Les délégations plaident devant la Troisième Commission en faveur d’une volonté politique renforcée pour lutter contre le racisme et la discrimination
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Troisième Commission
36e séance - matin
LES DÉLÉGATIONS PLAIDENT DEVANT LA TROISIÈME COMMISSION EN FAVEUR D’UNE VOLONTÉ POLITIQUE RENFORCÉE POUR LUTTER CONTRE LE RACISME ET LA DISCRIMINATION
La plupart des délégations ont dit ce matin, devant la Troisième Commission, qu’il fallait faire preuve d’une volonté politique encore plus forte pour lutter contre la persistance du racisme et contre la recrudescence des comportements hostiles et des actes de violence xénophobes partout dans le monde.
La Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a entamé l’examen de la question de l’élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.
Parallèlement, elle a aussi commencé à discuter de la question du droit des peuples à l’autodétermination.
Le Conseiller spécial du Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, M. Richard Bennett, a introduit, au nom du Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, M. Ivan Šimonović, le rapport du Secrétaire général sur les efforts déployés au niveau mondial pour éliminer totalement le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée et pour assurer la mise en œuvre intégrale et le suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban*.
M. Bennet a également présenté le rapport du Secrétaire général sur la réalisation universelle du droit des peuples à l’autodétermination**.
Si des progrès ont été faits dans la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, ces phénomènes n’ont pas été éradiqués et aucun pays ne peut affirmer qu’il est épargné par leur influence nuisible.
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Argentine s’est ainsi félicitée de la commémoration du dixième anniversaire de la Conférence de Durban et de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale pour faire le bilan des progrès accomplis et des défis à relever. Le racisme demeure un phénomène contemporain et le Groupe des 77 et la Chine plaident pour redoubler d’efforts dans l’application intégrale de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.
Le Kenya, s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré qu’il était particulièrement préoccupé par les formes insidieuses de racisme et leur justification au nom de la liberté d’expression.
La Communauté des Caraïbes (CARICOM), par la voix d’Antigua-et-Barbuda, a encouragé les parties prenantes à appuyer la décision d’installer à l’ONU un mémorial permanent en hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.
Partout dans le monde, des personnes se heurtent au quotidien à l’intolérance, a commenté le délégué de l’Union européenne, en soulignant qu’il n’y avait pas d’autre solution que de lutter à tous les niveaux. « Il n’y a aucune place pour la complaisance à cet égard, y compris en Europe », a-t-il insisté.
Dans l’ensemble, les États ont prôné le dialogue interculturel, la tolérance et le respect de la diversité pour combattre ces phénomènes.
La Commission poursuivra son débat lundi 31 octobre, à partir de 15 heures, après avoir entendu une déclaration de la Présidente du Groupe de travail sur l’utilisation des mercenaires comme moyen d’empêcher l’exercice du droit des peuples à l’autodétermination.
* A/66/328
** A/66/172
ÉLIMINATION DU RACISME, DE LA DISCRIMINATION RACIALE, DE LA XÉNOPHOBIE ET DE L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE (A/66/366–S/2011/584)
-- Élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée (A/66/181et A/66/312)
-- Application intégrale et suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban (A/66/313 et A/66/328)
DROIT DES PEUPLES À L’AUTODÉTERMINATION (A/66/172 et A/66/317)
Déclaration liminaire du représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, suivie d’une séance de questions
M. RICHARD BENNETT, Conseiller spécial du Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, s’exprimant au nom du Sous-Secrétairegénéral aux droits de l’homme, M. IVAN ŠIMONOVIĆ, a introduit le rapport du Secrétaire général qui présente les efforts déployés au niveau mondial pour éliminer totalement le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée et pour assurer la mise en œuvre intégrale et le suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban (A/66/328). Ce rapport contient des informations fournies par 26 États Membres, ainsi que par des entités des Nations Unies, des organisations régionales, des organismes nationaux de défense des droits de l’homme et des organisations non gouvernementales.
