Conseil de sécurité: « la transformation démocratique du Soudan passe par la représentation de tous les Darfouriens aux élections », déclare le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix
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Conseil de sécurité
6269e séance – matin
CONSEIL DE SÉCURITÉ: « LA TRANSFORMATION DÉMOCRATIQUE DU SOUDAN PASSE PAR LA REPRÉSENTATION DE TOUS LES
DARFOURIENS AUX ÉLECTIONS », DÉCLARE LE SOUS-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Dmitry Titov, a souligné ce matin qu’à deux mois des élections nationales et à un an de l’expiration de l’Accord de paix global, le Soudan se trouvait à un tournant critique de son histoire.
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à l’examen des rapports du Secrétaire général sur le Soudan, M. Titov a abordé les principaux défis liés à ce qu’il a qualifié de « transformation démocratique du Soudan ». Il s’est en outre attardé sur le rôle de la médiation de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), mandatée notamment pour participer à la création d’un environnement sûr et stable au Darfour.
« Les élections nationales sont programmées pour avril prochain et le référendum sur l’autodétermination du Sud-Soudan doit se tenir dans moins d’un an », a indiqué d’emblée M. Titov. Dans un tel contexte pressant, les questions clefs relatives au Darfour, à savoir la représentation de « tous les Darfouriens » au processus électoral et la poursuite des négociations de Doha menées à l’appui du processus de paix, devraient être réglées dans les meilleurs délais, a-t-il estimé. La cessation des activités militaires dans la région, a-t-il ajouté, est également indispensable pour créer un climat propice à l’organisation des scrutins.
Sur ce point, M. Titov a confié que la situation sur le terrain, en dépit d’avancées positives, restait « compliquée et volatile ».
Tout en se félicitant de ce que 70% des Darfouriens en âge de voter se soient, à ce jour, inscrits sur les listes électorales, il a regretté que, selon la Commission électorale nationale, seul un nombre restreint de personnes déplacées aient pu s’inscrire.
Reprenant le rapport du Secrétaire général sur ce point, M. Titov a exhorté le Gouvernement d’unité nationale « à prendre des mesures concrètes pour garantir l’organisation et la tenue d’élections crédibles, justes et libres. » Il a jugé particulièrement important que la participation des personnes déplacées, des réfugiés et autres affectés par le conflit puissent choisir leurs élus pour que les intérêts et aspirations de « tous les Darfouriens » soient pris en compte dans la négociation et la mise en œuvre de tout accord de paix futur.
Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a ensuite expliqué l’approche de la MINUAD en matière d’assistance. « Au cours de la période considérée, le Médiateur en chef conjoint, M. Djibrill Bassolé, a exhorté les différentes parties à s’engager plus directement dans le processus de paix. L’Opération a également élargi ses consultations à la société civile et sa médiation a intensifié les actions en faveur d’un rapprochement entre le Tchad et le Soudan », a-t-il précisé.
Pour M. Titov, le succès du processus de paix au Darfour va dépendre de la capacité des parties à résoudre le problème de la marginalisation économique et politique au Darfour.
« La question du partage du pouvoir et des richesses exige une approche globale tenant compte des intérêts de toutes les parties, au premier rang desquelles celles qui ont le plus souffert du conflit », a-t-il répété.
C’est en ce sens qu’il a salué la nomination par le Secrétaire général et le Président de la Commission de l’Union africaine, M. Jean Ping, de l’Ambassadeur Ibrahim Gambari comme Représentant spécial conjoint de la MINUAD. Il a indiqué que M. Gambari travaillerait aux côtés du Groupe de haut niveau de l’Union africaine sur la mise en œuvre pour obtenir que la question des causes du conflit et les aspirations de l’ensemble des Darfouriens soient bien reflétées dans les accords postélectoraux.
S’agissant du dialogue entre le Tchad et le Soudan, M. Titov a noté avec satisfaction la signature, le 15 janvier dernier, de l’Accord de normalisation des relations entre les deux pays. « Cet Accord doit servir de base au renforcement de la sécurité le long de la frontière commune, qui constitue l’un des aspects les plus importants du processus de paix au Darfour », a-t-il insisté. « À cette fin, l’Accord prévoit le déploiement dans la zone, dans les jours à venir, d’une force conjointe », a-t-il ajouté.
« La poursuite des activités militaires au Darfour sape les efforts pour parvenir à une solution politique au conflit et elle continue de mettre en danger la vie des civils », a poursuivi M. Titov. Après avoir évoqué les combats qui, au cours de ces trois derniers mois, ont opposé les groupes de rebelles au Darfour entre eux et ensuite ces groupes armés au Gouvernement soudanais, il a rendu hommage aux cinq Casques bleus de la MINUAD tués au cours de deux attaques séparées.
