Forum sur la promotion de la santé mondiale: la situation sanitaire actuelle exige une mobilisation générale, préconise Ban Ki-moon
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Forum du Secrétaire général
sur le thème «Promouvoir la santé mondiale
en cas de crise » - matin et après-midi
FORUM SUR LA PROMOTION DE LA SANTÉ MONDIALE: LA SITUATION SANITAIRE ACTUELLE EXIGE UNE MOBILISATION GÉNÉRALE, PRÉCONISE BAN KI-MOON
Les crises multiples qui affectent le monde rendent urgente une réforme des services de santé mondiaux, souligne la Directrice générale de l’OMS
Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a affirmé aujourd’hui, à l’occasion du Forum de haut niveau sur la « promotion de la santé mondiale en cas de crise », que la situation actuelle, qui va « du problème de la santé maternelle et de la faiblesse des systèmes de santé à celui de la pandémie de grippe A(H1N1) », exigeait une mobilisation générale et un renforcement de l’ensemble des effortsentrepris.
« Nous sommes tous visés, et nous devons travailler ensemble pour traverser cette crise », a déclaré le Secrétaire général, à l’ouverture du Forum de haut niveau, qui s’est tenu toute la journée au Siège des Nations Unies à New York. Pour cela, a-t-il expliqué, il convient de « renforcer les liens qui nous unissent, dans les communautés, au sein des pays et à travers le monde ».
M. Ban a souligné que la santé était le lien qui unissait tous les êtres humains et les pays dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). « Si nous échouons à atteindre nos objectifs en matière de santé, nous ne pourrons ni surmonter la pauvreté ou l’analphabétisme, ni réaliser l’éducation universelle ou les autres défis des OMD », a-t-il assuré.
De son côté, la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Mme Margaret Chan, a jugé indispensable la fourniture par les États de services de santé « basés sur l’équité dans l’accès aux soins », afin de protéger les plus vulnérables des grandes crises mondiales que constituent le réchauffement climatique, la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, la récession économique et la pandémie de grippe A(H1N1).
« Ce sont autant de phénomènes qui rendent urgente la réforme des services de santé mondiaux, que les professionnels de ce secteur appellent de leurs vœux depuis des décennies », a souligné Mme Chan. « Nous sommes au milieu du mouvement le plus ambitieux jamais observé pour réduire la pauvreté et améliorer l’accès aux services de santé, en particulier dans les pays en développement, qui sont les plus vulnérables », a-t-elle fait remarquer.
Représentants gouvernementaux et experts internationaux ont ainsi discuté tout au long de la journée, lors de trois débats interactifs, des différents moyens d’améliorer la santé mondiale, en particulier pour les populations les plus vulnérables.
Un premier débat a ainsi été l’occasion de montrer comment les maladies affectaient de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables, en particulier, les maladies tropicales négligées.
Dans une deuxième table ronde, les participants se sont attachés à examiner les exemples réussis de prestations de services de santé à toutes les populations, y compris celles des collectivités les plus isolées, et ils ont débattu des moyens visant à surmonter les obstacles financiers qui empêchent les pauvres d’avoir accès aux traitements et aux soins médicaux.
Enfin, un dernier panel de discussion a permis aux participants de mettre en commun les initiatives des États Membres et le travail des organisations internationales, de la société civile et du secteur privé en vue de maximiser l’impact que peuvent avoir les interventions mondiales en matière de santé.
