POP/980

La Commission de la population et du développement ouvre sa quarante-troisième session dont l’ordre du jour met l’accent sur les liens entre santé et développement

12/04/2010
Conseil économique et socialPOP/980
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la population et du développement

Quarante-troisième session

2e et 3e séances – matin & après-midi                       


LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT OUVRE SA QUARANTE-TROISIÈME SESSION

 DONT L’ORDRE DU JOUR MET L’ACCENT SUR LES LIENS ENTRE SANTÉ ET DÉVELOPPEMENT


Les intervenants soulignent l’impact social croissant qu’ont les maladies

nontransmissibles, dont l’apparition est liée à l’augmentation de l’espérance de vie


« Une bonne santé est le fondement même du développement humain à tous les niveaux », a déclaré ce matin M. Sha Zukang, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, de l’Organisation des Nations Unies (ONU), à l’ouverture de la quarante-troisième session de la Commission de la population et du développement.  Les travaux de la Commission auront lieu au Siège de l’ONU, à New York, du 12 au 16 avril 2010.  Tout en saluant les « progrès sans précédent » réalisés ces 50 dernières années à travers le monde en matière d’augmentation de l’espérance de vie, M. Sha Zukang a exhorté les États à prévenir l’impact croissant des maladies non transmissibles (maladies cardiovasculaires, diabètes, cancers, maladies respiratoires et du système digestif) sur les économies des pays en développement.


Sur le même ton, Mme Hania Zlotnik, Directrice de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a noté que les maladies non transmissibles représentaient 68% des décès qui surviennent à travers le monde.  Elle a insisté sur « la nécessité d’aider l’être humain à adopter un style de vie sain, et à promouvoir son autonomie et sa participation sociale ».  Intervenant au nom de Mme Thoraya Ahmed Obaid, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), la Directrice adjointe du FNUAP, Mme Purnima Mane, a jugé insuffisants les fonds alloués à la promotion de la santé au cours des 10 dernières.  Elle a dit que la mortalité maternelle pourrait chuter de 70% dans les pays en développement « si la communauté internationale doublait son investissement en matière de planification familiale et de soins prénataux ».


« Même si l’augmentation du produit intérieur brut (PIB) ne garantit pas l’amélioration de la qualité des systèmes de santé, la réalité reste cependant qu’un enfant né dans un pays à faible revenu a 20 à 30 fois plus de chances de mourir avant l’âge de 5 ans, si on le compare à un enfant du même âge né dans un pays riche », a noté M. Edward Bos, expert des questions de population à la Banque mondiale, au cours de l’exposé qu’il a fait sur les tendances en matière de population et les liens entre santé et développement.  La fraction des habitants les plus riches de la planète, qui représente un milliard de personnes, a une espérance de vie de 80 ans, contre 40 pour le milliard constitué par les personnes les plus pauvres, a-t-il aussi constaté.


La délégation du Yémen, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et celle du Népal, au nom des pays les moins avancés (PMA), ont mis l’accent sur les liens existant entre le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le Développement (CIPD) et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Entamant son débat général consacré à l’expérience qu’ont les pays dans le domaine de la population et en matière de santé, de morbidité, de mortalité et de développement, la Commission a entendu de nombreuses délégations regretter que 15 ans après la Conférence du Caire qui a mis l’accent sur les liens entre la santé et les droits de la femme, plus de 500 000 femmes meurent encore chaque année en raison de difficultés liées à la grossesse.  Il est tout autant regrettable que 20 millions de femmes soient soumises à des pratiques d’avortements à hauts risques, et que 340 millions de personnes contractent des maladies sexuellement transmissibles.


Abordant l’examen du point de son ordre du jour relatif à la « suite donnée aux recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement », la Commission a ensuite entendu les présentations de trois rapports dont elle était saisie.  M. Philip Guest, Directeur adjoint de la Division de la population au DESA a présenté les grandes lignes du rapport du Secrétaire général intitulé « Santé, morbidité, mortalité et développement » 1 qui met l’accent sur l’impact croissant des maladies liées à l’augmentation de l’espérance de vie.


De son côté, M. Werner Haug, Directeur de la Division de l’appui technique au FNUAP, a présenté le rapport sur le  « suivi des programmes de population, centré sur la santé, la morbidité, la mortalité et le développement »2, qui offre une vue d’ensemble des programmes lancés par le FNUAP, afin d’améliorer la santé maternelle.


Enfin, M. José Miguel Guzman, Chef de la branche population et développement du FNUAP a présenté le rapport portant sur les « flux de ressources financières à l’appui de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement »3, qui fait le point des ressources consacrées aux activités relatives à la population en 2008, ainsi que sur les estimations pour 2009 et les projections pour 2010. 


En début de journée, la Commission avait adopté son ordre du jour provisoire4 ainsi qu’une note du Secrétariat sur l’organisation des travaux5. Elle a aussi pris note du Rapport sur les travaux des réunions du Bureau de la Commission de la population et du développement6, et elle a élu Mme Agnieszka Klausa (Pologne), en tant que Rapporteure de sa quarante-troisième session.  En marge de l’adoption de l’ordre du jour, la représentante de l’Espagne, parlant au nom de l’Union européenne, a jugé prématuré de fixer le thème qu’examinera la Commission en 2013.


La Commission de la population et du développement poursuivra ses débats demain, mardi, le 13 avril, à 10 heures en salle de conférence no 4, en entendant un exposé de Mme Carissa Etienne, Directrice générale adjointe de l’OMS sur le renforcement des systèmes de santé pour faire face aux défis futurs de la santé publique.


1    (E/CN.9/2010/2010/3)

2    (E/CN.9/2010/2010/4)

3    (E/CN.9/2010/2010/5)

4    (E/CN.9/2010/1*)

5    (E/CN.9/2010/L.1)

6    (E/CN.9/2010/2)


D éclarations liminaires


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a souligné l’importance de cette quarante-troisième session de la Commission de la population et du développement, qui mettra l’accent sur le thème « Santé, morbidité et mortalité » dans le souci d’examiner la manière dont ces questions affectent le développement.  Il a rappelé que les femmes qui n’ont pas accès aux services de base mettent leur vie en danger lorsqu’elles sont enceintes et lors des accouchements.  Une bonne santé est le fondement même du développement humain à tous les niveaux, a-t-il insisté, en soulignant l’impact croissant des maladies non transmissibles, qui a une relation avec l’augmentation de la durée de la vie et la réduction importante de la mortalité dans tous les pays depuis 1950, même si les pays en développement connaissent, à cet égard, un certain retard.


