La Directrice exécutive d’ONU-Femmes énumère pour la première fois ses priorités devant la Commission de la condition de la femme
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Commission de la condition de la femme
Cinquante-cinquième session
2e et 3e séances – matin et après-midi
LA DIRECTRICE EXÉCUTIVE D’ONU-FEMMES ÉNUMÈRE POUR LA PREMIÈRE FOIS SES PRIORITÉS
DEVANT LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME
Ministres et représentants d’États Membres ont ouvert aujourd’hui la cinquante-cinquième session de la Commission de la condition de la femme et, ce faisant, entendu pour la première fois la Directrice exécutive d’ONU-Femmes énumérer les priorités de cette nouvelle entité composite de l’ONU.
Après les déclarations liminaires et le lancement du débat général, la Commission a organisé deux Tables rondes sur le thème « Accès et participation des femmes et des filles à l’éducation, la formation, la science et la technologie, y compris à la promotion d’un accès égal des femmes au plein-emploi et au travail décent ».
« Nous ferons des priorités relatives à l’égalité entre les sexes un élément central de la planification et de la budgétisation, à la fois aux niveaux national, local et sectoriel », a assuré dans son allocution l’ancienne Présidente du Chili et Directrice exécutive d’ONU-Femmes.
Michelle Bachelet a indiqué que sous sa direction, ONU-Femmes s’efforcerait de mettre un terme à la violence faite aux femmes, d’accélérer la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité et d’améliorer l’autonomisation économique des femmes. Nous veillerons aussi à élargir le leadership et la participation des femmes aux processus de prise de décisions, a-t-elle promis.
Évoquant le thème central des travaux de la Commission, Mme Bachelet a affirmé que l’élargissement de l’accès à l’éducation à lui seul ne suffisait pas. Il faut également améliorer la qualité et la pertinence de l’éducation.
« L’investissement dans l’éducation est un investissement vital tant comme moteur du développement que comme catalyseur de l’égalité entre les hommes et les femmes », a renchéri Asha-Rose Migiro, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, relevant notamment que deux tiers des analphabètes dans le monde sont des femmes, un chiffre qui demeure inchangé depuis 20 ans.
La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a également appelé les membres de la Commission à s’attaquer systématiquement aux stéréotypes, « cause première » de la ségrégation dans le travail, afin de garantir une égalité d’accès des femmes au marché de l’emploi.
Appuyant ces propos, LazarousKapambwe de la Zambie, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a indiqué qu’en 2008, 77,5% des hommes dans le monde occupaient un emploi, contre 52,6% des femmes.
La Vice-Secrétaire générale a également plaidé pour un accès équitable des femmes aux technologies de la communication et de l’information.
En début de séance, la Commission a élu Tetsuya Kimura du Japon, au poste de Vice-Président pour remplacer Takashi Ashiki, démissionnaire. Elle a nommé M. Efraim Gomez de la Suède, à son Groupe de travail sur la communication en remplacement de Nicolas Burniat de la Belgique, également démissionnaire.
M. Gomez travaillera avec Cho Hyung-hwa de la République de Corée, Kadra Ahmed Hassan de Djibouti, Irina Velichko du Bélarus et Julio Peralta du Paraguay.
La Commission de la condition de la femme, qui achève sa session le 4 mars, se réunira demain mercredi 23 février, à partir de 10 heures.
Déclarations liminaires
Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a affirmé que les 12 derniers mois avaient été particulièrement importants pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, évoquant, notamment, le réexamen, l’an dernier, de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, ainsi que la Déclaration ministérielle du Conseil économique et social (ECOSOC) et le dixième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité. Mais malgré cette étape historique, les droits des femmes en situation de conflit et postconflit continuent d’être violés, et les résultats réalisés jusqu’à présent demeurent mitigés.
Tournant ensuite son attention sur la création d’ONU-Femmes, elle a déclaré que la nouvelle entité composite de l’ONU allait « cristalliser » les efforts réalisés sur le plan international. Elle a fait savoir qu’ONU-Femmes était une des priorités du Secrétaire général pour l’année 2011 et qu’il veillerait à ce que l’agence s’intègre pleinement dans le système de l’ONU. M. Ban continuera également de privilégier les femmes aux postes de direction, a-t-elle ajouté.
Mme Migiro a poursuivi en affirmant que l’investissement dans l’éducation était un des investissements cruciaux tant comme moteur du développement que comme catalyseur pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Deux tiers des analphabètes du monde sont des femmes et ce chiffre demeure inchangé depuis 20 ans, a-t-elle notamment signalé.
La Vice-Secrétaire générale a également relevé que la qualité de l’éducation laissait à désirer, dans les pays en développement notamment, et que les femmes ne recevaient pas la formation nécessaire pour être compétitives sur le marché du travail. Elle a encouragé la Commission à examiner les moyens de renforcer la Stratégie mondiale pour la santé des femmes et des enfants. Atteindre une égalité de fait entre les hommes et les femmes revêt une importance cruciale pour assurer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-elle souligné.
M. LAZAROUS KAPAMBWE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a souligné la nécessité de renforcer la cohérence entre les travaux de l’ECOSOC et ceux de ses commissions fonctionnelles, tout en améliorant les liens entre les entités de l’ONU et les mécanismes régionaux de développement des Nations Unies. Il a également souligné que la nouvelle entité ONU-Femmes avait pour priorité de soutenir les partenaires au niveau national. La cinquante-cinquième session de la Commission de la condition de la femme axera ses travaux sur l’accès des femmes et leur participation à l’éducation, la formation, la science et la technologie, ainsi qu’à l’emploi. L’éducation est un droit fondamental de l’être humain, a-t-il rappelé, citant notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Ce texte souligne, entre autres, la nécessité d’éliminer les stéréotypes sexistes en matière d’éducation, a-t-il précisé, se félicitant à cet égard des progrès réalisés sur ce plan au cours des 10 dernières années.
