En cours au Siège de l'ONU

Conférence de presse

Conférence de presse de Carlos Castresana Fernández, Commissaire de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala

20/04/2010
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DE CARLOS CASTRESANA FERNÁNDEZ, COMMISSAIRE DE LA COMMISSION

INTERNATIONALE CONTRE L’IMPUNITÉ AU GUATEMALA


Après deux ans et demi d’existence, la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) a remporté quelques victoires, a annoncé cet après-midi son Commissaire, Carlos Castresana Fernández, lors d’une conférence de presse au Siège de l’ONU.  Grâce à elle, près de 2 000 officiers de police –soit 15% des effectifs nationaux guatémaltèques– ont été licenciés pour corruption, de même qu’un ministre de la justice, 10 procureurs et trois juges de la Cour suprême, radiés pour manque de coopération, s’est félicité M. Castresana Fernández.


Par ailleurs, 130 personnes ont été incarcérées, dont un ancien président, ainsi que des ex-ministres de la défense, des finances et de l’intérieur, a-t-il ajouté, soulignant que ces résultats étaient le fruit d’une coopération de la Commission avec des officiers de police et des procureurs intègres, soutenus par 90% de la population guatémaltèque et par la société civile et le secteur privé.


Lors de cette conférence de presse, le Commissaire est venu accompagné des intervenants suivants: Mme Rigoberta Menchú, lauréate du prix Nobel de la paix; M. Eduardo Stein, ancien Vice-Président du Guatemala; et M. Gonzalo Marroquín, Directeur du journal PrensaLibre et Vice-Président de l’Association interaméricaine de la presse.


M. Castresana Fernández a estimé que le Guatemala avait atteint un tournant et que l’état de droit s’y améliorait.  La Commission, qui a entamé ses travaux en janvier 2008, est le fruit d’un accord entre le Guatemala et les Nations Unies.  Son objectif est de faciliter le démantèlement des groupes liés à la criminalité organisée, qui sévissent au sein de l’administration et de la police.


En Amérique du Sud, au cours des 30 dernières années, les violations des droits de l’homme ont progressivement cessé d’être l’apanage des États de la région pour devenir celui d’acteurs non étatiques, comme les organisations criminelles, a fait observer le Commissaire.  Le défi qu’a l’intention de relever le Guatemala, avec l’appui de la communauté internationale, est de reconstruire des institutions démocratiques suffisamment fortes pour protéger ses citoyens et veiller au respect des droits de l’homme, a-t-il souligné.


Directeur du journal Prensa Libre et Vice-Président de l’Association interaméricaine de la presse, M. Gonzalo Marroquín a affirmé que l’arrivée de la démocratie dans son pays en 1986 s’était malheureusement accompagnée d’une culture d’impunité et de corruption qui s’est traduite l’an dernier par 6 000 assassinats: or, seul 10% de ces crimes ont fait l’objet de poursuites judiciaires, a-t-il déploré.  Il appartient donc à nos concitoyens de relever les défis qui pèsent sur l’état de droit, a-t-il estimé.


Pour Rigoberta Menchú, la Commission a montré qu’il était possible, pour la première fois dans l’histoire du Guatemala, de poursuivre en justice à la fois des membres d’organisations criminelles, des trafiquants de drogues et des fonctionnaires corrompus.  Ancien Vice-Président du Guatemala, M. Eduardo Stein, a souligné que l’établissement de la Commission, à la demande de son pays, reflétait l’aspiration profonde du peuple du Guatemala à rechercher une aide extérieure afin d’améliorer la qualité du système judiciaire national.  Lorsque le mandat de la Commission prendra fin, ce sera aux Guatémaltèques de modifier leurs lois, d’en adopter de nouvelles et de modifier la Constitution.


Interrogé sur la nécessité de proroger le mandat de la Commission, M. Castresana Fernández a indiqué que cette question restait à la discrétion du Secrétaire général et du Guatemala.  Mais il a estimé que le démantèlement des groupes illégaux qui gangrènent les institutions du pays pourrait prendre jusqu’à 10 ans, une tâche dont devraient s’acquitter les Guatémaltèques eux-mêmes à un moment donné.  Selon le Commissaire, le mandat de la CICIG devrait être renforcé.


M. Stein a pour sa part jugé que le mandat devrait être à la fois prorogé et élargi pour empêcher que son pays ne tombe aux mains des « forces obscures » qui cherchent à s’en emparer.  Il a également soulevé la question de la dimension régionale, dans la mesure où les organisations criminelles exploitent le manque de coopération entre les États d’Amérique centrale pour se soustraire à la justice transnationale.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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