M. Bennet a mentionné ensuite le rapport du Secrétaire général sur la réalisation universelle du droit des peuples à l’autodétermination (A/66/172). Ce rapport donne un aperçu de la jurisprudence du Comité des droits de l’homme et du Comité des droits économiques, sociaux et culturels sur les normes relatives aux droits de l’homme découlant des traités concernant la réalisation de ce droit, ainsi qu’un résumé des faits nouveaux s’agissant de l’examen de cette question par le Conseil des droits de l’homme, du référendum sur le droit à l’autodétermination du peuple du Soudan du Sud et de la situation concernant le Sahara occidental.
Débat général
M. MARCELO CARLOS CESA (Argentine) s’est félicité, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, de la commémoration du dixième anniversaire de la Conférence de Durban et de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale pour faire le bilan des progrès accomplis et des défis à relever. Le racisme demeure un phénomène contemporain et le Groupe des 77 et la Chine plaide pour redoubler d’efforts dans l’application intégrale de la déclaration et du Programme d’action de Durban. Il a également invité au renforcement des mécanismes de suivi aux niveaux national, régional et international.
Le délégué a apprécié le travail continu effectué par les mécanismes de suivi des Nations Unies, en particulier du Groupe de travail intergouvernemental lors de sa session tenue ce mois-ci. Le dialogue interculturel et interconfessionnel demeure clef dans le domaine de la lutte contre toutes les formes de racisme, a-t-il souligné, en rappelant que le Groupe des 77 et de la Chine parrainait une résolution sur ce point à l’ordre du jour. Il a également demandé à la communauté internationale de faire en sorte que le chapitre tragique de l’histoire de l’humanité qu’est l’esclavage ne se reproduise plus, et a appelé à l’élimination de la traite des personnes et des formes modernes d’esclavage.
Mme JOSEPHINE OJIAMBO (Kenya), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré que le Groupe était particulièrement préoccupé par les formes insidieuses de racisme et leur justification au nom de la liberté d’expression. « Nous devons rejeter toutes les notions de supériorité ou les plates-formes politiques extrémistes, en démantelant les formes individuelles ou structurelles de racisme », a-t-elle dit. Pour combattre ce fléau, la communauté internationale doit prendre une position de principe contre toutes les manifestations du racisme et déplorer l’exploitation continue et le traitement différencié des personnes sur une base raciale, ethnique ou religieuse.
Dix ans après l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, le monde souffre encore de profondes divisions simplement parce que les peuples et les nations sont diverses et adhèrent à des valeurs différentes, a poursuivi Mme Ojiambo. Le Groupe des États d’Afrique estime que ces documents visaient essentiellement à changer les attitudes individuelles et collectives et à dépasser la rhétorique dans la lutte contre le racisme. « Il est temps d’éliminer les institutions, les lois et les politiques qui permettent au racisme de se développer », a-t-elle insisté. L’élimination de l’intolérance et de la discrimination doit aller de pair avec la création de sociétés inclusives, multiculturelles, multiraciales et multireligieuses. Pour le Groupe des États d’Afrique, la lutte contre le racisme est aussi une lutte pour la dignité humaine, l’égalité et la justice sociale.
M. ABDUL S. MINTY (Afrique du Sud), qui s’exprimait au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a déclaré que le monde avait parlé d’une seule voix en faveur de la mise en place d’un cadre exhaustif visant à l’élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. Ces phénomènes n’ont pas été complètement éliminés et les Nations Unies doivent susciter une véritable action pour en finir avec ces fléaux et garantir l’égalité pour tous, l’objectif ultime étant de créer des sociétés stables. La Conférence de Durban, en 2001, fait date car, pour la première fois dans l’histoire des Nations Unies, le commerce de l’esclavage et l’esclavage transatlantique ont été déclarés crimes contre l’humanité et le colonialisme a été reconnu par consensus comme l’un des fléaux majeurs de racisme et de discrimination raciale. Or, a-t-il rappelé, certains pays ont fait marche arrière par rapport aux engagements pris à Durban, et ont tenté de renégocier les documents adoptés. En conséquence, les États de la SADC ne peuvent que constater, avec regret, qu’il y a eu peu de progrès depuis cette conférence mondiale. Il a également précisé que les membres de la SADC avaient mis en place des législations nationales en vue de combattre le racisme.