« Le Secrétaire général a condamné ces attaques dans les termes les plus vifs », a-t-il rappelé, assurant qu’à l’avenir, l’Opération continuerait de prendre les mesures nécessaires pour maximiser la sécurité de son personnel tout en maintenant une présence « volontaire et robuste » à travers le Darfour, « conformément à son mandat ».
Saluant la libération, le 13 décembre 2009, de deux membres de la MINUAD qui étaient détenus au Darfour depuis plus de 100 jours, M. Titov a cependant appelé au respect « crucial » de la liberté de mouvement des membres de la MINUAD au moment où, comme l’indique le Secrétaire général dans son rapport, la faction Abdul Wahid et le Gouvernement soudanais multiplient les entraves à la circulation. Il a déploré que lors de certains de ces incidents, le personnel de la MINUAD ait été menacé physiquement, que des coups de feu aient été tirés en l’air et que du matériel de la MINUAD ait été volé ou saisi.
Pour ce qui est du déploiement de la MINUAD, M. Titov a déclaré que, d’ici à la fin de février 2010, 16 bataillons d’infanterie sur les 18 prévus seront opérationnels. Il a également souligné que l’Unité éthiopienne d’hélicoptères tactiques, qui accroîtra de manière importante les capacités de la MINUAD, devrait s’installer à Nyala à la mi-février.
« Six unités de police constituée doivent encore être déployées », a-t-il précisé avant de faire observer que la MINUAD continuait de patrouiller en permanence dans de nombreux camps de personnes déplacées au Darfour.
Avant de conclure, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a estimé que tandis que les défis au Darfour restent « énormes », l’espoir et les opportunités existent pour que 2010 soit l’année des changements positifs dans la région. « Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, est fermement convaincu que la communauté internationale parlera d’une seule voix et saura exhorter les parties à œuvrer à la transformation du Soudan, ce qui implique le règlement pacifique de la crise au Darfour », a-t-il dit.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN
Rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (S/2010/50)
Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans ce nouveau rapport trimestriel qui porte sur la période allant du 1er novembre 2009 au 31 janvier 2010, examine les progrès réalisés dans l’exécution du mandat de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) dans l’ensemble du Darfour, ainsi que sur les progrès concernant le processus politique, les conditions de sécurité et la situation humanitaire, et le respect par toutes les parties de leurs obligations internationales.
Le Secrétaire général y observe que deux ans après sa création, la MINUAD a réalisé d’importants progrès en vue de son déploiement intégral et se consacre désormais aux tâches essentielles de protection de la population civile et de facilitation de l’aide humanitaire. À la lumière des progrès réalisés sur le front politique, les partenaires des activités de redressement ont commencé à engager la discussion au sujet d’une planification à moyen et à long terme.
Toutefois, d’importants problèmes demeurent, notamment la poursuite des combats entre le Gouvernement soudanais et d’autres éléments armés, les attaques contre la MINUAD et les convois humanitaires et la présence d’hommes armés qui empêchent la MINUAD de mener à bien ses patrouilles. Selon M. Ban, le principal obstacle à une paix durable au Darfour reste le fait que certaines des parties ne se sont toujours pas véritablement engagées dans le processus de paix. Le Secrétaire général demeure également profondément préoccupé par les rapports faisant état de combats entre les forces du Gouvernement soudanais et des groupes armés au Darfour.
Alors que le processus politique s’accélère, et pour tirer parti du travail important accompli par le Médiateur en chef conjoint, M. Djibrill Bassolé, afin que les différentes parties s’engagent davantage dans ce processus, le Secrétaire général exhorte toutes les parties à mettre fin aux combats et à engager véritablement un dialogue de fond.
De même, M. Ban juge essentiel que les élections nationales qui doivent se tenir en avril 2010 permettent à l’ensemble de la population du Darfour, notamment aux personnes déplacées, d’y participer pleinement et sans entrave. Le déroulement pacifique du processus d’inscription sur les listes électorales constitue un fait positif, écrit-il, exhortant le Gouvernement soudanais à résoudre les importants problèmes techniques et politiques qui subsistent et qui pourraient compromettre les élections.
Le Secrétaire général constate par ailleurs que les problèmes persistants en matière de soutien logistique autonome des unités militaires et de police constituée continuent d’entraver fortement la capacité opérationnelle de la Mission. Il exhorte tous les pays contributeurs à prendre les mesures nécessaires pour se conformer aux dispositions des mémorandums d’accord avec l’ONU concernant le matériel et les moyens, y compris les moyens médicaux.
Au 21 janvier 2010, l’effectif du personnel militaire de la MINUAD s’élevait à 15 553 hommes, soit 79% de l’effectif autorisé (19 555 hommes), tandis que l’effectif du personnel civil était de 4 045 hommes, soit 73% de l’effectif autorisé (5 546 hommes). Au 20 janvier 2010, l’effectif de la police atteignait 4 625 hommes, soit 71% de l’effectif autorisé.
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