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ENV/DEV/1034

LE FORUM DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS RÉFLÉCHIT AUX MOYENS À METTRE EN ŒUVRE EN VUE D’UNE GESTION DURABLE DES FORÊTS

20/04/2009
Conseil économique et socialENV/DEV/1034
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Forum des Nations Unies sur les forêts

Huitième session

2e et 3e séances – matin et après-midi                      


LE FORUM DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS RÉFLÉCHIT AUX MOYENS À METTRE EN ŒUVRE EN VUE D’UNE GESTION DURABLE DES FORÊTS


Le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a entamé aujourd’hui, en présence de plusieurs ministres, les travaux de sa huitième session avec l’objectif de parvenir à la mise en place d’un mécanisme mondial de financement des « objectifs d’ensemble relatifs aux forêts ». 


Le but d’une gestion durable des forêts, « concept dynamique en évolution », est de « maintenir et renforcer les valeurs économiques, sociales et environnementales de tous les types de forêts pour les générations présentes et futures », a ainsi déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, Sha Zukang, à l’ouverture de la session du FNUF, organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), qui se tiendra jusqu’au 1er mai.


Après l’adoption par l’Assemblée générale en 2007 d’un instrument international juridique non contraignant sur les forêts, mis au point par le Forum au cours de sa dernière session, celui-ci « est entré dans une nouvelle phase », a affirmé le Président de la huitième session, M. Boen Purnama (Indonésie).


Cette année, les travaux du Forum doivent aboutir à un accord sur un mécanisme mondial de financement des « objectifs d’ensemble relatifs aux forêts ».  Au nombre de quatre, ces objectifs visent à augmenter dans le monde et de façon significative les surfaces des forêts protégées ou objet d’une gestion durable, à inverser la tendance à la baisse de l’aide publique au développement en faveur d’une gestion durable des forêts, à inverser la tendance à la déforestation, et à accroître les bienfaits sociaux et environnementaux d’une économie fondée sur les ressources forestières.


De nombreuses délégations ont souligné l’importance d’aider les pays en développement à financer la gestion durable des forêts.  Le Président du Partenariat de collaboration sur les forêts, M. Jan Heino, a appelé à fournir davantage de ressources financières pour aider ces pays à mettre en œuvre l’instrument concernant les forêts. 


Le Groupe des 77 et de la Chine a proposé la création d’un fonds mondial pour les forêts et appelé à augmenter les sources de financement pour promouvoir la gestion durable de cette ressource.  D’autres ont noté la diversité des moyens de financement possibles, comme ceux qui impliquent les sociétés privées, mais le représentant des États-Unis a invité à bien évaluer au préalable ces méthodes.


Les intervenants ont également mis l’accent sur la contribution de la gestion durable des forêts à la réalisation des objectifs internationaux de développement, comme l’élimination de la pauvreté.


Selon le représentant de la République tchèque, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, cette session doit permettre d’améliorer la coopération sur les questions liées à la gestion des forêts, par le biais notamment du Partenariat de collaboration sur les forêts et du Fonds de partenariat pour la réduction des émissions de carbone forestier des Nations Unies (Programme UN-REDD).  Le lien entre la gestion durable des forêts et l’accord attendu cette année sur les changements climatiques a été plusieurs fois mis en évidence.


Au cours d’une table ronde portant sur les menaces que fait porter la crise financière sur les forêts, le Directeur de la Division de l’environnement de la Banque mondiale a plaidé en faveur de mécanismes de financement à long terme pour améliorer la gestion durable des forêts.  Il a souhaité une prise de conscience quant au rôle potentiel des forêts dans la lutte contre la dégradation du climat.


Les activités illégales d’abattage dans les forêts augmentent en général dans les périodes de difficultés économiques, a ensuite expliqué le Directeur exécutif de l’Organisation internationale des bois tropicaux (ITTO).  De son côté, le Président de l’organisation « Conservation Internationale » a appelé à mener une exploitation rationnelle et maitrisée du potentiel des régions tropicales qui représentent 16% de la surface terrestre et recèlent 50% de la totalité des espèces végétales.


Le Forum était saisi du rapport du Secrétaire général sur « la réalisation des quatre objectifs d’ensemble relatifs aux forêts et l’application de l’instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts »*, présenté par la Directrice du Secrétariat du Forum, Mme Jan McAlpine.  Celle-ci a également présenté les rapports du Secrétaire général sur « le renforcement et la coordination des politiques et des programmes »** et sur « le financement et les autres moyens de mise en œuvre d’une gestion durable des forêts »***.


Le « Document d’information sur le cadre 2008 et 2009 du Partenariat de collaboration sur les forêts »**** a, lui, été présenté par M. Jan Heino.  Ce partenariat établi par l’ECOSOC rassemble 14 institutions nationales dans le but de renforcer la coordination en matière de gestion viable des forêts.


En début de séance, le Forum avait élu, par acclamation, M. Boen Purnama, de l’Indonésie, à la présidence de la huitième session.  MM. Modesto Fernández (Cuba), Abdellah Benmellouk (Maroc), Glen Kile (Australie) et Arvids Ozols (Lettonie) ont été élus pour leur part aux postes de vice-présidents, le dernier assumant en outre les fonctions de rapporteur.


Par ailleurs, le Forum a décidé d’accréditer le Forum africain sur les forêts en tant qu’organisation intergouvernementale, afin qu’il participe à ses travaux.


La prochaine réunion du Forum des Nations Unies sur les forêts aura lieu demain, mardi 21 avril, à 10 heures.


* E/CN.18/2009/2

  ** E/CN.18/2009/10

   *** E/CN.18/2009/9

    **** E/CN.18/2009/12


RÉALISATION DES QUATRE OBJECTIFS D’ENSEMBLE RELATIFS AUX FORÊTS ET APPLICATION DE L’INSTRUMENT JURIDIQUEMENT NON CONTRAIGNANT CONCERNANT TOUS LES TYPES DE FORÊTS ( E/CN.18/2009/2)


RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION ET COORDINATION DES POLITIQUES ET DES PROGRAMMES, NOTAMMENT ÉTABLISSEMENT DE NOUVELLES ORIENTATIONS À L’INTENTION DU PARTENARIAT DE COLLABORATION SUR LES FORÊTS.