À titre d’illustration des progrès que l’on peut réaliser, M. Sha Zukang a rappelé qu’un enfant sur trois mourait avant l’âge de 5 ans en Chine en 1950 et que ce chiffre était tombé à un enfant sur cinquante aujourd’hui en 2010.  Il faut aider les pays dans lesquels les enfants commencent leur vie avec un handicap sérieux, a-t-il estimé, en notant qu’en moyenne 13% des enfants qui naissent aujourd’hui vont mourir avant l’âge de 60 ans, ce pourcentage étant cependant 41% dans les pays les moins avancés (PMA).


Nous devons tout faire pour que les personnes les plus vulnérables puissent avoir accès aux progrès de la science et aux meilleurs services de santé, a dit M. Sha Zukang, en mettant l’accent sur la nécessité de prévenir l’impact des maladies non transmissibles (maladies cardiovasculaires, diabète, cancer, maladies respiratoires et du système digestif) sur les pays en développement.  Il a rappelé que ces maladies étaient responsables de 60% des décès à travers le monde, avec des conséquences économiques et sociales importantes.  Il a exhorté la Commission à se concentrer sur les moyens de réduire le poids des maladies transmissibles et non transmissibles et sur la manière dont les États Membres pourraient être mieux soutenus.  Il a, entre autres, jugé indispensable d’interdire la consommation de tabac et de cigarettes dans tous les lieux publics et a salué la récente décision du Gouvernement américain d’étendre la couverture médicale et les services de santé de la population des États-Unis.


Après avoir transmis ses condoléances à la délégation polonaise, Mme PURNIMA MANE qui intervenait au nom de Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), s’est félicitée du « succès extraordinaire » enregistré par les pays en développement en matière d’espérance de vie.  Elle a cependant relevé d’importantes inégalités entre les pays, ce qui représente un « défi majeur » à relever.  Trop de femmes meurent en couches, trop d’enfants meurent avant d’avoir atteint l’âge d’1 an, et trop de femmes souffrent de fistules obstétriques, a dit la représentante du FNUAP pour qui les stratégies en matière de santé doivent être liées aux stratégies de développement.  Elle a également estimé que la violence sexuelle et la santé reproductive étaient des domaines négligés, indiquant à titre d’exemple que la grossesse tue de nombreuses jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans.  La représentante a également jugé que les fonds alloués à la santé au cours des 10 dernières années étaient insuffisants.  « Si la communauté internationale doublait son investissement en matière de planification familiale et de soins prénataux, la mortalité maternelle dans les pays en développement pourrait chuter de 70% », a-t-elle indiqué.  Mme Mane a appelé tous les gouvernements à faire de la santé reproductive une priorité lors de l’établissement de leurs budgets.  Des services de santé intégrés font faire des économies aux pays et permettent de sauver des vies, nous rapprochant ainsi de la réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement relatif à la santé, a-t-elle déclaré.  Elle a ensuite lancé un appel à la création d’un système de santé basé sur l’engagement communautaire et le respect des droits de l’homme.


Mme Mane a poursuivi son intervention en évoquant les problèmes liés à la pénurie de professionnels formés en matière de santé, obstacle majeur, selon elle à la réalisation de l’Objectif relatif à la santé et à la création d’une infrastructure de premiers soins.  Elle a réclamé une augmentation des investissements consacrés à la formation et à l’appui dont ont besoin les travailleurs sanitaires.  La représentante du FNUAP a également estimé que les jeunes devaient avoir accès à des soins sanitaires appropriés, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive.  Il importe de porter une attention particulière aux adolescentes, qui sont « les personnes les plus négligées en matière de soins de santé », a-t-elle souligné.  Elle a également engagé les délégations et les États Membres à maintenir leurs efforts en matière de lutte contre le VIH/sida, et à assurer l’égalité entre les sexes et l’émancipation de la femme, en mettant un terme, notamment, à des pratiques traditionnelles dangereuses, comme les mutilations génitales féminines.  Il est temps de réaffirmer le besoin de la pleine mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), a dit la représentante.  Relevant par ailleurs l’insuffisance des financements en matière de santé reproductive, elle a engagé les gouvernements à augmenter leurs investissements consacrés à la santé reproductive, à la planification familiale et aux soins de santé prénataux.  Elle a également évoqué l’importance que revêtent la collecte et l’analyse de données, ainsi que le recensement de 2010.


Mme HANIA ZLOTNIK, Directrice de la Division pour la population du Département des affaires économiques et sociales, a relevé que de nombreux pays du monde avaient réalisé des avancées « impressionnantes » en matière d’espérance de vie.  Quatre-vingt pour cent des enfants nés aujourd’hui en dehors de l’Afrique subsaharienne ont de grandes chances d’atteindre l’âge de 60 ans, a-t-elle notamment indiqué.  Elle a cependant signalé que si les maladies transmissibles reculaient, les maladies non transmissibles, qui représentent 68% des décès dans le monde, à l’exception de l’Afrique, gagnaient, elles, du terrain.  Elle a expliqué que l’expérience qu’a eue une personne au début de sa vie a un impact direct sur sa capacité à vieillir en bonne santé.  Elle a notamment indiqué que les personnes ayant souffert de malnutrition pendant leur enfance avaient de plus grandes chances de devenir diabétiques à l’âge adulte, leur système ayant du mal à s’adapter lorsqu’un apport plus élevé d’aliments devient la norme.  La Directrice de la Division de la population a également indiqué que l’augmentation des besoins en matière de santé ne ferait que croître au fur et à mesure que la population vieillit et contracte des maladies non transmissibles.  « La plupart des pays de la planète ne sont pas préparés pour affronter la prévalence des maladies non transmissibles », a averti Mme Zlotnik, pour qui il importe d’établir une stratégie reposant sur des interventions concertées en matière de santé publique, d’amélioration des soins médicaux, de renforcement des systèmes de santé et de création d’un système de financement original et équitable pour couvrir les coûts.


Poursuivant son intervention, Mme Zlotnik a estimé que la réduction des iniquités représentait un défi majeur.  « Les habitants d’Afrique subsaharienne qui naissent aujourd’hui ont à peine une chance d’atteindre l’âge de 60 ans », a-t-elle indiqué, pour évoquer ensuite l’importance de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement et d’honorer les engagements pris vis-à-vis des pauvres.  Elle a également relevé que des inégalités se faisaient jour au sein d’un même pays ou région.  Elle a ainsi signalé qu’en Europe de l’Est, les hommes avaient trois fois plus de chances de mourir avant l’âge de 60 ans, conséquence d’une condition sociale qui les expose à des taux de stress plus élevés que ceux que connaissent les femmes, et les conduit à adopter un style de vie malsain.  Pour Mme Zlotnik, réduire les iniquités en matière de santé exige une action sur le plan de la santé, mais également des changements au sein des systèmes d’imposition fiscale et d’allocation.  Elle a également évoqué l’éducation, la planification urbaine, la réglementation de la circulation, la lutte contre la pollution et la promotion d’une bonne alimentation.  « Notre objectif final doit être d’augmenter la capacité qu’a l’être humain d’adopter un style de vie sain en augmentant son autonomie et sa participation sociale », a-t-elle dit.  Pour Mme Zlotnik, il revient en premier lieu aux gouvernements de promouvoir les changements économiques et sociaux qui permettront aux populations d’agir dans ce sens.


SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT


Dans un exposé liminaire sur les « grandes tendances démographiques, conséquences sanitaires et le développement », M. EDWARD BOS, Expert sur les questions de population, de la Banque mondiale, a noté que plus de progrès avaient été réalisés ces 50 dernières années en matière démographique qu’au cours des mille années précédentes.  Il s’est félicité de la réduction, de moitié, de l’écart entre les pays développés et les pays en développement en matière d’espérance de vie.  L’un des indicateurs les plus importants est la réduction de la pauvreté, a-t-il dit en soulignant le lien entre le revenu des ménages et l’espérance de vie.  Il a dit qu’il était évident que la crise économique aura un impact négatif sur la santé, en jugeant important de voir comment les foyers sont confrontés à la pauvreté.  Il est clair que le développement peut améliorer les soins de santé d’un pays, même si d’autres facteurs entrent en jeu.  Même si l’augmentation du PIB ne garantit pas toujours l’amélioration des soins de santé, a-t-il également dit, la réalité est qu’un enfant né dans des pays à faible revenu a de 20 à 30 fois plus de chances de mourir avant l’âge de 5 ans qu’un autre enfant, né dans un pays riche.  Le coût des soins de santé peut parfois pousser des foyers vers la pauvreté, a-t-il dit.  Plus les PIB sont importants, plus les pays investissent dans les soins de santé, a ajouté M. Bos en notant que les pays en développement ne représentaient que 12% des dépenses mondiales de santé alors qu’ils représentent 20% du PIB mondial.


L’expert de la Banque mondiale a aussi noté que la croissance de la population urbaine a stagné dans les pays développés, et que la mortalité infantile était plus importante dans les zones rurales.  S’agissant de l’épidémiologie et des causes de la mortalité, il a indiqué que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait identifié trois grands groupes de causes de décès: les maladies transmissibles; les maladies non transmissibles et les blessures intentionnelles ou non intentionnelles.  Il a présenté le résultat d’études de l’OMS mettant en évidence la spécificité des maladies non transmissibles par tranche d’âge et par région.  En ce qui concerne, la convergence entre épidémiologie et démographie, il a noté que 40 millions de personnes mourront chaque année de maladies non transmissibles dans le monde d’ici à l’année 2030.


Débat interactif à l’issue de l’intervention du représentant de la Banque mondiale


Le représentant de la Norvège a demandé des précisions sur l’incapacité de certains pays à affronter l’incidence des maladies non transmissibles sur leurs populations.


Le représentant de l’Ouganda a estimé qu’il fallait augmenter les dépenses allouées à l’infrastructure et a demandé au représentant de la Banque mondiale de présenter des stratégies dont pourraient s’inspirer les pays faisant face à des défis dans ce domaine.


Le représentant d’Israël a voulu savoir s’il était possible de renverser la tendance actuelle en matière de prolifération des maladies non transmissibles, tandis que la représentante de Trinité-et-Tobago a voulu savoir pourquoi ces maladies n’avaient pas été examinées sous l’angle des questions de développement.


Évoquant de son côté la difficulté à changer les styles de vie, le représentant du Brésil a demandé des précisions sur les politiques à adopter en matière d’interaction intergénérationnelle afin de réduire la prévalence des maladies non transmissibles.  La délégation de la Norvège a repris la parole pour demander des précisions sur les structures d’âges.


Répondant à ce premier groupe de questions, l’Expert de la Banque mondiale a affirmé que le changement de style de vie n’était pas aussi facile que l’on pourrait le croire.  Il a notamment évoqué les difficultés rencontrées pour arrêter le tabagisme et a engagé les délégations à examiner ces problèmes du point de vue de leur coût.  Pour lui, les maladies transmissibles et non transmissibles doivent être l’objet de la même attention de la part des services de santé nationaux.  Évoquant ensuite le paradoxe qui veut qu’en prévenant l’incidence de maladies transmissibles et en permettant ainsi à une tranche plus importante de la population de vieillir, on la soumettait au risque de contracter une maladie non transmissible, M. Bos a mis l’accent sur la compression de la morbidité.  Il faut tout faire pour faire reculer l’apparition des maladies non transmissibles, a-t-il dit.  M. Bos a également évoqué l’importance de modifier les comportements et d’adopter des politiques allant dans ce sens, notamment en matière de circulation routière.


Le représentant du Mexique a ensuite demandé des précisions sur les effets de la réglementation de la consommation d’alcool et de tabac, aussi bien dans les pays développés qu’en voie de développement, tandis que la représentante de la Finlande a voulu avoir des précisions sur la prévalence des maladies mentales.


Reprenant la parole, l’Expert de la Banque mondiale a expliqué que l’augmentation des taxes sur les produits dérivés du tabac avait entraîné une incidence immédiate sur le taux de consommation du tabac, notamment dans les pays riches.  Il a signalé que les résultats avaient été particulièrement notables au Royaume-Uni.  S’agissant des maladies mentales, il a estimé que les pauvres étaient plus susceptibles d’en être victimes, tout en indiquant ensuite qu’il ne disposait pas de données suffisantes pour donner plus d’éléments d’analyse sur cette réponse.


Débat général


Pour M. AWSAN ABDULLAH AHMED AL-AUD(Yémen), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, il faut continuer à traiter les questions relatives à la population de manière globale, comme cela est défini dans le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD).  Soulignant l’importance des soins de santé, M. Al-Aud a rappelé que la pauvreté et la faim avaient un impact important sur la santé dans les pays en développement.  « Force est de constater qu’aujourd’hui les plus pauvres restent ceux qui bénéficient le moins de services sociaux et de services de santé de base », a-t-il poursuivi, avant d’ajouter qu’il en est de même en ce qui concerne l’accès à l’éducation.  Reconnaissant que la responsabilité première incombe aux pays eux-mêmes, les membres du Groupe des 77 réaffirment leur détermination à poursuivre la lutte contre la pauvreté, a dit M. Al-Aud.  Cependant pour y arriver, ces pays doivent pouvoir compter sur un allègement de leur dette, une aide publique au développement plus importante, et des conditions de commerce international plus équitables, a-t-il souligné.