Réaffirmant le principe de la non-discrimination, le délégué a condamné toutes les idéologies reposant sur la supériorité raciale et l’intolérance, et a affirmé que l’interdiction de la diffusion de toute idée basée sur la supériorité raciale, ou de la haine raciale, était compatible avec l’exercice du droit à la liberté d’opinion et d’expression. Il a salué les progrès du Comité ad hoc chargé des normes complémentaires à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de racisme. Il a estimé que le manque de volonté politique était l’un des facteurs clefs affectant les efforts mondiaux tendant à l’élimination totale du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. En dépit de 173 ratifications, a-t-il fait observer, certaines dispositions importantes de cet instrument font toujours l’objet de réserves, en particulier son article 4, ce qui, a-t-il dit, constitue une régression dans la lutte contre ce fléau.
M. CONROD HUNTE (Antigua-et-Barbuda), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a estimé que la récente Réunion de haut niveau organisée par l’Assemblée générale pour commémorer le dixième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban avait été l’occasion de réaffirmer les engagements et de mobiliser la volonté politique nécessaire pour mettre fin au racisme et placer les victimes au centre des débats. La CARICOM se félicite de la Déclaration politique adoptée à l’issue de cette Réunion. Elle avait salué également la décision de créer un groupe de travail d’experts sur les peuples d’ascendance africaine, dont le mandat a été renouvelé en septembre dernier. En revanche, la CARICOM avait regretté la démission du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, qui avait conduit à la suspension temporaire des travaux dans ce domaine et créé un vide pour les victimes. Elle se félicite de la nomination de M. Mutama Ruteere (Kenya) à ce poste le 21 octobre 2011 et s’engage à travailler avec lui.
Par ailleurs, a poursuivi M. Hunte, la CARICOM encourage les parties prenantes à appuyer la décision d’installer à l’ONU un mémorial permanent en hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. Elle remercie l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour son travail sur le projet sur la route des esclaves et sa collaboration avec le Comité permanent du mémorial, ainsi que le Groupe des États d’Afrique. Les États des Caraïbes estiment, en outre, qu’une grande partie des conditions économiques et sociales inéquitables qui affligent les pays en développement a été causée par des maux historiques. Il est essentiel de traiter tous les peuples de manière égale pour promouvoir la paix et la sécurité internationales.
M. JORGE BUSTAMANTE (Union européenne) a émis des réserves, s’agissant de l’ordre des interventions devant la Commission. Il a ensuite réaffirmé que l’Union européenne était fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de la liberté, de la démocratie, de l’égalité, de l’état de droit et du respect des droits de l’homme, y compris des personnes appartenant à des minorités. Les membres de l’UE rejettent et condamnent, en outre, toutes les formes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance qui y est associée, notamment la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle.
Partout dans le monde, des personnes se heurtent au quotidien à ce type d’intolérance, a-t-il commenté, en soulignant qu’il n’y avait pas d’autre solution que de lutter contre à tous les niveaux. Il n’y aucune place pour la complaisance à cet égard, y compris en Europe, a-t-il insisté. L’UE est convaincue que la promotion et la protection de tous les droits de l’homme, en particulier la liberté d’expression, jouent un rôle vital. Un flux libre d’idées, la diffusion d’informations sur les droits de l’homme et sur les atteintes aux droits de l’homme, ainsi que l’existence de medias indépendants, contribuent à l’éducation aux droits de l’homme et à la promotion d’une culture de la tolérance, a poursuivi le délégué. Il a ensuite appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier et à pleinement mettre en œuvre la Convention sur l’élimination du racisme.
Mme SHEN SIWEI (Chine) a dit que le racisme était une menace pour la stabilité et le développement dans le monde. Regrettant que certains pays aient boycotté la Conférence d’examen de Durban, puis la Réunion de haut niveau de septembre 2011, elle a exhorté les parties concernées à mettre pleinement en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban, ainsi que le document final de la Réunion. Elle a ensuite rejeté « l’approche deux poids deux mesures » et les justifications du racisme, et a prôné le dialogue sur un pied d’égalité entre les différentes cultures.
