L’Instance sur les questions autochtones poursuit son débat avec les institutions onusiennes en mettant l’accent sur le droit à la santé
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Instance permanente sur les questions autochtones
Huitième session
10e et 11e séances – matin et après-midi
L’INSTANCE SUR LES QUESTIONS AUTOCHTONES POURSUIT SON DÉBAT AVEC LES INSTITUTIONS ONUSIENNES EN METTANT L’ACCENT SUR LE DROIT À LA SANTÉ
Le DESA s’efforce d’inclure les autochtones dans les processus de décisions, affirme également le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales
L’Instance permanente de l’ONU sur les questions autochtones (UNPFII), qui a consacré ses deux séances de mardi à un échange avec les institutions de l’ONU chargées du développement, de l’agriculture et de la santé, a été notamment l’occasion de réaffirmer la nécessité de combattre une mortalité maternelle qui demeure élevée.
Un travail d’information sur le droit à la santé des peuples autochtones est particulièrement nécessaire, ont affirmé plusieurs participants qui se sont inquiétés des préjugés racistes d’une partie des membres du personnel médical.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, a souligné la nécessité de donner la priorité aux connaissances traditionnelles au sein des systèmes agricoles locaux et régionaux. Il a assuré que le Département des affaires économiques et sociales (DESA) s’efforçait d’inclure les peuples autochtones dans les politiques de développement et dans les processus de prise de décisions.
Un représentant du Fonds international de développement agricole (FIDA) a assuré pour sa part qu’à chaque fois qu’il était question des peuples autochtones, le FIDA faisait le maximum pour que leurs représentants puissent exprimer leurs besoins afin d’éviter de prendre des décisions les concernant sans les consulter, répondant ainsi à une préoccupation majeure de l’assistance.
Enfin, les représentants du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) ont indiqué que cette agence avait pour règle de base le respect de la culture et de la vision du monde des peuples autochtones.
Par ailleurs, le FNUAP axe son action sur une amélioration des conditions d’accouchement. Lorsque l’on s’interroge sur le faible intérêt montré bien souvent par les femmes autochtones qui ne fréquentent guère les dispensaires et autres services dont elles pourraient bénéficier, une représentante du FNUAP a souligné qu’elles y étaient souvent si mal accueillies qu’elles préféraient s’en remettre aux accoucheuses traditionnelles.
Un de ses collègues a reconnu que le personnel médical lui-même avait des préjugés défavorables envers les autochtones. Il s’agit non seulement de le convaincre de changer d’attitude mais aussi de convaincre les patients que la santé est un droit.
Quant au maintien des pratiques traditionnelles de santé, le représentant du FNUAP au Mexique a indiqué que l’on s’efforçait de faire cohabiter médecine autochtone et médecine occidentale moderne.
En début de journée, une minute de silence en mémoire des aborigènes d’Australie avait été observée, ce 26 mai étant la journée de commémoration des excuses officielles présentées par le Gouvernement australien au peuple aborigène.
L’Instance reprendra ses travaux demain, mercredi matin à 10 heures.
CONCERTATION GLOBALE AVEC SIX ORGANISMES ET FONDS DES NATIONS UNIES
Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
Fonds international de développement agricole
Programme des Nations Unies pour le développement
Fonds des Nations Unies pour la population
Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat
Déclarations
M. TROY BRICKELL, des Peuples aborigènes d’Australie, a remercié l’Instance permanente d’avoir pris la décision de démarrer la séance du jour en évoquant la journée de commémoration des excuses officielles présentées par le Gouvernement australien au peuple aborigène. Cette journée d’excuses se justifie par tous les crimes infligés aux populations volées, a-t-il indiqué, dressant l’historique des souffrances subies par les aborigènes d’Australie avant, pendant et après la colonisation sous les divers Gouvernements australiens. Le Gouvernement australien avait mis en place des règles d’assimilation, en espérant que ces peuples mourraient à petit feu, a expliqué le représentant des aborigènes d’Australie. Il a également rappelé l’impact de la politique d’assimilation établie en Australie. Les enfants ne pouvaient pratiquer leurs langues, et ceci, en totale violation des droits des autochtones et de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, a-t-il dit. L’Australie avait mis en marge les aborigènes, « en les excluant de la sphère politique, sociale et économique », a-t-il affirmé.
Cependant, tout en félicitant le Gouvernement pour l’adoption de cette déclaration d’excuses, il l’a appelé à poursuivre les réparations aux profits des « générations et autres populations volées ». Dans le rapport qui a donné naissance à cette journée figuraient diverses recommandations. Mais seule la moitié de ces recommandations ont été respectées, a-t-il regretté. Cette journée est un rappel des peines subies par « nos arrières grands-mères, nos grands-mères, nos tantes, nos cousins, qui ont été volés », a-t-il poursuivi. Il a conclu son allocution en demandant aux participants d’observer une minute de silence en souvenir de tous les peuples qui ont ainsi été volés.
M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que la tâche du Département des affaires économiques et sociales (DESA) était de se consacrer aussi bien à l’égalité des sexes via la promotion de la femme, qu’aux politiques sociales et de développement. M. Sha a indiqué que six divisions du DESA était représentées à la réunion d’aujourd’hui, dont celle chargée du développement durable. Il a indiqué que les rapports de chacune de ces divisions étaient à la disposition de l’Assemblée -sous la cote E/C.19/2009/3/Add.4-, ceux-ci apportant des exemples spécifiques des contributions du DESA aux questions autochtones.
M. Sha a rappelé en premier lieu que le Département avait facilité la participation des peuples autochtones dans les concertations lors des processus intergouvernementaux. Il a souligné que les peuples autochtones étaient reconnus comme une composante majeure de l’Agenda 21. Il a aussi rappelé que lors de la récente huitième session du Forum des Nations Unies sur les forêts, il avait été souligné le fait que les peuples autochtones géraient une part importante des forêts de la planète, et que la gestion des terres, ainsi que les droits de propriété constituaient un aspect essentiel d’une gestion durable des forêts. Il a indiqué en outre que lors de la toute récente réunion de la Commission du développement durable, ce mois-ci, les peuples autochtones avaient participé aux tables rondes ministérielles ainsi qu’à diverses concertations. Ces échanges ont permis de rappeler la nécessité de donner la priorité aux connaissances traditionnelles au sein des systèmes agricoles locaux et régionaux.