Revenant sur les questions de santé, M. Al-Aud a regretté que les avancées significatives de la médecine moderne ne profitent qu’à un petit pourcentage de la population mondiale vivant dans les pays riches.  Illustrant son propos, il a expliqué qu’en fonction du pays où l’on naît, l’espérance de vie varie entre 45 et 80 ans, et que des maladies comme la tuberculose, le VIH/sida et autres, qui se soignent très bien dans les pays riches, restent souvent mortelles dans les pays en développement.  Il a demandé que les accords « TRIP », portant sur les droits de propriété intellectuelle dans le domaine médical, soient revus de manière à favoriser la santé publique dans les pays en développement en y garantissant aux populations et aux gouvernements un accès équitable aux médicaments et aux traitements médicaux existants.  Rappelant également l’impact  négatif de l’épidémie du VIH/sida sur la démographie, et partant, sur le développement d’un grand nombre de pays, notamment en Afrique subsaharienne, le représentant du Yémen a souligné que plus de la moitié des personnes contractant cette maladie sont aujourd’hui des femmes, et que la tranche d’âge la plus touchée est celle allant de 15 à 24 ans.  Il a appelé la communauté internationale à lutter davantage contre ce fléau, sans pour autant perdre de vue les maladies non contagieuses, qui sont à l’origine de 60% des décès à l’échelle mondiale, et l’accès des femmes aux services de santé.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. JUAN ANTONIO YAÑEZ-BARNUEVO (Espagne) a fait observer que, tout en ayant vu une mobilisation sans précédent dans la lutte contre les maladies transmissibles, la décennie des années 2000 avait connu des progrès trop lents vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, puisqu’une cinquantaine de pays en développement sont encore à la traîne, en particulier en Afrique subsaharienne.  Il a rappelé qu’aujourd’hui, le manque de soins de santé reproductive et sexuelle constitue un facteur de mortalité pour les filles âgées de 15 à 19 ans dans le monde en développement.  Le manque d’investissement dans ce domaine est une des causes de 80 millions de grossesses non désirées qui se traduisent par 50 millions d’avortements, dont 20 millions sont menés illégalement.  « Ceci est une préoccupation majeure de santé publique », a-t-il souligné, avant de faire état des 340 millions de personnes infectées chaque année par des maladies sexuellement transmissibles et des 2 millions tuées par le VIH/sida.  Pour veiller à une maternité sûre et à la réalisation de l’Objectif numéro 5, relatif à la santé maternelle, chaque femme doit avoir accès, a rappelé le représentant, à la planification familiale, à la présence de personnels compétents lors de l’accouchement, et à des soins obstétriques en cas de complications.


L’Union européenne, a-t-il affirmé, est déterminée à œuvrer à la réalisation des OMD et au Programme d’action du Caire.  Elle renforcera ses initiatives pour garantir l’accès universel aux infrastructures et aux soins de santé reproductive.  Nous continuerons de coopérer avec le FNUAP, les gouvernements, la société civile et les autres partenaires pour promouvoir les droits à la santé reproductive, ainsi que l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes, a dit le porte-parole de la présidence de l’Union européenne.  Compte tenu du déclin observé en matière d’assistance internationale à la planification familiale, l’Union européenne fera tout son possible pour élargir l’accès à de tels services, en particulier pour les 200 millions de femmes qui en sont totalement privées, a-t-il indiqué.  Consciente du caractère transsectoriel des questions de santé, l’Union européenne rappelle, a conclu le représentant, la nécessité de lutter contre les discriminations à tous les niveaux et d’inscrire ces questions dans toutes les politiques de santé publique.


M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal), qui intervenait au nom des pays les moins avancés (PMA), a déclaré que la pleine mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement contribuerait directement à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Malgré les progrès réalisés dans de nombreux domaines, plus d’un milliard de personnes continuent de vivre dans une pauvreté abjecte, a dit le représentant.  Il a également relevé que les questions de la population et celles du développement étaient étroitement liées.  Pour M. Acharya, des ressources humaines « éduquées, en bonne santé, et bien formées » seraient la pierre angulaire du développement durable.  Il a également affirmé que l’éducation et l’émancipation des femmes  pouvaient contribuer de manière significative à l’amélioration de la santé maternelle et à la baisse de la mortalité infantile, mais que pour le moment les accomplissements dans ce domaine laissaient à désirer.


Passant ensuite à la question de la disponibilité des ressources, M. Acharya a affirmé que le plein accès aux marchés, l’allégement de la dette, les investissements étrangers directs (IED), ainsi que le transfert de technologies et le renforcement des capacités, permettraient aux PMA d’accomplir des progrès importants pour réaliser les objectifs énoncés au cours de la Conférence.  Il a ensuite expliqué que les PMA avaient été contraints de réduire leurs dépenses sociales, une conséquence de la réduction de leurs exportations, ainsi que des envois de fonds de leurs nationaux vivant et employés à l’étranger, et de la baisse du tourisme.  Pour le représentant du Népal, à moins de trouver des ressources supplémentaires et durables, il est peu probable que les objectifs fixés dans le Programme d’action seront réalisés.  A cet égard, un financement à long terme et prévisible est essentiel pour les pays en développement, a-t-il insisté.


Mme GABRIELA SHALEV (Israël) a indiqué que le taux de fécondité dans son pays est de 3 enfants par femme, ce qui est supérieur au taux que connaissent la plupart des pays développés.  Parallèlement, a-t-elle ajouté, en Israël, les femmes sont très bien représentées sur le marché de l’emploi et dans l’éducation.  En Israël, il y a un bon équilibre entre le concept d’une grande famille et un système de santé de la reproduction bien établi, ce qui permet de maintenir une bonne santé maternelle et infantile, a indiqué Gabriela Shalev.  La représentante a expliqué que cela est possible grâce à un arsenal de lois et programmes concernant la santé et la sécurité de la population, mais que la tâche du Gouvernement est rendu complexe par les millions d’immigrants qu’accueille le pays.  Le système de santé israélien est universel et couvre les personnes les plus vulnérables, a-t-elle indiqué.  Israël s’attache aussi à faire progresser la condition de la femme, notamment par l’allocation de subventions aux crèches, qui permettent aux femmes de travailler et de soutenir l’éducation des jeunes enfants.  Elle a encore indiqué qu’Israël a des taux de mortalité maternelle et infantile très bas, grâce aux soins de santé périnataux et de santé sexuelle.  En outre, le pays a le souci de coopérer avec les pays en développement pour accélérer les progrès concernant les Objectifs du Millénaire pour le développement relatifs à la santé maternelle et la santé infantile.


