Quinze ans après Beijing, la Commission de la condition de la femme analyse les défis dans l’application des textes adoptés dans la capitale chinoise
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Commission de la condition de la femme FEM/1775
Cinquante-quatrième session 1er mars 2010
3e et 4e séances – matin et après-midi
QUINZE ANS APRÈS BEIJING, LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME ANALYSE LES DÉFIS DANS L’APPLICATION DES TEXTES ADOPTÉS DANS LA CAPITALE CHINOISE
Quinze ans après l’adoption « historique » de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, la Commission de la condition de la femme se propose d’identifier les défis qui persistent dans leur mise en oeuvre. En présence de la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Asha-Rose Migiro, la Commission a inauguré sa Cinquante quatrième session aujourd’hui, saisie d’un rapport* décourageant du Secrétaire général.
« Aucun pays au monde n’est parvenu à réaliser l’égalité de droit et de fait entre les hommes et les femmes », affirme Ban Ki-moon dans un constat d’autant plus regrettable que le lien entre les avancées en la matière à la pleine mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) est pleinement reconnu.
La violence à l’égard des femmes, cette « violation fondamentale » des droits de la femme, persiste, servie par une peur de la stigmatisation et la complexité des procédures judiciaires qui empêchent les victimes de porter plainte.
Quelque 536 000 femmes et filles meurent chaque année de complications dues à la grossesse ou à l’accouchement, alors que l’écart de traitement du VIH/sida subsiste. L’analphabétisme demeure un « problème capital » pour les femmes qui représentent près de deux tiers des 776 millions d’adultes analphabètes dans le monde.
L’accès des femmes au plein-emploi et à un travail décent demeure « très difficile » dans plusieurs régions du globe, et les écarts de salaires entre hommes et femmes persistent partout dans le monde.
Même si les femmes sont de plus en plus présentes dans la vie publique et politique, elles demeurent sous-représentées aux postes de direction. Des réformes ont été réalisées mais les lois sont peu respectées alors que les mécanismes institutionnels chargés de l’égalité entre les sexes souffrent d’un manque d’appui politique.
La Commission a également été saisie, entre autres, de rapports consacrés à la situation des Palestiniennes** et aux mutilations génitales féminines***.
Elle a poursuivi ses travaux en tenant un débat de haut niveau et deux tables rondes parallèles, après avoir également entendu les déclarations liminaires du Président du Conseil économique et social (ECOSOC), du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, de la Conseillère spéciale pour l’égalité des sexes et la promotion de la femme, de la Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), et de la Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (Comité CEDAW).
Les tables rondes étaient placées sous le signe de « la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale et sa contribution à l’adoption d’une démarche soucieuse de l’égalité des sexes en vue de la réalisation des OMD».
En début de séance, la Commission a nommé Leysa Faye Sow, du Sénégal, au poste de rapporteur de ses Cinquante quatrième et Cinquante cinquième sessions. Elle a également élu trois membres de son Groupe de travail pour la session actuelle, à savoir Nicolas Burniat de la Belgique, Julio Peralta du Paraguay et Cho Hyung-hwa de la République de Corée.
La Commission poursuivra son débat de haut niveau demain, mardi 2 mars, à partir de 10 heures.
* E/CN.6/2010/2
** E/CN.6/2010/4
*** E/CN.6/2010/6
SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIe SIÈCLE »
Déclarations liminaires
M. GAREN NASZARIAN, Président de la Commission de la condition de la femme, a estimé que l’examen de l’application du Programme d’action de Beijing était l’occasion de souligner les liens étroits qui relient de nombreux domaines touchant aux droits de la femme. Il a relevé que l’inégalité entre hommes et femmes persistait dans toutes les régions du monde et a engagé les délégations à se concentrer sur les causes de ce phénomène afin d’élaborer des mesures concrètes pour y remédier. Il a réclamé une application complète du Programme d’action, au niveau national.
Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a indiqué que le Secrétaire général avait fait de l’égalité entre hommes et femmes un domaine prioritaire, pour ensuite se féliciter de ce que l’émancipation des femmes était maintenant reconnue comme une partie intégrante de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans le monde. Elle a dénoncé la persistance de la violence sexuelle qu’elle a qualifiée de « honte mondiale », en jugeant que cette violence était l’expression la plus flagrante de l’inégalité entre les sexes. Elle a relevé que l’application des lois pour contrer ce type de violence laissait à désirer et que de nombreux stéréotypes persistaient. Après s’être félicitée du nombre croissant de femmes parlementaires dans le monde, Mme Migiro a néanmoins estimé qu’un nombre disproportionné de femmes continuaient de vivre dans la pauvreté. Elle a aussi relevé le manque de progrès dans le domaine de la santé reproductive. Il faut passer de l’engagement à l’action, a encouragé la Vice-Secrétaire générale, en souhaitant une session qui trouve les moyens de renforcer l’action pour l’égalité entre les hommes et les femmes.
M. HAMIDON ALI, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a réitéré l’importance que l’ECOSOC accorde à la session qui s’ouvre aujourd’hui. La Déclaration et le Programme d’action de Beijing forment le cadre de référence de la promotion de l’égalité entre les sexes et de l’émancipation des femmes, a-t-il ajouté. Après avoir salué « la supervision par la Commission de la condition de la femme des progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d’action », M. Ali a mis l’accent sur le fait que la crise économique et financière internationale, les crises alimentaire et énergétique ainsi que les défis des changements climatiques pesaient sur la réalisation des OMD. La conjonction de ces crises exacerbe les inégalités, met en danger les acquis et complique la réalisation des buts restants, a-t-il constaté. M. Ali a par exemple indiqué que selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), la crise actuelle devrait avoir un impact particulièrement négatif sur l’emploi des femmes dans la plupart des régions du monde, en particulier dans les pays en développement toujours entravés par la pauvreté et l’analphabétisme.
