LES GRANDS GROUPES RÉCLAMENT LEUR PLACE DANS L’ÉLABORATION DES POLITIQUES POUR UNE GESTION DURABLE DES FORÊTS
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Forum des Nations Unies sur les forêts
Huitième session
6e séance – matin
LES GRANDS GROUPES RÉCLAMENT LEUR PLACE DANS L’ÉLABORATION DES POLITIQUES POUR UNE GESTION DURABLE DES FORÊTS
Au moment même où l’Assemblée générale a proclamé le 22 avril Journée internationale de la Terre nourricière, le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a tenu un débat sur « les forêts, les femmes et le bois de chauffe », avec les neuf grands groupes de la société civile, identifiés dans Action 21, le Programme d’action adopté, à Rio en 1992, par le Sommet de la Terre. Le FNUF a aussi achevé son débat général sur le thème « les forêts dans un monde en évolution ».
Qu’elles soient rurales, montagnardes ou urbaines, ce sont les femmes qui sont chargées de la collecte du bois de chauffe, parfois dans des conditions très difficiles. Elles y consacrent un temps qu’elles ne peuvent utiliser, par exemple, pour se former à d’autres activités et gagner en autonomie. Une autonomie qui est d’autant plus difficile à acquérir que bien souvent les femmes sont dépourvues de droits fonciers.
Devant ce constat, le groupe des femmes a plaidé pour une meilleure participation de ses représentantes à l’élaboration des stratégies et plans d’action pour une gestion durable des forêts. Les femmes n’ont pas été les seules à plaider en ce sens. Les groupes des ONG et des peuples autochtones ont, dans une déclaration commune, souligné que les premiers tributaires de l’exploitation des ressources forestières sont les peuples autochtones, qui méritent donc d’être impliqués davantage dans la gestion des forêts.
Selon ces groupes, la foresterie industrielle fait fausse route en croyant que l’on peut remplacer les forêts naturelles par des forêts artificielles. Ils ont appelé à la conservation des forêts « de qualité », celles-là même qui peuvent contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les groupes des agriculteurs s’est montré plus précis en voulant que le futur mécanisme financier de la gestion durable des forêts réponde aux besoins spécifiques des exploitants traditionnels.
Celui de la communauté scientifique et technique a souligné la nécessité pour les pays de se doter des connaissances et des techniques nécessaires à une bonne gestion des forêts et de financer correctement la recherche, les réseaux sur les forêts et l’éducation.
Ces grands groupes ont annoncé la tenue, en 2010, d’une réunion portant sur leur contribution au Forum, sachant que celui-ci abordera les questions sociales en 2011, pendant l’Année internationale des forêts. Le dialogue avec les grands groupes devrait reprendre mardi prochain.
La prochaine séance publique du FNUF aura lieu vendredi 24 avril, à 17 heures.
LES FORÊTS DANS UN MONDE EN ÉVOLUTION ( E/CN.18/2009/8 )
Les forêts et le changement climatique ( E/CN.18/2009/4 )
Inverser le processus de déforestation, prévenir la dégradation des forêts dans tous les types de forêts et lutter contre la désertification, en particulier dans les pays à faible couvert forestier ( E/CN.18/2009/5 , E/CN.18/2009/6 et E/CN.18/2009/7 )
Les forêts et la protection de la diversité biologique, y compris les zones protégées
Suite et fin du débat général
Le représentant du Japon a noté que le déboisement et la dégradation des forêts sont étroitement liés aux changements climatiques, notamment la désertification et la dégradation de la biodiversité. Le Gouvernement du Japon, a-t-il dit, appuie l’idée de renforcer la coordination entre les conventions sur ces différentes questions. Il faut tirer les enseignements de la gestion durable des forêts, a-t-il souhaité, en garantissant la participation du secteur forestier et le partenariat avec les institutions chargées des forêts et des changements climatiques. Nous devons aussi recourir aux initiatives multilatérales, comme le programme des Nations Unies visant à réduire les émissions issues de la déforestation et de la dégradation des forêts (REDD). Le représentant a appelé les pays en développement à s’attaquer aux problèmes de déboisement, en adoptant des programmes pertinents et en adaptant leurs politiques. Le déboisement menace la biodiversité des forêts du monde, a-t-il précisé, avant de rappeler la conférence que son pays organise l’année prochaine sur la biodiversité.
