En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/12743-SC/9861-PKO/233

Le Secrétaire général prône devant le Conseil de sécurité une « stratégie globale » pour garantir le succès du maintien de la paix

12/02/2010
Secrétaire généralSG/SM/12743
SC/9861
PKO/233
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LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL PRÔNE DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ UNE « STRATÉGIE GLOBALE » POUR GARANTIR LE SUCCÈS DU MAINTIEN DE LA PAIX


On trouvera ci-après le texte de la déclaration prononcée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’occasion du débat du Conseil de sécurité sur les stratégies de transition et de sortie pour les opérations de maintien de la paix, le 12 février:


Je remercie la France d’avoir pris l’initiative de fixer notre attention sur la question cruciale des stratégies de transition et de retrait des opérations de maintien de la paix.


Pris au sens le plus large, notre objectif devrait être bien clair : les Casques bleus devraient s’employer sans relâche à mettre fin eux-mêmes à leur travail.


Mais bien sûr, il y a loin entre le démarrage d’une opération et son retrait, bien des étapes doivent être franchies, et la voie à suivre est pavée de difficultés et de dangers, de revers et d’écueils.


Au fil des ans, nous avons tiré de précieux enseignements de notre expérience quant à la meilleure manière d’envisager cette transition du maintien de la paix à la consolidation de la paix pour que, finalement, apparaissent des sociétés à même de fonctionner et de maintenir seules leur stabilité.


Un travail considérable est en cours pour renforcer notre action face aux conflits.


L’année dernière, le Conseil de sécurité a organisé une série de débats constructifs sur la médiation, le maintien de la paix et la consolidation de la paix. Les États Membres, le système des Nations Unies et nos partenaires en ont dégagé une conception commune des enjeux.


Je me félicite de la tenue du débat d’aujourd’hui, qui constitue un nouveau pas en avant, s’agissant de faire le meilleur usage de tous nos outils et de tous nos moyens.


Les Nations Unies doivent être prêtes à aider les autorités nationales à mettre en œuvre les accords de paix, à rétablir les fonctions vitales de l’État, à restaurer l’état de droit et à assurer un niveau minimum de sécurité durable sur l’ensemble du territoire.


Nous devons promouvoir la réconciliation et des processus politiques sans exclusive, favoriser la prestation des services essentiels et aider à créer des emplois et à susciter une activité économique.


Tout cela est indispensable si l’on veut s’attaquer aux causes profondes d’une crise, maintenir la paix et trouver une stratégie de retrait viable pour les missions de maintien de la paix des Nations Unies.


L’engagement de l’ONU dans un pays sortant d’un conflit doit suivre de près la voie sur laquelle ce pays s’est engagé.


Nous sommes en général présents bien avant qu’une opération de maintien de la paix ne se soit déployée, et nous restons généralement sur place bien après le départ de nos Casques bleus.


La présence de l’ONU après une opération de maintien de la paix peut prendre la forme d’une mission politique spéciale, d’un bureau de consolidation de la paix ou un autre type de configuration. Elle peut être vaste et pluridimensionnelle, ou petite et spécialisée.


Quel que soit le cas, les activités de maintien de la paix doivent ouvrir la voie à ce qui suit.


Pour que la paix puisse être maintenue, il est nécessaire d’adopter une stratégie globale qui conjugue les efforts de tous les acteurs de l’ONU et de la communauté internationale, et qui renforce les capacités nationales.


Ces 10 dernières années, on a observé une extension constante des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.


Personne ne peut prévoir l’avenir mais, dans les prochaines années, il est probable que nous devrons non pas tant nous concentrer sur de nouvelles missions que veiller à ce que les missions en cours et la présence qui les suivra permettent de consolider la paix et d’appuyer une stabilité durable pour qu’elles puissent se retirer.


Pour ce faire, une mission de maintien de la paix exige un bon départ, ce qui a été souligné dans le rapport de 2001 « Pas de sortie sans stratégie » adressée au Conseil de sécurité.


Je voudrais rappeler que l’un des auteurs de ce rapport, M. Andrew Grene, est l’une des victimes du séisme survenu en Haïti.


Son legs perdure dans un rapport dont les recommandations demeurent valables aujourd’hui.


