En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/12973-ECO/179

Le Secrétaire général invite les chefs d’entreprise à adopter de nouvelles stratégies commerciales qui associent rentabilité et progrès social

24/06/2010
Secrétaire généralSG/SM/12973
ECO/179
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INVITE LES CHEFS D’ENTREPRISE À ADOPTER DE NOUVELLES STRATÉGIES COMMERCIALES QUI ASSOCIENT RENTABILITÉ ET PROGRÈS SOCIAL


On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée le 24 juin par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, au Sommet des dirigeants sur le Pacte mondial qui s’est tenu à New York:


Je vous souhaite la bienvenue au troisième Sommet des dirigeants sur le Pacte mondial.


Mes souhaits de bienvenue vont en particulier à un ami personnel et un ami des Nations Unies, M. Michael Bloomberg –éminent maire d’une superbe ville d’accueil, New York.  Je vous remercie vivement de votre participation et de votre direction dynamique.  Comme tant d’autres ici présents, vous êtes un véritable visionnaire en matière d’affaires.  Merci de vous associer à nos efforts pour faire avancer le Pacte mondial.


Avant de devenir Secrétaire général des Nations Unies, j’ai eu l’occasion de constater de mes propres yeux ce que peuvent accomplir les entreprises.


En tant que Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, j’ai vu que des investissements judicieux peuvent être rentables tout en contribuant au progrès social partout dans le monde.


J’ai grandi dans un pays ravagé par la guerre, la Corée, et j’ai vu ce que les entreprises peuvent faire pour aider à reconstruire un pays et transformer une région toute entière.


Aujourd’hui, en ma qualité de Secrétaire général des Nations Unies, je me réjouis de l’occasion qui m’est offerte de faire passer le Pacte mondial à la vitesse supérieure et le préparer pour sa deuxième décennie.


Je tiens à collaborer avec les entreprises, avec chacun d’entre vous, pour produire des résultats positifs que nous savons possibles –des résultats que j’ai pu constater moi-même.


Dix ans après son lancement, le Pacte mondial est devenu la plus vaste et la plus ambitieuse initiative du genre.  La durabilité est aujourd’hui une notion incontournable pour les entreprises du monde entier. 


Au départ, le Pacte était uniquement mû par un impératif moral.  Nous demandions aux entreprises de faire leur devoir.


La moralité demeure une force motrice.  Mais aujourd’hui, le monde des affaires se rend compte que principes et profits sont les deux côtés d’une même pièce.


Cette prise de conscience n’aurait pu se produire à un meilleur moment.


Nous assistons à un remaniement en profondeur de l’ordre mondial, avec le transfert de richesses et de pouvoir économique des pays développés vers les pays émergents.


Les grandes puissances économiques sont encore aux prises avec l’une des crises économiques et financières les plus graves des dernières décennies.


Le monde des affaires doit, pour sa part, regagner la confiance du public, après la vague de scandales et gabegies qui ont terni son image.


Le Pacte mondial peut être le véhicule qui nous mènera vers une croissance durable et de nouveaux marchés à la fois rentables et facteurs de progrès social.


J’ai recensé quatre priorités.


Premièrement: prendre les choses en main.


Je compte sur l’esprit de direction de tous ceux ici présents.


Il incombe aux participants et autres parties prenantes du Pacte mondial de montrer la voie.


Vous êtes l’avant-garde de la mondialisation.  Vous pouvez et devez jouer un rôle central en maintenant l’ouverture indispensable au développement et à la prospérité.


Cela signifie que vous devez privilégier la durabilité dans toutes vos activités et vos stratégies d’investissement.


Cela signifie que vous devez motiver les autres en tirant parti de votre effet d’entraînement vers le haut.


Et cela signifie que vous devez réfléchir autrement à la question de savoir comment et où investir, et aux moyens de créer de nouveaux marchés et des possibilités de croissance.


Au Sommet du G-20 qui se tiendra ce week-end, vous entendrez sans doute les dirigeants mondiaux souligner la nécessité d’adopter des mesures d’austérité et d’assainir les finances en ces temps de crise.


Je prônerai exactement le contraire, car nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas investir dans les pays en développement.  Nous savons tous que ces pays ont les besoins les plus grands, mais qu’ils comptent aussi parmi les plus dynamiques.


La croissance économique mondiale passe par l’investissement dans les pays en développement.  À l’heure où l’aide publique au développement se contracte, l’investissement étranger direct est encore plus important.


Deuxièmement: nous devons tirer les leçons de la crise financière.


Plutôt que de se focaliser sur la recherche de profits à court terme, ce qui fausse la comptabilité et les opérations courantes, les entreprises doivent voir plus loin en encourageant la création de valeur à long terme.