M. WANDOJO SISWANTO (Indonésie) a reconnu que la dégradation des forêts a un impact sur les personnes qui vivent de cette ressource. En Indonésie, a-t-il précisé, nous travaillons à la protection des forêts, en luttant notamment contre leur exploitation illicite et en œuvrant pour le reboisement. Il a souligné l’importance d’un mécanisme financier international pour faciliter les politiques en matière de forêts. Nous avons besoin de coopération à tous les niveaux, avec les pays développés et les pays en développement, a-t-il ajouté. En tant que pays en développement, nous souhaitons arriver à une gestion durable des forêts sans ralentir notre croissance économique, a-t-il dit. Le représentant indonésien a aussi noté que les questions relatives aux forêts vont au-delà des changements climatiques et a encouragé l’examen de ces questions de manière intégrée.
Mme NANCY CESPEDES (Chili) a exprimé son accord sur les recommandations proposées au Forum, notamment celle portant sur l’intégration des forêts dans les programmes politiques. Pour sa part, le Chili a mis en place un certain nombre de politiques destinées à protéger les espèces et les zones menacées. Elle a également mentionné l’adoption d’un cadre de politique générale soutenant ces mesures. En outre, a-t-elle ajouté, un plan d’action sur les changements climatiques a été adopté en décembre dernier. Elle a aussi indiqué que le Chili fait partie du Processus de Montréal sur la gestion durable des forêts, mécanisme qui fournit des indicateurs et des critères de gestion des forêts, et qui recherche des solutions sur des sujets comme le climat, la biodiversité et les biocarburants.
M. AHMAD RAJABI (République islamique d’Iran) a déclaré que les pays à faible couvert forestier, qui regroupent plus de 850 millions d’habitants, dont la moitié vivent dans des zones rurales, étaient les plus exposés aux effets des changements climatiques et à la dégradation des sols. Il a souhaité que les rapports finaux du FNUF reflètent les besoins particuliers de ces pays, qui souvent sont ceux qui ne disposent pas des moyens techniques et financiers nécessaires pour faire face aux défis des changements climatiques. Il a également mentionné une initiative associant des groupes d’experts iraniens, qui, aux côtés du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), réfléchissent depuis plusieurs années aux moyens à mettre en œuvre pour améliorer le rôle de certaines plantes dans l’atténuation des effets du réchauffement climatique. Cela a abouti à l’implantation à grande échelle d’arbres dans les zones urbaines et périurbaines en Éthiopie, en Iran, au Mali, en Namibie ou en Tunisie, a-t-il fait savoir.
M. SÉBASTIEN MALELE MBALA (République démocratique du Congo), rappelant que son pays abritait le deuxième massif forestier du monde, a indiqué que depuis 2002 l’accent était mis sur l’adaptation de la législation de la RDC à la réalisation des objectifs d’ensemble relatifs aux forêts. Il a signalé qu’une entreprise aussi titanesque que répertorier tous les types de forêts ou les conserver des écosystèmes nécessitait des ressources financières qui font actuellement défaut. Il a souligné, à ce propos, que la mise en œuvre d’un programme aussi ambitieux que le Plan de convergence de la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC), présenté hier devant le Forum, nécessitait un financement de 1,7 milliard de dollars.