« L’autodétermination est un droit qui ne permet pas l’ingérence et qui garantit la souveraineté et l’indépendance de tous les États », a déclaré par ailleurs la représentante. La Chine n’a cessé d’appuyer le peuple palestinien et soutient la candidature de l’Autorité palestinienne pour devenir membre permanent des Nations Unies. Elle contribue également aux efforts pour faire avancer le processus de paix au Moyen-Orient.
Mme MARÍA CLARISA SOLÓRZANO-ARRIGADA (Nicaragua) a salué la Déclaration politique adoptée à l’issue de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale pour la commémoration du dixième anniversaire de la Conférence de Durban sur l’élimination du racisme. Elle a fait remarquer que la discrimination raciale, ethnique ou religieuse comprenait d’autres sphères des droits de l’homme que tous les États se devaient de combattre. La déléguée a décrit plusieurs activités menées dans son pays pour favoriser le respect et la promotion de toutes les composantes de la société nicaraguayenne multiethnique et multiculturelle.
Concernant l’égalité, elle a rappelé les efforts entrepris par son pays dans la lutte contre l’inégalité entre les sexes et en faveur de l’autonomisation politique, économique et sociale de la femme. Le Nicaragua s’efforce aussi de mettre sur pied des politiques et programmes de lutte contre la discrimination à l’égard des personnes handicapées, des séropositives ou des personnes vivant avec le VIH/sida, et des homosexuels, lesbiennes, bisexuelles et transsexuelles. Abordant la question de l’autodétermination, elle a affirmé qu’il s’agissait d’un droit inaliénable des peuples qui souffrent de l’occupation étrangère et de leur droit à lutter pour la souveraineté, l’indépendance et la dignité. À cet égard, elle a vigoureusement appuyé le droit du peuple palestinien à l’établissement de l’État indépendant de Palestine.
M. JOHN F. SAMMIS (États-Unis) a indiqué que son pays continuait à travailler dur, aux niveaux national et international, pour combattre le racisme, la discrimination raciale et l’intolérance. Les États-Unis respectent leurs obligations en tant qu’État partie à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Les lois américaines interdisent la discrimination fondée sur la race dans les aspects importants de la vie, qu’il s’agisse de l’éducation, du logement ou de l’emploi. En outre, le Gouvernement a entrepris des efforts considérables pour améliorer la « compétence culturelle » des agents des services de répression, y compris des agents de l’immigration, a souligné le représentant. Les États-Unis s’emploient également à juger les crimes de haine et à enquêter sur les inconduites des agents et à y remédier.
Bilatéralement, les États-Unis participent à des programmes contre le racisme dans le monde entier, comme les plans d’action communs États-Unis/Brésil ou États-Unis/Colombie pour éliminer la discrimination raciale et ethnique et promouvoir l’égalité. Ils sont impliqués, à Washington et à travers des ambassades, dans des activités qui appuient l’Année internationale des personnes d’ascendance africaine.
M. ALAN COELHO DE SÉLLOS (Brésil) a réaffirmé l’engagement inébranlable de son pays en faveur de l’application intégrale de la Déclaration et du Programme d’action de Durban. La Réunion de haut niveau, tenue il y a un mois à New York, a été l’occasion de faire un bilan exhaustif des avancées ou des reculs dans l’élimination du fléau du racisme et autres formes de discrimination raciale, a-t-il estimé. Le Brésil a établi une institution de lutte contre le racisme, avec un statut ministériel. D’autre part, en 2010, une législation affirmant le statut d’égalité raciale et soulignant la responsabilité de l’État dans ce contexte, est entrée en vigueur. Des programmes et politiques positives, surtout dans le domaine de l’éducation ou de la santé, ont été mis en place en faveur des personnes d’ascendance africaine.
