La Commission de la population et du développement examine l’impact de la mauvaise alimentation sur la santé
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Commission de la population et du développement
Quarante-troisième session
6e et 7e séances – matin & après-midi
L A COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT EXAMINE L’IMPACT DE LA MAUVAISE ALIMENTATION SUR LA SANTÉ
Des délégations expriment des points de vue contradictoires sur les questions de la planification familiale, de l’éducation sexuelle et de l’avortement
La Commission de la population et du développement a conclu, aujourd’hui, son débat général consacré à l’expérience des pays dans les domaines de la santé, de la morbidité, de la mortalité et du développement. Cinquante-cinq États Membres, dix organismes des Nations Unies et huit organisations non gouvernementales (ONG) se sont exprimés au cours des deux derniers jours sur ce thème. Ces débats ont été l’occasion d’entendre de nombreuses interventions sur les liens entre la mauvaise alimentation et la santé, ainsi que sur l’émergence de maladies dégénératives liée au vieillissement de la population, et sur l’importance de la planification familiale comme outil potentiel de prévention de l’expansion de la pandémie de VIH/sida.
Dans un exposé liminaire, M. Barry Popkin, Professeur à l’Université de la Caroline du Nord, a identifié, ce matin, des problèmes et proposé des solutions concernant les changements qui affectent l’économie et la santé au niveau mondial. Il a indiqué que 1,6 milliard de personnes souffraient d’obésité et d’excédent de poids dans le monde et que 5,7 milliards de personnes seraient atteintes de diabète d’ici à 2020, la majorité d’entre elles en Chine et en Inde. Cette évolution aura de terribles conséquences sur la capacité des systèmes de santé à répondre aux besoins en soins, a-t-il prévenu.
Notant que le tiers des calories consommées dans le monde étaient commercialisées par des grandes entreprises agroalimentaires, il a insisté sur l’importance de mettre des informations détaillées à la disposition des consommateurs, et de créer à leur attention des incitations pour une vie plus saine tout en réglementant mieux le commerce des produits. Par exemple, on pourrait interdire les publicités en faveur de la consommation d’aliments de mauvaise qualité, ainsi que la vente de boissons sucrées dans les écoles, a proposé M. Popkin.
Le représentant de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a noté que le vieillissement de la population en Amérique latine s’est accompagné de l’émergence de maladies dégénératives et chroniques difficiles à traiter et coûteuses à soigner. Appuyant ces propos, la représentante de l’Association américaine des personnes âgées a indiqué que le nombre de personnes du troisième âge dépassera celui des jeunes pour la première fois dans l’histoire de l’humanité en 2040, et que 70% des habitants de la planète vivront en 2050 dans des agglomérations urbaines, avec des conséquences graves en terme de santé. Les intervenants ont appelé la communauté internationale à investir dans des systèmes de santé en mesure de répondre à cette nouvelle réalité.
La réduction des impacts du VIH/sida a permis d’augmenter la productivité, a déclaré la représentante du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), en faisant un lien entre la prévention de la propagation du VIH/sida et les efforts de lutte contre la faim. Auparavant, la représentante du Swaziland avait déploré les ravages causés par le VIH/sida dans son pays en rappelant que l’espérance de vie y est passée de 60 à 33 ans entre 1986 et 2007. Alors que la délégation d’ONUSIDA a estimé que le manque de planification familiale ne fait que renforcer la propagation du VIH/sida, celle de l’ONG International Planned Parenthood Federation s’est félicitée des conclusions d’un article paru ce matin dans le New York Times. L’étude faisant l’objet de l’article montre, en effet, que la planification familiale a permis de réduire la mortalité maternelle de 536 000 à 340 000 décès par an entre 1980 et 2010. « Cent quatre-vingt-deux femmes continuent néanmoins de mourir tous les jours en raison de complications liées à des avortements à risques, parce qu’elles n’ont pas les moyens financiers d’opérer des choix plus sûrs, ou parce que l’avortement reste illégal dans leur pays », ont cependant tenu à souligner certaines délégations.
S’élevant contre les plaidoyers en faveur de la libéralisation des interruptions de grossesses, les représentantes de deux fédérations d’organisations non gouvernementales ont condamné les pressions qui sont faites sur de nombreux pays pour les amener à légaliser l’avortement, à permettre un libre accès à la contraception et à introduire des programmes d’éducation sexuelle dans les écoles au mépris des cultures ou des valeurs des peuples. « L’avortement n’est pas un simple acte médical. C’est aussi un acte qui peut avoir des effets dévastateurs sur la santé mentale et reproductive de la personne qui l’a subi », a souligné cette après-midi une des intervenantes.
La Commission a abordé la question de l’exécution du programme et du futur programme de travail du Secrétariat de l’ONU dans le domaine de la population. À cet égard, elle était saisie d’un rapport portant sur l’exécution du programme et sur le bilan des activités menées dans le domaine de la population en 2009, et d’une note du Secrétaire général sur le projet de cadre stratégique pour la période 2012-2013. Ces documents étaient présentés par M. Thomas Buettner, Directeur adjoint du Service des études démographiques de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DESA).
La Commission de la population et du développement poursuivra ses travaux demain, jeudi, le 15 avril, à partir de 10 heures pour examiner le point de son ordre du jour intitulé « Intérêt des questions de population et de développement en ce qui concerne le thème retenu pour l’Examen ministériel annuel de 2010 ». Elle entendra une intervention de M. Hamidon Ali, Président du Conseil économique et social (ECOSOC).
EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: SANTÉ, MORBIDITÉ, MORTALITÉ ET DÉVELOPPEMENT
Débat général
M. DER LAURENT DABIRÉ (Burkina Faso)a estimé que les OMD ne pouvaient être réalisés sans la mise en œuvre préalable du Programme d’action de la CIPD. Il a dit que la situation de santé dans son pays était caractérisée par une morbidité et une mortalité élevées en raison de la fréquence des maladies endémiques et épidémiques meurtrières et des maladies hydriques, ainsi que de l’augmentation des porteurs asymptomatiques et des cas de sida. On note également l’insuffisance des formations sanitaires et de personnel médical, a indiqué le représentant burkinabè. Il a déclaré que la mise en œuvre des réformes du système sanitaire avec l’appui du FNUAP a entraîné une baisse de la mortalité maternelle, un accroissement du taux de prévalence contraceptive, une amélioration du taux de couverture prénatale, une augmentation du pourcentage d’accouchements assistés, un renforcement sensible des infrastructures sanitaires, la baisse du rayon d’action théorique des formations sanitaires, l’élargissement de la couverture vaccinale et une légère baisse de la prévalence de l’excision chez les fillettes de 0 à 10 ans. Néanmoins, a-t-il estimé, il reste d’énormes efforts à faire, notamment en matière de santé de la reproduction. Malheureusement, a ajouté le représentant, l’endettement aggravé des pays en développement et la précarité dans laquelle vivent leurs populations, créent une situation qui fait dire que « les médicaments sont au Nord, les malades au Sud ». Il a estimé qu’il était temps que les populations les plus défavorisées aient un accès équitable à des soins de santé de qualité.
Mme SIBONGILE GLADYS DLAMINI (Swaziland) a déclaré que son pays accordait une attention particulière à l’égalité des filles et garçons en matière d’éducation et d’accès aux soins de santé. Elle a indiqué que des stratégies nationales du développement et de réduction de la pauvreté avaient été adoptées, mais que leur mise en œuvre pâtissait du manque de ressources financières et humaines. La représentante a ensuite indiqué que le taux de fécondité du Swaziland était passé de 6,4 en 1986 à 3,8 en 2007. Cependant, l’espérance de vie est passée de 60 ans en 1986 à 47 ans en 2007. Cette espérance de vie est de 33 ans. Soixante-dix pour cent des décès de personnes âgées de moins de 5 ans sont ceux d’enfants ayant moins d’un an, a-t-elle ajouté. Mon gouvernement souhaite élever le Swaziland au rang de pays à revenu intermédiaire, mais ce statut le priverait de l’aide internationale dont il jouit actuellement, a ajouté la représentante, qui a réclamé la création d’un système de classement économique plus approprié. Elle a ensuite évoqué les efforts déployés pour réduire la mortalité maternelle et les ravages occasionnés par le VIH/sida, une pandémie qui frappe le Swaziland de plein fouet.
M. SAVIOUR F. BORG (Malte) a déclaré que le système de santé publique de Malte offrait toute une série de services aux personnes résidant à Malte, dont les immigrants illégaux. Les prestations de santé générale sont fournies par un hôpital universitaire équipé de tous les services ambulatoires nécessaires. Les patients sont parfois envoyés à l’étranger lorsqu’ils nécessitent des soins particuliers, au cas où ils seraient atteints de maladies rares, a-t-il précisé. M. Borg a estimé que les questions de la santé, de la morbidité, de la mortalité et du développement ne peuvent être abordées sans parler de la santé maternelle. Il a précisé que Malte n’a connu que quatre décès de mères en couches entre 1998 et 2007. Il a indiqué que la baisse du taux de naissance et le vieillissement de la population avaient poussé Malte à revoir les besoins de santé de sa population. La question de la durabilité du système de santé est étudiée à la lumière de notre engagement de mettre la santé au centre de nos préoccupations, a-t-il insisté.
M. DEON LLOYD WILLIAMS (Jamaïque) a indiqué que son pays avait atteint certains Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), mais qu’il était à la traîne dans d’autres domaines. Il a indiqué que la Jamaïque avait été frappée de plein fouet par la crise économique et avait été contrainte de prendre de nouveaux emprunts auprès du Fonds monétaire international (FMI). Notre pays a néanmoins accompli des progrès notables en ce qui concerne sa transition démographique, a dit le représentant. Il a notamment évoqué le vieillissement de la population, et le fait que les maladies chroniques sont désormais à l’origine de 70% des décès que connaît le pays. La Jamaïque est sur la bonne voie pour garantir un accès universel aux soins de santé reproductive et pour mettre fin aux effets néfastes du VIH/sida et du paludisme, mais elle est à la traîne en ce qui concerne la mortalité maternelle et infantile, a dit le représentant. Il a également ajouté que le Gouvernement jamaïcain était particulièrement préoccupé par le fardeau que connaissent actuellement les services de santé du pays, et qu’il accordait une attention notable à l’octroi des soins de base dans les institutions publiques en garantissant leur gratuité. Le représentant a également évoqué une réduction importante de taux de transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant et des décès imputables à cette pandémie.
Mme GRO LINDSTAD, Fonds des Nations Unies pour le développement de la femme (UNIFEM), a souligné que la mortalité et la morbidité maternelles restent l’un des principaux obstacles à l’émancipation des femmes et des fillettes et à la pleine jouissance de leurs droits. L’UNIFEM estime que le VIH/sida est un facteur déterminant de la mortalité maternelle, quand on sait que 50% des personnes touchées par le VIH sont aujourd’hui des femmes et que ce pourcentage est encore plus élevé en Afrique. Pour lutter contre cette réalité, il est essentiel pour les femmes de pouvoir bénéficier de traitements antirétroviraux pendant la grossesse, un domaine où il reste encore beaucoup à faire selon les données fournies par l’OMS. Par ailleurs, les rapports de force et les inégalités entre hommes et femmes sont toujours un obstacle majeur pour l’accès des femmes aux services de santé. L’UNIFEM préconise trois mesures pour inverser la prévalence du VIH/sida chez les femmes, à savoir: une amélioration des systèmes de santé, de manière à mieux tenir compte des besoins spécifiques des femmes (en particulier les soins de santé maternelle); la pleine jouissance de leurs droits par les femmes; et l’encouragement à une participation plus large des femmes, notamment celles touchées par le VIH/sida, à l’élaboration des stratégies nationales de lutte contre ce fléau.