Un bon départ signifie que le mandat même d’une opération doit prendre en compte les causes profondes d’un conflit.


Cela signifie qu’il faut arriver à s’éloigner de la violence grâce à un processus de paix durable et solide.


Il s’agit d’articuler un objectif clair qui soit celui tant des parties prenantes nationales que de la communauté internationale.


Cela signifie également l’affectation en temps voulu de ressources humaines et matérielles suffisantes – y compris, si nécessaire, le déploiement rapide d’une force de police permanente et de civils d’autres catégories.


Les stratégies de sortie doivent également être envisagées depuis le tout début d’une mission.


En évaluant si et quand une opération de maintien de la paix doit être réduite, nous devons considérer la force des structures de gouvernance nationale, notamment pour la sécurité et l’état de droit.


Nous devons prendre en compte les perspectives de relèvement socioéconomique.


Nous devons examiner le risque qu’un pays puisse retomber dans une situation de conflit, et nous demander si la garantie de sécurité fournie par des soldats de la paix en uniforme est encore nécessaire.


Nous devons voir comment reconfigurer notre présence. Réduire notre présence dans un domaine, comme celui de la sécurité, peut nécessiter un renforcement temporaire dans un autre.


Les missions de maintien de la paix ne doivent pas rester en place plus longtemps que nécessaire, mais nous devons aussi être attentifs à ne pas nous retirer prématurément et à devoir revenir à cause d’un regain de violence.


Un enseignement clef des années 90 a été le besoin d’un certain type de présence de suivi, afin de conserver le terrain gagné et de poursuivre le processus de consolidation d’une paix durable.


Dans plusieurs cas survenus récemment, la transition s’est faite vers un bureau de consolidation de la paix de l’ONU, mais d’autres modèles, comme les bureaux régionaux, pourraient aussi être envisagés.


Ces présences pourraient rester discrètes, mais néanmoins avoir des mandats complexes et exigeants.


Elles nécessitent des ressources et l’appui du Conseil de sécurité, de la Commission de consolidation de la paix et de la communauté internationale dans son ensemble.


Cette année, l’examen de l’architecture de la consolidation de la paix de l’ONU arrive donc à propos.


Nous devrions discuter de la transition allant des éléments essentiels de sécurité d’une mission de maintien de la paix vers une consolidation de la paix à long terme, et également réfléchir à la manière dont la Commission de consolidation de la paix peut s’engager rapidement.


L’engagement des équipes de pays des Nations Unies est capital tout au long des phases de maintien de la paix et de consolidation de la paix, mais l’ONU n’est qu’un des nombreux acteurs internationaux de consolidation de la paix.


Les institutions régionales, les partenaires bilatéraux et les institutions financières internationales sont également impliqués. Nous avons besoin que tous ces partenaires travaillent de manière cohérente, dans une optique commune.


Si les parties prenantes suivent des programmes individuels concurrents, tous nos efforts en pâtiront, et nous devons nous prémunir contre ce risque.


Nos résultats collectifs détermineront quand et comment une opération de maintien de la paix peut se retirer.


Je demande instamment à ce que nous cherchions les moyens de garantir que le Conseil de sécurité ait les données et les repères nécessaires –notamment les conseils de la Commission de consolidation de la paix et l’apport émanant du gouvernement des pays hôtes– afin de mesurer les progrès accomplis.


Trois de mes Représentants spéciaux sont parmi nous aujourd’hui pour nous faire bénéficier de leur grande expérience et de leurs réflexions concernant les stratégies de transition et de retrait.


Les pays où ils mènent leur activité illustrent les différentes phases dans lesquelles peuvent se trouver les initiatives de maintien de la paix et de consolidation de la paix des Nations Unies, ainsi que les différents modèles qui existent et les différents problèmes auxquels on se heurte.


L’action menée par ces trois missions est d’une valeur inestimable, car elle a permis d’établir et de consolider la paix et de donner espoir à des millions d’hommes et de femmes.


J’espère que nous saurons en tirer les enseignements, et aussi tirer pleinement profit de ce que peuvent nous apprendre tous ceux qui prendront la parole aujourd’hui.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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