FORUM DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE THÈME « PROMOUVOIR LA SANTÉ MONDIALE EN CAS DE CRISE »
Déclarations liminaires
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que le Forum « Promouvoir la santé mondiale en cas de crise » avait été programmé il y a plusieurs mois, avant même que l’on entende parler du virus A(H1N1). Aujourd’hui, une souche de ce virus est officiellement devenue la cause d’une pandémie mondiale, comme si, a-t-il ajouté, la situation économique, l’insécurité alimentaire et les changements climatiques n’étaient pas suffisants comme défis à relever. La première épidémie de grippe en plus de 40 ans rappelle notre vulnérabilité globale et la nécessité de trouver une réponse de portée mondiale. Nous ne pouvons pas nous protéger en travaillant chacun seul dans son coin, a dit M. Ban, notant que ceci était vrai tant pour l’irruption récente de la grippe que pour les défis à long terme que nous devons affronter. Du problème de la santé maternelle et de la faiblesse des systèmes de santé à celui de la grippe à virus A(H1N1), la situation actuelle exige que nous nous mobilisions ensemble et que nous rassemblions nos efforts, a-t-il déclaré. Nous sommes tous visés, et nous devons travailler de concert pour traverser cette crise, a poursuivi le Secrétaire général, citant la Directrice de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan. Pour cela, a-t-il expliqué, il convient de renforcer les liens qui nous unissent, dans les communautés, au sein des pays et à travers le monde. Aucun enfant ne devrait souffrir de cette incertitude, a lancé M. Ban, en précisant qu’en ces temps de crise économique mondiale, le monde se trouvait à une croisée des chemins.
Le Secrétaire général a souligné que la santé était le lien qui unissait tous les êtres humains et les pays dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Si nous échouons à atteindre nos objectifs en matière de santé, nous ne pourrons surmonter la pauvreté ou l’analphabétisme, ni réaliser l’éducation universelle ou les autres défis des OMD, a-t-il assuré. M. Ban s’est dit très troublé par le coût de l’échec de la santé maternelle et infantile, notant que l’impact mondial de la mortalité maternelle et des nouveau-nés était estimé à 15 milliards de dollars par an en termes de perte de productivité. La naissance, qui devrait toujours être un motif de célébration, apporte trop souvent le deuil lorsque les mères et leurs nouveau-nés meurent d’un manque de soins adéquats. « Et quand je dis trop souvent, je veux dire chaque minute. Chaque minute! », a insisté Ban Ki-moon. Selon le Secrétaire général, ce sont ainsi 500 000 tragédies qui se produisent par an et qui, toutes, pourraient être évitées. Il a souligné que des experts prévoyaient 200 000 à 400 000 décès annuels supplémentaires de nourrissons si la crise continuait.
Le Secrétaire général a déclaré que, lorsqu’elle survient dans de bonnes conditions sanitaires, la maternité constitue le lien ultime qui nous unit. Chaque femme, a-t-il dit, a le droit de se voir accorder l’assistance et les soins dont elle a besoin. Il faut ainsi, a-t-il recommandé, utiliser la santé maternelle comme un prisme à travers lequel l’on puisse agir et prendre les décisions en matière de politiques mondiales de santé. Nous devons nous tenir pour responsables d’une accélération rapide des progrès visant à atteindre l’OMD nº5 au cours des cinq prochaines années, a ajouté M. Ban. Des services complets de santé sexuelle et reproductive pour les femmes doivent être intégrés dans les réponses globales à des maladies spécifiques et dans les interventions visant à renforcer les systèmes de santé, a-t-il expliqué. De même, la communauté internationale devrait appliquer son expérience précieuse en matière de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies, pour sauver la vie de beaucoup de mères. Nous savons que lorsque les gouvernements, les entités des Nations Unies, les responsables des milieux d’affaires et de la société civile unissent leurs forces, nous pouvons avoir un impact considérable sur la vie des populations, a-t-il affirmé.