Deuxièmement, le DESA s’efforce d’inclure les peuples autochtones dans les politiques de développement et dans les processus de décision, a-t-il dit. En troisième lieu, il s’attache aussi à inclure les peuples autochtones dans les statistiques et les données, afin de disposer d’une base solide dans les processus décisionnels. Quatrièmement, le DESA promeut l’intégration des problématiques autochtones dans la coopération technique de l’ONU et dans les activités de développement des capacités.
M. Sha a rappelé que le Groupe de travail du DESA sur les questions autochtones avait été reconnu par l’Assemblée générale en 2002. Celui-ci a adopté un Cadre pour les programmes de coopération technique dans les pays comptant des peuples autochtones. Ce Cadre vise à servir d’outil dans la formulation et la mise en œuvre de la capacité des activités de développement du DESA. En conclusion, M. Sha a assuré que depuis sa nomination à la tête du DESA, il avait toujours insisté sur la nécessité de ne pas seulement travailler en direction de la promotion du « développement pour tous », mais particulièrement en faveur des groupes vulnérables. Or, il est clair, a-t-il dit, que les peuples autochtones figurent à l’heure actuelle parmi les groupes les plus défavorisés et vulnérables au monde.
Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ, Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a demandé aux représentants du Conseil économique et social (ECOSOC) comment ils entendaient, à travers leurs directives, aller vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en se focalisant particulièrement sur le cas des autochtones. À l’adresse du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), elle a indiqué que les représentants des peuples autochtones désertaient les rencontres du Forum à cause de la non-prise en compte de leurs vues et d’une certaine impression d’inaction. Elle lui a également demandé de présenter les effets de la Déclaration des Nations sur les peuples autochtones sur ses travaux.
Mme Tauli-Corpuz a appelé à renforcer le rôle et la place des autochtones dans la prise de décisions sur les questions des forêts et les questions connexes, comme le déboisement et les émissions de gaz à effet de serre, en rappelant que les autochtones étaient les derniers propriétaires des grandes forêts. Se voulant concrète, elle a demandé au Secrétariat du FNUF comment il comptait augmenter la participation des autochtones dans ses débats.
M. MICK DODSON, de l’Association des aborigènes d’Australie, a demandé à la Division des statistiques du Département des affaires économiques et sociales de présenter les mesures qu’elle avait prises pour améliorer l’identification par les États des peuples autochtones. Il a également demandé comment étaient intégrées dans les documents du Département les statistiques sur les autochtones. Est-ce que la Déclaration sur les autochtones a eu un impact sur vos travaux, a-t-il demandé. Comment la Division intègre-t-elle les femmes autochtones dans ses activités et quelle est sa vision quant à leur place de façon générale, a-t-il ajouté.
Mme CHRISTINE BRAUTIGAM, de la Division de la promotion de la femme du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a souhaité que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones renforce effectivement le cadre politique visant à promouvoir la parité, ce qui permettrait d’améliorer les processus gouvernementaux en faveur des femmes. Elle s’est ensuite exprimée sur le problème de l’habilitation des femmes autochtones. Elle a ainsi donné l’exemple de la violence à l’égard des femmes, notant que les femmes autochtones, non seulement souffraient de ce phénomène comme nombre d’autres femmes, mais qu’elles en souffraient généralement à un degré encore supérieur. L’oratrice a cité divers exemples d’initiatives prises par sa division en direction des jeunes femmes et des jeunes filles, en particulier en milieu rural. Elle a aussi évoqué les actions entreprises sur la question des changements climatiques sous l’angle du problème de l’inégalité sexuelle. Ces exemples montrent que nous nous sommes efforcés d’habiliter les organisations et les femmes autochtones, a-t-elle observé. Elle a toutefois reconnu que dans ses rapports, sa Division n’avait pas ciblé spécifiquement les femmes autochtones.
M. SRDJAN MRKIC, de la Division des statistiques au sein du DESA, a expliqué, à propos du recensement 2010, que sa Division définissait les normes statistiques. Cela vaut pour toutes les organisations correspondantes, a-t-il affirmé. Pendant cette décennie du recensement 2010, chaque pays doit accomplir au moins un recensement, et, pour cela, il doit toucher tous les habitants de son territoire, à l’échelle du pays. Nous estimons que l’État doit contacter toutes les structures sociales existantes pour réussir ce travail, a-t-il dit. La Division des statistiques conseille aux pays de prendre ses documents de travail et de les traduire en langues locales, afin de faciliter le recensement de toutes les communautés autochtones, a-t-il poursuivi. De même, un travail de sensibilisation doit être mené. La Division suggère également de travailler avec les anciens des communautés qui feront passer le message aux leurs. Ainsi le recensement est une activité qui se déroule sur le terrain, a-t-il estimé.
Il a ensuite expliqué que, pour l’élaboration de statistiques, il convenait de disposer de normes claires. Il a, à ce propos, signalé qu’il n’y avait pas de classement international ni d’indicateurs permettant de distinguer certains groupes sur la scène internationale. Revenant sur la réalisation du recensement de 2010, il a expliqué que la Division avait prévu des séminaires de sensibilisation. Il a enfin affirmé que la Division intégrait effectivement des données statistiques sur les peuples autochtones dans les contenus de ces rapports.
La Présidente de l’Instance permanente, s’est félicitée du plus grand engagement qui vient d’être exprimé de disposer de meilleures statistiques sur les peuples autochtones, alors que se pose souvent le problème de l’absence d’état civil. Cette question a besoin d’être toutefois creusée plus avant, a-t-elle ajouté.