La pratique des affaires doit être ancrée dans une culture de l’éthique.  Il faut pouvoir distinguer le bien du mal.


Troisièmement, nous avons besoin des entreprises pour promouvoir les Objectifs du Millénaire pour le développement.


Ce document est la feuille de route adoptée par les dirigeants mondiaux pour assurer une prospérité et un développement harmonieux dans le monde à l’ère du XXIe siècle –le nouveau Millénaire.


Après 10 ans d’efforts pour éliminer la pauvreté, créer des emplois et maîtriser les maladies, l’expérience nous a montré ce qui marche et ce qui ne marche pas.


Notre tâche aujourd’hui est de renforcer encore notre engagement.


Nous avons facilité votre tâche à ce Sommet.  Grâce à un rigoureux travail de vérification et d’analyse, nous avons recensé 15 partenariats –15 moyens d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.


Ces partenariats portent sur des domaines très divers, tels que la faim, la maladie, l’énergie verte et la protection des filles contre la violence, à quoi s’ajoute notre Plan d’action commun pour la santé des femmes et des enfants.


Mais ils ont un point commun: ils sont tous prêts à être transposés à plus grande échelle, et ils ont tous un puissant effet multiplicateur.


Rappelons qu’investir dans les pays en développement, c’est investir dans la croissance mondiale.


Ce qui m’amène à la quatrième priorité: adopter des stratégies et des instruments nouveaux pour cette ère nouvelle.


La « Feuille de route du leadership durable » présentée à ce Sommet tire les leçons de 10 ans d’expérience.  Pierre angulaire de notre action future, elle propose aux entreprises 50 manières de se distinguer.


Mon Représentant spécial chargé de la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises, M. John Ruggie, poursuit ses efforts.


Nous avons également élaboré de nouveaux dispositifs de lutte contre la corruption et de protection de l’environnement; de nouveaux principes directeurs à l’intention des entreprises, en matière d’autonomisation des femmes, d’investissements sociaux et de droits de l’enfant; un guide de durabilité dans les chaînes d’approvisionnement; et des règles de comportement responsable dans les zones de conflit.


Grâce à ces nouvelles ressources, et forts des 10 principes permanents énoncés dans le Pacte, vous pourrez accomplir encore davantage sous la bannière de la durabilité.


Je vous demande de prendre les devants, mais vous ne serez pas seuls.


Gouvernements du monde, je vous demande de réaffirmer votre souci de transparence et de réglementation avisée.  Je vous exhorte aussi à renforcer vos capacités de collaboration avec le secteur privé.


Investisseurs, je vous demande de souscrire aux Principes d’éthique de l’investissement et de prendre en compte dans vos décisions financières les questions intéressant l’environnement, la société et le gouvernement d’entreprise.


Universitaires, je vous demande d’inscrire la déontologie des affaires à vos programmes d’études, conformément aux principes pour une éducation au management responsable.


Dirigeants de la société civile, je vous demande de continuer à jouer votre rôle essentiel de surveillance, tout en recherchant de nouvelles possibilités de partenariat avec le secteur privé.


Quant à l’ONU elle-même, je puis vous assurer que l’Organisation entend honorer les engagements qu’elle a pris dans le Pacte.  Nous avons aussi changé d’attitude.


Il y a 10 ans, un petit groupe de chefs d’entreprise se sont réunis ici pour lancer ce pacte mondial.  Aujourd’hui, nous avons plus de 8 000 adhérents.  Et notre nouvel objectif est de porter leur nombre à 20 000 d’ici à 2020.


Nous voulons changer véritablement les choses.


Notre objectif est de tourner la page pour entrer dans une nouvelle ère de la durabilité.


Et nous sommes déterminés à y parvenir tout en préservant l’intégrité de cette initiative.  Au cours des deux dernières années, nous avons radié de notre liste plus de 3 300 entreprises qui n’avaient pas rendu compte des progrès accomplis dans l’application des principes énoncés dans le Pacte.  Le Pacte est une initiative volontaire, mais cela ne veut pas dire que nous fermons les yeux sur les dérapages.


Poursuivons sur notre lancée dans cette grande entreprise qui a pris forme grâce à vous –la dynamique est déjà engagée.  Soyons tous les architectes d’un avenir plus radieux et plus durable.  Je me réjouis de continuer à vos côtés sur cette voie juste et nécessaire.


Vous pouvez compter sur l’Organisation des Nations Unies, vous pouvez compter sur moi, tout comme je compte sur votre esprit d’initiative et votre détermination à forger un avenir meilleur pour tous.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.