En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/13760-SC/10369-PKO/288

Conseil de sécurité: le maintien de la paix doit évoluer de manière à répondre aux exigences tout en assurant cohérence et efficacité des capacités multiples, déclare Ban Ki-moon

26/08/2011
Secrétaire généralSG/SM/13760
SC/10369
PKO/288
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE MAINTIEN DE LA PAIX DOIT ÉVOLUER DE MANIÈRE À RÉPONDRE AUX EXIGENCES

TOUT EN ASSURANT COHÉRENCE ET EFFICACITÉ DES CAPACITÉS MULTIPLES, DÉCLARE BAN KI-MOON


On trouvera ci-après l’allocution que le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a prononcée lors du débat du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix à New York, le 26 août:


Je remercie le Gouvernement indien et l’Ambassadeur, Hardeep Singh Puri, d’avoir pris l’initiative de tenir le présent débat sur le maintien de la paix.


Je voudrais toutefois commencer en revenant sur ce qui s’est produit ce matin.  Comme vous le savez, la Maison des Nations Unies à Abuja, la capitale nigériane, a été frappée par un attentat à la voiture piégée aux environs de 11 heures, heure locale.  Ces locaux abritent 26 organismes humanitaires et de développement du système des Nations Unies.  J’ai rencontré notre personnel à Abuja lors de la visite que j’ai effectuée là-bas il y a deux mois.


Dans une déclaration à la presse, j’ai qualifié cet acte odieux d’attaque contre ceux qui consacrent leur vie à aider les autres.  Nous condamnons cet attentat avec la plus grande fermeté.  Nous ne connaissons pas encore le nombre exact de victimes, mais il est probable qu’il soit très important.  Il y a de nombreux morts, et plus encore de blessés.


Des équipes nigérianes et internationales de recherche et de sauvetage sont passées à l’action.  Elles évacuent les blessés vers les hôpitaux et prodiguent des soins d’urgence.  J’ai demandé à la Vice-Secrétaire générale, Asha-Rose Migiro, de se rendre immédiatement au Nigéria, et je mobilise actuellement le système des Nations Unies pour faire face à cette situation d’urgence.  La Vice-Secrétaire générale sera accompagnée du Chef de la sécurité de l’ONU, le Secrétaire général adjoint, Gregory Starr, et s’entretiendra avec les autorités nigérianes dès son arrivée à Abuja.


En cette bien triste occasion, mes pensées les plus sincères vont aux victimes et à leurs familles.  L’ONU fera tout ce qui est en son pouvoir pour les aider pendant cette période difficile.  Je voudrais que les choses soient claires: ces attentats terroristes sont intolérables.  Ils ne nous empêcheront pas d’accomplir le travail indispensable que nous faisons pour le peuple nigérian et le reste du monde.  Cette attaque scandaleuse et choquante est la preuve que les locaux de l’ONU sont de plus en plus considérés comme des cibles « faciles » par les extrémistes aux quatre coins du monde.


L’un des rôles les plus visibles, difficiles et importants de l’ONU est de maintenir la paix.  C’est une tâche qu’elle seule peut véritablement mener à bien à l’échelle mondiale.  Le maintien de la paix est un instrument essentiel pour contrer les menaces pesant sur la paix et la sécurité internationales et apporter un appui pendant les périodes difficiles de transition vers la stabilité après un conflit.


Pour ce faire, différentes approches sont nécessaires, afin de faire face à la grande diversité des besoins locaux et des réalités politiques.  Pour que les opérations de maintien de la paix soient couronnées de succès, leur mandat doit être clair et réalisable, elles doivent bénéficier de l’appui politique consensuel du Conseil de sécurité et de ressources humaines, matérielles et financières suffisantes et prévisibles.  Lorsque ces conditions sont rassemblées, les résultats sont excellents.  Ce fut notamment le cas au Libéria et au Timor-Leste, ou lors du référendum au Soudan.  Là où nous avons été aux prises avec des difficultés, nous en avons également tiré des enseignements.


Depuis 2001, le nombre d’agents en tenue a doublé, atteignant un chiffre record de plus de 101 000 au début de l’année dernière.  Bien que le taux de croissance ait ralenti en 2010, les missions restent très complexes et nécessitent un personnel militaire et civil encore plus souple et à même de s’adapter.  En effet, nous pourrions entrer dans une nouvelle phase, et faire face à des situations diverses et multidimensionnelles dans lesquelles les agents du maintien de la paix pourraient avoir un rôle à jouer.  Leur mission doit évoluer de manière à répondre aux exigences particulières qui découlent de la diversité des situations rencontrées et mobiliser des capacités multiples de façon cohérente et efficace, avec souplesse et rapidité.


