SG/SM/12376-SC/9713

" La consolidation de la paix va bien au-delà du règlement des conflits ", déclare M. Ban Ki-moon au cours d'un débat du Conseil de sécurité sur les situations postconflit

22/07/2009
Secrétaire généralSG/SM/12376
SC/9713
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« LA CONSOLIDATION DE LA PAIX VA BIEN AU-DELÀ DU RÈGLEMENT DES CONFLITS », DÉCLARE M. BAN KI-MOON AU COURS D’UN DÉBAT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ SUR LES SITUATIONS POSTCONFLIT


Vous trouverez ci-après le texte de la déclaration faite par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’ouverture du débat du Conseil de sécurité sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, le 22 juillet:


Je voudrais tout d’abord vous remercier, Monsieur le Président, d’avoir pris le temps de présider cette séance sur un sujet qui revêt une extrême importance pour l’ONU.


En mai de l’année dernière, le Conseil de sécurité a demandé un rapport sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit.  J’ai le plaisir de présenter mon rapport (S/2009/304) qui est le fruit de consultations approfondies et élargies.  Il définit une approche de la consolidation de la paix qui est mieux financée, gérée et coordonnée.  La Commission de consolidation de la paix l’a examiné la semaine dernière et je me félicite de sa détermination de plaider pour cette question importante. 


La consolidation de la paix va bien au-delà du règlement des conflits.  Il s’agit de mettre en place les institutions et d’instaurer la confiance qui permettront aux populations de s’engager dans la voie d’un avenir pacifique.  Nous sommes souvent contraints de faire cela avec une marge de manœuvre limitée.  Le rapport met l’accent sur la période portant sur les deux premières années qui suivent le conflit, pendant lesquelles l’insécurité persiste souvent et la paix reste fragile.  Si l’on veut établir une paix durable, il faut que la communauté internationale tire au mieux profit de ce moment et fournisse l’appui approprié au bon moment.


Des décennies d’expérience internationale nous ont enseigné que si chaque cas est unique, certains types d’appui sont presque toujours nécessaires.  À maintes reprises, les populations dévastées par la guerre nous ont demandé de l’aide afin d’instaurer la sécurité et la sûreté, de rétablir les services de base et les fonctions gouvernementales essentielles et d’appuyer une transition politique et une relance économique.


Ce ne sont pas des tâches faciles.  J’ai vu ces difficultés moi-même.  J’ai visité de nombreux pays qui sortaient d’un conflit, y compris le Soudan, Haïti, le Libéria et le Timor-Leste.  J’ai vu les coûts qu’entraîne une réaction lente ou insuffisante aux besoins urgents au lendemain d’un conflit.  J’ai toutefois pu observer la différence profonde que des efforts bien planifiés et bien gérés peuvent créer.


Je voudrais souligner les cinq messages que contient mon rapport et qui sont liés les uns aux autres.


Le premier concerne la prise en charge par les pays.  La paix ne peut s’enraciner si elle vient de l’extérieur.  La consolidation de la paix est avant tout un défi et une responsabilité au niveau national.  L’ONU et la communauté internationale doivent jouer un rôle d’appui et de catalyseur.


Le deuxième message concerne l’encadrement au plan international.  Les États Membres s’attendent à ce que l’ONU dirige la communauté internationale.  J’ai créé un mécanisme de haut niveau qui permettra de s’assurer que des équipes d’appui et de direction adaptées sont en place dès que possible.


Le troisième message concerne la cohérence.  Une consolidation de la paix efficace exige une contribution de toutes les parties du système des Nations Unies et des partenaires clefs.  La consolidation de la paix ne saurait être différenciée de la médiation, du maintien de la paix ou de l’aide au développement.  Tout cela fonctionne ensemble.


Le quatrième message a trait à la stratégie commune.  Immédiatement après le conflit, tout paraît urgent, et les besoins urgents sont nombreux.  Nous avons besoin de nous aligner derrière une approche commune, avec des priorités réalistes, auxquelles les acteurs nationaux et internationaux peuvent allouer des ressources limitées.


Le cinquième message se réfère à l’exécution prévisible et crédible.  Les États Membres doivent faire en sorte que nous ayons la capacité internationale suffisante de réagir rapidement et avec souplesse face aux besoins les plus urgents: la sûreté, la sécurité et les services fondamentaux; le renforcement de l’état de droit; l’appui aux processus politiques et la relance de l’économie.


Pour ce faire, nous devons mieux concevoir les responsabilités à l’intérieur de l’Organisation des Nations Unies, en déterminant qui doit réagir dans chacun de ces domaines clefs.  Nous avons besoin également de capacités civiles internationales plus diversifiées.  Nous avons besoin d’un financement commun planifié, comme le Fonds pour la consolidation de la paix, pour démarrer une action, qui sera suivi par des financements plus rapides provenant d’autres sources.  En outre, nous avons besoin de partenariats stratégiques plus nombreux et plus efficaces avec la Banque mondiale, les organisations régionales, la société civile et le secteur privé.


Les États Membres, quant à eux, ont un rôle essentiel à jouer.  Je les exhorte à parler d’une seule voix dans les différents forums internationaux et à aligner leur appui bilatéral sur la stratégie commune, dans chaque pays.


Il y a près de 10 ans, au cours du débat intitulé « Pas de sortie sans stratégie », le Conseil de sécurité a défini les divers défis associés aux dernières étapes de la consolidation de la paix, quand il est temps de mettre fin à une opération internationale de maintien de la paix.  En Sierra Leone, comme on l’a dit dans cette salle très récemment, nous avons vu s’appliquer beaucoup de ces leçons d’absence de stratégie de sortie.  En demandant ce rapport, le Conseil a reconnu qu’il doit également appuyer la consolidation de la paix de manière plus efficace dès le départ.  Cela exige l’engagement et la coordination de nombreux acteurs, ainsi qu’un financement approprié.  Certains acteurs clefs de l’ONU sont confrontés à des défis importants pour ce qui est d’assurer un financement en temps opportun.


J’encourage le Conseil à examiner soigneusement ces questions car elles concernent des mandats existants et futurs, et parce qu’elles font partie d’initiatives déjà en cours d’examen de mandats de maintien de la paix.  J’encourage, en outre, les membres, dans le contexte de l’examen de la Commission de consolidation de la paix qui doit avoir lieu l’année prochaine, à s’interroger sur la manière d’utiliser plus efficacement cet organe.


Mon rapport actuel fait partie d’une série d’initiatives, y compris mon rapport récent sur la médiation et le travail en cours concernant le maintien de la paix.  Ces efforts ont un objectif commun, celui de permettre à l’ONU et à ses partenaires internationaux de réagir dans les pays en crise de manière plus efficace et mieux adaptée aux besoins sur le terrain.


Je suis résolu à jouer mon rôle.  Je me suis engagé à amorcer les changements nécessaires dans l’ensemble du système des Nations Unies, mais j’ai besoin de l’appui et de l’engagement du Conseil de sécurité afin de réaliser un véritable changement.  J’attends avec impatience de travailler avec les membres du Conseil pour relever ces défis.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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