M. Ban Ki-moon affirme devant le Conseil de sécurité que le bon déroulement d'élections crédibles en RDC représenterait un grand pas vers la stabilité
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Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, sur la situation en République démocratique du Congo (RDC), le 18 mai 2011 :
Merci de votre initiative. Je suis heureux d’avoir l’occasion de parler de la situation en République démocratique du Congo. En RDC, l’ONU mène une de ses opérations les plus vastes et les plus complexes. Avec l’aide de nombreux partenaires, les Congolais reconstruisent leur pays. L’ONU demeure déterminée à tout faire pour appuyer ces efforts.
Permettez-moi de dire quelques mots sur chacune des questions qui sont à l’examen aujourd’hui.
Premièrement, la sécurité et la protection des civils
Les conditions de sécurité se sont améliorées dans la plus grande partie de la RDC. Dans l’est, il y a des progrès dans le démantèlement des groupes armés étrangers et congolais, et ce grâce à une combinaison de facteurs: opérations militaires menées conformément à la politique de soutien conditionnel de la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo);.programmes efficaces de désarmement, de démobilisation et de rapatriement des ex-combattants étrangers; initiatives visant à étendre l’autorité de l’État; et amélioration des relations entre la RDC et ses voisins de la région des Grands Lacs.
Tous ces acquis doivent être préservés. Les groupes armés étrangers et congolais constituent encore une sérieuse menace. La situation humanitaire demeure grave, avec 1,7 million de déplacés. Et bien sûr, les violations des droits de l’homme, telles que meurtres, violences sexuelles et pillage et destruction de villages par le feu, demeurent lourdes de conséquences humanitaires.
Deuxièmement, les élections
Des élections menées dans les règles et dans la transparence permettent d’apaiser les tensions et de mettre en place des institutions transparentes obéissant au principe de responsabilité. Mais elles comportent aussi des risques, surtout dans les sociétés qu’un conflit divise ou a divisées. Les élections présidentielles et les élections à l’Assemblée nationale qui doivent se tenir le 28 novembre, et les élections provinciales et locales qui suivront, pourraient aider à consolider encore la paix et la stabilité.
Ces élections doivent avoir lieu dans les délais, être transparentes et crédibles, se dérouler dans la paix et la sécurité et offrir à tous les Congolais l’occasion de participer librement, sans crainte d’être victimes de harcèlement ou de violence. Nous devons tout mettre en œuvre pour garantir que la violence n’éclate pas avant, pendant ou après les élections. Nous avons beaucoup investi et nous avons beaucoup à perdre.
C’est de la plus haute importance pour la poursuite des progrès. J’engage vivement toutes les parties congolaises à travailler ensemble pour veiller à ce que les élections répondent à ces critères fondamentaux. La MONUSCO devrait continuer à fournir soutien logistique et appui technique, et aura pour ce faire besoin de ressources supplémentaires. Elle se tient prête à appuyer aussi les activités des observateurs électoraux nationaux et internationaux. En outre, il sera extrêmement important de fournir le matériel nécessaire aux unités de police congolaises qui sont en train d’apprendre, dans le cadre d’une formation dispensée par la MONUSCO, la France et le Gouvernement de la RDC, comment assurer la sécurité en période électorale.
Troisièmement, l’état de droit, la gouvernance et le renforcement des institutions.
La paix, la stabilité et le développement ne seront possibles à long terme que si des institutions nationales solides et ouvertes à tous sont capables de fournir les services de base, ainsi que, plus fondamentalement, d’assurer la sécurité et la primauté du droit. Je me félicite que le Gouvernement de la RDC fasse preuve d’une détermination accrue dans le domaine de la lutte contre la violence sexuelle et l’impunité.
Il a notamment renforcé la justice militaire et traduit en justice des personnes accusées de violence sexuelle et sexiste et d’autres crimes. Il a aussi pris des dispositions en vue de créer des chambres spéciales chargées d’enquêter sur les violations graves des droits de l’homme et d’en poursuivre les auteurs.
Toutefois, je demeure profondément préoccupé par les informations selon lesquelles la violence sexuelle reste répandue dans le pays. J’exhorte une nouvelle fois les autorités congolaises à s’attaquer plus vigoureusement à ces crimes pour les faire cesser.
La violence sexuelle a des conséquences aussi étendues que profondes. Outre qu’elle fait un tort indescriptible aux victimes, elle envenime les conflits et aggrave une situation déjà terrible. C’est encore plus vrai quand les auteurs ne sont pas punis. Je demande instamment aux partenaires internationaux d’apporter l’appui voulu à la police, à l’armée et à la justice congolaises et de donner la priorité à l’identification des auteurs de violences sexuelles, ainsi qu’à leur traduction en justice.
Parallèlement, nous devons faire le nécessaire pour que les victimes reçoivent l’attention voulue et les soins dont elles ont besoin. En application de la résolution 1888 du Conseil de sécurité, nous avons déployé une équipe d’experts qui travaille avec les autorités du pays pour renforcer la légalité. Le respect des droits de l’homme, l’accès humanitaire et la protection des civils dépendent de la professionnalisation des services de sécurité et du renforcement de l’appareil judiciaire. Le cycle de l’impunité doit être brisé.
Enfin, quatrièmement, le développement économique
Il ne peut y avoir de stabilité durable en RDC sans reprise économique, sans reconstruction et sans développement. Je trouve encourageantes les mesures qui commencent d’être prises pour lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, par exemple les initiatives régionales telles que le Sommet de Lusaka, convoqué par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.
De telles mesures sont propres à aider la RDC à prévenir des actes qui nourrissent le conflit et privent le pays de recettes vitales. Les Congolais peuvent être fiers de ce qu’ils ont accomplis ces 10 dernières années. Mais la situation demeure précaire. Il y a d’énormes difficultés à surmonter. Le bon déroulement d’élections crédibles représenterait un grand pas vers la stabilité.
J’engage le Gouvernement de la RDC, les parties nationales et la communauté internationale à définir ensemble les priorités de la phase suivante et la nature de l’appui attendu de l’ONU. L’ONU demeure déterminée à collaborer étroitement avec tous les partenaires afin d’apporter tout l’appui possible.
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