M. HU HONGTAO (Chine) a souligné l’importance de la santé dans le Programme d’action de la Conférence internationale des Nations Unies sur la population et le développement et dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a appelé à mieux comprendre le rôle d’une santé reproductive et de services de planification familiale de qualité, pour arriver notamment à réduire les mortalités maternelle et infantile.  Il faut aussi investir davantage en termes financiers dans ces domaines, a souhaité le représentant, qui a cité un rapport du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) portant sur l’efficacité des mesures prises par rapport à leur coût.  De l’avis de la délégation chinoise, il faut également être vigilant quant à la santé reproductive des groupes vulnérables, en particulier les migrants.  Il y a de plus en plus de migration des zones rurales vers les villes, a souligné M. Hu, ce qui contraint les gouvernements à renforcer les services de santé dans les zones urbaines.  Enfin, le représentant a souhaité que des recherches soient menées sur les incidences des changements climatiques sur la santé.  Il a aussi appelé à une plus grande coopération internationale de la part des pays développés pour renforcer la capacité des pays en développement à atteindre l’objectif de l’accès universel aux services de santé.


M. SUGIRI SYAREF, Ministre, et Chef de la coordination nationale de la planification familiale de l’Indonésie, a indiqué que malgré les progrès notables réalisés dans le domaine de la médecine et de la technologie, les maladies et pandémies contagieuses, prévisibles et guérissables, demeuraient la principale cause de décès dans les pays en développement.  Il a notamment regretté le fait que certains « obstacles internationaux » empêchaient les pays en développement de jouir des bienfaits de la médecine et de la technologie modernes.  Pour le représentant de l’Indonésie, il incombe aux gouvernements des pays en développement de s’assurer que des ressources adéquates et durables sont mises à la disposition des systèmes de santé nationaux.  La prévisibilité et la durabilité des engagements financiers pris par la communauté internationale revêtent également la plus haute importance, a-t-il ajouté.


Évoquant ensuite les liens qui unissent la croissance de la population, la santé et la promotion du développement, M. Sugiri Syaref a engagé les délégations à s’assurer que les réformes adoptées permettront de créer un environnement inclusif, durable et capable de favoriser la création d’emplois.  Il a également réclamé que des ressources « adéquates, prévisibles et durables » soient mises à la disposition des pays pour améliorer la santé mondiale.  Nous devons également augmenter l’investissement dans la santé mondiale en encourageant le secteur privé à faire preuve de responsabilité sociale, a-t-il ajouté.  Il a notamment proposé la création d’un mécanisme mondial d’incitations, destiné à motiver le secteur privé pour que celui-ci augmente ses investissements dans le domaine de la santé.  Le représentant indonésien a également voulu une meilleure coordination et intégration des politiques de santé avec celles adoptées dans les domaines du commerce, de l’imposition fiscale, du droit à la propriété, de l’agriculture et du développement.  Il a en outre réclamé l’établissement d’une architecture efficace en matière d’aide, qui soit capable de renforcer les capacités des pays en développement en matière de santé et d’améliorer l’appropriation et les connaissances de la population en matière de santé.


M. ANDREW GOLEDZINOWSKI (Australie) a appelé tous les États Membres à maintenir le niveau de leur engagement dans la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale des Nations Unies sur la population et le développement et à redoubler d’efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a reconnu en particulier l’importance des objectifs relatifs à la santé, ainsi que celle de l’éducation primaire universelle, de la promotion de la parité entre les sexes, et de l’autonomisation des femmes.  Le représentant a indiqué que son pays s’est engagé à augmenter de façon substantielle son aide au développement d’ici à 2015, en particulier en ce qui concerne la santé.  Avec d’autres partenaires, nous aidons les pays en développement à élaborer des politiques en la matière et à les appliquer, a-t-il précisé.  Il s’est cependant inquiété du peu de progrès réalisés en ce qui concerne la santé maternelle, périnatale et infantile, notamment en Asie et en Afrique, ce qui ralentit la réalisation des Objectifs 4 et 5 des OMD.  La santé de la mère et celle du bébé sont intrinsèquement liées au cours de la grossesse et après la naissance, a-t-il relevé, et la plupart des décès à cette période pourraient être évités par des mesures efficaces et peu coûteuses.  C’est pour cela que l’Australie concentre son aide dans le domaine de la santé maternelle et reproductive, a-t-il expliqué, en indiquant que son pays est soucieux d’atteindre en particulier les populations pauvres et les plus vulnérables.  Cela passe par l’éducation et l’autonomisation des femmes, a ajouté le représentant.


Mme MARGARET POLLACK (États-Unis) a exprimé la volonté de son pays de fournir des services de santé abordables pour tous les Américains.  Quinze ans après la Conférence du Caire qui a mis l’accent sur les liens entre la santé et les droits de la femme, 530 000 femmes meurent encore chaque année de maladies et de problèmes que l’on aurait pu prévenir, a-t-elle dit.  Nous devons donner à plus de 1,5 milliard d’enfants dans le monde les services dont ils ont besoin lorsqu’ils atteindront l’âge de la reproduction, a-t-elle ajouté.  Elle a précisé que les États-Unis avaient versé 55 millions de dollars au FNUAP en 2010 et qu’ils consacreraient plus de 63 milliards de dollars, sur six ans, à la réduction de la mortalité et l’accès global à la planification familiale dans le cadre de l’Initiative mondiale pour la santé.  Mme Pollack a indiqué que le Président Barack Obama avait demandé 715 millions de dollars pour la promotion des programmes de santé reproductive, y compris la planification familiale, pour l’année 2011 et la réalisation des OMD 4 et 5.  Pour réduire la mortalité maternelle et infantile et améliorer l’alimentation, a-t-elle encore précisé, les États-Unis souhaitent investir 1,186 milliard de dollars en 2011, soit une augmentation de 48% par rapport à 2010.  Il est nécessaire d’atteindre les objectifs approuvés par la communauté internationale au Caire voilà 15 ans.  Pour cela, la participation et l’engagement de tous les États Membres sont indispensables.


Reprenant la parole, le Ministre et Chef de la coordination nationale de la planification familiale de l’Indonésie, s’est félicité du fait que le taux de mortalité avait fortement chuté dans son pays et que 94% de la population indonésienne aient accès à des soins de santé générale.  Il a expliqué que malgré les progrès réalisés, l’Indonésie s’efforçait de réduire davantage la mortalité maternelle en améliorant l’accès aux soins et en renforçant les infrastructures.  L’accès aux zones reculées est facilité par la construction de routes, et l’électricité et l’eau potable sont de plus en plus disponibles.  Le représentant a également indiqué que les maladies qui prévalent principalement dans les zones urbaines étaient en train de devenir un fardeau pour la population, tandis que la tuberculose pose un obstacle notable aux efforts du Gouvernement dans le domaine de la santé publique.  M. Syaref a ensuite indiqué qu’avec une réduction de la mortalité infantile et néonatale, l’Indonésie était sur la bonne voie pour réaliser l’Objectif du Millénaire pour le développement numéro 4.  Afin de réduire la mortalité maternelle, a poursuivi le Ministre, l’Indonésie met l’accent sur une bonne planification familiale, la formation du personnel d’accouchement et les soins obstétriques d’urgence.  Il a, par ailleurs, indiqué qu’il était particulièrement difficile de fournir des soins appropriés aux femmes vivant dans les zones reculées du pays.  Au nombre des défis qui doivent être relevés dans ce domaine, M. Syaref a évoqué les soins obstétriques et néonataux d’urgence, les unités de transfusion sanguine, l’importance de répondre aux besoins de la population en matière de planification familiale, l’accès à la contraception ainsi que la réduction des grossesses non désirées.  Il a également évoqué la mauvaise nutrition des femmes enceintes et leur manque de connaissances en matière de soins pendant la grossesse.  En matière de nutrition, M. Syaref a préconisé le maintien des transferts directs et indirects de fonds et des programmes de distribution de riz pour les pauvres, ainsi que l’amélioration des connaissances de la population en matière de santé.


