Conférence de presse de M. Pascal Lamy, Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce
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ConfÉrence de presse DE M. PASCAL LAMY, DIRECTEUR GÉNÉRAL
DE L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE
Les prévisions concernant la croissance du commerce mondial pour 2010 ont été revues à la hausse et sont désormais de plus de 13,5% en volume, contre une prévision de 10% en mars, a déclaré ce matin M. Pascal Lamy, Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies. En 2009, le commerce mondial s’était contracté de 12,2%, a-t-il indiqué.
M. Lamy a déclaré que cette « importante correction à la hausse », a été rendue possible par le fait que le système commercial mondial est resté ouvert, contrairement à de nombreuses prévisions. Pour l’instant, « le chien du protectionnisme n’a pas réellement aboyé », a-t-il déclaré, avant d’estimer qu’il n’existait pas, à ce stade, de contrainte importante pour empêcher le commerce de croître au niveau d’avant la crise.
Pour M. Lamy, les résultats obtenus démontrent aussi l’importance d’une discipline commerciale, qui peut être encore améliorée, et aussi de veiller à la bonne application de cette discipline. C’est l’une des caractéristiques de l’OMC, a-t-il rappelé.
Le Directeur général de l’OMC s’est toutefois montré prudent, rappelant à plusieurs reprises que très peu de mesures protectionnistes avaient été prises « à ce stade ». « Nous ne sommes pas pour autant sortis du tunnel », a-t-il ajouté, avant de faire remarquer que certains pays invoquaient le chômage pour expliquer le recours au protectionnisme. Ce comportement demeurera tant que le taux de chômage restera élevé et c’est pourquoi, nous devons être très vigilants, a ajouté M. Lamy.
M. Lamy a en outre reconnu que, du fait de la crise, des États avaient parfois, « dans certains domaines », pris des mesures de garantie, recouru au système des subventions ou à davantage de mesures antidumping, ou encore à des campagnes visant à « acheter des produits nationaux ». Il a aussi constaté que ces mesures risquaient de donner lieu à des désaccords entre États, voire à des plaintes officielles devant l’OMC. En ce sens, il a précisé que le nombre des plaintes présentées, durant les trois derniers mois devant l’OMC, était nettement à la hausse.
La croissance du commerce mondial se fait avant tout au bénéfice du monde en développement, a précisé M. Lamy. Si la moyenne est de 13,5%, le commerce des pays développés s’est accru de 11%, et de 17% pour les pays en développement. En outre, une large partie de cette croissance est le fait du commerce entre les pays du Sud. M. Lamy a expliqué que son intervention devant l’Assemblée générale, à l’occasion du Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), avait consisté à montrer que les pays en développement qui échangent le plus connaissent la meilleure croissance. Si le protectionnisme avait bondi comme on le prévoyait, les pays en développement auraient été les premières victimes, a ajouté M. Lamy.
Le Directeur général de l’OMC a souligné qu’il faudrait désormais conclure rapidement le Cycle de négociations de Doha et le faire d’une manière qui soit plus favorable aux pays en développement, en supprimant les mesures qui leur sont défavorables, notamment dans le domaine de l’agriculture. Il a estimé que l’OMC avait contribué à faire progresser l’Objectif 8 du Millénaire pour le développement, relatif à la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement, tout en ajoutant qu’elle pouvait faire mieux.
Interrogé sur la tendance de certains États à augmenter leur contrôle aux exportations –par exemple la Fédération de Russie sur ses exportations de céréales du fait de la sécheresse ou encore l’Inde avec le coton– M. Lamy a reconnu que, si l’OMC dispose d’une « discipline forte » sur les restrictions aux importations, elle n’a pas de règles aussi contraignantes sur les restrictions aux exportations. Il a rappelé que l’OMC avait publié, cet été, un document sur le commerce des matières premières qui aborde la question des restrictions aux exportations de ces produits. Toutefois, il appartient aux États de décider s’ils veulent discuter de la question, a-t-il ajouté. Il a néanmoins rappelé qu’il existait dans le cadre de l’OMC, dans certains cas spécifiques, des mesures de garantie autorisant une certaine souplesse sur les restrictions aux importations, et a estimé qu’on pourrait avoir des sauvegardes du même genre pour les restrictions aux exportations.
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