M. Kapambwe a cependant rappelé l’écart important qui existe entre les filles et les garçons en matière de scolarisation dans le primaire, en particulier dans les pays en développement. Les stéréotypes sexistes contribuent toujours à une ségrégation entre les hommes et les femmes dans l’éducation comme dans les carrières professionnelles, a-t-il insisté. Le représentant a indiqué que les femmes ayant un emploi représentaient 52,6% des femmes dans le monde, en 2008, tandis que ce taux était de 77,5% pour les hommes. Dans la catégorie des 20 à 24 ans, les femmes continuent de rester à la traîne derrière les hommes, a-t-il ajouté, précisant qu’en Asie du Sud 82% des hommes travaillent ou cherchent un emploi, contre seulement 27% des femmes. Aucun pays, a-t-il dit, ne peut développer des moyens durables de répondre à ses besoins s’il n’assure pas une participation effective des femmes à tous les aspects de la vie. Il a salué à cet égard la participation des organisations non gouvernementales (ONG) pour traduire en actes les engagements pris par les gouvernements.
Mme MICHELLE BACHELET, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a tout d’abord souligné que l’égalité entre les sexes était un élément central du développement social et économique, de la paix et de la démocratie. Elle a affirmé que malgré des exemples encourageants en matière de parité, les progrès accomplis jusqu’à présent demeuraient « inégaux et fragiles ». Trop de femmes sont victimes de la traite ou obligées de quitter leur famille pour devenir des employées domestiques sans aucune protection juridique, et trop de filles se voient forcées de quitter l’école, ou de se marier à un âge précoce, a-t-elle précisé. Mme Bachelet a également évoqué le manque d’accès aux services et la sous-représentation des femmes lors de la conclusion d’accords sur la paix, le commerce international ou les changements climatiques. Évoquant ensuite l’actuelle crise de l’emploi, Mme Bachelet a appelé les États Membres à se saisir des nouvelles opportunités qui se présentent et à ne pas reporter la promotion de l’égalité entre les sexes, en attendant des jours meilleurs. Elle a par ailleurs estimé que davantage d’attention devrait être accordée aux défis urgents auxquels sont affrontées les femmes les plus pauvres des zones rurales. Il faut analyser de manière franche les défis que connaissent nombre de pays et régions, a-t-elle souligné.
Mme Bachelet a ensuite expliqué que le travail d’ONU-Femmes serait axé sur cinq principes fondamentaux, à savoir l’octroi d’un appui aux partenaires nationaux; l’appui des processus intergouvernementaux relatifs à l’égalité entre les sexes; le plaidoyer en faveur de l’égalité entre les sexes, l’autonomisation des femmes et le respect des droits des femmes et des filles et la promotion de la cohérence au sein du système de l’ONU. Elle a ajouté que la nouvelle entité ONU-Femmes servirait également de « broker » de savoir et d’expérience.
La Directrice exécutive a ensuite détaillé les cinq priorités thématiques de l’entité composite. Elle a notamment assuré qu’ONU-Femmes veillerait à élargir le leadership et la participation des femmes en travaillant avec des partenaires pour combler les écarts en la matière. La nouvelle entité ONU-Femmes s’efforcera également de mettre un terme à la violence faite aux femmes, de renforcer la mise en œuvre du calendrier relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité, et d’améliorer l’autonomisation économique des femmes. « Nous ferons des priorités relatives à l’égalité entre les sexes un élément central de la planification et de la budgétisation, à la fois aux niveaux national, local et sectoriel », a-t-elle affirmé.
Tournant ensuite son attention sur le thème des travaux de la Commission, Mme Bachelet a affirmé que l’élargissement de l’accès à l’éducation à lui seul ne suffisait pas. Il faut également améliorer la qualité et la pertinence de l’éducation, a-t-elle souligné. Il faudrait aussi s’attaquer systématiquement aux stéréotypes, qui sont, a-t-elle dit, la « cause première » de la ségrégation dans le travail. Des mesures proactives sont nécessaires pour faciliter la transition de l’école au monde du travail et garantir une égalité d’accès au marché du travail. Mme Bachelet a par ailleurs relevé que la science et la technologie ne répondaient pas de la même manière aux besoins des femmes et des hommes. Notant que le potentiel des femmes en matière de créativité était sous-utilisé, la Directrice exécutive a estimé qu’elles devraient bénéficier d’un accès équitable aux technologies de la communication, que ce soit en matière d’utilisation ou de formation.
Mme Bachelet s’est félicitée que la Commission de la condition de la femme examine, à sa présente session, les questions de l’élimination de la discrimination et de la violence faites aux fillettes, l’égalité entre les sexes et le développement durable et l’élimination de la mortalité et de la morbidité maternelle. Commentant ensuite la question de la parité au sein de l’ONU, Mme Bachelet a noté qu’un équilibre avait était réalisé seulement pour les postes de niveau P-1 et P-2. Les femmes ne représentent que 28,4% des personnes occupant un poste de niveau D-1, a-t-elle regretté. Ce déséquilibre, a-t-elle dit, réside dans l’absence de mécanismes de suivi appropriés, l’absence de souplesse dans la gestion du travail et un nombre de candidates qualifiées faible. L’ONU-Femmes s’efforcera d’assurer une représentation équitable des femmes au sein de l’ONU, a-t-elle assuré.