D’autres activités ont également permis l’accès des femmes d’ascendance africaine à l’autonomisation économique. La commémoration de l’année internationale des personnes d’ascendance africaine est un rappel de la dette historique à l’égard de ce groupe. Le Brésil et le Secrétariat général ibéro-américain accueillera, du 17 au 19 novembre 2011 à Salvador de Bahia, un sommet pour fêter l’héritage commun de la région et échanger des vues sur la promotion et le renforcement de l’inclusion économique et sociale des personnes d’ascendance africaine. Y seront formées des propositions concrètes visant à surmonter les obstacles en vue d’une participation totale de ces personnes au développement économique et social des pays de la région.
Mme NATALIA ZOLOTOVA (Fédération de Russie) a dit que son pays assurait la promotion et la protection des droits de l’homme sans discrimination aucune. La Russie est l’un des pays les plus pluriethniques du monde, dans lequel vivent 182 nationalités différentes, et elle dispose d’une grande diversité de cultures et de religions. Malheureusement, les manifestations de haine ethnique prennent de l’ampleur. Pour construire des sociétés plus tolérantes, il faut s’appuyer sur la diversité des peuples. La Russie a lancé des stratégies multisectorielles pour surmonter l’intolérance dans la société, notamment à travers les méthodes d’enseignement et l’éducation à l’école, ainsi que de nouvelles pratiques de sensibilisation au respect mutuel.
L’expérience historique de la Russie montre à quel point la religion peut être un facteur de discorde dans un pays multiconfessionnel, a poursuivi la représentante. Elle a souligné le rôle important du Conseil d’unité religieuse dans son pays. Préoccupée par la « christianophobie » dans le monde, la Russie considère qu’il faut régler le problème par une démarche globale des mécanismes des droits de l’homme aux niveaux local, régional et international. Par ailleurs, la Déclaration et le Programme d’action de Durban n’ont pas perdu de leur pertinence. Elle a déploré la décision de certains pays de ne pas participer à la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale qui a commémoré le dixième anniversaire de ces documents.
Enfin, la Russie s’emploie à faire ériger un monument à la mémoire des victimes de la seconde guerre mondiale pour lutter contre l’idéologie du nazisme. La représentante s’est dite inquiète de la xénophobie dans les pays qui ont souffert du joug nazi et des tentatives révisionnistes. À son avis, « les autorités européennes ne luttent pas assez contre ce phénomène ».
M. NURBEK KASYMOV (Kirghizistan) a remarqué qu’en dépit des efforts contre le racisme et la xénophobie, l’intolérance religieuse persistait. Il a ainsi fait état de l’acte terroriste commis cet été en Norvège et s’est inquiété de la montée du climat raciste et xénophobe dans de nombreux endroits du monde. Le délégué a loué le travail remarquable du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, ainsi que ses conclusions et recommandations. Au niveau national, il a fait remarquer l’emplacement géographique de son pays qui explique le caractère pluriel de sa population et l’adoption de lois spécifiques affirmant l’attachement de l’État à la diversité ethnique et culturelle.
Le respect des droits de l’homme et les dispositions de la Déclaration et du Programme d’action de Durban prévalent sur la législation nationale, a-t-il précisé, en faisant sienne la déclaration politique issue de la Réunion de haut-niveau de l’Assemblée générale tenue en septembre dernier à l’occasion du dixième anniversaire de ces documents. Il a noté cependant que les dix dernières années avaient connu des guerres, des incidents et des conflits provoqués par le racisme et la xénophobie. Il a appelé à adopter, sans équivoque, le principe de « tolérance zéro » contre tous les actes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. Pour ce faire, les États doivent adopter des lois strictes et veiller à leur application scrupuleuse, a conclu M. Kasymov.
Mme LISANDRA ASTIASARÁN ARIAS (Cuba) a jugé urgent d’appliquer intégralement les postulats, buts et actions de la Déclaration et du Programme d’action de Durban et du Document final issu de la Conférence d’examen. Dix ans après l’adoption, en Afrique du Sud, de l’importante déclaration de Durban, plusieurs parties du monde continuent d’adopter des programmes xénophobes et antimigrants, alors que des civilisations et des religions millénaires sont diabolisées. Cuba considère qu’il est inacceptable que l’on prétende assimiler certaines cultures et religions avec le terrorisme et la violence.
