Pour résoudre la situation actuelle en Afghanistan, Ban Ki-moon préconise une meilleure coordination reposant sur la volonté politique des donateurs et des efforts nationaux plus importants
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POUR RÉSOUDRE LA SITUATION ACTUELLE EN AFGHANISTAN, BAN KI-MOON PRÉCONISE UNE MEILLEURE COORDINATION REPOSANT
SUR LA VOLONTÉ POLITIQUE DES DONATEURS ET DES EFFORTS NATIONAUX PLUS IMPORTANTS
On trouvera ci-après la déclaration qu’a faite le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation en Afghanistan, le 6 janvier:
Qu’il me soit permis, tout d’abord, de présenter mes vœux les plus sincères pour la nouvelle année 2010 qui, je l’espère, apportera une paix et une sérénité accrues dans le domaine des affaires publiques et privées des peuples et des nations partout dans le monde.
Je souhaite la bienvenue aux nouveaux membres du Conseil: la Bosnie-Herzégovine, le Brésil, le Liban, le Nigéria et le Gabon. Je leur souhaite un mandate fructueux et bien rempli au Conseil. Je tiens également à saluer la contribution aux travaux du Conseil, ces deux dernières années, du Burkina Faso, du Costa Rica, de la Croatie, de la Jamahiriya arabe libyenne et du Viet Nam en leur qualité de membres non permanents.
Bien entendu, je félicite le Représentant permanent de la Chine de son accession à la présidence du Conseil ce mois-ci.
Je me félicite de l’occasion qui m’est donnée d’informer le Conseil sur la situation en Afghanistan. À la suite de mes observations, le Représentant spécial, M. Kai Eide, fera le point sur la question.
L’année dernière a été, une fois de plus, extrêmement difficile pour l’Afghanistan, comme pour les efforts déployés par la communauté internationale pour aider son gouvernement et sa population. Tous les éléments suivants –des élections difficiles, la dégradation des conditions de sécurité, les doutes quant aux stratégies actuelles du Gouvernement et de la communauté internationale– ont conspiré pour provoquer de nouvelles violences et faire régner un climat d’incertitude dans un pays confronté à d’énormes défis. Il ne fait aucun doute que l’Afghanistan restera l’une de nos grandes priorités en 2010.
Je voudrais en particulier souligner deux aspects à cet égard: premièrement, le renforcement du rôle du Gouvernement afghan et, deuxièmement, la coordination des efforts civils internationaux sous l’égide de l’ONU. La Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et le Programme des Nations Unies pour le développement, de concert avec d’autres organisations internationales et des représentants bilatéraux, ont joué un rôle déterminant pour aider les autorités afghanes à organiser l’année dernière les élections présidentielles et l’élection des conseils de province.
Le processus électoral s’est avéré délicat, c’est le moins qu’on puisse dire, ce qui n’aurait dû surprendre personne compte tenu des conditions de sécurité et des carences institutionnelles. Les élections ont bien, cependant, donné des résultats, lesquels ont fini par être acceptés.
Les préparatifs des élections législatives prévues cette année devraient commencer sous peu. Si le Gouvernement sollicite l’aide de l’ONU et si le Conseil de sécurité donne son accord, l’Organisation est prête à appuyer le processus par le biais de l’assistance technique et du renforcement des institutions. D’une manière générale, nous espérons que l’immense énergie politique libérée pendant les élections de l’année dernière sera dorénavant mise au service de l’instauration d’un pacte véritable, réaliste, renouvelé, entre le Gouvernement afghan et la population.
Le discours d’investiture du Président Karzai était encourageant. Les priorités qu’il y a énoncées reflètent véritablement les problèmes auxquels la société afghane est confrontée: la sécurité, la bonne gouvernance, la corruption, l’unité nationale et la nécessité d’élargir la coopération avec les pays voisins afin de contrer le trafic de stupéfiants et les autres menaces transfrontalières qui pèsent sur la stabilité.
Le Président Karzai s’est aussi expressément engagé à obtenir des résultats tangibles, prévoyant à cet effet de procéder à un transfert graduel des responsabilités des acteurs internationaux aux institutions afghanes, notamment dans le domaine de la sécurité, ce qui est particulièrement important au vu de la nouvelle dégradation de la situation dans l’ensemble du pays.
Si la violence a été provoquée par une insurrection motivée par des considérations politiques, elle a également été exploitée par des organisations criminelles, des trafiquants de stupéfiants et autres. Le nombre de victimes civiles a augmenté et la MANUA et les autres partenaires afghans sont exposés à de plus grands risques.
Les efforts déployés par les Taliban et les insurgés pour empêcher la population de participer au processus électoral ont également détruit les structures sociales et les mécanismes de sécurité traditionnels. Cette insécurité reste le principal obstacle au progrès.
