La Vice-Secrétaire générale encourage les États d’Afrique centrale à utiliser au mieux les compétences de l’ONU pour combattre l’afflux d’armes illicites
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LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE ENCOURAGE LES ÉTATS D’AFRIQUE CENTRALE À UTILISER AU MIEUX
LES COMPÉTENCES DE L’ONU POUR COMBATTRE L’AFFLUX D’ARMES ILLICITES
On trouvera ci-après le texte intégral de la déclaration que la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Asha-Rose Migiro, a prononcée devant le Conseil de sécurité, le 19 mars 2010, dans le cadre d’un débat sur le thème « Région d’Afrique centrale: impact du trafic illicite des armes sur la paix et la sécurité »:
Nous savons depuis longtemps que l’afflux d’armes illicites vers l’Afrique est largement facilité par le secret qui l’entoure. Nous sommes donc reconnaissants à la présidence gabonaise d’avoir convoqué un débat sur cet important sujet au Conseil de sécurité.
Le Conseil s’est souvent penché sur les problèmes relatifs aux armes classiques, le plus souvent dans le cadre de crises spécifiques ou de l’examen d’embargos sur les armes.
En 1999, le Conseil a inscrit la question des armes légères à son ordre du jour et a adopté une déclaration présidentielle (S/PRST/1999/28) soulignant l’importance de la coopération régionale dans la lutte contre ce problème. Depuis lors, le Conseil a reconnu à maintes reprises l’effet dévastateur qu’ont les armes illicites sur la paix et la sécurité internationales et régionales, le développement économique et social, et les civils, les femmes et les enfants. Le Conseil a également souligné la nécessité d’adopter des mesures afin de décourager les mouvements d’armes en Afrique centrale.
Dans la sous-région, la demande locale reste élevée, en particulier en provenance de nombreuses milices et de groupes rebelles. Les capacités nationales et régionales limitées, la perméabilité des frontières et les répercussions des conflits dans la région ont empêché la mise en place d’un contrôle efficace des armes légères.
En conséquence, l’Afrique centrale est inondée d’armes illicites, ce qui exacerbe la violence entre communautés intercommunales, augmente la criminalité transfrontalière et menace les processus de paix et de réconciliation nationale.
Le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre n’est jamais un phénomène isolé. Le trafic d’armes en Afrique centrale repose sur des liens complexes, non seulement avec les conflits, mais également avec un certain nombre d’autres activités criminelles qui sapent les efforts que nous déployons pour créer une justice sociale, promouvoir l’état de droit et réaliser à terme les objectifs du Millénaire pour le développement.
Le lien entre l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles et la prolifération illicite du trafic d’armes est devenu de plus en plus évident. Ce fait est à son tour devenu l’un des principaux facteurs qui alimentent et exacerbent les conflits en Afrique centrale. La responsabilité principale de l’élimination de ce commerce illicite incombe aux États. Les mesures prises par les autorités nationales pour promouvoir des programmes de désarmement et de maîtrise des armes sont louables, tout comme le sont les efforts collectifs déployés par l’intermédiaire de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale. Toutefois, la menace plane toujours.
À cet égard, je souhaite faire trois observations.
Premièrement, la paix et la sécurité en Afrique centrale passent par un engagement solennel de la part des États de la sous-région et des États fournisseurs d’armes, qui doivent s’attacher à faire davantage d’efforts, séparément et collectivement, en vue d’éliminer le trafic d’armes.
Deuxièmement, dans le cadre de ces efforts, les États de la sous-région doivent s’engager plus fermement à appliquer les instruments internationaux et à renforcer leurs capacités afin de mieux identifier et combattre les entités impliquées dans des activités de courtage illicite.
Ces instruments incluent le Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, le Protocole des Nations Unies sur les armes à feu et l’Instrument international de traçage. Nous devons également appuyer l’adoption d’un traité sur les armes au niveau mondial, ainsi que la mise en œuvre de projets communautaires de désarmement et d’établissement de la confiance.
Troisièmement, les États d’Afrique centrale doivent utiliser de la meilleure façon possible les outils et les compétences de l’ONU.
Le Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies, par exemple, joue un rôle important car il aide les États à réglementer les armes classiques et à promouvoir le désarmement et la non-prolifération.
Le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique prodigue des conseils techniques aux États, aux organisations sous-régionales et à la société civile et leur fournit des programmes de renforcement des capacités, notamment en matière de formation, d’assistance juridique et d’élaboration de registres régionaux et d’instruments de transparence.
Le Secrétaire général et moi-même nous félicitons de la décision ministérielle prise par le Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale de confier au Centre le mandat d’aider à rédiger le premier instrument juridiquement contraignant de la sous-région sur la maîtrise des armes légères et de petit calibre, des munitions, des explosifs et du matériel nécessaire à leur fabrication.
Les autres priorités urgentes sont les suivantes : la gestion des stocks, la sécurité des armes et des munitions, ainsi que des mesures visant à contrôler l’importation, l’exportation, le transit et la réexportation d’armes. Il faut également faire plus pour renforcer les capacités nationales en matière de marquage des armes, tenir des registres exacts et veiller au traçage des armes illicites, conformément aux normes internationales et régionales.
Chacun sait que la faiblesse des capacités régionales et nationales de réglementation et d’application des lois face au trafic illicite des armes est associée aux causes structurelles des conflits armés et de la violence.
C’est pourquoi les décisions et les actions du Comité consultatif permanent sont extrêmement importantes pour s’attaquer aux outils de la violence, concevoir des moyens d’améliorer la sécurité au niveau sous-régional, et créer les conditions nécessaires à un développement durable.
Le Secrétaire général exhorte le Conseil de sécurité et l’ensemble des États Membres à fournir toute l’assistance nécessaire pour aider les États d’Afrique centrale à atteindre ces objectifs.
Encore une fois, je félicite le Gouvernement gabonais du rôle moteur qu’il a assumé pour porter cette question devant le Conseil.
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