Mr. JYOTI SINGH,Partners in Population and Development,a présenté les travaux de sa fédération de 25 associations qui aident les États Membres à mettre en œuvre le programme d’action de la CIPD. Il a précisé que l’Asie du Sud-Est et l’Afrique subsaharienne étaient les deux principales régions touchées par la mortalité maternelle. Il a cité la publication, ce matin, dans le New York Times, d’une étude financée par la Fondation Bill Gates qui démontre la baisse des décès maternels. Il apparaîtrait clairement, a-t-il ajouté, que l’accès aux services obstétriques et à la planification familiale a permis de faire baisser cette mortalité. Il a précisé que 53 millions de grossesses non suivies pourraient être évitées si les femmes disposaient de moyens de planification familiale. Il a regretté la baisse du soutien aux programmes de régulation des naissances en insistant que la planification familiale méritait autant de soutien que la lutte contre le VIH/sida. Il a appelé à un doublement du financement de la planification familiale si l’on veut réaliser les OMD.
Mme CORINNE SCHUSTER-WALLACE, Université des Nations Unies (UNU), a rappelé que l’Université des Nations Unies a été créée en 1970 pour réfléchir aux problèmes mondiaux urgents qui concernent l’ONU et ses États Membres. Il a souligné que la fourniture d’eau salubre est cruciale pour la promotion de la santé mondiale. C’est la population vulnérable de tous les pays, et en particulier des pays à faible revenu, qui souffre le plus de l’eau insalubre, a-t-il ajouté. Il a mentionné le coût économique du manque d’accès à l’eau salubre qui fait perdre aux travailleurs leur productivité et aux entreprises leurs bénéfices potentiels, à cause, notamment, des maladies liées à la consommation d’eau polluée. Le représentant a ensuite noté les incidences des changements en matière d’environnement sur la sécurité alimentaire, la qualité de l’eau et le capital social. Il a appelé à se concentrer sur le renforcement de la résilience des populations, en particulier dans les communautés marginalisées, isolées et rurales, ceci en améliorant notamment l’accès à l’éducation et à l’électricité. L’Université des Nations Unies souhaite un engagement au niveau mondial visant un accès à l’eau potable et à l’assainissement pour 100% de la population de chaque pays d’ici à 2025, en consacrant à ce secteur 0,02% du produit national brut des pays donateurs. Ces fonds devront être investis dans des initiatives permettant de développer les marchés en partant du bas de la pyramide sociale. Ce n’est donc pas une simple question d’assainissement, mais aussi une façon de renforcer l’économie locale.
M. RICARDO SANCHEZ SOSA, Programme des Nations Unies pour l’environnement – (PNUE), a indiqué que jusqu’à un quart du fardeau lié aux maladies serait imputable à des facteurs environnementaux. Il a notamment expliqué que les effets des changements climatiques conduiraient notamment à une augmentation de la malnutrition et des cas de diarrhée, ainsi qu’à une modification dans la distribution spatiale des infections. M. Sosa a ensuite passé en revue les efforts déployés par le PNUE, en coopération avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en matière de santé environnementale. Il a notamment évoqué l’adoption d’alternatives « réalistes » à l’usage de produits comme le DDT, ainsi que la tenue, en 2008, de la première Conférence interministérielle sur la santé et l’environnement en Afrique, laquelle a débouché sur l’adoption de la Déclaration de Libreville. Il a également passé en revue le fonctionnement du Projet santé GEO, qui a pour but de produire des données scientifiques fiables destinées aux décideurs d’Amérique latine et des Caraïbes. Pour le représentant, l’hétérogénéité de cette région requiert l’élaboration d’un outil d’évaluation suffisamment souple pour être adapté aux situations locales.
Mme LILA H. RATSIFANDRIHAMANANA, Directrice du Bureau de liaison de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à New York, a indiqué que des taux élevés de morbidité et de mortalité représentaient une menace notable pour la production agricole et la sécurité alimentaire de millions de personnes dans le monde. La FAO estime que davantage d’attention doit être accordée au lien fondamental qui existe entre la santé et la sécurité alimentaire, a-t-elle dit. Selon les estimations de la FAO, a poursuivi la représentante, la production alimentaire mondiale devra augmenter de 70% d’ici à 2050 pour nourrir l’ensemble de la population de la planète, ce qui exigera des investissements massifs en matière d’infrastructures rurales. Elle a également indiqué qu’un nombre croissant de pays devra assumer le « double fardeau » qu’est la malnutrition couplée à une augmentation rapide de l’obésité et des maladies chroniques liées à l’alimentation. Mme Ratsifandrihamanana a estimé que l’agriculture et le commerce devaient être en mesure de fournir des aliments bon marché et de bonne qualité pour renforcer le statut nutritionnel des groupes vulnérables. Le secteur agricole a un rôle clef à jouer dans l’amélioration de la santé humaine, a-t-elle affirmé.
