Conférence de presse de Ján Kubis, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la résolution de la crise au Kirghizistan
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE JÁN KUBIS, ENVOYÉ SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR LA RÉSOLUTION DE LA CRISE AU KIRGHIZISTAN
« Ma récente mission au Kirghizistan était de désamorcer la situation explosive dans laquelle se trouvait le pays, d’éviter toute escalade et d’être le médiateur d’une sortie de crise pacifique », a expliqué, ce matin, au cours d’une conférence de presse tenue au Siège de l’ONU, à New York, M. Ján Kubis, Envoyé spécial du Secrétaire général au Kirghizistan, qui est également le Directeur exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe.
Rappelant le contexte de sa mission, M. Kubis a rappelé que lorsque le Secrétaire général s’est rendu à Bishkek les 2 et 4 avril, dans le cadre de sa tournée d’une semaine en Asie centrale, il a pris la mesure de la situation difficile et volatile qui régnait dans le pays. Ses préoccupations ont été confirmées par des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre qui ont fait, mercredi 7 avril, 85 morts et un nombre important de blessés.
L'opposition, qui a pris le pouvoir ce jour là, a nommé un Gouvernement intérimaire, avec à sa tête Mme Rosa Otounbaïeva. Elle a dissolu le Parlement et exigé la démission du Président Bakiev qui a refusé, et qui s’est enfui de la capitale pour se réfugier dans son fief natal, situé dans le sud du pays.
M. Kubis a déclaré que c’est dans ce climat volatile et propice à un embrasement que le Secrétaire général l’a envoyé à Bishkek pour essayer de contenir la situation et de trouver des moyens pacifiques pouvant permettre de sortir le Kirghizistan de l’impasse constitutionnelle dans laquelle se trouvait le pays. Arrivé sur place le 10 avril, l’Envoyé spécial du Secrétaire général a rencontré des représentants du Gouvernement intérimaire, de la société civile et des autres parties concernées, comme l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l’Union européenne et les représentants de la Fédération de Russie, des États-Unis et de la Chine. Dans un premier temps, M. Kubis était le seul interlocuteur, en contact téléphonique, avec le Président déchu Bakiev, qu’il a exhorté à ne rien faire qui puisse provoquer une escalade du conflit et à accepter de négocier pour faire sortir le pays de l’impasse constitutionnelle.
« Il ne m’appartenait pas de négocier les termes du départ du Président Bakiev », mais simplement de faciliter les négociations avec le Gouvernement intérimaire », a expliqué M. Kubis à la presse.
Une fois que l’immunité lui a été accordée par Mme Otounbaïeva, conformément à ce qui est stipulé dans la Constitution du Kirghizistan, le Président Bakiev a accepté de démissionner de ses fonctions et de quitter le pays avec son proche entourage familial. « Il a signé sa lettre de démission en montant dans l’avion qui allait l’emmener au Kazakhstan », a indiqué M. Kubis. Il a ajouté que l’accord final était le fruit des négociations menées avec l’OSCE et les principaux pays intéressés de la région. L’ONU n’y a pas directement participé, a-t-il précisé.
À ce stade, la mission de l’Envoyé spécial était terminée et il appartient désormais au Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale et à l’OSCE de prendre le relais, a indiqué Ján Kubis.
Interrogé sur l’avenir du Kirghizistan, M. Kubis a estimé que la volonté du nouveau Gouvernement de réviser la Constitution et d’organiser dans les six mois des élections présidentielles « démocratiques » était encourageante. Il a cependant reconnu que les problèmes économiques et sociaux, qui étaient largement la cause des récentes émeutes, n’avaient pas disparu avec l’arrivée du nouveau Gouvernement au pouvoir. « Compte tenu de la situation géographique du Kirghizistan, nous espérons que la communauté internationale soutiendra ses efforts de démocratisation et de développement du pays », a dit M. Kubis, en indiquant qu’il pensait en particulier aux États-Unis et à la Fédération de Russie qui disposent tous deux d'une base aérienne au Kirghizistan.
Pour ce qui est de l’attitude négative de l’opinion publique concernant la question de la base américaine de Manas, dont la location a été négociée avec le Gouvernement Bakiev, M. Kubis a expliqué que les critiques portaient sur la manière peu transparente avec laquelle ces négociations avaient été menées. Il semblerait que des proches de l’ancien Président auraient largement profité de l’arrangement conclu, a dit M. Kubis. Mais, a-t-il ajouté, les critiques dont il est fait mention dans la presse ne semblent nullement remettre en question l’existence même des activités que permet la base aérienne, dans la mesure où le sentiment général dans la région est que l’instabilité en Afghanistan nuit aux autres pays d’Asie centrale.
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