Le nombre de civils tués par des éléments antigouvernementaux l’année passée serait environ trois fois supérieur à celui du nombre de civils tués par les forces progouvernementales. La plupart de ces civils sont morts suite à des attentats-suicide et des engins explosifs improvisés utilisés par des éléments antigouvernementaux, ou suite à des frappes aériennes des forces progouvernementales.
La vulnérabilité des civils est une question grave, qui a des incidences importantes sur la capacité du Gouvernement et de ses partenaires de conduire le pays vers la stabilité et la paix. J’exhorte toutes les parties à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour respecter le droit international des droits de l’homme et le droit international humanitaire.
L’Afghanistan se trouve à un tournant décisif. Tous les acteurs clefs, aussi bien afghans qu’internationaux, ont tiré des enseignements importants des expériences qui ont suscité des controverses et des occasions manquées. J’appelle le Gouvernement afghan et la communauté internationale à tirer le meilleur profit des quelques mois à venir.
La communauté internationale a réaffirmé sa volonté d’achever la tâche d’éradiquer la menace terroriste. Les stratégies révisées montrent qu’on a bien compris qu’on ne réussira pas si on continue d’appliquer les mêmes politiques. Cependant, pour que ces stratégies puissent être mises en œuvre de façon efficiente et au moment opportun, le nouveau Gouvernement afghan doit honorer les engagements ambitieux qu’il a pris.
En même temps, il faut réévaluer la relation entre l’Afghanistan et ses partenaires internationaux. Des conférences internationales bien préparées, qui se tiendraient en Afghanistan ou ailleurs, peuvent contribuer à garantir la durabilité des efforts consentis par la communauté internationale.
La prochaine conférence internationale, qui doit se tenir à Londres le 28 janvier, sera une excellente occasion de donner un nouvel élan aux efforts de la communauté internationale et du nouveau Gouvernement de Kaboul en faveur d’une plus grande stabilité et d’un appui renforcé aux besoins de l’Afghanistan en matière de sécurité et de développement. S’il est vrai que l’assistance extérieure peut être utile, il appartient néanmoins aux Afghans de prendre en charge ces efforts grâce à une forte détermination et à une bonne gouvernance.
Je me félicite de l’initiative prise par les dirigeants du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne en convoquant cette réunion. Je me félicite également de l’importante contribution faite par le Groupe des amis de l’Afghanistan. À cet égard, je me réjouis de la nouvelle approche adoptée par Obama, le Président des États-Unis, visant à instaurer un équilibre optimal entre les activités militaires et civiles, et à renforcer la coopération avec l’Organisation des Nations Unies. Il est évident que des activités civiles plus importantes et plus efficaces sont nécessaires, ce qui exigera une bien meilleure coordination internationale.
La MANUA est chargée de diriger cette coordination, et le Représentant spécial Kai Eide a proposé d’examiner la viabilité d’une structure civile de coordination, en consultation avec le Gouvernement afghan et les parties prenantes internationales.
Cependant, en fin de compte, ce n’est ni l’absence de structures, ni même l’insuffisance de ressources qui constituent le principal obstacle, même si ces deux éléments jouent un rôle. Le principal problème est plutôt une question de volonté politique. Une meilleure coordination reposant sur une forte volonté politique des pays donateurs et des efforts nationaux importants est décisive pour résoudre la situation actuelle. Nous avons besoin de stratégies qui nous permettent de mettre en place des institutions viables afin de fournir les services nécessaires au peuple afghan et de développer l’économie afghane.
Notre tâche est plus compliquée en cette période caractérisée par des conditions de plus en plus difficiles en matière de sécurité et un environnement politique plus délicat. Mais si notre situation est plus difficile, imaginez ce que ressent l’Afghan moyen. Malgré ces incertitudes, l’Organisation des Nations Unies reste fermement engagée à aider les hommes et les femmes d’Afghanistan à trouver la voie de la stabilité et la paix.
Nous sommes également déterminés à assurer la sécurité de nos fonctionnaires locaux et internationaux participant à cette Mission de plus en plus dangereuse. Leur courage, leur dévouement et, souvent, leur héroïsme incontesté nous inspirent tous. Aujourd’hui, je tiens à rendre hommage à tous ceux qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions. Nous pouvons nous attendre à davantage d’attentats terroristes, et une fois de plus, j’appelle le Conseil à veiller à ce que le bien-être des fonctionnaires de la Mission soit garanti.
Je voudrais terminer en disant quelques mots au sujet du Représentant spécial Kai Eide. Son courage intrépide, sa forte détermination et son dévouement altruiste ont soutenu la Mission au cours de ces derniers mois critiques. Cette Organisation et le peuple afghan se souviendront toujours avec reconnaissance de sa contribution.
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