La Commission de la condition de la femme attire l’attention sur les obstacles persistants dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing
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Commission de la condition de la femme
Cinquante-quatrième session
16e séance – après-midi
LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME ATTIRE L’ATTENTION SUR LES OBSTACLES PERSISTANTS DANS LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE BEIJING
La Commission de la condition de la femme a conclu, cet après-midi, son débat de haut niveau en attirant une fois de plus l’attention sur les importants obstacles auxquels continuent de se heurter les efforts de promotion de la femme, 15 ans après l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.
« Violation fondamentale des droits des femmes », selon le Secrétaire général, le problème de la violence faite aux femmes n’a cessé de s’immiscer dans le débat. Les délégations ont notamment insisté sur la nécessité de combattre plus énergiquement les stéréotypes sexistes, en reconnaissant que de nombreuses sociétés et leurs dirigeants peinent à concevoir la promotion de la femme comme un moteur du développement. « En luttant efficacement contre la violence sexuelle, on contribue à la modernisation et à la démocratisation des sociétés », a notamment souligné la représentante de la Serbie.
Les délégations ont inscrit dans le combat plus large contre toutes les formes de discrimination, le respect du droit à la santé des femmes, en particulier la santé sexuelle et reproductive, et la lutte contre la pandémie de VIH/sida.
Tout en admettant que la crise économique et financière internationale avait entraîné des coupes budgétaires pouvant pénaliser les actions en faveur des femmes, les délégations ont assuré que la prise en compte systématique des besoins des femmes dans les politiques nationales de santé n’est aucunement remise en cause. À l’impact négatif de la crise, en particulier au Zimbabwe, les pays africains ont ajouté celui tout aussi défavorable de la fuite des cerveaux.
Le problème de la sous-représentation des femmes en politique et de leur accès à des postes à responsabilités a été soulevé à maintes reprises, au cours de ces six jours de débat de haut niveau. « Au Sri Lanka, il n’existe aucun obstacle réel à l’entrée des femmes en politique et pourtant elles ne représentent que 5% des parlementaires et 3% des autorités locales », a notamment déploré le représentant de ce pays.
Même des pays développés comme l’Irlande ont signalé qu’alors que leurs citoyennes occupaient de nombreux postes à responsabilités, elles étaient encore largement sous-représentées en politique. Dans le rapport* qu’il a soumis à la Commission, le Secrétaire général pointe notamment du doigt le manque de volonté des partis politiques et des dirigeants ainsi que les stéréotypes sexistes, en particulier la prétendue incapacité des femmes à diriger.
Les délégations ont insisté d’autant plus naturellement sur l’importance de l’éducation des femmes que ces dernières représentent près des deux tiers des 776 millions d’adultes analphabètes dans le monde.
La Commission a par ailleurs pris note du rapport, tel qu’amendé oralement, de son Groupe de travail chargé des communications relatives à la condition de la femme. Le représentant de la Belgique, qui a présenté ce rapport**, a indiqué qu’il recensait 45 communiqués confidentiels d’États sur dix catégories différentes dont les violences sexuelles; les abus des forces de l’ordre ou encore les violations du droit à la santé, y compris la santé sexuelle et génésique.
En vertu de la résolution 76(V) de 1947 que le Conseil économique et social a amendée ou enrichie jusqu’en 2002, la Commission est habilitée à recevoir des communications ou plaintes de la part de tout individu, ONG, groupe ou réseau sur des violations présumées des droits de l’homme qui affecteraient la condition de la femme.
La Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 11 mars, à partir de 10 heures.
* E/CN.6/2010/2
** E/CN.6/2010/CRP.4
SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIe SIÈCLE »
Suite et fin du débat général
M. VICTOR ORTEGA, intervenant au nom du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a réaffirmé l’importance pour les États d’honorer les engagements internationaux pris au titre du Programme d’action de Beijing, des OMD, de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida, de la CEDAW et de la Convention des droits de l’enfant. Tous ces documents prévoient l’émancipation des femmes, a-t-il souligné, tout en reconnaissant qu’ils omettent souvent de préciser comment les ressources nécessaires à leur mise en œuvre, au niveau national, vont être mobilisées. Il faut faire davantage pour réduire la vulnérabilité des femmes et des filles vivant ou non avec le VIH/sida, a-t-il notamment estimé. Il a ainsi plaidé pour une approche multisectorielle afin d’améliorer la lutte contre la pandémie en la plaçant sous l’égide des « Trois principes », qui ont pour vocation d’aligner la réponse antisida sur les objectifs du Programme d’action de Beijing et de la CEDAW.