« Progresser en matière d’égalité des sexes conduira à un développement plus rapide et plus robuste des économies. C’est pourquoi, dans le contexte international fragile où nous nous trouvons, la réalisation du Programme d’action de Beijing n’est pas que souhaitable, elle est essentielle », a martelé M. Ali. Pour le Président de l’ECOSOC, la Commission est un catalyseur crucial pour encourager les États et leurs partenaires de la société civile à redynamiser l’action aux niveaux international, régional et national. Il a assuré les délégations que les travaux de cette session aideront l’ECOSOC à renforcer l’ensemble de ses initiatives, y compris les volets sur la promotion de l’égalité entre les sexes et l’émancipation des femmes.
M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a tout d’abord signalé que c’est le Secrétaire général actuel qui a nommé le nombre le plus important de femmes secrétaires générales adjointes et sous-secrétaires générales. Il a estimé que l’examen de l’application du Programme d’action de Beijing devait être l’occasion de réorienter l’attention internationale et l’action nationale et locale vers la réalisation des OMD. Nous continuons de faire face à des crises multiples liées à l’insécurité alimentaire, aux changements climatiques et aux crises financières et économiques, défis qui ont tous des conséquences sur les femmes et sur les fillettes, a-t-il expliqué.
M. Zukang s’est ensuite félicité de ce qu’un nombre croissant de gouvernements avaient mis en place de meilleurs mécanismes institutionnels et des campagnes de sensibilisation afin de faire avancer la cause de l’émancipation des femmes. Le défi principal, a-t-il ajouté, n’est pas l’absence de progrès mais l’inégalité entre les progrès réalisés dans différentes régions du monde et au sein d’un même pays. M. Zukang a notamment indiqué qu’alors que les femmes étaient de plus en plus présentes sur le marché du travail, elles étaient représentées de manière disproportionnée dans le secteur informel qui paye mal et n’accorde pas de protection sociale.
J’engage les décideurs à prendre des mesures concrètes, comme la création de crèches et l’octroi de congés maternités plus longs, a-t-il dit. L’année 2010, a-t-il poursuivi, est une année cruciale pour accélérer l’égalité entre les sexes et l’émancipation des femmes. On ne pourra réaliser les OMD sans assurer égalité entre les sexes, a-t-il ajouté avant d’engager les délégations à adopter un calendrier d’action concret en prévision du Sommet sur les OMD qui doit se tenir en septembre. Il a également réclamé la mise en place d’un cadre politique et social intégré afin d’assurer une répartition équitable des fruits de la croissance économique.
Mme RACHEL MAYANJA, Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a jugé qu’il est temps de combler le fossé entre les paroles et l’action, les engagements et leur mise en œuvre. Il ne peut y avoir de progrès dans la réalisation des OMD sans avancées majeures dans l’égalité entre les sexes, a-t-elle affirmé, à son tour. Les inégalités et les discriminations qui persistent contre les femmes sapent tout progrès de développement mais aussi tout progrès dans la paix, la sécurité et les droits de l’homme. Pour Mme Mayanja, la gravité des crises actuelles ne doit pas empêcher les États de mettre pleinement en œuvre le Programme d’action de Beijing, afin « tout d’abord de préserver les acquis dans les domaines de l’éducation primaire et de l’emploi ». La Convention pour l’élimination de la discrimination l’égard des femmes, forte de 186 États parties, est pratiquement universelle; les politiques antisida ont gagné en efficacité en matière de prévention, de traitement et de conseil; et de nombreuses instances s’assurent qu’au sein même des gouvernements et des parlements, la dimension sexospécifique fasse partie des principaux rouages politiques et processus de prise de décisions, a reconnu Mme Mayanja.
Elle a poursuivi en notant qu’en dépit de ces progrès, l’amélioration « réelle des conditions d’existence des femmes se fait de manière inégale selon les régions ». Le rythme de réalisation des OMD est lent, notamment celui de l’OMD 5 relatif à la santé maternelle, a-t-elle dit, en ajoutant que l’illettrisme demeure en 2010 un « obstacle grave qui continue à entraver l’émancipation de centaines de millions de femmes ». En 2008, d’après l’OIT, le chômage des femmes était de 6,3% contre 5,9% chez les hommes, plus de femmes que d’hommes étant prisonnières d’emplois sous-payés et précaires, a encore expliqué Rachel Mayanja.
La Commission de la condition de la femme doit appréhender plus énergiquement la question de la pauvreté endémique des femmes, a-t-elle dit. Présentant ensuite les rapports de la session, Mme Mayanja a notamment souligné que les résultats de deux semaines de débats de haut niveau de la Commission représenteraient un apport crucial à l’établissement comme à la mise en œuvre de l’ensemble des programmes, stratégies et politiques en faveur de l’égalité de genre. Vos travaux pèseront sur l’issue de tous les autres événements de l’année, a-t-elle affirmé, en signalant que ses services se tiendront prêts à apporter leur contribution aux discussions de cette « importante session » de la Commission.
Mme INES ALBERDI, Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), a présenté le rapport du Fonds d’affectation spéciale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Elle a notamment expliqué que le Fonds était le mécanisme international clef pour appuyer les stratégies destinées à enrayer la violence faite aux femmes et aux fillettes, en appuyant notamment le renforcement des capacités et le partage des informations. Mme Alberdi a expliqué que le Fonds gérait un portefeuille évalué à près de 30 millions de dollars. Elle a indiqué, à titre d’exemple, que le Fonds avait financé une campagne de sensibilisation télévisuelle en Inde et équipé 300 dirigeants de la société civile en République démocratique du Congo (RDC) afin de faciliter l’accès à la justice de femmes victimes de violence sexuelle.
