Conférence de presse sur l’impact des industries extractives et des grands projets sur les territoires des peuples autochtones
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CONFÉRENCE DE PRESSE SUR L’IMPACT DES INDUSTRIES EXTRACTIVES ET DES GRANDS PROJETS SUR LES TERRITOIRES DES PEUPLES AUTOCHTONES
Même si des progrès ont été accomplis en la matière, l’application et le respect du principe du consentement préalable, libre et informé des peuples autochtones à la mise en œuvre de projets et d’activités économiques et de développement sur leurs territoires, sont encore loin d’être universels, a déploré aujourd’hui, au cours d’une conférence de presse, M. Raja Devasish Roy.
Membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones, qui tient actuellement sa dixième session au Siège des Nations Unies, Raja Devasish Roy présentait à la presse l’impact qu’ont les industries extractives et les grands projets sur l’environnement des territoires des peuples autochtones.
M. Devasish Roy a souligné que les peuples autochtones ont des connaissances et des expériences qui devraient être prises en compte, et que ces peuples font face à de nombreux défis et difficultés que leur posent les activités de certaines industries opérant sur leurs sols. Il a, à cet égard, cité les industries d’extraction minière, pétrolière, gazière et mise en valeur des ressources hydrauliques. La construction de barrages hydroélectriques et l’exploitation forestière et minière à grande échelle posent en particulier de nombreux problèmes aux communautés autochtones, a dit M. Roy.
La question à laquelle toutes les communautés autochtones à travers le monde tentent de trouver une réponse est celle de savoir comment faire en sorte qu’aussi bien les gouvernements que les industries concernées respectent les normes internationalement établies en la matière. Les peuples autochtones veulent aussi savoir comment leurs droits et leurs modes de vie traditionnels pourraient être respectés et sauvegardés face aux appétits qu’éveillent les ressources naturelles de leurs territoires.
En tant que Raja traditionnel et Roi des Chakmas, qui sont le groupe le plus important des peuples jumma de la région forestière de Chittagong, située dans le sud-est du Bangladesh, Raja Devasish Roy a été le facilitateur des négociations qui ont abouti à la signature, à Dhaka, le 2 décembre 1997, du Traité des Chittagong Hill Tracts. Ce Traité a été conclu et signé par le Gouvernement du Bangladesh et l’Association de solidarité des peuples de la région de Chittagong. Le Traité des Chittagong Hills Tracts est considéré comme un modèle dans le domaine des relations entre les peuples autochtones, les gouvernements et les milieux d’affaires.
Au cours de la conférence de presse, un leader des communautés inuites du nord du Canada, M. Aqqaluk Lynge, Président de la « Conférence circumpolaire inuite –Région arctique du nord du Canada », est intervenu après M. Roy. Il a déploré la « catastrophe » que représente la fonte des glaciers et des neiges du Groenland, qui paradoxalement, ouvre des perspectives d’affaires lucratives pour les grandes compagnies minières en mettant à nu des terres autrefois recouvertes par les glaces. Ceci inquiète énormément les autochtones, a dit le chef inuit.
M. Lynge, qui a participé à la dernière réunion des ministres des affaires étrangères du Conseil de l’Arctique, le 12 mai 2011, s’est néanmoins félicité d’avoir pu participer à cette rencontre. Il a indiqué qu’il était heureux d’avoir pu s’asseoir à la « table des grandes puissances » et d’avoir été témoin de la signature de l’accord que les huit États de l’Arctique ont convenu entre eux.
« Cet accord est un grand pas en avant car, avec la fonte des glaciers, les navires commencent déjà à naviguer sur des voies qui n’étaient pas navigables jusqu’ici », a-t-il estimé. Il a néanmoins jugé ironique qu’aucune infrastructure de sécurité ne soit mise en place pour pouvoir faire face aux éventuels accidents qui pourraient être causés par ces nouvelles activités humaines dans une région jusqu’ici préservée de toutes pollution et destruction environnementales.
Il a rappelé à cet égard la récente Déclaration adoptée par les Inuits sur l’exploitation des ressources naturelles de l’Arctique et qui exhorte la communauté internationale à « respecter les forces de la nature et la dimension humaine » qui doit être appliquée au développement, alors que la demande mondiale en ressources naturelles, dont celles de l’Arctique, est en hausse.
« Les gens ont parfois tendance à oublier que cette région est peuplée et que ses habitants y ont vécu et prospéré depuis plusieurs siècles », a-t-il souligné. « Nous ne voulons pas d’une ruée vers l’Arctique », a déclaré le chef inuit. « Toute activité de développement économique dans l’Arctique doit se fonder sur les instruments internationaux agréés en matière de droits de l’homme et de respect de la nature, ceci d’une manière telle que nos peuples puissent continuer d’exister dans la nouvelle ère qui s’annonce », a-t-il préconisé.
Lui faisant écho, M. Jiten Yumnam, du peuple meitei, de Manipur, en Inde, qui est l’une des régions du monde ayant la biodiversité la plus riche, et dont la préservation dépend fortement de la sauvegarde de ses sources d’eau naturelles et de ses forêts, s’est inquiété de la construction de nombreux barrages et de la « forte désinformation » dont sont victimes les communautés autochtones de la part des compagnies de construction et de travaux publics. Il a également dénoncé « l’absence totale » de participation des communautés autochtones aux projets concernés. Même quand elles sont apparemment consultées, a-t-il dit, les propositions et revendications des communautés autochtones ne sont pas respectées, a-t-il déploré.
M. Yumnam, qui est également Secrétaire du « Forum for Indigenous Perspectives and Actions », a notamment pointé du doigt les « ripostes brutales, souvent menées par l’armée », dont sont victimes certains peuples autochtones dans certaines régions d’Asie, les déplacements massifs de population qui leur sont imposés. « L’eau, le pétrole, l’uranium et d’autres richesses naturelles sont unilatéralement considérés comme propriétés exclusives de l’État, ce qui conduit à la confiscation de terres appartenant aux communautés autochtones », a-t-il précisé.
« Comment, dans ces conditions, créer des filets de sécurité pour nos peuples, alors que certaines banques régionales et internationales ne reconnaissent toujours pas le principe du consentement libre et informé, ou si elles le font, ne se soucient absolument pas de son application? », a demandé en conclusion M. Roy.
Les trois participants à la conférence de presse ont encouragé les sociétés commerciales à appliquer les codes de conduite agréés au niveau international et à respecter les normes déontologiques contenues dans les divers instruments des Nations Unies. Ils ont en outre encouragé les consommateurs, en particulier ceux utilisant les technologies de l’information, à exiger plus de responsabilité de la part de grandes compagnies comme Microsoft et Apple, et à leur demander des comptes dans ce domaine.
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