Conférence de presse du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, M. Tomás Ojea Quintana
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LA SITUATION
DES DROITS DE L’HOMME AU MYANMAR, M. TOMÁS OJEA QUINTANA
Affirmant que le Myanmar se trouve à un moment clef de son histoire, M. Tomás Ojea Quintana, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, a enjoint, ce matin, les autorités de ce pays à libérer tous les prisonniers politiques avant la fin de l’année et à intensifier leurs efforts pour mettre en œuvre leurs propres engagements en matière de respect de droits de l’homme.
« Il existe en effet une opportunité réelle d’approfondir la transition du pays vers la démocratie, mais certaines questions clefs relatives à la situation des droits de l’homme doivent d’abord être résolues », a estimé M. Quintana, qui donnait une conférence de presse organisée au Siège de l’ONU, à New York.
« Le Gouvernement a certes déjà libéré plusieurs personnes, mais d’importants responsables de partis politiques demeurent en prison, notamment des dirigeants de la Génération 88, des responsables des manifestations de 2007, ainsi que des leaders ethniques. Ces personnes ont, par le passé, joué un rôle important dans l’histoire du Myanmar et méritent d’avoir un rôle à jouer pendant cette période historique », a-t-il affirmé.
M. Quintana a cité l’exemple d’Aung San Suu Kyi qui, depuis sa libération en novembre 2010, entreprend de nombreux efforts pour améliorer la situation des droits de l’homme et faciliter la transition vers la démocratie du pays.
« Les autorités ont là un exemple de la manière dont se comporte un prisonnier politique après sa libération. Il est évident qu’ils ne veulent œuvrer que pour le bien du Myanmar », a-t-il assuré.
Le Rapporteur spécial, tout en saluant la création récente, par les autorités du Myanmar, de la Commission nationale des droits de l’homme, s’est cependant interrogé sur sa capacité à mener des enquêtes impartiales. Des questions liées à l’efficacité et l’indépendance de cette entité restent en suspens, a-t-il indiqué.
« L’accès à la justice est fondamental, a-t-il souligné, pour que le Myanmar puisse aller de l’avant, et les enquêtes doivent être menées de manière crédible et indépendante ».
Il est encore prématuré, a estimé M. Quintana, de rapatrier les réfugiés myanmarais qui se trouvent en Malaisie, en Thaïlande ou encore au Bangladesh. « Les conditions nécessaires ne sont pas encore réunies, notamment pour garantir la liberté de la presse et la liberté d’expression », a-t-il fait remarquer.
Le Rapporteur spécial a également indiqué que la militarisation des régions frontalières ethniques demeurait un grave problème.
« Alors même que les autorités lancent des appels pour la tenue de pourparlers de paix, l’armée contrôle toujours ces zones, où des violations des droits de l’homme graves et systématiques sont commises, ce qui pose problème en matière de protection des civils », a commenté M. Quintana.
M. Quintana, qui avait effectué au mois d’août sa quatrième visite dans le pays depuis son entrée en fonctions en 2008, a indiqué que les conditions d’accès avaient été beaucoup plus flexibles que lors de ses trois déplacements précédents. Il a pu interroger en privé des prisonniers politiques de la prison d’Insein au sujet de leurs conditions de détention et de leurs opinions sur la situation politique actuelle du pays, a-t-il dit.
M. Quintana avait présenté, hier, son rapport* aux membres de la Troisième Commission de l’Assemblée générale, chargée des questions humanitaires, sociales et culturelles.
* A/66/365
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