Mme ELENA GASTALDO, Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que l’OIT s’est engagée depuis 1995 à mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing, notamment en ce qui concerne la lutte contre la féminisation de la pauvreté et l’intégration des femmes dans l’économie. S’agissant de ce dernier point, elle a cité l’adoption, en juin 2009, d’une résolution de l’OIT. Elle a souligné l’importance de Caire +15 sur la population et le développement parce que les textes qui en sont issus tiennent compte de l’impact de la crise économique et financière sur la pauvreté en Afrique et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Face aux perspectives du chômage et de la pauvreté, a-t-elle dit, l’OIT a organisé un Sommet mondial en juin 2009 qui a abouti à l’adoption d’un Pacte mondial de l’emploi mettant l’accent sur l’égalité entre les hommes et les femmes. Il faut inclure les préoccupations liées au genre à tous les niveaux, a-t-elle conclu, en indiquant que cette année, l’OIT se penchera sur la question du travail domestique avec pour finalité l’adoption d’un instrument normatif consacrée à cette catégorie de personnel très vulnérable.
Mme MARCELA VILLAREAL, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a souligné que ce que les citadines tiennent pour acquis était virtuellement inconnu des femmes rurales alors que ces dernières représentent la majorité des pauvres sur la planète. Elle a donc déploré que la plupart des programmes d’égalité entre les sexes continuent de ne cibler que les femmes en milieu urbain. Elle a ensuite souligné que ce sont les femmes chefs de famille qui souffraient le plus des retombées de la crise alimentaire, avant d’arguer que l’accès des femmes aux ressources agricoles est indispensable pour réduire la pauvreté. Elle a également signalé des inégalités « rampantes » dans le domaine foncier. Moins de 20% des propriétaires fonciers, a-t-elle prévenu, sont des femmes qui se voient souvent allouer des lopins de terres de mauvaise qualité et d’une superficie plus petite que ceux des hommes. Elle a insisté sur l’importance d’assortir les programmes sexospecifiques de campagnes de sensibilisation des chefs de village, entre autres. L’OMD 1 relatif à la lutte contre la pauvreté et la faim est loin d’être atteint, s’est-elle alarmée.
Mme LINDA CLAUSSEN, Femmes pour les Femmes, a mis l’accent sur l’impact des grossesses précoces sur l’éducation des femmes. Elle a souligné la nécessité d’élaborer une stratégie économique et sociale qui permette d’atténuer l’impact de la grossesse sur la vie des adolescentes. Il faut éduquer davantage sur la sexualité et faire en sorte que les adolescentes prennent leur décision en connaissance de cause. La représentante a insisté sur l’importance des efforts de sensibilisation.
Mme KIMBERLY WHIPKEY, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a insisté sur l’importance de la santé génésique, en arguant que les femmes nécessitent une double protection à savoir, contre le VIH/sida et les grossesses non désirées. Plaidant pour un meilleur accès aux préservatifs féminins, la représentante a imputé les faibles financements à un manque de volonté politique.
Mme SHANNON HAYES, Commission Huairou, qui intervenait au nom de 14 organisations confessionnelles, a engagé les gouvernements et organisations humanitaires à faire en sorte que tous les investissements d’urgence comme pour le relèvement et la reconstruction se fondent sur les principes de l’égalité entre les sexes. Elle a préconisé un réel processus de collaboration avec les organisations féminines d’Haïti, soulignant notamment que les femmes subissaient de manière disproportionnée l’impact du tremblement de terre. Le leadership des femmes mérite d’être reconnu et appuyé par les politiques et programmes, a-t-elle insisté, avant d’appeler à des engagements financiers transparents.
