Conférence de presse de M. Michele Falavigna, Coordonnateur résident des Nations Unies et de l’action humanitaire pour le Tchad
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. MICHELE FALAVIGNA, COORDONNATEUR RÉSIDENT DES NATIONS UNIES ET DE L’ACTION HUMANITAIRE POUR LE TCHAD
M. Michele Falavigna, Coordonnateur résident des Nations Unies et Coordonnateur de l’action humanitaire pour le Tchad, a souligné cet après-midi, devant la presse, que les Nations Unies devraient aller au-delà de l’action humanitaire de base dans l’est du pays si la communauté internationale espérait stabiliser la situation dans cette région située aux confins du Darfour. Il a estimé qu’outre une amélioration de la sécurité qui est une question prioritaire, car elle conditionne tout le reste, il faudrait prendre des actions tout aussi urgentes en faveur du développement.
M. Falavigna a souligné que la région était menacée de « somalisation » en raison de l’anarchie qui y règne. Il a ainsi constaté qu’il n’y avait ni tribunal en état de fonctionner, ni prison digne de ce nom, dans une ville comme Abéché. M. Falavigna qui a pris ses fonctions il y a trois mois, a ainsi brossé le tableau d’une situation extrêmement précaire, même si des « motifs d’espoir » étaient apparus avec le début du retour de certains réfugiés sur leurs « terres ancestrales », des hommes en majorité.
Il a attiré l’attention sur un phénomène frappant en ce qui concerne la démographie des camps: dans la tranche d’âge 18-59 ans, il y a deux fois plus de femmes que d’hommes parmi les réfugiés soudanais, alors que la parité entre les sexes est à peu près équilibrée chez les enfants et les adolescents ainsi que parmi les vieillards. Pour M. Falavigna, l’explication tient au fait que si des hommes retournent, en effet, cultiver leurs terres, certains prennent les armes en se mettant aux ordres des seigneurs de la guerre, alors que d’autres se livrent à divers trafics. « Nous devons nous pencher sur ce phénomène qui nous dit, bien sûr, que nous avons le devoir de protéger les réfugiés et de nous occuper d’eux, mais qui nous dit aussi que nous devons offrir l’espoir d’une vie décente aux jeunes hommes et jeunes filles qui grandissent dans les camps ». Autrement, ceux-ci ne resteront pas éternellement dans ces camps: ils choisissent la « voie la plus facile », celle des armes pour les premiers, des réseaux de prostitution pour les secondes.
Il a par ailleurs insisté sur la situation d’insécurité qui prévaut dans la région. Les armes sont massivement disponibles et les enlèvements pour rançons courants: « Il y a un tel niveau diffus de criminalité que quiconque possède le moindre bien peut être attaqué ». Pour le Coordonnateur résident, « sans une présence importante de gens en uniforme, il est impossible de garantir la sécurité, sans même parler du développement ». Doit-il s’agir de militaires ou plutôt de policiers, il avoue ne pas avoir la réponse. Mais il est à craindre que l’assistance humanitaire ne devienne impossible si l’on ne fait rien, car celle-ci est prise pour cible, particulièrement les organisations non gouvernementales (ONG). « Les travailleurs humanitaires sont les seuls à se déplacer sans escorte », a-t-il fait remarquer. Interrogé sur une possible érosion des valeurs tribales traditionnelles, M. Falavigna a constaté que « c’était surtout le respect de l’action humanitaire qui avait disparu ».
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