Conférence de presse mensuelle du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon
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CONFÉRENCE DE PRESSE MENSUELLE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU, M. BAN KI-MOON
Le Secrétaire général des Nations Unies a commencé sa conférence de presse mensuelle en condamnant l’attaque « choquante et honteuse » des Taliban qui a fait au moins cinq morts et neuf blessés parmi les employés de l’ONU, ce matin, dans une maison d’hôtes située dans le centre de Kaboul.
« Aujourd’hui est un triste jour et une journée particulièrement difficile pour les Nations Unies », a déclaré le Secrétaire général, en rappelant qu’« un tel crime ne pouvait être justifié par aucun motif ». Il a précisé que 25 membres du personnel de l’ONU, dont 17 femmes et hommes de l’équipe des élections du PNUD, se trouvaient dans cette maison d’hôtes au moment de l’attaque. Cet incident, a-t-il indiqué, nous rappelle la difficulté de notre mission, alors que nous travaillons dans les parties du monde les plus dangereuses. Il a rappelé que ceux qui se sont rendus en Afghanistan y sont allés sans armes ni munitions. Ils y sont allés armés de quelque chose de très fort: l’espoir. L’espoir d’assurer des jours meilleurs en Afghanistan et un engagement à aider le peuple afghan à bâtir un monde et un avenir meilleurs. Il a assuré que cette attaque ne détournera pas l’ONU de sa noble mission et qu’elle restera aux côtés du peuple afghan aujourd’hui comme demain.
M. Ban Ki-moon a indiqué que l’ONU réexaminera ses mesures de sécurité, comme elle le fait régulièrement pour l’ensemble de la Mission en Afghanistan et prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection de son personnel.
Par ailleurs, il a exprimé son indignation au sujet de l’attentat à la bombe qui a fait 80 morts ce matin également à Peshawar, au nord-ouest du Pakistan.
Changements climatiques
Alors que nous ne sommes qu’à cinq semaines du Sommet des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tiendra à Copenhague, a-t-il dit, tous les pays doivent s’engager à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Il a précisé qu’il travaillait en étroite collaboration avec le Premier Ministre danois, qui lui-même s’est engagé de manière intensive avec les autres gouvernements sur le contenu et la forme de l’accord qui pourrait voir le jour.
Il a estimé que les pays développés devraient adopter d’ambitieux objectifs à mi-parcours et que les pays en développement devraient aussi limiter les émissions de gaz à effet de serre et abandonner le comportement traditionnel.
Iraq
Il a condamné l’attaque à la bombe qui a fait des centaines de morts et de blessés au début de la semaine en Iraq, en rappelant que ces actes de violence à l’encontre d’innocents civils n’ont d’autres buts que de menacer la démocratie fragile de ce pays.
Répondant à une demande du Gouvernement de l’Iraq, a-t-il dit, il enverra le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Oscar Fernandez-Taranco en Iraq pour des consultations préliminaires sur la sécurité et la souveraineté de ce pays.
Jérusalem
« Nous avons également observé les récents incidents à l’Esplanade des mosquées (Haram Al-Sharif/Mont du Temple), a-t-il dit. Il a déclaré que les incidents de Jérusalem risquaient de saper la confiance dans l’ensemble de la région et qu’il appelait toutes les parties à s’abstenir d’actes de provocation. Ces incidents nous rappellent qu’en l’absence de progrès dans les négociations israélo-palestiniennes, les tensions politiques ne feront que s’accroître au Moyen-Orient.
Le Secrétaire général a précisé que le Conseil des droits de l’homme a maintenant soumis le rapport Goldstone à l’Assemblée générale, qui examinera ses conclusions et recommandations. Il a dit qu’il attendait la décision de l’Assemblée générale, en rappelant qu’il a exhorté à plusieurs reprises le Gouvernement israélien et les Palestiniens à mener des enquêtes exhaustives, indépendantes et crédibles.