Mme SILVIA PIMENTEL, Présidente du Comité sur la discrimination à l’égard des femmes, a indiqué que le Comité, au cours des quarante-septième et quarante-huitième sessions du Comité, avait examiné les rapports présentés par 20 États Membres. Les principaux problèmes relevés étaient la traite et l’exploitation par la prostitution, le défaut d’initiatives et de programmes de formation pour la sensibilisation sur les stéréotypes sexistes, pour la participation des femmes à la vie politique et publique et pour l’accès à l’éducation et à la santé, y compris à la santé reproductive et sexuelle. Elle a aussi mentionné les problèmes fréquents d’écarts de salaire et les disparités en matière d’emploi, le défaut d’accès à la justice, la violence contre les femmes, notamment la violence sexuelle, les pratiques mutilantes et d’autres questions spécifiques aux groupes défavorisés, comme les réfugiées, les femmes apatrides et les migrantes, ainsi que les femmes âgées et les femmes rurales.
Le Comité a élaboré des recommandations sur l’application des dispositions de la Convention CEDAW, relatives notamment au champ d’application de la Convention ou aux femmes âgées et aux discriminations spécifiques dont elles sont victimes. Le Comité travaille également sur une recommandation générale concernant les conséquences économiques du mariage et de sa dissolution, a-t-elle indiqué. Par ailleurs, le Comité travaille conjointement avec le Comité des droits de l’enfant, sur les mutilations génitales, le mariage forcé et le mariage des enfants. Mme Pimentel a aussi mentionné le travail du Comité sur les questions des femmes dans les conflits armés et dans les situations postconflit, en particulier sur la violence sexiste qui accompagne parfois ces situations.
Mme Pimentel a indiqué en outre que le Comité travaillait sur la question de l’accès à la justice, avant d’insister sur l’interaction du Comité avec les mécanismes des droits de l’homme, notamment les institutions spécialisées des Nations Unies. Le Comité coopère notamment avec la nouvelle entité ONU-Femmes sur deux projets de recommandation, a-t-elle précisé. Le Comité a aussi mis sur pied une équipe spéciale chargée de réfléchir à l’amélioration de ses méthodes de travail.
Invitée spéciale de la Commission, Mme EMINE ERDOĞAN, épouse du Premier Ministre de la Turquie, a émis l’espoir que les résultats des débats de la Commission profiteront à toutes les femmes du monde. Elle a également souligné que la création d’ONU-Femmes était une avancée pour promouvoir les droits des femmes. Soulignant les grandes inégalités entre les différentes femmes du monde, elle a appelé à ne pas fermer les yeux sur les situations les plus cruelles. Il faut avoir confiance en l’avenir, même pour les femmes qui ont tout perdu, a-t-elle dit. Mme Erdoğan a insisté sur l’importance du droit des femmes à l’éducation, à un emploi, à l’information, par exemple. Les femmes luttent pour le droit d’exister et le chemin de cette lutte sera encore long, a-t-elle fait remarquer.
En Turquie, les femmes luttent pour la dignité dans les domaines économique et social, a-t-elle poursuivi, rappelant que la démocratie était très active dans son pays. La Turquie continue à défendre, sur la scène internationale, les droits des femmes, notamment en matière d’éducation et de formation. Elle a aussi indiqué qu’un amendement à la Constitution turque avait été adopté en 2010 pour améliorer la condition des femmes et mettre en place une discrimination positive en leur faveur. Il existe en outre, depuis 2009, une commission parlementaire chargée de travailler sur les violences sexistes.
Débat général
M. MIKLÓS RÉTHELYI, Ministre des ressources naturelles de la Hongrie, intervenant au nom de l’Union européenne (UE), a expliqué qu’une Stratégie d’égalité des sexes avait été adoptée par l’Union européenne en décembre dernier et que les politiques nationales avaient également un rôle capital à jouer pour assurer l’égalité entre les sexes. Il a indiqué que l’Union européenne avait fait de l’indépendance économique des femmes et des hommes une de ses principales priorités et que la base de la stratégie européenne pour l’emploi se fondait sur le cycle de vie.
Le Ministre s’est ensuite félicité de la création d’ONU-Femmes qui, de son avis, devrait permettre d’encourager la capacité de la communauté internationale à autonomiser les femmes et à mettre un terme à la violence faite aux femmes et aux fillettes. Il a souligné l’importance de garantir le respect des droits à la santé reproductive et sexuelle pour réaliser les Programmes d’action de Beijing et du Caire, ainsi que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). L’Union européenne est déterminée à assurer la pleine jouissance des droits fondamentaux des femmes et à intégrer une dimension sexsospécifique à tous les niveaux, a-t-il assuré. Il a ensuite fait savoir que son pays avait adopté un plan d’action pour l’égalité entre les sexes pour la période 2010-2015.
M. Réthelyi a poursuivi en faisant part de son inquiétude face au problème de l’abandon scolaire des filles. Il a soutenu que les choix éducatifs des femmes étaient la base de la ségrégation qu’elles rencontrent sur le marché du travail. Il a également indiqué que les femmes de l’Union européenne gagnent un cinquième de moins que les hommes. Dans un monde en mutation rapide, les besoins de formation permanente sont essentiels et un marché du travail de plus en plus divisé présente des défis notables, a-t-il affirmé. Il a indiqué que la stratégie de l’Union européenne pour l’emploi vise à garantir un taux d’emploi de 75% tant pour les hommes que pour les femmes.
Il a également expliqué que l’Union européenne accordait une attention particulière à l’éducation des femmes dans les domaines de la science, de la technologie, du génie et des mathématiques. Il faut également comprendre le rôle qu’occupent les femmes dans l’économie informelle et valoriser les tâches domestiques, a-t-il ajouté.
