Conférence de presse du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence sur sa prochaine mission à Copenhague
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES HUMANITAIRES ET COORDONNATEUR DES SECOURS D’URGENCE SUR SA PROCHAINE MISSION À COPENHAGUE
« Le principal souci du monde humanitaire consiste à faire en sorte que le résultat éventuel de la Conférence de Copenhague sur les changements climatiques ne soit pas uniquement axé sur la réduction des effets du réchauffement de la planète, mais sur l’adaptation », a affirmé aujourd’hui, à New York, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence du système de l’ONU, M. John Holmes.
« Comme le reste du monde, nous espérons que le sommet débouchera sur un accord effectif global et contraignant sur les changements climatiques. Il s’agit d’une nécessité absolue pour la sécurité et la prospérité du monde », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui, au Siège.
M. Holmes, qui faisait la synthèse des points de vue de plusieurs agences humanitaires des Nations Unies et de nombreuses organisations non gouvernementales et de la société civile œuvrant dans ce domaine, a annoncé qu’une journée humanitaire sera célébrée, le 15 décembre, au cours de la Conférence.
Il a aussi indiqué qu’il se rendra en mission dans la capitale danoise la semaine prochaine pour veiller à ce que les nouveaux défis qu’impliquent pour l’action humanitaire les changements climatiques soient dûment pris en compte, et pour que des financements adéquats soient prévus, afin de permettre à la communauté humanitaire de pouvoir les relever.
« Lorsque l’on évoque les changements climatiques, on ne parle pas d’une future menace ou de ce qui pourrait advenir, mais bien de phénomènes qui sont entrain de se produire et qui ont des incidences concrètes sur la vie des populations, en particulier celles des pays les plus pauvres et les plus vulnérables », a souligné le Secrétaire général adjoint.
Abordant les divers angles de ce changement, il a mis l’accent sur l’augmentation du nombre et de l’intensité des catastrophes naturelles à travers le monde entier. « On ne peut seulement attribuer une seule catastrophe aux changements climatiques car, bien que les causes ne soient pas encore tout à fait claires, les phénomènes résultant des changements climatiques sont liés entre eux et les tendances qui en découlent sont claires: ce qui arrive correspond à ce que les scientifiques avaient prédit », a noté M. Holmes.
À cet égard, « peu importe ce qui sera décidé à Copenhague, car les effets attendus se produiront et ne cesseront de s’accélérer pendant plus de 50 années. Nous sommes donc face à un problème réel », a-t-il prévenu. D’où la nécessité d’inclure des arrangements sur l’adaptation aux changements climatiques, en particulier la réduction des risques de catastrophes, la préparation des communautés les plus affectées, et l’amélioration des capacités nationales pour y répondre.
À cet égard, John Holmes a cité le Mozambique comme un pays dont les mécanismes de préparation aux catastrophes ont permis de faire face aux inondations et qui n’a plus recours au lancement d’appels d’assistance à la communauté internationale. « Bien que vitale, la préparation est trop souvent négligée ou peu financée », a observé le Secrétaire général adjoint, qui a émis l’espoir qu’un Fonds pour l’adaptation sera prévu et mis en place. Il a estimé que l’absence d’un tel « fonds pourrait indiquer qu’il n’y a pas eu de véritable accord ».
La communauté humanitaire doit s’assurer qu’une « portion significative du financement prévu à court terme -de l’ordre de 10 milliards de dollars par an pendant trois années- soit réservée aux domaines concernant l’adaptation aux effets des changements climatiques, et que, dans ce cadre, une somme importante soit allouée à la préparation et au renforcement des capacités dans différents domaines de réponse », a-t-il préconisé en soulignant que tous nouveaux mécanismes dans ce contexte devront également inclure cette dimension.
M. Holmes a conclu son exposé, avant de répondre aux questions des journalistes, en déclarant: « Tel est le message clair des humanitaires, qui n’a rien de nouveau; mais que l’on répétera haut et fort au milieu de la cacophonie de la semaine prochaine à Copenhague ».
« Il ne s’agit pas seulement d’une question de changement de température, mais de changement dans les tendances climatiques », a ajouté M. Holmes, en citant des exemples relatifs au changement de la pluviométrie, ceci non seulement en Afrique, mais en Australie, en Europe et notamment dans son propre pays, le Royaume-Uni.
Pour les agences humanitaires, l’impact dramatique des changements climatiques sur la sécurité alimentaire se fera ressentir de plus en plus, en raison de l’imprévisibilité des conditions météorologiques, des inondations, des sécheresses et d’autres phénomènes.
D’ores et déjà, plus d’un milliard de personnes dans le monde « sont confrontées à l’insécurité alimentaire, pour utiliser le jargon consacré », a-t-il déclaré avec humour, en ajoutant que la modification du régime et des habitudes alimentaires, qui est l’un des « problèmes massifs » auquel le monde sera confronté dans le futur, sera rendue encore plus ardue par les conséquences des changements climatiques.
Selon les estimations, dans une partie de l’Afrique subsaharienne, la production agricole diminuera de moitié d’ici à 2020 à cause des changements de la pluviométrie. La sécurité et la production alimentaires seront menacées. Les risques de santé publique -puisque certaines maladies sont très sensibles au climat- s’accentueront. Le paludisme, la fièvre dengue et d’autres maladies risquent pour leur part de s’étendre à d’autres zones où ils ne s’étaient jamais manifestés, et il faudra disposer de l’infrastructure adéquate pour pallier ces situations, a-t-il prévenu.
Le Secrétaire général adjoint a également mentionné les déplacements supplémentaires et la migration du fait de l’impact des changements climatiques, un phénomène qui appelle à davantage de recherche scientifique, selon lui, et qui pose le problème complexe du statut de ces déplacés dont le nombre pourrait atteindre 100 millions en 2050.
Ainsi au Bangladesh, l’un des pays les plus peuplés du monde, cela signifierait que des millions de personnes devront quitter le Delta. Quant aux petits États insulaires, le scénario qui s’annonce est celui de leur disparition pure et simple.
« Devons-nous rouvrir la Convention de 1951 sur le statut des réfugiés? D’aucuns estiment que non! Faudrait-il alors créer une nouvelle institution pour se charger de ces personnes qui se déplacent pour des raisons liées au climat? » Telles sont les questions que l’on s’efforce de discuter et auxquelles on recherche des solutions d’un point de vue humanitaire, a indiqué John Holmes.
M. Holmes a également répondu à des questions sur le retour des déplacés au Sri Lanka, ainsi que sur la recrudescence des hostilités dans l’Est de la République démocratique du Congo et sur le retrait éventuel de la MONUC.
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