M. HU HONGTAO (Chine) a présenté les progrès de son pays en matière de santé maternelle et infantile.  Il a indiqué que l’espérance de vie était passée de 69 à 73 ans entre 1990 et 2008 en Chine.  Il a ajouté que la mortalité maternelle était passée de 94,7 à 31,9 pour 100 000 personnes entre 1990 et 2009 et la mortalité infantile de 32,9 à 13,8 pour 1 000 naissances sur la même période.  M. Hu a mis l’accent sur les efforts que déploie la Chine pour améliorer les lois relatives à la santé reproductive, et la mise en place d’un cadre juridique de planification familiale.  Des directives visant à réformer les services de santé d’ici à 2020 seront également mises en œuvre.  Grâce à des années d’efforts, la Chine a développé un réseau de services complets de planification familiale, a dit M. Hu.  La gratuité des moyens de contraception a permis à la Chine d’atteindre en la matière un niveau de couverture atteignant 84% des couples, a-t-il ajouté.  Avec 211 millions de migrants, la Chine a le souci d’intégrer les populations de migrants dans ses politiques de santé.  Malgré ses progrès, a-t-il dit, la Chine reste confrontée aux défis liés à une population très nombreuse et à une insuffisance d’infrastructures, alors qu’elle s’apprête à faire face à trois pics démographiques: la population la plus nombreuse qu’elle ait jamais eue; la plus importante population en âge de travailler; et la plus importante en ce qui concerne les personnes âgées.


M. THOMAS LAMBERT (Belgique) a relevé que plus de 2 millions de femmes mouraient en couches chaque année, tandis que le VIH/sida faisait 3 millions de victimes par an.  Si toutes les femmes avaient accès à des services de planification familiale, il serait possible d’éviter plus de 100 000 décès maternels par an, a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite passé en revue le fonctionnement du système de planification familiale mis en place par la Belgique ainsi que le système de santé préventive destiné aux enfants.  Il a expliqué qu’une politique de dépistage précoce avait été mise sur place pour enrayer la propagation du VIH/sida.  La pratique de l’excision a par ailleurs été interdite sur le territoire belge, a-t-il signalé.  Le représentant a également évoqué l’existence des programmes de lutte contre le tabac et de promotion du sport.  La Belgique, a-t-il ajouté, prône une meilleure intégration des soins de santé reproductive au sein des services de santé.  La mise en œuvre du programme d’action du Caire n’est pas gagnée, a poursuivi le représentant belge, qui a engagé les délégations à faire preuve d’une vigilance accrue pour répondre aux défis qui se posent aux femmes et aux fillettes.  Il a réclamé une meilleure formation du personnel médical et a insisté de nouveau sur l’importance de l’accès aux systèmes de planification familiale.  Pour la délégation belge, a-t-il ajouté, l’autonomisation des femmes serait un thème approprié pour le prochain Examen ministériel.


M. MISHKORUDNY (Bélarus) a dit le souci de son pays pour réduire la mortalité maternelle et la mortalité infantile.  Il a mis l’accent sur le développement d’institutions d’assistance à l’accouchement et de centres de santé prénatale qui a permis de diviser par quatre la mortalité maternelle, et par deux la mortalité infantile.  Il a indiqué que le Bélarus accordait un soutien financier aux mères à partir du troisième enfant.  Vingt-quatre ans après la catastrophe de Tchernobyl, le Bélarus a mis en œuvre quatre programmes pour un coût total de 18 milliards de dollars, pour protéger les populations et réhabiliter les territoires qui ont souffert de la catastrophe.  Il a remercié la communauté internationale dans son ensemble, l’Ukraine et la Russie en particulier, pour le soutien à la restauration et au développement durable des régions affectées par la catastrophe de Tchernobyl.


Mme VESNA VUKOVIC (Croatie) a indiqué que la Croatie accordait une attention particulière à la prévention des maladies chroniques non transmissibles.  Dans cette catégorie, les maladies cardiovasculaires notamment, représentent la cause principale de mortalité et de morbidité en Croatie, a dit Mme Vukovic.  Elle a également expliqué que 25% du taux de mortalité nationale croate était imputable à des maladies malignes, comme le cancer du sein.  Plusieurs campagnes nationales de prévention et de dépistage ont donc été mises sur pied, a-t-elle ajouté.  La représentante a aussi expliqué que la santé reproductive féminine et la santé maternelle était une des autres priorités du Gouvernement, lequel s’attache à répondre au fait que 10% des grossesses du pays ne sont pas suffisamment suivies.  Elle a de plus indiqué que les femmes croates avaient accès à un congé de maternité de six mois, et que les soins de santé des femmes et des enfants étaient entièrement pris en charge par le système de santé du pays.  Mme Vukovic a notamment évoqué l’existence d’un Plan national d’activités pour les droits et l’intérêt de l’enfant au cours de la période 2006-2012.  Elle a de plus signalé que la Stratégie nationale croate pour la santé pour la période 2006-2011 mettait l’accent sur l’augmentation du nombre de médecins et d’infirmières par habitants, afin de rapprocher la Croatie de la norme européenne.


M. ANDERS LIDÉN (Suède) a salué la qualité des rapports du Secrétaire général qui soulignent les liens entre la santé et le bien-être humain.  Il a mis l’accent sur les relations entre la détérioration de la santé et la baisse des revenus, en notant que chaque année 500 000 femmes meurent en raison de complications liées à la grossesse, et que 20 millions ont recours à des avortements à hauts risques.  Il a indiqué que l’amélioration des systèmes de santé permettrait de diminuer la mortalité maternelle de 70%, en notant que 50 millions de femmes ne peuvent choisir ou retarder leur grossesse en raison d’un manque d’accès à des méthodes de contraception.  Une meilleure politique de santé permettrait une meilleure croissance économique et une meilleure productivité, a-t-il également souligné.  La Suède continuera de se concentrer sur la réalisation de l’OMD 5, a-t-il insisté, en précisant que la vulnérabilité au VIH/sida augmente lorsque les droits de l’homme en matière de santé reproductive ne sont pas respectés.


