sécurité, en notant que, malgré des progrès, il reste des lacunes importantes à combler en matière de capacités. C’est pourquoi, il a appelé à la mise en place de mécanismes de contrôle et de responsabilité, en précisant que le Gouvernement libérien s’est engagé, dans le cadre de la Déclaration d’engagements mutuels, à accroître le budget de la justice et de la sécurité. Il a expliqué, qu’à la demande de la Présidente du Libéria, la CCP avait favorisé des consultations sur les moyens de renforcer et de coordonner l’appui à la formation de la police nationale libérienne. Pour assurer une transition en douceur, il convient d’explorer les modalités d’une coopération plus étroite entre la MINUL, les partenaires bilatéraux et l’équipe de pays des Nations Unies en vue d’améliorer la qualité de la police nationale libérienne, ainsi que la quantité de ses effectifs, a préconisé M. Tillander.
Sur le même ton, Mme Landgren a dit la nécessité urgente de renforcer la formation et le recrutement de la police, en s’inquiétant de la baisse des moyens accordés à l’école de police en cette période cruciale. En écho à ces interventions, la représentante du Libéria a reconnu une certaine lenteur des progrès dans plusieurs domaines, qui démontre, selon elle, « les limites qui se posent au pays, en particulier sur le plan financier ».
Étant donné la porosité des frontières du Libéria et les problèmes politiques au sein de l’Union du fleuve Mano, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Libéria a jugé urgent d’aider le Gouvernement libérien à mettre en place des services d’immigration efficaces et professionnels. Une bonne capacité sécuritaire et une réglementation seront nécessaires pour que le public ait confiance au système, a-t-elle ajouté, avant de citer un projet de création de cinq centres de sécurité et de justice dont le premier devrait être terminé grâce au soutien de la CCP.
Mme Landgren a aussi souligné les efforts de la MINUL et de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) pour une stratégie globale conjointe visant à rétablir la sécurité dans les régions frontalières, en rappelant que les mouvements transfrontaliers d’éléments armés, ainsi que les trafics et la criminalité transnationale organisée ne menacent pas seulement le Libéria et la Côte d’Ivoire, mais toute la région de l’Afrique de l’Ouest. Cette coopération autour d’une stratégie frontalière conjointe ne se limite pas aux questions sécuritaires, mais comprend aussi des éléments de réconciliation, de justice, et d’emploi sur le long terme, s’est-elle félicitée avant de saluer les effets dissuasifs de la surveillance aérienne.
Sur le plan politique, elle s’est félicitée de la tenue, le 7 juillet, d’un forum de consultation politique rassemblant les partis politiques, y compris le parti au pouvoir, et les groupes de la société civile, pour parvenir à un consensus sur la question de la réforme constitutionnelle et électorale et examiner d’autres problèmes, comme celui du financement des partis politiques et de la réconciliation nationale. Par ailleurs, elle a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la stratégie nationale relative à la décentralisation et aux administrations locales, dont le but est de permettre à tous les Libériens d’avoir accès aux services de manière équitable et de prendre part aux décisions qui les concernent.
Tout en saluant la contribution de la CCP au renforcement de la décentralisation et à la promotion de la réconciliation nationale, la représentante du Libéria a demandé que l’on suive mieux la question -jugée très préoccupante- de la situation sécuritaire à la frontière ivoirienne.
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