M. PABLO CISNEROS (Pérou) a lui aussi appelé à la création d’un mécanisme de financement qui permette aux pays comme le sien, touché par la déforestation, de mettre en œuvre les objectifs de gestion durable des forêts. Reboiser, répertorier les types de forêts, évaluer précisément le taux de dégradation, promouvoir une bonne gouvernance, tout cela coûte de l’argent, a lancé le représentant, qui a indiqué que la législation de son pays avait été réformée pour surmonter les nouveaux défis climatiques.
M. ILAN FLUSS (Israël) a émis l’espoir que les travaux du Forum contribueront à l’application des objectifs d’ensemble de l’instrument juridique non contraignant sur les forêts. En Israël, a-t-il dit, nous avons géré les zones arides et semi-arides, impropres à l’agriculture. Le représentant a indiqué que son pays a une plus grande couverture forestière qu’il y a 100 ans. Nous avons des projets de reboisement et de gestion de l’eau, qui utilisent les méthodes de gestion durable des forêts et qui sont fondées sur une approche holistique. Nous luttons depuis des années contre la désertification et les changements climatiques, en nous adaptant et en développant notre environnement, a encore précisé le représentant. Il a estimé que la communauté internationale doit se doter de politiques pour adopter des plans et projets sur ces questions. Il a aussi parlé de ses programmes en matière de coopération internationale.
M. DONATUS ST. AIMEE (Sainte-Lucie) a soulevé le problème des petits États insulaires en développement et autres pays du monde dont la couverture forestière est très faible. Avec l’élévation du niveau de la mer, les villes et villages des zones de faible altitude vont devoir se déplacer vers le centre du pays et les montagnes, s’il y en a, ce qui risque de réduire des forêts déjà limitées, a-t-il averti. Il a noté que les zones agricoles vont aussi diminuer, entrainant une baisse de l’activité agricole dans ces îles. Il a donc attiré l’attention sur l’importance de délimiter des réserves forestières dans ces pays, tout en développant les activités d’agroforesterie. Le représentant a cependant noté le coût souvent trop élevé des mesures à prendre et a appelé les donateurs à contribuer au fonds d’adaptation, au fonds d’atténuation, aux autres mécanismes de transfert de technologies et au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies sur les forêts.
Le représentant de la Finlande a indiqué que son pays a accueilli l’année dernière l’atelier paneuropéen sur les forêts en évolution, qui a conclu que les forêts sont un élément vital pour le développement durable. Les participants à cet atelier se sont dits conscients de ce que les questions abordées sont interdépendantes, a-t-il précisé. Il a énuméré ensuite plusieurs des mesures concrètes proposées par cet atelier, comme la promotion du rôle des forêts dans le développement durable ou le renforcement de la collaboration et de la coordination. Les participants à l’atelier ont aussi appelé à l’amélioration de la gouvernance relative aux forêts et à la prise en compte des incidences des changements climatiques, a-t-il ajouté.
M. AITKUL BURKHANOV (Kirghizistan) a indiqué que son pays avait un faible couvert forestier, mais que toutes les forêts étaient protégées par des lois environnementales afin d’en assurer la bonne santé et une exploitation raisonnable. Notre gouvernement se concentre sur la protection de l’environnement au travers de plans d’action nationaux destinés à développer au mieux le secteur forestier et la gestion durable des massifs forestiers, a-t-il ajouté. Le représentant a conclu en estimant qu’il serait bon de procéder à des bilans et inventaires régionaux afin de mieux définir les services écologiques à mettre en place.
M. TROY TORRINGTON (Guyana) a déclaré qu’il fallait conserver les arbres au lieu de les couper. Il a fait savoir que son pays prenait d’abord en compte la dimension économique de la gestion durable des forêts, en vue d’en optimiser l’exploitation. Pour ce faire, il a demandé que l’on aide les pays à conserver leur couvert forestier, en remplaçant les emplois qu’occupent les abatteurs par des emplois « verts ».