Le Secrétaire général a, par ailleurs, annoncé que la Fondation Bill et Melinda Gates et lui-même avaient décidé de convoquer les principaux protagonistes en matière de santé maternelle et infantile, pour y accélérer les progrès et combler les lacunes qui y existent encore. Il faut agir vite, a-t-il poursuivi, indiquant que les décisions qui devront être prises au cours des prochains mois seront essentielles pour maintenir les gains acquis jusqu’ici et élargir les programmes en vue de couvrir toutes les personnes dans le besoin. M. Ban a demandé au G-8 et au G-20 d’honorer leurs promesses et de faire ce qu’ils savent être juste. Le Secrétaire général a plaidé, en outre, en faveur de la formation et de l’autonomisation de la main-d’œuvre qui se consacre à la santé, ainsi qu’en faveur d’un renforcement des capacités non encore exploitées qui existent pourtant au sein des collectivités. M. Ban a espéré qu’avant la fin de la journée l’on puisse se mettre d’accord sur un programme et une approche afin de réaliser cette vision.
Mme MARGARET CHAN, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a rappelé que l’an dernier, le « monde imparfait » dans lequel nous vivons nous avait donné des crises multiples, dont tout récemment encore une nouvelle pandémie. Ce sont autant de phénomènes qui rendent urgente la réforme des services de santé mondiaux, que les professionnels de ce secteur appellent de leurs vœux depuis des décennies, a souligné Mme Chan. Certains des arguments actuellement défendus à cet égard par l’OMS seront aujourd’hui développés par des experts de tous bords, a annoncé Mme Chan, qui a cependant tenu à expliquer pourquoi il était indispensable de maintenir le développement de services de santé basés sur l’équité dans l’accès aux soins. Nous sommes au milieu du mouvement le plus ambitieux jamais observé pour réduire la pauvreté et améliorer l’accès aux services de santé, en particulier dans les pays en développement, qui sont les plus vulnérables, a-t-elle relevé. À cette fin, il faut forger des partenariats intelligents et stratégiques, a préconisé la Directrice générale de l’OMS. Si nous ne nous efforçons pas d’atteindre ces objectifs, davantage de personnes vont sombrer dans la pauvreté et, dans de nombreuses parties du monde, des systèmes de santé déjà fragilisés risquent de s’effondrer, alors qu’ils sont déjà menacés par les pressions causées par une nouvelle pandémie. « Je crois fermement que la grippe A(H1N1) pourrait révéler exactement ce qui se produit quand on néglige les systèmes de santé dans de nombreux pays du monde », a prévenu Mme Chan. Soulignant la nécessité de transformer les politiques internationales qui régissent les systèmes de santé, la Directrice générale de l’OMS a estimé que la Déclaration du Millénaire devait servir, à cette fin, de stratégie et de feuille de route. Elle a ajouté que des systèmes de santé profitables n’étaient pas nécessairement suffisants pour couvrir équitablement l’ensemble des besoins d’une population donnée. Alors que des appels ont été lancés pour réformer la gouvernance mondiale en matière de santé, et que l’on nous a assuré que le règne du « consensus de Washington » en matière économique et financière était terminé, a fait remarquer la Directrice générale de l’OMS, l’accès universel aux services de santé doit être un moyen essentiel de prendre la « mesure morale » des progrès qu’accomplit chaque société humaine.
Table ronde 1: « protéger les populations vulnérables »
La discussion qui a eu lieu au sein de la table ronde nº1 portait sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMS), et en particulier sur la réalisation de l’Objectif nº5, qui vise à réduire la mortalité maternelle et reste celui où le moins de progrès ont à ce jour été enregistrés. Le débat de ce panel a également été l’occasion de montrer comment les maladies affectent de manière disproportionnée les populations les plus démunies, en particulier les maladies tropicales négligées, ainsi que des maladies non transmissibles, qui sont une cause majeure de mortalité.
M. LESEGO MOTSUMI, Ministre de la santé du Botswana, a rappelé que son pays fut l’un des premiers, en 1985, à être touché par le virus du VIH, responsable du sida. Le Botswana n’a pas cessé depuis de s’efforcer de développer des services de santé accessibles à tous, soit pour un coût très modéré, soit gratuitement pour les populations les plus pauvres, les enfants, les personnes handicapées et celles âgées de 65 ans et plus. Pour le Ministre, le meilleur moyen de consolider les systèmes de santé est de mettre en place des partenariats multisectoriels aux niveaux national et international et de s’appuyer sur les communautés locales.