Déclarations liminaires


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a relevé que la gestion durable des forêts était un concept dynamique en évolution, dont le but est de maintenir et de renforcer les valeurs économiques, sociales et environnementales de tous les types de forêts pour les générations présentes et futures.  Les forêts sont les poumons de notre planète, a-t-il dit, et des milliards de personnes en dépendent pour leur revenu, leur alimentation, leurs médicaments et leur logement.  Il a précisé que la forêt fournissait des revenus à 1,6 milliard de personnes.  Le commerce des produits forestiers est évalué à des centaines de millions, ce qui représente 4% de la valeur mondiale des matières premières.  Le Secrétaire général adjoint a aussi indiqué que les forêts étaient un élément vital du développement durable, car elles participent à l’élimination de la pauvreté, au développement rural, à l’accès à l’eau, à la productivité agricole, à la conservation des sols et au contrôle des inondations.


Alors que l’ONU prépare la Conférence de Copenhague sur le climat qui se tiendra à la fin de l’année, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, le Forum peut envoyer le message selon lequel il convient de prendre en compte toutes les questions relatives aux forêts pour gérer les effets des changements climatiques.  Il a souligné que les forêts présentaient d’autres avantages que la séquestration du carbone.  Il y a deux ans, l’instrument juridique non contraignant relatif à tous les types de forêts a été adopté, ce qui a marqué le début d’une nouvelle ère dans la politique internationale sur les forêts, a-t-il rappelé.


Les discussions vont porter, pendant cette session, sur des questions allant des aspects environnementaux de la biodiversité aux changements climatiques, en lien avec le Sommet de Rio en 1992, a-t-il indiqué.  M. Zukang a aussi expliqué que le Forum devait parvenir cette année à un accord sur le financement de la gestion durable des forêts.  Pendant la crise financière asiatique en 1997, de grandes zones forestières ont disparu et ont été utilisées pour autre chose, a-t-il dit, avant de souligner combien certaines communautés en avaient souffert.  Le Secrétaire général adjoint a appelé à passer à l’action, dans un monde globalisé où les solutions durables dépendent de l’esprit de partenariat à tous les niveaux.


M. JAN HEINO, Directeur général adjoint du Département des forêts de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et Président du Partenariat de collaboration sur les forêts, a déclaré que plus personne aujourd’hui ne pouvait nier l’importance du rôle des arbres et des forêts dans l’atténuation des effets des changements climatiques, pour lutter contre la désertification et la dégradation des terres et améliorer la productivité agricole en respectant l’environnement.  Il a ajouté qu’il était également admis au plan international qu’il fallait davantage de ressources financières pour aider les pays à mettre en œuvre les engagements pris lors des dernières sessions du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF).


M. Heino a indiqué que la huitième session du Forum allait précisément se concentrer sur la mise en place d’un mécanisme financier destiné à assurer le fonctionnement coordonné de toutes les initiatives et fonds en rapport avec la gestion durable des forêts à l’échelle mondiale.  Il a expliqué que le Partenariat, dans le cadre de sa stratégie sur les forêts et les changements climatiques, avait transmis au Forum un rapport sur l’adaptation des forêts qu’il pourra examiner pendant la session.  M. Heino a aussi évoqué le Fonds de partenariat pour la réduction des émissions de carbone forestier des Nations Unies, un programme géré de manière conjointe par la FAO, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et qui, en coopération avec le Programme d’investissement pour les forêts, s’efforce déjà de trouver les ressources nécessaires à la mise en œuvre des réformes pertinentes. 


En conclusion, M. Heino a répété qu’il ne pouvait y avoir de gestion durable des forêts sans moyens réels, qu’ils soient financiers ou technologiques, ces mêmes moyens devant soutenir une action commune qui permettra en outre d’intensifier la lutte contre la désertisation et la dégradation des terres.


Débat général


M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMED (Soudan), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a relevé que les pays en développement abritaient la plus grande partie de la superficie forestière mondiale et que les forêts jouaient un rôle vital dans la vie des communautés rurales de ces pays.  La gestion durable des forêts est donc une part importante de l’action visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier l’objectif d’élimination de l’extrême pauvreté, a-t-il indiqué.  La contribution des forêts dans la conservation de la biodiversité et la séquestration du carbone est aussi évidente, a-t-il ajouté.  Il a souligné l’importance pour la communauté internationale de l’instrument juridique non contraignant sur les forêts, adopté par l’Assemblée générale, en 2007.


Le représentant a rappelé que les pays qui étaient dotés d’une faible couverture forestière dans les régions arides et semi-arides étaient sujets à la dégradation des terres et à la désertification.  Citant le rapport du Secrétaire général sur cette question, il a relevé que 71 pays concernés n’avaient pas reçu de soutien international approprié.  Il a souligné la grande vulnérabilité des petits États insulaires en développement (PEID) liée à leurs difficultés à parvenir à une gestion durable des forêts.  L’Afrique a aussi été identifiée comme une région qui souffre du manque de soutien international pour gérer de façon durable les forêts, a-t-il noté.


Le Groupe des 77 et de la Chine estime que les forêts devraient être prises en compte dans la réponse mondiale à la crise économique mondiale, a poursuivi son représentant.  Le soutien financier à la gestion durable de forêts permet aux pays en développement d’élaborer une capacité de résilience et de faire face à leurs besoins sociaux et environnementaux.  C’est en effet l’insuffisance de fonds qui entrave la gestion durable des forêts dans les pays en développement, a insisté M. Mohamed.  Il a donc apprécié le fait que le Forum examine, au cours de la présente session, les moyens de la mise en œuvre de cette gestion.  Le Groupe des 77 propose à cet effet la création d’un fonds mondial pour les forêts, a-t-il ajouté, et appelle à augmenter les sources de financement pour promouvoir la gestion durable de cette ressource.  Il a en outre exhorté les donateurs à doubler au moins leurs contributions à cette fin.  Le Conseil économique et social (ECOSOC) a déjà demandé de créer un mécanisme de financement volontaire mondial, a-t-il rappelé.


