Conférence de presse du Révérend Andudu sur la détérioration de la situation dans le Kordofan méridional après deux mois de combats
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU RÉVÉREND ANDUDU SUR LA DÉTERIORATION DE LA SITUATION DANS LE KORDOFAN MÉRIDIONAL APRÈS DEUX MOIS DE COMBATS
« La situation s’aggrave de jour en jour, les civils sont bombardés quotidiennement et les opérations militaires se sont transformées en un véritable nettoyage ethnique », a prévenu cet après-midi au cours d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies à New York, le Révérend Andudu Adam Elnail, Président du Comité épiscopal interconfessionnel du Kordofan méridional, en décrivant la situation qui prévaut actuellement dans cette province soudanaise à la frontalière de la nouvelle République du Soudan du Sud.
« Alors que plus de 200 000 personnes ont fui les opérations de l’armée soudanaise dans les montagnes de Nuba et que les récoltes sont détruites », le Révérend Andudu a exhorté la communauté internationale à agir en imposant un cessez-le-feu au Gouvernement soudanais. Il faut en priorité, a-t-il souligné, que les acteurs humanitaires puissent accéder aux populations et que la communauté internationale puisse déployer sur le terrain des équipes d’enquêtes et des observateurs neutres. Il a mis en cause la partialité d’observateurs égyptiens dont le pays est allié au Soudan.
À ses côtés, sont également intervenus Mme Peggy Hicks, Directrice de la mobilisation mondiale de Human Rights Watch, M. Jonathan Hutson, Directeur des communications pour le projet de satellite sentinelle et le projet Enough, ainsi que Mme Nicole Reindorp, Conseillère de Avaaz, une campagne mondiale qui a déjà permis de recueillir près de 500 000 signatures demandant l’arrêt des combats dans le Kordofan méridional.
« Ce n’est pas une guerre entre musulmans et chrétiens, ou entre Nord et Sud ou encore entre noirs et blancs, mais c’est une guerre du Gouvernement de Khartoum contre une partie de sa population », a insisté M. Hutson en exhortant le monde à entendre les appels du Révérend Andudu. « Les preuves sont là, c’est réel, c’est irréfutable et il est urgent d’agir », a-t-il ajouté.
Tous les trois ont regretté que des membres du Conseil de sécurité estiment ne pas disposer d’assez de faits et d’informations sur la situation. Il incombe au Conseil de sécurité, ont-ils estimé, de se tenir informé sur la situation dans le Kordofan méridional, afin de protéger la population civile.
Répondant à des questions de journalistes, le Révérend Andudu a indiqué que des allégations faites le 8 juin dernier concernant des fosses communes avaient pu être confirmées par des photos satellites. Il a également fait référence à des allégations selon lesquelles des camions auraient transporté des corps dans des sacs blancs manipulés par des hommes en uniforme de l’armée soudanaise, vêtus de tenues arborées du Croissant-Rouge ou encore de tenues de prisonniers.
Le Révérend Andudu a précisé qu’après le début des opérations de l’armée soudanaise le 5 juin contre l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), de nombreuses églises et locaux appartenant à sa mission avaient été brulés et sa maison mitraillée. Il a ajouté que les soldats pourchassaient les habitants de maison en maison et que le diocèse était occupé par l’armée. Il a déclaré que chaque jour, il recevait du Kordofan méridional des informations par téléphone, par courrier électronique ainsi que des photos.
Après le départ de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS), à la suite de l’indépendance du Soudan du Sud, il a estimé que les Nations Unies devraient déployer une nouvelle mission. L’Union africaine, la Ligue des États arabes et la communauté internationale dans son ensemble doivent, a-t-il souligné, agir dans ce sens.
De son côté, Mme Hicks a fait remarquer que l’insuffisance d’informations ne pouvait justifier l’inaction alors que le personnel des Nations Unies sur le terrain ne cesse d’entendre le bruit des bombardements. Des observateurs militaires de l’ONU venus enquêter sur les allégations concernant des exécutions et l’existence de fosses communes ont été arrêtés, contraints de subir, nus, un simulacre d’exécution, avant d’être menacés d’exécution s’ils revenaient enquêter sur de telles allégations, a-t-elle indiqué.
Mme Reindorp s’est dite convaincue qu’une pression sur le Président du Soudan, Omar Al-Bachir, serait déterminante pour appliquer le principe de la responsabilité de protéger. Répondant à la question d’un journaliste, le révérend Andudu a estimé que le déploiement d’une force intérimaire de sécurité des Nations Unies sur le modèle de celle qui opère aujourd’hui à Abyei pourrait contribuer à régler la situation dans le Kordofan méridional.
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