Pour sa part, DAVID NABARRO, Coordonnateur du système des Nations Unies pour la grippe aviaire, a rappelé à quel point le renforcement des systèmes de santé a été, pendant des années, le parent pauvre des politiques de développement, qui mettaient principalement l’accent sur l’aspect économique. Aujourd’hui cependant, une prise de conscience s’est faite, et l’apparition d’une nouvelle pandémie ne fait qu’accroître la conviction que des systèmes de santé forts sont une composante fondamentale d’une société qui aspire au progrès, a-t-il fait observer. L’état de préparation des gouvernements a progressé, mais il reste encore beaucoup à faire, en particulier dans les pays en développement qui doivent disposer de ressources additionnelles et d’un soutien de la communauté internationale sous peine de voir leurs systèmes de santé s’effondrer, surtout dans le contexte actuel marqué par la multiplicité des crises.
De son côté, Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré que la question du bien-être des femmes devait être inscrite au cœur des politiques de santé. Elle a souligné la vulnérabilité des femmes enceintes face à la grippe A(H1N1), en particulier dans un groupe de 60 pays. Elle a également affirmé qu’il fallait se concentrer sur le maintien de la durée des soins de santé pour les femmes, et pas seulement pendant la grossesse et l’accouchement. C’est un véritable défi dans certains pays, car beaucoup de jeunes femmes deviennent mères très jeunes, et il faut donc répondre à des besoins qui se posent très tôt pour elles. La Directrice exécutive a préconisé qu’il fallait investir dans la planification familiale et accorder plus d’autonomie aux communautés locales.
M. K. SRINATH REDDY, Président de la Fondation pour la santé publique de l’Inde, a déclaré que les maladies chroniques avaient créé de véritables situations d’urgence dans un grand nombre de pays. Ce sont des affections de longue durée qui, en règle générale, évoluent lentement. Responsables de 60% des décès, les maladies chroniques (cardiopathies, accidents vasculaires cérébraux, cancer, affections respiratoires chroniques, diabète...) sont la toute première cause de mortalité dans le monde. La moitié des 35 millions de personnes décédées de maladies chroniques en 2005 avaient moins de 70 ans et la moitié étaient des femmes, a fait observer M. Reddy, qui a souligné l’importance de lancer des interventions et des actions rapides en faveur des populations à risque. En Inde, a-t-il précisé, une loi sur le contrôle des maladies chroniques sera promulguée prochainement. Elle s’inscrit dans le cadre d’un large dispositif qui vise à couvrir l’ensemble du pays, y compris les zones rurales.
M. SAM ZARAMBA, Directeur général des services de santé au Ministère de la santé de l’Ouganda, a évoqué les maladies tropicales négligées. Un milliard de personnes environ sont atteintes d’une ou de plusieurs maladies négligées. Celles-ci sont qualifiées de « négligées » car elles ne frappent plus que les populations des régions les plus pauvres et marginalisées, a-t-il expliqué. Ces maladies sévissent là où l’on ne dispose ni d’eau salubre, ni de moyens d’assainissement satisfaisants et où l’accès aux soins de santé est limité. Malgré les terribles souffrances et les incapacités permanentes qu’elles provoquent chez les personnes affectées, elles sont souvent moins visibles que d’autres maladies et reçoivent peu d’attention. Ainsi, alors qu’un habitant de la planète sur six est atteint de maladies tropicales négligées, moins de 1% des quelque 1 400 médicaments homologués entre 1975 et 1999 étaient destinés au traitement des maladies tropicales, a précisé M. Zaramba. Pourtant, a-t-il noté, certaines sont maintenant sur le point d’être éradiquées, grâce à l’action de compagnies pharmaceutiques qui ont mis à la disposition des services de santé des stocks de médicaments gratuits. Nous devons renforcer les capacités sur le terrain et soutenir la gestion des composantes de ces maladies, a dit M. Zaramba. Il faut certes fournir des médicaments, a-t-il ajouté, mais il faut aussi mobiliser les communautés, déployer des agents de santé et promouvoir des activités intersectorielles, pour notamment assainir les infrastructures d’assainissement d’eau.