M. DAVID O’CONNOR, de la Division du développement durable du DESA, a souligné la nécessité qu’une voix décisive soit donnée aux peuples autochtones dans les formulations des politiques de développement. Vingt ans après la Déclaration de Brooklyn, la Déclaration sur les droits des peuples autochtones a été adoptée, a-t-il rappelé, en soulignant que ces textes influaient sur le travail de sa Division. L’orateur a rappelé que la Commission du développement durable avait évoqué, ce mois-ci, un certain nombre de questions touchant à l’agriculture, aux problèmes de sécheresse notamment, qui concernent de près les peuples autochtones. L’orateur a affirmé que les communautés dépendant des forêts étaient préoccupées, avec raison, par le fait que certains intérêts particuliers s’efforçaient de contrôler leur milieu. Il a indiqué que sa Division était impatiente de collaborer avec l’Instante permanente sur la question des connaissances agricoles traditionnelles.
Mme TONYA VATURI, de la Division du développement durable, a expliqué que sa Division avait créé des espaces innovants pour les peuples autochtones. La Division a contribué à l’intégration des autochtones dans la société civile au niveau du DESA, a-t-elle dit. Elle a souligné que les peuples autochtones avaient participé à la rédaction du rapport remis au Secrétaire général par la Division, en donnant des exemples de cas concrets. En Afrique, la Division a préparé et organisé des dialogues multipartites. Elle a également appuyé des projets techniques mis en place sur ce continent, relatifs, par exemple, à l’accès à l’électricité régionale, ainsi qu’au renforcement des capacités des populations dans les pays émergents de conflits. Elle intègre en outre les autochtones aux débats sur les petits États insulaires en développement. La représentante a conclu en affirmant que sa Division soutenait es activités menées par la Commission du développement durable au bénéfice des populations autochtones.
M. PETER CSOKA, du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), a souligné qu’une nouvelle ère avait été ouverte avec l’adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. Le programme du Forum contient la gestion des forêts pour l’éradication de la pauvreté, a-t-il indiqué. Le FNUF a invité les différentes parties prenantes à contribuer à son fonds. L’orateur, tout en se disant conscient des critiques exprimées envers le FNUF, a souligné que des efforts encourageants avaient été entrepris pendant la période récente. Il a enfin indiqué que le FNUF était bien conscient de la nécessité d’augmenter la participation de la société civile et des groupes locaux dans les activités concernant la gestion des ressources.
M. ROBERTO VILLAREAL, de la Division de l’administration publique, a expliqué que la Déclaration sur les droits des peuples autochtones avait eu un impact sur sa Division. Cette Déclaration dynamise les efforts de la Division pour l’avenir, a-t-il dit. Elle travaille, a-t-il ajouté, sur des bases de connaissances apportées par les peuples autochtones. Dans le cadre de sa relation avec ces groupes, la Division propose des formations en ligne sur la participation des femmes autochtones aux débats les intéressant. Par ailleurs, en participant à l’élaboration du rapport sur l’engagement civil en faveur de la gouvernance, remis au Secrétaire général, la Division a mentionné deux villes de l’Équateur qui sont des références de bonnes pratiques en matière de gouvernance autochtones. Il a enfin souligné l’importance de veiller à une participation active des femmes dans les débats au niveau international.
M. JEAN-PIERRE GONNOT, de la Division de la politique de développement, a indiqué que le Secrétariat suivait de près les activités de l’Instance permanente. Il a ajouté que celui-ci travaillait de près avec les organisations de femmes autochtones. Il a souligné par ailleurs que le Secrétariat avait fait des efforts pour sensibiliser le public sur le sort des femmes autochtones. Celui-ci, avec d’autres agences et fonds des Nations Unies, s’est efforcé de faire la jonction entre la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Dans le cadre du programme de bourses, 18% des projets pour la période 2006-2008 concernaient les femmes autochtones, a-t-il précisé. L’orateur a ensuite évoqué les activités organisées en direction des enfants et des jeunes autochtones, le Programme des Nations Unies pour les jeunes se préoccupant particulièrement de ces derniers, a-t-il précisé.
M. FERHAT MEHENNI, Président du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), a expliqué que son peuple était en lutte contre le pouvoir algérien, celui-ci ayant, selon lui, instauré sur son territoire une « insécurité permanente ». Il a aussi fait état d’un « sabotage économique ». L’agriculture est touchée, tandis que les autorités algériennes ont détruit plus de 1 500 vieux oliviers, a-t-il dit. La Kabylie a toujours des prisonniers politiques, même si l’Algérie a pourtant souscrit à toutes les déclarations des Nations Unies, dont la Déclaration de 2007. Le peuple kabyle doit jouir de tous ses droits, a-t-il soutenu.
Mme NAIT SID KAMIRA, du Caucus amazigh, a demandé aux intervenants comment ils comptaient travailler sur le terrain et protéger les Amazighs des politiques d’assimilation des pays du Maghreb. Elle a ensuite passé la parole à une représentante des Touaregs qui a demandé comment le Conseil économique et social (ECOSOC) comptait agir afin de permettre à son peuple de sortir de l’impasse actuelle. Elle a évoqué enfin la nécessaire prise en compte des organisations non gouvernementales (ONG) de la diaspora.
M. LES MALEZER, du Caucus des autochtones d’Australie, a demandé quelles étaient les nouvelles initiatives prises pour la région Pacifique par le DESA depuis l’adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. Il a aussi demandé si le Département comptait introduire une dimension autochtone sur le plan du recrutement.
M. STEDMAN FAGOTH, des Autochtones du Nicaragua, a demandé à quel département il devait s’adresser concernant le recensement des autochtones de la côte atlantique du Nicaragua.
La Présidente de l’Instance a répondu qu’a priori il devait s’adresser à son gouvernement, ainsi qu’à la Division des statistiques du DESA. Le représentant de la Division des statistiques a confirmé qu’il devait s’adresser à l’agence des statistiques de son pays.
M. HASSAN ID BALKASSM, Membre de l’Instance permanente (Maroc), a souligné l’importance des excuses présentées par certains États pour la politique d’assimilation menée dans le passé. Revenant sur les questions évoquées ce matin, il a demandé si les activités organisées en direction des jeunes leur permettraient d’avoir de nouvelles bourses.