Pendant ce temps, 10 mois après la fin des hostilités à Gaza, a-t-il regretté, il n’y a eu aucune amélioration en matière de reconstruction et de réouverture des frontières. Il a rappelé que lors de la conférence qui s’est tenue en Égypte, les donateurs avaient promis 4,5 milliards d’aide financière. À ce jour, a-t-il indiqué, une fraction seulement de ce montant a été versée, alors que les familles ne sont toujours pas en mesure de reconstruire leurs maisons. Les cliniques et les écoles sont toujours en ruine, a-t-il ajouté, avant d’exhorter Israël à accepter, sans conditions, les propositions de reconstruction des Nations Unies et de reconnaître que la seule vraie garantie de paix repose sur le bien-être et la sécurité des populations.
Iran
Il a dit que l’inspection du nouveau site iranien d’enrichissement de l’uranium à Qom, menée cette semaine par l’Agence internationale de l´énergie atomique (AIEA) était un pas positif. Il a rappelé que lors de sa rencontre avec le Président Ahmadinejad au mois de septembre, il avait exhorté Téhéran à accepter une telle inspection et de coopérer pleinement avec l’AIEA sur toutes les questions en suspens.
Le Secrétaire général a également salué le projet d’accord présenté par l’AIEA relatif à la fourniture de combustible nucléaire au réacteur de recherche de Téhéran. Cet accord constituerait une importante mesure de renforcement de la confiance et pourrait jeter les bases de nouvelles avancées dans les négociations UE3+3, a-t-i estimé.
Afghanistan
Le Secrétaire général a conclu sa conférence de presse en revenant sur la situation en Afghanistan, rappelant que le deuxième tour des élections présidentielles était fixé au 7 novembre 2009. Personne ne sous-estime les difficultés, notamment après l’attaque de ce matin, a dit le Secrétaire général, en ajoutant que tous les préparatifs opérationnels étaient mis en place, afin de réduire les fraudes. Il a estimé que le premier tour des élections présidentielles aura au moins été l’occasion de démontrer que la fraude ne l’avait pas emporté et qu’elle portait atteinte à la légitimité des résultats.
Il a exhorté MM. Abdullah Abdullah et Hamid Karzaï à respecter le droit et la Constitution de l’Afghanistan et à encourager la participation du peuple afghan, et après le vote, à travailler à unifier le pays autour d’un programme pour le progrès.
Les Nations Unies sont engagées à faire tout ce qu’elles peuvent pour soutenir le peuple afghan, alors qu’il s’apprête à nouveau à faire usage de son droit de vote et donner forme au destin du pays.
Répondant à une question sur la conclusion à Copenhague d’un accord juridiquement contraignant sur les émissions de gaz à effet de serre, le Secrétaire général a déclaré qu’il restait optimiste. Il a précisé que la Conférence de Copenhague serait une importante contribution à nos efforts visant à faire face aux questions relatives aux changements climatiques. « J’ai dit à plusieurs reprises, a-t-il ajouté, que si nous pouvons nous entendre sur quatre éléments politiques, cela pourra constituer le début d’un succès dans le domaine des changements climatiques ». Premièrement, il faut des objectifs ambitieux en matière de mesures d’atténuation par les pays développés -et par les pays en développement– avec des initiatives nationales d’atténuation. Ensuite, il faudrait établir un cadre d’adaptation afin d’aider des pays en développement, notamment, à prendre des mesures d’atténuation et d’adaptation. Il faut un soutien financier et technologique substantiel pour les pays en développement, notamment en faveur de leurs efforts d’adaptation et d’atténuation. Quatrièmement, il nous faut un cadre mondial de gouvernance afin de gérer tous ces processus. « Si nous pouvons nous entendre sur ces quatre objectifs politiques, a-t-il insisté, ce sera un succès non négligeable. Immédiatement après, nous devrons poursuivre les négociations techniques de façon à parvenir, sur la base de ces accords, à un accord d’ensemble juridiquement contraignant, général, équitable et équilibré ».
« C’est notre objectif et je me suis activement engagé dans ce sens auprès des dirigeants mondiaux. Ce matin même, a-t-il précisé, j’ai tenu une vidéoconférence avec le Premier Ministre danois, M. Anders Fogh Rasmussen, et d’autres dirigeants du monde, et cela continuera. » Il a souhaité que tous les pays développés et en développement jouent leur rôle pour atteindre les objectifs fixés pour faire face aux changements climatiques. Nous restons ambitieux, au moment où d’importantes négociations se poursuivent à Barcelone. Avant le processus de Copenhague, a-t-il insisté, nous ferons tout notre possible pour progresser ».