Parlant des abris temporaires dans lesquels de nombreux Haïtiens vivent actuellement, la représentante a réclamé des mesures visant à protéger les femmes de la violence sexuelle. Elle a également estimé que les programmes de redressement économique devaient accorder la priorité aux femmes économiquement vulnérables, notamment les chefs de famille et le personnel du secteur informel. Il faut réformer le système d’aide pour renforcer la gouvernance démocratique en Haïti et mettre en place une économie nationale qui ne soit pas au service des intérêts des donateurs.
Mme JAN EASTMAN, PSI-Confédération internationale et éducation internationale, a estimé qu’il était indispensable d’évaluer non seulement les progrès réalisés, mais aussi et surtout les actions à mettre en œuvre pour parvenir à une réelle parité entre les hommes et les femmes. Nous rencontrons un réel manque d’engagement, a-t-elle estimé, en notant que trop de femmes travaillaient encore sans sécurité d’emploi ou sans salaire. L’inégalité de salaires reste un problème persistant, a-t-elle dit, en invoquant le fait que dans de nombreux pays, des femmes gagnent 50% moins que les hommes pour un travail égal. « Respect et égalité pour tous est notre objectif », a-t-elle insisté, en ajoutant: « les Nations Unies doivent être nos Nations Unies à nous aussi ».
Mme XIMENA ANDIAN, Coalition des droits reproductifs, a engagé les États Membres à mettre en place des services de santé de qualité pour toutes les femmes capables de donner des soins sans aucune discrimination fondée sur le niveau d’éducation ou l’orientation sexuelle. Elle a insisté sur la mise en place de programmes d’éducation sexuelle.
Mme CATHERINE MOORE, Présidente de la Fédération internationale des femmes universitaires, a déclaré que le 15e anniversaire du Programme d’action de Beijing devait être l’occasion pour les gouvernements et la société civile de renouveler leur engagement en faveur de la promotion des droits de la femme et de la parité de sexes. Si des progrès ont été réalisés dans l’adoption des normes et principes internationaux, les droits de la femme sont loin d’être une réalité, a-t-elle estimé. Tout en appuyant une approche des droits de l’homme en phase avec les différents contextes culturels, elle a fustigé les valeurs traditionnelles, les croyances et pratiques culturelles qui sont une source de discriminations à l’égard des femmes. Elle a attiré l’attention sur la décision 12/21 du Conseil des droits de l’homme qui appelle à l’organisation en 2010 d’un séminaire sur une meilleure compréhension des valeurs traditionnelles pour avancer dans la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Pour parvenir à l’égalité entre les sexes, il faut promouvoir une éducation juste des droits de l’homme débarrassée des clichés et autres stéréotypes, a-t-elle conclu.
Mme ROSY WEISS, Alliance internationale des femmes, a souligné les conséquences désastreuses de la malnutrition, principale cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans et de la baisse de l’espérance de vie dans de nombreux pays. Alors que, dans de nombreux pays, les femmes sont chargées de subvenir à l’alimentation de leur famille, elles sont souvent les premières victimes de l’insécurité alimentaire, a-t-elle dit. La représentante a regretté que certains États n’aient toujours pas transformé leurs engagements internationaux en actions concrètes pour mettre un terme à la faim sur leur sol. Elle a cité les mérites des filets de sécurité sociale au Brésil et en Éthiopie qui ciblent notamment les ménages les plus pauvres et protègent les familles de l’impact des chocs liés, entre autres, aux changements climatiques. Mme Weiss a estimé que tous les États devraient mettre en place des programmes similaires pour réduire de moitié la faim dans le monde. Elle les a engagés à édifier les institutions nécessaires et à réunir les fonds requis.
Droit de réponse
La représentante de l’Érythrée a répondu à l’intervention faite par la délégation éthiopienne, le 8 mars dernier. Faisant référence à la résolution 1907 (2009) du Conseil de sécurité sur la paix et la sécurité en Afrique, elle a affirmé que les OMD ne pouvaient être atteints en Érythrée, en raison des obstacles liés au conflit avec l’Éthiopie. Elle a réaffirmé que la présence des forces éthiopiennes en Érythrée était une violation flagrante des résolutions pertinentes de l’ONU. Elle a exhorté l’Éthiopie à se retirer des terres érythréennes sans condition. Avant de conclure, elle a souligné le potentiel des femmes dans le règlement des différends.
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