Elle a également évoqué la création de services sensés subvenir aux besoins des populations autochtones en Bolivie et en Équateur. Mme Alberdi a ensuite précisé qu’en 2009, le Fonds avait permis de financer 13 initiatives mises sur pied dans 18 pays et territoires, et que plusieurs de ces initiatives ciblaient des groupes de femmes et de fillettes particulièrement marginalisées, notamment les victimes de violence sexuelle et domestique, ainsi que les femmes Rom ou autochtones.
Mme Alberdi a poursuivi son intervention en indiquant que la Stratégie 2010-2015 du Fonds se fonderait sur les conclusions de son évaluation externe et porterait une attention particulière à l’amélioration de la gestion des connaissances et au renforcement des systèmes d’évaluation et de suivi. Elle a ensuite signalé qu’UNIFEM avait lancé une importante campagne de financement afin de réunir 100 millions de dollars par an d’ici 2015, en créant notamment un partenariat avec la Clinton Global Initiative. La Directrice exécutive d’UNIFEM a également estimé que la création de partenariats internationaux et régionaux permettrait au Fonds d’intensifier ses efforts en matière d’élimination de la violence faite aux femmes. Mme Alberdi a par ailleurs signalé qu’UNIFEM continuait de jouer un rôle actif pour promouvoir les initiatives interinstitutions et avait participé à l’organisation d’un colloque sur la mise en œuvre de la résolution 1820 du Conseil de sécurité.
Nombre des recommandations formulées à cette occasion ont été incorporées dans la résolution 1888 du Conseil qui engage les missions de maintien de la paix à protéger les femmes et les fillettes de la violence sexuelle en temps de conflit armé, a-t-elle signalé. L’UNIFEM participe également activement à la campagne UNiTE du Secrétaire général, a dit Mme Alberdi, pour ensuite indiquer qu’UNIFEM comptait appuyer les actions nationales, en veillant notamment à la cohérence des systèmes de justice formels et informels avec les normes internationales des droits de l’homme et en développant des mesures préventives pour enrayer la violence.
Mme NAELA GABR, Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), a axé sa déclaration sur les travaux de la dernière session de son Comité. Elle s’est notamment félicitée de la participation accrue des ONG aux travaux du Comité et a souligné les efforts de ce dernier pour sensibiliser les parlements aux objectifs de la Convention.
Concernant les interactions avec les organes des droits de l’homme, Mme Gabr a indiqué que le Comité avait continué de travailler en étroite coopération avec les mécanismes pertinents. Cet effort a conduit à l’établissement du groupe de travail conjoint CEDAW/Convention relative aux droits de l’enfant, dont la première réunion a porté sur la définition d’une approche commune en vue d’intensifier la promotion de l’élimination des pratiques traditionnelles nocives, a-t-elle expliqué.
Naela Gabr a ensuite signalé que le trentième anniversaire, en 2009, de l’adoption par l’Assemblée générale de la Convention avait été une occasion de célébrer l’adhésion quasi universelle à ce texte et de reconnaître que plus d’efforts doivent être engagés pour accélérer son application. Dans la déclaration qu’il a adoptée, le Comité, s’il n’a pas manqué de saluer les progrès réalisés en matière de protection des droits de l’homme, a souligné que l’égalité des sexes se fait toujours attendre dans tous les pays, a lancé Mme Gabr. Les femmes continuent de souffrir profondément de la violation de leurs droits, ce dont témoigne la persistance de la violence sexuelle dans les sphères publiques et privées, a-t-elle ajouté.
Concluant, elle a plaidé pour un rapprochement entre la Convention, le Programme d’action de Beijing et les résultats de Beijing+10. Pour le Comité, ces documents sont complémentaires et offrent le cadre de référence permettant aux États d’honorer leurs obligations en matière d’égalité entre les sexes et d’émancipation de la femme, a-t-elle conclu.
Déclarations
Mme AJA Dr. ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente et Ministre des affaires de la femme de la Gambie, a indiqué que son pays était pleinement conscient de l’importance d’assurer la participation des femmes et des fillettes au processus de développement national. Elle a précisé que la Gambie mettait actuellement sur pied sa politique nationale en matière d’émancipation de la femme pour la période 2010-2020. Elle a également indiqué qu’au mois de novembre dernier, son pays avait accueilli la huitième conférence africaine régionale sur les femmes Beijing+15 qui avait permis l’adoption de la Déclaration de Banjul.
Mme Njie-Saidy a expliqué que cette Déclaration met l’accent sur les sept domaines prioritaires pour accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, notamment l’émancipation économique des femmes; la paix, la sécurité et le développement; la violence faite aux femmes; la participation des femmes au processus de prise de décision; la santé sexuelle, reproductive et le VIH/sida; les changements climatiques et la sécurité alimentaire ainsi que le financement de l’égalité entre les sexes.
Passant ensuite à la situation des femmes gambiennes, Mme Njie-Saidy s’est félicitée de ce qu’un nombre plus important de femmes participaient aux secteurs formels et informels de l’économie. Elle a aussi indiqué que le taux d’inscription des fillettes à l’école secondaire était passé de 61 à 92%.