M. ANTONIO PEDRO MONTEIRO LIMA (Cap-Vert), qui intervenait au nom du Groupe africain, a indiqué que malgré le recul de la mortalité des enfants âgés de moins de 5 ans, l’Afrique subsaharienne avait connu peu de progrès dans ce domaine.  Il a notamment relevé que plus de la moitié des morts infantiles au niveau mondial avaient lieu en Afrique subsaharienne, et qu’il en était de même de la moitié des 536 000 décès annuels liés à la grossesse.  « L’Afrique est à la traîne », a-t-il lancé, évoquant notamment les défis posés par le paludisme et la pandémie de VIH/sida.  Il a estimé que l’Afrique avait besoin d’un soutien constant pour l’aider à réagir face aux épidémies et aux pandémies.  Il a précisé que les gouvernements africains accordaient une attention particulière à la santé, et que 35% des ressources budgétaires nationales étaient allouées à ce domaine.  Le représentant a réclamé la fourniture de vaccins et d’équipements médicaux afin d’aider le continent à faire face au problème de la mortalité maternelle et infantile.  Cet effort ne doit pas uniquement reposer sur les épaules du gouvernement, mais également sur le partenariat international, a-t-il affirmé.  Le représentant a demandé la création d’une stratégie de fond, afin d’apporter aux communautés les services sont elles ont besoin.  « Nos cœurs d’Africains saignent, et pourtant notre continent est riche, notamment d’une jeunesse dont la vivacité étonne le monde.  Nous méritons plus, et notre jeunesse certainement,  que ce que le monde nous a réservé jusqu’à présent », a-t-il souligné.


M. PEDRO ABECASSIS COSTA PEREIRA (Portugal) a reconnu que beaucoup de progrès avaient été accomplis depuis la Conférence du Caire, en soulignant cependant que, pour la communauté internationale, beaucoup de barrières devaient être encore levées si l’on veut que les objectifs de la Conférence internationale du Cairedeviennent une réalité.  Et ceci exige en outre, a-t-il ajouté, des efforts communs de la part des gouvernements, du secteur privé et de la société civile.


La réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle ou encore la lutte contre le sida et le VIH figurent parmi les objectifs à atteindre prioritairement, et demandent l’attention et l’engagement de la communauté internationale, a estimé M. Costa Pereira.  Abordant les progrès accomplis par son pays, M. Pereira a affirmé qu’une amélioration substantielle de l’état de santé de la population durant les 25 dernières années avait été rendue possible grâce à une planification mesurée et à un renforcement de la cohérence interne des politiques.  Ceci a abouti à l’élévation de l’espérance de vie chez les hommes.  Elle était de 75,5 pour les hommes et de 81,7 pour les femmes, en 2006-2008, a précisé le représentant.  Cela a également abouti à la forte réduction de la mortalité infantile, a-t-il ajouté.  En dépit de ces améliorations, beaucoup reste à faire, notamment dans la réduction des inégalités basées sur le sexe et les groupes sociaux économiques, a-t-il cependant noté.  Il a enfin estimé crucial, pour la réalisation des objectifs agréés de développement, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement, que l’accès universel à l’éducation soit assuré.


Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, a déclaré que les femmes qui meurent en couches, un demi-million par an, ne représentaient, malheureusement, que le sommet de l’iceberg de la mortalité mondiale féminine.  Il a rappelé que pour chaque décès, 30 femmes de plus étaient confrontées à de graves problèmes de santé, telles que la fistule obstétrique.  Aussi les mères ont-elles besoin plus que jamais de soins prénataux, de personnels compétents et de financements adéquats.  En outre, a ajouté Mgr Migliore, les gouvernements doivent continuer de répondre aux besoins de santé urgents qui se posent aux enfants à travers le monde.  Rien qu’en 2008, a-t-il dit, 243 millions de cas de paludisme ont provoqué 800 000 décès.  Dans un système de santé vraiment ouvert à tous, la société civile, y compris les organisations religieuses, doit être un partenaire de premier plan, a-t-il souligné, avant de rappeler les actions entreprises par les hôpitaux et les cliniques catholiques du monde entier, en particulier en faveur des franges les plus démunies de la société.


M. LUCAS DALL´OGLIO, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a mis l’accent sur la santé des migrants en rappelant qu’ils faisaient face à des vulnérabilités particulières en raison des risques de stigmatisation, des problèmes linguistiques, et d’autres difficultés qu’ils rencontrent, notamment administratives.  Il a rappelé que, suite à la résolution sur les migrants adoptée par la soixante et unième Assemblée mondiale de la santé en mai 2008, l’OMS, l’OIM et le Ministère de la santé et de la politique sociale de l’Espagne ont organisé une consultation mondiale sur la santé des migrants à Madrid en mars 2010.  Il a précisé que les participants à cette consultation se sont entendus sur les quatre domaines prioritaires suivants:  la nécessité d’améliorer la surveillance de la santé des migrants par le biais de données ventilées;  la nécessité de politiques et cadres juridiques touchant à la santé des migrants et la mise en œuvre de normes internationales pertinentes;  l’importance de fournir des soins aux migrants de façon linguistiquement et culturellement appropriée en réduisant la discrimination; l’importance d’élargir les réseaux, partenariats et cadres multipays dans les grandes villes, pays, et  régions de transit des migrants.  M. Dall’Oglio a indiqué que l’OIM travaillait avec des pays qui sont devenus de véritables « champions » dans la prise en charge des soins des travailleurs migrants.


Mme CHRISTIN REDFIELD (Alliance mondiale de la Jeunesse) a déclaré que les efforts mondiaux de promotion de la santé primaire devaient être guidés par les priorités et réalités culturelles locales.  Elle a appelé à la réalisation de l’OMD 5, en s’inquiétant de l’insuffisance des infrastructures de soins prénatals. Elle a exhorté la Commission à distinguer la santé maternelle des questions de santé et de droits reproductifs.  Elle a estimé que la santé maternelle était une clef de la santé infantile, et que la santé prénatale, y compris l’alimentation, était un élément déterminant et critique de la survie de l’enfant.  Elle a souhaité que les programmes visant à prévenir la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant soient accessibles là où ils sont nécessaires.