Interrogé sur les suites des recommandations du rapport Goldstone, le Secrétaire général a répondu que le Conseil des droits de l’homme étant un organe subsidiaire de l’Assemblée générale, c’était désormais à celle-ci de se saisir de la question. M. Ban a indiqué que le Président de l’Assemblée générale allait réunir les États Membres pour débattre des suites à donner au rapport. Il a précisé avoir rencontré à deux reprises les représentants des pays arabes et s’être entretenu avec des représentants du Gouvernement israélien, notamment le Vice-Premier Ministre et le Ministre des affaires étrangères. Le Secrétaire général a fait part de son intention de poursuivre les échanges, indiquant qu’il attendait les décisions de l’Assemblée générale pour agir.
Un journaliste lui ayant demandé son opinion sur le rapport Goldstone et sur sa recommandation d’un renvoi éventuel devant la Cour pénale internationale dans la perspective de l’ouverture d’une enquête sur les allégations de violations des droits de l’homme commises par les deux parties, M. Ban Ki-moon a répondu qu’il avait clairement apporté par le passé son soutien à la mission conduite par le juge Goldstone. Il a aussi souligné qu’il avait fait de son mieux pour lui fournir toute l’assistance administrative et technique nécessaire. Le Secrétaire général a rappelé que sa position était très claire: partout où il y a violation du droit international humanitaire, il faut procéder à une enquête et traduire en justice les auteurs de crimes. Il a relevé que les Israéliens et les Palestiniens avaient annoncé l’ouverture d’enquêtes de leurs côtés: « Sans disposer de plus amples détails, je dirais néanmoins que c’est positif », a-t-il ajouté, rappelant qu’il avait exhorté le Gouvernement israélien à diverses reprises à ouvrir un processus d’enquête interne crédible.
Un journaliste l’ayant interrogé sur la quasi-impossibilité de mener une enquête dans le territoire contrôlé par le Hamas, en raison du quadrillage de la population que ferait peser sur elle cette organisation, M. Ban a répondu que toutes les allégations de violations du droit international humanitaire devraient faire l’objet d’enquêtes, quels qu’en soient les auteurs, comme le demande le rapport Goldstone.
Interrogé sur la demande d’indemnisation qu’il a faite au Gouvernement israélien pour les dégâts causés lors de l’offensive à Gaza, et sur la question de savoir s’il avait eu une réponse, M. Ban a évoqué ses dernières rencontres avec des ministres israéliens qui l’ont assuré que la question serait réglée au plus vite. « Je m’attends à ce qu’ils reviennent vers moi dès que possible avec les propositions nécessaires », a répondu M. Ban Ki-moon.
Par ailleurs, le Secrétaire général a été interrogé sur la situation au Sud-Liban, à la suite des derniers incidents, et sur son dernier rapport relatif à la résolution 1559 qui a été considéré par certains comme moins équilibré qu’à l’accoutumée, notamment sur le fait qu’il ne s’étend pas sur les violations israéliennes. Des journalistes ont aussi souhaité savoir si M. Ban Ki-moon soutenait toujours pleinement son Envoyé spécial pour la mise en œuvre de la résolution 1559, M. Terje Roed-Larsen, celui-ci ayant été accusé par certains pays au Conseil de sécurité de minimiser les violations israéliennes. Le Secrétaire général a répondu que selon les premiers résultats des enquêtes ouvertes par les Forces armées libanaises et par la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), il y a eu clairement violation de la résolution 1701. « Nous nous efforcerons de nous assurer, de veiller à ce que les résolutions 1559 et 1701 -qui constituent le fondement pour instaurer et maintenir la paix et la stabilité, tout en assurant la prospérité non seulement au Liban mais également dans l’ensemble de la région- soient mises en œuvre », a-t-il assuré. Il a souligné qu’à chaque fois qu’il rencontrait les autorités des deux pays, il insistait sur la nécessité de respecter pleinement ces textes. Quant à M. Roed-Larsen, « je lui fais entièrement confiance et il continuera à assumer ses fonctions ». Il a précisé que tous ses représentants spéciaux et émissaires conduisaient strictement leur mission en vertu de ses directives.