M. RAJEEV VENKAYYA, Directeur de la « Global Health Delivery », au sein de la Fondation Bill et Melinda Gates, a rappelé que la pneumonie et les autres maladies respiratoires communes, auxquelles il faut joindre la méningite ou la rougeole, étaient la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans à travers le monde, provoquant la mort de près de quatre enfants de cette tranche d’âge chaque minute. Environ 60% des cas de pneumonie dans le monde en développement sont dus à des bactéries et peuvent être soignés par des antibiotiques, alors que la plupart des cas de pneumonie dans les pays développés sont d’origine virale, a-t-il précisé. Au sein de la Fondation Bill et Melinda Gates, nous examinons de nouvelles technologies pour développer des traitements et des vaccins en vue de réduire la mortalité due à ces maladies, a précisé M. Venkayya.
Mme LIYA KEBEDE, de la Fondation Liya Kebede, a quant à elle pris la parole pour plaider en faveur de la nécessité de prêter assistance aux femmes enceintes, non seulement au moment de l’accouchement, mais aussi après.
Ouvrant la discussion, le Ministre de la santé du Royaume-Uni a déclaré qu’il fallait comprendre que nous vivions dans un monde interdépendant où la santé ne pouvait être tenue pour partie négligeable. « La santé publique est aussi une question de politique et de droits de l’homme », a-t-il dit.
Le représentant de la République tchèque a quant à lui réitéré l’engagement de l’Union européenne, au nom de laquelle il s’exprimait, en faveur de la santé dans les pays en développement, puisqu’elle compte consacrer la somme additionnelle de 8 milliards de dollars d’ici à 2010, dont 6 iront exclusivement à la promotion de la santé en Afrique. Cela permettra notamment de financer des services de santé viables, d’étendre la couverture de la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant, et de soutenir les efforts déployés par les gouvernements pour contrôler le paludisme en diffusant mieux les moustiquaires imprégnées d’insecticide.
À son tour, le représentant des États-Unis, qui a reconnu que son pays avait un rôle important à jouer dans l’assistance à prêter aux pays en développement, a promis que l’Administration Obama consacrerait 63 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années pour soutenir une approche intégrée des questions de santé dans le monde.
Son homologue du Canada a annoncé pour sa part que 2,1 milliards de dollars seraient attribués en 2010-2011 par le Canada aux pays d’Afrique subsaharienne, ce qui permettra ainsi à son pays d’atteindre l’objectif qui consistait à doubler son aide au continent africain. Au-delà des contributions financières, le représentant a cité en exemple les partenariats stratégiques, comme le Partenariat international pour la santé, conclu entre le Canada et de nombreux pays, qui propose la mise en place d’un cadre de travail pour renforcer la responsabilité de l’ensemble des partenaires et l’efficacité des programmes de développement. Autre exemple, l’« Initiative catalytique pour sauver 1 million de vies », dirigée par le Canada, rassemble des pays partenaires, des organisations multilatérales, et d’autres donateurs qui souhaitent intensifier les efforts déployés pour consolider les systèmes de santé, former des professionnels, distribuer des vaccins, des médicaments et des moustiquaires.
Le représentant des Philippines a plaidé en faveur d’un plan d’action concerté pour atténuer l’impact de la crise économique et financière sur la santé publique, tandis que celui du Nicaragua a promu l’idée de politiques de santé fondées sur la justice sociale et une approche multisectorielle.
