Conférence de presse de John Holmes, dont le mandat de Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU tire à sa fin
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE JOHN HOLMES, DONT LE MANDAT DE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT
AUX AFFAIRES HUMANITAIRES DE L’ONU TIRE À SA FIN
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence du système de l’ONU, John Holmes, qui quitte dans quelques jours ses fonctions, a donné, cet après-midi, sa dernière conférence de presse organisée au Siège de l’ONU à New York.
À cette occasion, M. Holmes a fait le point sur la situation humanitaire au Pakistan, à la suite des récentes inondations catastrophiques qui ont affecté ce pays, et il a répondu à une série de questions portant sur la République démocratique du Congo, le Sri Lanka, le Myanmar, le Darfour, ainsi que sur le financement des secours humanitaires dans le contexte de la crise financière mondiale.
« La situation au Pakistan reste toujours très préoccupante », a reconnu John Holmes. « Cette catastrophe est d’une ampleur sans précédent en ce qui concerne le nombre de personnes affectées », a-t-il souligné, expliquant combien est importante la réaction de la communauté internationale.
Les inondations s’étendent désormais à la province méridionale du Sindh et le nombre de personnes touchées ne cesse d’augmenter, a précisé Holmes, en avançant le chiffre de 17,2 millions de personnes affectées par le désastre. Alors qu’on avait évalué à 6 millions le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire pour survivre il y a quelques semaines, ce chiffre s’élève maintenant 8 millions, a-t-il dit.
M. Holmes a d’autre part précisé que les inondations, qui touchent 160 000 kilomètres carrés du territoire pakistanais, ont détruit ou endommagé 3,4 millions d’hectares de cultures. Il a ajouté que 1,2 million de logements ont été détruits, laissant 4,8 millions de personnes sans abri.
« Nous avons pu approvisionner en eau 2,5 millions de personnes et apporter une aide alimentaire à 2 millions d’individus. Plus de 115 000 tentes ont été distribuées, ainsi que 77 000 bâches, ce qui permet d’abriter 1,1 million de personnes », a indiqué le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU.
En termes de santé, « le domaine le plus sensible », selon M. Holmes, 3,5 millions de personnes ont bénéficié d’une aide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui s’attache aussi à déceler toute épidémie de diarrhée ou d’hépatite. Si les cas de diarrhée sont nombreux, alors qu’on en dénombre environ 200 000, l’objectif à atteindre est d’éviter une épidémie et les nombreux décès qui en résulteraient, a dit John Holmes.
La distribution de l’aide aux personnes les plus isolées, au nombre de 800 000 environ, est un des grands défis à relever, a ensuite expliqué le Coordonnateur des secours d’urgence, ce qui justifie la demande qui a été récemment faite à la communauté internationale de fournir des hélicoptères supplémentaires. Outre les appareils américains, six hélicoptères japonais sont en route, et on dispose aussi de quatre hélicoptères du Programme alimentaire mondial (PAM), a dit M. Holmes. Il a cependant averti qu’il fallait en mobiliser encore davantage afin d’atteindre les personnes les plus isolées.
Abordant le financement des secours humanitaires au Pakistan, John Holmes a indiqué que 70% des fonds promis (459 millions de dollars) lors de l’appel initial avaient été réunis. « Avec environ 600 millions de dollars supplémentaires mobilisés parallèlement à l’appel de fonds, nous disposons de près d’un milliard de dollars pour réagir à cette crise. Mais nous aurons besoin de davantage de fonds », a-t-il prévenu, l’appel initial ayant sans doute sous-estimé les besoins. Nous réexaminerons donc cet appel, probablement à la mi-septembre, a précisé le Coordonnateur des secours d’urgence, en vue de réévaluer notamment les besoins dans le secteur agricole.
En matière de sécurité, John Holmes a noté les menaces d’attaques qui ont été proférées contre la communauté humanitaire internationale, tout en assurant qu’elles n’empêcheraient pas celle-ci de faire son travail. Les problèmes de sécurité au Pakistan existaient déjà avant la catastrophe, a-t-il rappelé, avant d’indiquer que la situation est relativement calme depuis deux semaines. Face aux menaces des Taliban, il a assuré que l’ONU travaillait avec les ONG pour évaluer et minimiser les risques.
Interrogé ensuite sur les viols ayant eu lieu au Kivu, en République démocratique du Congo, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a qualifié d’« atroce » cet événement dont on ne connait d’ailleurs pas encore vraiment l’ampleur. La violence sexuelle n’est pas une nouveauté dans ce pays, a-t-il remarqué, avertissant que ce risque persisterait tant que l’on n’aurait pas réglé le problème posé par les groupes armés. Quelles que soient les performances de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), « son personnel ne peut pas être posté derrière chaque buisson », a-t-il prévenu.
M. Holmes a indiqué que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) avait été informé de la situation par le personnel local de l’organisation « International Medical Corps » (IMC), plusieurs jours après les faits. « Nous appelons maintenant les victimes à se faire connaître afin de leur apporter un traitement médical et un soutien psychologique », a-t-il dit. M. Holmes s’est remémoré « une de ses expériences les plus marquantes », dans ce pays, lorsqu’il avait pu rencontrer et s’entretenir avec des femmes ayant vécu une expérience similaire.
En ce qui concerne le Sri Lanka, « une des questions les plus difficiles que j’ai eues à traiter pendant mon mandat », nous continuons à y aider les personnes déplacées, dont la plupart sont rentrées chez elles, a assuré John Holmes. Il a reconnu que certaines incertitudes persistaient, notamment sur le nombre de morts occasionnées par les combats et sur le massacre de personnels humanitaires de l’ONG « Action contre la faim ».
Répondant à une autre question, relative à la situation au Myanmar à la suite du cyclone Nargis, John Holmes a assuré que, d’un point de vue humanitaire, il y avait une certaine coopération de la part du Gouvernement. Nous avons pu lancer un appel humanitaire et résoudre certains problèmes tels que la délivrance de visas pour le personnel humanitaire, a-t-il indiqué.
Au Darfour, notre préoccupation est d’avoir accès aux camps de personnes déplacées, a ensuite expliqué M. Holmes, rappelant les difficultés rencontrées au camp de Kalma il y a quelques semaines. S’il y a toujours un problème de présence d’armes dans ce camp, nous avons réussi depuis six ans à gérer son fonctionnement en fournissant aux réfugiés de l’eau propre, une éducation, des soins de santé et une alimentation. « Ce qu’il adviendra de ce camp doit être décidé en consultation avec les personnes déplacées », a précisé M. Holmes.
Pour ce qui est de notre action humanitaire au Soudan, nous faisons pression sur le Gouvernement pour accélérer la délivrance de visas au personnel humanitaire et demander qu’un accès soit accordé aux ONG sur le terrain. « Notre rôle est de protéger les ONG autant que d’apporter une aide alimentaire », a souligné John Holmes. « Nous avons aussi une mission de plaidoyer, et sommes parfois amenés à dire aux parties ce qu’elles n’ont pas envie d’entendre », a-t-il dit.
Enfin, le Secrétaire général adjoint a noté que la réponse aux appels humanitaires est restée assez importante malgré le contexte de crise financière mondiale. Cependant, nous risquons de rencontrer des problèmes cette année, après les deux catastrophes de grande ampleur qui ont eu lieu en Haïti et au Pakistan, a-t-il averti.
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