Conférence de presse de la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés sur sa dernière visite au Soudan
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C ONFÉRENCE DE PRESSE DE LA REPRÉSENTANTE SPÉCIALE POUR LES ENFANTS ET LES CONFLITS ARMÉS SUR SA DERNIÈRE VISITE AU SOUDAN
Mme Radhika Coomaraswamy, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a dressé le bilan de la situation au Soudan aujourd’hui au cours d’une conférence tenue au Siège de l’ONU à New York. Elle a constaté que des progrès avaient été accomplis ces deux dernières années pour mettre un terme au recrutement des enfants soldats. Lors de son premier voyage, a-t-elle rappelé, elle avait en effet noté qu’« on n’évoquait guère cette question » dans le pays.
Au retour d’un séjour de neuf jours au Soudan en association avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme Coomaraswamy s’est félicitée en particulier de ce que l’Armée de libération du peuple du Soudan (SPLA) ait signé le 20 novembre à Juba, au Sud-Soudan, un plan d’action. Elle a souligné le caractère contrasté des situations concernant les enfants soldats, faisant un constat relativement positif s’agissant du SPLA et extrêmement négatif en ce qui concerne l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), organisation rebelle ougandaise sévissant aussi au Sud-Soudan. Elle a relevé que l’on avait aussi signalé des cas d’enfants enrôlés dans les forces armées soudanaises, se disant particulièrement préoccupée par les recrutements au sein des milices associées à l’armée laquelle a d’ailleurs créé en son sein une « Unité de protection de l’enfance ».
S’agissant du SPLA, Mme Radhika Coomaraswamy a évoqué les contacts qu’elle avait eus avec des enfants, relevant qu’il s’agissait souvent d’orphelins ou d’enfants abandonnés et constatant le pouvoir d’attraction que cette organisation exerçait sur des mineurs en quête de protection. À l’inverse, l’intégration au sein de la LRA n’a généralement rien d’une démarche volontaire, les enfants étant embrigadés de force la plupart du temps et contraints à commettre des atrocités, y compris contre leur village, voire des membres de leur propre famille. La Représentante spéciale a constaté un désarroi insondable dans les yeux de ces enfants ayant perdu tout repère et qui, bien souvent, avaient vécu dans l’angoisse permanente de la mort.
Au Darfour, a-t-elle constaté, le recours aux enfants soldats se poursuit au sein des groupes armés non étatiques. Toutefois, les dignitaires religieux ont accepté de mener une campagne contre le recrutement des mineurs en délivrant des sermons en ce sens dans les mosquées.
Mme Coomaraswamy s’est dite particulièrement satisfaite du fait que le Gouvernement d’unité nationale reprenne à son compte la question de la protection des enfants en mettant sur pied des mécanismes tels que des Unités de protection familiale et infantile, dans la capitale, Khartoum, au Darfour, et dans les États du nord, avec l’intention d’étendre ce dispositif à l’ensemble du pays.
Ces Unités œuvrent de concert avec les commissions « Désarmement, Démobilisation, Réintégration » (DDR) et les Nations Unies afin de faciliter la libération et la réintégration des ex-enfants soldats et leur éviter ainsi de devenir des enfants des rues. Mme Coomaraswamy s’est engagée à réunir des fonds avec l’UNICEF pour participer à ces programmes.
Elle a rappelé au passage aux autorités soudanaises que la Convention des droits de l’enfant interdisait l’application de la peine de mort aux mineurs. Les condamnations à mort prononcées contre des mineurs sont aujourd’hui au nombre de six. Le Gouvernement soudanais a assuré Mme Coomaraswamy que ces peines ne seraient pas exécutées.
Exprimant l’espoir que cet engagement serait respecté, la Représentante spéciale a avoué qu’il était impossible de définir l’ampleur du phénomène des enfants soldats au Soudan. « Il semble que les cas soient très nombreux » au sein des milices janjaouites et des groupes rebelles tchadiens, a-t-elle confié. Si le phénomène touche uniquement les garçons au Darfour, les cas d’enrôlement de jeunes filles au Sud-Soudan ne sont pas rares.
La Représentante spéciale s’est félicitée par ailleurs que la violence sexuelle ne soit plus un sujet tabou, indiquant avoir demandé à l’État soudanais de lancer une stratégie nationale globale pour la combattre à la fois par la prévention et la responsabilité pénale.
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