M. FRANKLIN RANGEL (Venezuela) a indiqué que son pays s’efforçait de favoriser l’équilibre écologique par le biais de comités pour la conservation. Ces derniers ont permis de planter au cours des dernières années quelque 4 millions d’arbres de 310 espèces différentes, a-t-il dit, appelant ensuite à une protection accrue et coordonnée de l’Amazonie. Lui aussi a suggéré que soient financés des bilans écologiques des forêts pour améliorer la mise en œuvre des mesures de gestion durable.
Mme PARITA HOLM (Palaos) a déclaré que son pays disposait d’un couvert forestier assez dense, abritant beaucoup d’espèces endémiques. Mais les ressources humaines et financières manquent pour gérer efficacement les forêts et faire ainsi face aux défis des changements climatiques, a-t-elle expliqué. Elle a précisé que les Palaos avaient un besoin urgent d’aide en matière de formation, en particulier pour établir des bilans écologiques et des inventaires sur la base desquels doivent être définies les mesures d’adaptation au climat.
DÉBAT MULTIPARTITE ( E/CN.18/2009/13 , E/CN.18/2009/13/Add.1 , E/CN.18/2009/13/Add.2 , E/CN.18/2009/13/Add.3 , E/CN.18/2009/13/Add.4 et E/CN.18/2009/13/Add.5 )
Débat interactif entre les États Membres, les grands groupes et les membres du Partenariat de collaboration sur les forêts
Modéré par M. PETER MAYER, Directeur exécutif du Réseau mondial pour la coopération scientifique sur les forêts (IUFRO), le dialogue a permis à la représentante du Groupe des femmes d’insister sur le rôle des femmes dans la mise en œuvre de l’instrument juridique non contraignant sur les forêts. Elle a appelé les gouvernements et les différents acteurs impliqués dans ces questions à mener des efforts suffisants pour renforcer le rôle des femmes dans l’élaboration des stratégies et l’application des plans d’action. Elle a souhaité en particulier qu’on accorde davantage d’importance à la participation des femmes des pays en développement qui sont les plus touchés par les changements climatiques et la dégradation des forêts, notamment celles des petits États insulaires en développement. Il faut travailler avec les femmes à l’éradication de la pauvreté, en augmentant le nombre de femmes dans les processus de prise de décisions, a-t-il réitéré.
Rappelant que la gestion des forêts devient de plus en plus complexe, le représentant du Groupe de la communauté scientifique et technique a mentionné en particulier les préoccupations liées au bois d’œuvre. Il a appelé les pays à se doter des connaissances et des techniques nécessaires, en impliquant la communauté scientifique et en s’attachant à bien financer la recherche, les réseaux sur les forêts et l’éducation. Pour faire face à des problèmes transversaux, il a suggéré une bonne coopération régionale. Il faut aussi harmoniser les priorités aux niveaux régional et sous-régional, a-t-il souhaité, et améliorer les infrastructures de communication.
Le représentant du Groupe des enfants et des jeunes a apprécié que l’instrument juridique non contraignant sur les forêts tienne compte des intérêts des enfants, comme demandé par le Groupe au moment des négociations. En ce qui concerne le mécanisme de financement envisagé, il a soutenu une approche par portefeuille. Il a aussi proposé un système de contrôles croisés pour garantir l’efficacité de ce mécanisme. Selon lui, le système REDD va permettre de résoudre déjà certains problèmes pour la gestion des ressources naturelles, mais il ne les réglera pas tous. Les jeunes des forêts rurales voient leurs espoirs diminuer chaque jour et il est de notre devoir de trouver des solutions, a-t-il conclu.