M. JORGE ARGÜELLO (Argentine), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a indiqué que son Groupe avait activement participé à la mise en place de la nouvelle entité ONU-Femmes. Nous sommes certains que cette entité contribuera à la réalisation de l’égalité homme-femme et à l’autonomisation des femmes partout dans le monde, a-t-il dit. Il a cependant relevé les obstacles qui se posent à la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, adopté il y a 16 ans, citant la pauvreté comme principale difficulté pour les femmes des pays en développement.
Les filles représentent la majorité des enfants non scolarisés, a-t-il aussi noté, ajoutant que les femmes analphabètes sont aussi bien plus nombreuses que les hommes. Le représentant a encore mentionné le manque d’accès des femmes au secteur de la santé et le problème de la violence contre les femmes et les filles qui persiste dans tous les pays. Les femmes subissent en outre les conséquences des conflits et elles ont un accès mois facile au marché de l’emploi et au travail décent, a-t-il observé.
M. Argüello a passé en revue les autres difficultés qui se posent dans la vie des femmes, comme les stéréotypes sexistes. Il a aussi appelé la communauté internationale à accorder la priorité aux femmes qui vivent sous occupation étrangère. Comme nouveaux enjeux, il a parlé des crises économique, financière, alimentaire et énergétique, ainsi que des changements climatiques, qui ont des incidences particulières sur les femmes. Enfin, le représentant a souligné l’importance du renforcement de la coopération internationale pour atteindre l’égalité des sexes, notamment l’aide au développement, l’allègement de la dette, l’accès aux marchés, le renforcement des capacités financières et techniques.
Mme DOREEN SIOKA, Ministre de l’égalité entre les sexes et du bien-être de l’enfant de la Namibie, intervenant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a convenu que la science, la technologie et l’innovation pouvaient servir d’outils pour accélérer la réalisation des OMD. Les décideurs, a-t-elle ajouté, ont un rôle crucial à jouer pour intégrer une perspective de genre dans ces domaines. Mme Sioka a ensuite expliqué que la SADC avait conscience de l’importance des ressources humaines en matière de développement politique, économique et social, ainsi que pour faciliter l’intégration régionale et la compétitivité. Elle a précisé que, consciente de l’importance de l’éducation, la SADC avait mis sur pied un Protocole de l’éducation et de la formation qui était entré en vigueur en 2000.
La SADC a identifié la science et la technologie comme moteur du développement socioéconomique, et elle entend développer et renforcer les systèmes nationaux d’innovation afin de réaliser les objectifs de l’Agenda commun, notamment en matière d’élimination de la pauvreté. La Ministre a précisé que nombre d’États membres de la SADC s’efforçaient de renforcer leurs capacités humaines afin de pouvoir répondre aux exigences du marché, tout en améliorant l’équilibre paritaire en matière de formation.
Elle a notamment évoqué le Plan stratégique du Comité technique pour la certification et l’accréditation qui a été adopté par les Ministres de l’éducation et de la formation de la région. Elle a précisé que ce Comité avait également élaboré, en mars 2010, une feuille de route pour assurer la création d’un cadre de qualifications régionales qui prévoit de promouvoir l’accès des femmes à l’éducation, à la formation, à la science et aux technologies ainsi qu’à l’emploi.
M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a rappelé que l’année 2010 a été marquée par le quinzième anniversaire de la Déclaration de Beijing, la création d’ONU-Femmes et le dixième anniversaire de la Déclaration du Millénaire. Se félicitant des réalisations de ces 10 dernières années s’agissant de l’autonomisation des femmes, il a appelé en particulier à la promotion de la participation des femmes dans les processus de prise de décisions et notamment aux niveaux les plus élevés.
Le Groupe de Rio salue la création du Conseil d’administration d’ONU-Femmes, a-t-il dit, convaincu que cela soutiendra efficacement la lutte pour l’autonomisation des femmes. Il a expliqué que l’intégration du mandat de l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW) dans la nouvelle entité ONU-Femmes devrait permettre de mener des enquêtes au niveau mondial, compte tenu des ressources allouées. Il a plaidé en faveur du maintien du siège de cet Institut en République dominicaine. Le représentant a ensuite appelé au renforcement du dialogue régional et international sur la cause des femmes, invitant en particulier à une coopération Nord-Sud, en vue de relever les défis posés par les crises mondiales et autres problèmes de portée mondiale.
M. Errázuriz a signalé l’adoption du Consensus de Brasilia, à l’issue de la onzième Conférence régionale de l’Amérique du Sud et des Caraïbes sur les femmes, document qui appelle à une plus grande autonomisation de la femme et à la participation de celle-ci aux décisions politiques, prônant aussi un accès réel des femmes à la justice. Il insiste en outre sur le renforcement de la citoyenneté des femmes. Le représentant a annoncé que la République dominicaine s’est proposée pour accueillir la douzième Conférence régionale de ce type. Il a poursuivi en expliquant que les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont été pionniers dans la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et se sont engagés à prendre des mesures contre la traite des personnes. Ils appellent à la mise en place de points focaux pour un meilleur échange d’informations.
En ce qui concerne la féminisation de la pauvreté, il a jugé crucial de veiller à la pleine participation des femmes aux programmes de lutte contre la pauvreté et plaidé le respect du principe de « à travail égal, salaire égal » pour asseoir le pouvoir économique des femmes.
Mme LORETTA BUTLER-TURNER, Ministre du développement social des Bahamas, intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a estimé que le manque de financement risquait de saper la mise en œuvre des programmes et le renforcement des cadres normatifs en matière de parité. Elle a indiqué que la CARICOM accordait une attention particulière à l’autonomisation des femmes, notamment en matière d’élimination de la pauvreté, de la violence faite aux femmes, d’accès aux postes de direction et d’accès à l’éducation.