M. TOMAS KREJZAR (République tchèque), au nom de l’Union européenne (UE), a déclaré que si l’adoption de l’instrument non contraignant sur tous les types de forêts lors de la session précédente du FNUF représentait une étape importante dans le dialogue international sur la question, l’heure était venue de réunir les conditions propices à sa mise en œuvre.  Il a estimé que les thèmes de la présente session, axée sur la gestion des forêts dans un environnement changeant, donnaient l’occasion aux délégations d’appréhender les questions cruciales que sont l’adaptation des forêts aux changements climatiques, la conservation de la biodiversité forestière, l’inversion de l’érosion du couvert forestier ou encore la lutte contre la dégradation du milieu forestier et la désertification. 


L’UE croit fermement que la gestion durable des forêts contribue grandement à la réalisation des objectifs internationaux de développement, a poursuivi le représentant tchèque.  Selon lui, la huitième session du FNUF doit permettre d’améliorer la coopération sur les questions liées à la gestion des forêts, par le biais notamment d’initiatives conjointes telles que le Partenariat de collaboration sur les forêts et le Fonds de partenariat pour la réduction des émissions de carbone forestier des Nations Unies (Programme UN-REDD).  M. Krejzar a en outre souligné que la session devrait aboutir à un mécanisme de financement des objectifs identifiés par le Groupe spécial d’experts à composition non limitée chargé d’examiner la teneur de l’instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts.  Il a indiqué que la bonne gouvernance et l’application de la loi, y compris le renforcement des droits fonciers, étaient les principaux préalables à la réalisation des objectifs d’ensemble relatifs aux forêts. 


Mme RUTH TURIA (Papouasie-Nouvelle-Guinée), au nom des États insulaires du Pacifique, a indiqué que ces derniers avaient participé de façon limitée à la dernière session du Forum, mais que, cette année, ils étaient largement représentés.  Une session préparatoire du Forum a d’ailleurs eu lieu à Fidji, a-t-elle précisé.  Nous sommes de petits États insulaires confrontés aux changements climatiques et à la gestion illégale de forêts, a expliqué la représentante.  Elle s’est félicitée que l’instrument juridique non contraignant sur les forêts mettait l’accent sur l’implication régionale, afin que soient pris en comptes les besoins à ce niveau.  La représentante a insisté sur le caractère particulier du groupe de pays qu’elle représente et demandé qu’il soit considéré comme point focal pour la région.


M. PETAR ČOBANKOVIĆ, Ministre du développement régional et de la gestion des eaux et des forêts de la Croatie, a souhaité que la huitième session du FNUF aboutisse à la création d’un mécanisme de financement de la gestion internationale des forêts, et ce afin d’éviter que les travaux du Forum ne soient réduits à des exercices de rhétorique.  Il a ensuite évoqué la situation dans son pays, où près de 80% du couvert forestier appartient à l’État, qui en assure la durabilité en utilisant des techniques respectueuses de l’environnement.  Les 2 millions d’hectares de forêts dont le Gouvernement croate a la responsabilité ont été certifiés par les plus hautes institutions internationales relatives aux forêts, a encore noté le représentant.  Il a expliqué que son pays avait récemment mis en place un impôt vert afin d’améliorer la gestion durable des forêts et d’optimiser les débouchés commerciaux et en terme d’emploi de l’exploitation des forêts, en particulier au sein des communautés locales.  Le représentant a ensuite indiqué que, dans le cadre de l’Année internationale des forêts, qui se tiendra en 2011, la Croatie organiserait une conférence internationale sur la gestion durable des forêts et la biodiversité.  Il a conclu en soulignant que les prochaines décisions sur les forêts auraient un impact direct et décisif sur la réalisation des objectifs d’adaptation aux effets des changements climatiques, et, ce faisant, sur la vie de millions de personnes à travers le monde. 


M. ANDRÉ DE JESUS MODA, Vice-Ministre de l’agriculture pour les ressources forestières de l’Angola, a constaté que, malgré les efforts conjugués de la communauté internationale en vue d’assurer une gestion durable des forêts, on assistait aujourd’hui à une perte continuelle des forêts et à leur dégradation, en particulier dans les zones tropicales et subtropicales.  Les principales victimes sont les pauvres, a-t-il remarqué, avant d’appeler la communauté internationale à arriver à la concrétisation des objectifs mondiaux relatifs aux forêts.  La gestion durable des forêts est fondamentale pour réduire les effets des changements climatiques, a-t-il ajouté, avant de se féliciter des initiatives prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment le mécanisme de compensation visant la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD).


L’Angola, qui s’engage à soutenir les efforts pour une gestion durable de ce patrimoine, a initié un vaste programme de développement intégré incluant la lutte contre la désertification, mais aussi le boisement, le reboisement forestier et le renforcement des capacités, a indiqué le Vice-Ministre.  Un premier inventaire forestier est en cours avec la coopération technique de la FAO, a-t-il précisé.  Il a aussi évoqué une loi récente sur la politique nationale des forêts, ainsi que le processus de formulation de la stratégie nationale sur le boisement et le reboisement.


