Conférence de presse conjointe du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et du Chef par intérim de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en Haïti
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CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
ET DU CHEF PAR INTÉRIM DE LA MISSION DE L’ONU POUR LA STABILISATION EN HAÏTI
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Le Roy et le Chef par intérim pour la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), M. Edmond Mulet, qui intervenait par vidéoconférence depuis Port-au-Prince, ont fait le point, aujourd’hui, au cours d’une conférence de presse organisée au Siège de l’ONU, sur l’évolution de la situation en Haïti, depuis le tremblement de terre du 12 janvier.
Diffusant le dernier bilan officiel du Gouvernement haïtien, M. Le Roy a indiqué que plus de 210 000 personnes avaient été tuées et plus de 300 000 autres blessées au cours de cette tragédie. Près d’un demi-million de personnes ont été déplacées et trois millions de personnes ont été touchées, d’une manière ou d’une autre, par le tremblement de terre.
« C’est la pire catastrophe à laquelle ont été confrontées les institutions humanitaires », a-t-il souligné.
« La MINUSTAH a été décapitée », a poursuivi le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix. « Quatre-vingt douze membres de son personnel ont péri, ainsi qu’un employé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et un autre du Programme alimentaire mondial (PAM) ».
Pour sa part, le Chef par intérim de la MINUSTAH a prévenu que le nombre des victimes parmi la population haïtienne augmenterait certainement au cours des semaines et mois à venir au fur et à mesure que des corps encore ensevelis dans les décombres seront découverts. Il a également indiqué que l’absence d’un registre civil en Haïti rendrait impossible le décompte exact du nombre des victimes.
Au nombre des victimes de la MINUSTAH, a précisé M. Le Roy, on compte 31 membres du personnel civil international, un volontaire de l’ONU, 18 membres du personnel local, 24 militaires et 14 policiers. Sept personnes, dont deux volontaires de l’ONU et cinq membres du personnel local de la MINUSTAH, sont toujours portées disparues. Le Secrétaire général adjoint s’est par ailleurs dit « fier » du travail accompli par la MINUSTAH, faisant remarquer que le personnel de la Mission était contraint de travailler dans des conditions précaires et de dormir dans des voitures ou sur des matelas installés dans des bureaux.
Concernant la situation humanitaire, M. Mulet a indiqué que la distribution de vivres, d’eau et de tentes, ainsi que les services d’assainissement demeuraient la principale priorité de l’ONU en Haïti.
« Il est essentiel de distribuer des tentes et autres moyens qui permettront à la population de faire face à la situation pendant la saison des pluies.
« La MINUSTAH est en train d’établir une stratégie pour se préparer au pire », a déclaré M. Mulet. Il a notamment expliqué que les glissements de terrain qui accompagneront les importantes chutes de pluie dans les semaines à venir risqueront de détruire complètement les bâtiments endommagés par le séisme.
Le Chef de la MINUSTAH a indiqué que la logistique humanitaire se déroulait très bien à présent, en comparaison avec ses débuts « cauchemardesques ». Il a précisé que l’ouverture d’un corridor humanitaire entre la République dominicaine et Haïti avait permis de désengorger l’aéroport de Port-au-Prince et de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. De plus, la réouverture du principal port de l’île, que répare actuellement une équipe américaine, permet d’acheminer 350 containers par jour dans le pays. « Lorsque le port sera entièrement opérationnel d’ici à la fin du mois de mars, nous pourrons recevoir 1 500 containers par jour », a-t-il ajouté.
M. Mulet a également indiqué que les rues de Port-au-Prince étaient devenues propres, un des résultats du programme « Travail contre argent » qui a été lancé par le PNUD et auquel participent plus de 35 000 personnes, pour la majorité des femmes et des jeunes. Le pays, a-t-il dit, aura besoin de l’aide d’entreprises privées spécialisées pour déblayer les 63 millions de tonnes de débris qui se sont accumulés à la suite du séisme. « La reconstruction doit commencer dès que possible pour assurer le retour à la vie normale », a-t-il ajouté.