Les représentants du Groupe des ONG et des peuples autochtones ont fait une déclaration commune, pour regretter le manque de mesures prises par les décideurs politiques et le secteur privé pour lutter contre la déforestation. Ils ont estimé que les programmes de reboisement devaient s’appuyer sur les apports des peuples autochtones, premiers tributaires de l’exploitation des ressources forestières. Les représentants ont ajouté que la foresterie industrielle faisait fausse route en croyant que l’on peut remplacer les forêts naturelles par des forêts artificielles, ajoutant que le reboisement devait se baser sur les attributs biologiques d’origine, cela afin d’assurer la conservation de forêts « de qualité » à même de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les représentants ont appelé à des mesures immédiates pour freiner la destruction des forêts, en agissant de façon cohérente et respectueuse des droits coutumiers autochtones. Ils ont plaidé pour une gouvernance des forêts impliquant plus les communautés locales, cela pour que les aspects culturels des usages forestiers soient pris en compte dans le cadre de la gestion durable des forêts. Enfin, se référant à l’intervention, ce matin devant l’Assemblée générale, du Président bolivien Evo Morlaes, les orateurs ont souhaité délivrer un message: « Nous appartenons à la Terre, la Terre ne nous appartient pas », ont-ils dit.
Le représentant du Groupe des agriculteurs et des petits propriétaires forestiers a souhaité que l’élaboration du mécanisme financier de la gestion durable des forêts tienne compte des besoins spécifiques des exploitants forestiers traditionnels. La production et la conservation vont de pair, la gestion durable des forêts étant une nécessité pour assurer la viabilité du milieu dont nous dépendons pour exister, a-t-il dit, soulignant que les forêts faisaient partie de la solution au problème du climat. Il est temps, a ajouté l’orateur, que l’utilisation de la bioénergie devienne la norme afin d’accroitre les revenus tirés du développement des emplois « verts ». Concluant, il a demandé la mise en place d’une gestion durable des forêts fondée sur le renforcement des droits fonciers des populations locales, dont les réseaux sylvicoles assurent une exploitation active et cohérente des systèmes forestiers.
Au cours de l’échange qui a suivi, les délégations se sont félicitées de la contribution des grands groupes au débat. Le représentant de l’Indonésie a fait remarquer que l’objectif visant la conservation des forêts ne peut pas être atteint si on oublie les besoins des communautés. Au niveau local, celles-ci travaillent beaucoup en faveur de la gestion durable des forêts, a remarqué la représentante de la Jamaïque, qui a demandé des détails sur les initiatives menées en ce sens avec les ONG.
La Suisse et les États-Unis ont apprécié en particulier l’intervention du Groupe des jeunes et des enfants. La représentante de la Suisse a soutenu l’idée que, pour mettre en œuvre la gestion durable des forêts, il faut garantir les droits de propriété sur les sols. Pour la République tchèque, a estimé son représentant, qui parlait au nom de l’Union européenne (UE), il est essentiel d’assurer la jouissance des droits et les moyens de subsistance des populations autochtones, qui dépendent des forêts.
La représentante des États Unis a souhaité pouvoir discuter plus avant dans les jours qui viennent des moyens de mise en œuvre de la gestion durable des forêts. Elle a aussi souhaité qu’on parle davantage du bois de chauffe. Pour sa part, la délégation de la Chine a souhaité que le Forum ne s’écarte pas trop du thème principal de la session qui est la gestion durable des forêts.
Soulevant les problèmes des petits États insulaires en développement, le représentant de la Grenade a demandé des éclaircissements sur le financement des politiques consacrées aux forêts. Celui de l’Argentine a demandé, quant à lui, plus de détails sur les activités envisagées conjointement par les grands groupes. En réponse, un représentant de grand groupe a annoncé la tenue d’une réunion de ces groupes en 2010, pour rendre compte de leurs activités au Forum, qui abordera les questions sociales en 2011 et l’Année internationale des forêts.
Table ronde sur le thème « Les forêts, les femmes et le bois de feu »
Mme RACHEL MAYANJA, Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a, en lançant la discussion, rappelé que la gestion durable des forêts comportait des dimensions sociales aussi importantes que les dimensions environnementales et économiques qui ont occupé les débats jusqu’à aujourd’hui. Elle a notamment souligné que pendant et après les conflits, d’importantes portions de la population trouvaient refuge dans ou aux alentours des forêts. Là, ces personnes deviennent dépendantes de l’exploitation même temporaire des forêts, y compris du bois de chauffe, pour vivre. L’intervenante a ajouté que la forêt pouvait être en temps de guerre un lieu de refuge mais également de danger pour les femmes et les jeunes filles, car c’est bien souvent là qu’ont lieu les abus et les violences à leur encontre.