Mme ELISA CANQUI MOLLO, Membre de l’Instance permanente (Bolivie), a souligné que c’était aussi au niveau local que l’on devait s’intéresser aux autochtones. Elle s’est demandée si l’on maintiendrait les points focaux qui n’ont guère d’influence, selon elle, sur les politiques régionales et locales des États.
M. ROBERTO VILLAREAL, de la Division de l’administration publique, a expliqué que les politiques de recrutement étaient du ressort premier de l’Assemblée générale de l’ONU. Mais il est arrivé que la Division emploie des autochtones au sein du Secrétariat. Il y en a eu déjà quatre, a-t-il dit. De plus, 20 consultants autochtones ont déjà été recrutés dans le cadre de projets précis, et il existe, en cas de besoin, une base d’experts autochtones, a-t-il ajouté. Il a également annoncé que l’Organisation internationale du Travail (OIT) allait entamer une étude sur les difficultés d’emploi des autochtones au sein de l’OIT. Il a dit attendre avec impatience les résultats de cette étude.
M. DAVID O’CONNOR, de la Division du développement durable, a souligné la nécessité de réfléchir aux questions liées à l’extraction minière dans les territoires des autochtones et des modes de consommation durables de ces populations. Il a également émis l’idée de créer une publication à cet effet.
M. ELIAS QUELCA, de la Confédération des peuples autochtones de Bolivie, a indiqué avoir écouté les exposés avec attention et avoir été frappé par l’évocation du niveau de violence à l’encontre des autochtones. Le processus vise à la reconstruction de ce que nous avions par le passé, a-t-il ajouté. Concernant les exposés sur le développement, ceux-ci n’atteignent pas les bénéficiaires, autant qu’on le prétend, a souligné l’orateur. Il faut demander à ce que les financements atteignent directement les peuples autochtones, a-t-il ajouté. Nous ne pouvons faire tout ce que nous souhaiterions par manque de moyens, a-t-il encore affirmé. Nous revendiquons aussi notre droit à l’autodétermination, à un niveau de vie décent et à la culture, a-t-il conclu.
M. JEAN-PHILIPPE AUDINET, du Fonds international de développement agricole (FIDA), a estimé que les peuples autochtones méritaient une attention spécifique et a souligné le fait que l’on entendait de plus en plus leur voix. Traiter des besoins spécifiques des peuples autochtones est un défi opérationnel clef pour le FIDA, a-t-il noté. Il a reconnu que le FIDA, organisation dont le siège est à Rome, était mal connu des membres de l’Instance. Notre objectif est de fournir des financements à nos partenaires locaux, a-t-il précisé. L’objet principal du FIDA est d’éradiquer la pauvreté et la faim.
Qui sont les plus pauvres parmi les pauvres, s’est-il interrogé: des petits agriculteurs, des bergers, des pêcheurs, a-t-il répondu, notant la forte représentation des autochtones parmi ceux-ci. Le FIDA, qui existe depuis une trentaine d’années, a financé environ 800 projets pour un montant de 10 milliards de dollars, soit 300 millions de bénéficiaires dans 115 pays. Il a indiqué que le FIDA travaillait avec les ONG et la société civile. Depuis sa création en 1978, il appuie, grâce à des prêts, les communautés rurales autochtones, notamment dans les zones rurales isolées, de montagne en particulier. L’expérience aidant, le FIDA a compris la spécificité de la question autochtone au sein des pauvres ruraux, a-t-il assuré.
L’engagement du FIDA peut se diviser en trois piliers: les projets programmes au niveau des pays, la conscientisation et le dialogue politique et enfin les très petites subventions à destination des communautés autochtones. Sur le plan international, le FIDA a établi un partenariat étroit avec l’Instance, avec une enveloppe d’un demi-million de dollars. M. Audinet a précisé que le FIDA finançait 33 programmes en Asie, 40 en Amérique latine et dans les Caraïbes et 18 en Afrique. Il a indiqué que son organisation œuvrait notamment à mettre en place des microentreprises. Il y a eu bien sûr des succès et des échecs, a-t-il reconnu.
Plus d’efforts doivent être faits systématiquement dans la question de l’accès à la terre et aux territoires, alors que les tentatives se multiplient d’appropriation des terres afin d’y réaliser des cultures extensives, d’agrocarburants en particulier. L’orateur a souligné la nécessité de faire davantage, par ailleurs, pour identifier les produits locaux originaux. Pour permettre aux populations autochtones de sortir de la pauvreté, il faut respecter leur désir de contrôler leur destin: ainsi, le consentement préalable et informé, si souvent invoqué, doit être absolument respecté, a-t-il dit, ce qui suppose de faire respecter les droits à la terre des peuples autochtones. Concernant le financement des projets, outre l’appui de certains pays, la Banque mondiale est régulièrement impliquée.
Mme TARCILE RIVERA, des Femmes autochtones du Pérou, s’est félicitée de l’existence du Fonds de contributions volontaires, dont le caractère indépendant des États est un atout majeur, a-t-elle dit. Elle a expliqué que ce Fonds avait permis aux femmes autochtones du Pérou de se former à l’application de la loi sur la protection des savoirs autochtones du pays. Elle a aussi dit sa surprise de constater durant cette formation que certains savoirs et connaissances locaux et ancestraux avaient déjà été brevetés par des tiers. Elle a par ailleurs regretté le caractère juridique et complexe des lois et des formations organisées pour ces populations, en jugeant cependant fondamentale leur poursuite. Grâce à ce Fonds, les populations autochtones ont appris l’étendue de leurs droits sur leurs connaissances et leurs terres. Elle a appelé les donateurs à continuer à apporter leurs contributions financières. Il faut continuer à venir en aide au fonds, car c’est le moyen qui permet de lancer des initiatives au niveau de la communauté, même si beaucoup de propositions sont envoyées au Fonds et que très peu bénéficient d’apports financiers.