Mme MENG XIAOSI, Vice-Présidente du Comité de travail national sur les femmes et les enfants de la Chine, a souligné d’emblée que son pays abrite un cinquième des femmes dans le monde. Le Gouvernement, a-t-elle dit, a fait des efforts énormes pour promouvoir l’égalité entre les sexes et le respect des engagements pris en vertu des mécanismes multilatéraux auxquels il a souscrit. Elle a insisté sur le fait que son Gouvernement concentre son action sur le règlement des problèmes concrets liés aux secteurs qui affectent directement la vie des Chinois, à savoir l’éducation, l’emploi, la sécurité sociale, la santé publique, le logement et les transports.
Des mesures supplémentaires ont été prises pour renforcer la composante « genre » dans la législation, a précisé l’oratrice, qui a indiqué que cette question avait été au cœur du plan quinquennal de développement 2006-2010. Aujourd’hui, huit femmes occupent des postes de direction au plus haut niveau de l’État. La Chine compte également 230 femmes politiques au niveau ministériel dans les provinces alors que plus de 670 maires et adjointes dans plus de 600 villes sont des femmes, a encore énuméré Mme Meng Xiaosi.
Elle a assuré que son Gouvernement avait augmenté les budgets de la santé maternelle pour appuyer divers projets visant à réduire la mortalité néonatale ainsi que l’incidence des cancers du sein et du col de l’utérus dans les zones rurales. En 2007, le taux de mortalité maternelle a baissé, passant de 53 pour 100 000 à 36,6 pour 100 000, a-t-elle noté, en ajoutant qu’actuellement l’espérance de vie des Chinoises est de 75,3 ans. La Chine est un pays en développement, a-t-elle rappelé, où la réduction de la pauvreté, la lutte contre les maladies, les catastrophes naturelles et l’amélioration générale des conditions de vie de la population vont être les priorités des décennies à venir. Elle a assuré que dans ce contexte, la sensibilisation aux questions du genre à tous les niveaux de l’action gouvernementale va être intensifiée.
Le chemin est encore long, mais nous devons garder à l’esprit que les femmes sont une force vitale pour le développement humain. Sans leur participation, la paix, le développement et l’égalité resteront des vœux pieux, a-t-elle estimé avant de faire des 15 ans de l’adoption de la Déclaration de Beijing un nouveau départ pour la défense de la cause des femmes dans le monde.
M. ADBULLAH M. ALSAIDI (Yémen), qui intervenait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a constaté que 15 ans après l’adoption de la Déclaration de Beijing, de nombreux défis et obstacles entravaient encore sa mise en œuvre. Il a notamment évoqué la persistance de la pauvreté, le faible taux de scolarisation chez les filles et la persistance de la violence sexuelle. Il a également relevé que l’accès au marché du travail demeurait limité pour les femmes qui sont toujours sous-représentées dans les postes de direction. Le représentant a dénoncé la persistance des stéréotypes dans les médias. Il a poursuivi en appelant la communauté internationale à accorder une attention particulière à la situation des femmes vivant sous occupation étrangère.
Le Groupe des 77 et de la Chine, a-t-il conclu, souligne la nécessité de renforcer la coopération et les partenariats internationaux pour réaliser l’égalité entre les sexes. Le représentant s’est dit préoccupé par le fait que depuis l’expiration, au mois de décembre dernier, du mandat du Directeur de l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW), son remplaçant n’ait toujours pas été nommé.
Mme BIBIANA AIDO, Ministre de l’égalité de l’Espagne, au nom de l’Union européenne (UE), a indiqué que l’UE entrait dans une nouvelle phase avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Même si depuis 1997, l’Union a fait de l’élimination des inégalités entre hommes et femmes un objectif commun, le nouveau Traité a mis la barre plus haut en rendant la Charte des droits fondamentaux juridiquement contraignante. La Charte réitère l’importance de l’égalité entre les sexes dans tous les domaines, a-t-elle ajouté. Pour Mme Aido, il faut « profiter » de la crise actuelle pour intégrer la perspective sexospécifique dans les réponses politiques et budgétaires aux défis.
Dans ce cadre, l’UE est consciente du rôle crucial que doivent tenir la société civile, les partenaires sociaux et le secteur privé, a-t-elle dit, saluant les contributions des organisations de femmes à la promotion d’une participation accrue des femmes aux processus de prise de décisions. Depuis 1999, le Conseil européen exhorte les pays membres de l’UE à mener des politiques égalitaires. Pour marquer les 15 ans de l’adoption de la Déclaration de Beijing, la Présidence suédoise de l’Union européenne a publié l’an dernier un rapport identifiant les obstacles et défis restants.
Mme Aido a fait savoir qu’en novembre 2009, le Conseil européen avait approuvé ce rapport et réaffirmé l’engagement des pays membres à la pleine mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Dans ses conclusions, le Conseil a demandé aux pays membres de produire des indicateurs dans deux domaines cruciaux et trop négligés, à savoir les femmes et l’environnement et les femmes et les médias, a-t-elle expliqué. Mme Aido a souligné que l’UE avait obtenu des avancées considérables en matière de lutte contre les violences domestiques et l’exploitation des filles et des femmes. Elle a ensuite souligné le rôle que les femmes peuvent et doivent jouer dans la prévention et le règlement des conflits, la consolidation de la paix et la reconstruction postconflit. C’est en ce sens que l’UE réaffirme son attachement à l’application des résolutions 1325, 1820, 1888 et 1889 du Conseil de sécurité, a-t-elle dit.
En conclusion, Mme Aido a expliqué qu’afin de renforcer les démocraties européennes, l’Union continuera d’œuvrer à l’élimination de tous les obstacles qui empêchent les femmes de participer, sur un pied d’égalité, à la vie sociale, économique et politique. A cette fin, l’UE s’efforcera de promouvoir la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale ainsi que le partage équitable des responsabilités familiales, a-t-elle dit.
