Face à la complexité des conflits, Ban Ki-moon appelle à renforcer les capacités de la diplomatie préventive, à y investir en appuyant le rôle des femmes
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FACE À LA COMPLEXITÉ DES CONFLITS, BAN KI-MOON APPELLE À RENFORCER LES CAPACITÉS DE LA DIPLOMATIE PRÉVENTIVE, À Y INVESTIR EN APPUYANT LE Rôle DES FEMMES
Ci-après, on trouvera le texte intégral des remarques adressées par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et lues par Mme Asha-Rose Migiro, Vice-Secrétaire générale de l’Organisation, à la réunion du Conseil de sécurité sur la diplomatie préventive en Afrique, qui a lieu le 16 juillet à New York:
La diplomatie préventive est un art ancien, mais elle affronte des défis nouveaux et changeants. Il est nécessaire de réévaluer d’urgence comment utiliser nos ressources et capacités limitées de manière à maximiser l’impact de l’action préventive. Je remercie donc la présidence nigériane du Conseil de sécurité de son initiative d’organiser le présent débat. Je tiens à saluer en particulier S. E. le Ministre nigérian des affaires étrangères. Je vous remercie, Monsieur le Ministre, de trouver le temps, dans votre calendrier d’activités, de participer avec nous ce matin à cet important débat.
J’ai le plaisir de prendre la parole devant le Conseil aujourd’hui au nom du Secrétaire général M. Ban Ki-moon.
L’expression « diplomatie préventive » a été forgée pour la première fois par l’ancien Secrétaire général Dag Hammarskjöld. Depuis son époque, les bons offices des Secrétaires généraux successifs ont aidé à résoudre pacifiquement des guerres interétatiques, des conflits civils, des différends électoraux, des querelles frontalières, des questions d’autonomie et d’indépendance et un éventail d’autres problèmes.
Dans le paysage géopolitique fluide d’aujourd’hui, nous avons à affronter de nouveaux problèmes. La diplomatie préventive doit évoluer pour faire face à des guerres civiles de plus en plus complexes, à la criminalité organisée, au trafic de drogues et à d’autres menaces transnationales.
Ces dernières années, nous avons assisté à l’apparition fort bienvenue de cadres politiques plus robustes en faveur de la prévention des conflits, surtout en Afrique, avec une capacité croissante d’intervention opérationnelle. La diplomatie préventive est aujourd’hui conduite par un éventail plus large d’acteurs, qui utilisent des outils plus diversifiés. Cela permet d’envisager des stratégies préventives à aspects multiples, qui auparavant n’étaient pas une option.
Ces trois dernières années, nous avons cherché à renforcer le Département des affaires politiques, de telle manière qu’il soit en mesure de remplir efficacement son rôle de pointe dans ce domaine. L’année dernière seulement, l’ONU a soutenu, souvent en partenariat avec d’autres, plus de 20 processus de paix et a réagi à beaucoup plus de différends qui n’ont pas atteint ce niveau de gravité.
Nous avons amélioré notre capacité de réponse au Siège; nous avons sur le terrain des bureaux de diplomatie régionale et de rétablissement de la paix; nous coopérons plus efficacement à l’intérieur du système des Nations Unies et avec les organisations régionales et sous-régionales.
Avec l’appui des États Membres, nous continuons à professionnaliser notre capacité de soutien à la médiation, qui apparaît comme une ressource de plus en plus précieuse au sein du système des Nations Unies et aux yeux de nos partenaires. Nous avons aussi tenté de créer de nouveaux outils, notamment des mandats d’enquête pour aider à relâcher la tension dans les affaires judiciaires comportant des implications politiques.
Nous aidons les autorités nationales à édifier leur capacité de résoudre les différends, en complément aux programmes de développement qui peuvent remédier à certaines des causes structurelles d’un conflit. La plupart des missions mandatées aujourd’hui par le Conseil de sécurité comportent un important rôle de médiation, généralement tenu par le chef de mission, en reconnaissance du fait qu’une activité diplomatique demeure nécessaire tout au long du cycle de conflit.
Tout cela augure bien de notre diplomatie préventive en Afrique. Nous voyons la nécessité de nous concentrer, en particulier, sur quatre fronts.
Premièrement, nous devons continuer à renforcer nos partenariats. Pour réussir, un processus de paix exige les contributions d’une gamme d’acteurs, tant au niveau régional qu’international. Le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, sis à Dakar, a noué des relations de travail novatrices avec l’Union africaine et la CEDEAO afin d’affronter les crises politiques dans l’ensemble de la sous-région, modèle qu’il serait utile de reproduire ailleurs. Parmi les autres faits nouveaux dignes d’intérêt, il faut citer le recours accru à des groupes de contact internationaux et à des structures plus anciennes. Nos récents engagements en Guinée, au Niger, aux Comores et au Kenya ont montré ce que nous pouvons réaliser au moyen de partenariats qui produisent une combinaison d’influence, impartialité et capacité.
Deuxièmement, nous devons être préparés à persuader. L’efficacité d’une action préventive dépend essentiellement de la volonté des parties au conflit. Mieux nous comprenons les motifs, les calculs et les incitations à recourir à la violence, mieux nous pouvons cibler notre réponse. Nous devons être disposés à utiliser tous les arguments disponibles pour convaincre les principaux acteurs qu’il est dans leur propre intérêt d’accepter une aide diplomatique pour détourner le conflit. Les pays voisins et les organisations sous-régionales qui sont les plus proches des événements sur le terrain et qui peuvent exercer une influence unique sont susceptibles de s’avérer des alliés de première importance.
Troisièmement, la communauté internationale doit continuer à investir dans la prévention. La crise économique mondiale a soumis les ressources à une pression accrue, et on observe une tendance générale à faire plus avec moins. Les approches diplomatiques, quand elles réussissent, sont extrêmement rentables.
Quatrièmement, nous devons faire davantage pour appuyer et encourager le rôle des femmes dans la prévention. À maintes reprises, les femmes en Afrique et ailleurs ont fait la preuve de leur forte détermination à s’efforcer d’atteindre une paix durable. La résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité a réaffirmé le rôle important des femmes dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix. Et pourtant, les femmes restent sous-représentées à chacune des étapes du processus de prévention des conflits. Nous pouvons, et nous devons, mieux faire.
D’après des études récentes, c’est l’équivalent de15 années d’aide au développement qui ont été effacées de fait par le coût de la guerre sur le continent. Les arguments en faveur de la diplomatie préventive sont donc sans appel que ce soit sur le plan moral, ou le plan politique ou financier.
Nous avons amélioré notre capacité de détection des signes annonciateurs de crises imminentes, et nous disposons d’un éventail croissant d’outils et d’instruments pour faire front dans ces situations. Nous devons maintenant nous atteler à renforcer nos capacités dans le domaine de la diplomatie préventive internationale, de façon à pouvoir réagir de façon fiable et rapide lorsque nous sommes appelés à le faire.
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