Affirmant que « l’accès à la santé est un droit humain fondamental », la déléguée de Cuba a accusé les lois aveugles du marché d’être à l’origine de l’effondrement de nombreux systèmes de santé à travers le monde. Elle a fait valoir le maintien d’indicateurs de santé vigoureux depuis 50 ans dans ce pays grâce à la coopération Sud-Sud, en dépit du blocus imposé par les États-Unis.
Le représentant de la Chine a préconisé la prise de deux mesures pour relever les défis auxquels font actuellement face les services de santé. Tout d’abord, coordonner la promotion de la santé publique avec la réponse à la crise financière, notamment en mettant au point des « paquets de stimulation » où la réalisation des OMD relatifs à la santé soit dûment prise en compte. Ensuite, maintenir et intensifier l’assistance au pays en développement afin d’y neutraliser les effets de la crise.
Table ronde 2: « consolider les systèmes de santé: renforcer la prestation du niveau mondial au niveau local »
Les participants à cette deuxième table ronde du Forum sur la santé se sont attachés à examiner les exemples réussis de prestation de services de santé à toutes les populations, y compris celles des collectivités les plus isolées, ainsi que les moyens de surmonter les obstacles financiers qui empêchent les pauvres d’avoir accès aux traitements et aux soins médicaux.
Modérateur de ce débat interactif, M. JULIO FRENK, Doyen de la Harvard School of Public Health et ancien Ministre de la santé du Mexique, a mis l’accent sur les énormes contraintes qui pèsent actuellement sur la fourniture des services de santé, comme notamment l’absence de ressources. Comment obtenir davantage pour assurer de meilleurs services de santé? a-t-il demandé. Il a en particulier jugé important de se concentrer sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) liés à la santé, notamment dans le domaine de la santé maternelle et néonatale.
M. RICHARD SEZIBERA, Ministre de la santé du Rwanda, a fait part des succès importants obtenus dans son pays. Il a notamment indiqué que le Rwanda avait insisté sur une meilleure reconnaissance des travailleurs qui se consacrent à la santé, ainsi que sur la décentralisation administrative et fiscale. Le Ministre a également souligné la nécessité de financer les systèmes de santé favorables aux pauvres. Il faut, a-t-il ajouté, investir dans l’infrastructure de la santé et dans le matériel sanitaire. De même, il convient de prêter une attention particulière au renforcement, à la surveillance et à l’évaluation, en renforçant les capacités locales, a-t-il préconisé.
M. IVAN LEWIS, Ministre du Département pour le développement international du Royaume-Uni, a affirmé qu’il fallait croire en la notion d’une justice sociale internationale, le meilleur exemple en étant l’accès aux services de santé où que l’on vive. Il a, lui aussi, mis l’accent sur la nécessité d’obtenir plus de ressources pour réaliser les objectifs de santé. Un financement novateur a, certes, un rôle complémentaire à jouer, mais il ne saurait remplacer le rôle des gouvernements et se substituer aux engagements existants, a-t-il estimé. Le défi à relever, d’ici le prochain G-8, consiste à obtenir des donateurs autant que possible, les Nations Unies ayant un rôle à jouer en la matière. Pour utiliser au mieux les fonds, les pays pauvres doivent renforcer leurs systèmes de santé, a-t-il estimé. Il a indiqué qu’il n’était pas favorable à la création d’un autre fonds financier. Il a jugé en effet plus efficace de renforcer les mécanismes existants. Le financement à lui seul ne suffit pas, a-t-il également dit, précisant que les ressources devaient être utilisées avec davantage d’efficacité.
Mme JOY PHUMAPHI, Vice-Présidente à la Banque mondiale, a déclaré que le renforcement de la santé nécessitait l’allocation de davantage de ressources fiables et durables, ainsi qu’un financement bien ciblé. Il convient de s’assurer, a-t-elle dit, que le financement soit fait de meilleure manière, et qu’il soit plus rentable; ce qui suppose que l’on travaille plus étroitement avec la société civile, les organisations non gouvernementales (ONG) et les partenaires en développement. Elle a mis l’accent sur la nécessité d’établir des partenariats, en particulier avec les communautés. Elle a ajouté qu’elle n’était pas favorable à la création d’un autre fonds, jugeant plus efficace d’utiliser et de renforcer les mécanismes existants.
