Le Secrétaire général appelle les Soudanais du Nord et du Sud à réaffirmer leur héritage commun et leur interdépendance
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LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL APPELLE LES SOUDANAIS DU NORD ET DU SUD À RÉAFFIRMER
LEUR HÉRITAGE COMMUN ET LEUR INTERDÉPENDANCE
On trouvera ci-après le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’occasion de la cérémonie marquant l’indépendance du Soudan du Sud, et placée sous le signe de « Partenaires pour la paix et la prospérité », le 9 juillet à Djouba:
Au nom de l’Organisation des Nations Unies, au nom de toute la communauté internationale, je salue les 8 millions de citoyens de la République du Soudan du Sud. Je profite de cette occasion historique pour vous adresser à tous nos meilleurs vœux pour un avenir pacifique, prospère et heureux en tant que plus jeune nation d’Afrique, en tant que plus jeune nation du monde.
Aujourd’hui, nous sommes les témoins de l’histoire. La naissance de cette nouvelle nation marque l’aboutissement d’une longue lutte. Une lutte qui a entraîné de terribles violences, une lutte qui a anéanti trop de vies, pendant tant d’années. Aujourd’hui, un nouveau chapitre s’ouvre. En ce jour, le peuple du Soudan du Sud proclame la liberté et la dignité qui lui reviennent de droit.
Monsieur le Président, Salva Kiir, Monsieur le Président de la République du Soudan, Omar al-Bachir, je vous félicite pour tout ce que vous avez accompli. Vous avez tous deux pris des décisions difficiles et consenti à des compromis laborieux. Votre présence ici en ce jour atteste de votre engagement commun en faveur de la paix et de la coopération.
Alors que nous nous réunissons pour célébrer l’indépendance du Soudan du Sud, nous gardons à l’esprit l’ampleur des défis à venir: extrême pauvreté, manque d’infrastructures de base et d’institutions d’État, insécurité politique. Et pourtant, nous ne devons pas sous-estimer le potentiel remarquable du Soudan du Sud, de son peuple résolu et talentueux, de ses ressources naturelles abondantes, de ses immenses zones de terres arables et du grand Nil qui le traverse. Ces atouts pourraient faire du Soudan du Sud une nation prospère et productive, capable de subvenir aux besoins de son peuple.
Mais le Soudan du Sud n’y arrivera pas tout seul. Tout seul, il ne pourra pas relever les défis qui l’attendent, pas plus qu’il ne pourra exploiter son potentiel. Il lui faudra mettre en place des partenariats et coopérer sans réserve et en continu avec la communauté internationale et surtout avec ses voisins. Voilà pourquoi nous sommes ici aujourd’hui: nous avons à cœur d’aider le Soudan du Sud à façonner son avenir.
Au moment où nous nous tournons vers l’avenir, n’oublions pas le passé. Le Sud se sépare du Nord, mais nous ne devons pas perdre de vue les liens qui continuent de les unir, qu’ils soient culturels, politiques ou économiques. Bien que les peuples du Soudan et du Soudan du Sud appartiennent désormais à deux États différents, ils continuent de vivre côte à côte. Les échanges commerciaux se poursuivront d’un côté à l’autre de leur frontière commune. Les groupes nomades poursuivront leurs migrations saisonnières. Les eaux du Nil couleront toujours du Sud vers le Nord.
La viabilité du Sud dépend de celle du Nord, et vice-versa. C’est donc aujourd’hui que le Nord et le Sud doivent réaffirmer leur héritage commun et leur interdépendance. C’est l’occasion pour eux de réaffirmer leur volonté d’établir des relations pacifiques et productives et d’envisager ensemble leur avenir commun. Cela étant, n’oublions pas que certains aspects essentiels du processus de paix n’ont pas été accomplis.
Le référendum d’Abyei n’a pas encore eu lieu. Les habitants du Kordofan méridional et du Nil bleu n’ont pas encore fait entendre leurs voix lors de consultations populaires. Ces dernières semaines, nous avons été témoins de nouvelles violences et de nouvelles souffrances, avivées par une rhétorique qui pourrait se révéler dangereuse.
Puisse ce jour permettre au Nord et au Sud de réaffirmer sans équivoque leur ferme intention de s’attaquer aux tâches inachevées de l’Accord de paix global. Puissent les différends être réglés à la table des négociations. Acceptons le fait que la souveraineté est à la fois un droit et une grande responsabilité.
Le succès du Soudan du Sud sera mesuré à l’aune du bien-être de ses citoyens. Les droits fondamentaux propres aux États modernes et démocratiques doivent y être garantis: liberté d’expression, plénitude des droits politiques pour tous, y compris les femmes et les jeunes, institutions publiques sans exclusive à même de garantir la stabilité et de donner leur chance à tous les citoyens. Le Soudan du Sud possède une diversité remarquable. Il devrait en faire une force.
Pour terminer, je tiens à ajouter qu’aujourd’hui est aussi un jour important pour l’Organisation des Nations Unies. Cela fait de nombreuses années que nous cherchons à rétablir la paix au Soudan, par la voie du maintien de la paix et de la diplomatie, de l’aide humanitaire et de l’aide au développement. Nous avons tissé des liens étroits et solides avec l’Union africaine, des organisations non gouvernementales internationales, des États Membres et bien d’autres partenaires. Nous les remercions chaleureusement d’avoir accompagné les Soudanais, du Nord comme du Sud, le long de cette route tortueuse. Nous saluons en particulier la contribution du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, présidé par M. Thabo Mbeki.
Ensemble, nous souhaitons la bienvenue à la République du Soudan du Sud au sein de la communauté des nations. Ensemble, nous affirmons notre détermination à l’aider à assumer ses nombreuses responsabilités en tant que nation.
Aujourd’hui, une nouvelle mission de l’ONU voit le jour. Elle a pour mandat d’aider le Soudan du Sud à mettre en place des institutions de gouvernance efficaces et à être à la hauteur des espoirs de son peuple.
La présence d’un si grand nombre de dirigeants du monde entier confirme à elle seule l’engagement et la bonne volonté de la communauté internationale. Je félicite tous ceux qui ont rendu possible l’avènement de ce grand jour.
Quant au peuple du Soudan du Sud, nous lui faisons une promesse solennelle: tandis que vous œuvrerez pour bâtir votre pays, tandis que vous lutterez pour la paix et la prospérité, nous serons à vos côtés, en tant que partenaires pour la paix et la prospérité.
Je vous remercie. Shukran wa mobruk le intum nas ta Junub Sudan. (Merci et félicitations au peuple du Soudan du Sud).
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