Mme CAROLYN MAKINSON, Directrice exécutive de la Commission des femmes réfugiées, a rappelé que plus de 40 millions de personnes sont aujourd’hui des réfugiés. Les périodes de déplacement représentent en moyenne 17 années de leur vie et la majorité des réfugiés sont des femmes et des enfants. Mme Makinson a expliqué que ces réfugiés se trouvent le plus souvent en Afrique subsaharienne ou au Moyen-Orient, régions très pauvres qui ont déjà des problèmes pour répondre aux besoins de leur propre population. Créée il y a 20 ans, la Commission a été la première organisation à expliquer que les femmes réfugiées n’avaient pas accès à la planification familiale, a signalé Mme Makinson. Après 10 ans de travail en ce sens, a-t-elle ajouté, les femmes réfugiées ont accès plus largement à ces services.
Mme Makinson a ensuite soulevé les problèmes que rencontrent les femmes et les jeunes filles au Darfour, qui sont souvent violées en allant chercher du bois de chauffe. Il existe des patrouilles de protection mais pas d’approche systématique pour régler ce problème, a-t-elle déploré. Un autre problème pour ces femmes est celui du caractère nocif pour la santé de la combustion du bois de chauffe à l’intérieur des habitations. À l’heure actuelle, une équipe spéciale a été constituée pour chercher des solutions au problème des combustibles dans les situations humanitaires. Nous devons développer encore les connaissances en la matière et diffuser de nouvelles technologies, a indiqué Mme Makinson, en attirant l’attention sur le fait que la Commission crée des réseaux avec pour objectif de responsabiliser les femmes et de les dissuader d’aller chercher du bois de chauffe et de le revendre.
M. LAMBERT OKRAH, chercheur en anthropologie du développement de l’Université du Ghana, à Accra, a indiqué que les forêts, pour de nombreuses sociétés, ne sont pas seulement un lieu d’où tirer des ressources, mais le socle d’un mode de vie qui permet aux communautés de maintenir leurs activités culturelles. Il faut savoir que lorsqu’on déboise, on détruit des pans entiers de la diversité humaine, a-t-il lancé. Le panéliste a poursuivi en soulignant que les femmes, dépourvues le plus souvent de droits fonciers, ont un accès limité aux biens de la forêt, « cantonnées qu’elles sont aux activités de subsistance ». Il faut que les femmes cessent de tenir les seconds rôles par rapport aux hommes qui manipulent les plantes médicinales et peuvent tirer des revenus des activités forestières.
La commercialisation des forêts échappe encore aux femmes, a-t-il insisté, expliquant que même dans le cadre des programmes de reboisement, l’absence de droits fonciers leur barre l’accès aux nouvelles terres exploitables. Selon lui, la prévention de la violence conjugale passe aussi par la revalorisation économique et sociale des femmes en vue de les rendre plus autonomes, y compris en matière de gestion durable des forêts en milieu rural. Les pays doivent changer leur cadre législatif en l’adaptant à la nouvelle donne climatique, qui exige une augmentation de la part des femmes dans les activités sylvicoles, a ainsi conclu M. Okrah.
Mme KANCHAN LAMA, Conseillère pour la parité entre les sexes au Népal et dans d’autres pays, a parlé d’une politique népalaise sur les régimes fonciers qui favorise l’accès à la propriété des pauvres. Elle a ensuite donné des détails sur les problèmes liés à la collecte du bois de chauffe par les femmes au Népal. Tout d’abord, a-t-elle expliqué, les chutes de neige et les pluies dans les régions montagneuses constituent des obstacles à l’accomplissement de cette tâche, notamment dans le massif de l’Himalaya. Elle a rappelé que, dans cette région, la femme est en général le principal gestionnaire de l’énergie au foyer. Elle a indiqué avoir favorisé l’électrification des régions rurales, notamment par l’exploitation de l’hydroélectricité.