M. MICHAEL JONG TJIEN FA, Ministre de la planification de la gestion des terres et des forêts du Surinam, a déclaré que son pays avait toujours conduit des politiques volontaires en matière de gestion durable des forêts et de protection de l’environnement.  Au cours des 50 dernières années, a-t-il dit, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour mettre en place une législation nationale solide pour protéger les forêts du Surinam, si bien qu’aujourd’hui nous pouvons nous prévaloir d’un couvert forestier de 90% non touché par la déforestation.  Affirmant que les forêts de son pays pouvaient contribuer au stockage du carbone, le Ministre a ensuite demandé à la communauté internationale d’intensifier son aide à destination des pays à couverture forestière élevée, notamment ceux menacés par le déplacement de la déforestation et en vue de stabiliser efficacement la dégradation du climat.  Enfin, il a à son tour appelé à la mise en place d’un mécanisme financier propice à la mise en œuvre des objectifs d’ensemble relatifs aux forêts, qui contribueraient selon lui à l’éradication de la pauvreté et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


M. KIRAN GURUNG, Ministre des forêts et de la conservation des sols du Népal, a mis l’accent sur la coordination internationale des politiques et le partage des connaissances pour arriver à une gestion durable des forêts.  Dans les Himalaya, qui comprennent huit des sommets les plus élevés au monde, le réchauffement planétaire a un effet sur la biodiversité et le statut socioculturel des populations, a-t-il expliqué.  Cette région contient une riche biodiversité et est source d’eau potable grâce à ses lacs et ses glaciers qui assurent l’alimentation en eau pour des millions de personnes.  Mais, a-t-il noté, la fonte prévisible des glaciers peut entrainer des inondations en Asie du Sud.  Atténuer les effets du réchauffement climatique dans les Himalaya est donc très important, a-t-il souligné.


Le Népal a une expérience de 30 années dans la gestion des forêts, a indiqué le Ministre, grâce notamment à la préservation des connaissances des populations autochtones.  Il a précisé qu’environ un tiers de la population s’impliquait dans cette gestion et que le Gouvernement avait mis au point des programmes communautaires de développement forestier.  Le Ministre népalais s’est aussi félicité que son pays ait été sélectionné pour participer au programme de captage de carbone des forêts.  Nous avons un nouveau Népal vert, mais la conservation des ressources forestières ne sera pas efficace tant que la pauvreté ne sera pas éliminée, a-t-il observé.  Il a ajouté que, si le Népal avait créé un millier d’emplois verts, une aide extérieure serait aussi utile.  Nous partageons notre expérience en matière de conservation des ressources naturelles et avons même prévu d’accueillir une conférence sur cette question en décembre 2009, a-t-il ajouté.  Il a enfin appelé à une plus grande coopération internationale dans la recherche d’une gestion durable des forêts.


M. ABDUL WAHID ABUSALIM (Malaisie), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a déclaré que les pays de la région avaient renforcé leurs infrastructures depuis l’adoption, en 2007, de l’instrument non contraignant sur tous les types de forêts.  Les outils de gestion que nous avons mis sur pied sont utiles pour évaluer régulièrement les besoins en matière de gestion durable des forêts, a-t-il dit, ajoutant que les activités forestières dans les pays d’Asie du Sud-Est étaient liées aux programmes de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a signalé qu’un groupe d’experts avait été établi pour appuyer les politiques forestières des États de l’ANASE.  Le représentant a conclu en demandant un accroissement de la coopération en groupes régionaux en ce qui concerne la concrétisation des objectifs d’ensemble relatifs aux forêts. 


M. MARTY NATALEGAWA (Indonésie) a rappelé que l’instrument juridique non contraignant adopté en 2007 sur les forêts constituait le premier accord mondial sur cette question.  Mais il a appelé à accentuer les efforts de collaboration dans ce domaine.  Il a assuré, de son côté, de l’engagement de son pays dans l’application du principe de gestion durable des forêts.  Le Président de l’Indonésie a créé un groupe de pays à forêts tropicales, le « F-11 », qui coopère pour une gestion durable, a-t-il dit.  Pour appliquer les quatre objectifs de l’instrument juridique, a-t-il noté, les pays en développement doivent affronter des circonstances difficiles, comme des ressources financières insuffisantes et des lois faibles.  Le représentant a donc demandé qu’un soutien soit apporté à ces pays, notamment par le biais de financements supplémentaires et des transferts de techniques.


M. FERNANDO COIMBRA (Brésil) a souligné que son pays, qui possède le plus vaste couvert forestier tropical au monde, était fermement engagé dans la promotion d’une gestion durable des forêts respectueuse de l’environnement ainsi que des dimensions sociales et économiques qui doivent accompagner tout effort de développement durable.  Il a indiqué que le Brésil avait récemment mis en place un fonds pour l’Amazone destiné à mobiliser les ressources financières nécessaires à la réduction des gaz à effet de serre et de la déforestation.  Le représentant a également évoqué le plan national brésilien sur les changements climatiques, qui vise, a-t-il dit, à intensifier la protection des forêts et à combattre la déforestation illégale.  Selon lui, le FNUF doit maintenant être doté d’un mécanisme de financement permettant la réalisation des objectifs identifiés en matière de gestion durable des forêts dans un environnement changeant.  C’est ainsi qu’il a plaidé pour la création d’un fonds global sur les forêts, en vue de contribuer à un monde plus « vert » et propice à une croissance économique durable soucieuse de l’environnement et du développement équitable des sociétés.


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a déclaré attacher la plus haute importance aux questions relatives aux forêts, considérant les avantages économiques et sociaux qu’elles représentent.  Elle a souligné en particulier le rôle des forêts pour conserver la biodiversité et le captage du gaz carbonique.  Elle a indiqué que 60% de la superficie de son pays était recouverte de forêts.  Nous avons travaillé à la conservation et à la restauration des forêts, notamment grâce au système de zones protégées, a-t-elle dit.  Nous encourageons aussi des politiques favorisant le développement de pratiques durables, comme les gardes forestiers qui ont pour mission de protéger les forêts, a ajouté la représentante.  Se félicitant de l’adoption de l’instrument juridique non contraignant sur les forêts élaboré par le Forum en 2007, elle l’a cependant jugé incomplet et a appelé à prendre une décision sur un mécanisme de financement mondial.  Cette question devrait être abordée avec la même volonté que lors de l’adoption de l’instrument, même si le contexte économique actuel est difficile, a-t-elle affirmé.  Il est essentiel, selon elle, de disposer non seulement de ressources supplémentaires mais aussi d’un transfert de techniques, afin de renforcer les capacités.  La représentante a assuré que la Colombie avait la volonté de travailler avec les autres membres pour entreprendre une action effective en faveur de la gestion durable des forêts.


