Conférence de presse à l’occasion de la publication du Rapport mondial 2010 de l’OMS sur les progrès accomplis dans la lutte contre le paludisme
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CONFÉRENCE DE PRESSE À L’OCCASION DE LA PUBLICATION DU RAPPORT MONDIAL 2010 DE L’OMS SUR LES PROGRÈS ACCOMPLIS DANS LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME
À l’occasion de l’annonce de la publication du Rapport de 2010 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le paludisme dans le monde, Mme Margaret Chan, Directrice générale de l’OMS, intervenant par vidéoconférence depuis le siège de l’OMS à Genève, s’est félicitée des progrès sans précédent enregistrés dans la lutte contre le fléau du paludisme.
« Les résultats exposés dans ce Rapport sont les meilleurs depuis des décennies. Après tant d’années de stagnation et de dégradation de la situation, les pays affectés par le paludisme et leurs partenaires de développement sont passés à l’offensive, et les stratégies actuelles portent leurs fruits », a-t-elle estimé.
Une extension massive des programmes de lutte antipaludique entre 2008 et 2010 a ainsi permis de fournir assez de moustiquaires imprégnées d’insecticide pour protéger plus de 578 millions de personnes exposées aux risques posés par le paludisme en Afrique subsaharienne. La pulvérisation d’insecticides à effet rémanent à l’intérieur des habitations a également protégé 75 millions de personnes, c’est-à-dire 10% de la population à risque en 2009.
En Afrique, ce ne sont pas moins de 11 pays qui ont enregistré une réduction de plus de 50% du nombre de cas confirmés de paludisme ou d’hospitalisations et de décès dus à la maladie au cours de la décennie écoulée, a indiqué la Directrice générale de l’OMS. « Hors Afrique, la carte de la maladie a considérablement diminué », a poursuivi Mme Chan. Le Maroc et le Turkménistan ont ainsi été certifiés par l’OMS comme ayant éliminé le paludisme en 2009, a-t-elle indiqué.
M. Ray Chambers, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le paludisme, lui a emboîté le pas en estimant que la cible définie par M. Ban Ki-moon, qui est de parvenir à « zéro mort » due au paludisme en 2015, « était à portée de main ».
« L’extension phénoménale de l’accès aux interventions de lutte antipaludique se traduit directement par un nombre important de vies sauvées, comme l’indique clairement le Rapport de l’OMS », a estimé M. Chambers. « La montée en puissance stratégique qui permet de faire reculer le paludisme constitue une étape décisive dans l’effort pour combattre les menaces pour la santé liées à la pauvreté. En préservant cet acquis essentiel, nous pourrons mettre fin à la mortalité palustre d’ici à 2015 », a estimé l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le paludisme, citant à cet effet l’exemple de Zanzibar.
Les deux officiels onusiens ont néanmoins invité la communauté internationale à ne pas relâcher les efforts déployés et à conserver cet élan, qui a permis d’aboutir à des résultats probants. Le Rapport de l’OMS souligne ainsi l’impérieuse nécessité que la communauté internationale garantisse un financement pérenne et suffisant de la lutte antipaludéenne pour atteindre les cibles établies, notamment au regard des Objectifs du Millénaire pour le développement, d’ici à l’année 2015.
Les progrès enregistrés restent en effet fragiles. Trois pays –le Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, la Zambie– ont récemment enregistré une résurgence de la maladie. « Le paludisme est une maladie complexe, contre laquelle aucun relâchement n’est permis », a rappelé Mme Chan.
La plus grande vigilance est ainsi nécessaire en matière de surveillance de l’efficacité des médicaments antipaludéens afin de permettre la détection précoce d’une résistance à l’artémisinine (ACT), qui est le composant de base des cinq associations médicamenteuses recommandées par l’OMS dans le traitement et la lutte contre le paludisme. Dans cette optique, tous les cas suspects de paludisme doivent faire l’objet d’un diagnostic, afin que seuls les cas avérés reçoivent un traitement antipaludéen. Lutter contre la pharmacorésistance de certaines souches de la maladie -qui a été constatée à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande en 2009- est une priorité. « On ne doit plus supposer qu’un enfant africain ayant de la fièvre soit forcément atteint de paludisme », a ainsi déclaré Mme Chan.
Elle a aussi déploré que 25 pays, principalement en Afrique, permettent la commercialisation d’un monotraitement oral inefficace à base d’ACT, ce qui a pour effet de développer la résistance à l’artémisinine. Elle a également vivement critiqué les 39 entreprises pharmaceutiques, pour la plupart situées en Inde, qui continuent de produire ces traitements. « C’est totalement irresponsable », a-t-elle conclu.
Si les ressources financières consacrées à la lutte contre le paludisme ont atteint leur niveau le plus élevé en 2009 -soit 1,5 milliard de dollars-, les nouvelles annonces de contributions à la lutte antipaludique semblent avoir plafonné en 2010, atteignant cependant 1,8 milliard de dollars, a, quant à lui, rappelé M. Chambers. Les montants de ressources financières, certes considérables, engagés contre la maladie restent néanmoins bien en deçà des besoins réels, les ressources nécessaires étant estimées à plus de 6 milliards de dollars pour l’année 2010.
Le docteur Thomas Teusher, Directeur exécutif adjoint de « Roll back Malaria », s’est félicité de la publication du Rapport de l’OMS et a appelé à ne pas relâcher les efforts. « Plus de vies peuvent encore être sauvées », a-t-il estimé, avant de souligner le danger représenté par le développement chez les moustiques anophèles porteurs du plasmodium falciparum d’une résistance aux insecticides, notamment ceux de la classe des pyrethroïdes, qui sont les seuls à être utilisés pour imprégner les moustiquaires.
Robert Newman, Directeur du Programme mondial de lutte antipaludique de l’OMS, a, quant à lui, souligné que les stratégies de lutte contre le paludisme continuent d’évoluer. L’OMS devrait ainsi statuer en 2015 sur l’opportunité d’un vaccin, dont la confection s’avère particulièrement complexe. L’introduction de moustiques génétiquement modifiés et stériles est également une possibilité, a-t-il poursuivi. Invitant la communauté internationale à ne tomber dans l’autosatisfaction, il a conclu son intervention en indiquant que la stratégie susceptible d’éradiquer le fléau n’était peut-être pas encore trouvée.
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