Documentation


Rapport du Secrétaire général sur le thème: « Santé, morbidité, mortalité et développement » ( E/CN.9/2010/3)


Ce rapport a été établi en application de la décision 2008/101 de la Commission de la population et du développement, aux termes de laquelle la Commission a décidé d’examiner au cours de sa session, en 2010, le thème intitulé « Santé, morbidité, mortalité et développement ».  Le Secrétaire général y fait état des principales baisses de la mortalité obtenues depuis 1950 dans tous les pays et explique que les causes de mortalité ne sont désormais plus les seules maladies transmissibles, mais aussi les maladies non transmissibles.  Il examine les relations entre santé et développement, notant qu’il existe un lien persistant entre l’augmentation des revenus des individus et l’amélioration de leur état de santé, même si, à l’échelle nationale, la seconde a pu aussi se produire sans variation majeure en termes de revenu.  Si l’on veut reproduire ces acquis, il importe d’associer une approche intersectorielle de la prévention à des mesures tendant à renforcer la durabilité des prestations, en particulier en s’assurant que les systèmes sanitaires visent au premier chef la prestation de soins de santé primaires, préconise le Secrétaire général dans ce rapport.


Dans ses conclusions, le Secrétaire général indique dans ce rapport que la baisse universelle du taux de mortalité, survenue dans la plupart des pays durant le XXe siècle, s’est traduite par une augmentation de l’espérance de vie qui, aujourd’hui, atteint ou dépasse 69 ans partout dans le monde, à l’exception de l’Afrique, et par une diminution de la mortalité infantile et juvénile qui est maintenant inférieure à celle des catégories de la population les plus âgées.  Cette évolution tient en grande partie à l’efficacité des méthodes de prévention et de traitement des principales maladies transmissibles qui, dans toutes les régions du monde, sauf en Afrique, ne représentent qu’une partie modeste, voire infime (27% ou moins) du total des causes de décès.  De même, la part de ces maladies dans la morbidité est modeste (22%) dans les pays à revenu intermédiaire, et d’à peine 6% dans les pays à revenu élevé.


Rapport du Secrétaire général sur le « Suivi des programmes de population, centré sur la santé, la morbidité, la mortalité et le développement » ( E/CN.9/2010/4)


Ce rapport offre une vue d’ensemble des programmes lancés par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) afin d’améliorer la santé maternelle et de faire baisser la morbidité et la mortalité.  Le Secrétaire général y met l’accent sur les activités liées à la prise en charge des mères et des nouveau-nés, et menées pour investir dans la planification familiale et l’obstétrique, accroître la sécurité d’approvisionnement en produits de santé en matière de procréation, prévenir et traiter les fistules obstétricales, faire abandonner la pratique des mutilations et des ablations génitales féminines, lutter contre la violence sexiste, s’attaquer aux problèmes des grossesses d’adolescentes et du mariage d’enfants, prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant, encourager l’usage du préservatif afin d’éviter les grossesses non désirées et l’infection par le VIH, et assurer des soins de santé procréative dans les situations d’urgence.


Le Secrétaire général souligne dans ce rapport qu’une mauvaise santé procréative a une incidence sur la mortalité et constitue une part importante du fardeau que représentent les problèmes de santé au niveau mondial, surtout parmi les femmes et les enfants.  Les moyens les plus économiques de faire baisser la mortalité maternelle sont la planification familiale, la présence d’intervenants qualifiés pendant les accouchements, et la fourniture de soins obstétricaux d’urgence, indique-t-il. 


Dans ses conclusions, il juge indispensable d’offrir aux femmes, aux hommes et aux adolescents des services adéquats, acceptables et peu onéreux qui répondent à leurs besoins, et de renforcer les systèmes de santé à cet effet.  Les politiques et programmes mis en œuvre doivent permettre aux femmes et aux catégories socioéconomiques défavorisées d’accéder aux informations et aux services de santé, et devraient reposer sur une approche fondée sur les droits de l’homme visant à garantir le droit de jouir du meilleur état de santé possible, insiste le Secrétaire général dans ce rapport.


Rapport du Secrétaire général sur le thème: « Flux de ressources financières à l’appui de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement » ( E/CN.9/2010/5)


Ce rapport fait le point des ressources consacrées par les donateurs et les pays en développement concernés aux activités relatives à la population en 2008, et présente des estimations pour 2009 et des projections pour 2010.  L’aide des donateurs a été en constante augmentation ces dernières années, atteignant 8,7 milliards de dollars en 2007, et elle devrait s’élever à 10 milliards de dollars en 2008.  Toutefois, compte tenu de la crise financière actuelle, cette forte progression ne devrait pas se poursuivre, et l’aide ne devrait progresser que modestement pour s’établir à 10,2 milliards de dollars en 2009, et peut-être 10,6 milliards en 2010, est-il indiqué dans ce rapport.  Selon une évaluation approximative, les ressources mobilisées par l’ensemble des pays en développement se seraient établies à 23,2 milliards de dollars en 2008.  De même que pour ce qui concerne l’aide des donateurs, ce montant ne devrait progresser que légèrement pour atteindre 23,3 milliards de dollars en 2009 et 25,7 milliards en 2010.


Le Secrétaire général conclut dans ce document que les financements actuels sont nettement inférieurs aux montants nécessaires pour atteindre les objectifs énoncés dans les quatre composantes chiffrées du Programme d’action et dans les Objectifs du Millénaire pour le développement.  En outre, compte tenu de la crise financière mondiale actuelle, ils ne devraient pas atteindre le niveau nécessaire pour répondre aux besoins actuels avant longtemps.  En 2009, les pays qui, du fait de la crise financière, ont vu leur produit intérieur brut (PIB) diminuer auront probablement réduit les dépenses consacrées aux activités en matière de population, est-il noté dans le rapport.  Cette réduction touchera en particulier les pays les plus pauvres, qui sont les moins à même de mobiliser les ressources dont ils ont besoin pour financer leurs programmes.


Rapport du Secrétaire général sur le thème: « Exécution du programme et bilan des activités menées dans le domaine de la population en 2009 » (E/CN.9/2010/2010/6)


Le présent rapport dresse le bilan des activités menées en 2009 dans le domaine de la population par la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies, lesquelles ont porté sur l’analyse de la fécondité, de la mortalité et des migrations internationales, ainsi que sur l’établissement d’estimations et de projections démographiques à l’échelle mondiale, le suivi des politiques démographiques, l’analyse des corrélations entre population et développement, et sur le suivi, la coordination et la diffusion de l’information démographique.  Ce rapport donne une vue d’ensemble des principales activités menées par la Division, notamment la fourniture de services fonctionnels aux organes intergouvernementaux, l’établissement de documents à l’intention des organes délibérants et de publications techniques, l’organisation de réunions d’experts, et la diffusion de l’information, y compris sur l’Internet


Le sous-programme relatif à la population a pour objet de permettre à la communauté internationale de mieux comprendre et de traiter efficacement, aux niveaux national et international, les problèmes de population contemporains ou prévisibles, et les dimensions démographiques du développement.  Il est dirigé par la Commission de la population et du développement.  La Commission de la population et du développement est invitée à prendre note du présent rapport.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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