Mme FLORINE LOPEZ, du Peuple kouna du Panama, a remercié le Fonds pour l’appui qu’il a apporté à son association. Elle a estimé que c’était une chance pour les peuples autochtones de pouvoir bénéficier de ses moyens. Dans sa région, le Fonds permet ainsi de préserver les semences des autochtones. Mme Lopez a ensuite expliqué que chez les Kounas, les femmes ne travaillent pas dans les champs. Face aux difficultés économiques et sociales, les femmes ont suggéré que l’on demande au Fonds de leur venir en aide afin qu’elles puissent se former à la connaissance des semences et au travail agricole. En constatant la détermination des femmes à effectuer les travaux des champs, les hommes ont apporté leur aide, s’est-elle félicitée. Évoquant l’artisanat kouna, devenu source de revenu pour les femmes, elle a expliqué que le projet lancé avec le Fonds ne prenait pas en compte la participation des filles. Ces filles souhaitent s’approprier leurs savoirs traditionnels, a-t-elle dit. Le Fonds est un appui important, mais les autorités locales doivent aussi travailler à cette politique de soutien, a-t-elle affirmé.
Mme ELISA CANQUI MOLLO, Membre de l’Instance permanente, a demandé comment le FIDA avait procédé concrètement pour établir des contacts avec les peuples autochtones. Elle a ensuite évoqué les témoignages sur les deux projets, soulignant que ceux-ci pouvaient servir d’exemples à de nouvelles relations avec les États. Mme Canqui Mollo a demandé quel avait été l’impact de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones sur le FIDA. Quand celui-ci affirme que les peuples autochtones sont l’une de ses priorités, comment cela se concrétise-t-il?
Mme MARGARET LOKAWUA, Membre de l’Instance permanente (Ouganda), a évoqué le cadre stratégique du FIDA, demandant à l’orateur comment son organisation veillait à ce que les organisations autochtones soient intégrées dans les processus de consultations concernant les projets. Comment le Fonds traite-t-il la question de l’allocation de microcrédit, alors que la question de la propriété des terres est souvent l’une des conditions de leur octroi, a-t-elle aussi demandé. Évoquant le problème de l’analphabétisme qui prévaut souvent dans les populations autochtones, elle a aussi souhaité savoir quelle était la réponse du FIDA à ce problème.
M. JEAN PHILIPPPE AUDINET, du Fonds international de développement agricole (FIDA), a présenté l’impact de la Déclaration sur les peuples autochtones dans les activités du FIDA. Cet impact, a-t-il dit, se mesure au niveau des activités du FIDA dans chaque pays et dépend de l’appropriation de ce sujet par la société civile et par l’État lui-même. Concernant l’influence de la Déclaration sur les politiques générales du FIDA, il a expliqué que la dernière politique générale élaborée par le Conseil d’administration du FIDA avait été inspirée par cette Déclaration, même si cela ne transparaissait pas explicitement dans le futur document qui sera présenté en septembre 2009. Il a par ailleurs regretté le fait que beaucoup d’États n’aient pas encore adopté cette Déclaration de 2007, tout en les appelant à le faire, à l’instar, récemment, de l’Australie.
Il a également déclaré que la nouvelle politique générale du FIDA lui permettrait de contribuer à la mise en place des exigences et des principes fondamentaux contenus dans la Déclaration, en particulier dans l’article 42. Cet article stipule que l’ONU, ses organes, en particulier l’Instance permanente sur les questions autochtones, les institutions spécialisées, notamment au niveau des pays, et les États favorisent le respect et la pleine application des dispositions de la Déclaration et veillent à en assurer l’efficacité.
Intervenant sur le document de stratégie, Mme ANTONELLA CORDONE, du FIDA, a présenté les activités menées et approuvées par la Division Amérique latine du FIDA en 2007. Les déclarations faites à l’issue de ces rencontres, notamment celle du Guatemala, accordent une attention particulière aux peuples autochtones et affirment l’importance de préserver leurs identités, a-t-elle dit.
Reprenant la parole, M. Audinet est revenu sur le consentement préalable, en expliquant que dans le cadre des projets qu’il menait sur le terrain, le Fonds encourageait à la conception et la planification communes, en intégrant les populations autochtones. L’idée est de faire participer les communautés locales à la réalisation du projet, a-t-il dit. Mais l’application de cet encouragement à une gestion commune des projets est impossible partout, a-t-il reconnu. Dans certaines régions, les communautés locales ont en effet des intérêts divergents et des pratiques différentes.
M. ANDREAS BALTZER JORGENSEN (Danemark) s’est demandé s’il ne serait pas souhaitable que le FIDA édicte des directives spécifiques sur le plan régional. Il a aussi demandé si le Fonds pouvait mettre en place des programmes pour les peuples autochtones d’Afrique, tout en envisageant qu’ils durent plus d’une année, contrairement à ce qui est la règle.
Mme JENNIFER CORPUZ, du Caucus asiatique, a regretté l’absence de mécanisme de suivi quant à la mise en œuvre des programmes. Elle a aussi constaté que ceux-ci n’étaient pas toujours adéquats face aux pratiques agricoles des populations. Elle s’est demandée si le FIDA ne pouvait pas permettre la mise en place d’un mécanisme de suivi indépendant, ce qui constitue une question urgente. Elle a enfin demandé comment le FIDA pouvait encourager le développement des peuples autochtones là où, à l’inverse, étaient promues des cultures industrielles.
M. ENRIQUE OCHOA (Mexique) s’est félicité du fait que le FIDA privilégie les questions sanitaires, en particulier l’amélioration de la santé des femmes autochtones. Le Mexique a adopté une loi-cadre en faveur de l’égalité hommes-femmes, a-t-il précisé. Il convient d’autonomiser les femmes, a-t-il souligné, et de garantir leur participation dans le cadre d’une culture démocratique. Or, généralement, elles ne participent pas aux processus de décision, a-t-il déploré.
M. LARS SIGURD VALVATNE (Norvège) a félicité le FIDA pour son rapport, avant de lui demander de donner plus de détails sur son prochain cadre politique et sur les activités qu’il envisage de mener à l’avenir au profit des autochtones.