Mme CARMEN ANDRADE, Ministre du service national pour les femmes du Chili, qui intervenait au nom du Groupe de Rio, a tout d’abord remercié la communauté internationale pour les condoléances qu’elle lui a présentées depuis le tremblement de terre. Évoquant la situation en Haïti, elle a estimé que les femmes haïtiennes devaient participer à toutes les étapes de l’aide humanitaire d’urgence. Mme Andrade a dénoncé la violence faite aux femmes, la féminisation de la pauvreté, la situation des femmes migrantes et autochtones, le mauvais accès aux soins de santé et l’inégalité des femmes et des hommes devant l’emploi. Le Groupe de Rio insiste sur la nécessité de renforcer le dialogue international ainsi que sur la coopération Nord-Sud et Sud-Sud, a-t-elle indiqué.
Elle a reconnu que la violence faite aux femmes était le principal problème discriminatoire de l’Amérique latine et des Caraïbes où une femme sur trois est victime de cette violence. Le Groupe de Rio, a-t-elle ajouté, est fermement engagé à éradiquer ce fléau. Mme Andrade a souligné l’importance de promouvoir l’indépendance économique des femmes, en particulier des femmes rurales. Elle a souhaité que les États Membres s’accordent sur les détails entourant la création, au sein de l’ONU, de la nouvelle architecture sur l’égalité entre les sexes.
Elle a également fait part de ses préoccupations face au poste toujours vacant de Directeur de l’INSTRAW. Après avoir annoncé la tenue, en juin 2010, de la onzième Conférence régionale des femmes en Amérique latine, Mme Andrade a indiqué que sa délégation accordait une attention particulière aux progrès réalisés par les groupes sous-régionaux.
M. FIAME NAOMI MATA’AFA, Ministre du développement social, des communautés et des femmes de Samoa, au nom du Forum des îles du Pacifique, a reconnu que la violence sexuelle est toujours un problème majeur dans sa région. « Dans les îles Salomon, ce ne sont pas moins des deux tiers des femmes qui, dans la sphère privée, ont fait l’expérience de ce fléau ». Il a noté que les autorités avaient mis en place des plans d’action nationaux pour, en étroite coopération avec les ONG, mettre fin à cette forme de violence et protéger les droits de la femme. Il a estimé que c’est désormais au niveau des législations que la question de la violence sexuelle doit être appréhendée. Les pays du Pacifique doivent s’inspirer de Vanuatu, qui a récemment adopté une telle législation en faveur de l’égalité entre les sexes, a-t-il estimé.
Des objectifs internationaux comme une plus grande participation des femmes à la vie publique et la création d’indicateurs sexospécifiques sont de plus en plus souvent repris par les pays de la région et débattus dans les réunions du Forum, a-t-il renchéri. Il a également précisé que les îles Salomon, la Micronésie et la Papouasie-Nouvelle Guinée examinaient diverses options pour augmenter le nombre de femmes au parlement, et ce grâce à des mesures temporaires spéciales comme les mesures définies par la CEDAW. En conclusion, le Ministre samoan a plaidé pour une participation accrue des femmes dans les politiques nationales et globales de lutte contre les conséquences catastrophiques des changements climatiques, qui « représente le plus grand défi pour l’avenir de nos pays ».
Mme MAGDALENA FAILLACE (Argentine), qui intervenait au nom de MERCOSUR, a indiqué que quinze ans après la Déclaration de Beijing, la participation des femmes d’Amérique latine en politique avait fortement progressé et que ces dernières participaient en plus grand nombre aux pouvoirs législatif et judiciaire. L’augmentation du nombre de femmes parlementaires a permis à nos pays d’adopter plusieurs lois de lutte contre la violence faite aux femmes, la traite des personnes et la prostitution infantile. Elle a aussi permis, a ajouté la représentante, l’adoption de dispositions sur le droit au travail et l’accès des femmes à la santé sexuelle et reproductive. La représentante a signalé que la réunion spéciale du MERCOSUR sur les femmes était l’un des principaux fora pour examiner les politiques régionales en matière de droits des femmes.
Mme Faillace a également signalé que la lutte contre la pauvreté, assortie d’une dimension sexospécifique, et la réalisation des OMD demeuraient une des priorités principales des gouvernements de la région. Notre but est d’assurer l’émancipation économique de toutes les femmes de la région, a-t-elle dit. Elle a indiqué que les membres du MERCOSUR s’étaient engagés à assurer la mise en œuvre de la Convention interaméricaine sur la violence faite aux femmes. Elle a également signalé la signature d’un accord entre l’Argentine, le Brésil et le Paraguay pour lutter contre la traite des êtres humains.
Mme SELMA ALIYE KAVAF, Ministre de la condition féminine et des questions familiales de la Turquie, est intervenue brièvement pour déclarer que la prévention de la violence contre les femmes, « qui est un problème mondial », fait partie des priorités de son Gouvernement. Nous sommes déterminés à mettre fin à ce fléau, a-t-elle dit, citant notamment les avancées du Plan d’action national 2007-2010 dans les domaines législatif, de l’émancipation, de la sensibilisation du public et de la coopération interinstitutionnelle. La Ministre turque a aussi mis l’accent sur les mesures incitatives prises par son Gouvernement pour attirer les femmes dans les emplois des secteurs de la santé, judiciaire et de la sécurité. À ce stade, grâce à des opérations spéciales de formation, nous pouvons nous targuer d’avoir engagé 40 000 policières, 50 000 personnels de santé et 2 500 juges femmes, a-t-elle fait savoir.
