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FEM/1727

POUR RÉALISER LES OMD, IL FAUDRA DAVANTAGE TENIR COMPTE DES BESOINS ET PRIORITÉS DES FEMMES EN MATIÈRE DE SANTÉ

12/03/2009
Conseil économique et socialFEM/1727
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Commission de la condition de la femme

Cinquante-troisième session

15e séance – matin


POUR RÉALISER LES OMD, IL FAUDRA DAVANTAGE TENIR COMPTE DES BESOINS ET PRIORITÉS DES FEMMES EN MATIÈRE DE SANTÉ


Les investissements dans la santé des femmes et des filles, en particulier dans le contexte de la récession économique actuelle, profitent à la société tout entière, a affirmé, ce matin, la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Sylvie Lucas.  Pour améliorer la santé publique dans le monde, elle a demandé l’adoption de politiques plurisectorielles, incluant une composante « égalité entre les sexes », ainsi que des ressources suffisantes pour leur mise en œuvre.  À ses yeux, si on ne s’occupe pas mieux des besoins et priorités des femmes et des filles en matière de santé, en réformant les systèmes de soins, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)* ne seront pas atteints.


Mme Lucas participait à une table ronde organisée par la Commission de la condition de la femme sur le thème: « La problématique hommes-femmes en matière de santé publique: les objectifs de développement adoptés au niveau international, notamment les OMD ».


Malgré les progrès réalisés, il est toujours très difficile pour les femmes d’accéder à des soins de santé de qualité sur un pied d’égalité avec les hommes, a fait observer Mme Lucas.  Citant l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle a nommé comme principaux obstacles le coût des soins; le manque d’informations et de connaissances; l’incapacité de faire entendre sa voix et la dépendance financière; l’éloignement et la mauvaise qualité des infrastructures; et l’apathie des prestataires de services. 


Lors du débat, la représentante du Gabon a insisté sur l’absence d’autonomie financière des femmes, citant le cas des femmes rurales qui dépendent entièrement de l’homme pour s’acheter un ticket de transport et aller accoucher à l’hôpital.  L’inégalité d’accès aux soins a des conséquences graves sur la santé des femmes, comme l’ont fait remarquer tous les panelistes.  Entre 1990 et 2005, la mortalité maternelle n’a baissé que de moins de 1% par an, dans le monde, soit loin des 5,5% nécessaires pour atteindre l’OMD 5.  Quelque 500 000 femmes meurent en couches chaque année.  Lynn Collins, médecin généraliste et spécialiste des questions de santé et de développement, a rappelé que, pendant les 10 minutes de son intervention, 10 femmes, dont une adolescente, sont mortes dans le monde du fait d’une grossesse ou d’un accouchement.


Les panelistes ont également insisté sur le lien entre l’ensemble des OMD et pas seulement ceux qui sont plus spécifiquement liés à la santé.  La spécialiste des questions de santé et de développement a rappelé que les violences sexuelles, qui affectent une femme sur trois dans le monde, ont un fort impact sur la santé reproductive.  Or, si certaines mesures en la matière relèvent de la santé, comme la fourniture de moyens de contraception, d’autres, comme l’adoption de lois contre de tels abus, la création de lieux protégés ou la promotion d’un changement de comportement chez les hommes, vont bien au-delà.


Même développés, les systèmes de santé qui sont neutres d’un point de vue sexospécifique sont préjudiciables aux femmes, a affirmé Anjana Bhushan, du bureau régional du Pacifique occidental de l’OMS.  Illustrant ses propos avec le cas de la lutte contre la tuberculose au Viet Nam, pays doté selon elle de l’un des meilleurs programmes de prévention, elle a expliqué qu’hommes et femmes non seulement ne se soignent pas de la même façon, même quand les soins sont gratuits, mais, du point de vue biologique, ils ne réagissent pas non plus de la même manière face à la maladie.  Par exemple, les symptômes liés à la tuberculose, bien connus, sont moins aisément détectables chez la femme que chez l’homme.  Les personnels de santé doivent être formés à de telles variations pour ne pas commettre d’erreurs de diagnostic.  Dans de nombreux pays, ces services, très féminisés, sont peu formés et mal payés, donc peu attractifs.