M. QU GUILIN (Chine) a déclaré que l’adoption de l’instrument non contraignant sur tous les types de forêts en 2007 constituait un jalon dans la gestion durable des forêts.  Il nous faut à présent lier la mise en œuvre de nos programmes sur les forêts à celle de nos programmes de développement, ce qui suppose un engagement politique en vue de rendre réalisable cet effort, a ajouté le représentant.  S’agissant de la situation dans la région Asie-Pacifique, il a indiqué que la gestion rationnelle des forêts faisait partie de plusieurs déclarations conjointes et de la plupart des législations nationales.  La Chine a renforcé les droits forestiers des exploitants et mis en place des réformes pour mieux lutter contre l’abattage et le commerce illégaux du bois, qui sapent les efforts de lutte contre les effets des changements climatiques, a dit le représentant.  Il a conclu en souhaitant que la présente session permette de trouver un équilibre entre développement et protection des forêts, cela en tenant compte des avantages économiques d’une gestion « réaliste et moderne » des ressources forestières.


M. JOHN M. MATUSZAK (États-Unis) a expliqué que l’ampleur des défis en matière d’évolution du climat exigeait une prise de conscience des pays quant à la nature interdépendante des questions touchant à l’environnement.  Il a ainsi relevé que la Secrétaire d’État, Mme Hillary Clinton, avait, lors du récent Sommet des Amériques, souligné le lien entre changements climatiques et déforestation.  Pour le représentant, la situation actuelle nécessite la mise en place de stratégies où les thèmes de l’eau, de l’énergie ou encore de l’utilisation de la terre sont appréhendés de façon intégrée.  C’est en ce sens qu’il a appelé les parties engagées dans la cause environnementale, qu’il s’agisse des organismes liés à l’ONU, des organisations non gouvernementales, du secteur privé ou les gouvernements, à agir « différemment » à l’égard des forêts, en intensifiant notamment la coopération au niveau régional.  Concernant le financement des objectifs d’ensemble relatifs aux forêts, le représentant a estimé qu’il fallait rendre ce secteur plus attractif aux yeux des investisseurs, en précisant les enjeux et en définissant des priorités claires.


M. RAJAN SEHGAL (Inde) a indiqué que plusieurs projets et programmes étaient mis en œuvre pour la conservation des forêts dans l’ensemble du pays, soutenus par un comité écologique.  Des critères et des indicateurs concernant l’exécution des mesures prises ont été mis au point, a-t-il ajouté.  L’Inde s’est engagée dans une politique qui met l’accent sur l’équilibre écologique et la préservation de l’environnement, a assuré le représentant.  Il a également indiqué que son pays appuyait le renforcement des instruments internationaux de protection de l’environnement.


MOYENS DE MISE EN ŒUVRE D’UNE GESTION DURABLE DES FORÊTS ( E/CN.18/2009/9 ET E/CN.18/2009/11 )


-     Utilisation des moyens de mise en œuvre (financement, renforcement des capacités et transfert de technologies respectueuses de l’environnement)


-     Décision concernant la mise en place d’un mécanisme mondial de financement volontaire, d’une approche par portefeuille et d’un cadre de financement pour les activités forestières ( E/CN.18/2009/17)


Table ronde sur le thème « La crise financière et la gestion durable des forêts: menace et opportunité »


Le modérateur de la table ronde, M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a constaté qu’au début du mois, les dirigeants du G-20 avaient décidé d’augmenter les ressources des institutions financières internationales pour leur permettre de faire face à la crise de façon coordonnée.  Ils se sont aussi engagés à accorder une attention particulière aux pays en développement les plus pauvres, comme demandé par le Secrétaire général, a-t-il ajouté.  Le Secrétaire général adjoint a relevé en effet les incidences graves de la crise sur ces pays, dont les forêts sont davantage utilisées pour l’alimentation et d’autres besoins de base.  La crise économique et financière peut aussi limiter les investissements en faveur d’une gestion durable des forêts, a-t-il averti.


M. Zukang a noté que la crise actuelle était plus profonde que la crise asiatique en 1997.  La crise de 1997, a-t-il rappelé, a entraîné la perte de grandes parties de forêts en Asie, ces zones ayant été brûlées ou converties pour les utiliser autrement et pouvoir survivre.  Elle a aussi affecté les marchés des matières premières et l’économie des forêts.  M. Zukang a cité le cas de l’industrie du caoutchouc au Sri Lanka qui s’est effondrée car on ne pouvait plus exporter cette ressource vers les pays touchés par la crise, comme la Malaisie ou l’Indonésie. 


Ces crises sont une occasion d’investir dans l’énergie efficace, l’énergie propre et les emplois verts, notamment par le biais de mesures d’incitation proposées par quelques gouvernements, a-t-il poursuivi.  Il a donné l’exemple d’un programme américain du New Deal, qui fut en vigueur entre 1933 et 1942, en faveur de la conservation et permettant de stimuler l’emploi.  À cette occasion, 2 millions d’arbres avaient été plantés, a-t-il rappelé.


Déclarations liminaires


M. WARREN EVANS, Directeur de la division de l’environnement de la Banque mondiale, a déclaré que le ralentissement de la croissance économique dû à la crise financière entraînait, du côté des pays en développement, une plus grande vulnérabilité aux effets des changements climatiques.  Il a ajouté qu’il était du devoir de la communauté internationale d’aider ces pays en accélérant la réponse des donateurs dans les situations d’urgence, qui, désormais, auront des répercussions néfastes sur l’environnement.  Les forêts sont négativement touchées par cette crise, a indiqué M. Evans, qui a appelé à la mise en œuvre de mécanismes de financement à long terme pour améliorer la gestion durable des forêts. 