Indépendamment de la responsabilité qui incombe aux gouvernements hôtes, les soldats de la paix sont de plus en plus souvent chargés d’assurer la protection des civils.  Par conséquent, ils ont davantage de tâches à accomplir, leur travail fait l’objet d’une attention plus soutenue et ils ont besoin de plus en plus de ressources pour exécuter correctement leurs missions.  Compte tenu de ces changements, un programme d’action a été établi dans le cadre de l’initiative de 2009 « Nouvel horizon » visant à renforcer le maintien de la paix, ce qui a permis de définir une vision commune et de mettre en place un partenariat plus solide associant le Secrétariat, le Conseil de sécurité, les pays qui fournissent des contingents ou des effectifs de police et les États Membres de l’Organisation.


Malheureusement, à certains égards, ce partenariat est fortement mis à mal.  Le contexte financier actuel, les divergences de vues sur les tâches à accomplir et, parfois, la perte du consentement du Gouvernement hôte sont autant de facteurs qui ont créé des tensions dans nos relations.  Il est également difficile de mener à bien une action collective lorsque les principales parties prenantes, notamment les organes qui décident des missions, les fournisseurs de contingents et les principaux bailleurs de fonds, forment des groupes distincts.  Si cette situation continue, les mandats étant de plus en plus exigeants, les tensions et les divisions sont inévitables et risquent d’avoir des effets négatifs sur nos opérations.


Nous devons continuer de renforcer ce partenariat dans le domaine du maintien de la paix.  Nous avons la responsabilité commune de faire en sorte que nos soldats de la paix soient à même d’exécuter leurs tâches, et donc de leur fournir l’appui et le matériel nécessaires.  L’une des voies à suivre est présentée dans la déclaration présidentielle qui sera publiée aujourd’hui.  Le Conseil y demande au Secrétariat de veiller à ce que les pays fournissant des contingents et des effectifs de police soient associés rapidement aux opérations, en leur fournissant les informations adéquates, pour permettre au Conseil et au Secrétariat de mener des consultations efficaces.  J’approuve cette décision et attends avec intérêt de travailler avec le Conseil pour l’appliquer.


Nous sommes également conscients du contexte contraignant dans lequel nous opérons, notamment à cause de la situation financière et économique mondiale.  Nous comprenons l’incidence qu’elle a sur les États Membres.  Le Secrétariat continuera de s’employer à trouver les moyens qui lui permettront de gagner en efficacité.  La Stratégie globale d’appui aux missions est un élément central de ce tableau.  Elle a pour objectif de gérer au mieux les ressources que les États Membres ont confiées à l’ONU dans le cadre d’une action mondiale.  Il s’agit de réagir de manière globale aux principaux problèmes logistiques et administratifs, qui doit permettre d’accélérer le démarrage et le retrait des missions, d’apporter un meilleur appui et de favoriser la transparence et l’application du principe de responsabilité en matière de ressources.


Le rôle considérable que jouent les agents civils du maintien de la paix est également essentiel.  Près de 20 000 civils affectés aux opérations de maintien de la paix mènent actuellement des activités de soutien aux processus de paix, dont la portée s’étend à la réforme du secteur de la sécurité, à l’état de droit et au développement de la gouvernance locale, à la surveillance du respect des droits de l’homme, au désarmement, aux opérations de déminage et à l’appui aux missions difficiles.  La mise en œuvre des conclusions de l’évaluation des moyens civils, qui a été effectuée dernièrement, renforcera notre potentiel d’action dans ce domaine et nous comptons sur le soutien du Conseil pour y parvenir.  Les premières activités de consolidation de la paix font désormais partie d’un grand nombre d’opérations et doivent être réalisées selon une approche intégrée.


Le partenariat est la pierre angulaire du maintien de la paix.  Nous devons faire fond sur les relations qui existent aujourd’hui et surmonter les éventuelles frictions qui pourraient entraver l’avancement de nos travaux.  C’est grâce à un engagement accru, un dialogue approfondi et une compréhension commune des objectifs que nous partageons que nous pourrons respecter les buts inscrits dans la Charte et répondre aux attentes des populations démunies qui se tournent vers nous.


Pour terminer, je voudrais saluer le sacrifice de milliers de nos collègues et amis qui ont perdu la vie en accomplissant leur devoir et rendre hommage à tous ceux qui œuvrent aujourd’hui au maintien de la paix pour leur attachement à cette noble cause.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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