Mme PANSY WONG, Ministre de la condition féminine de la Nouvelle-Zélande, a signalé que depuis l’adoption de la Déclaration de Beijing, son pays avait accompli des progrès notables dans les domaines de l’éducation et de l’emploi, et qu’il jouait également un rôle important dans la promotion des droits des femmes et des fillettes, sur le plan international. Mme Wong s’est dite préoccupée par le fait que chaque jour, 1 500 femmes mouraient en couche et que de nombreuses autres étaient victimes de traumatismes graves liés à la grossesse. C’est une catastrophe humaine et nous devons redoubler d’efforts pour améliorer l’accès des femmes et des fillettes aux soins de santé, notamment aux soins obstétriques d’urgence et à la planification familiale, a-t-elle estimé. Elle a également regretté l’insuffisance des progrès dans la lutte contre la violence faite aux femmes. La représentante a souligné que son Gouvernement accordait une attention particulière aux raisons qui encouragent ou découragent les femmes à déposer plainte pour violence.
Mme HARRIET HARMAN, Secrétaire d’État à la condition féminine et à l’égalité du Royaume-Uni, a expliqué que son Gouvernement avait défini trois priorités, à savoir aider les femmes à trouver un équilibre entre leur travail et leur vie de famille; prévenir la violence contre elles; et renforcer la représentation des femmes dans la vie démocratique britannique. Elle a estimé que son pays avait accompli des progrès considérables dans ces domaines, lesquels seront renforcés quand le Parlement adoptera une nouvelle loi sur l’égalité, a-t-elle ajouté. Mme Harman a estimé qu’en dépit des progrès réalisés au plan international en matière d’égalité entre les sexes, en particulier s’agissant de la participation à la vie politique, la maîtrise des systèmes politiques est toujours le domaine réservé des hommes.
Elle a jugé que, dans ce contexte, la nouvelle architecture de l’ONU sur la promotion de la femme sera d’une importance capitale pour renforcer les mesures de protection des droits de la femme dans les pays qui ont le plus de difficultés à lutter contre la pauvreté, les conflits et les phénomènes désastreux pour le développement que sont la mortalité maternelle et les épidémies. La Secrétaire d’État britannique a appelé ses consœurs à s’inspirer des femmes « pionnières » impliquées dans la vie parlementaire au Ghana, au Nigéria ou encore en Tanzanie. La nouvelle entité de l’ONU, qui devra être adoptée en septembre prochain par l’Assemblée générale, devra s’appuyer sur leurs efforts, a plaidé Harriet Harman. Les femmes du monde entier comptent sur notre volonté politique pour faire avancer durablement leur cause, a-t-elle conclu.
Mme MARIA YOLANDA FERRER GOMEZ, Membre du Conseil d’État de Cuba, a indiqué que si les engagements en matière de financement n’étaient pas tenus, les divers programmes destinés à enrayer la pauvreté risquaient de rester lettre morte, entrainant des conséquences néfastes sur la condition des femmes. Elle a estimé que le blocus international que maintient le Gouvernement des États-Unis contre son pays était la forme de violence la plus dure que connaissent les femmes cubaines, car il entrave de façon notable le développement économique du pays. Mme Ferrer Gomez a ensuite indiqué que le Gouvernement cubain avait lancé, cette année, le troisième volet de son programme de suivi de la Déclaration de Beijing.
Mme VIVIANE REDING, Vice-Présidente de la Commission européenne, a noté que l’égalité entre les sexes et l’émancipation des femmes faisaient désormais partie des droits fondamentaux énoncés dans la Charte européenne. À l’occasion de cette session, a-t-elle poursuivi, nous présenterons de surcroît une Charte politique des femmes. Soulignant à son tour que « beaucoup a été fait » depuis l’adoption de la Déclaration de Beijing, elle a reconnu la persistance de nombreux défis et obstacles. Soixante-sept pour cent des jeunes mères dans le monde sont au chômage et l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale n’est toujours pas favorable aux femmes, a-t-elle notamment pointé.
Mme Reding a plaidé pour l’accroissement du nombre de femmes dans les parlements, « là où les décisions déterminantes se prennent ». Appelant ensuite à un véritable changement de mentalité sur la question du genre, elle a souhaité que la nouvelle entité de l’ONU sur la promotion de la femme soit adoptée à la prochaine session de l’Assemblée générale. La Cinquante quatrième session de la Commission pourrait être décisive pour faciliter ce processus, a-t-elle conclu.
Tables rondes parallèles de haut niveau sur « La mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale et sa contribution à l’adoption d’une démarche soucieuse de l’égalité des sexes en vue de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement »
Lors de cette table ronde, Mme CAREN BROWN, Économiste à l’Université américaine de Washington et Codirigeante de l’Équipe 3 du Projet Objectifs du Millénaire sur l'éducation primaire et l'égalité des sexes, s’est demandée jusqu’où les États étaient prêts à aller pour atteindre les objectifs internationaux en matière de genre, cela « dans un contexte de conjonction de crises marqué par l’aggravation du chômage des femmes et d’accroissement de la pauvreté ». Selon elle, la situation impose un changement rapide des priorités et de la manière dont fonctionnent les institutions spécialisées. Elle a souligné que la réalisation de l’OMD 3, qui est d’éliminer les disparités entre les sexes, était « la cheville ouvrière de tous les autres ». « Les chercheurs comme moi mais surtout les décideurs politiques ont besoin de plus de données et d’indicateurs précis pour évaluer au plus près les progrès réalisés et les besoins, qui changent au gré des événements », a-t-elle dit.