La priorité doit être l’accès universel à des soins de santé primaire de qualité, a insisté Hernan Montenegro, Conseiller à l’Organisation panaméricaine de la santé.  Tout en expliquant que les pays d’Amérique latine ont fait de gros progrès en matière de santé et de développement, il a relevé que cette amélioration générale s’est accompagnée d’inégalités de plus en plus grandes.  Ainsi, si la mortalité infantile a baissé d’un tiers, 60% des cas existants interviennent dans les 30% des pays les plus pauvres.  De même, si l’espérance de vie a augmenté en moyenne de 6 ans, dans un même pays, l’écart entre les plus riches et les plus pauvres peut atteindre 20 ans.  Il a attribué ces inégalités croissantes aux politiques d’ajustement structurel, au néolibéralisme et à la mondialisation.


Panelistes et intervenants se sont en effet inquiétés des conséquences de la crise économique sur le financement des secteurs de la santé et sur la réalisation des OMD.  La Présidente de l’ECOSOC a estimé qu’elle pourrait avoir des effets particulièrement préjudiciables pour les femmes et les filles.  La réduction des services de santé publique accessibles financièrement ne peut qu’amener les femmes et les filles à reprendre leur rôle traditionnel de pourvoyeuses de soins au foyer, donc à réduire leur accès à un emploi productif dans un marché de travail déjà compromis par la crise.  La privatisation des soins, avec l’augmentation des coûts qui s’ensuit, a les mêmes effets.


La représentante de l’OMS a rappelé que son Organisation analyse déjà les répercussions probables de la crise, même s’il reste de nombreuses inconnues sur sa durée et son évolution.  Elle a toutefois appelé à ne pas réduire les dépenses déjà bien souvent insuffisantes, dans le secteur de la santé.  C’est certes une recommandation difficile à suivre, a-t-elle reconnu, mais les crises précédentes ont montré que la protection du budget de la santé en cas de crise est l’un des meilleurs moyens de limiter les conséquences de l’appauvrissement de la population.  Elle a estimé qu’il faut donner la priorité aux programmes de santé publique, qui ont le plus d’impact sur la santé des pauvres, tout en compilant le plus de données possible sur les répercussions de la crise sur le secteur de santé, afin de fournir des bases à la mise en place de nouvelles politiques en la matière.


La représentante de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a attiré l’attention sur les difficultés d’accès au soin des migrants, et notamment des femmes migrantes, alors même qu’on assiste, comme l’a confirmé la spécialiste des questions de santé et de développement, à une féminisation de la migration.  Contraintes d’émigrer dans des conditions irrégulières, les femmes sont particulièrement vulnérables, surtout lorsqu’elles se retrouvent dans des sociétés culturellement différentes.  Les panelistes ont estimé qu’il fallait leur fournir un accès acceptable et abordable aux soins, en tenant compte des caractéristiques multiethniques et multiculturelles. 


À l’occasion de cette table ronde, la Commission de la condition de la femme était saisie d’une lettre en date du 3 décembre 2008**, adressée par le Président de l’ECOSOC au Président de la Commission, et relative au suivi des résolutions et décisions de l’ECOSOC.  La Commission était également saisie d’une note du Secrétariat sur la mise en œuvre des objectifs et des engagements convenus au niveau international en ce qui concerne la santé publique mondiale***.


*     Au nombre de huit, les OMD, qui doivent être réalisés d’ici à 2015, portent sur la réduction de la pauvreté et de la faim; l’accès à l’éducation primaire pour tous; l’égalité entre les sexes; la réduction de la mortalité infantile; l’amélioration de la santé maternelle; la lutte contre le VIH/sida et le paludisme; la protection de l’environnement, et la création d’un partenariat mondial pour le développement.


**    E.CN.6/2009/9


***   E.CN.6/2009/13


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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