M. DAVID DE FERRANTI, Président de « Results for Development Institute », a mis l’accent sur la nécessité d’avoir une vision globale, d’assurer un bon financement, une bonne gestion, la transparence, ainsi qu’une bonne pratique des achats dans le secteur de la santé.
M. ARIEL PABLOS-MÉNDES, Directeur général de la Fondation Rockefeller, a mis l’accent sur la nécessité de faire appel aux nouvelles technologies de l’information, comme le téléphone portable. Il convient, a-t-il dit en substance, de renforcer la couverture universelle, ainsi que de mettre en place un système électronique « interopérable ».
Lors du débat interactif qui a suivi ces brefs exposés, le représentant de l’Italie a jugé essentiel d’honorer les engagements passés et de mettre en place, en particulier, des mécanismes de responsabilisation. Selon lui, les mécanismes de financement novateur du développement devraient impliquer une relation plus étroite avec le secteur privé et la société civile.
La Ministre de la santé du Botswana a, elle, jugé importante l’appropriation par les pays de tout programme les concernant. Elle a également mis l’accent sur la transparence. La corruption doit être éliminée, a-t-elle dit.
La représentante de la République arabe syrienne a évoqué, de son côté, la situation des populations qui vivent sous occupation israélienne. Israël pratique un chantage sanitaire sur les populations syriennes du Golan occupé, a-t-elle ainsi assuré. Elle a également relevé que les dons financiers faits par la communauté internationale au peuple palestinien pendant la dernière crise de Gaza étaient encore bloqués dans les banques.
Le représentant de l’Indonésie a estimé qu’il était important de renforcer la solidarité à l’égard des engagements pris et de préserver les acquis. Il faut, a-t-il notamment dit, assurer la coordination avec tous les secteurs, pour que chaque domaine soutienne l’autre en matière de promotion des soins de santé.
Table ronde 3: « améliorer la coordination et la cohérence des partenaires stratégiques des différents secteurs »
Ce panel a permis de mettre en commun les initiatives des États Membres et le travail des organisations internationales, de la société civile et du secteur privé en vue de maximiser l’impact des interventions mondiales en matière de santé.
M. AARON MOTSOALEDI, Ministre de la santé de l’Afrique du Sud, a déclaré qu’il ne s’agissait pas seulement de financer des services de santé, mais aussi de mettre en place des partenariats pour assurer le maintien de ces services sur la durée.
De son côté, MICHEL KAZATCHINE, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a affirmé que 35% des investissements du Fonds étaient alloués aux systèmes de santé, c’est-à-dire non seulement aux infrastructures de santé, mais aussi aux personnels qui sont nécessaires pour les faire fonctionner.
M. RAY CHAMBERS, Envoyé spécial pour le paludisme, a rappelé que pas moins d’un million d’enfants étaient morts l’an dernier des suites du paludisme en Afrique subsaharienne, alors que la diffusion massive de moustiquaires imprégnées d’insecticide pourrait faire chuter cette mortalité. Il a précisé que 350 millions de personnes sont actuellement en possession d’une moustiquaire, et que si la distribution se poursuit au rythme actuel, il ne devrait plus y avoir de victimes du paludisme d’ici à 2050. La salle a applaudi en entendant ces projections.
M. TORE GODAL, Conseiller spécial du Premier Ministre de Norvège sur les questions de santé, a déclaré que beaucoup de plans restaient lettre morte par manque de financement, et d’autres par manque de coordination. Il a recommandé d’apporter des financements directement auprès des communautés concernées, plutôt que de les faire passer par trop d’intermédiaires. M. JULIAN LOB-LEVYT, Secrétaire exécutif de l’Alliance GAVI, a indiqué qu’une partie des succès des partenariats était due au fait qu’une attention supplémentaire était accordée à la responsabilisation.