« Éducation, santé, emploi, assainissement, transports, participation politique, réduction de la violence sexuelle: tous ces domaines clefs requièrent des analyses fines pour permettre d’aligner les stratégies », a dit Mme Brown. Pour elle, l’accent doit être mis sur la situation particulière des adolescentes, y compris les jeunes mères célibataires, plus vulnérables que les autres aux violences sexuelles, à la pandémie du VIH/sida dans les pays africains, ou encore aux injustices dans l’accès au travail.
Appelant au renforcement de l’éducation secondaire, Mme Brown a prôné la création d’aides sociales spécifiques en faveur des jeunes filles les plus désavantagées et d’établissements scolaires dans les zones enclavées. « L’éducation de base doit être obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans au moins et les États doivent prendre des mesures fortes pour permettre à celles qui le souhaitent de poursuivre leurs études à l’université », a également recommandé la panéliste. De nouveau, elle a souligné l’importance qu’il y a à ce que l’ONU se dote d’une vraie base de données sur les besoins éducatifs des plus jeunes dans les pays en développement; des données « aussi bonnes que celles sur la santé sexuelle et génésique et sur la base desquelles des politiques efficaces ont pu être élaborées et menées », a-t-elle dit.
Sur ce dernier point, Mme Brown a déploré qu’en 2010, la communauté internationale ne soit toujours pas capable, « alors qu’elle en a les moyens », d’empêcher la mort de quelque 500 000 femmes qui meurent d’un manque d’accès à la santé sexuelle et reproductive. « Comme on l’a vu au Honduras ou encore au Bangladesh, la formation du personnel de santé et les réformes du système de santé s’appuyant sur un financement adapté, ont permis une amélioration notable des conditions de vie des femmes», a indiqué la panéliste.
Elle a ensuite précisé qu’à chaque fois que la situation des femmes rurales s’est améliorée, un effort particulier avait été consenti pour réformer le secteur des transports. La réduction du temps et l’amélioration des moyens techniques pour effectuer des activités aussi vitales que la collecte d’eau ont toujours un impact positif sur l’émancipation des femmes, qui, lorsqu’elles disposent de plus de temps, se concentrent naturellement à des activités éducatives et salariées », a-t-elle encore fait remarquer.
Les délégations ont appuyé ces propos et fait part des expériences menées dans leur pays pour lutter contre les inégalités de genre. Aussi, la représentante de l’Indonésie a-t-elle souligné l’importance de maintenir une synergie active entre la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et la réalisation des OMD, dont « les objectifs communs ont été intégrés dans les programmes de développement » de son pays, a-t-elle dit.
Elle a aussi, à son tour, préconiser de mettre l’accent sur les secteurs de la société les plus menacés par les crises, comme l’éducation, la santé ou encore le microcrédit, et qui se sont avérés, au cours des dernières décennies, les plus efficaces pour faire avancer la cause des femmes.
Comme d’autres participants à la discussion, elle a insisté sur le fait que la lutte contre la violence contre les femmes était essentielle pour que les progrès obtenus ne se voient pas diminués. « Ce combat implique de modifier régulièrement le cadre juridique des Etats », a-t-elle lancé, en rappelant que la protection des filles et des femmes était la condition préalable à leur participation efficace à la vie publique et économique.
La représentante de la Grèce a admis que l’UE avait négligé la situation des adolescentes. « Ces dernières sont vulnérabilisées par les facteurs que vous avez décrits », a-t-elle avoué à la panéliste. « Nous devons repenser ce que nous appelons éducation sexuelle d’êtres humains de plus en plus réduits au statut d’objet sexuel dans nos sociétés », a-t-elle estimé. Elle a par ailleurs qualifié les écarts de salaires persistants entre hommes et femmes de phénomène « véritablement démoralisateur » chez des femmes, y compris les Européennes, qui ont travaillé aussi dur que les hommes pour accéder à des postes à responsabilités.
L’Espagne a repris une partie de la déclaration prononcée au nom de l’UE dans le cadre du débat plénier appelant les pays membres de l’Union à lutter plus énergiquement et avec plus de créativité contre la féminisation de la pauvreté dans le contexte actuel de la crise mondiale. Les documents de Beijing et les OMD sont des cadres de choix pour mener à bien nos efforts en faveur de l’autonomisation des femmes, a-t-elle aussi répété. L’Allemagne a appuyé ces propos et ceux de Mme Brown en reconnaissant que l’inégalité entre hommes et femmes exigeait le développement d’une approche multidimensionnelle sur une base statistique solide.
« En Allemagne, nous nous concentrons sur l’ensemble du cycle de vie des femmes pour voir comment évoluent les problèmes qu’elles rencontrent en terme de droits », a dit le représentant de ce pays. La représentante de la Jordanie a également soutenu que les changements de politique générale doivent « se faire sur la base des données que la panéliste a évoquées ».
« Les États, aux côtés de leurs partenaires de la société civile, doivent aussi lutter contre les stéréotypes qui emprisonnent les femmes dans un statut inacceptable de victimes. La même humanité qui nous unit doit nous aider à empêcher que dans chaque conflit ou pendant les crises les plus graves, ce soient toujours les femmes qui paient le prix cher », a-t-elle dit.
Plusieurs participants dont la Suisse et le Pakistan, ont mis en avant l’effort de budgétisation sensible au genre dans leur pays. En fin de réunion, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a demandé qu’en ces temps de crise financière et économique internationale, « au moment où les budgets sont réduits », les nations investissent dans des secteurs « rentables » sur la durée. « Plus que jamais, il est temps de miser sur les femmes en renforçant leurs capacités d’action et leur possibilité de contribuer au relèvement économique de leur pays », a-t-elle lancé.