La Ministre est revenue sur la tenue, en 1998, de la première Conférence des Caraïbes sur la science et la technologie, estimant que nombre de ses recommandations étaient toujours pertinentes, notamment en ce qui concerne le rôle des gouvernements et la mise à jour des programmes scolaires. La Ministre a également indiqué que le Conseil des Caraïbes pour les sciences et la technologie jouait un rôle important pour faciliter l’accès et la participation des femmes et des fillettes dans ces deux domaines.
Mme Butler-Turner a poursuivi en affirmant que pour la création d’une force de travail talentueuse et compétitive, il importe d’éliminer les stéréotypes et l’exclusion persistante des femmes des filières scientifiques et technologiques. Elle a fait observer que dans les Caraïbes, les femmes entrent bien plus que les hommes dans les filières de la chimie et des mathématiques mais que la parité générale était loin d’être atteinte. À moins d’adopter une approche novatrice, pour augmenter l’accès et la représentation des femmes dans les domaines de la science et de la technologie, la question de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes demeurera un exercice essentiellement rhétorique, a-t-elle prévenu.
La Ministre a par ailleurs engagé les États Membres à honorer leurs promesses d’aide à Haïti, en connaissance du fait que ce sont les femmes et les fillettes qui sont le plus touchées par les souffrances du pays.
M. KOURAITI BENIATO, Ministre de l’intérieur et des affaires sociales de Kiribati, qui s’exprimait au nom du Forum des Îles du Pacifique, a indiqué que les pays de cette région sont à des étapes différentes dans la marche vers l’égalité homme-femme, du fait de leurs différents niveaux de ressources. Le Ministre a parlé de la onzième Conférence triennale du Pacifique sur les femmes qui s’est tenue à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, en août 2010. Cette réunion a permis de débattre des stratégies permettant d’accélérer le processus d’application du Programme d’action de Beijing.
L’égalité des sexes en termes d’accès à l’éducation est près d’être atteinte dans la majeure partie des pays du Pacifique, a-t-il ensuite indiqué, reconnaissant toutefois les disparités entre les filles et les garçons et les stéréotypes sexistes qui tendent à se perpétuer dans ce secteur. M Beniato a cité des programmes et projets fructueux pour les filles en matière d’éducation, comme les mesures visant l’égalité des sexes dans le secondaire.
Il a expliqué par ailleurs que le Secrétariat de la Communauté du Pacifique dispense des formations communautaires aux femmes de la région. L’idée est aussi de former les femmes pour améliorer leur accès au marché du travail, a-t-il dit. Le Ministre a aussi reconnu l’importance du savoir-faire traditionnel des femmes dans le développement des nouvelles technologies et notamment dans la lutte contre les changements climatiques.
M. HASAN KLEIB (Indonésie), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a affirmé la détermination de son pays à faire tomber les barrières qui entravent l’avancée des femmes dans le monde. Il a notamment évoqué la tenue, la semaine dernière à Jakarta, de la première réunion de la Commission de l’ANASE sur la promotion et la protection des droits de la femme et de l’enfant. Il a affirmé que l’éducation était un élément essentiel pour aider les femmes à remplir leur rôle efficacement et pour assurer la parité.
Nous devons développer des ressources humaines grâce à la science et à la technologie, a estimé le représentant qui a par ailleurs évoqué la nécessité d’assurer la compétitivité technologique de l’ANASE. Il a indiqué que l’Association s’était engagée à renforcer l’égalité d’accès aux services sociaux et publics et à atteindre l’accès universel à l’éducation primaire d’ici à 2015. Il a également fait savoir que l’ANASE s’était engagée à créer des programmes de formation aux questions du genre, à former une force de travail très compétente en matière de technologie de la communication et à promouvoir la transversalité de la perspective de genre.
M. DAVID BAKRADZE, Président du Parlement de la Géorgie, a rappelé que la Géorgie a été définie par la Banque mondiale comme le principal pays réformateur de ces dernières années. La partie la plus difficile de la modernisation du pays est l’évolution des mentalités, a-t-il indiqué, mentionnant les efforts menés afin de parvenir à une société multiethnique et tolérante. Ces efforts permettent notamment de réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, en visant particulièrement leur participation à la vie publique.
M. Bakradze a parlé d’une nouvelle loi sur l’égalité des sexes, entrée en vigueur en avril 2010, qui met en place un conseil chargé de veiller à son application. M. Bakradze a aussi mentionné les problèmes que rencontrent les femmes vivant dans les zones de conflit et notamment les personnes déplacées, comme la violence sexiste. Le Gouvernement géorgien a adopté un plan de lutte contre la violence au foyer, a-t-il ajouté, qui prévoit notamment la réhabilitation des victimes. Il a aussi expliqué que les femmes sont encouragées à prendre des postes de direction. Il y a ainsi trois femmes ministres en Géorgie tandis que les femmes sont très présentes dans les médias et dans les institutions publiques. En outre, plus de la moitié des étudiants à l’université sont des femmes, a-t-il aussi expliqué.
Mme JULIANA AZUMAH-MENSAH, Ministre de la condition féminine du Ghana, a rappelé qu’en 1987, son pays a lancé l’« éducation à la science, aux mathématiques et à la technologie » (STME) pour corriger les déséquilibres entre hommes et femmes dans ces filières. L’expérience tirée de cette initiative a conduit à la création d’une Unité pour l’éducation des filles (GEU), en 1997 et d’une Unité pour l’éducation à la science (SEU), en 2001. L’objectif ultime est d’avoir 30% d’étudiantes de troisième cycle dans les filières scientifique, technologique et mathématique. En 2010, a indiqué la Ministre, il a été question de renforcer la capacité des garçons et des femmes à se montrer plus créatifs. En conséquence, des camps pour l’éducation à la science, à la technologie et à l’innovation (STIE)/ont été créés. Le Ghana, a-t-elle conclu, entend continuer à mobiliser tous les acteurs nationaux et à renforcer sa coopération avec le système de l’ONU.