Répondant à plusieurs questions sur l’Afghanistan, le Secrétaire général a répondu que le Représentant spécial de l’ONU pour l’Afghanistan, M. Kai Eide, lui avait assuré ce matin que le Président Hamid Kazaï avait donné des instructions au Ministère de l’intérieur pour renforcer la protection du personnel des Nations Unies. L’ONU elle-même compte prendre des mesures spécifiques de sécurité à Kaboul et dans toutes les régions où la situation se révèle très dangereuse. « En principe, a-t-il ajouté, nous ne sommes pas et nous ne devrions pas être dissuadés d’agir après de tels actes terroristes haineux ». Il a assuré que les agents de l’ONU continueront de travailler et d’aider les autorités et le peuple afghans à organiser le deuxième tour de scrutin, prévu le 7 novembre prochain, tout en assurant la sécurité des locaux de l’ONU. Cela est possible, a-t-il dit, grâce au soutien total dont bénéficient les Nations Unies de la part du Gouvernement afghan, de ses forces armées ainsi que de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS). Reconnaissant qu’on ne pouvait garantir une sécurité à 100%, M. Ban a expliqué que toutes les précautions nécessaires étaient prises en matière de sécurité.
Interrogé sur l’intention des États-Unis d’augmenter leur contingent en Afghanistan et sur les éventuelles retombées positives en matière de sécurité si une telle décision devait être prise, le Secrétaire général a reconnu qu’une telle éventualité serait « un des moyens d’assurer la paix et la stabilité ». Il serait « nécessaire et important d’assurer une meilleure sécurité pour permettre un scrutin présidentiel libre et empêcher que la population ne soit pas intimidée et menacée ». Mais il estime qu’il est également nécessaire, dans le même temps, que le Président Kazaï entame un dialogue politique avec d’autres chefs de groupes ethniques ainsi qu’avec les chefs d’État de la région.
Concernant les allégations de fraudes électorales auxquelles serait impliqué le frère de M. Karzaï, M. Ban a dit ne pas être en mesure de faire le moindre commentaire à ce stade. Il a rappelé qu’à chaque fois qu’il avait eu l’occasion de rencontrer le Chef de l’État afghan par le passé, il l’avait engagé à faire en sorte d’éradiquer les pratiques nuisibles dont la culture du pavot et le trafic de l’opium: « Je n’ai cessé de répéter que tant que ces pratiques nuisibles persistaient, il ne serait pas possible d’avoir une gouvernance crédible ».
S’agissant de l’intention du Japon de mettre un terme à son opération de ravitaillement en carburant des navires qui assurent la sécurité dans l’océan Indien, M. Ban a indiqué qu’il avait demandé au nouveau Ministre des affaires étrangères du Japon, M. Tetsuro Fukoyama, de poursuivre cette action alors que le Gouvernement afghan et la situation dans la région connaissent une situation très instable. Ceux-ci ont besoin de la poursuite du soutien et de la coopération de la communauté internationale, a-t-il observé.
À une question sur l’ouverture d’une enquête de l’ONU sur les derniers attentats en Iraq, M. Ban Ki-moon a répondu que le Conseil de sécurité devrait au préalable définir le mandat de cette enquête. À la question de savoir s’il envisageait de se rendre en Syrie, M. Ban a répondu que l’on verrait en temps utile, après les premiers contacts du Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Oscar Fernandez-Taranco, à Bagdad et en étroite concertation avec les pays de la région.
Interrogé par ailleurs sur un éventuel engagement personnel accru dans la question de Chypre, le Secrétaire général s’est dit « raisonnablement optimiste sur les chances de voir cette vieille question résolue ». Il s’est dit encouragé par les engagements pris par les dirigeants chypriotes grec et turc, MM. Dimitris Christofias et Mehmet Ali Talat. Il a également rappelé l’engagement constant de son Conseiller spécial Alexander Downer. Avec le deuxième cycle de négociations qui a commencé depuis quelques semaines, a-t-il rappelé, il est désormais temps pour les deux dirigeants de songer à faire les compromis nécessaires pour progresser.
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