M. SRINIVAS TATA, Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a indiqué que certains pays de la région avaient démontré qu’il était possible de faire des progrès dans le domaine des systèmes de santé, même dans des situations où le PIB d’un pays est en baisse. Il a précisé que les États membres de la CESAP avaient adopté une résolution en 2007 insistant sur l’importance de la couverture médicale universelle comme moyen d’assurer un développement durable et inclusif et une protection sociale complète. Il a indiqué que le vieillissement de la population créait un triple fardeau: la non-conclusion de l’ordre du jour relatif aux maladies transmissibles; un poids croissant des maladies non transmissibles sur les sociétés humaines affectées; la menace de nouvelles maladies émergentes, comme la grippe aviaire (H5N1) ou H1N1. Il a rappelé que même les pays développés éprouvaient des difficultés à trouver les ressources nécessaires pour faire face à cette réalité. C’est pourquoi, a-t-il dit, il faut souligner la nécessité d’investir dans la prévention et la promotion de la santé, afin que les services de santé soient abordables et durables. Il faut un engagement politique qui accorde la priorité à la santé, a souligné le représentant. Il a mis l’accent sur l’importance de la coopération régionale et internationale, dans le contexte actuel, qui est marqué par les migrations et le tourisme de masse. Un pays ne peut protéger sa population que si les pays voisins en font autant, a-t-il fait remarquer.
M. PAULO SAAD, Directeur du Centre de démographie d'Amérique latine et des Caraïbes (CELADE) de la Division de la population de la Commission économique et sociale des pays d’Amérique latine et des Caraïbes (CEPALC), a expliqué que le vieillissement de la population en Amérique latine s’est accompagné de l’émergence de maladies dégénératives et chroniques qui sont difficiles à traiter et coûteuses à soigner. Parallèlement à cela, une proportion importante de la population reste toujours victime de maladies infectieuses et de parasites, a regretté M. Faijer. Ces deux facteurs posent un sérieux défi aux systèmes de santé dans la région, une région qui se caractérise en outre par un système de sécurité sociale très peu développé. Fort de ce constat, le CELADE, en collaboration avec le FNUAP, a fait une étude approfondie sur la situation de la santé en général, et en particulier, de la santé sexuelle et reproductive et de la mortalité en Amérique latine et dans les Caraïbes. Les trois principales recommandations de cette étude sont la nécessité de renforcer les services de santé primaire universels; l’impératif de lutter contre les inégalités d’accès aux services de santé de base; et l’obligation de commencer à graduellement créer et appliquer une législation garantissant un accès équitable, abordable, et de qualité aux centres de santé publique à toutes les populations. Les groupes les plus touchés par les inégalités sont les populations rurales, les populations indigènes et les plus démunies, a encore souligné M. Faijer. L’étude a également permis de faire des projections sur l’augmentation des dépenses publiques de santé en Amérique latine, qui est à prévoir pour les 30 prochaines années.
Mme MARINE DAVTYAN, Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a déclaré que, malgré les progrès observés dans certains pays ou régions, le VIH/sida avait tué 2 millions de personnes l’année dernière. Elle a précisé que 33,4 millions de personnes vivaient avec le VIH/sida en décembre 2008, dont 2,7 millions infectées en 2008. Dans certains pays, c’est le facteur principal de la mortalité infantile et de la chute de l’espérance de vie, a indiqué la représentante. Elle s’est félicitée que le nombre de personnes recevant un traitement antirétroviral ait été multiplié par 10 entre 2003 et 2008, pour atteindre 4 millions de personnes dans les pays à faible revenu ou à revenu moyen. La diffusion des médicaments antirétroviraux est un grand progrès dans l’histoire de la santé et du développement, a-t-elle dit. Sans progrès dans la prévention du VIH/sida, nous ne pourrons pas enrayer la pandémie, a-t-elle estimé, en notant que quand 5 nouvelles personnes sont infectées, 2 seulement reçoivent un traitement antirétroviral. Le VIH a sapé la résilience des communautés et la capacité de réduire la pauvreté, a-t-elle dit, en précisant que 5 400 nouvelles personnes étaient infectées chaque jour à travers le monde. Réduire les conséquences du VIH/sida a permis d’augmenter la productivité et de faire baisser la faim, a-t-elle insisté, en faisant un lien entre la prévention du VIH/sida et la lutte contre la faim. En 2008 de nombreux enfants ont été sauvés du VIH parce qu’un traitement adéquat a permis d’éviter la transmission de la mère séropositive à l’enfant, a noté la représentante. Mais le manque de planification familiale et de santé reproductive ne fait que renforcer le problème, et la situation du VIH/sida a du mal à s’améliorer, a-t-elle ajouté. Alors qu’il ne reste que 5 ans avant la date butoir de 2015, elle a exhorté les États Membres à renforcer toutes les synergies qui peuvent être créées à travers les OMD.
Mme LOIS GAETA, Association américaine des personnes retraitées, a indiqué qu’en 2040, pour la première fois, il y aura plus de personnes âgées que d’enfants dans le monde, notamment dans les pays riches. Elle a indiqué que ce phénomène était étroitement lié à l’augmentation de l’urbanisation, ce qui crée des défis notables en matière de santé. Si la gouvernance urbaine n’est pas adéquate, a-t-elle poursuivi, l’espérance de vie risque de ne pas dépasser 35 ans dans les pays en développement. La représentante a ensuite indiqué que nombre de personnes âgées se voyaient refuser l’octroi de soins de santé adéquats et a demandé que soit mis un terme à cette discrimination. Elle a engagé les États Membres à s’assurer que les personnes âgées pourront contribuer de manière positive au bien-être de leur famille et de leur société, et de veiller à ce que leurs programmes de soins de santé garantissent la couverture des besoins des personnes âgées.