La déléguée a dénoncé en particulier les lois racistes et xénophobes adoptées dans le contexte de la lutte antiterroriste et les violations quotidiennes, dans les pays développés, des droits de l’homme des migrants en provenance d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique. En conséquence, il convient d’adopter, d’urgence, de nouvelles pratiques visant à l’élimination de toutes les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, a affirmé Mme Astiasarán Arias, qui a appelé à la suppression des causes sous-jacentes des manifestations du racisme, à travers la mise en place d’un nouvel ordre économique international fondé sur l’égalité, la solidarité et la justice sociale.
Mme MONIA ALSALEH (République arabe syrienne) a déclaré que la propagation de l’épidémie du racisme, y compris par l’utilisation des nouvelles technologies de l’information, pour diffamer certaines religions, conduisait inéluctablement à l’illusion de supériorité d’une catégorie de personnes sur les autres et faisait accuser un recul à toute la société humaine. Elle a en particulier dénoncé la politique raciale mise en œuvre, selon sa délégation, par Israël, qui a proclamé le caractère juif exclusif de l’État et érigé un mur de séparation raciale et culturelle. Un nouveau mur a d’autre part commencé à être érigé dans le Golan syrien occupé visant à « judaïser » ce territoire et à établir un fait accompli sur le terrain. Israël détourne aussi les sources d’eau sans considération humaine, a-t-elle estimé.
Mme Alsaleh a également décrit les nombreuses violations des droits de l’homme et les pratiques racistes imposées au quotidien aux Syriens vivant dans le Golan syrien occupé. Ces habitants sont assujettis à des conditions inhumaines à bien des égards, ce qui confirme le racisme d’État établi en politique par Israël, a-t-elle dit. Elle a fait état de violations des droits de l’homme de la part des détenus, du comportement « fasciste » des colons israéliens, qui, a-t-elle estimé, jouissent de la bienveillance des autorités israéliennes. Elle a exhorté la communauté internationale à faire face, avec fermeté et une volonté politique réelle, à une situation qui n’a que trop duré, et à reconnaître le droit du peuple palestinien à l’autodétermination. Il est regrettable qu’au XXIe siècle, les Nations Unies essaient de maintenir le joug de certains États sur des peuples qui devraient être libres et souverains.
M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a dit que son pays combattait activement le racisme dans tous les forums et qu’il participait aux mécanismes juridiques de l’ONU de lutte contre l’héritage du colonialisme. Son engagement est fondé sur le principe que le racisme dans toutes ses formes et manifestations contrecarre les valeurs de paix, d’égalité, de justice et de fraternité universelle présentes dans l’Islam et toutes les religions du monde. La Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale de septembre dernier a permis de réaffirmer la volonté politique de faire de la lutte contre le racisme, la discrimination raciale et l’intolérance qui y est associéeune priorité des États Membres.
Quant au droit à l’autodétermination, il s’agit d’un « droit inaliénable qui permet aux peuples réprimés par des régimes coloniaux, étrangers ou racistes de s’attacher à réaliser leur égalité devant la loi, dans la société et dans les politiques », a affirmé M. Tarar. Le droit à l’autodétermination a permis à des millions de personnes de choisir leurs propres systèmes politique, économique, social et culturel. Il crée toujours de l’espoir chez des millions d’autres personnes pauvres et vulnérables. Malheureusement, a-t-il déploré, ce droit reste nié au Jammu-et-Cachemire, même si la répression n’a pas réussi à réduire au silence les Cachemiriens. Dire que les demandes de justice du Cachemire « menacent l’intégrité de l’Inde » ne tient pas d’un point de vue historique et juridique et ne contribue pas à une solution pacifique. « Les droits de l’homme du peuple cachemirien doivent être respectés. »
M. OSAMA ABDEL-KHALEK (Égypte) a estimé que l’objectif de l’élimination du racisme et de toutes les formes contemporaines de racisme ne saurait être atteint sans la reconnaissance de la diversité raciale, ethnique, culturelle et religieuse. Les mouvements d’extrême droite dans certaines sociétés sont très préoccupants et leur existence représente une contradiction flagrante avec les efforts mondiaux aspirant à l’établissement d’une société exempte de toute discrimination ou disparité politique, civile, économique, sociale et culturelle. Les principes de démocratie, a-t-il insisté, sont incompatibles avec le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. Le représentant égyptien a exhorté à prêter l’attention requise au rôle de l’apprentissage du respect d’autrui, dès le plus jeune âge, et a encouragé le dialogue entre les cultures, les civilisations et les religions sur la base d’une compréhension et d’un respect mutuels.