Le problème, c’est que la crise incite à investir à court terme, a-t-il poursuivi, demandant qu’une prise de conscience ait lieu quant au rôle potentiel des forêts dans la lutte contre la dégradation du climat.  Investir dans le reboisement est une initiative payante à tous les coups, a ainsi lancé M. Evans, surtout si cela est fait en collaboration avec les communautés locales, directement concernées par la mauvaise gestion des forêts, un milieu dont elles tirent souvent l’essentiel de leurs moyens d’existence.  Il a évoqué à ce sujet les accords entre les groupes autochtones et la Banque mondiale conclus avant la survenue de la crise financière.  Ces accords, a-t-il dit, restent pertinents car ils avaient été élaborés dans l’idée d’associer la gestion durable des forêts et l’atténuation de l’impact économique, écologique et social des changements climatiques.  La question, aujourd’hui, c’est de savoir comment faire pour que les fonds aillent de la communauté internationale aux communautés, a ensuite estimé M. Evans.  Il a conclu en soulignant que les idées ne manquaient pas pour améliorer l’exploitation « équilibrée et soucieuse » de l’environnement des forêts.  Ce sont les ressources qui font défaut, a-t-il dit, souhaitant que la session du FNUF soit l’occasion de mettre sur pied un mécanisme de financement de la gestion des forêts à l’échelle mondiale.


M. EMMANUEL ZE MEKA, Directeur exécutif de l’Organisation internationale des bois tropicaux (ITTO), a indiqué ne pas disposer de tous les chiffres sur la production de bois d’œuvre des tropiques mais que, selon les prévisions actuelles, tous les pays tropicaux allaient connaître une réduction de leur économie qui ne ferait que s’aggraver au cours de l’année.  L’augmentation de la pauvreté va entraîner une pression sur les forêts, a-t-il averti.  Dans certains pays, la crise financière mondiale provoquera l’abattage illégal d’arbres dans les forêts.  Les compagnies d’abattage vont vouloir réduire les coûts de l’abattage, a aussi indiqué l’expert.  Dans les périodes de difficultés économiques, a-t-il ajouté, les activités illégales dans les forêts augmentent et les propriétaires de scieries doivent recourir à d’autres produits pour compenser leurs pertes.


M. Ze Meka a aussi expliqué que les marchés traditionnels comme les États-Unis et l’Union européenne diminuaient sous l’effet de la crise financière.  La demande de la Chine, qui est le plus gros importateur de bois de pays tropicaux, est également en train de diminuer, a-t-il indiqué.  Il faudrait, selon lui, essayer de trouver des produits forestiers mixtes.  Ceux qui dépendent des forêts vont être affectés par la crise car leurs emplois vont disparaître à mesure que les scieries vont fermer, a aussi noté le Directeur exécutif de l’ITTO.  Il a cité le cas de la Côte d’Ivoire où 17 000 emplois ont ainsi été perdus.


Le plan vert annoncé dans le monde développé ne va pas donner beaucoup de possibilités aux pays tropicaux, a estimé M. Ze Meka.  L’essentiel des pays développés ne dirigeront pas leur aide vers l’extérieur, a-t-il craint en effet.  Le Brésil connaît de grandes difficultés par rapport à 2008, l’exportation des produits tropicaux ayant diminué de 60%.  Mais dans certains pays comme l’Indonésie, des ressources vont être allouées à la lutte contre la crise.  Certains fonds viennent d’ailleurs des pays développés, a-t-il souligné.  Beaucoup de gouvernements de pays tropicaux n’ont pas les moyens de lutter contre la crise, mais le FNUF et l’ITTO peuvent jouer un rôle pour sensibiliser ces pays à la crise et aux moyens d’y faire face, a dit M. Ze Meka en conclusion de son intervention.


M. RUSS MITTERMEIER, Président de l’organisation « Conservation internationale  », a estimé que l’approche stratégique à privilégier était celle basée sur l’identification des priorités et la recherche de résultats concrets.  Cette manière de faire doit notamment s’appliquer aux régions tropicales les plus vitales pour la planète, qui représentent 16% de la surface terrestre et recèlent 50% de la totalité des espèces végétales.  Le conférencier a pris pour exemple Madagascar, où le déboisement menace de faire disparaître des espèces endémiques et entraîne déjà une dégradation sérieuse de l’habitat naturel.  L’autre zone vitale est le plateau de Gaïna, situé au nord-est de l’Amazone, a poursuivi l’intervenant, qui a demandé au FNUF de s’occuper prioritairement de ces zones « aussi diversifiées que fragiles » sur le plan de la biodiversité.  L’enjeu est de parvenir à une exploitation rationnelle et maîtrisée du potentiel de ces régions, a encore dit l’orateur.  Il a en outre demandé que l’on n’oublie pas que des gens vivent dans ces zones forestières.  Pas moins de 1 600 langues sont parlées dans ces régions, où les peuples restent attachés à leurs modes de vie traditionnels, a-t-il dit, indiquant que les communautés autochtones étaient celles qui maîtrisaient le mieux la gestion de surfaces naturelles particulièrement vastes et complexes. 


Concernant le financement de la gestion durable des forêts, il a ensuite considéré qu’il fallait s’efforcer d’élargir la superficie des zones protégées, et ce en s’appuyant sur les actions déjà engagées par la Banque mondiale, les divers fonds d’affectation spéciale et les fondations privés.  Il a déclaré que Madagascar et le Suriname, en coopération avec d’autres pays du plateau de Gaïna comme le Brésil, avaient contribué de façon spectaculaire à élargir la surface de ces zones au cours des 10 dernières années.  Le conférencier a également estimé que l’écotourisme était un secteur à développer en vue d’accroître le financement des activités de foresterie, comme cela se fait avec succès au Costa-Rica.  Enfin, il a mis en garde contre une consommation « effrénée » des forêts tropicales, qui entraîne inexorablement une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.  À terme, la gestion durable des forêts doit contribuer à la correction des déséquilibres entre pauvres et riches: voilà le message que le FNUF doit envoyer dans l’optique de la Conférence de Copenhague sur le climat, a conclu M. Mittermeier. 