Mme MERILISSE VAZQUEZ, International Planned Parenthood Federation (IPPF), qui opère dans 174 pays, a mis en exergue le fait que la morbidité maternelle est bien un frein au développement tant sur le plan individuel que communautaire, national et mondial. Rappelant que chaque année 536 000 femmes perdent la vie pendant leur grossesse ou au moment de l’accouchement, sans compter les autres complications non fatales souvent associées à une grossesse, le représentant a déploré que cela touche essentiellement les pays en développement, et plus particulièrement ceux d’Afrique. Pour IPPF, la planification familiale constitue l’un des trois piliers de la santé maternelle. « Il s’agit de l’un des plus grands succès en matière de développement à l’échelle internationale, sans compter que c’est l’un des plus rentables », a déclaré le représentant d’IPPF, en expliquant que lorsqu’une femme a la possibilité de savoir comment planifier ses grossesses, elle choisira en général d’avoir moins d’enfants, de manière à pouvoir leur offrir de meilleures conditions de vie, et, partant, sortira sa famille du cycle de la pauvreté. Abordant les risques associés aux avortements pratiqués dans de mauvaises conditions, le représentant a expliqué qu’il s’agissait là d’une conséquence directe du fait que plus de 215 millions de femmes n’ont pas accès aux moyens de contraception dans les pays en développement. Pour IPPF, le deuxième pilier de la santé maternelle est par conséquent la contraception, car en évitant les grossesses non désirées, on évite également les avortements dangereux qui sont l’une des causes principales de la morbidité maternelle. IPPF dénonce le fait que les fonds alloués au planning familial ont diminué de moitié entre 1995 et 2007, ce qui reflète un désintérêt de la communauté internationale pour la santé maternelle. Ceci est illustré par le fait que c’est dans ce domaine que les OMD auront le moins de chances d’être réalisés.
M. PETER MCDONALD, Président de l’Union internationale pour les études scientifiques sur la population (IUSSP), qui représente 2 400 spécialistes des questions de population opérant dans 134 pays, a expliqué que son organisation tenait tous les 4 ans une conférence internationale à laquelle les experts internationaux présentent les dernières avancées académiques et scientifiques en matière de recherches sur la population. La dernière en date a eu lieu à Marrakech, au Maroc, en 2009, et la prochaine se tiendra en République de Corée en 2013. De plus, l’IUSSP a un programme d’activités de recherches menées par des panels de scientifiques, ceci notamment sur des thèmes comme « la population et la pauvreté »; « les déterminants sociaux et biologiques de l’espérance de vie »; « les impacts démographiques des actions de santé »; ou encore, « la démographie et les conflits armés ». Par ailleurs, bénéficiant déjà de financements du FNUAP pour certaines de ses activités, l’IUSSP a également mis en place un Comité pour s’assurer de relations continues avec les différentes agences des Nations Unies.
Mme NEHA SOOD, Coalition internationale des femmes, a déclaré que la plupart des décès maternels trouvent leur cause dans des hémorragies, des infections et des avortements menés dans de mauvaises conditions. Ces décès pourraient être évités avec la fourniture de services de santé génésique adéquats, associés à une éducation sexuelle, un accès aux contraceptifs et des diagnostics appropriés. Les femmes doivent avoir la possibilité de décider d’espacer les naissances de leurs enfants. Il faut investir dans la santé des femmes, notamment la santé reproductive, pour atteindre les objectifs du Programme d’action du CIPD et les OMD, a dit la représentante. Il faut appuyer les associations de jeunes et les communautés et protéger les droits essentiels des femmes et de jeunes filles, y compris dans le domaine de la reproduction, a-t-elle ajouté. Elle a conclu son intervention en estimant qu’il faut assurer un bon suivi des différents programmes préconisés par la communauté internationale pour que les femmes aient accès à des mécanismes répondant aux questions et aux problèmes qu’elles rencontrent en matière de santé.
Mme JEANNE E. HEAD, National Right to Life Educational Trust Fund, a déclaré que la mortalité maternelle n’avait pas chuté parce que les ressources disponibles étaient consacrées à la réduction du nombre d’enfants portés par chaque femme au lieu de promouvoir des conditions qui permettraient d’assurer à ces femmes des accouchements dans de bonnes conditions. Elle s’est dite gravement préoccupée par l’affirmation « fausse et dangereuse » selon laquelle il faut légaliser l’avortement dans les pays en développement afin d’y réduire la mortalité maternelle. C’est l’absence de soins médicaux modernes et de qualité qui est à l’origine des taux élevés de mortalité maternelle, a déclaré Mme Head pour qui la légalisation des interruptions volontaires de grossesse ne mènerait qu’à plus d’avortement. Elle a argué que la légalisation de l’avortement dans les pays en développement provoquerait une augmentation des décès maternels et a estimé que les pays qui interdisent l’avortement connaissent un taux moins élevé de mortalité maternelle. Elle a notamment évoqué, à cet égard, les exemples de l’Inde, où l’avortement est légal, et du Paraguay, où il est interdit.
CHANGEMENTS RELATIFS À L’ÉCONOMIE ET À LA SANTÉ AU NIVEAU MONDIAL: PROBLÈMES ET SOLUTIONS
D éclaration liminaire
M. BARRY POPKIN, Département de la nutrition de l’École de santé publique et de médecine de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, a déclaré que le monde passait du problème posé par la sous-alimentation à celui de la surnutrition. Il indiqué que près de 5,7 milliards de personnes âgées entre 20 et 79 ans souffriraient du diabète d’ici 2020, et que la majorité de ces gens vivraient en Inde et en Chine. Il a expliqué que les pays à revenu élevé connaissaient des cas d’obésité depuis près de 100 ans, et que ce phénomène s’accélérait dans le monde en développement depuis les années 1980. Près d’un milliard de personnes au monde souffrent d’excédent de poids, a-t-il signalé, évoquant dans un deuxième temps les progrès technologiques accomplis par l’industrie agroalimentaire qui permettent désormais de produire des aliments gras et sucrés à bon marché. Il a également signalé que le taux de prévalence de l’obésité et de l’excédent de poids était aussi important dans les zones urbaines que rurales. « Nous devenons un monde où les gens sont de plus en plus lourds », a-t-il dit. Il a, par ailleurs, regretté qu’au cours des 50 dernières années les boissons à forte teneur en calories, comme les sodas, aient largement remplacé la consommation de l’eau. Le professeur Popkin a estimé que ce phénomène était une des causes principales de la prise de poids, et a cité une étude qui avait démontré qu’en informant les consommateurs sur l’importance de réduire leur consommation de boissons calorifiques il était possible de réduire de 8% la prévalence de l’obésité et de l’excès de poids.