Mme IRINY LOPES, Ministre de la condition féminine du Brésil, a affirmé que son pays vivait un moment historique depuis l’élection de Dilma Rousseff à sa présidence. Elle a fait savoir que la question de l’accès des femmes et des fillettes à l’éducation, à la formation, aux sciences et aux technologies était une des priorités de son gouvernement. Ma délégation est convaincue qu’on ne peut éliminer la pauvreté sans faire des investissements substantiels dans ces domaines, a-t-elle dit. La Ministre a préconisé la création et la mise en œuvre de politiques capables de créer des nouvelles opportunités pour les femmes.
Mme Lopes a annoncé la tenue, à la fin de l’année, de la troisième Conférence nationale des politiques pour les femmes qui permettra au Gouvernement brésilien de réévaluer ses priorités en matière de parité. Elle a affirmé que les Consensus de Mexico, de Quito et de Brasilia, ainsi que la Déclaration et la Plateforme d’action de Beijing, la CEDAW et la Convention de Belém do Pará devaient inciter à l’élaboration de nouveaux paramètres internationaux comme le projet de convention interaméricaine sur les droits sexuels et reproductifs et la Convention internationale sur le travail domestique.
Mme MARÍA DEL ROCÍO GAYTÁN, Présidente de l’Institut national des femmes du Mexique, a indiqué que son pays a présenté en 2008 ses septième et huitième rapports consolidés sur l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Elle a expliqué que le Mexique avait pu accroître le financement des mesures en faveur des femmes, Pour 2011, le budget a augmenté de 36%, a-t-elle précisé. Du côté des institutions, nous avons 1 100 organismes municipaux destinés aux femmes, a-t-elle dit, ajoutant que le Ministère de la défense a élaboré un programme d’égalité entre hommes et femmes dans l’armée. En outre, des ateliers des droits de l’homme ont été organisés pour améliorer la sensibilisation du public aux droits des femmes.
Mme Gaytán a cependant reconnu le retard qui perdure s’agissant des femmes rurales et des femmes autochtones. Dans le secteur de l’éducation, elle a expliqué le mécanisme efficace qui consiste à octroyer 10% de bourses supplémentaires aux filles à partir de l’école secondaire. Elle a aussi signalé les programmes de crèches mis en place, qui contribuent à soutenir les femmes qui travaillent. Nous poursuivons aussi un programme pour l’égalité politique, a-t-elle dit. Enfin, elle a espéré que la présente session serait notamment l’occasion de parler des femmes rurales.
M. PAIK HEE YONG, Ministre de l’égalité des sexes et de la famille de la République de Corée, a conseillé à ONU-Femmes de formuler des stratégies de développement orientées vers l’action et des programmes orientés vers les résultats tout en mobilisant les ressources nécessaires pour leur mise en œuvre. Cette année, a-t-il indiqué, le Gouvernement sud-coréen, membre du Conseil d’administration d’ONU-Femmes, entend augmenter ses contributions à environ 4,7 millions de dollars, soit 100 fois le niveau actuel pour montrer son appui à cette nouvelle initiative. Classée parmi les premiers pays du monde en matière d’investissements dans l’éducation, la République de Corée, grâce à une politique ambitieuse mise en place dès 2002, peut s’enorgueillir de la place des femmes dans les centres publics de recherche scientifique et technologique. Leur taux est passé de 18,2% en 2003 à 26,6% en 2009, a expliqué le Ministre.
Le Gouvernement s’est déjà embarqué dans son deuxième plan-cadre pour le développement des ressources féminines d’ici à 2015. En 2007 déjà, le Gouvernement avait introduit de nouvelles mesures comme le congé parental pour les pères, la réduction du temps de travail des femmes ayant un enfant en bas âge, la multiplication des entreprises publiques soucieuses du bien-être des pères et des mères ainsi que l’amélioration des crèches publiques. Le Gouvernement prend aussi des mesures pour encourager le secteur privé à rejoindre le mouvement. Le Ministre a conclu en passant en revue les initiatives prises par son pays dans le cadre de la coopération internationale dont la création, cette année, d’une version spécifique aux pays en développement du Centre coréen d’appui pour le réemploi des femmes.
Tables rondes parallèles de haut niveau sur le thème « Accès et participation des femmes et des filles à l’éducation, à la formation, à la science et à la technologie, y compris pour la promotion de l’égalité d’accès au plein-emploi et à un travail décent »
Table ronde de haut niveau 1
Invitée de marque, Mme JOSEFINA VÁSQUEZ MOTA, Député et ancienne Ministre de l’éducation du Mexique, a prévenu que « la justice commence dans les salles de classe », tout en reconnaissant que pour beaucoup de femmes, l’éducation ne garantit pas forcément l’accès aux ressources. Face au grand nombre de femmes qui ont des emplois peu productifs, elle a prôné la multiplication des options et l’élimination des stéréotypes sexistes. Dans mon pays, a-t-elle expliqué, les femmes gagnent 10%de moins que les hommes pour des emplois similaires.
Elle a dénoncé la pratique consistant pour l’employeur à demander un certificat médical de non-grossesse avant l’embauche d’une femme. Elle a plaidé pour des possibilités de travail à horaire souple, comme le travail à distance. Elle a aussi défendu l’entrée massive des femmes dans les postes de direction. Les femmes ont prouvé maintes fois qu’elles ont le sens des responsabilités et de l’engagement, a-t-elle souligné.