De même, des centres d’accueil avaient été établis dans différentes provinces du pays pour permettre aux personnes déplacées d’obtenir des vivres et éventuellement un emploi.
Une campagne de vaccinations qui cible 500 000 enfants âgés de moins de sept ans a été lancée, a déclaré M. Mulet. Dans le domaine de l’éducation, des efforts importants doivent être entrepris, a-t-il souligné, précisant qu’au cours du séisme, 1 300 écoles avaient été entièrement détruites et 2 500 autres avaient subi de sérieux dégâts.
De son côté, M. Le Roy a assuré que les promesses de contributions de troupes commençaient à se matérialiser. Il a notamment indiqué qu’un contingent de 900 troupes brésiliennes devait arriver dans le pays aujourd’hui et demain.
L’Espagne, les Pays-Bas, la France, le Bangladesh et l’Italie se sont engagés à dépêcher des policiers sur le terrain, tandis que l’Inde, le Pakistan et le Rwanda ont l’intention d’y envoyer des unités de police constituée, a ajouté le Secrétaire général adjoint.
« Nous sommes encore dans la phase d’urgence, mais nous ne perdons pas de vue nos objectifs à long terme qui sont la sécurité, le développement d’Haïti et le renforcement de ses institutions, notamment dans les domaines judiciaire et de police », a indiqué M. Mulet.
M. Le Roy a précisé qu’une équipe d’évaluation des besoins après la catastrophe était déjà sur le terrain, et que le Gouvernement haïtien avait l’intention d’établir un plan national pour la reconstruction du pays. Chaque pays contributeur aura la charge d’un domaine dans un quartier de la capitale ou dans une ville du pays pour assurer la reconstruction des infrastructures du pays », a expliqué M. Mulet, ajoutant que le Président Préval avait demandé à la Banque interaméricaine pour le développement de prendre en charge la reconstruction des routes et des ponts du pays.
Le pays ne dispose pas de capacités suffisantes pour coordonner l’ensemble des efforts de reconstruction, a rappelé M. Mulet. C’est pourquoi, il faut simplifier pour être plus efficace », a-t-il ajouté.
MM. Le Roy et Mulet se sont par ailleurs félicités de la stabilité de la situation en matière de sécurité dans le pays.
« La population reste calme et digne, malgré certains incidents isolés », a indiqué M. Mulet.
Il a néanmoins signalé une augmentation du nombre de viols perpétrés dans les camps de personnes déplacées et certains actes de pillage. « Certains signes de détérioration, tout à fait normaux en ces circonstances, ont été constatés et l’ONU œuvre pour y remédier », a—t-il assuré.
Revenant sur l’évasion de la prison de Port-au-Prince, M. Mulet a indiqué que sur les 8 000 détenus que comptait l’établissement pénitentiaire avant le séisme, 5 000 avaient réussi à prendre la fuite, notamment les prisonniers les plus dangereux. Il a expliqué que l’ONU était particulièrement préoccupée par le fait que les chefs de gangs cherchaient à se réorganiser et à reprendre le contrôle de certains quartiers. « Selon les informations recueillies, aucun d’entre eux n’a pu reprendre des activités de trafic de drogues, mais des affrontements entre gangs ont été signalés », a-t-il indiqué, précisant par ailleurs que ces hommes étaient pour l’instant contraints de vivre cachés. Le Chef par intérim de la MINUSTAH a ajouté que les photos des personnes les plus recherchées avaient été distribuées auprès de la population, et que la Mission travaillait en étroite coopération avec elle.
« Nous allons devoir reprendre à zéro le travail que nous avions accompli il y a trois ans », a-t-il dit.
Il a néanmoins indiqué que la Police nationale haïtienne avait arrêté environ 200 individus, dont 26 qui cherchaient à franchir la frontière avec la République dominicaine, et 17 autres à Jacmel.
Répondant à une question sur les allégations de corruption en Haïti, M. Mulet a assuré qu’à l’exception de certains cas mineurs, aucune affaire de corruption impliquant le Gouvernement d’Haïti n’avait été constatée.
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