M. Popkin a également évoqué les problèmes liés à l’augmentation de la consommation d’huiles végétales dans le monde, ces huiles étant plus abordables et plus calorifiques que les graisses animales. Il s’est également attaqué à l’augmentation de la consommation de la viande dans les pays à faible et à moyen revenu, avertissant qu’une trop forte consommation de produits d’origine animale était mauvaise pour la santé. L’expert a également abordé le problème de l’inactivité physique et a cité les bienfaits de l’exercice physique. Relevant néanmoins que des heures de gymnastique étaient nécessaires pour neutraliser les effets calorifiques liés à la consommation d’une seule bouteille de Coca-Cola, il a insisté sur l’importance que revêt la modification des régimes alimentaires actuels.
L’expert a poursuivi sa présentation en déplorant le fait que trop peu de pays s’étaient attaqués au problème posé par le surpoids des individus. Il a cependant cité l’exemple du Royaume-Uni, où on apprend aux enfants à cuisiner et où les publicités pour des aliments de mauvaise qualité destinés aux jeunes âgés de moins de 16 ans ont été interdites. Il s’est également félicité des initiatives lancées en France et de l’interdiction des boissons gazeuses dans les écoles d’Australie, d’Iran et du Japon, entre autres.
M. Popkin a ensuite expliqué que 30% à 40% de la production agricole du monde était destinée à nourrir les cheptels animaux de la planète. Les viandes, les sucres et les graisses sont de plus en plus abordables, tandis que le prix des légumes et des fruits ne fait qu’augmenter, a-t-il constaté. Dénonçant la subvention du sucre, il a regretté que la culture de la consommation des fruits et légumes ne soit pas suffisamment promue. Relevant, par ailleurs, qu’un tiers des calories consommées dans le monde avaient été commercialisées par des grandes entreprises, il a insisté sur l’importance de la réglementation gouvernementale. Il a également cité le mérite qu’il y a à doter les produits comestibles d’un bon étiquetage relatif à leur apport calorifique et nutritionnel.
Échange interactif
Répondant à une question du représentant du Brésil sur les moyens à mettre en œuvre pour changer les habitudes alimentaires et influer sur les liens entre les goûts et la culture, M. Popkin a indiqué que la question de l’omniprésence du sucre dans nos aliments était une question très complexe. Il a rappelé que la consommation du sucre était en pleine expansion en Chine, un pays où les populations n’en consommaient presque pas dans les années 1980. L’exemple du Royaume-Uni, où l’obésité est en cours de diminution, montre que de bonnes initiatives peuvent changer les mauvaises habitudes alimentaires, a dit l’expert. Il a déclaré que l’augmentation du prix de certains aliments était un des moyens de changer les habitudes alimentaires et de promouvoir la consommation de produits sains. Chez les enfants et les adultes, l’obésité et l’excédent de poids sont un problème important au Brésil, a-t-il dit, en invitant ce pays à multiplier des actions de sensibilisation.
Répondant à une question de la représentante de l’Inde portant sur les moyens d’information du consommateur sur la qualité des aliments qu’offrent les chaines de restauration rapide, M. Popkin a souligné la nécessité d’une action de sensibilisation et de prise de conscience à tous les niveaux, aussi bien celui des individus que celui des gouvernements.
M. IVENS REYNER, Fondation mondiale pour la population, qui intervenait également au nom de l’Alliance des jeunes pour les droits sexuels et reproductifs, a déclaré que malgré les directives du Programme d’action de la CIPD sur l’accès universel aux services pédagogiques relatifs à la santé sexuelle et reproductive, cet objectif n’avait pas été réalisé. Il a indiqué que les jeunes femmes continuaient de faire face à de nombreux obstacles lorsqu’elles cherchent à se procurer des contraceptifs. Seize millions d’adolescentes donnent naissance chaque année à un enfant, près de 70 000 jeunes femmes meurent tous les ans des suites d’avortements mal pratiqués, et 2,5 millions d’avortements clandestins sont pratiqués sur des femmes âgées de moins de 20 ans, a-t-il indiqué. Le représentant a demandé la distribution, auprès des jeunes, d’informations de bonne qualité relatives à la santé sexuelle et reproductive et une meilleure formation du personnel médical travaillant dans ce secteur. Il a également réclamé le retrait des barrières juridiques et sociales qui entravent l’accès des jeunes à ces informations. Il a ensuite engagé les États à fournir une éducation sexuelle détaillée aussi bien aux enfants scolarisés que non scolarisés. Il a, par ailleurs, estimé que les jeunes devaient pouvoir participer à l’élaboration et à l’évaluation des programmes relatifs à la santé sexuelle et reproductive.
Mme KARI POINTS, Organisation non gouvernementale IPAS, est intervenue au nom d’une fédération d’ONG qui travaille à réduire le nombre de décès liés aux avortements à risques. Elle a estimé que les OMD ne pourront être atteints sans qu’une pleine attention ne soit portée aux droits sexuels et reproductifs. Elle a mis l’accent sur l’importance des OMD 1, 3 et 5, qui concernent notamment la réduction de la mortalité infantile et maternelle. La tuberculose, le VIH/sida et le paludisme sont responsables de 40% des décès dans les pays en développement, a-t-elle précisé. Nous devons éradiquer la pauvreté et la faim, et devons être conscients du fait que 182 femmes meurent tous les jours en raison de complications liées à un avortement à risques parce qu’elles n’avaient pas les moyens financiers d’opérer des choix plus sûrs. Le niveau économique des personnes affecte la manière dont elles peuvent jouir de leurs droits sexuels et reproductifs, a-t-elle encore dit, avant d’appuyer le respect des droits reproductifs, qui comprennent l’accès à l’avortement légal.