Au cours du débat qui a suivi, de nombreuses délégations ont expliqué les progrès accomplis dans leurs pays pour améliorer l’accès des femmes et des filles à l’éducation. Ce secteur est celui dans lequel la Chine a réalisé le plus de progrès, a indiqué la Vice-Présidente du Comité national sur les femmes de la Chine, où le taux d’alphabétisation et de scolarisation dans le cycle primaire a atteint 99,4%, pour les garçons comme pour les filles. Ce taux est de 100% au Bélarus, a indiqué cette délégation.
La Ministre de la condition féminine et de la famille du Ghana a expliqué comment son pays arrivait à intégrer les questions sexospécifiques dans l’éducation. À l’école, nous invitons les filles à ne pas s’asseoir au fond de la salle, pour les encourager à participer pleinement au cours, a-t-elle indiqué. Les professeurs sont en outre formés aux méthodes d’enseignement qui réussissent le mieux aux filles. La représentante de la Suède a parlé de l’éducation sexuelle qui, avec les services de santé sexuelle et reproductive, contribue à éliminer la violence sexuelle.
En ce qui concerne l’enseignement supérieur, la représentante du Chili a remarqué que les femmes ont de meilleurs résultats que les hommes. Elle a mentionné un programme chilien appelé « de 4 à 7 » qui permet aux femmes de se former pendant que leurs enfants sont pris en charge. Dans le même ordre d’idée, la Ministre du genre, des enfants et du développement social du Kenya a expliqué que certaines femmes kényennes arrivent à mener de front des études et une carrière professionnelle. Il existe aussi en Turquie un programme permettant aux mères et aux filles d’aller ensemble à l’école.
La formation des femmes dans les secteurs de la science et des technologies a occupé une bonne place dans le débat. Ainsi, la Présidente du Bureau de l’égalité des sexes de la Croatie a indiqué que 52% des doctorats en science sont décernés aux femmes dans son pays. De même, la Vice-Ministre de l’égalité de l’Espagne a expliqué que les femmes sont majoritaires dans les études en sciences expérimentales. La Slovénie a mis en place un programme national pour aider les jeunes chercheurs, dont 40% sont des femmes, tandis que le Gouvernement de la Zambie décerne des bourses aux étudiantes des filières scientifiques.
Il n’y a cependant toujours pas assez de femmes dans le domaine de la science et de la technologie, a constaté la Ministre de l’égalité des chances de l’Italie. Elle a mentionné un mémorandum d’accord signé entre son gouvernement et les universitaires dont l’objectif est d’augmenter le nombre de femmes aux postes scientifique et technologique. En Suisse aussi, la présence des femmes dans les domaines scientifiques et techniques est faible, sauf en biologie et en sciences de la vie, a indiqué la Vice-Directrice du Bureau fédéral de l’égalité des sexes de la Suisse.
Éducation ne rime pas forcément avec emploi, ont souligné par ailleurs certains intervenants. En Jordanie, 94% des filles sont scolarisées et 54% des femmes font des études universitaires, mais il y a toujours une participation inégale des femmes sur le marché du travail, a indiqué la Ministre des affaires sociales de la Jordanie. De même, en Israël, si 50% des femmes sont étudiantes dans les domaines scientifiques, elles sont moins représentées aux postes de professeurs et aux postes élevés dans l’administration. Mais il y a maintenant au sein de chaque université une femme chargée de la sensibilisation à ces problèmes.
En ce qui concerne l’accès égal des femmes au plein-emploi et au travail décent, la représentante de la République arabe syrienne a évoqué le problème de certaines femmes qui doivent abandonner leurs études pour trouver un travail car elles deviennent la seule source de revenu de leur foyer, faisant référence aux Palestiniennes vivant sous occupation israélienne. Le Ministre des ressources naturelles de la Hongrie a fait part de ce que fait une fondation hongroise pour encourager l’égalité des sexes dans le domaine commercial. Les femmes ont des ambitions assez diverses et sont bien organisées, a-t-il observé.
La Chine soutient l’accès des femmes aux microcrédits, a indiqué la Vice-Présidente du Comité national sur les femmes de la Chine. L’Observatrice du Saint-Siège a appelé à la défense du droit des femmes à jouer un rôle actif dans tous les secteurs de la vie publique, sans oublier leur contribution irremplaçable au sein de la famille.
Intervenant en fin de séance en qualité d’experte des Nations Unies, Mme JANE HODGES, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a appelé à lutter contre la ségrégation au niveau de l’emploi. À l’OIT, nous luttons pour que les femmes obtiennent un emploi décent, après avoir reçu une éducation de qualité. Elle a aussi appelé à examiner le partage des responsabilités au foyer. En ce qui concerne les femmes qui ont plus de diplômes universitaires que les hommes mais qui gagnent moins qu’eux, elle a appelé à des politiques pour réduire les écarts salariaux. Il faut aussi dispenser des conseils aux filles en ce qui concerne la carrière qu’elles veulent embrasser, a-t-elle préconisé.
Représentant l’ONG « Plan International », Mme DEEPALO SOOD, a fait part des résultats de sa campagne d’égalité des sexes. Elle a parlé notamment des efforts menés pour assurer aux adolescentes l’accès aux technologies mobiles. Internet et la téléphonie mobile permettent à ces filles d’être mieux informées des possibilités qui leurs sont offertes. Elle a parlé d’une initiative en Égypte consistant à louer des téléphones mobiles à des jeunes.
