Conférence de presse à l’occasion du trentième anniversaire de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes
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CONFÉRENCE DE PRESSE À L’OCCASION DU TRENTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES
Trente ans après son adoption le 18 décembre 1979, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes est l’un des instruments internationaux quasi universels mais également l’un de ceux auxquels les États parties ont émis le plus grand nombre de réserves, a constaté aujourd’hui lors d’une conférence de presse, Jessica Neuwirth, Directrice du Bureau newyorkais du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.
La Convention, qui est entrée en vigueur en décembre 1981, compte actuellement 186 États parties et, pour devenir universelle, il faudrait encore que les États-Unis, Nauru, Palaos, la République islamique d’Iran, la Somalie et Tonga la ratifient, a informé Jessica Neuwirth, qui animait la conférence de presse à la veille d’une table ronde pour évaluer l’impact de la Convention dans la vie des femmes dans le monde, qui sera inaugurée jeudi après-midi à New York par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon.
« L’Administration américaine a manifesté son intention de ratifier la Convention, mais on attend encore que cela se matérialise », a-t-elle précisé, en estimant que le trentième anniversaire offrait une occasion idéale pour ce faire.
« En l’absence d’une législation nationale de lutte contre une forme ou une autre de discrimination à l’encontre de la femme, la Convention joue un rôle critique car elle contient des dispositions pratiques », a affirmé pour sa part Mme Sujata Manohar, ancienne juge à la Cour suprême de l’Inde.
Mme Manohar avait en effet eu recours à cet instrument dans l’affaire « Vishaka vs l’État du Rajasthan » pour faire adopter une loi interdisant le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Cet exemple est d’ailleurs actuellement suivi par le Bangladesh notamment, a encore informé l’ancienne juge de la Cour suprême.
Depuis 10 ans maintenant, la Convention est assortie d’un Protocole facultatif auquel 98 États ont adhéré. Il permet de soumettre des cas de violations des droits de la femme au Comité du même nom que la Convention qui peut ensuite décider de faire des communications ou de procéder à une enquête sur le terrain. Toutefois, le Comité ne peut se saisir de telles plaintes qu’une fois que tous les moyens ont été épuisés au niveau national, a expliqué Mme Maria Regina Tavares da Silva, qui a siégé au Comité de 2000 à 2008.
« Jusqu’à présent, seule une enquête a été menée dans le cadre du Protocole en raison du caractère systématique des enlèvements de jeunes filles et de femmes pendant plus de 10 années à Ciudad Juárez, au Mexique », a indiqué Mme Tavares da Silva.
« Cette affaire est symbolique des cas de meurtres de femmes (femicide) ailleurs dans le monde, et le mécanisme du Protocole devrait être mieux connu et plus largement utilisé », a-t-elle déclaré.
De son côté, Mme Elizabeth Evatt, ancienne présidente de ce même Comité de 1984 à 1992, a mis l’accent sur les efforts en cours pour convaincre les États parties de lever leurs réserves, le principal argument étant que celles-ci sont incompatibles avec les principaux objectifs de la Convention.
Lui emboîtant le pas, Nezha Guessous, qui a activement participé au Comité consultatif royal chargé de la réforme du Code national de la famille ou Moudawana au Maroc, a expliqué que plusieurs réserves ont été retirées car rendues « obsolètes » par cette même réforme. Elle a également fait état de l’intention exprimée par le Gouvernement de son pays de lever toutes ses réserves dans un proche avenir.
Les participantes à la conférence de presse prendront également part, jeudi à 15 heures, dans la salle du Conseil économique et social, à la Table ronde organisée par la Directrice du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), Mme Inès Alberti, et par la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Navi Pillay.
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