Mme SHARON SLATER, Global Helping to Advance Women and Children, s’est dite très préoccupée par le fait que l’année dernière, le projet de résolution de la Commission de la population et du développement engageait les gouvernements à fournir « une éducation détaillée sur la sexualité humaine », s’éloignant ainsi de la terminologie « éducation sexuelle » utilisée dans d’autres documents onusiens. Elle a dénoncé la publication par l’UNESCO d’un guide sur les normes à suivre en matière « d’éducation à la sexualité », ainsi que « la parution, au Mexique, d’un manuel publié par l’ONU qui explique aux enfants comment obtenir du plaisir sexuel avec une personne du même sexe, un animal, un objet inanimé ou encore une personne non consentante ». La représentante a de plus critiqué la publication d’un livret intitulé « Healthy, Happy and Hot », publié par International Planned Parenthood Federation et distribué à l’occasion d’un évènement organisé à l’ONU, qui indique aux jeunes atteint du VIH/sida que les lois qui les engagent à dévoiler le statut de leur séropositivité à leurs partenaires sexuels potentiels sont une violation de leurs droits de l’homme. Elle a voulu savoir pourquoi le projet de résolution qui est actuellement en train d’être négocié contenait des références multiples à la sexualité et aux droits sexuels, concepts qui représentent « l’idéologie sexuelle radicale » du monde dit « développé ». Elle a estimé que la communauté internationale ne respectait pas les droits souverains, ni les valeurs culturelles et religieuses de ses différentes composantes. La représentante de Global Helping to Advance Women and Children a également voulu savoir pourquoi les participants aux délibérations des conférences onusiennes étaient « obsédés par la sexualité et les droits sexuels ». Elle a également affirmé que le concept de « droits reproductifs » était en fait un euphémisme pour parler de droit à l’avortement. Cette manipulation des agences et des documents de l’ONU doit cesser, a-t-elle dit.
Mme DENISE MOUNTENAY, Endeavour Forum, a appelé l’attention de la Commission sur la santé reproductive des femmes, ainsi que sur la santé maternelle et les avortements peu sûrs auxquels ont recours de nombreuses femmes et jeunes filles. Elle a regretté que l’accès à des services de santé reproductive reste très limité dans de nombreux pays en développement alors que l’on y enregistre aussi très peu de progrès dans la lutte contre la mortalité maternelle. Il semble que l’objectif de 120 décès pour 100 000 femmes ne pourra pas être atteint en 2015 tant que les avortements à risques continueront à compter parmi les principales causes de mortalité maternelle, a relevé Mme Mountenay. Selon l’OMS, une mort maternelle est définie par le décès d’une femme au cours de sa grossesse ou dans un délai de 42 jours après le début de cette grossesse. La représentante a cité plusieurs études montrant que la légalisation de l’avortement ne garantissait pas forcément la sécurité de cet acte, en notant que 64% des femmes qui avortent le font souvent sous la pression de leur environnement. Je fais partie des milliers de femmes qui sortent d’une expérience traumatique, après être passée par un avortement légal, qui est en fait une forme violente de contrôle de naissance, a déclaré Mme Mountenay. L’avortement ne peut pas mettre fin à la pauvreté, parce que cet acte médical a des conséquences sur les coûts des services de santé et peut aussi avoir des effets dévastateurs sur la santé mentale et reproductive de la personne concernée.
EXÉCUTION DU PROGRAMME ET FUTUR PROGRAMME DE TRAVAIL DU SECRÉTARIAT DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION
Déclarations
M. WAY (États-Unis) a salué le rôle essentiel, joué par la Division de la population du Secrétariat de l’ONU, en tant que source spécialisée et totalement neutre en matière de population. Il s’est félicité de la contribution de cette Division au débat sur la population et le développement. La Division produit des rapports, des données et autres sources internationales d’information sur un large éventail de sujets, a relevé le représentant. Il a noté que la Division de la population avait organisée en 2009 la Réunion d’un Groupe d’experts sur les tendances actuelles et futures en matière de fertilité. Des approches novatrices et techniques ont été examinées lors de cette rencontre, a-t-il estimé. Il a dit qu’il attendait le rapport de la Réunion du Groupe d’experts sur la santé, la mortalité et le développement, organisée en 2009 par la Division de la population. Tout en se félicitant des travaux de la Division dans le domaine des migrations internationales, le représentant a noté que les données récoltées ne concernaient que 15% des pays du monde. Notant que la Division produisait un rapport biennal sur l’état de la population mondiale, il a souhaité que les États Membres puissent disposer de données démographiques annuelles par tranches d’âge.
M. MISHKORUDNY (Bélarus) a estimé que la base de données sur la fertilité contenue dans le rapport était particulièrement utile pour les États Membres. Il a engagé les États Membres à ratifier l’amendement proposé par le Bélarus au Protocole de Kyoto. « Ma délégation ne comprend pas pourquoi les parties au Protocole de Kyoto ne nous permettent pas de remplir nos obligations du point de vue juridique », a-t-il dit. Il a ensuite indiqué que le Bélarus venait de conclure le deuxième recensement de sa population. Il a de plus affirmé que le Bélarus était particulièrement préoccupé par les questions soulevées à l’occasion de la Conférence internationale sur la santé et avait organisé une exposition sur les pratiques médicales.