En outre, l’autodétermination est un droit ancré dans tous les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme. Il a regretté que l’ONU soit restée continuellement politisée s’agissant du droit du peuple palestinien à l’autodétermination, peuple qui vit sous le joug de l’occupation étrangère depuis plus de 65 ans, et de leurs droits légitimes à ne plus subir quotidiennement des violations flagrantes des droits de l’homme. Il a réitéré l’appel de l’Égypte à l’application intégrale des recommandations formulées dans la mission d’établissement des faits (Goldstone) qui a exposé les violations flagrantes contre le peuple palestinien dans les territoires occupés. Il est de la responsabilité morale et juridique de l’ONU de prévenir la récurrence de telles violations, a-t-il souligné, en exhortant à la lutte contre l’impunité dans ce contexte.
M. MOURAD BENMEHEDI (Algérie) s’est félicité de la tenue de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale contre le racisme, le 22 septembre 2011, qui a permis de commémorer le dixième anniversaire de la Conférence de Durban et de célébrer l’adoption de deux documents historiques que sont la Déclaration et le Programme d’action. Il s’est félicité de la décision de l’Assemblée générale d’ériger, au Siège des Nations Unies, un mémorial permanent en hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique.
La communauté internationale est, plus que jamais interpellée pour réitérer de la manière la plus forte son engagement pour la mise en œuvre intégrale de la Déclaration et du Programme d’action de Durban. Au nom d’une prétendue liberté d’expression, un certain nombre de médias rendent certaines communautés et religions responsables de tous les maux du pays et véhiculent, sans être le moins du monde interpellés par les pouvoirs publics, des propos incitant au racisme et à la xénophobie, voire des appels à la violence et au crime, a déploré le délégué. Ce laxisme coupable est de nature à attiser la haine entre les communautés et alimente l’extrémisme, a-t-il prévenu. L’islamophobie, l’association de la religion musulmane au terrorisme et le profilage racial sont parmi tant d’exemples de ces nouvelles formes condamnables de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.
D’autre part, M. Benmehedi a déclaré que les tentatives isolées de nouvelles interprétations réductrices du droit à l’autodétermination ne pouvaient, en aucun cas, imposer à des peuples sous occupation étrangère des projets unilatéraux en violation de leur droit fondamental de choisir librement leur destin. Au moment où de nouvelles générations des droits de l’homme se développent et s’affirment, il est préoccupant de constater que le droit à l’autodétermination reste inaccessible pour certains peuples comme le peuple palestinien et les peuples des 16 territoires non autonomes figurant sur la liste de décolonisation des Nations Unies, parmi lesquels le peuple sahraoui, dont le destin demeure entre les mains de la communauté internationale.
M. ACEP SOMANTRI (Indonésie) a indiqué que son pays, qui est multiculturel et pluriethnique, se félicitait de toutes les initiatives prises pour mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban, ainsi que le document final de la Réunion de haut niveau de septembre. L’Indonésie a organisé des campagnes de sensibilisation pour lutter contre l’intolérance. C’est ainsi qu’une loi sur les médias combat l’incitation à la violence et à la haine raciale.
Par ailleurs, la protection des migrants et des membres de leur famille, même en situation irrégulière, revêt un caractère prioritaire pour l’Indonésie. Le représentant a souhaité une véritable volonté politique au niveau international pour l’application totale des textes de Durban, impliquant tous les acteurs et la société civile.
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