M. ARIEL YANEZ, du Syndicat des communautés culturelles de Bolivie, a estimé que le FIDA devait continuer à travailler avec les populations autochtones, tout en augmentant et en améliorant l’appui qu’il leur apporte. Il a affirmé que la question des biocarburants n’avait pas encore été clairement abordée par le Fonds. Il est important de s’y intéresser en profondeur maintenant, a-t-il affirmé. Cette importance tient notamment à l’impact du développement des biocarburants sur la continuité de la production alimentaire pour les autochtones, a-t-il conclu.
M. HASSAN ID BALKASSM, Membre de l’Instance permanente, a souligné que le FIDA jouait un rôle fondamental. Lorsque l’on parle de la grande pauvreté des peuples autochtones, a-t-il ajouté, il conviendrait de préciser qu’ils ont été appauvris. Cela suppose que ce ne soit pas l’aide mais le partenariat qui soit privilégié de la part des bailleurs de fonds. D’autant que le partenariat suppose la participation active de populations et non pas l’assistance, a-t-il ajouté. M. Balkassm a repris le chiffre évoqué plus tôt de 20% de l’assistance allant directement aux peuples autochtones, 80% allant aux États, pour demander de quel moyen le FIDA disposait pour s’assurer de l’utilisation de ces 80%.
M. JEAN-PHILIPPE AUDINET, du FIDA, a répondu qu’un choix stratégique avait été fait envers les peuples autochtones. En raison de leur pauvreté extrême, ils constituent non seulement une population ciblée mais aussi prioritaire. Lorsque l’on dit que 30% des investissements touchent les peuples autochtones, on parle de ceux qui se considèrent eux-mêmes comme « autochtones », ce qui n’est pas le cas de tous les peuples autochtones. Par ailleurs, a précisé M. Audinet, 40 à 50% des fonds vont à l’Afrique. Concernant l’existence d’un mécanisme de plainte, celui-ci figurait dans un premier projet qui n’a pas été retenu, a-t-il expliqué. Au sujet de la Bolivie et des agrocarburants, il y en a de deux types: le traditionnel, tel que le bois, et les modernes pour les moteurs thermiques. Le FIDA n’est pas favorable au second, tout en n’étant pas opposé à d’éventuels projets de cultures d’agrocarburants à condition que les populations locales y soient favorables. Enfin, le représentant du FIDA a assuré que les peuples autochtones seraient probablement plus présents dans le nouveau cadre stratégique.
Mme ANTONELLA CORDONE, du FIDA, a évoqué les liens entre l’Instance et le FIDA, des représentants de la première ayant été consultés par le Conseil d’administration du second. Des ateliers régionaux ont aussi été organisés. Chaque fois qu’il est question des peuples autochtones, le FIDA tient à ce que ceux-ci puissent exprimer leurs besoins pour éviter de prendre des décisions les concernant sans les consulter.
Mme MARGARET LOKAWUA, Membre de l’Instance permanente, a demandé au FIDA de continuer à fournir des dons aux populations autochtones, d’appuyer et de mener les activités de sensibilisation qui permettent de connaître ces populations, et de continuer à investir dans la formation des femmes autochtones.
Mme ELISA CANQUI MOLLO, Membre de l’Instance permanente, a dit espérer que la nouvelle politique du Fonds serait approuvée en septembre prochain et qu’elle serait rapidement mise en œuvre. C’est le seul exemple conséquent de financement au bénéfice des autochtones, a-t-elle indiqué. Elle a ensuite demandé au FIDA de voir dans quelle mesure il pouvait travailler directement avec les populations autochtones concernées. Il faut que celles-ci soient les bénéficiaires directs, sans aucune intervention d’intermédiaires, a-t-elle soutenu, en reconnaissant l’existence de difficultés qui empêchent de parvenir à une telle perspective.
Mme PURNIMA MANE, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a assuré que son institution poursuivait ses efforts en faveur des questions autochtones. Les programmes du FNUAP apportent leur appui aux peuples autochtones de 24 pays d’Amérique latine et des Caraïbes et de la région Asie-Pacifique. Suivant les recommandations de l’Instance, le FNUAP a continué d’intensifier ses efforts afin de promouvoir une approche sensible à la dimension culturelle à ses programmes tant aux niveaux international que national ou régional. Dans le domaine sanitaire, le FNUAP s’efforce de fournir des services qui soient particulièrement pertinents pour les peuples autochtones, en respectant leur culture et leur vision du monde. Ceux-ci visent à diminuer la mortalité maternelle en fournissant des soins obstétriques d’urgence, une planification familiale volontaire et une assistance de qualité lors des accouchements, a-t-elle précisé. Des résultats tangibles ont été obtenus à cet égard, a-t-elle précisé. Le FNUAP est conscient du fait que la vision du monde des peuples autochtones est consubstantielle à leur identité, ce qui implique que les politiques de développement reflètent et renforcent la compréhension des mentalités, a-t-elle conclu.
M. JORGE PARRA, Représentant du FNUAP en Équateur, a déclaré que dans ce pays, où la nouvelle Constitution de 2008 reconnaît les droits des femmes autochtones, il y avait un fort besoin d’information relative aux populations autochtones. Il a indiqué que ces populations faisaient encore face à de grandes inégalités, notamment sur le plan de la natalité. En Équateur, a-t-il dit, le FIDA tend à s’aligner sur les plans que le Gouvernement veut mettre en œuvre au bénéfice des populations autochtones. S’agissant de la question de la santé des populations autochtones, le FIDA a-t-il dit, l’appréhende dans toutes ses dimensions, et en tenant compte de toute la singularité qui caractérise la perception de la santé chez ces peuples. Sur le terrain, le FIDA a créé des services de santé complémentaires et non pas parallèles, car, selon lui, la santé moderne et la santé traditionnelle ne s’opposent pas. Le représentant a en outre expliqué que le FNUAP travaillait à la lutte contre la violence faite aux femmes autochtones. À ce propos, le Fonds estime qu’il faut impliquer dans ce combat les organisations des femmes locales. Le Représentant du FNUAP en Équateur a également appelé à appréhender au mieux les conséquences de la crise mondiale actuelle sur la vie des autochtones. Il a aussi plaidé pour un soutien continu à l’endroit des femmes autochtones, sans lesquelles il ne peut y avoir développement.
