Conférence de presse du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général en Haïti, Anthony Banbury
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU REPRÉSENTANT SPÉCIAL ADJOINT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL EN HAÏTI, ANTHONY BANBURY
« Un poignard dans le cœur d’Haïti ». C’est l’expression qu’a utilisée Anthony Banbury, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général dans le pays, pour décrire « la catastrophe la plus dévastatrice que l’ONU ait jamais vue ». Ancien Directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) en Asie, Anthony Banbury a vécu les dévastations causées par le tsunami en 2004 en Asie du Sud-Est, et par le Cyclone Nargis en 2008 au Myanmar.
Il a pourtant affirmé aujourd’hui, au cours d’une conférence de presse donnée au Siège de l’ONU à New York, que l’ampleur et la complexité de la catastrophe survenue en Haïti a bouleversé tous les fondamentaux du concept humanitaire de l’ONU. Même les « Clusters », ces fleurons de la coordination humanitaire regroupant les organisations de secours en secteur d’activité, ont montré leur limite en Haïti.
Le nombre de morts, 300 000 selon les estimations du Gouvernement haïtien, et la gravité des dégâts matériels, visibles à travers 60 millions de mètres cubes de déblais selon l’armée américaine, ont fait sauter les limites existant entre différents Clusters. « Il ne s’agit plus de travailler séparément mais de faire les choses simultanément », a expliqué M. Banbury, en citant en exemple ce que sont obligés de faire les Clusters « abris » et « assainissement ».
Il a fallu créer une structure chapeautant les Clusters, un rôle qu’assument aujourd’hui « parfaitement » la Mission des Nations Unies pour la stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a indiqué M. Banbury
Le Représentant spécial adjoint s’est attardé sur l’interconnexion jamais vue auparavant entre les Clusters « abris » et « assainissement ». Où faut-il installer des latrines pour le million de personnes sans abri? Où peut-on construire des abris dans un pays où les terrains sont rares et où il faut donc commencer par dégager les débris? Mais, par ailleurs, où peut-on entreposer les 60 millions de mètres cubes de débris?
Ce sont ces « véritables casse-tête » que l’ONU doit résoudre. Anthony Banbury a rendu hommage au « bon travail » accompli par la MINUSTAH malgré la perte de 99 de ses membres. En outre, après le tremblement de terre, la Mission a dû se séparer temporairement, pour cause de traumatisme, de 275 membres de son personnel international sur les 374 qu’elle comptait.
Aujourd’hui, ce sont des gens qui ne connaissent bien ni Haïti ni la Mission qui font ce qu’ils peuvent, avec l’aide de Casques bleus peu formés eux-mêmes à l’action humanitaire, a souligné le Représentant spécial adjoint. Compte tenu de ces écueils, la norme aujourd’hui n’est pas de se dire « nous faisons ceci ou cela » mais bien « qu’est-il possible de faire? », a souligné Anthony Banbury, en ajoutant qu’« il ne faut pas se faire d’illusion sur ce qui est possible. Le travail sera très long ».
Dans ces circonstances, le Représentant spécial adjoint a salué « la réponse étonnante » de l’ONU qui doit beaucoup, a-t-il reconnu, au sens de l’engagement commun et de la solidarité manifestée par tous les sièges de l’Organisation, qu’il s’agisse du Siège à New York, ou de ceux de Genève, de Vienne ou de Nairobi. Aujourd’hui, tous les Haïtiens ont accès à l’aide alimentaire et 300 000 d’entre eux ont reçu un abri.
Arrivé en Haïti le 17 janvier, soit cinq jours après le tremblement de terre, Anthony Banbury a indiqué qu’il y retourne demain avec pour défi de régler les problèmes posés par la mise en place d’abris et d’équipements sanitaires avant l’arrivée de la saison des pluies, le 1er mai. Il a attiré l’attention sur les plans « abris » et « déblayage » qu’ont élaborés la Mission et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Mais, a-t-il prévenu, « il y aura des gens sans abri, il y aura des inondations et des conditions difficiles continueront d’exister ».
L’ONU fait ce qu’il peut dans des circonstances « inédites », et de toute façon « sera-t-il jamais possible de pouvoir se préparer à la destruction totale d’un pays? », a répondu Anthony Banbury aux critiques ayant trait à la prétendue lenteur dont ferait preuve l’Organisation dans le déploiement de l’assistance humanitaire.
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