Les femmes qui vont chercher le bois de chauffe, a poursuivi Mme Lama, consacrent deux heures pour y aller et deux heures pour revenir, et ce, trois fois par semaine en moyenne. Le manque d’accès des femmes au bois de chauffe dans les pays en développement continue donc à poser un problème auquel il faut s’attaquer. Dans certaines régions, il n’existe aucun autre combustible, surtout que le biogaz ne peut être utilisé par toutes les familles à cause des conditions climatiques. On utilise parfois l’énergie solaire, mais cela ne permet pas de faire cuire les aliments. Des initiatives ont permis cependant de réduire l’utilisation du bois pour faire fonctionner les cuisinières, a indiqué Mme Lama. Nous avons besoin de financer la recherche sur d’autres moyens d’énergie, a conclu l’experte. Elle a aussi voulu savoir comment les femmes et les hommes ruraux peuvent tirer parti des initiatives de réduction des émissions, notamment dans les pays en développement.
M. PIETER VAN MILDWOUD, de l’Université Wageningen des Pays-Bas, a expliqué que les questions liées au bois de chauffe n’étaient pas vaines, la collecte de ce type de bois concernant la subsistance de millions de personnes dans les pays en développement parmi les plus touchés par les changements climatiques. Des défis techniques et sociaux sont associés au ramassage du bois de chauffe, y compris dans les camps de réfugiés où on l’utilise tous les jours pour cuisiner. Le déboisement représente donc une menace directe pour les populations, a poursuivi le panéliste, qui a précisé que l’allongement des distances entre le foyer et le lieu de collecte augmentait les risques d’agression contre les femmes. Les femmes, qui s’absentent pendant plusieurs heures par jour pour aller chercher le bois, n’ont pas non plus le temps de s’éduquer ou de s’adonner à d’autres activités propices à leur autonomisation, a encore dit M. Mildwoud. Il a estimé qu’il fallait trouver un équilibre dans l’utilisation des forêts, dont l’exploitation doit être partagée entre la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et l’amélioration des conditions d’usage du bois de chauffe.
Au cours du bref échange qui a eu lieu après ces témoignages, le représentant du Cambodge a indiqué que son pays essaye d’impliquer les communautés locales dans la gestion durable des forêts. Il a reconnu que les principales menaces dans ce domaine sont les problèmes liés au droit de propriété foncière. Il a aussi signalé que la collecte de bois de chauffe aboutit au Cambodge à des pertes considérables de surfaces.
Rappelant que son pays a perdu des milliers d’hectares de forêts à cause de problèmes politiques d’autres pays et de l’augmentation du nombre de réfugiés sur son territoire, le représentant de la République-Unie de Tanzanie a appelé à une réflexion sur le problème de plus en plus grand que posent les réfugiés en Afrique. Mme MAKINSON a appuyé cette idée et donné un exemple de solution durable. En Éthiopie, a-t-elle ainsi expliqué, les réfugiés somaliens ont posé un problème qui a été résolu avec l’exploitation du sucre pour produire de l’éthanol et faire fonctionner les cuisinières. Des solutions existent donc, qui peuvent parfois créer une dynamique dont bénéficie aussi la population du pays d’accueil, a-t-elle souligné.
De son côté, la représentante des États Unis a demandé des précisions sur le problème du déboisement autour des régions urbaines et de l’utilisation du bois et du charbon. Mme MAKINSON a précisé que 50% des réfugiés ou des personnes déplacées se trouvent dans des zones urbaines et qu’ils doivent aussi se déplacer pour aller chercher du bois de chauffe.
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