M. ALFONSO SANDOVAL, Représentant adjoint du FNUAP au Mexique, a rappelé que 43% de la population mexicaine était considérée comme vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Si des progrès significatifs ont toutefois été faits ces dernières années, la question de la prise en compte des peuples autochtones du Mexique dans ces statistiques, dans le recensement en particulier, fait l’objet de débat, a-t-il observé. En raison des migrations, aussi bien à l’intérieur du pays que vers les États-Unis, un tiers des populations autochtones se trouverait en dehors de ses territoires traditionnels. M. Sandoval a souligné les problèmes sanitaires auxquels celles-ci sont confrontées, notamment une demande de planification familiale non satisfaite. Le FNUAP a appuyé plusieurs programmes touchant au droit à la santé de la reproduction. Il promeut l’alphabétisation dans plusieurs langues autochtones, avec la fourniture de matériel pédagogique. Parmi les leçons à tirer de ces initiatives, le FNUAP souligne l’importance de s’appuyer sur des équipes locales, ainsi que sur l’intégration des droits de l’homme dans ces programmes.
M. BRUCE CAMPBEL, Représentant du FNUAP au Viet Nam, a affirmé que dans ce pays, où il existe 45 groupes ethniques différents, le Gouvernement avait, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement, déjà réduit de façon substantielle le nombre de populations pauvres. Au niveau de l’éducation, les femmes sont aujourd’hui plus nombreuses que les hommes dans les universités. En dépit de ces progrès, a-t-il dit, des inégalités persistent selon les régions et selon les minorités ethniques. Chez les femmes autochtones, il y a ainsi plus de difficultés en matière de santé maternelle que chez les autres femmes du pays. M. Campbel, qui a reconnu les efforts déployés par le Gouvernement en matière d’infrastructures pour ces peuples autochtones, a évoqué les actions des organismes des Nations Unies en matière de santé reproductive. Il a ainsi mis en exergue les formations de sages-femmes, lesquelles sont appelées à exercer dans les communautés autochtones reculées.
Mais, ce n’est pas la seule formation de sages-femmes qui importe. Il faut apporter des services dans les zones concernées et des services de qualité, a-t-il ajouté. Peu importe les statistiques, on constate que les taux sont médiocres de façon générale chez les populations autochtones au Viet Nam, a-t-il soutenu. Pour l’avenir, le FUNAP entend contribuer à la concrétisation de l’accès universel à la santé pour ces peuples. Mais pour cela, il faut examiner de nouvelles approches pour mieux toucher les minorités ethniques. Il n’y a pas d’approche unique pour les questions de minorités, mais des stratégies adaptées aux besoins de chacun des ces groupes ethniques, a-t-il conclu.
Mme TONYA GONNELLA FRICHNER, Membre de l’Instance permanente (États-Unis), qui présidait la séance de l’après-midi, a fait un certain nombre de commentaires sur les exposés, soulignant l’importance de s’intéresser aux retombées de la crise économique sur les peuples autochtones. Elle s’est dite par ailleurs frappée par les statistiques sur le Mexique: si 43% de la population est pauvre, ce pourcentage est bien plus élevé encore en ce qui concerne les peuples autochtones, a-t-elle commenté. Elle s’est félicitée que le FNUAP se soit attelé à la tâche de faire baisser le fort taux de mortalité maternelle au Viet Nam.
Mme PAIMANACH HASTEH, Membre de l’Instance permanente (Iran), a demandé comment le FNUAP percevait les retombées de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. Elle a souhaité savoir comment le FNUAP comptait collaborer avec l’Instance permanente et veiller au respect du principe du consentement libre et éclairé. Elle a aussi demandé comment le Fonds agissait lorsque les peuples autochtones n’étaient pas reconnus.
Mme LILIANE MUZANGI MBELLA, Membre de l’Instance permanente (Congo), a souligné le dialogue très constructif établi de longue date avec le FNUAP. Elle a souhaité savoir si le FNUAP était en mesure de relever les défis relevant des questions de l’enfance et de la jeunesse. Mme Muzangi Mbella a aussi mentionné les « stéréotypes incrustés » dans les préjugés des groupes non autochtones. L’oratrice a souhaité savoir comment le FNUAP comptait faire respecter l’article 24 de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones stipulant que les autochtones avaient le droit de jouir du meilleur état possible de santé physique et mentale.
M. HASSAN ID BALKASSM, Membre de l’Instance permanente, a constaté que certains gouvernements essayaient dans le cadre des politiques d’assimilation d’en finir avec les systèmes de santé traditionnels. L’orateur a souligné qu’il était couramment soigné lui-même avec des plantes médicinales par exemple. À l’inverse, certaines sociétés industrielles tirent parfois profit de ces connaissances sans en faire bénéficier un minimum les populations auprès desquelles ils les ont obtenues. Les politiques d’assimilation ont également détruit les modes de vie des peuples, a-t-il souligné, demandant un éclairage à cet égard des représentants du FNUAP au Mexique et du Mexique lui-même.
M. WERNER HAUG, représentant du FNUAP, a dit que le FNUAP prenait très au sérieux la question des inégalités car elle avait des incidences sur les niveaux de pauvreté constatés chez les populations autochtones. Il a aussi reconnu la nécessité de continuer la formation des personnels du FIDA travaillant à la disparition de ces inégalités.
Il a également indiqué que les domaines d’intervention du FNUAP incluaient la question de la santé et celle de l’instauration de la parité dans divers pans de la société. En Amérique latine, a-t-il dit, le FNUAP tend à intégrer dans les programmes pays, les principes de la Déclaration de 2007. Il s’est ainsi félicité de la traduction de cette Déclaration dans les langues autochtones, montrant la volonté du FNUAP de participer à la diffusion de cet instrument pour sensibiliser les opinions aux problèmes des autochtones.