Mme Sood a aussi indiqué que la Fondation Cherry Blair a mené une étude sur l’alphabétisation par SMS. Elle a précisé que 38% des femmes ont accès à l’Internet en Amérique latine, contre 22% en Asie et 6% au Moyen-Orient.
Sur ce même thème, la représentante des États-Unis a appelé à coopérer pour que davantage de femmes aient accès à la technologie mobile. Il y a 300 millions de femmes dans le monde qui n’ont pas accès à ces technologies, a-t-elle précisé.
Table ronde de haut niveau 2
Ouvrant les débats, M. FORTUNATO T. DE LA PEÑA, Sous-Secrétaire des services scientifiques et techniques du Département des sciences et de la technologie des Philippines, a estimé qu’il fallait accorder une attention urgente à la sous-représentation des femmes dans les filières scientifiques et techniques.
En la matière, les femmes sont sous-éduquées, ont moins de compétences et moins d’accès aux emplois scientifiques et techniques, a-t-il relevé. Il a expliqué qu’un obstacle important à leur participation dans les filières scientifiques et techniques résultait de la persistance de certaines attitudes socioculturelles dans le milieu de l’éducation. Les défis existent non seulement dans les familles et les foyers, mais également dans les laboratoires et les salles de classe, a-t-il souligné. Aux niveaux primaire et secondaire, elles se voient souvent dissuadées de suivre une filière scientifique; les femmes occupant moins de 30% des postes dans la recherche et le développement.
La représentante de l’Afrique du Sud a préconisé l’enseignement des sciences et de la technologie dès l’école primaire tandis que son homologue du Mexique et la Secrétaire d’État de l’Argentine ont cité les mérites des programmes de bourses. Pour la représentante de la Belgique, c’est un changement dans la culture institutionnelle qui est appelé à s’imposer. Il faut stimuler l’intérêt des femmes d’autant plus que les femmes belges n’occupent que 32% des emplois dans la recherche et le développement et qu’elles gagnent en moyenne 10 à 20% de moins que les hommes qui travaillent dans le même secteur.
Comme l’éducation des filles à elle seule ne suffit pas à leur intégration sur le marché du travail, la Nouvelle-Zélande, a dit sa représentante, offre des avantages fiscaux aux employeurs. Indiquant que 56% des femmes sans emploi de son pays souhaiteraient avoir une activité professionnelle, son homologue de la République de Corée a estimé important de permettre aux femmes de concilier vie familiale et professionnelle.
La Vice-Ministre du développement de la République-Unie de Tanzanie a appelé à une plus grande volonté politique et à une approche participative, tandis que la Ministre de la condition féminine du Zimbabwe a plaidé pour l’amélioration de la productivité des femmes, en particulier dans les domaines scientifique et technique. Dans ce cadre, la représentante de la Grèce a jugé judicieux d’appuyer les ONG des femmes scientifiques.
À l’instar de la représentante du Kazakhstan, plusieurs délégations ont insisté sur l’importance de réviser le contenu des manuels scolaires. Accroître les chiffres ne suffit pas, il faut également veiller à la qualité de l’éducation dispensée, a-t-elle commenté.
« Comment parler de l’éducation scientifique des femmes alors que dans de nombreuses régions du monde, les femmes et les fillettes n’ont accès à aucune forme d’éducation », a prévenu la Secrétaire d’État à l’égalité entre les sexes du Guatemala. Après avoir indiqué que son pays avait réalisé des progrès notables depuis son classement, en 2000, parmi les pays les moins scolarisés au monde, la Ministre de l’éducation nationale du Niger a cité les mérites des subventions qui permettent aux femmes d’occuper des activités génératrices de revenus ce qui favorise la scolarisation des fillettes.
En Afghanistan, a fait savoir la Ministre afghane de la condition féminine, seules 29% des fillettes sont scolarisées. Le Gouvernement s’évertue à améliorer la sécurité des établissements scolaires, à remédier au problème de l’absentéisme des professeurs et à limiter l’abandon scolaire chez les fillettes.
La représentante d’El Salvador a rappelé que l’école peut parfois être un lieu de violence pour certaines fillettes. Le sort des femmes et des fillettes handicapées et leur manque d’accès à l’éducation ont été dénoncé par le représentant de la Finlande et la Secrétaire d’État au développement de la Norvège.
Mme BARBARA BAILEY, membre du Comité sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a évoqué l’interdépendance du droit à l’éducation, du libre choix des élèves et du droit à être éduqué dans un environnement non sexiste. Le degré de ségrégation entre les sexes est souvent lié au processus de socialisation aussi bien dans les foyers que dans les écoles.
Le facteur le plus important qui explique l’écart entre la réussite et la place sur le marché du travail est la persistance de l’idéologie patriarcale, a-t-elle expliqué. Cette idéologie de l’homme chef de famille persiste et se reproduit dans les structures de l’économie où les hommes sont favorisés pour certains postes même si les femmes sont mieux qualifiées. On ne peut ignorer que la résilience du système patriarcal alimente le statu quo, a-t-elle lancé.
Pour aller de l’avant, l’experte a, à son tour, estimé qu’il fallait réviser le contenu de l’éducation dispensé aux femmes et procéder à une répartition plus équitable des tâches ménagères. Elle a également réclamé une « resocialisation » des hommes que des femmes; ces dernières contribuant également à la propagation de schémas sexistes. Elle a aussi demandé une volonté politique plus affirmée dans la mise en œuvre des instruments internationaux pertinents.
Mme JOY CARTER, de la Fédération internationale des femmes universitaires, a jugé important d’avoir des données ventilées par sexe pour identifier clairement la source des problèmes. Un modèle paritaire doit être suivi tout au long du cursus.
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