M. HELGE BRUNBORG (Norvège) a salué « l’excellent travail accompli par la Division de la population dans ses publications et communications », et la mise au point de nouvelles méthodes de recherche de données sur la mortalité. Il a souligné le caractère « très intéressant » de données et projections qui vont jusqu’en l’an 2300. M. Brunborg a, en outre, estimé que les données concernant les projections en matière d’adoption d’enfants témoignent de la créativité et de la curiosité intellectuelle dont fait preuve le personnel de la Division de la population.
M. EDUARDO RIOS-NETO (Brésil) a félicité la Division de la population pour ses analyses relatives aux tendances démographiques. Il a mis l’accent sur la nécessité de mettre au point des scénarios de rechange. Il a jugé très importante la contribution de la Réunion du Groupe d’experts sur les tendances actuelles et futures de la fertilité, qui concernent tout particulièrement les pays à revenu intermédiaire.
M. DIRK JASPERS FAIJER, Directeur de la Division de la population du Centre de démographie d'Amérique latine et des Caraïbes (CELADE), a passé en revue les activités que mène son organisation au cours de la période 2009-2010. Il a notamment évoqué l’organisation, en octobre 2009, au Chili, d’un séminaire sur la mise en œuvre du Programme d’action approuvé en 1994 au Caire. Il a expliqué que ce séminaire avait souligné la nécessité d’établir un agenda de la population et du développement pour les décennies à venir, et ce, aux niveaux régional, sous-régional et national. Il a également annoncé la conclusion, au mois de mars 2010, de la mise en œuvre d’un projet sur le vieillissement de la population. M. Faijer a ensuite indiqué que la CELADE continuait de fournir un appui technique aux pays de sa région pour les aider à mettre en œuvre la Stratégie régionale d’application, en Amérique latine et dans les Caraïbes, du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement, ainsi que la Déclaration de Brasilia. Après avoir expliqué que la CELADE incorporait une dimension ethnique dans sa collecte de données, le représentant a expliqué que son organisation avait accompli un travail important dans le domaine de la migration internationale. Il a ensuite annoncé la tenue, au mois de juillet 2010, à El Salvador, du deuxième Forum ibéro-américain sur la migration internationale et le développement. Le représentant a, par ailleurs, passé en revue le travail de la CELADE relatif au recensement 2010, et a expliqué qu’elle cherchait à intégrer les effets de la crise financière dans l’analyse des dynamiques démographiques de la région Amérique latine et Caraïbes.
M. HU HONG TAO (Chine) a estimé, dans une brève intervention, qu’il fallait accorder une attention particulière aux changements structurels qui se produisent au sein de la population et à leur impact sur le développement. Il en est de même en ce qui concerne les effets des changements climatiques, a-t-il ajouté. Il a également cité l’importance de renforcer les capacités des pays en développement dans le domaine de la population et du développement.
M. ALFONSO FRAGA (Cuba) a noté l’existence de difficultés dans l’évaluation des données présentées par certains organismes des Nations Unies. Il a fait remarquer que les projections démographiques menées par la Division de la Population du DESA ne correspondaient pas à celles conduites par la Commission économique et sociale pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).
Mme GABRIELA SHALEV (Israël) a salué le travail accompli par la Commission de la population et du développement, qui joue, selon elle, un rôle crucial dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment l’Objectif 5.
Dans ses remarques de clôture, Mme HANIA ZLOTNIK, Directrice de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a apprécié l’intérêt marqué des délégations pour les nouvelles méthodologies qui pourraient être utilisées pour les projections démographiques. Pour les projections annuelles par tranches d’âge, a-t-elle dit, nous n’avons pas assez de moyens et de capacités pour pouvoir produire de tels rapports. S’agissant des différences observées dans les résultats par le représentant de Cuba entre les projections démographiques de la CEPALC et celles de la Division de la population du DESA, Mme Zlotnik a rappelé que ces projections dépendaient des éléments de probabilité introduits par chacune des agences dans les méthodes de calculs et dans les estimations.
Documentation
Exécution du programme et bilan des activités menées dans le domaine de la population en 2009: Division de la population, Département des affaires économiques et sociales (Rapport du Secrétaire général - E/CN.9/2010/6)
Ce rapport dresse le bilan des activités menées en 2009 dans le domaine de la population par la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat (DESA) de l’ONU, lesquelles ont porté sur l’analyse de la fécondité, de la mortalité et des migrations internationales, l’établissement d’estimations et de projections démographiques à l’échelle mondiale, le suivi des politiques démographiques, l’analyse des corrélations entre population et développement et le suivi, la coordination et la diffusion de l’information démographique. Le rapport donne une vue d’ensemble des principales activités menées par la Division, notamment la fourniture de services fonctionnels aux organes intergouvernementaux, l’établissement de documents à l’intention des organes délibérants et de publications techniques, l’organisation de réunions d’experts et la diffusion de l’information, y compris sur l’Internet.
Le sous-programme relatif à la population a pour objet de permettre à la communauté internationale de mieux comprendre et de traiter efficacement, aux niveaux national et international, les problèmes de population contemporains ou prévisibles et les dimensions démographiques du développement. Il est dirigé par la Commission de la population et du développement.
Projet de cadre stratégique pour la période 2012-2013: sous-programme 6 (Population) du programme 7 (Affaires économiques et sociales) (Note du Secrétaire général - E/CN.9/2010/7)
Cette note du Secrétaire général porte sur le sous-programme 6 (Population) du programme 7 (Affaires économiques et sociales) du plan-programme biennal s’inscrivant dans le projet de cadre stratégique pour la période 2012-2013. La Commission est invitée à examiner le plan et à faire part de ses observations. Le projet de plan-programme biennal, modifié selon qu’il conviendra, sera soumis au Comité du programme et de la coordination (CPC) à sa cinquantième session, et les recommandations du Comité seront transmises à l’Assemblée générale à sa soixante-cinquième session, lors de l’examen du cadre stratégique proposé pour la période 2012-2013.
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