Mme AMINATA TOURE, représentante du FNUAP, a répondu sur la question du consentement préalable et informé des peuples autochtones dans le cadre des politiques des États, en mettant en exergue l’importance du partenariat mené par son institution. La promotion de ce consentement et l’incitation à y recourir, se font dans le cadre de nos rencontres avec les ministres et les autorités publiques, a-t-elle dit.
Face à la réticence des États pour inclure les autochtones dans les stratégies de développement nationales, elle a expliqué que le FNUAP menait des activités de plaidoyer auprès des gouvernements. Le travail consiste aussi à produire des projets convaincants.
Sur l’autonomisation des femmes autochtones, une représentante du FNUAP, a expliqué qu’en Amérique latine et en Asie ces derniers connaissaient les plus grands progrès en matière de qualité de vie grâce au FNUAP notamment. Mais beaucoup reste à faire, a-t-elle reconnu.
Elle a conclu en appelant à une présence plus renforcée des femmes autochtones dans les organisations et associations ayant vocation à intervenir sur les questions qui les concernent.
Mme AMINATA TOURE, représentante du FNUAP, a évoqué les expériences de son institution dans le monde en donnant l’exemple des mutilations génitales féminines dans certaines populations du Kenya. Un dialogue a été établi avec les populations pour les informer des conséquences négatives pour la santé des femmes, a-t-elle expliqué. Nous nous sommes efforcés de promouvoir des cérémonies de passage de l’adolescence à l’âge adulte qui, tout en maintenant les traditions, éliminent l’excision elle-même, a-t-elle expliqué.
M. JORGE PARRA, représentant du FNUAP, a reconnu que le personnel médical lui-même avait fréquemment des préjugés défavorables envers les autochtones. Il s’agit de le convaincre de changer d’attitude et, dans le même temps, de convaincre les patients issus des populations autochtones que la santé est un droit. Quant au maintien des pratiques traditionnelles de santé, il s’agit non seulement de les préserver dans la mesure où elles ne sont pas nuisibles à la santé mais aussi de sauvegarder cet élément essentiel de culture.
M. ALFONSO SANDOVAL, représentant du FNUAP, a répondu à certaines des questions posées sur la situation au Mexique en expliquant que son institution s’efforçait de faire cohabiter médecine autochtone et médecine occidentale moderne. Le Ministère de la santé dispose ainsi d’un programme de santé interculturel.
Mme HENNIA DAKKAK, représentante du FNUAP, a indiqué que dans les politiques de réduction des catastrophes naturelles, la FNUAP intégrait celles-ci dans des documents de synthèse diffusés auprès des populations concernées.
Mme PAIMANACH HASTEH, Membre de l’Instance permanente, a demandé quels avaient été les facteurs favorables et défavorables visant à intégrer les droits de l’homme dans les pratiques du FNUAP. Elle a aussi demandé comment avait été intégrée l’autonomisation des femmes. Elle a enfin demandé comment le FNUAP œuvrait à la prévention du VIH/sida.
Mme LILIANE MUZANGI MBELLA, Membre de l’Instance permanente, a abordé la question des Objectifs du Millénaire pour le développement en rappelant que la dimension autochtone n’y figurait guère au départ. Elle a souhaité savoir si l’on avait progressé sur ce point. Concernant les changements climatiques, Mme Muzangi Mbella a demandé quels défis risquaient de se poser, notamment en matière de paludisme et de VIH/sida.
Mme AZZA KARAM, représentante du FNUAP, a indiqué que son institution avait un grand souci avec les aspects culturels lors des concertations avec les représentants des peuples autochtones. Le FNUAP s’efforce d’intégrer les valeurs culturelles et éthiques de ses interlocuteurs.
M. BRUCE CAMPBELL, représentant du FNUAP, a souligné l’importance d’utiliser les réseaux mis en place par les autochtones, tels que le Réseau des femmes autochtones des Amériques. L’un des obstacles les plus significatifs a trait à l’égalité sexuelle, domaine où les progrès ne sont pas rapides, a-t-il observé.
Mme SONIA HECKADON, représentante du FNUAP, a indiqué que le respect et la clarté étaient essentiels dans le dialogue avec les femmes autochtones, en prenant tout le temps nécessaire.
Mme TARCILE RIVERA des Femmes autochtones du Pérou, a affirmé que si l’autonomisation des femmes progressait, cela n’était pas nécessairement le cas au sein de plusieurs peuples autochtones. Il reste cinq ans pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, et les fonds nécessaires doivent leur être affectés, en particulier en ce qui concerne la réduction de la mortalité maternelle, a-t-elle ajouté.
Mme PURNIMA MANE, Directrice exécutive adjointe du FNUAP, a expliqué que ces dernières années le FNUAP avait travaillé de façon permanente avec le Forum. Ce dialogue d’aujourd’hui est important car, a-t-elle dit, il interpelle le FNUAP en l’appelant à réfléchir sur les solutions destinées à mieux aider ces peuples. Le FNUAP, a-t-elle ajouté, reconnaît que les peuples autochtones font face partout dans le monde à de terribles inégalités. C´est le groupe communautaire qui est le plus en retard dans la matérialisation des OMD. Il faut, selon elle, atténuer cette tendance et cette réalité en travaillant étroitement avec les organisations autochtones.
Mme TONYA, Membre de l’Instance permanente, a félicité le FNUAP pour ses réponses et a dit tout l’intérêt du Forum à travailler davantage encore avec cette institution.
Mme LILIANE MUZANGI, Membre de l’Instance permanente, a dit espérer un dialogue encore plus fructueux l’année prochaine lors du débat qui unira les deux organes.
Mme ELISA CANQUI MOLO, Membre de l’Instance permanente, a regretté que dans les rapports du FNUAP des données sur les communautés autochtones apparaissent très peu, au prétexte qu’il est difficile d’avoir des indicateurs et des informations. Cela devient une excuse permanente, alors que les organisations internationales peuvent se référer aux données fournies par les services de santé des différents pays.
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