Débat interactif


Dans le bref échange qui a suivi, M. EVANS a réitéré que la crise économique et financière actuelle aurait une incidence négative sur les pays en développement et donc sur les forêts.  Il faut donc prévoir, de façon immédiate, de protéger les forêts et leurs ressources.  Mais, a-t-il ajouté, les questions à long terme relatives à la gestion durable des forêts sont en rapport avec l’accord qui doit être conclu sur les changements climatiques.


M. ZE MEKA a souhaité, quant à lui, que l’on saisisse l’opportunité de la crise pour protéger davantage les forêts, rappelant tous les services qu’elles peuvent rendre.  Il faut aller au-delà de la simple exploitation des forêts, a-t-il estimé, et faire preuve de créativité en développant des marchés.


En répondant à une question de l’Argentine sur le paiement pour services d’écosystèmes, M. MITTERMEIER a assuré y croire fermement et espérer que cela se développera.  Il a aussi appuyé l’observation du représentant du Bénin qui espérait que le fonds mondial envisagé pour les forêts serait assez important pour ne pas avoir à le réalimenter tous les ans.


Il est essentiel que le secteur privé soit impliqué dans les problèmes des forêts, a aussi dit M. Mittermeier, suivant la représentante de l’Inde qui appelait à encourager l’investissement privé.  Le représentant du Japon a également invité à trouver des façons de mobiliser des ressources nouvelles et d’attirer le secteur privé.


Reprise du débat général


M. ALI SOULEYMAN DABYE (Tchad) a rappelé que la superficie de son pays, l’un des plus chauds au monde et situé au centre de l’Afrique, était au trois quarts désertique et sans débouchés maritimes.  La population est à 80% rurale, donc directement dépendante pour sa survie des ressources tirées de l’exploitation agricole, a-t-il dit.  Il a poursuivi en notant que le Tchad était l’un des pays les plus exposés à la pression climatique, qui menace ses ressources forestières, entraînant un exode rural important.  Il a indiqué que son pays devait concrétiser son potentiel forestier, estimé à 31 millions d’hectares par la FAO, pour lutter contre l’avancée du désert et relancer les activités économiques.  Il a indiqué que la présidence tchadienne, consciente de cela, avait ratifié toutes les conventions de l’ONU sur le climat.


M. FARUKH AMIL (Pakistan) a souligné la nécessité de trouver des modes de financement supplémentaires pour protéger les forêts et leur gestion durable.  Le Forum peut aborder ces questions en envisageant des mesures à court terme et à long terme.  Le Pakistan est un pays semi-aride avec un couvert forestier inférieur à 5%, a expliqué le représentant qui a relevé les difficultés pour ce pays à remplir les quatre objectifs énoncés par l’instrument concernant les forêts.  Il s’est aussi félicité de la coopération internationale dans ce domaine qui peut, a-t-il dit, conduire à des solutions à long terme.


M. NAZARIO FERNÁNDEZ BIOSCA (Cuba) a déclaré que son pays avait fait des efforts considérables pour faire passer son couvert forestier de 22 du territoire national à 25,2%.  Il a estimé que ce progrès reflétait l’importance que son pays accordait aux activités forestières « soucieuses de l’environnement ».  La crise financière risque d’affecter le respect des engagements en matière d’aide financière internationale, a-t-il dit, déplorant que les pays en développement aient encore à pâtir de la dégradation du climat à laquelle ils ne contribuent pourtant que dans une très faible mesure. 


M. RAJABI (République islamique d’Iran) a demandé que plus de moyens soient mobilisés pour mettre en œuvre les objectifs d’ensemble relatifs aux forêts.  Il a ainsi plaidé pour une meilleure coopération internationale en matière forestière, un mécanisme de financement étant nécessaire, comme le souligne le Secrétaire général, afin d’améliorer la gestion durable des forêts dont doivent pouvoir bénéficier prioritairement les pays à faibles couverts, a-t-il dit.


M. SUTERA (Argentine) a indiqué qu’en février dernier, le Parlement de son pays avait adopté une loi sur la protection des forêts ainsi qu’un moratoire sur l’abattage des arbres.  En outre, un fonds spécial a été établi en vue de financer la protection des ressources naturelles, a-t-il dit, avant d’inviter les délégations à venir en nombre à la conférence qui sera organisée en octobre prochain à Buenos Aires sur la question de la gestion durable des forêts. 


M. MIYAZONO (Japon) a jugé essentiel de partager les informations en vue de mettre en place une gestion durable des forêts.  Le Japon a mené de grands efforts pour la gestion durable des forêts, en luttant notamment contre l’abattage illégal, a-t-il indiqué.  Le Japon appuie également les efforts des pays en développement pour atténuer les effets négatifs des changements climatiques, notamment en matière de gestion durable des forêts.  Une augmentation des ressources financières dans un avenir proche n’est guère envisageable, et il convient de prévoir les moyens financiers de parvenir à la gestion durable des forêts, a-t-il dit.


Mme CEPEDES (Chili) a indiqué que son pays avait encouragé l’adoption de politiques publiques visant l’utilisation durable des forêts et la protection des terres qui font l’objet de désertification.  Le secteur forestier contribue à atténuer les émissions de gaz à effet de serre sur le plan international, a-t-elle aussi noté.  Elle a donné l’exemple de son pays qui, avec une grande superficie de forêts, conserve ainsi plusieurs millions de tonnes de gaz carbonique.  La représentante a aussi appelé à faire preuve d’une « coresponsabilité », en mettant en place un fonds mondial pour les forêts.


M. GLEN KILE (Australie) a souhaité que soient identifiés les domaines prioritaires qui seraient financés par le fonds mondial sur les forêts.  En ce qui concerne l’abattage illégal des forêts, il a appelé à adopter des démarches multiples pour affronter les cinq éléments principaux du problème.  À cet égard, il a cité notamment les capacités des gouvernements d’empêcher cet abattage, la limitation des importations de bois ou encore la divulgation de l’origine du bois.