Au cours de l’autre table ronde, Mme LYDIA ALPÍZAR DURÁN, de l’Association Women´s Rights in Development (AWID), a d’emblée affirmé que malgré leur importance, les OMD volent la vedette aux conférences et sommets organisés, au cours des années 90, sur les droits de la femme. Les délibérations actuellement en cours pour faire avancer les OMD doivent impérativement prendre en compte des stratégies visant à faire progresser la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. Elle a réclamé l’établissement d’objectifs concrets pour assurer la mise en œuvre à la fois du Programme d’action de Beijing et des OMD. Elle a proposé qu’un pourcentage précis de l’aide publique au développement (APD) soit réservé à l’aide aux femmes et aux enfants.
Mme Alpízar Durán a estimé que le respect des droits de la femme et l’égalité entre les sexes exigeaient le renforcement des différents aspects de l’émancipation de la femme. Elle a notamment cité l’émancipation économique et politique, la lutte contre la violence sexiste et l’autonomie sexuelle et reproductive.
Elle s’est inquiétée du fait que le rapport du Secrétaire général ne faisait aucune mention des nouvelles formes de violence dont sont victimes les femmes, les « féminicides » au Guatemala et au Mexique. Elle a dénoncé le silence qui entoure l’influence croissante des fondamentalistes religieux opposés à l’égalité entre les sexes et l’augmentation du nombre des attaques qui prennent pour cible les femmes défenseurs des droits de la femme.
Mme Alpízar Durán a poursuivi en affirmant que l’ONU ne disposait pas de ressources suffisantes pour assurer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. La nouvelle entité consacrée aux femmes devra faire preuve d’une grande capacité au niveau des pays et disposer d’un budget annuel d’au moins un milliard de dollars afin de pouvoir pleinement s’acquitter de son mandat. Elle a souhaité la création d’un mécanisme destiné à faciliter la participation de la société civile et des organisations de femmes.
Évoquant par ailleurs la situation en Haïti, Mme Alpízar Durán a proposé l’adoption d’une résolution pour s’assurer que l’aide humanitaire atteigne bel et bien les femmes haïtiennes et que celles-ci puissent participer au processus de prise de décisions.
Au cours du débat qui a suivi cette intervention, nombre de délégations ont mis l’accent sur les mesures lancées sur le plan national pour faire avancer l’émancipation des femmes. La représentante du Kazakhstan a notamment expliqué que son pays accordait une attention particulière à l’appui aux femmes entrepreneurs alors que son homologue de l’Argentine a expliqué qu’une loi sur les quotas avait permis de faciliter la participation des femmes à la vie politique de son pays.
La représentante de l’Italie a prévenu que l’impact négatif de la crise économique sur les femmes fait qu’elles seront amenées à affronter de nombreux défis, notamment en matière d’emploi, de discrimination et de violence. Elle a réclamé plus d’efforts pour leur permettre de concilier la vie professionnelle et la vie familiale. Le rôle de la femme comme « force motrice de l’intégration sociale » a été souligné par la Syrie avant que Mme Alpízar Durán ne s’inquiète du fait que la famille pourrait devenir un obstacle supplémentaire à l’émancipation des femmes.
Le représentant de la Norvège s’est insurgé contre le fait que l’investissement financier dans l’égalité entre les sexes laissait à désirer alors même que des sommes importantes d’argent avaient été débloquées pour renflouer les secteurs économique et financier.
S’agissant des liens entre les OMD et le Programme d’action de Beijing, la représentante du Maroc a affirmé que « l’égalité entre les sexes était à la fois un objectif et un moyen de réaliser les OMD », tout en insistant sur l’importance d’assurer la présence de femmes aux postes à responsabilités.
« La réalisation de l’OMD 3 n’est-elle pas une condition sine qua non de la réalisation de tous les autres objectifs? », a renchéri la représentante de la Belgique pour qui « une des faiblesses conceptuelles majeures » des OMD était leur incapacité à suivre l’évolution des inégalités entre les sexes. On pourrait voir en même temps la réalisation des OMD et l’aggravation des inégalités, s’est-elle alarmée.
La représentante de la Malaisie s’est attardée sur la persistance de stéréotypes sexistes et la réticence à évoquer le sujet, avant que son homologue d’Israël ne fasse observer que les systèmes juridiques faisaient perdurer la discrimination.
Réagissant à ces propos, Mme SANYE GÜLSER CORAT, Directrice de la Division pour l’égalité entre les sexes de l’UNESCO, a estimé que la promotion des droits de la femme devait être considérée comme une partie intégrante de la réponse aux crises actuelles. Elle a mis l’accent sur l’importance de l’éducation et sur la nécessité d’enrayer les facteurs d’exclusion qui entravent l’éducation des femmes et des fillettes.
Mme RUTH OCHIENG, Directrice de l’Isis-Women International Cross Cultural Exchange, a relevé que peu de commentaires avait porté sur l’égalité et l’émancipation de la femme en situation de conflit armé. « Aucune femme ne sera émancipée si elle n’a pas accès aux soins de santé sexuelle et reproductive car aucune femme ne saurait être réhabilitée si son bien-être corporel n’est pas assuré », a-t-elle enchaîné.
« Si une femme n’est pas en bonne santé », a poursuivi, Mme Ochieng, « elle ne pourra pas participer aux activités de développement. La santé de la femme est au centre du développement ». Mme Alpízar Durán a insisté sur l’importance de la collecte de données ventilées par sexe.
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