Représentant le secteur privé, M. MICHAEL JOSEPH, PDG de Safaricom, a expliqué que les réseaux traditionnels de téléphone n’atteignaient qu’une faible partie des populations. C’est la raison pour laquelle Safaricom s’est efforcée de développer les réseaux téléphoniques sans fils pour permettre d’assurer un suivi en matière de soins de santé et pour répondre aux questions des patients et des bénéficiaires, par exemple en leur indiquant où trouver des traitements antirétroviraux.
Ouvrant la discussion interactive, le représentant de l’Égypte a préconisé de mobiliser des ressources externes et des investissements prévisibles, de renforcer la coopération Sud-Sud et d’établir des mécanismes internationaux visant à assurer une répartition équitable des bénéfices. Le représentant du Japon a souligné l’importance du rôle que peuvent jouer les communautés locales pour renforcer les systèmes de santé. Son homologue du Pérou s’est félicité que la mortalité infantile dans son pays représentait aujourd’hui le tiers d’il y a 20 ans. Soulignant l’importance de la coopération pour atteindre les OMD, le représentant a déclaré que la communauté internationale avait la responsabilité morale d’intervenir. Celui de la République de Corée a rappelé que son pays avait développé un vaccin contre le choléra dans le cadre de la coopération Sud-Sud, qui pourrait servir d’exemple pour d’autres vaccins.
La représentante de l’Islande a recommandé de développer les partenariats entre les instituts de formation des pays développés et de pays en développement; et d’adopter des législations pharmaceutiques pour lutter contre les contrefaçons. La représentante de la France a expliqué que la question de la gouvernance mondiale en matière de santé était d’une importance capitale pour son pays. Toutes les initiatives évoquées aujourd’hui doivent être combinées, mais il faut surtout que les pays puissent en bénéficier. Une formation de qualité est certes essentielle, mais l’est tout autant la fidélisation de ces personnels à leurs pays d’origine, a poursuivi la représentante, qui a précisé que la France appuyait un programme de l’OMS à cet égard.
Déclaration de clôture
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a rappelé en clôture du Forum de haut niveau sur la santé mondiale en cas de crise, que la communauté internationale se trouve aujourd’hui au cœur du mouvement le plus ambitieux jamais lancé pour venir à bout de la pauvreté. De meilleurs résultats en matière de santé sont indispensables pour atteindre les OMD, a rappelé le Secrétaire général. Il faut éviter toute stagnation et continuer sur cette lancée, en nous efforçant de privilégier des approches intégrées et de nouer des partenariats, a-t-il insisté. Il est revenu sur la question de la vulnérabilité, en particulier celle des femmes et des enfants. C’est dans les pays les plus pauvres que se produisent 99% des décès maternels, la moitié d’entre eux affectant l’Afrique, a-t-il rappelé avec regret. M. Ban Ki-moon s’est demandé comment définir et construire des systèmes de santé intégrés qui fonctionnent en faveur des populations et des individus les plus démunis. Pour y parvenir, il faut former des sages-femmes, des personnels sanitaires et des gestionnaires de santé, a-t-il recommandé. À cette fin, nous devons tirer le meilleur parti des nouvelles technologies, et notamment de la révolution des télécommunications mobiles, a-t-il poursuivi. Le Secrétaire général a également précisé qu’une cohérence améliorée des nouvelles façons de travailler était nécessaire, de même que des nouveaux partenariats stratégiques, et qu’il fallait aussi donner la place à de nouveaux acteurs. Nous devons reconnaître où se trouvent les nouveaux partenariats –par exemple avec la société civile et le secteur privé– et écouter ce que les jeunes ont à nous dire, a recommandé M. Ban. Enfin, a-t-il ajouté, les populations affectées peuvent nous aider dans nos efforts, comme l’a déjà prouvé notre réponse vis-à-vis du VIH/sida.
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