Mme MOSHIBUDI RAMPEDI (Afrique du Sud) a déclaré que le FNUF, en permettant la discussion sur la gestion durable des forêts, contribuait au progrès en matière de développement.  Le renforcement du secteur forestier exige une coopération accrue entre États pour avancer dans les domaines socioéconomiques, mais aussi pour sauver des régions entières de la disparition pure et simple, a-t-elle ajouté.  Selon la représentante, la lutte contre les effets des changements climatiques nécessite des ressources adaptées.  La discussion sur ce point avance, comme en témoigne le rapport du Secrétaire général qui préconise l’établissement d’un mécanisme de financement des objectifs d’ensemble relatifs aux forêts identifiés en 2007 dans le cadre de l’instrument non contraignant sur tous les types de forêts, s’est félicitée Mme Rampedi.  Elle s’est dite prête à participer pleinement à la réflexion sur cette question, l’Afrique du Sud ayant fait depuis longtemps de la gouvernance des forêts un thème prioritaire de son agenda sur le développement.


M. ROSSI (République dominicaine) a indiqué que ces dernières années son pays avait renforcé ses moyens de protection des écosystèmes, en contribuant notamment à l’amélioration de la bonne gouvernance forestière au niveau régional.  Des bureaux d’appui ont été établis dans la sous-région ouverts à la participation conjointe des acteurs des secteurs privé et public, a-t-il dit, soulignant que l’apport de la FAO avait permis d’accélérer la formation écologique des personnels forestiers.  Il a en outre noté que le reboisement constituait une stratégie de choix pour lutter efficacement et durablement contre les effets des changements climatiques.  À ce sujet, il a évoqué un accord de reboisement avec Haïti, un effort de longue haleine, a-t-il dit, mené tout le long de la frontière commune et qui nécessitera des moyens techniques et financiers importants.  Le représentant a fait appel à la volonté politique des États et estimé que le FNUF avait un rôle important de catalyseur des ressources financières devant soutenir l’action collective en faveur des forêts. 


M. REID (Nouvelle-Zélande) a constaté que, si la gestion des forêts était ancienne, elle n’était pas pour autant très bien définie au plan mondial.  Il a souligné les différences entre les divers types de forêts et expliqué que les communautés avaient des attentes différentes concernant les forêts.  Il a fait le lien entre les changements climatiques et la gestion rationnelle des forêts.  Le représentant a également considéré que les processus régionaux, comme celui de Montréal, devaient permettre de mesurer les demandes changeantes en matière de forêts.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’attirer des fonds en utilisant les mécanismes existants ainsi que l’instrument juridique non contraignant. 


Le représentant du Groupe des peuples autochtones a fait remarquer que les forêts ne représentaient pas seulement des arbres mais aussi l’habitat de peuples autochtones.  La participation des autochtones doit donc être prise en considération, faute de voir disparaître la diversité biologique et culturelle, a-t-il averti.  Il a expliqué que les politiques d’atténuation avaient des incidences directes sur les communautés et les modes de vie traditionnels.  Des expériences négatives ont été vécues dans les communautés à cause du « développement propre », a-t-il signalé, des droits ayant été violés et des autochtones dépourvus de leurs terres.  Il a souligné l’importance de procéder à des échanges d’expérience sur des projets en cours de réalisation.  Il a aussi invité le Forum à prendre en compte dans ses travaux la Déclaration universelle sur les droits des peuples autochtones.


M. TOMÁŠ KREJAZAR (République tchèque), au nom de l’Union européenne (UE), a estimé que le financement de la gestion durable de tous les types de forêts devait être une entreprise commune.  À cet égard, il a demandé que les conclusions de la huitième session du FNUF reflètent l’engagement des pays à financer plus avant et collectivement « tous les efforts de financement ».  Il a également estimé que les sources de financement de la gestion des forêts devaient être multiples et allouées sur une base volontaire et en fonction de besoins dûment identifiés et non pas en vue de la satisfaction d’intérêts particuliers.


M. HASAN KLEIB (Indonésie) a déclaré que le mécanisme de financement de la gestion durable des forêts devrait reposer sur la mobilisation de ressources d’origine nouvelle, afin de couvrir tous les types de forêts et tous les aspects de leur gestion durable.  Il a ainsi appelé à la création de deux instruments qui se compléteraient, un mécanisme spécial de levée des fonds et une facilité pour assurer l’utilisation transparente, efficace et coordonnée de ces fonds.   


M. JOHN M. MATUSZAK (États-Unis) a noté que cette session avait lieu dans un cadre dynamique différent de celui de la dernière session.  Le Forum fonctionne mieux en tant qu’organe catalyseur permettant d’obtenir un financement et de partager les expériences des pays, a-t-il estimé.  Certains des décideurs envisagent plusieurs méthodes qui impliquent les sociétés privées, a-t-il fait remarquer.  Le représentant a souhaité que la communauté internationale aille au-delà de l’aide publique au développement pour financer la gestion durable des forêts.  Il est nécessaire d’évaluer les nouveaux systèmes de financement et d’identifier leurs lacunes, a-t-il aussi observé.


M. MIYAZONO (Japon) a estimé que la communauté internationale avait besoin de ressources supplémentaires pour appliquer la gestion durable des forêts.  Il a noté la variété d’initiatives et de cadres proposés pour ce financement mais a relevé aussi des lacunes sur les plans géographique et thématique, comme le précise le rapport du Secrétaire général sur la question.  Il a souhaité que des moyens soient envisagés pour utiliser les moyens financiers de manière efficace.


M. ØIESTAD (Norvège) a noté qu’attirer des investissements privés représentait un défi particulier pour les pays.  Il est important que les programmes de gestion des forêts soient inclus dans les stratégies de développement, a-t-il suggéré.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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